[Révolution syrienne] Sous le feu des snipers, la révolution de la vie quotidienne

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[Face aux armes de la police] Flashball : un gendarme renvoyé devant les assises

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Flashball : un gendarme renvoyé devant les assises

Le gendarme qui, le 7 octobre 2011, a éborgné avec son flashball un enfant de 9 ans à Mayotte, est renvoyé devant la Cour d’assises de Mayotte pour « violences aggravées ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente ». C’est une première.

Boris Routmiantseff, l’adjudant de gendarmerie, qui le 7 octobre 2011 avait éborgné avec son flashball un enfant de neuf ans à Mayotte, est renvoyé devant la Cour d’assises de Mayotte. Marc Boehrer, le juge d’instruction de Mayotte chargé du dossier, a rendu le 7 octobre 2013 une ordonnance de mise en accusation pour « violences aggravées ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente ». C’est la première fois qu’un fonctionnaire va comparaître devant les assises suite à un tir de flashball. Trois autres gendarmes sont quant à eux renvoyés devant le tribunal correctionnel pour des violences moins graves sur un autre enfant, âgé de huit ans.

En octobre 2011, une grève générale contre la vie chère secouait l’île de Mayotte, devenue quelques mois plus tôt le 101e département français. Plusieurs barrages, érigés par des manifestants parfois très jeunes, coupaient les routes, et des scènes de pillage avaient eu lieu. Dans la matinée du 7 octobre, en mission de protection des installations du port de Longoni, cinq militaires du peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) avaient essuyé des tirs de pierre, de bouteilles et de cocktail Molotov en essayant de déloger un barrage. En tenue d’émeute, les gendarmes étaient ensuite repartis en direction de la plage de Longoni, où des enfants âgés de 8 à 13 ans se baignaient. « En apercevant les véhicules de gendarmerie arriver, les enfants prenaient la fuite en tout sens », indique l’ordonnance de mise en accusation. Qui précise que le groupe paraissait « sans rapport avec les coupeurs de route et les caillasseurs ».

Le chef du PSIG attrape l’un d’eux, Nassuir, le sermonne et le relâche rapidement « constatant que l’enfant ne présentait aucun danger compte tenu de son âge et de sa corpulence (1,35 m et 24 kilos) ». À peine a-t-il tourné le dos pour rattraper un de ses petits camarades, qu’une détonation retentit. Posté à une douzaine de mètres, l’adjudant Routmiantseff, âgé de 33 ans, vient de tirer sur Nassuir. Expérimenté et sorti major de sa promotion de sous-officiers en 1998, le militaire affirme avoir fait une sommation, après avoir vu l’enfant saisir une pierre au sol pour la lancer à son chef. Il assure également avoir visé l’abdomen, mais c’est en pleine tête que l’enfant reçoit la balle en caoutchouc. Le défenseur des droits a réclamé en mai 2013 la disparition du flashball superpro, arme jugée trop imprécise et à l’origine de nombreuses mutilations.

Sans se soucier plus de Nassuir, qui a l’œil en sang, les gendarmes retournent à leur course-poursuite. C’est un pompier, alerté par une passante, qui secourt l’enfant « qui rampait sur les galets en direction de la mer » selon le Défenseur des droits. Évacué à l’hôpital Saint-Pierre à la Réunion, Nassuir a perdu son œil et a dû subir plusieurs opérations pour retirer les débris. L’enfant dément avoir tenté de lancer une pierre et dit n’avoir entendu aucune sommation. « Même les collègues du gendarme n’ont pas vu le jeune jeter un galet, remarque Me Saïd Larifou, avocat de la famille de Nassuir. Il n’y avait aucune raison de le mutiler, il s’agit de violences gratuites. Le gendarme mis en cause refuse de s’expliquer et la famille de Nassuir le vit très mal. » Pour l’avocat du gendarme, Me Laurent-Franck Lienard, « le tir de flashball visait précisément à protéger son collègue qui ne voyait pas ce que faisait l’enfant puisqu’il lui tournait le dos ». Selon lui, « on a mis la pression à l’enfant et on lui a dit ce qu’il avait à dire ».

La note de la gendarmerie du 18 février 2011, qui fixe le cadre d’emploi du flashball superpro, interdit tout tir au-dessus des épaules sauf en situation de légitime défense. Et demande aux militaires « lorsque les circonstances le permettent » de ne pas recourir au flashball « quand la personne en cause présente un état de vulnérabilité manifeste (âge de la
personne visée) ». Pour Me Laurent-Franck Lienard, qui évoque « une instruction complètement à charge », cette note express n’a aucune portée juridique. Le code de la défense prévoit quant à lui quatre cas où les gendarmes peuvent utiliser la force armée : légitime défense, défense d’un point, fuite malgré des sommations, ou immobilisation de véhicules refusant d’obtempérer. Pour le juge d’instruction, « aucun élément ne permet de conclure que les militaires de la gendarmerie ont été pris à partie par quiconque au moment de leur arrivée sur la plage » et donc que l’adjudant ait fait usage de son arme dans le cadre légal. Sous contrôle judiciaire et interdit de port d’armes, le militaire est aujourd’hui affecté à des tâches administratives en métropole, indique son avocat.

Trois autres gendarmes du PSIG ont eux été renvoyés devant le tribunal correctionnel pour des violences commises le même jour sur un camarade de Nassuir. Revenus bredouilles de leur course-poursuite sur la plage, deux gendarmes tombent sur cet enfant de huit ans. Comme il se débat, l’un d’eux le gifle, le traîne dans le sable jusqu’à leur voiture et lui attache les poignets avec des liens serflex pour l’interroger. Ce gendarme sera jugé pour « violences sans ITT sur mineur par dépositaire de l’autorité publique ». Ses deux collègues, qui ont assisté à la scène sans réagir, sont renvoyés pour « non-empêchement d’un délit contre l’intégrité corporelle ».

Louise Fessard, Mediapart, 3 décembre 2013

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[Face aux armes de la police] Flashball : le préfet de police de Paris assigné

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Flashball : le préfet de police de Paris assigné

Blessé par un tir de flashball le 21 juin 2009 à Paris, Clément Alexandre, un Rouennais de 30 ans, a assigné le préfet de police de Paris devant le tribunal administratif. Une démarche inédite qui vise selon le jeune homme à « taper à un niveau de responsabilité plus élevé que celui de la responsabilité individuelle du flic ».

Le 21 juin 2009, lors de la fête de la musique, Clément Alexandre s’effondre, touché à la joue par un tir, alors que des policiers tentent d’évacuer la foule de la place de la Bastille. Les témoignages de ses amis évoquent « un mouvement de foule » à la vue des policiers armés de flashball et des tirs « sans aucun discernement ». Aucun n’a entendu de sommation. L’un d’eux affirme avoir également reçu un tir dans le dos. Ce soir-là, plusieurs autres personnes victimes de tir de flashball ont été prises en charge par les sapeurs pompiers de Paris entre 0h00 et 0h30. Les fiches d’utilisation fournies par la préfecture de police montrent que trois policiers de la brigade anticriminalité ont fait usage de leurs flashballs à 22 reprises au total. Selon la version policière, les fonctionnaires auraient riposté à des jets de projectiles. Après s’être réfugié dans un café, Clément Alexandre, la joue gauche en sang, est pris en charge par les pompiers et arrive aux urgences à 0h21. Il y croise « un homme d’un quarantaine d’années, qui avait eu le lobe de l’oreille arraché par un tir ». Le jeune homme souffre, lui, d’une fracture à la mâchoire qui nécessitera la pose d’une broche, de multiples plaies à la joue, ainsi que de deux dents fêlées. Ce qui lui vaut 45 jours d’ITT. Il ne lui reste plus aujourd’hui que quelques cicatrices sur la joue gauche, encore visibles sous sa barbe de trois jours, et… une dent arrachée deux jours avant l’audience de ce mardi 3 décembre 2013.

Clément Alexandre n’est qu’un blessé parmi d’autres. Selon notre décompte […], depuis la généralisation en 2004 du flashball parmi les forces de l’ordre françaises, vingt personnes ont été grièvement blessées, pour la plupart au visage. Parmi elles, quatorze ont perdu un œil. Et un homme, atteint à très faible distance au thorax dans un foyer de travailleurs immigrés à Marseille, est décédé en décembre 2010. Mais seul un fonctionnaire a été condamné, un policier qui a écopé en janvier 2011 de six mois de prison avec sursis pour avoir éborgné six ans plus tôt un adolescent de 14 ans aux Mureaux. Les procédures pénales se heurtent souvent à l’impossibilité d’identifier le tireur et au mur de silence de sa hiérarchie. « À chaque fois, au pénal, les gens sont déboutés, et même à Nantes (un lycéen de 16 ans avait perdu un œil en 2007 – ndlr), lorsque le policier avoue avoir tiré, il est relaxé, car il a obéi à un ordre de sa hiérarchie », constate Clément Alexandre.

C’est donc également par souci tactique que le jeune homme et son avocat Me Étienne Noël ont choisi d’attaquer la responsabilité de l’État au tribunal administratif, en réclamant 26’000 euros de préjudice. L’avocat pénaliste est familier de la justice administrative qui lui a permis de faire condamner la France pour ses conditions de détention en prison à de multiples reprises. « Depuis 1999, j’ai fait condamner tous les ministres de la justice, de gauche ou de droite », se targuait-il récemment dans un portrait de L’Express.

Dans le cas de Clément Alexandre, l’expert médical désigné par le tribunal administratif a prudemment estimé que la blessure, qui présente un aspect de brûlure circulaire, était « compatible avec celle qui serait occasionnée par un tir de flashball ». Une analyse confirmée par l’expert balisticien. Malgré cela, le 13 août 2013, la préfecture de police de Paris a refusé la demande d’indemnisation du blessé. Selon la préfecture, les fiches d’utilisation du flashball remplies par les policiers de la BAC sont datées du 22 juin à 0h30, alors que le jeune homme a été pris en charge aux urgences à 0h21. Une interprétation jugée, mardi 3 décembre, « peu crédible » par le rapporteur public qui rappelle que les pompiers sont intervenus dès minuit pour des tirs. Et que les policiers ne remplissent pas « dans le feu de l’action » leurs fiches.

Pour lui, le jeune homme a bien été touché par un tir de flashball qu’il qualifie d’« accidentel ». Le rapporteur public considère que les dommages causés sont « directement consécutifs aux agissements des forces de l’ordre », mais qu’il n’y a pas de faute lourde qui engagerait la responsabilité de l’État. En effet, il n’est pas, selon lui, établi que les policiers aient tiré hors du cadre réglementaire. Le jugement devrait être rendu dans une quinzaine de jours.

Le rapporteur conclut donc à la condamnation de l’État, sous le régime de la responsabilité sans faute. Il s’agit d’une disposition du code des collectivités prévoyant que « l’État est civilement responsable des dégâts et dommages résultant des crimes et délits commis (…) par des attroupements ou rassemblements ». Le tribunal a été prié d’accorder 6600 euros de dommages, la prise en charge des expertises ainsi que 2000 euros pour les frais de justice.

Pour Me Noël, ces conclusions ne vont pas assez loin.

D’abord car « rien ne laisse supposer l’existence d’un délit préalable qui justifie l’emploi du flashball » et donc que les policiers aient agi en état de légitime défense. Et, selon lui, le flashball devrait rentrer dans la catégorie des armes « comportant des risques exceptionnels », puisqu’il provoque de « manière presque systématique des blessures à la tête ». Une jurisprudence du Conseil d’État de 1949 prévoit que lorsque les forces de l’ordre font usage « d’armes ou d’engins comportant des risques exceptionnels », il suffit d’une faute simple pour que la responsabilité de l’État soit engagée. Jusqu’ici cette jurisprudence n’a été appliquée qu’à des armes à feu, jamais pour des lanceurs de balle de défense.

La préfecture de police n’avait pas déposé de mémoire en défense. Et aucune représentant n’a daigné se déplacer au tribunal mardi, un « désintérêt malvenu », a regretté le rapporteur public. Plusieurs personnes ou proches de victimes de tirs de flashball, comme Joachim Gatti ou un cousin du jeune Salim, éborgné à Trappes cet été, étaient en revanche présents. Le collectif « face aux armes de la police » espère en effet faire boule de neige. Une procédure administrative a déjà été lancée pour Pierre Douillard, le lycéen de Nantes.

Dans un rapport en mai, le Défenseur des droits s’était interrogé sur l’avenir du flashball superpro, le lanceur de première génération jugé trop imprécis et responsable de plusieurs blessures graves. Mais son successeur le LBD 40×46, plus puissant et précis, est également à l’origine de bavures. Le porte-parole du collectif, un autre Pierre, entend dépasser le « caractère individualisant des blessures » pour s’interroger sur « la logique de l’arme ». « On se rend compte que ces tirs ont lieu lors d’opérations de maintien de l’ordre dans les quartiers populaires, lors de mouvements politiques, lors d’une fête de la musique ou contre des supporteurs, explique-t-il. Donc contre certains groupes. Pourquoi ces groupes sont-ils considérés comme une menace à chaque fois ? Le flashball est une arme à neutraliser des menaces politiques. » « Le flashball est présenté comme une arme de défense, alors que c’est clairement une arme offensive, estime Clément Alexandre. Là où la police dégainait rarement, ils peuvent maintenant dégainer de façon plus fréquente. C’est ce qui se passe tous les jours en banlieue. »

Flashball : une vingtaine de blessés graves depuis 2004

Selon notre décompte, depuis 2004, une vingtaine de personnes ont été grièvement blessées par des lanceurs de balle de défense en France. Parmi elles, treize ont perdu un œil. Et un homme est décédé à Marseille en décembre 2010. Mais de non-lieu en relaxes, seul un policier tireur a été condamné.

Introduit en 1995 par un certain Claude Guéant comme une « arme à létalité réduite », le flashball superpro est aujourd’hui remis en cause pour son imprécision. Selon un rapport de mai 2013 du défenseur des droits, le flashball surperpro « semble appelé à disparaître courant 2014 ». Mais pas son successeur le LBD 40×46, plus puissant et précis, qui a pourtant lui aussi causé de graves blessures.

Selon notre décompte depuis la généralisation en 2004 en France des lanceurs de balle de défense, vingt personnes ont été grièvement blessées, pour la plupart au visage. Parmi elles, treize ont perdu un œil. Et un homme, atteint au thorax dans un foyer de travailleurs immigrés à Marseille, est décédé en décembre 2010. Mais seul un fonctionnaire a été condamné. Il s’agit d’un policier condamné en janvier 2011 à six mois de prison avec sursis pour avoir éborgné six ans plus tôt un adolescent de 14 ans aux Mureaux.

