[Dieu existe-t-il ?] Le curé qui refusait de faire la charité remis dans le droit chemin évangélique par les pauvres de sa paroisse

Avignon : un curé en soutane tabassé pour son téléphone portable

C’est au sein-même de sa paroisse que le frère de la communauté de Saint-Jean s’est fait sauvagement agresser par quatre jeunes… pour un téléphone portable.

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C’est toute une communauté qui est sous le choc. Hier soir vers 20 heures, le père Grégoire de la communauté de Saint Jean, basée dans le quartier de Saint-Ruf à Avignon, a été passé à tabac.

Ils le laissent inconscient

Tandis qu’il déambulait dans le centre paroissial, quatre jeunes hommes se présentent face à lui. Un des individus réclame immédiatement au religieux son téléphone portable. Celui-ci refuse. S’en suit un passage à tabac. Un des jeunes garçons assène une série de coups de pied et de coups de poing. Jusqu’à ce que sa victime soit au sol, inconsciente. Un lynchage [sic : et pourquoi pas une crucifixion ? – NdJL] qui se sera déroulé en à peine quelques minutes, sans que les trois autres visiteurs n’interviennent.

D’autres plaintes déjà déposés pour menaces

Le pauvre homme [sic] sera retrouvé, gisant par terre, par deux membres de la communauté. Après une nuit à l’hôpital, le père Grégoire a pu rentrer chez lui, le nez cassé et le visage tuméfié.

« Ce n’est pas la première fois que l’on a des soucis, confie un des religieux avignonnais. D’autres plaintes ont d’ailleurs déjà été déposées. Mais une telle violence pour des motifs crapuleux, c’est du jamais vu. »

À lire, mercredi  15 mai, dans votre édition Midi Libre Gard rhodanien, le témoignage du père Marie-Christophe, qui a tenté d’arrêter le voleur, avant de se faire menacer par arme blanche.

Presse pas très catholique (J.-F. G., MidiLibre.fr, 14 mai 2013)

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Arrestations à Sabadell

Plusieurs arrestations dans les groupes anarchistes par ordre de la Audiencia Nacional

Les Mossos d’Esquadra ont arrêté plusieurs personnes en Catalogne au cours d’une opération contre le mouvement anarchiste radical, par ordre du juge numéro 1 de la Audiencia Nacional, pour le délit présumé d’appartenance à un groupe terroriste et plusieurs actes d’incitation au terrorisme.

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Des agents de police de la Generalitat ont procédé à au moins quatre interpellations au cours de la matinée, deux d’entre elles à Sabadell (province de Barcelone), une autre dans la localité d’Avinyó et une quatrième dont on ne connait pas encore les détails.

Selon ce que semblent confirmer des sources proches de l’opération, qui est toujours ouverte sous mandat du juge Santiago Pedraz, les agents auraient arrêté un nombre encore indéterminé de membres ou de collaborateurs d’un groupe connu comme « Bandera Negra ».

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Tous les accusés seront mis à disposition du tribunal vendredi, lorsqu’ils seront transférés à l’Audiencia Nacional.

Parmi les lieux perquisitionnés par les Mossos se trouve l’Ateneu Llibertari de Sabadell, un lieu de réunion habituel des groupes alternatifs ou syndicats de gauche. Elle accueille entre autres le siège de la CNT en plus de servir de lieu d’assemblée aux indignés de Sabadell.

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Traduit de l’espagnol (ElMundo.es), 15 mai 2013

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[Comment ça marche ?] Les méthodes policières

L’ancien enquêteur de la police criminelle de Brooklyn, Louis Scarcella, est soupçonné d’avoir falsifié des témoignages pour obtenir des condamnations. Cinquante de ses affaires vont être réexaminées.

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Louis Scarcella

Quelque 50 affaires de meurtres réexaminées à New York. Dans le collimateur, l’ancien détective de la police criminelle Louis Scarcella. La récente libération de David Ranta, condamné en 1991 à 37,5 ans de prison pour le meurtre d’un rabbin, a jeté le doute sur les affaire traitées par le détective. Et pour cause, il aurait encouragé des témoignages compromettants afin d’obtenir des condamnations.

Dans le cas de David Ranta, un jeune homme a été amené à fournir un faux témoignage, explique le New York Times. Autre cas douteux : la même prostituée aurait témoigné à six reprises dans six affaires différentes.

Des méthodes de cowboy

Réputé pour tordre le cou aux affaires les plus difficiles, Louis Scarcella, qui rejoint l’équipe de police criminelle de Brooklyn Nord en 1987 alors que la criminalité battait des records à New York, aurait usé de méthodes particulières : il aurait nourri les suspects en échange d’aveux, leur aurait permis de voir des prostituées ou même d’obtenir de la drogue, d’après The Independent. L’avocat de David Ranta décrit un enquêteur aux méthodes de « cowboy ». Un cas de violences envers un suspect est également évoqué. Scarcella, lui, parle juste d’un don pour obtenir les témoignages compromettants.

Theresa Capra n’est pas de cet avis. En 2002, cette directrice adjointe d’un établissement scolaire de Brooklyn a été accusée par un enseignant de falsifier des résultats. Le principal de l’établissement et l’académie sont mis en cause. L’affaire a été confiée à Louis Scarcella, retiré de la police criminelle, bien décidé à faire plier les coupables. Au terme d’un an d’enquête — le New York Times rapporte des interrogatoires mouvementés et des menaces répétées — le rapport est accablant. Après contre-enquête, il s’avère que le dossier a été monté de toutes pièces, Scarcella ayant agi comme un « agent » de l’accusateur. Theresa Capra est lavée de tous soupçons en 2007.

Y a-t-il d’autres cas ?

Sur les quelque 175 enquêtes pour meurtre traitées par Scarcella, une cinquantaine devrait être réexaminées. Mais dans la mesure où il a travaillé main dans la main avec des procureurs, « leur confier l’enquête aujourd’hui revient à demander au renard de veiller sur le poulailler » déplore Jeffrey Deskovic, ancien détenu innocenté. Avec sa Fondation pour la Justice, il compte bien mener une enquête indépendante sur le travail de Louis Scarcella.

Si d’autres cas sont avérés, le délai de prescription devrait toutefois permettre à Scarcella d’échapper à des poursuites judiciaires.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (LExpress.fr, 13 mai 2013)

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[PCC dégage !] Témoignages de femmes esclaves de l’État maoïste

Chine : Les révoltées de Masanjia

C’est un camp de « rééducation » par le travail comme il en existe bien d’autres en Chine. Un camp de femmes situé dans le nord-est du pays où, pour la première fois, les exactions commises par les gardiens ont pu être révélées au grand jour. Ces ex-détenues ont pu en effet s’organiser pour dénoncer les mauvais traitements et les brimades dont elles font l’objet. Des interviews que nous avons diffusées dans Grand Reportage ce lundi sur RFI…

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Wang Yuping, internée au camp de Masanjia, de septembre 2007 à janvier 2009, pour avoir exigé une augmentation de salaire collective dans le magasin d’État où elle travaillait.

Ce devait être un camp de « rééducation » par le travail « modèle », c’est aujourd’hui le symbole de la torture ordinaire qui règne dans ces centres d’internements mis en place en 1957 par Mao et destinés au départ à « corriger » les ennemis du parti. Ces mauvais traitements dans le cadre d’internements arbitraires viennent aujourd’hui ternir le « Rêve chinois » devenu slogan de la nouvelle équipe dirigeante. Voilà en effet longtemps que le rêve a tourné au cauchemar pour les détenues de Masanjia.

La statue de Lei Feng qui trônait à l’entrée de Masanjia est d’ailleurs descendue de son socle. Le héros de la propagande maoïste remis au goût du jour craint probablement d’être associée à toutes les horreurs racontées dans les journaux intimes des internées et publiées une première fois par le magasine Lens en avril dernier.