Dans certains des cas présentés, comme celui de l’intérimaire belge touché à l’œil le 6 février 2013, l’origine du tir n’est pas formellement établie.

2005
6 juillet 2005, aux Mureaux (Yvelines), un adolescent de 14 ans perd son œil gauche après un tir de flashball par un policier de 26 ans. « Appelés pour un cambriolage dans une cité sensible, les policiers ont surpris cinq personnes, qui ont pris la fuite, relatait Libération. Quand l’un des fuyards s’est arrêté pour ramasser un objet au sol, le jeune flic s’est senti menacé et pan : la balle de caoutchouc a atterri droit dans l’œil gauche. » Le policier a été condamné le 25 janvier 2011 à six mois de prison avec sursis et à verser 186’000 euros de dommages et intérêts à la victime par le tribunal correctionnel de Versailles. Sa peine n’a pas été inscrite sur son casier judiciaire et il peut donc continuer d’exercer.

2006
Le 28 octobre 2006, à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Jiade El Hadi, 16 ans, est gravement blessé à l’œil et au nez (fracture) par un tir de flashball vers 23 h 30. Peu avant des échauffourées avaient opposé des jeunes de la cité du Chêne-Pointu et des policiers. Selon son avocat, Jean-Pierre Mignard, l’adolescent rentrait simplement chez lui et n’avait pas participé aux altercations. « Il y a eu un non-lieu car le tireur n’a pas pu être identifié », regrette aujourd’hui l’avocat.

2007
27 novembre, 2007, à Nantes (Loire-Atlantique), Pierre Douillard, 16 ans, est blessé par un tir de LBD 40×46, arme en cours d’expérimentation, lors d’une mobilisation contre la loi sur les universités. Le lycéen de 16 ans a perdu son œil. Des grilles métalliques le séparaient du tireur, Mathieu Léglise. Le 3 avril 2012, ce dernier a été relaxé par le tribunal correctionnel de Nantes, car son acte n’est pas « manifestement illégal ».

2009
19 mars 2009, à Toulouse (Haute-Garonne), Joan Celsis, un étudiant de 25 ans, perd un œil en après un tir de flashball par un policier de la BAC. En marge d’une manifestation d’étudiants à Toulouse, les policiers délogeaient des manifestants formant une chaîne humaine devant un magasin Monoprix. Le 14 mars 2013, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Toulouse a confirmé l’ordonnance de non-lieu prise par le juge d’instruction au bénéfice des quatre policiers auteurs de plusieurs tirs de flashball en direction des manifestants. Les avocats de l’étudiant se sont pourvus en cassation.

17 avril 2009, à Compiègne (Oise), Halil Kiraz, un père de famille de 29 ans, perd son œil après avoir été atteint par une balle de flashball tirée « à 4,50 m et en plein visage », selon son avocat. D’après Le Parisien, les policiers étaient intervenus alors que l’homme avait entrepris de démolir à coup de barre de fer la voiture de sa compagne. Une première plainte a été classée sans suite par le parquet, puis une seconde déposée avec constitution de partie civile.

1er mai 2009, à Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), Samir Ait Amara, 18 ans, qui jouait à la « chasse à l’homme » avec des amis s’écroule, atteint par un tir de flashball. Il est hospitalisé pour traumatisme crânien et perd l’audition de l’oreille gauche selon Libération. D’après un animateur de quartier interrogé par le quotidien, les policiers de la BAC canine ont « tiré à une très faible distance, un ou deux mètres peut-être » et sans sommation. Le policier tireur a affirmé, de son côté, avoir été caillassé et a plaidé la légitime défense, une affirmation « mensongère » selon feu la Commission nationale de déontologie de la sécurité.

9 mai 2009, à Villiers-le-Bel (Val-d’Oise), deux hommes de 21 et 31 ans, qui fêtaient un anniversaire avec des amis autour d’un barbecue, perdent chacun un œil. Trois policiers, intervenus pour un tapage nocturne, sont accueillis par des projectiles et ripostent avec des LBD 40×46 , alors qu’ils n’étaient pas habilités à l’usage de cette arme. L’une des victimes, tombée au sol à « demi inconsciente », aurait été ensuite frappée. « Il a également une cicatrice en haut du nez et une broche, l’os qui se trouve sous l’œil ayant été fracturé », indique la CNDS. Selon l’avocate des deux blessés, Me Caty Richard, un sous-brigadier du groupe de proximité a été mis en examen le 26 janvier 2012. Trois an et demi après les faits, l’instruction est toujours en cours. « L’enquête s’annonce longue », indiquait le procureur-adjoint Bernard Farret en mai 2009…

4 juin 2009, à Bondy (Seine-Saint-Denis), un jeune homme de 23 ans est blessé vers minuit lors d’un contrôle d’identité. Un des gardiens de la paix pointait son flashball « dans la direction du groupe, canon droit ». Selon la CNDS, le policier affirme avoir reçu un coup de poing du jeune, qui dément. Il appuie « par réflexe, sur la détente du flashball, quasiment à bout portant ». Atteint au niveau du cœur, le jeune homme est tout de même embarqué au commissariat et placé en garde à vue pour « outrage et violence », avant que les policiers ne découvrent une plaie saignante au niveau du cœur. La victime a eu trente jours d’incapacité totale de travail (ITT), en raison de ses « contusions cardiaque et pulmonaire sévères ». Le procureur de Bobigny a classé sans suite sa plainte contre le policier tireur pour « infraction insuffisamment caractérisée ».

21 juin 2009, à Paris, lors de la fête de la musique, plusieurs personnes dont Clément Alexandre, 26 ans, sont blessées au visage par un tir de flashball alors que les policiers évacuent la place de la Bastille vers minuit. Bilan pour le jeune homme : 45 jours d’ITT et la mâchoire fracturée. Le 13 août 2012, la préfecture de police a refusé de l’indemniser, niant le lien entre la blessure et un tir de flashball. Son avocat Me Étienne Noël a assigné le préfet de police de Paris devant le tribunal administratif. Le jugement est attendu en décembre 2013.

8 juillet 2009, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), cinq personnes dont Joachim Gatti, réalisateur de films de 34 ans, reçoivent un tir de flashball, lors de l’évacuation d’une clinique désaffectée. Le réalisateur, qui est le plus gravement touché, perd un œil. Il participait à une manifestation de soutien aux squatteurs au cours de laquelle plusieurs personnes ont été blessées. Selon leur avocate, Me Irène Terrel, trois policiers ont été mis en examen, mais, quatre ans après les faits, le dossier « est enlisé au niveau du parquet de Bobigny ». « Le juge d’instruction a signifié la clôture de l’instruction le 1er décembre 2011, le procureur avait normalement trois mois pour prendre son réquisitoire, deux ans plus tard il ne l’a toujours pas fait », déplore l’avocate. Elle s’en est étonnée le 2 juillet par courrier auprès du parquet et du juge d’instruction. Sans réponse. Feu la CNDS, saisie, avait relevé le 15 février 2010 plusieurs « manquements professionnels graves ».

2010
Le 19 mai 2010, à Villetaneuse (Seine-Saint-Denis), Nordine 27 ans, reçoit un tir de flashball en plein visage. Selon Libération, il a une joue perforée et plusieurs fractures à la mâchoire. D’après les témoignages recueillis par le quotidien, le jeune homme tentait de s’interposer dans une algarade entre des jeunes et des policiers d’Épinay-sur-Seine, suite à la disparition du téléphone portable d’un policier.

Le 14 octobre 2010, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), Geoffrey Tidjani, un lycéen de 16 ans, est atteint à l’œil gauche par un tir de LBD 40×46, alors que lui et ses camarades montaient une barricade devant un lycée pour protester contre la réforme des retraites. Le lycéen a subi plusieurs opérations pour ses fractures au nez et à la pommette, et afin de recoller la rétine de l’œil gauche. Les policiers ont d’abord prétendu que le lycéen leur avait jeté des pierres, avant d’être démentis par une vidéo amateur. Le 11 mars 2010, le policier tireur a été mis en examen pour violences volontaires. Selon Me Jean-Pierre Brard, avocat de la victime, l’instruction est toujours en cours, trois ans après les faits. Le 7 février 2012, le Défenseur des droits a demandé des poursuites disciplinaires contre le policier mis en cause et son supérieur.

Le 13 décembre 2010, à Marseille, Mostepha Ziani, 43 ans, touché au thorax par un tir de flashball superpro, décède. Les policiers étaient intervenus dans son foyer de travailleurs situé dans le 15e arrondissement, après que Mostepha eut blessé son colocataire avec un couteau. Le tireur, un policier de 36 ans qui n’a pas respecté les distances minimales de tir, devait être jugé le 19 novembre 2013 pour homicide involontaire. Mais le tribunal correctionnel de Marseille a demandé un supplément d’information. Le Défenseur des droits a estimé qu’il avait fait un « usage disproportionné » de son arme.

18 décembre 2010, à Rennes (Ille-et-Vilaine), Mohammad Abatahi, un électricien de 37 ans, dit avoir reçu un tir de flashball en plein visage en voulant contourner policiers et militants en marge de la manifestation contre la loi Loppsi 2. Tombé inconscient, « il a dû recevoir 13 points de suture au front entre les deux yeux et s’est vu signifier six jours d’arrêt de travail », selon l’AFP. Il a déposé plainte.

2011
Le 7 février 2011, à Audincourt (Doubs), Ayoub [Boutahra], un lycéen de 17 ans, attendait son bus quand il a été touché par un tir de flashball par un policier. Il a depuis perdu son œil. Les policiers tentaient de maîtriser deux bandes rivales qui s’affrontaient. Début 2012, le parquet a ouvert une information judiciaire pour blessures involontaires contre le policier auteur du tir.

Le 5 juin 2011, aux Tarterêts (Essonne), Daranka Gimo, une fillette de neuf ans, est touchée à la tempe par un projectile lors d’échauffourées entre jeunes et police. Plongée trois mois dans un coma artificiel, elle souffre encore de graves séquelles, indique Le Parisien. Selon l’expertise réalisée dans le cadre de l’information judiciaire citée par Le Parisien, « un projectile de calibre 40×46 mm (lanceur de type GL-06) n’est pas caractéristique mais est compatible avec les deux blessures temporales droites ». Une reconstitution en présence des neuf policiers ayant utilisé leurs armes ce jour-là a eu lieu en janvier 2013.

Le 7 octobre 2011, à Longoni (Mayotte), Nassuir Oili, 9 ans (et 24 kilos), est éborgné, en marge d’agitations liées au mouvement contre la vie chère. Nassuir a été touché par le tir de flashball superpro d’un gendarme, alors qu’il s’enfuyait. Selon l’adjudant, l’enfant s’apprêtait à lancer une pierre sur ses collègues. Mais l’enquête a établi que le groupe d’enfants était simplement venu se baigner et était « sans rapport avec les caillasseurs et les coupeurs de route ». Le 7 octobre 2013, l’adjudant de gendarmerie a été renvoyé devant la cour d’assises de Mayotte pour « violences aggravées ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente ». Selon Me Saïd Larifou, avocat de la famille de Nassuir, le procès pourrait avoir lieu au cours du premier semestre 2014. Le Défenseur des droits a recommandé des poursuites disciplinaires pour « usage disproportionné » du flashball.

2012
Le 21 septembre 2012, à Montpellier, Florent Castineira, dit Casti, un supporter de 21 ans, perd un œil après avoir entendu deux détonations successives, lors d’affrontements entre supporters et forces de l’ordre pendant un match. Selon Le Midi Libre, le rapport récemment rendu par le médecin légiste exclut toute autre hypothèse qu’un tir de flashball. Dans son rapport de synthèse au début de l’été, l’IGPN avait conclu à la légitime défense, sans se prononcer sur l’origine de la blessure.

2013
Le 6 février 2013, à Strasbourg, John David, un intérimaire belge d’ArcelorMittal de 25 ans, perd l’usage d’un œil, après avoir été touché par un projectile lors d’une manifestation internationale de métallurgistes devant le parlement européen. Selon Jean-Michel Hutsebaut, du syndicat belge FGTB, « les récits affluent pour dire que les forces de police tiraient avec des balles en caoutchouc à hauteur d’homme, à hauteur de la tête ». Me Pierre Ramquet, l’avocat de la victime, vient d’apprendre le classement sans suite de l’enquête, menée par l’IGPN et l’IGGN, pour non identification de l’auteur. « C’est fantasmagorique », commente l’avocat belge, persuadé que son client a bien été victime d’un tir de lanceur de balle de défense (LBD). Comme Le Canard enchaîné l’avait révélé, dès les premiers éléments, le parquet considérait lui que l’hypothèse d’un tir de LBD était « quasiment exclue ». Dans Libération, le parquet préférait évoquer « un pétard ou un boulon ».

Le 19 juillet 2013, à Trappes (Yvelines) Salim, 14 ans, coincé au milieu d’affrontements entre jeunes et policiers, est blessé à l’œil après avoir reçu deux projectiles. « Des cailloux volent en direction du commissariat, décrit Libération. Les policiers répliquent au gaz lacrymo et au flashball. » Salim a perdu son œil et « fait toujours des cauchemars », selon son cousin. Selon l’avocat de la famille, Me Raphaël Chiche, le parquet de Versailles a ouvert une information judiciaire. Le Défenseur des droits s’est auto-saisi.

Louise Fessard, Mediapart, 4 décembre 2013

 

Collectif Face aux armes de la police

Du supplice médiéval aux violences policières quiconque ne file pas droit doit savoir ce qu’il en coûte dans sa chair et dans celle des ses amis. De la mutilation et de la peur comme principe de gouvernement. Ce que la technique policière appelle littéralement « neutraliser une menace » désigne de toute évidence une opération politique au sein d’une guerre en cours. S’il y a des gestes pratiques et tactiques pour se protéger de la violence policière, il y a aussi une bataille juridique pour donner à notre rage et notre désir de vengeance un moyen d’agir contre l’usage de ses armes ; pour ne pas se laisser casser la tête sans rien faire et aussi pour obtenir de la thune pour les soins ou autre. Là où les procédures judiciaires ont toutes échouées se dessine une autre possibilité qui a fait ses preuves ailleurs : une procédure au Tribunal administratif qui attaque l’autorité responsable de l’armement des flics, le préfet ou le ministre de l’intérieur. Sur ce plan aussi, la meilleure des défenses c’est l’attaque. Et là où ils nous attaquent, nous nous renforçons. Il n’échappera à personne que cette procédure ne repose sur aucune idéalisation du droit. Elle participe d’un geste intégralement politique et offensif : fondamentalement il s’agit de défendre ensemble ce qui nous est cher, et rendre plus fort ce sur quoi le pouvoir n’a pas prise.