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Couverture et page intérieure du magazine de photos Lens qui a révélé le scandale en avril.

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Une fois couchée sur le papier, les détenues ont pris  le soin de rouler le récit de leurs souffrances dans un film plastique. Ces journaux intimes n’ont jamais aussi bien portés leur nom, puisqu’ils ont ensuite été glissés dans la plus stricte intimité des prisonnières afin de les sortir du camp.

XU FENG’E

Toutes les femmes que nous avons interviewées sont des pétitionnaires. Toutes ont été envoyées en rééducation après s’être battu contre une injustice les concernant, ou touchant leur famille et/ou leur collègues de travail. Des gêneuses en quelques sortes pour les pouvoirs locaux. Ce combat d’une vie a laissé des traces. C’est aussi un combat qui, pour certaines d’entre elles, les a aider à se maintenir en vie. Le combat se poursuit d’ailleurs : toutes ces femmes se battent aujourd’hui pour la fin du goulag chinois.

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Xu Feng’e internée le 2 octobre 2010, dont deux ans à Masanjia. Pétionnaire depuis l’âge de 23 ans lorsqu’elle a découvert que le responsable politique et le chef comptable de sa brigade de production volent les semences…

Le 2 octobre 2010, j’ai été ramenée de forces de Pékin, puis ils m’ont déposé dans le quartier de Nanfen. C’est dans la ville de Benxi, là ont ma enfermée dans une « prison noire » (prison illégale). Ils m’ont battu pendant deux mois. J’ai survécu et le 3 décembre cette année, ils m’ont envoyé au camp de Masanjia où je suis resté 2 ans. Je m’étais préparé psychologiquement à cela, m’est quand j’ai vu ce qui se passait dans le camp je ne pensais pas pourvoir ressortir vivante de Masanjia. Lorsque je suis entrée j’’étais en partie contente même si cela peut vous surprendre. Je me suis dit les autorités m’envoient ici car elles ont peur de moi. On m’a d’ailleurs surnommée « l’invincible ». Malheureusement un surnom ne permet pas d’échapper aux coups. Or dans le camp de travail, c’est presque normal d’être battu. Ils utilisent les criminels et les prostitués pour taper sur les pétionnaires. Et si vous n’obéissez pas, le chef de brigade vous tape encore dessus.

Coups de pieds sur le visage et la poitrine

Toute ma vie, je me souviendrais du 5 janvier 2011. Ce matin là, je suis arrivé à l’atelier vers 6h. J’ai vu qu’une grande planche était tombée sur le sol. J’ai voulu la ramasser. Mon état de santé me l’empêchait et la chef de brigade You m’a insulté. J’ai dis : « Pourquoi tu n’es pas raisonnable ? » Elle était furieuse. Elle m’a traîné dans le local anti-incendie. Elle a commencé par me donner des coups de pieds sur la tête, mais je n’ai rien dis. J’ai pensé : Il ne faut surtout pas pleurer devant eux. Je ne sais pas combien de temps a passé, puis elle s’en prise à ma poitrine. Des coups pieds là encore et j’entends encore le claquement de les os. J’ai perdu connaissance au moment où je l’ai entendu dire, le pied sur ma poitrine : « Alors tu es forte ? Plus forte que Liu Hulan – ndlr. héros communiste – ?

Solidarité entre détenues

J’ai des problèmes au cœur, mais elles m’ont forcé à travailler. Sur la chaîne de montage, j’étais chargé de vérifier la qualité des pièces de vêtements qu’on fabrique pour l’armée et notamment les boutons et les fermetures éclaire. Je devais passer les vêtements sur la machine pour le contrôle qualité. Dans chaque atelier, il y a une cinquantaine de machines. C’est difficile pour moi de me baisser, alors les copines ont superposé des cartons au-dessous des vêtements pour que je n’ai plus besoin de me baisser.

Une vie de persécution

Je venais d’obtenir le diplôme de professeur de mathématiques. Je faisais partie des « Zhiqing » (le mouvement des jeunes instruits envoyés à la campagne). La deuxième année, j’ai été élue comme chef de la brigade. C’était une période très difficile, on n’avait même plus de semences pour initier les récoltes. Un soir, j’ai découvert que le responsable de la politique et le comptable volaient les graines à planter. Je les ai dénoncés mais le chef de la police de ville n’est pas du tout content de moi. À cause de moi en effet, il ne recevait plus de pot de vin et donc il a cherché à se venger. J’ai pris mes fonctions de professeur, et m’a arrêté pendant 15 jours. J’ai donc perdu mon travail. J’avais juste 23 ans et j’ai commencé à pétitionner. J’étais une jeune fille qui portait une longue tresse, j’ai aujourd’hui 58 ans et des cheveux blancs. J’ai un fils, une belle fille et un petit fils de 4 ans.

Asile, prison noire, camps de travail

Avant le camp de travail, ils m’ont envoyé faire des séjours dans des hôpitaux psychiatriques. C’est ainsi que je me suis retrouvé attaché à une croix dans un asile de Gongdeling. J’ai été suspendu la tête à l’envers pendant près de 3 heures et ½. Ils m’ont battu et ils m’ont demandé : « Est-ce que tu veux encore porter plainte ? » J’ai répondu que tant que je serai vivante je continuerai à aller pétitionner même si je ne croyais pas à la justice.

« Considérez-moi comme un homme »

Le gouvernement de la ville de Benxi, m’a fait battre pendant 3 mois. Le 2 septembre 2009, j’ai perdu connaissance. Ils m’ont dit que j’avais fait semblant de mourir. J’avais pourtant des blessures sur tout le corps. Quand j’ai demandé justice, pour m’humilier ils ont envoyé une quarantaine de policiers anti émeute me filmer. J’avais perdu toute dignité. J’ai enlevé mes vêtements et j’ai dit : « Allez-y filmez-moi et regardez bien toutes mes blessures. Ne me considérez pas comme une femme, mais comme un homme. » Les autorités de Benxi sont injustes, c’est pour cela qu’il y a beaucoup de pétitionnaires qui sont détenus, envoyés à l’asile ou au camp de travail. J’ai personnellement été envoyé 8 fois à l’hôpital psychiatrique numéro trois de Gongdeling. Il y a un camp de rééducation dans le district de Beitai, et il y a Masanjia. Nous les pétitionnaires, nous voulons la justice. Nous voulons juste des excuses pour les tortures physiques et psychologiques que nous avons subies ? Je ne sais combien de temps je pourrai vivre encore, mais jusqu’au bout je continuerai à réclamer justice.

GAI FENGZHEN

On ne sait pas, on ne sait plus pourquoi on a été envoyé à Masanjia. Pour avoir abimé un meuble dans les locaux de la police, pour avoir contesté la vente de son appartement, parce qu’on est devenu fou de colère face aux injustices ou tout simplement parce qu’on déplait aux fonctionnaires locaux… Une fois sur place, on se retrouve avec les exclus de la société chinoise, les membres de la secte Falungong, les chrétiens interdits, les activistes des minorités et les drogués. L’internement en camps de rééducation est en effet décidé de manière extrajudiciaire. Pas d’avocat, pas de procès ! Le parcours de ces femmes est souvent identique. Cela commence par une pétition portée à la capitale, avant de se faire arrêter par les agents du gouvernement de la province d’où viennent les pétitionnaires. Vous vous retrouvez ensuite détenu une première fois en dehors de toute légalité, dans des sous-sols ou des chambres d’hôtels transformés en « prison noire ». Les pétitionnaires sont ensuite ramenées de force dans leur province, avant d’être internées soit en hôpital psychiatrique, soit dans un camp de travail.

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Gao Fengzhen a fait 4 séjours à Masanjia, en 2003, en 2004, en 2008, et en 2010.