Contact : Mail / 07 81 10 81 85

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[Vive le van, Vive le van, Vive le vandalisme] « L’enquête dira s’il s’agit de l’œuvre d’un déséquilibré ou d’un fanatique » LOL

Italie : vandalisme dans deux églises près de Florence

Le 25 novembre, à Prato, près de Florence, un homme, pour l’instant non identifié, est entré dans deux églises du centre-ville et s’en est pris, dans chacune d’elles, au crucifix qui se trouvait au-dessus de l’autel. Dans la première église, San Pier Fiorelli, le vandale a fracassé le visage du Christ sur le crucifix que le saint italien Leonardo di Porto Maurizio (1676-1751), connu pour avoir codifié le Chemin de Croix, emportait toujours avec lui dans ses prêches en Toscane.

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À gauche le crucifix de San Bartolomeo ; à droite celui de San Pier Fiorelli.

Dans la seconde, San Bartolomeo, il s’est acharné contre un crucifix de bois datant du début du 13e siècle : un objet de grande valeur artistique et de profonde dévotion car considéré comme miraculeux. Les bras du Christ ont été coupés et les jambes fortement endommagées. L’enquête dira s’il s’agit de l’œuvre d’un déséquilibré ou d’un fanatique. Pour le vicaire général du diocèse, certaines « coïncidences singulières », comme la clôture de l’Année de la Foi ou la fête liturgique de saint Leonardo di Porto Maurizio, laisseraient penser à un vandalisme intentionnel.

Par ailleurs, entre 1991 et 1993, plusieurs actes du même genre, dont la destruction du pied gauche du David de Michel-Ange à la Galerie de l’Académie de Florence et la détérioration d’une fresque de Filippo Lippi dans la cathédrale de Prato, avaient été accomplis par un homme qui habite toujours à Prato. En attendant de connaître la vérité sur les faits, le diocèse a immédiatement décidé de fermer ou de mettre sous surveillance les églises du centre de la ville.

Presse cul-bénite (Marie-Ange Maire Vigueur, Fait-religieux.com, 27 novembre 2013) via Brèves du désordre

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La montée de l’État de la Surveillance / L’histoire de Riseup.net

La montée de l’État de la Surveillance

Salut à toi, belle âme qui utilise Riseup :

Est-ce qu’on a toujours besoin de fonds pour l’année prochaine ? Oui ! On a rassemblé 55,000$ de dons, c’est fabuleux ! Merci à toi, et pense à faire un don à Riseup dès aujourd’hui, si tu peux, merci.

Vu qu’établir des communications privées sûres c’est notre boulot, on voudrait te parler d’une des organisations contre lesquelles on se bat : la NSA (National Security Agency, Agence Nationale pour la Sécurité), au portefeuille grassement garni, aussi connue sous le nom de sombre programme secret des États-Unis pour l’espionnage, pour lequel Edward Snowden a, tout a fait à propos, tiré la sonnette d’alarme.

Savais-tu que la NSA a dessiné une carte du monde entier en se basant sur tous les liens de communication établis par email, chat et transactions financières ? Cette carte leur raconte l’histoire de chacun.e d’entre nous. Elle sait qui on connaît. Elle sait qui sont nos allié.e.s et nos relations au sein du monde activiste.

Et, comme si c’était pas assez gerbant, la NSA essaye de saper la sécurité globale d’internet en installant des portes de sortie dans les standards de cryptage et en les affaiblissant pour pouvoir les espionner au mieux. Illes dépensent $250,000,000 USD par an pour ça. Ça diminue globalement la sécurité de tout l’internet, et rend plus facile aux personnes, gouvernements et sociétés l’exploitation, la magouille et l’espionnage de toutes et tous.

Alors que la NSA clame ne s’intéresser qu’au terrorisme, illes ont déjà ciblé des politiques et des entreprises étrangèr.e.s, notamment au Brésil ou au Mexique. C’est du pur espionnage à l’ancienne, de l’espionnage industriel. Le terrorisme n’est qu’une excuse pour justifier la violation éhontée de nos libertés civiles.

Enfin, on se doit de supposer que tout cela n’est que la partie visible de l’iceberg. On se doit d’imaginer que d’autres agences d’espionnage sont en train de faire le même travail d’espionnage un peu partout dans le monde sans qu’on soit au courant (pas encore).

Qu’est-ce qu’on peut y faire ? On peut se battre contre ça légalement, on peut soutenir les journalistes et les personnes qui lèvent le voile sur ces secrets, et on peut investir dans des infrastructures (comme Riseup) qui construisent des outils alternatifs pour combattre ces barbouzes.

Merci, Amour, et Rage

Les petits oiseaux de Riseup, 22 novembre 2013

 

L’histoire de Riseup.net

Cher utilisatrice, chère utilisateur, de Riseup :

Voici l’histoire qui raconte comment on est devenu.e.s le Riseup d’aujourd’hui. Fais un don si tu peux, merci !

Il était une fois, vers la fin de l’an 1999, quand l’internet était encore dans sa prime jeunesse et que le nouveau millénaire était imminent, deux-trois geeks qui sortirent remonté.e.s à bloc des manifs contre l’OMC à Seattle. Après une semaine de gaz lacrymos, de prison, à se déguiser en papillons de carton et à chanter comme des dératé.e.s, illes s’assirent dans leur salon pour discuter de ce dont le mouvement avait besoin pour la prochaine décennie. De ces réflexions naquit Riseup.net, fournisseur indépendant de listes de diffusion et de courrier électronique. Illes créèrent Riseup à la maison sur deux-trois serveurs, et attirèrent bientôt quelques geeks de plus qui se joignirent à la cause.

Chaque année a vu Riseup grandir de plus en plus, et c’est devenu un peu plus compliqué dans le sens qu’on avait de plus en plus de boulot et de personnes qui comptaient dessus. Certaines personnes sont venues puis reparties du collectif, et on a passé quelques dures années de vaches maigres, où on se demandait si c’était vraiment le meilleur moyen de dépenser notre temps et notre argent. Mais Riseup a survécu, obstinément.

On devint de plus en plus forts en matière de services stables et sûrs. D’autres personnes rejoignirent le collectif, de l’or pour activistes : le genre de personnes qui travaillent dur au quotidien sur les moindres petits détails, le genre à se pointer aux réunions et à prendre vraiment soin de ce projet chimérique, et le genre de personnes qui restent éveillées toute la nuit en période de crise pour exercer leurs talents de hackers hors pair, ce qui tenait du miracle pour celles et ceux du collectif (comme moi) qui sont des écrivain.e.s mais pas des geeks.

Donc quelque part vers 2007, le collectif devint stable en terme de membres, et le groupe d’environ dix personnes d’alors était grosso modo le même qu’aujourd’hui. Dans les huit dernières années on est devenu.e.s un vrai collectif, très lié. On a travaillé ensemble à Riseup pendant longtemps, et doucement mais sûrement, pour la plupart d’entre nous, ça a pris une place prépondérante dans nos vies. On célèbre nos fêtes importantes ensemble — pour celles et ceux d’entre nous qui vivent pas loin les un.e.s des autres — et on prend véritablement soin les un.e.s des autres. Un des plus beaux succès cachés de Riseup c’est quand Gadfly et Arara se sont rencontré.e.s dans un de nos refuges et sont tombé.e.s amoureu.se.s. Parfois on s’est énervé.e.s, on a eu des conflits, on s’est mis.es en colère (on est des êtres humains, pas des robots, après tout), et ça a même amené certaines personnes à quitter le collectif, mais dans l’ensemble on est resté.e.s étonnamment stables puisqu’à part une personne, on est tou.te.s passé.e.s du stade de radical.e jeune, fièr.e et rêveur.euse à celui de radical.e d’âge moyen, bougon.ne et rêveur.euse.

Et puis aussi, au cours des huit dernières années, Riseup est devenu une force avec laquelle compter. On est la plus grande association bénévole qui fournit des courriers électroniques dans le monde, en dehors des systèmes universitaires. On fait tourner un des nœuds TOR les plus utilisés au monde. On est souvent cité.e.s et répertorié.e.s comme l’un des seuls fournisseurs d’internet éthique, autonome et sûr. Au niveau légal on a eu à en découdre avec la droite bien de droite qui voulait nous forcer à balancer des infos sur nos utilisatrices et utilisateurs, et on a gagné. On utilise et développe des logiciels qui assurent grave. On s’organise avec d’autres collectifs techniques de part le monde pour voir ce qu’on peut faire pour contrer l’espionnage généralisé et comment on peut continuer à bosser là-dessus ces dix prochaines années. On a de grands cœurs, et de grandes idées, et on pense bien gagner.

Donc voilà c’est nous. Ou tout du moins une des histoires qui circule sur nous. Soutiens-nous si tu peux !

Bises,

Les petits oiseaux de Riseup, 16 novembre 2013

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Lara Comi

Alors qu’en Sardaigne des familles enterrent leurs morts après le passage du cyclone, la droite italienne s’est encore distinguée en franchissant une limite qui indique qu’il n’y a justement plus de limites au mépris des édiles de la nouvelle modernité politique. En particulier à « Forza Italia », Silvio Berlusconi ne s’étant pas contenté pendant plus d’une décennie de baiser l’Italie et les italiens et de forniquer des soubrettes, il a modernisé la vie politique et médiatique en favorisant l’émergence des plus jolies courtisanes politiciennes de la péninsule qui offraient, sur la seule foi de visages taillés pour la dictature de l’image, de jambes galbées et de culs potelés, l’avantage de ne craindre aucun regard, d’aller sur des terrains toujours plus obscènes prouver par l’équivoque d’une plastique bien proportionnée, qu’il n’y a justement plus de règles de proportionnalités à la rapine, à la langue politique et médiatique. Ils ont été recrutés pour cela, pour leur capacité à aller aussi loin que possible.

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Lara Comi

Lara Comi, c’est son nom, est issue de ce nouveau meilleur des mondes où l’arrivisme est une vertu, d’entre toutes la plus précieuse, parce qu’elle autorise à tout et sans plus aucune limites. Ce qui est précisément servir le mieux la donne politique.

Lara Comi a fait ces déclarations sans ambages, que le parti Forza Italia, face à la colère des Sardes, tente aujourd’hui vainement de minimiser en prétextant d’une extravagante « instrumentalisation » : « Nell’Isola sono morti anche perché ignorano l’Abc della sicurezza” (« En Sardaigne ils sont morts AUSSI parce qu’ils ignorent l’ABC de la sécurité ») et encore “Ma quella persona che è andata nello scantinato, ma le sembra il caso? Qui manca l’educazione. Mica in Giappone quando c’è un terremoto vanno in ascensore…” (« Mais cette personne qui s’est réfugiée au sous-sol, franchement? Il y a un manque d’éducation. Au Japon lorsqu’il y a un tremblement de terre ils ne prennent pas l’ascenseur. »)

Pour mieux parer aux critiques Lara Comi prend les devants et elle fait semblant d’ignorer que l’aménagement du territoire a été complètement délaissé depuis des décennies au profit du secteur touristique. Elle occulte non seulement un fait, mais elle le retourne d’une façon odieuse, à savoir qu’il y avait des personnes qui vivaient dans les sous-sols parce qu’elles ne pouvaient rien se permettre d’autre. Lara Comi elle a de gros moyens et en particulier parce qu’elle a toujours favorisé le tourisme. Il y aussi les morts en voiture ou ce policier qui a senti le pont s’écrouler sous ses pieds, alors qu’il venait de permettre à une ambulance de passer.

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Michela Brambilla

 

Voilà qu’avec Lara Comi la langue politique s’autorise au saccage du deuil des familles de victimes, voilà qu’on entre de plein pied dans une langue qui peut à l’occasion profaner des tombes, salir des morts mais pas n’importe quels morts. Il s’agit des morts que la politique italienne, que « Forza Italia » a fait en délaissant volontairement l’aménagement du territoire au profit du seul tourisme, c’est-à-dire au profit de Lara Comi elle-même et de ses amis. Les morts qui ne peuvent rien sont responsables de la cupidité sans bornes, de la « négligence » criminelle de ceux qui peuvent tout et par un enchantement idéologique dont toute la politique et le médiatique ont le secret, ceux qui peuvent ne sont jamais responsables de rien. Ils sont autorisés à jouir du mal qu’ils infligent, de la mort qu’ils sèment, ils sont autorisés à saccager des deuils, à profaner des tombes, à souiller des morts et dans l’alcôve à faire hurler putains, catins, truies, porcs parce qu’il ne reste d’eux que cela, ce frère porc et cette sœur truie.

L’Italie est le pays qui a assassiné l’auteur de Salo et qui quelques décennies plus tard a porté au pouvoir toute la porcherie. Il n’y a pas de limites au règne porcin et au grouinement du goret et de la truie : “Nell’Isola sono morti anche perché ignorano l’Abc della sicurezza”.

(Observatoire des évidences – France – 21 novembre 2013)

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[Journal d’info et d’analyses pour le saccage du monde capitaliste] Bad Kids n°3, novembre 2013

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Bad Kids

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La marche anti-raciste « perturbée » par les « antipolice »

Entre 3.900 personnes, selon la police, et 25.000 personnes, d’après les organisateurs, ont défilé samedi à Paris entre la place de la République et la Bastille contre le racisme à l’appel du monde associatif et syndical, en réaction aux attaques contre la ministre de la Justice Christiane Taubira.

L’arrivée de la manifestation à Bastille a été perturbée par une poignée de militants antipolice, qui ont pris place sur l’estrade réservée aux organisateurs. Les manifestants ont commencé à se disperser dans le calme vers 17H00. (…)

Publié par des larbins de la maison Poulaga (20minutes.fr, 1er décembre 2013)

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[Révolution tunisienne] Grèves générales à Gafsa, Gabès et Siliana

Grèves en Tunisie : les locaux d’Ennahdha incendiés à Gafsa, heurts à Siliana

Alors que trois régions du centre de la Tunisie étaient en grève générale, mercredi, des violences ont éclaté à Siliana et Gafsa. Dans cette dernière ville, les locaux du parti islamiste Ennahdha (au pouvoir) ont été incendiés.

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Alors que plusieurs régions de Tunisie sont paralysées par des grèves, les violences se multiplient dans le pays. Stratégique en raison de ses mines de phosphates, la région de Gafsa a montré qu’elle était toujours à la pointe de la contestation. Mercredi, plusieurs centaines de manifestants ont d’abord tenté de forcer l’entrée du siège du bureau du gouverneur. Repoussés par la police, ils ont ensuite attaqué le siège du parti islamiste au pouvoir, Ennahdha.