J’ai été envoyé quatre fois à Masanjia. La première fois c’était en octobre 2003. Au cours de ma détention en 2004, ils m’ont a nouveau condamné à trois ans. J’ai été à nouveau interpellée en 2008. Le 5 mars 2008, je me suis rendu à Pékin pour porter une pétition à l’occasion du congrès du parti. Le gouvernement local a envoyé des agents qui m’ont ramené en province. Ils ont dit qu’ils allaient résoudre mon problème, mais à peine arrivé ils m’ont enfermé dans une prison noire du quartier de Tiexiqu. 10 jours après, j’étais envoyé à la maison d’arrêt No.1 de Shenyang et détenu pendant 24 jours.

Tentative de suicide

J’ai alors tenté de me suicider. Je me suis ruée sur un réservoir d’eau chaude, ils m’ont empêché de parvenir à mes fins. Puis, ils m’ont menotté et enchaîné aux jambes. J’ai voulu faire la grève de la faim. Ils m’ont alors forcé à m’alimenter. Et le 7 avril, j’ai été envoyé au camp de Masanjia. Là, ils m’ont nourri par le nez. Et une semaine après, ils m’ont attaché sur un lit de torture. J’y suis resté trois mois, d’avril à juin 2008. Pendant 12 jours, ils m’ont maintenu la bouche ouverte 24 h sur 24 à l’aide d’un dilatateur vaginal. Je n’en pouvais plus. J’ai dû m’excuser. Aujourd’hui quand je vous parle, j’ai encore mal aux mâchoires. 5 ans après mes dents bougent encore. Je suis resté attaché sur ce « lit de mort » pendant 3 mois, je ne pouvais même pas me laver et je ne pensais qu’à me suicider.

Jeux olympiques de 2008

Le gouvernement central a eu tellement peur que des milliers de pétitionnaires viennent à la capitale perturber les Jeux qu’ils nous ont fait enfermer. Les autorités locales craignaient que cela nuise à leur image et au pays. Certains pétitionnaires ont été envoyé en hôpital psychiatrique, d’autres dans le camp de travail, certains ont même été condamnés à de la prison sous de faux prétexte. Mon mari qui est handicapé a lui aussi été interné dans un camp.

Écartèlement

Il y a toutes sortes de tortures dans le camp,  et la technique de l’écartèlement est l’une des pires choses qui soit. Il y a l’écartèlement en croix, quand vous vous retrouvez menottée les deux bras aux extrémités du lit et les jambes attaché ensemble. Vous pouvez aussi être écartelé en suspension, bras et jambes attaché à un lit superposé. C’est le plus terrible : Vous vous sentez déchiré de partout, j’ai même vomi du sang. Parfois, il vous arrive de perdre conscience. Vous vous faîtes pipi et caca dessus. Vous avec beau crier, cela ne sert à rien. Vous êtes à l’isolement. Personne n’entend, personne n’intervient.

« Petits numéros »

Masanjia ce sont deux bâtiments principaux. Nos chambres se trouvent dans le bâtiment sud-est. Les chambres de torture et les cellules d’isolement « petit numéro » se trouvent dans le bâtiment des gardiens au nord-est. Il y a quatre étages. Et à chaque étage il y a des surveillants. Au premier étage se trouve la brigade de surveillance des chefs de brigades. Au deuxième, la brigade No.2. Au troisième, la brigade No.1. Au quatrième, la brigade No.3. Nous sommes toutes un jour retrouvées dans les cellules « petit numéro. » C’est au 4e étage du bâtiment des gardiens, derrière une grande porte en fer. Les fenêtres sont tous obstruées. Sur la porte, il y a juste un petit trou pour laisser passer la nourriture. Il fait sombre, il fait très froid l’hiver. Les chambres d’isolement font moins de 4 mètres  carrés. Il y a en tout 8 ou 9 cellules d’isolement dans le camp.