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http://juralib.noblogs.org/files/2013/12/07.jpgEn l’absence de la police, ils ont sorti des dossiers des locaux ainsi que des meubles et les ont brûlés dans la rue, empêchant les pompiers d’intervenir. Le déclencheur de la grève et de la colère dans la région a été la décision du gouvernement de ne pas inclure Gafsa dans la liste des gouvernorats où des facultés de médecine et centre hospitaliers universitaires seront bâtis dans les années à venir. Pour l’antenne locale de la centrale syndicale de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), cette décision illustre les disparités de traitement entre les différentes régions du pays, un des facteurs de la révolution de 2011.

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Jets de pierre et gaz lacrymogène

Deux autres régions sont concernées par les grèves : Gabès et Siliana. Dans cette dernière, à 150 km au sud-ouest de Tunis, de violents heurts entre policiers et manifestants se produisaient dans l’après-midi, un an jour pour jour après les émeutes qui y avaient fait plus de 300 blessés. Des dizaines de manifestants ont jeté des pierres sur la police, qui a répliqué avec violence avant de pourchasser en voiture les protestataires. Lesquels se sont ensuite de nouveau rassemblés aux abords du siège de la garde nationale où ils ont recommencé à jeter des pierres, sous les gaz lacrymogène des forces de l’ordre. Un photographe de l’AFP présent sur les lieux a été légèrement blessé à la tête par un jet de projectile.

À Siliana, la grève générale a été organisée pour marquer le premier anniversaire du mouvement social qui avait été violemment réprimé pendant trois jours, au prix de plus de 300 blessés, notamment touchés par des tirs de chevrotine. Les organisateurs de la grève, le puissant syndicat UGTT en tête, reprochent aux autorités de ne pas avoir tenu leur promesse d’aider les blessés et d’investir pour lutter contre la pauvreté et le chômage.

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Presse contre-révolutionnaire (Agence Faut Payer, 27 novembre 2013) via Brèves du désordre

 

50 agents des forces de l’ordre et un journaliste blessés à Siliana dans des actes de vandalisme

En marge de la marche pacifique qui a eu lieu à Siliana, hier, cinquante agents de l’ordre et un journaliste ont été blessés par des délinquants, annonce aujourd’hui le ministère de l’Intérieur dans un communiqué publié sur sa page Facebook.

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Selon le ministère de l’Intérieur, des délinquants ont tenté de prendre d’assaut le district de la sécurité nationale de la ville, et y ont jeté des pierres et autres objets et ce jusqu’après la tombée de la nuit puisque ces actes de vandalisme se sont poursuivis jusqu’à 21 heures.

Ces attaques ont fait cinquante blessés parmi les forces de l’ordre dont deux sont dans un état grave. Le journaliste Abdelfatteh Belaid a été agressé au niveau de la tête.

Ces délinquants ont également tenté de piller et vandaliser des commerces, ils ont vandalisé des moyens de transport public, le bureau du délégué de la région et la station de transport.

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Le ministère de l’Intérieur aussi qu’il a fermement l’intention de poursuivre en justice ces délinquants et félicite par ailleurs, les agents présents à Siliana et qui ont fait preuve de retenue et de professionnalisme, n’ayant recours au gaz lacrymogène que dans les cas extrêmes [« 73 agents de sureté ont été blessés lors des derniers incidents de Siliana, rapporte le journal Le Maghreb, sur la base d’une déclaration qui lui a été faite par Riadh Rezgui, porte- parole du Syndicat National des Forces de la Sécurité Intérieure (SNFSI). D’énormes dégâts ont été affichés a indiqué la même source précisant que les unités sécuritaires se sont empêchées d’utiliser la force ou du gaz lacrymogène conformément aux instructions. » Presse contre-révolutionnaire (AfricanManager.com, 30 novembre 2013)].

Reste maintenant à connaître le nombre de personnes qui ont été arrêtées lors de ces actes de vandalisme ?!

Presse contre-révolutionnaire (Webdo, 28 novembre 2013) via Brèves du désordre

 

Gafsa : Le ministère de la Défense ouvre une enquête contre les agresseurs d’une unité militaire

Le ministère de la Défense nationale a condamné « avec force » l’agression qui a eu pour cible un détachement militaire, le 27 novembre 2013 devant le siège du gouvernorat de Gafsa.

Ce jour là, des fauteurs de troubles avaient tenté de s’en prendre à cette unité, d’agresser ses membres et de s’attaquer à ses véhicules dans le but de la dissuader de remplir sa mission, d’après le porte-parole du ministère, le colonel-major Taoufik Rahmouni, qui en a fait état à l’agence TAP.

Le colonel-major Rahmouni a confirmé l’appel lancé par le ministère à toutes les parties, les engageant à « cesser de tenter de fourvoyer l’armée nationale dans les querelles politiques ou de l’amener à riposter à des provocations injustifiables ». « L’unité concernée avait pour mission d’aider à la protection du siège du gouvernorat en tant que bien de la communauté nationale », a-t-il rappelé.

Le porte-parole a, en outre, réaffirmé l’engagement de « l’ensemble des membres des forces armées à respecter le serment fait au peuple de protéger le pays et la population en toutes circonstances, avec honneur et loyauté, dans la discipline, avec retenue et dans le respect constant des lois de l’État et des règlements de l’armée nationale ». « Le ministère public militaire a pris sur lui de diligenter une information judiciaire, afin de faire la lumière sur les faits incriminés et de déterminer les responsabilités pénales des parties concernées et de leurs éventuels commanditaires », a-t-il ajouté.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/12/08.jpgLe gouvernorat de Gafsa avait connu, mercredi dernier, une grève générale régionale, destinée à revendiquer « le droit légitime à un développement équitable et à une vie décente » et à dénoncer la persistance de la politique de marginalisation et d’exclusion.

Ce mouvement s’est accompagné de manifestations, au cours desquelles un groupe de protestataires ont investi le siège du gouvernorat.

Presse contre-révolutionnaire (TAP via AfricanManager.com, 29 novembre 2013)

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« Il venait récemment de recevoir la médaille du travail »

Un opérateur en fonderie décède sur son lieu de travail

Saint-Claude. Hier, mercredi, vers 11h10, un salarié de MBF-Aluminium est décédé sur son lieu de travail, non pas suite à un accident du travail, mais en raison d’un anévrisme déctecté depuis 2010 et non opérable.

Souvannavisoutgh Sangieme aurait eu 62 ans en janvier prochain. Ce Sanclaudien, d’origine laotienne, marié et père de quatre enfants, travaillait comme opérateur fonderie depuis 1990 chez MBF, à la zone industrielle du Plan d’Acier. Il venait récemment de recevoir la médaille du travail.

Hier matin, alors qu’il avait pris sa pause habituelle, il s’est soudainement trouvé mal. Il a alors pris un malaise et malgré les premiers secours portés par ses collègues, puis par le Smur et les pompiers de Saint-Claude, il est décédé sur son lieu de travail. Une rupture de l’aorte et une hémorragie interne l’auraient emporté.

« Il souffrait depuis 2010 d’un anévrisme, qui était non opérable et pour lequel il suivait un traitement » indiquait hier soir Manuel Martins, directeur général de MBF-Aluminium, qui en début d’après-midi, avait choisi de faire une annonce devant l’ensemble des salariés pour clarifier la situation. « Mais il continuait à travailler normalement » précisait-il. « Et l’entreprise a tenu à accompagner aujourd’hui la famille de ce salarié dans ses moments difficiles » concluait-il.

Selon son entourage professionnel, « Souvannavisoutgh avait toujours le sourire et était apprécié de tous ».

Presse esclavagiste (C.K., Le Progrès, 28 novembre 2013)

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[Bangladesh] Serait-ce le devenir des usines de textile partout ?

[Bangladesh] Des ouvriers détruisent une usine de 18’000 prolétaires

Selon la police et des témoins, les esprits se sont échauffés à l’annonce, par un haut-parleur d’une mosquée jeudi, de la mort d’un ouvrier, qui aurait été abattu par les forces de l’ordre lors d’une intervention policière pour disperser un blocus routier près de l’usine. Un responsable policier a démenti la rumeur.

Le rassemblement a été dispersé à coups de gaz lacrymogène mais des centaines d’ouvriers se sont regroupés un peu plus tard, ont vandalisé l’usine, mis le feu à deux bâtiments et bloqué l’accès au site. Les policiers ont dû tirer en l’air pour ouvrir la route aux pompiers.

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Une grande usine textile du Bangladesh détruite par un incendie

Une grande usine de textile du Bangladesh travaillant pour des marques occidentales a été détruite vendredi 29 novembre par un incendie déclenché par des ouvriers à la suite de rumeurs faisant état de la mort d’un de leurs collègues sous les balles de la police.

Le feu a ravagé l’immeuble de dix étages situé à Gazipur, à 40 kilomètres de Dacca, et les pompiers restaient mobilisés pour maîtriser l’incendie qui a gagné quatre bâtiments adjacents. Aucun décès n’a été signalé. Le feu a débuté jeudi vers 23 heures, heure où les ouvriers étaient partis.

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EXTRÊME PRÉCARITÉ DES CONDITIONS DE TRAVAIL

Le textile est vital pour l’économie du pays mais une série d’accidents récents, en particulier l’effondrement en avril d’un immeuble abritant des ateliers, qui avait fait plus de 1100 morts, a mis en relief l’extrême précarité des conditions de travail des ouvriers du secteur.

Un photographe de Reuters présent sur les lieux de l’incendie a pu voir des vêtements calcinés portant les marques de fabricants comme American Eagle Outfitters, Gap, Wal-Mart Stores, Marks and Spencer, Uniqlo ou encore Zara.

L’usine, qui pouvait accueillir jusqu’à 18’000 ouvriers, était l’une des dix plus grosses du pays, a déclaré Mohammad Atiqul Islam, président de la Fédération des fabricants et exportateurs de textile.

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Presse esclavagiste (LeMonde.fr avec Reuters, 29 novembre 2013) via Des nouvelles du front

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Sur les récents appels à manifester contre le racisme

Contre tous les racismes et contre le racisme d’État !

Ces dernières semaines nous avons assisté à une expression libérée du racisme le plus abject.

Si nous sommes scandalisés par les déclarations et les actes commis envers la ministre de la justice, nous le sommes tout autant par la politique du gouvernement envers les sans-papiers et par l’acharnement de l’état contre les Rroms. La politique actuelle a poursuivi dans les actes et les propos celle des gouvernements précédents en cautionnant l’image d’une immigration source de tous les problèmes sociaux. Cette politique est en partie grandement responsable de la libération de la parole raciste.

Comment oublier les propos de Manuel Valls sur les Rroms, les nombreuses expulsions dont celles de jeunes scolarisé-e-s, la rafle du 6 juin 2013 à Barbès qui a été une opération autoritaire de contrôle des populations populaires, etc. ?

Soyons clairs, il n’y a pas d’un côté un racisme normal, légitime, voire légal contre les pauvres et les sans-droits et un racisme qu’on peut qualifier de « souillure pour la République ».

Nous devons nous battre contre toutes les formes de racisme et refusons de « marcher » aux côtés des Républicains PS le 8 décembre. Nous regrettons que les associations et syndicats qui appellent à la marche contre le racisme le 30 novembre ne se soient pas positionnés plus largement contre la politique raciste de l’État, contre le délire anti-Rroms et contre les discriminations en tout genre (contrôle au faciès, destruction des camps Rroms…).

Nous rappelons la nécessité de construire un vaste mouvement pour imposer le retour des expulsé-e-s, l’arrêt des expulsions, la régularisation de tou-te-s les sans-papiers, l’abrogation des lois anti-immigré-e-s, la fermeture des centres de rétention.

Pour la liberté de circulation et d’installation !

Sud Éducation Paris

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TÉLÉCHARGER LE TRACT de l’Action Antifasciste Nantes

 

RECTIFICATIF

C’est avec étonnement que nous lisons dans la Nouvelle République de mercredi 27 novembre 2013 page 5, que le RESF ferait partie des organisations appelant à la manifestation contre le racisme à Tours le samedi 30 novembre.

Le RESF37 n’appelle pas à cette manifestation. Non que nous ne soyons pas très préoccupés par le racisme et la xénophobie qui s’expriment  sans pudeur sur la voie publique ou  dans les médias. Mais il ne nous parait pas sérieux de dénoncer le racisme en « oubliant » qu’il s’exprime aussi dans les déclarations de personnages politiques « honorables », dont certains ont des responsabilités gouvernementales. Pour le dire vite, exprimer sa solidarité à Mme Taubira honteusement insultée, et, dans le même temps, omettre de s’insurger contre les mots et la politique de Manuel Valls à l’égard des Roms, traités comme des sous-humains, c’est se voiler la face devant la responsabilité que porte le gouvernement socialiste dans cette montée du mépris et de la haine de l’Autre.

Réseau Éducation Sans Frontières d’Indre-et-Loire (RESF37)

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[Marseille, 26 novembre] Procès des inculpés de l’incendie de la prison pour sans-papiers du Canet

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Grève dans une des plus grosses entreprises d’Égypte

Les travailleurs des cristalleries d’Asfour, 18’000 salariés, premier producteur mondial, installées dans le quartier de Shubra au Caire, en étaient jeudi 21 novembre à leur 11e jour de grève pour exiger :

• Un doublement du salaire qui passerait de 1000 livres égyptiennes à l’embauche à 2000 et alors que les ouvriers de cette entreprise gagnent 1200 LE (le salaire minimum promis par le pouvoir actuel dans le public devrait être de 1200 LE au 1er janvier 2014) après 10 ans d’ancienneté.

• Des contrats à durée indéterminée pour tous les précaires. En sachant que 11’000 des 18’000 salariés n’ont que des contrats à durée déterminée, devant être renouvelés chaque année.

• La réintroduction des ouvriers licenciés lors d’une grève l’an dernier.

• Des primes de départ (car l’entreprise envisage de licencier à l’occasion d’une modernisation — les salariés étaient encore 28’000 il y a quelques années) conséquentes de plus de 30’000 LE, plus une somme allouée par année de travail en cas de départ négocié. Les travailleurs du site insistent sur le fait que beaucoup de salariés sont malades — en particulier des poumons — après quelques années de travail dans cette entreprise aux conditions de travail lamentables, et qu’ils ne pourront pas retrouver de travail.

Malgré les attaques de voyous payés par le patron, le site était toujours bloqué après que les salariés aient refusé les propositions du ministre du Travail venu les voir le 21 novembre qui promettait pour sa part de meilleures conditions de travail, une santé mieux protégée, des embauches de précaires, la réintégration des licenciés  mais rien de sérieux sur les salaires.

Par ailleurs les ouvriers du textile de l’usine textile de laine de Samanour (5 000 salariés) à Mahalla ont repris le travail le 19 novembre après que le gouvernement ait promis que leurs salaires de septembre seraient payés (ce pourquoi ils étaient entrés en grève), que les ouvriers arrêtés parce qu’ils bloquaient les voies ferrées seraient relâchés et une somme de 10 millions de LE allouée à l’entreprise par l’État pour l’aider à aller de l’avant.

Jacques Chastaing, 25 novembre 2013

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« Transformer en réalité les châteaux de mes rêves »

Chine : un millionaire s’offre une vie de châteaux

« Je n’ai pas de hobby particulier, à part planter des arbres et bâtir des châteaux », assure le millionnaire chinois Liu Chonghua, propriétaire de six résidences à l’architecture extravagante, construites en réaction à la monotonie des métropoles modernes.

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« Je voulais transformer en réalité les châteaux de mes rêves », affirme M. Liu, depuis la tour crénelée d’une de ses propriétés — dont la silhouette grise évoquant le palais royal de Windsor domine les rizières environnantes dans la municipalité de Chongqing (sud-ouest).

À quelque distance de là, ses cinq autres châteaux sont plantés les uns à côté des autres. Parmi eux, un édifice de briques rouges coiffé de hautes flèches — tout droit sorti d’un conte de fées à la Walt Disney —, et un bâtiment cerné de tourelles en blanc et couleurs pastel — dans le style du célèbre palais de Louis II de Bavière à Neuschwanstein.

« Quand j’étais petit, j’étais fasciné par les histoires de princes et de châteaux », se souvient M. Liu, aujourd’hui âgé de 59 ans, qui assure avoir « grandi avec l’estomac vide » à la campagne.

Il avait été envoyé creuser des fossés lors de la Révolution culturelle, raconte-t-il à l’AFP.

Depuis, les fées se sont penchées sur lui : il s’est fait un nom dans la confection industrielle de gâteaux et pâtisseries (dont une baptisée « biscuit de rêve »), et à la faveur de l’appétit croissant des Chinois pour le sucré, il s’est constitué une fortune — lui permettant de concrétiser ses ambitions de châtelain.

L’homme d’affaires affirme avoir dépensé plus de 100 millions de yuans au total (12 millions d’euros) dans la construction de ses châteaux, et a même emprunté des fonds pour cela à des amis.

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Ses projets trouvent leur inspiration originale en Bavière et dans les châteaux de la Loire, Liu Chonghua reconnaissant avoir été aussi marqué par l’Espagnol Antoni Gaudi, concepteur de la basilique Sagrada Familia à Barcelone.

L’un des ouvriers impliqués dans ses constructions, Ma Wenneng, balaie d’un sourire les difficultés de recréer des architectures occidentales sur le sol chinois.

« En fait, les châteaux européens sont extrêmement faciles à construire. Le patron a un grand livre de photos de châteaux dans son bureau, et cela nous sert de référence, voilà tout », déclare-t-il, tout en s’affairant sur une fontaine plantée au milieu d’un balcon.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/11/041.jpgL’explosion du marché immobilier chinois, dopé par une croissance de plus de 20 millions de personnes par an de la population urbaine sur la dernière décennie, s’est surtout traduite par la multiplication des blocs d’immeubles sans originalité.

Liu s’oppose vivement à ces milliers de tours d’appartements toutes sorties du même moule : « La Chine a besoin de châteaux, car il lui faut une culture (architecturale) diversifiée. On a besoin de gens qui rêvent », insiste-t-il.

« Quand vous construisez à ce rythme effréné, vous ne vous souciez évidemment pas de subtilités esthétiques », grince Tom Miller, expert de l’urbanisation chinoise.

L’uniformisation des paysages urbains en Chine, où les grandes artères des métropoles se ressemblent comme deux gouttes d’eau, commence à faire l’objet de récriminations auxquelles les autorités prêtent l’oreille.

Conscientes du problème, les grandes villes ont recouru ces dernières années à des stars internationales de l’architecture pour édifier d’emblématiques tours ou bâtiments culturels au style audacieux. Les autorités se lancent également plus volontiers dans la rénovation de quartiers historiques.

« Les Chinois réalisent qu’il n’est pas bon que tout se ressemble, et que des touristes pourraient même être désireux de payer pour voir quelque chose de différent », observe M. Miller.

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Les châteaux de Liu Chonghua, dont les intérieurs sont pour le moment essentiellement vides, sont librement ouverts aux visiteurs et ne déçoivent pas ceux qui franchissent le portail d’entrée.

« Je pense que les châteaux sont extrêmement romantiques », se pâme une jeune femme nommée Gao, photographiée en robe de mariée immaculée, devant un des palais de M. Liu.

Les responsables politiques locaux, eux, ne sont pas tous du même avis, et les autorités avaient même envoyé il y a deux ans des excavateurs pour raser une arche de 16 mètres de haut.

« Le gouvernement ne m’a jamais apprécié, ils disent que j’ai offensé des cadres locaux », se désole le millionnaire, qui raconte avoir reçu « des appels anonymes (le) menaçant de mort ».
Il n’est pas la seule fortune chinoise atteinte par la fièvre des châteaux — un autre homme d’affaires a ainsi bâti des répliques de la pyramide égyptienne de Gizeh et du palais de Versailles.

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Mais les projets de Liu pourraient bien être les plus ambitieux dans le pays : « J’ai seulement réalisé la moitié de mon rêve. L’autre moitié sera de construire des châteaux encore plus majestueux, du genre à abasourdir le public », insiste-t-il.

Et de pointer une colline boisée à l’horizon : « Là, je bâtirai quelque chose d’encore plus grandiose ».

Leur presse (Agence Faut Payer, 19 novembre 2013)

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[Espagne] De la dure réalité du syndicalisme

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« FAIS GAFFE À CE QUE TU SIGNES », tag destiné aux délégués de l’UGT.

« … nous confierons cette affaire à nos services juridiques afin qu’ils étudient toutes les manières possibles de dédommager notre camarade Léonardo ainsi que les autres victimes de la barbarie dont ils ont été l’objet. » Déclaration de FITAG-UGT

Tout de suite les gros mots…

Le projet d’accord prévoit le licenciement de 745 personnes en 2016 et une réduction de salaire comprise entre 18 et 15%.

Les travailleurs de PANRICO (Donut) ont rejeté le pré-accord, notamment ceux de Barcelone (San Perpetua de la Mogoda) qui ont massivement rejeté le pré-accord passé entre patrons et syndicat UGT.

Les travailleurs de Paracuellos del Jarama (Madrid), Murcia (Sud-Est) l’ont également rejeté ; par contre il a été approuvé par ceux de Valladolid, Zaragoza y Puente Genil (Córdoba).

Les travailleurs de S.Perpetua Mogoda avaient déjà subi une baisse de 20% de leur salaire, le pré-accord se proposait de couper encore 18%, apparemment les salariés de ce site devaient faire en grande part les frais des licenciements, curieusement ils n’ont pas apprécié.

Des nouvelles du front, 25 novembre 2013

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[Coudray-Montceaux, Essonne] Comment régler leur compte aux jaunes ?

Bus incendié, chauffeur agressé dans l’Essonne sur fond de grève

Un bus du réseau TICE (Transports intercommunaux centre Essonne), qui fait l’objet d’un mouvement de grève depuis mercredi, a été incendié jeudi 14 novembre au soir dans l’Essonne et son chauffeur a été agressé.

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Jeudi vers 21 heures, quatre personnes ont mis le feu au bus 402 de la société Transevry du réseau Tice au terminal du Coudray-Montceaux, ont indiqué les gendarmes. Aucun passager n’était présent au moment des faits. Selon la gendarmerie, le chauffeur a été agressé mais n’a pas été blessé. Il a été hospitalisé dans la nuit de jeudi à vendredi en « état de choc ».

Le parquet d’Évry a ouvert une enquête pour « incendie volontaire et violences sur agent d’une entreprise de transport » confiée à la Brigade de recherches de la gendarmerie d’Évry. Selon le président de la Tice et maire (UMP) de Courcouronnes, Stéphane Beaudet, le chauffeur a été agressé à l’arme blanche et ne « doit sa vie sauve qu’à ses stylos accrochés dans sa veste qui ont fait riper la lame ».

« VOLONTÉ DE NUIRE »

« Les personnes, cagoulées, ont ensuite posé plusieurs bouteilles de gaz dans le bus, l’ont incendié et ont interdit au chauffeur de sortir. Il ne doit son second salut qu’à une personne qui passait par là et l’a aidé à sortir », a ajouté l’élu. « Ce ne sont pas des violences urbaines », a dénoncé M. Beaudet qui dénonce le climat « de violences et de menaces » au sein de la Tice où un mouvement de grève a débuté il y a une semaine.

« L’intention était claire : créer un climat de terreur », a déploré de son côté, Francis Chouat, le maire socialiste d’Évry et président de l’agglomération Évry Centre Essonne, dans un communiqué.

En poste depuis 2006, le chauffeur du bus était responsable d’un syndicat non gréviste. « C’est un fait extrêmement grave, largement prémédité et avec une volonté de nuire », a indiqué le procureur de la République d’Évry, Éric Lallement. « Il est hâtif de tirer des conclusions », a-t-il nuancé, précisant toutefois que l’hypothèse d’une agression sur fond de climat social dégradé, faisait partie des pistes de travail des enquêteurs.

Selon un communiqué de la Tice publié sur son site Internet, le trafic est totalement interrompu vendredi sur l’ensemble du réseau qui transporte quotidiennement 80’000 passagers à travers le département.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Agence Faut Payer, 15 novembre 2013) via les Brèves du désordre

 

Bus incendié dans l’Essonne : la piste du conflit social privilégiée

Un conflit entre grévistes et non grévistes a-t-il dégénéré en l’agression d’un conducteur à l’arme blanche et l’incendie de son bus dans l’Essonne ? C’est en tout cas la piste que privilégie, samedi 16 novembre, la brigade de recherche de la gendarmerie d’Évry, chargée de l’enquête.

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Rappel des faits. Jeudi 14 novembre vers 21 heures, le bus 402 de la société Transevry, du réseau TICE, s’arrête au terminal David-Douillet du Coudray-Montceaux. Après que les passagers sont descendus, quatre hommes cagoulés arrivent en voiture et font irruption dans le bus articulé. L’un des agresseurs menace le conducteur à l’arme blanche pendant que ses trois complices posent des bouteilles de gaz dans le véhicule, qu’ils aspergent d’essence avant d’y mettre le feu. Le chauffeur, qui en vient aux mains avec ses agresseurs, parvient à s’extirper du bus en flammes, avec l’aide d’un passant. « Je me suis débattu car je n’avais pas envie de mourir dans mon bus, a-t-il raconté à BFM TV. Je n’avais pas dit au revoir à ma femme et mes parents, c’est ce qui m’a donné la force de m’échapper. »

VIVES TENSIONS ENTRE SALARIÉS

Cette agression s’est déroulée dans un climat social tendu. Depuis le 7 novembre, des conducteurs de la société TICE, qui transporte chaque jour 80’000 passagers dans vingt-et-une communes de l’Essonne, étaient en grève en raison d’un conflit portant sur leurs rémunérations et la prise en compte de l’ancienneté. Les autres syndicats ont refusé de se joindre à l’avis de grève illimité déposé par le syndicat SUD, majoritaire, générant de vives tensions entre salariés.

Le chauffeur agressé, Xavier Martins, est responsable de la FNCR (Fédération nationale des chauffeurs routiers), l’une des trois organisations syndicales qui refusaient de se joindre à la grève. « Les enquêteurs privilégient la piste d’un règlement de compte entre grévistes et non grévistes, sur fond de conflit social », explique-t-on à la gendarmerie.

« ON VA PASSER AU PLAN B »

Sur son blog, le maire UMP de Courcouronnes et président de la TICE, Stéphane Beaudet, affirme que, « la grève s’enlisant, les non-grévistes reçoivent depuis trois jours des menaces claires de grévistes, ces derniers indiquant explicitement à l’endroit de celles et ceux qui veulent juste travailler : ‘on va passer au plan B’ ». Le syndicat SUD s’est élevé contre ce qu’il considère comme un « amalgame » et a assuré que l’agression n’était « pas liée au climat social », selon Mamadou Camara, délégué syndical.

Selon Stéphane Beaudet, un des agresseurs a « tenté de poignarder le conducteur », ce dernier ne devant d’avoir la vie sauve « qu’à ses stylos accrochés dans sa veste qui ont fait riper la lame ». Une information non confirmée de sources proches de l’enquête, qui précisent que la qualification de « tentative d’homicide » n’a pour l’heure pas été retenue. L’enquête ouverte par le parquet d’Évry et confiée à la brigade de recherches de la gendarmerie d’Évry porte sur des faits d’ »incendie volontaire et violences sur agent d’une entreprise de transport ».

Les collègues de la victime, qui a été hospitalisée en état de choc, ont fait jouer leur droit de retrait vendredi sur l’ensemble du réseau. La grève qui touchait le premier réseau de bus de l’Essonne depuis une dizaine de jours a elle pris fin le même jour à 20 heures après la signature d’un accord de fin de conflit.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (LeMonde.fr, 16 novembre 2013) via les Brèves du désordre

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Serait-ce le devenir des camps de rétention partout ?

[Italie] Effondrements – 20 novembre 2013

Il y a deux semaines a été détruit le centre de Gradisca. C’est le septième à fermer en Italie. Cela peut sembler évident mais il est préférable de le préciser avant que quelques politiciens plus ou moins sinistres [Jeu de mot avec sinistra (gôche), NdT] ne pensent à s’attribuer le mérite de ce qu’ils n’ont pas fait : ces centres ont été formellement fermés parce qu’un fonctionnaire ministériel en a ordonné l’évacuation, mais factuellement ils ont été détruits par le feu des révoltes des retenus. Sept centres sur treize sont fermés, et on ne peut pas dire que ceux qui restent se portent à merveille. Considérant la vitesse à laquelle ils tombent en morceaux, on pourrait affirmer que la machine à expulser est proche de l’écroulement  En voulant être sincères, si l’on doit parler d’écroulement, il y aurait besoin de dire quelque chose aussi de l’écroulement qui semble avoir touché les divers mouvements qui, ces dernières années, ont soutenu les luttes des retenus. Alors que l’on est dans un des moments les plus forts et les plus incisifs en terme de lutte à l’intérieur, à l’extérieur rien ne bouge. Il serait important de tenter quelques raisonnement propositifs, mais nous laissons ces pensées temporairement de côté.

La machine à expulser est clairement en crise, et il n’y a pas besoin d’être spécialiste en philosophie politique pour comprendre que derrière chaque soit-disante crise se cache la possibilité d’une restructuration. Il pourrait sembler qu’au ministère de l’intérieur on se tourne les pouces mais il est quasiment certain qu’ils pensent et préparent quelque chose. Les nouvelles officielles à ce propos sont peu nombreuses, mais nous savons par exemple que les centres de Modène et de Bologne pourraient rouvrir l’année prochaine. En plus, il y a toujours en jeu la construction de deux nouveaux centre à Santa Maria Capua Vetere (Casert) et à Palazzo San Gervasio (Potenza). Ouverts en toute hâte il y a deux ans et demi durant le plan « urgence Afrique du Nord » [Suite aux révolutions arabes, NdT] et restés en fonction seulement quelques mois, ils devaient rouvrir avant la fin de l’année, mais depuis que le gouvernement a lancé les appels d’offre et la collecte de fonds pour la restructuration on n’en a plus entendu parler.

Comme chaque restructuration qui se respecte, celle des CIE n’est pas seulement une question de contrats pour savoir qui construira les murs, les grillages et les barreaux. Chaque dispositif répressif a aussi besoin d’idées et de théories sur lesquelles se baser et se renouveler et sur ce front les choses sont en train de bouger. En mars 2013 a été publiée une proposition de réforme des CIE écrite par Connecting People et la Fondation Xenagos. Fatigués de recevoir de continuelles « attaques sur plusieurs fronts, les qualifiant notamment de tortionnaires redoutables » Maurino et Cie ont mis noir sur blanc leur idées pour une « réforme copernicienne » de la machine à expulser. Parmi les propositions les plus inquiétantes il y a celle d’obliger les retenus à travailler, une nouvelle qui transformerait les CIE en réels camps de travail, au profit de ceux qui les gèrent. De son côté, après une campagne désormais décennale, la Croix rouge est obligée d’abandonner pour l’instant les jeux de mots autour de sa prétendue impartialité et à finalement découvrir la différence entre les concepts d’« accueil » et d’« expulsion ». Il y a six mois a aussi été publié un document programmatique sur les CIE, un long travail d’analyse sur la condition des centres rédigé par une commission de bureaucrates du ministère de l’Intérieur. Obsédés par la rationalisation de la machine à expulser, jugée coûteuse et inefficace mais surtout mise à rude épreuve par les « épisodes, actuels ou potentiels d’insurrection ou de dégradations graves », les fonctionnaires ont mis au point des propositions. Pour garder sous contrôle une situation leur ayant déjà échappé des mains trop souvent, le ministère étudie « la création d’un corps de professionnels, à qui confier la gestion des activités impliquant un contact direct avec les hôtes du centre ». Des équipes de para-matons privés. Pour le comprendre il suffit de lire comment le ministère s’imagine ce nouveau corps : « opérateurs spécialisés, préparés à l’aide de formations spécifiques et d’entraînements, organisés avec la contribution de l’administration pénitentiaire, qui seront aux côtés des forces de l’ordre ». Dans le projet des bureaucrates l’intégration de la machine à expulser à l’intérieur du circuit carcéral ne se limiterait pas seulement à l’entraînement de gardiens, mais inclurait également « la création d’une structure mixte (à l’intérieur des prisons), composée par du personnel de l’administration pénitentiaire et de la police d’État » afin d’identifier les détenus sans-papiers. Un projet qui est aussi soutenu, depuis quelques temps, par des partisans de la fermeture des centres. L’une d’entre eux est Serena Pellegrino, écologiste et libérale de gauche qui, dans la foule des révoltes de Gradisca a demandé des modifications législatives qui permettront « l’identification des très nombreux détenus sans-papiers, durant la période d’incarcération ».

En attendant de savoir ce qui adviendra dans les prochaines semaines à l’intérieur, hors et autour des CIE voyons où en sont les six restés ouverts.

Milan. Restructuré il y a moins de trois mois, après une série de travaux qui auraient dû améliorer les niveaux de sécurité et empêcher les révoltes, le centre est de nouveau pratiquement détruit et il n’y reste que vingt-huit places. Après la dernière révolte et en vue du renouvellement de l’appel d’offre de gestion, la Croix rouge a décidé de pleurer misère et de hausser le ton : évidemment la gestion d’un CIE est devenue une affaire toujours moins intéressante en terme d’image et de rentabilité.

Turin. Le centre est à moitié détruit : une section entière est fermée, les cinq autres sont toutes plus ou moins sérieusement endommagées et il ne reste donc dans la structure que 98 places. Les dégradations les plus conséquentes datent de juillet dernier, lorsque a été détruite et incendiée la section blanche, fraîchement pensée et restructurée comme section anti-émeutes. Comme à Milan, à Turin aussi la gestion est depuis longtemps confiée à la Croix rouge et l’appel d’offre tombera au printemps prochain.

Rome. On n’a plus de nouvelles du centre de Rome depuis la grande révolte de février dernier, quand le feu détruisit une grande partie du centre et des grilles d’enceinte les rendant pratiquement inutilisables pour plusieurs jours. L’absence de nouvelles est un signe évident que la gestion par la coopérative Auxillium porte ses fruits en réduisant au silence à grand renfort de sédatif les protestations des retenus. Une gestion plébiscitée un peu partout : parmi ceux qui estiment la coopérative nous trouvons beaucoup de fonctionnaires du ministère, même ceux qui sont connus comme fabulateurs de gauche.

Bari. Les dernières protestations significatives remontent à deux ans, mais l’œuvre de destruction du centre par les retenus a sûrement continué sans relâche bien que l’on n’ait pas de nouvelles. Le CIE est à moitié détruit et un groupe d’avocats a lancé une class action pour contraindre le préfet à acter qu’il ne reste que 112 places dans le centre. Depuis six mois la gestion du centre est confiée à Connecting People, les collègues de ceux qui géraient jusqu’à il y a deux semaines, le centre de Gradisca.

Caltanissetta. Après un été bouillant de révoltes et d’évasions, un des trois pavillons du centre a été définitivement fermé en septembre. Il n’y reste donc plus que 70 places. Depuis octobre la gestion a été confiée à la coopérative Auxillium, la même qui gère le centre de Rome. Malgré les compliments récents de l’évêque monseigneur Russotto et d’un groupe de parlementaires grillini [Adeptes de Bepe Grillo, mouvement 5 étoiles, NdT] il est suffisamment évident que les nouveaux gestionnaires n’ont pas la situation sous contrôle : il y a eu au moins trois tentatives d’évasion accompagnées d’affrontements avec la police le mois dernier.

Trapani Milo. Immergé dans la campagne trapannaise, éloigné des centres résidentiels, il est renommé pour être le CIE des évasions. Même si la police a tout essayé, allant même jusqu’à couper les lacets de chaussures aux retenus, la moitié des retenus qui passent par là arrivent à s’en échapper. Dans la tentative de mettre fin à cette situation le ministère a récemment débloqué plus de 600’000 euros pour sécuriser le centre et le préfet a révoqué la gestion à la coopérative Oasi, lançant un nouvel appel d’offre. Pourtant, en masse comme en petit groupe, on continue toujours à s’enfuir du centre de Trapani.

Traduit de l’italien (Macerie, 20 novembre 2013) – Sans papiers ni frontières

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Deuxième jour d’agitation « lycéenne » à Nanterre

Nanterre : nouveaux incidents dans le quartier de la mairie

Ambiance électrique ce vendredi matin à Nanterre au lendemain de l’agression du proviseur lycée Joliot-Curie. De nouveaux incidents ont agité le quartier de la mairie. Vers 8h30, une cinquantaine d’élèves du lycée Joliot-Curie, rejoints par des « éléments extérieurs à l’établissement » a commencé à tenter de mobiliser des troupes.

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Nanterre, jeudi 21 novembre. Déjà jeudi des incidents avaient éclaté à proxilité du lycée Joliot-Curie. Des poubelles avaient notamment été incendiées.

La situation a rapidement dégénéré. Des bouteilles d’acide auraient même été lancées selon un témoin. Une poignée de jeunes a essayé de piller une supérette du centre-ville. Des poubelles ont été enflammées et une voiture toute proche a échappé de peu à l’incendie. La police a déployé d’importants effectifs afin de dissuader la formation de petits groupes. Plusieurs mineurs ont été interpellés au cours de ces violences.

Presse inflammable (Amel Brahmi, LeParisien.fr, 22 novembre 2013)

 

Nanterre : un proviseur de lycée agressé

Le proviseur du lycée Joliot-Curie, à Nanterre, a été agressé ce jeudi après-midi à l’entrée de l’établissement. Le proviseur se tenait devant les grilles du lycée pour accueillir les élèves, vers 13h30, lorsque deux personnes sont passées derrière lui, lui assénant deux coups dont un à la tête avant de prendre la fuite.

Cette agression s’est produite dans un contexte tendu : ce matin, avant 8h30, des jeunes s’étaient rassemblés devant le site, allumant un feu de poubelles. « Une plainte va être déposée, annonce le Directeur académique des services de l’Éducation nationale (Dasen), qui s’est rendu cet après-midi dans cet établissement de 1300 élèves pour soutenir le proviseur et son équipe. On ne peut tolérer ces actes de violence. »

Les cours reprendront demain matin.

Presse inflammable (LeParisien.fr, 21 novembre 2013)

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On aime le poulet grillé à Marseille

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Des cocktails molotov devant le commissariat du 3e

Des incidents violents ont éclaté cette nuit entre minuit et une heure du matin devant le commissariat du 3e arrondissement de Marseille, collé à la cité Félix Pyat. Plusieurs individus ont lancé des cocktails molotov vers le bâtiment.

Trois projectiles de ce genre ont été dénombrés et un véhicule sérigraphié a été partiellement détruit par le feu. Les locaux n’ont pas été touchés. Ces violences feraient suite à l’interpellation d’un garçon d’une vingtaine d’années, dans la cité Félix-Pyat, en possession d’un pistolet 9mm et de plusieurs pochons de cocaïne, devant l’un des points de vente de drogue de ce ensemble HLM.

Le préfet de police, Jean-Paul Bonnetain, est actuellement sur les lieux, pour mesurer l’ampleur des dégâts et pour apporter son soutien aux fonctionnaires de police.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (LaProvence.com, 22 novembre 2013)

 

Marseille : un commissariat attaqué

Plusieurs bouteilles d’alcool enflammées ont été jetées cette nuit  contre un commissariat des quartiers nord de Marseille, causant des dégâts « relativement légers », selon une source proche de l’enquête.

Le bâtiment public, siège de la police dans le 3e arrondissement de la ville, est inséré dans l’une des cités les plus sensibles de Marseille, la cité Felix-Pyat, au coeur de la zone de sécurité prioritaire (ZSP) des quartiers nord.

Hier vers 23h00, sept cocktails molotov ainsi que des pierres ont atteint le commissariat qui abrite plusieurs unités de la Sécurité publique, causant une vive émotion parmi le personnel présent. « C’est probablement l’arrestation dans l’après-midi de deux habitants de la cité qui a suscité la colère des autres jeunes ».

Les nombreuses patrouilles effectuées dans la nuit autour de « Fort Chabrol », le surnom local de ce commissariat, n’ont pas permis de procéder à des interpellations. Les enquêteurs doivent visionner les enregistrements des caméras de surveillance pour tenter d’itentifier les auteurs de cette attaque.

L’édifice est régulierement la cible d’actes malveillants ; en juillet 2009 une grenade avait été lancée contre les grilles. Six véhicules de police avaient été endommagés et de nombreux impacts avaient été retrouvés jusque sur la baie vitrée de l’école maternelle qui jouxte le commissariat. L’enquête sur ces actes, confiée alors à la police judiciaire, n’avait pas permis de retrouver les auteurs de cet attentat.

« Le jet de cocktails molotov sur un commissariat est un acte grave il ne peut pas être banalisé », a réagi ce matin le délégué zonal adjoint du syndicat Alliance, David-Olivier Reverdy. « Déjà dans l’après-midi, il y a eu jeudi des échauffourées avec les forces de l’ordre et certains de nos collègues ont été blessés. Manifestement des petits caïds de la cité n’acceptent pas que les services de l’État fassent leur travail dans cette copropriété très degradée », a estimé le responsable syndical.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (LeFigaro.fr avec l’Agence Faut Payer, 22 novembre 2013)

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[Bangladesh] L’agitation sur les salaires continue

Bangladesh : cinq syndicalistes arrêtés après les manifestations d’ouvriers du textile

DACCA, 20 nov 2013 (AFP) – Cinq dirigeants syndicaux du Bangladesh ayant participé aux récentes manifestations contre le nouveau salaire minimum des ouvriers du textile ont été arrêtés mardi, a annoncé mercredi la police.

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Le Premier ministre, Sheikh Hasina, a de son côté exhorté les employés du secteur à reprendre le travail, estimant que leur mouvement contre le nouveau salaire minimum, relevé de 76% à 68 dollars par mois, n’était pas justifié.

« Je voudrais demander aux employés du secteur de l’habillement de retourner au travail », a dit Sheikh Hasina dans une déclaration télévisée.

Elle a mis en garde les ouvriers du textile, estimant qu’ils pourraient être « les plus grands perdants » d’une fermeture prolongée des usines en raison des manifestations, ce qui pourrait, selon elle, inciter les distributeurs occidentaux à se tourner vers d’autres pays.

De son côté, la police a arrêté 5 leaders syndicaux pour leurs rôles dans le récent mouvement de mécontentement qui a agité plusieurs zones industrielles proches de la capitale Dacca et fait deux morts dans des heurts avec les forces de l’ordre.

« Ils ont été arrêtés mardi pour incitation à la violence », a dit Mostafizur Rahman, responsable policier du district industriel de Gazipur où ont eu lieu des manifestations ayant rassemblé plusieurs dizaines de milliers d’ouvriers du textile depuis la fin de la semaine passée.

Selon l’association des fabricants et exportateurs de textiles du Bangladesh, quelque 140 usines avaient dû fermer lundi en raison de ces manifestations.

Les industriels du textile et plusieurs syndicats pro-gouvernementaux ont approuvé la hausse du salaire minimum dans le textile à 68 dollars mais une partie des syndicats, proche de la gauche, demandent un salaire de 100 dollars.

Ce nouveau salaire minimum reste inférieur à celui d’autres grands pays exportateurs de textile, dont le Cambodge, le Sri Lanka et le Vietnam, selon l’Organisation internationale du travail (OIT).

L’effondrement en avril, avec un bilan de 1.135 morts, du complexe Rana Plaza, qui abritait plusieurs ateliers de production, avait montré une nouvelle fois les médiocres conditions de travail et les salaires de misère des ouvriers du secteur.

Presse esclavagiste (Agence Faut Payer, 20 novembre 2013)

 

Une autre manif au Bangladesh fait 30 blessés

DACCA, Bangladesh – Une trentaine de personnes ont été blessées mardi dans les rues de Dacca, la capitale du Bangladesh, quand la police a utilisé des gaz lacrymogènes et des balles de caoutchouc pour disperser des milliers de personnes venues dénoncer la mort de deux ouvriers du secteur du textile.

Les deux victimes avaient été blessées lundi par des balles de caoutchouc, aussi à Dacca.

Les travailleurs bangladais du textile manifestent depuis des semaines pour obtenir une amélioration de leurs conditions salariales.

Lors des plus récentes violences, la police a dû intervenir pour empêcher les travailleurs de saccager des usines.

Les ouvriers ont aussi érigé des barricades de pneus enflammés et de véhicules dans les villes industrielles de Gazipur et d’Ashulia.

Un leader des manifestants affirme qu’ils ont été attaqués par la police sans provocation.

Presse esclavagiste (The Associated Press / JournalMetro.com, 19 novembre 2013)

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Comment accommoder le préfet

Le préfet de Haute-Savoie et deux policiers de la Bac aspergés de gaz lacrymogène

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Georges-François Leclerc, le préfet de Haute-Savoie

Alors qu’il accompagnait un équipage de la Bac de nuit (Brigade anticriminalité) le préfet de Haute-Savoie, Georges-François Leclerc a reçu du gaz lacrymogène. Les deux policiers qui patrouillaient dans le quartier de Collonges à Thonon, réputé sensible, ont également été atteints. Les faits se sont produits dans la nuit de jeudi à vendredi vers 22 h 30. Les policiers ont voulu contrôler un jeune homme de 19 ans connu des services pour revendre de la drogue. Il était d’ailleurs porteur de 100 grammes de cannabis. Refusant de monter dans la voiture banalisée, il a alerté en criant une trentaine de jeunes qui a pris à partie les deux policiers et le préfet. L’un des deux policiers a été roué de coup alors qu’il se trouvait à terre. Les jeunes ont tenté d’extraire leur collègue de la voiture de police mais en vain. Le frère du dealer a été interpellé pour outrage, provocation à la rébellion et rébellion en réunion. L’auteur du gazage a été interpellé vendredi matin. D’importants renforts de CRS et de gendarmes ont quadrillé le quartier hier soir.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (LeDaubé.com, 15 novembre 2013)

 

Thonon : les agresseurs du préfet condamnés

V… M…, qui était en possession du pain de cannabis, a été condamné à un an d’emprisonnement avec révocation de ses sursis antérieurs (10 mois) ; son frère, G… à 8 mois et N… N… à un an pour avoir aspergé les représentants de l’ordre dont le préfet et dégradé les véhicules de police. Tous trois ont été reconduits à la maison d’arrêt.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (LeDaubé.com, 18 novembre 2013)

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[FPP DUB PARTY #2] Soirée de soutien à la radio libre FPP vendredi 22 novembre

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SOUTENEZ VOTRE RADIO LIBRE !

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[Bangladesh] Deux ouvriers tués par la police

(…) Des témoins ont affirmé que des policiers avaient ouvert le feu sur des employés qui sortaient de l’usine GMS Composite Knitting Industry à Gazipur et que deux des employés étaient morts.

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« D’abord, des responsables de l’usine ont battu un de nos collègues, puis, alors que nous sortions de l’usine pour exprimer notre protestation, la police a ouvert le feu. Deux travailleurs ont été tués et plusieurs ont été blessés », a déclaré un employé par téléphone à l’AFP.

« Les responsables de l’usine ont traîné plusieurs des travailleurs blessés à l’intérieur de l’entreprise. Nous ne savons pas ce qui leur est arrivé », a ajouté cet employé, qui a requis l’anonymat pour des raisons de sécurité.

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Un porte-parole de l’établissement hospitalier où le corps de l’un des employés tués avait été transporté, le Enam Medical College, a déclaré qu’il présentait un impact de balle dans le cou.

La police a confirmé le bilan de deux morts, mais a nié avoir tiré à balles réelles sur les employés. « Nous soupçonnons qu’ils sont morts au cours d’une bousculade lorsqu’ils sortaient de l’usine », a déclaré un responsable de la police, Saiful Islam. Il a affirmé que la police n’avait utilisé que des armes non létales. (…)

Presse esclavagiste (Agence Faut Payer, 18 novembre 2013)

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Le marché juteux de la surveillance des frontières

L’Europe face au drame des migrants clandestins
Le marché juteux de la surveillance des frontières

Le drame des migrants clandestins, au-delà du drame humain qu’il charrie, dévoile une face cachée des plus sordides. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, de grands colosses de l’armement et de biens de sécurité aiguisent leurs appétits pour en tirer le maximum de profit par de juteuses affaires. Chacun y va de sa dernière trouvaille pour vendre des systèmes de protection et de surveillance des frontières dans une Europe plus que jamais véritable forteresse.

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De 6 millions en 2005, 19 millions une année après, le budget de Frontex est passé à 118 millions d’euros en 2011.

Eurosur, Milipol, Frontex. De quoi s’agit-il au juste ? Eurosur est le nouveau système de surveillance des frontières de l’Union européenne (UE), adopté le 22 octobre dernier. Ce système qui a pour objectif de renforcer les contrôles aux frontières extérieures, terrestres et maritimes de l’espace Schengen, est appelé à entrer en vigueur en décembre prochain.

D’autres mesures qui devraient initialement l’accompagner ont été, quant à elles, différées par Bruxelles à juin 2014. Milipol est le salon mondial de la sécurité intérieure des États, organisé tous les deux ans, qui ouvre ses portes à Paris à partir de demain (mardi 19) jusqu’au 22 novembre, soit 4 jours de rencontres, de découvertes et de débats autour de la sécurité publique dans le monde. Frontex est le «fer de lance» et «l’instrument emblématique de la politique de contrôle des frontières de l’UE et des pays qui lui sont associés dans ce domaine, comme la confédération helvétique». Le migrant clandestin, quant à lui, est cet ennemi juré que l’Europe s’est inventé. Il constitue une menace contre laquelle une véritable guerre est lancée.

Des Drones anti-migrants

En réponse aux deux récentes tragédies en mer survenues sur les côtes de l’île de Lampedusa, ayant coûté la vie à près de 400 personnes, l’UE a donné son feu vert pour le déploiement de l’Eurosur. Frontex qui est appelée à jouer un rôle très significatif dans la supervision de ce dernier, est l’un des habitués du salon parisien Milipol. D’autant que, remise au-devant de l’actualité, drames de Lampedusa obligent, la mise en œuvre du système Eurosur qui prévoit l’acquisition de drones de surveillance les mieux appropriés et les plus efficaces pour repérer et poursuivre les migrants clandestins, serait effective d’ici peu.

À ce titre, a indiqué une source italienne de Migreurop, Milipol pourrait être pour Frontex l’occasion propice de renouer les contacts, entamés en 2011, avec d’illustres hôtes, des leaders mondiaux de l’armement et de biens de sécurité, à qui s’offrira également l’auguste opportunité pour exposer leur nouvel arsenal et mettre en avant leurs dernières innovations en matière de développements technologiques, indiquent nos sources. D’autant que «l’Agence est connue pour avoir invité des fabricants de drones américains et israéliens à faire une présentation de leurs marchandises devant son staff. Le ministère américain du Commerce a d’ailleurs recommandé aux producteurs d’armes du pays de garder un œil sur le Frontex, car il pourrait offrir des opportunités d’exportation pour les États-Unis», assure, dans nombre de ses écrits, l’Irlandais David Cronin, écrivain expert de Frontex et des questions migratoires.

Et, celui sur qui pourront compter les futurs partenaires pour leur faciliter la conclusion du «marché» des drones anti-migrants, israéliens et américains surtout, n’est autre qu’Ilkka Laitenen. Ce général de brigade finlandais, qui dirige l’Agence depuis sa création en 2005, siège au comité consultatif pour l’Agenda de la Défense et de la Sécurité (ADS), un groupe de réflexion vivant de financements de l’industrie de l’armement, toujours selon David Cronin. «Laitenen et son staff entretiennent également des contacts réguliers avec l’Agence Européenne de Défense, un organe mis en place afin d’attirer et de développer des affaires pour les fabricants d’armes du continent», apprenait-il.

Ces drones traqueurs de migrants viendront renforcer les capacités logistiques d’intervention dont dispose Frontex et déjà déployées, à savoir 26 hélicoptères, 22 avions, 114 navires et 477 appareils techniques entre radars mobiles, caméras thermiques, sondes mesurant le taux de gaz carbonique émis et détecteurs de battements de cœur… À cela, il faut ajouter la révision à la hausse des moyens financiers dont devrait bénéficier l’agence en 2014, décidée par Bruxelles lors du sommet européen du 24-25 octobre dernier autour des migrations clandestines tenue à la suite des drames de Lampedusa.

Frontex : un budget de 89 millions d’euros en 2012

Pour rappel, de 6 millions en 2005, 19 millions une année après, le budget de Frontex est passé à 118 millions d’euros en 2011. Et, même s’il a baissé en 2012 (89 millions d’euros), elle demeure l’agence opérationnelle la plus financée de l’UE. Cette Europe et son bras armé qui ont fait du cimetière marin de Lampedusa un fonds de commerce où se sucrent allègrement les fabricants d’armements et d’équipements de sécurité. «Étant propriétaires ou actionnaires majoritaires de grands médias européens, les marchands d’armes concourent indirectement à fabriquer une opinion favorable à l’approche, de plus en plus militarisée, envers les questions des migrations irrégulières adoptée par l’UE», assure Mounira Haddad, présidente de AFAD, une association très active dans le domaine de défense des droits des migrants et réfugiés.

«La création d’un ennemi étant indispensable pour justifier les dépenses militaro-sécuritaires, il s’agit de se défendre de la menace migratoire généralisée, cet ennemi sans visage vient brouiller les limites entre Défense et sécurité. Et l’émotion face à l’image macabre des victimes des deux derniers naufrages, mises en scène par les médias européens, fait accepter la nouvelle guerre à l’immigration clandestines, dites humanitaires», s’offusque un membre de l’Association mauritanienne de lutte contre l’immigration illégale (AMLII).

Ces imbrications des enjeux découlant de la lutte contre les migrations illégales, nombre d’experts militant au sein d’ONG internationales pour la cause des migrants, réfugiés et demandeurs d’asile, les ont maintes fois dénoncés. C’est le cas, par exemple, de Claire Rodier, membre du Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI, Paris) et cofondatrice du réseau euro-africain Migreurop, lorsqu’elle fait référence à la participation régulière de Frontex aux rencontres, foires et salons où les professionnels de l’armement exposent leur matériel.

Ou lorsqu’elle parle de Laitenen, «général» directeur de l’agence européenne qui ne rate aucun colloque, forum et séminaire où se rassemblent militaires et policiers, industriels, représentants des ministères concernés et des institutions européennes.

En somme, «des enceintes où se tissent les liens entre les bailleurs de fonds et les entreprises, Frontex occupe une place stratégique : financée par les premiers, elle est courtisée par les seconds qui ont tout intérêt à son développement et à son autonomisation», écrivait-elle. Aux yeux de la juriste qui a dédié un volumineux ouvrage à ce croisement d’intérêts, intitulé Xénophobie Business et où elle s’interroge «À quoi servent les contrôles migratoires ?», l’agence européenne de gestion des frontières extérieures s’est avérée être doublement utile : d’abord en tant qu’«acheteur, puisqu’elle dispose d’un budget propre à cette fin. En organisant, à la fin de l’année 2011, des démonstrations en vol des drones dont elle a l’intention de s’équiper pour mieux lutter contre l’immigration irrégulière, l’Agence a  ainsi donné un coup de pouce prometteur au marché européen du véhicule aérien sans pilote.»

Frontex est aussi également une «irremplaçable courroie de transmission, en mettant en relation les industriels en quête de financement pour la recherche et la réalisation du matériel de surveillance, qu’elle pratique de longue date, avec les décideurs institutionnels», conclura-t-elle. Une situation envers laquelle l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) basée à Genève, reste de marbre. Derrière ce silence assourdissant, se tapisseraient, peut-être, d’autres enjeux que seule cette Organisation, censée être l’un des garants des droits des migrants dans le monde, en sait quelque chose. Contactés par nos soins, les responsables de l’OIM n’ont pas jugé utile de se prononcer sur le sujet.

Leur presse (Naima Benouaret, ElWatan.com, 18 novembre 2013)

 

Traque du migrant clandestin : mode d’emploi

http://juralib.noblogs.org/files/2013/11/021.jpgDepuis son apparition et le déploiement des troupes en uniformes ornés d’écussons étoilés — comme ceux de l’UE — sur le champ de bataille de la guerre « juste » contre les migrants et les requérants d’asile, Frontex ne cesse de gagner en reconnaissance.

Très utile s’est-elle avérée être, eu égard au rôle capital qui lui échoit désormais pour la commercialisation des équipements de sécurité dont plusieurs fabricants, notamment israéliens se disputent le marché dans le domaine de la surveillance des frontières. En témoignent quatre autres projets de nouveaux systèmes anti-migrations clandestine sont actuellement entre les mains de chercheurs spécialisés dans ce type de technologies de pointe. Il s’agit des systèmes Operamar, Wima, Effisec et Talos, indiquent des sources bien informées. Le premier consiste à créer des « fondations d’une capacité paneuropéenne en matière de sécurité maritime », précise-t-on.

Le Wima suggère, quant à lui, de multiplier l’usage des drones pour une surveillance plus efficace des côtes européennes. L’immigration clandestine et le trafic d’êtres humains sur les mers sont les deux exigences auxquelles doit répondre le Wima. D’où le nom de « systèmes des systèmes » retenu par ses concepteurs prévoient.

En vue d’un renforcement plus accru des capacités en termes de contrôle et de surveillance des postes frontières (terrestres, aériens et maritimes), l’UE a, en outre, affecté une enveloppe conséquente pour la mise au point du nouveau dispositif Effisec. Celui-ci porte, pour sa part, sur l’intégration d’une série de technologies existantes et complémentaires (biométrie, documents électroniques, reconnaissance des signaux, analyses visuelles, détection de substances). La vidéosurveillance fait partie des pistes envisagées, ajoutent nos sources, indignées par le fait de « considérer les migrants comme des produits de contrebande ». Car, précisent-elles, détecter l’immigration illégale et les produits illicites est la finalité du système Effisec.

Le Talos, est, aux yeux de nos interlocuteurs, le système qui traduit au mieux « le fantasme de frontière virtuelle ». Et le concept, comment s’applique-t-il ? La patrouille autonome de surveillance des frontières entend utiliser des robots et des drones pour repérer à distance les immigrés clandestins et les interpeller avant qu’ils ne parviennent à s’évaporer dans la nature, a-t-on expliqué.

Autrement dit, des systèmes mobiles, modulaires et adaptables à toutes les situations. Le chef de projet Talos, soulignent nos sources, est une société polonaise de robots démineurs catégorie (PIAP), d’origine militaire. Son rêve étant de « cloner » ses engins IBIS, équipés de caméras thermiques et capables de tirer des projectiles en tous genres pour traquer les aspirants à l’immigration. « Ce beau bébé, un robot de combat et pas seulement d’observation, a d’ailleurs remporté la médaille d’argent au concours Eureka 2008, remis en novembre de la même année par les huiles de la Commission européenne », ont tenu à rappeler les mêmes sources qui ont requis l’anonymat.

Aussi, le robot IBIS sera doté de capacités lui permettant d’embarquer des armes dites à « énergie dirigée », mot savant pour désigner les canons à ultrasons, ajoutent nos sources. Et pour assurer le volet aérien de Talos, il a été fait appel aux compétences de la compagnie Israël Aircraft Industries, un des leaders mondiaux des drones de surveillance et d’attaque. Sa spécialité : détecter, localiser, cibler des terroristes, des trafiquants, des immigrés illégaux ou d’autres menaces sur la sécurité publique, 24h/24, même en cas de mauvaise météo et de faible visibilité. « On imagine bien où tout ce bel arsenal israélien a été testé grandeur nature », ironisent nos sources.

Leur presse (Naima Benouaret, ElWatan.com, 18 novembre 2013)

 

La sécurité, un marché à 100 milliards d’euros

Plus de 900 entreprises seront présentes à Milipol, salon dédié à la sécurité intérieure des États. La France, qui totalisera près de 36% des exposants, affirme désormais ses ambitions sur ce marché en mettant en pied une véritable filière.

Le salon Milipol qui ouvre ses portes du 19 au 22 novembre au Parc des expositions Paris Nord Villepinte, va encore faire le plein. Les organisateurs de la manifestation attendent pour cette 18e édition plus de 900 exposants et 27’000 visiteurs. Si personne ne s’accorde sur la valeur du marché de la sécurité du fait d’une définition à géométrie très variable, tous s’accordent sur un point : c’est un marché d’avenir, avec une belle croissance !

« Dans un contexte de stagnation de l’économie française, la sécurité privée tire plutôt bien son épingle du jeu : elle affiche en effet une croissance de 2,8% en 2012 pour atteindre un chiffre d’affaires de près de 22 milliards d’euros », estime Patrick Haas, directeur des publications En Toute Sécurité, éditeur chaque année de l’Atlas économique du marché de la sécurité. Ce chiffre englobe toute les formes de la sécurité : la cybersécurité, la vidéosurveillance, le contrôle d’accès, la sécurité aéroportuaire, les équipements blindés mais aussi le gardiennage, la lutte contre la démarque inconnue, la serrurerie… Soit au total plus d’une vingtaine de créneaux de marchés différents.

Menace diffuse

Certains acteurs ont une vision plus restrictive et plus high tech de cette activité. Ainsi, le groupe d’électronique Thales qui présentera ses dernières technologies à travers un stand de 225 mètres carrés, chiffre le marché mondial accessible de la sécurité à 100 milliards d’euros, avec une croissance annuelle de 5%.

Thales présentera aussi bien les nouveaux terminaux 4G sécurisés pour les forces de polices, que ses technologies de tracking vidéo pour doper l’efficacité des systèmes de vidéosurveillance, ou encore sa plateforme Big Data capable de scanner et d’analyser des milliers de tweets en vue d’en tirer des renseignements utiles aux forces de l’ordre…

« Après le 11 septembre 2001, le focus en matière de sécurité s’est concentré sur l’antiterrorisme. Après la vague des récentes cyberattaques et les grandes catastrophe naturelles de type Katrina aux États-Unis ou Fukushima au Japon, la menace est plus diffuse », explique Marc Darmon, directeur général adjoint de Thales, systèmes d’information et de communication sécurisés.

Structurer la filière

Pour profiter de cette croissance, la France a ainsi décidé de structurer une filière industrielle de la sécurité. Chargé d’inaugurer le salon ce mardi 19 novembre, le ministre de l’intérieur Manuel Valls devrait largement revenir sur les ambitions françaises dans ce domaine et les moyens pour y parvenir. Lors de sa visite, il aura l’occasion de se féliciter du fort contingent d’entreprises françaises présentes : elles représentent 36% de l’ensemble des exposants. Et les performances économiques sont au rendez-vous.

Sur le périmètre retenu par le nouveau CICS (le Conseil des industries de confiance et de sécurité), les industriels de l’Hexagone réalisent 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires dont 60% à l’export. Toutefois, l’effort industriel perd en efficacité de fait de son émiettement. Sur le nouveau segment porteur de la cybersécurité, c’est flagrant. « Sur les 800 entreprises recensées dans le domaine de la sécurité électronique, plus de la moitié ont moins de 50 salariés. Il y a forcément des duplications de l’effort de R&D que l’on pourrait éviter en favorisant les regroupements », explique Jean-Pierre Quémard, président de l’alliance pour la confiance numérique (ACN).

Dans ce contexte, les premières décisions du Cofis, le Comité de la filière des industries de sécurité installé par le premier ministre Jean-Marc Ayrault le mois dernier, sont très attendues. Ses représentants vont profiter du salon pour leur première intervention publique. Il devrait peut être dévoiler les premiers démonstrateurs technologiques, ces grands programmes structurants qui permettront d’unifier et de synchroniser l’effort de R&D de la profession, et peut-être également des nouveaux moyens financiers pour favoriser l’innovation. La filière sécurité ne cache pas qu’elle veut s’inspirer du modèle aéronautique qui a si bien réussi à la France et l’Europe.

Leur presse (Hassan Meddah, UsineNouvelle.com, 18 novembre 2013)

 

« La filière sécurité représente un gisement de plusieurs milliers d’emplois », selon Hervé Guillou

Alors que le Premier ministre Jean-Marc Ayrault installe ce mercredi 23 octobre le comité de la filière industrielle de la sécurité (Cofis), Hervé Guillou le nouveau président du CICS, (le comité des industries de la confiance et de la sécurité), revient sur la nécessité de créer cette filière et sur ses actions pour la rendre plus compétitive.

L’Usine Nouvelle – Pourquoi avoir créé une nouvelle filière de la sécurité ? Quel est son périmètre en termes d’activités ?

Hervé Guillou – Le périmètre de la sécurité dépasse largement le cadre du seul maintien de l’ordre. Cela englobe de multiples activités : la surveillance des frontières terrestres et maritimes, des infrastructures critiques (centrales nucléaires, stades, sites industriels…), la sécurité du citoyen (police, gendarmerie, pompiers, protection des personnes…) la sécurité des flux de transport de biens et de personnes et aussi la sécurité numérique (cyberdéfense, sécurité des communications, identité numérique…). C’est donc large. La filière doit répondre au défi stratégique suivant : comment s’organiser pour que la France dispose d’une part d’une offre de sécurité pour ses citoyens et d’autre part d’une industrie compétitive pour répondre à ses besoins et s’imposer comme un moteur de développement à l’export. C’est pourquoi les industriels ont créé le Conseil des Industries de Confiance et de Sécurité, le CICS.

Comment se positionne l’industrie française de sécurité au niveau mondiale ?

Grâce à ses grandes entreprises et ses PME innovantes, la France a des positions de leadership mondial reconnues : EADS dans le domaine de la surveillance aux frontières et les radiocommunications privées (PMR), Gémalto dans la carte à puce, Dictao dans les transactions sécurisées, Morpho dans la biométrie, Thales dans la sécurité des villes et du transport… Le chiffre d’affaires des entreprises françaises pèse 10 milliards d’euros avec une croissance annuelle d’environ 10%, et représente 55’000 emplois. C’est un gisement de plusieurs milliers d’emplois par an, pour la plupart high-tech et peu délocalisables.

Que va donc apporter cette nouvelle filière ?

Nos positions sont vulnérables. Notamment parce que l’expression du besoin de la part des grands utilisateurs (ministères, police, gendarmerie, douanes, opérateurs publics et privés…) est très segmentée. Prenez le cas des aéroports : qui en assure la sécurité ? Beaucoup de monde : la police, les services de contrôle aux frontières, les sociétés de sécurité privée, la surveillance des bagages… La sécurité est complexe à organiser du point de vue de l’expression du besoin. Certains pays ont déjà commencé à agir dans ce sens. Les Américains ont créé le département du Homeland Security au début des années 2000. Il capte environ 50% de la valeur du marché sécuritaire du pays. Les Anglais ont créé leur National Resilience Office. Cette filière, soutenue par le Premier Ministre, va permettre de mieux promouvoir ensemble les positions de la France et de développer nos marchés.

Cette atomisation est aussi vraie du côté de l’industrie…

Effectivement. Il suffit de voir le salon de sécurité Milipol (salon mondial de la sécurité et la sûreté intérieure des états, qui se tiendra du 19 au 22 novembre 2013 à Paris, ndlr) où se côtoient une très grande variété d’acteurs : des fabricants de systèmes d’alarme, des vendeurs de tenues de protection, des spécialistes de systèmes de biométrie ultra-sophistiqués… Cette atomisation de l’offre est préjudiciable à une vision de politique industrielle et de politique de souveraineté qui est nécessaire à l’État pour remplir ses devoirs régaliens et à l’industrie pour être capable d’investir dans les bons segments. Enfin à s’entraider entre grands groupes et PME pour gagner ensemble des parts de marché à l’export.

La France pâtit-elle déjà de cette dispersion ?

En partie oui. L’Europe a publié un projet de directive de politique industrielle de sécurité en juillet 2012 et une nouvelle directive de politique de cybersécurité au mois de septembre. Nous ne sommes pas aujourd’hui en France suffisamment organisés pour traiter ces sujets et défendre une position française à Bruxelles, soutenue conjointement par les lobby industriels et par les pouvoirs publics. À l’export, on n’est pas aussi efficace qu’on pourrait l’être même si cette industrie est déjà exportatrice à 60% en moyenne. Nous pourrions faire mieux si nous étions mobilisés, si nous chassions en meute, et si les industriels étaient alignés avec le gouvernement sur les marchés prioritaires.

Le comité des industries de la confiance et de la sécurité (Cofis) vient d’être créé. Dans quelle mesure il est représentatif des industriels du secteur ?

Côté industriel, nous avons réuni les plus grandes fédérations professionnelles concernées par la sécurité. La FIEEC, le Gifas, le Gican, le Gicat sont membres fondateurs à droits égaux du CICS. Si d’autres fédérations sont intéressées elles seront les bienvenues pour devenir membres associés. C’est la première fois qu’il y a un vrai pont entre l’industrie de défense et l’industrie 100% civile. Les entreprises comme Gémalto, Alcatel, Orange, Cap Gemini, Dictao, contribuent aux travaux du CICS. Avec ces quatre syndicats, permettez-moi l’expression, on ratisse vraiment large au niveau de la sécurité, et il reste de la place pour accueillir d’autres volontaires.

Qu’attendez-vous des pouvoirs publics ?

Le Premier ministre installe la filière sécurité pour formaliser le caractère interministériel de la politique de sécurité nationale entouré de nombreux ministres, ce qui montre l’engagement de l’ensemble du gouvernement. Cela va permettre de lancer un dialogue public-privé en particulier sur trois grands thèmes : l’approche capacitaire du besoin ; la définition de la politique industrielle et de souveraineté, l’impulsion à l’exportation, les normes et la certification ; l’effort de R&D. Dans ce dernier domaine, le ministère de la Recherche, la DGA, les pôles de compétitivité seront associés. Il faut transformer les feuilles de route technologiques pour développer de véritables démonstrateurs et lancer des programmes d’investissements technologiques au service des opérateurs publiques et privés.

Avec la multiplicité des intervenants et des technologies, n’y a t-il pas un risque de créer une usine à gaz ?

Pour éviter cela, nous avons été très attentifs du côté des industriels à avoir les mêmes intervenants dans toute la chaîne de management de la filière. Les responsables du CICS chargés du dialogue avec les pouvoirs publics seront aussi les présidents des commissions internes : Philippe Dejean de Morpho (R&D), Jean-Pierre Quémard (export et normes), Lionel Le Cleï de Thales (expression des besoins), Stéphane Schmoll de Deveryware (stratégie). Moi-même, je représenterai les industriels au comité de pilotage et de filière. Nous faisons très attention à la cohérence et à simplifier les interfaces. Par ailleurs, nous allons nous appuyer sur des exemples de filières réussies comme la filière aéronautique avec le CORAC. C’est ainsi que l’aéronautique a raflé la mise il y a deux ans lors du Grand Emprunt. Il y a d’autres modèles comme la filière du pétrole qui a abouti au succès mondial d’un acteur comme Technip.

Dans tous les cas, il faut toujours un triangle magique : une industrie bien organisée, un service de l’État comme la DGAC pour l’aéronautique civil ou la DGA pour la défense, et une vision politique. Avec la création de la filière sécurité, on veut récréer ce triangle. Beaucoup reste à faire mais on a le chaudron pour verser tous les ingrédients.

Quel soutien financier espérez-vous des pouvoirs publics ?

Ce sera difficile de trouver de l’argent nouveau. Par contre si on est organisé, la filière pourra mieux canaliser l’argent disponible. À ce moment-là, le CICS peut envisager de proposer des projets d’envergure au lieu de se disperser. Aujourd’hui, nous nous sommes déjà entendus avec les services de l’État pour sélectionner près d’une dizaine de démonstrateurs dans le secteur naval, la protection du trafic aérien, la cybersécurité des systèmes industriels, le bâtiment intelligent… Nous serons ainsi prêts à postuler pour le second volet du PIA 2 [deuxième volet du Programme d’investissements d’avenir, ndlr]. L’équipe de France pourra ainsi mobiliser de façon plus efficace de l’argent à Bruxelles, comme le programme R&D horizon 2020 qui consacre 3 milliards à la sécurité sur dix ans.

Leur presse (propos recueillis par Hassan Meddah, UsineNouvelle.com, 23 octobre 2013)

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