Espoir d’une justice

La quatrième fois que je suis entrée à Masanjia c’était le 14 juillet 2010. J’ai été au bureau des pétitions de Pékin pour pétitionner « normalement ». (ndlr. Théoriquement le bureau des plaintes du ministère de la justice à Pékin est censé récolter les doléances des citoyens venus de province. En réalité les gros bras des pouvoirs locaux attendent souvent les pétitionnaires à l’entrée du bureau pour les ramener dans leur province.) J’ai été alors condamnée à un an de rééducation. Le gouvernement local m’a menti en m’affirmant qu’il allait résoudre mon problème. Aujourd’hui que je suis revenu à Pékin, la même chose a failli m’arriver. J’ai appelé le 110 (urgences) et j’ai pu m’enfuir avec mon mari avant qu’ils ne m’attrapent. Après avoir vécu le camp, on a plus peur de rien et je suis décidé à lutter jusqu’au bout. J’ai toujours confiance dans le parti communiste chinois et dans la justice. Xi Jinping (président chinois) a promis de lutter contre la corruption. Nous voulons dévoiler au grand public les mauvais traitements dont nous avons été victimes. On attend donc des excuses du gouvernement de la province du Liaoning (Nord-est). Masanjia est illégal.

WANG YUPING

Camps de rééducation idéologique au départ, sous Deng Xiaoping, le goulag chinois s’est transformée en usine, en mine autogérée par la direction du camp. On ne chôme pas à Masanjia. Les détenues produisent des vêtements militaires plus de 14 heures par jours pour une indemnité dérisoire. Les camps de rééducation sont d’abord des camps de travaux forcés.

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Je m’appelle Wang Yuping et je viens de la ville de Jinzhou. Ils m’ont interné alors que j’étais dans une situation critique sur un lit d’hôpital. Et une fois arrivée à Masanjia, pendant 10 jours ils ont refusé de me soigner. Mon mari a vendu notre vieille maison et la maison de ses parents pour qu’ils m’envoient à l’hôpital numéro 4 de Shenyang. Là aussi, ils ont refusé. Je me suis vidé de mon sang. Pour l’opération de l’utérus, le médecin dit qu’il allait soigner une « morte », donc sans anesthésie.

Surveillance et silence

Le 25 août 2007, j’ai été envoyé en maison d’arrêt. 10 jours après, ils me conduisaient au camp de travail. Masanjia est un lieu très cruel mais c’est loin d’être le seul en Chine. Il existe d’autres camps de travail pour femmes. Mais dans la plupart des cas, les détenues n’osent pas révéler ce qui s’y passe car elles ont peur d’être encore plus durement sanctionnées. À l’intérieur du camp une solidarité se met en place entre groupe de détenues. Mais cela reste très discret, il est difficile de venir en aide à une autre détenue car nous sommes tout le temps surveillées. Même pendant le travail, il est impossible de parler.

Travaux forcés

On travaille parfois jusqu’à 20 heurs par jour lorsqu’on est puni. Nous fabriquons des vêtements pour l’armée, essentiellement des vestes molletonnées et des pantalons. Par jour, on doit fabriquer 200 vestes molletonnées et 800 pantalons. Après mon opération les autorités du camp ont continué à me donner du travail. Ils considéraient que j’étais éduquée et qu’il fallait que j’en fasse plus que les autres. Je n’ai pas été torturée comme certaines de mes amies, je n’ai pas eu droit à la « chaise de tigre » mais en revanche j’ai été surchargée de travail. J’étais malade et j’ai à peine survécue. Un jour ils m’ont demandé de repasser 1000 pièces de vêtements. C’était impossible, mais le chef de brigade m’a quand même demandé de payer 220 yuans.

Moins d’un euros par mois pour 14 heures de travail par jour

Ils nous versent 5 yuan par mois (moins d’un euros) ce qui est très bas, car tout se paye dans le camp. On doit tout acheter même ce qui devrait être gratuit, comme le liquide vaisselle, les serviettes, les torchons, les cuillères, et quand le robinet ne marche plus, nous devons payer pour le faire réparer. Tout est payant à Masanjia !

Boule de coton sous la peau

Lors de ma deuxième opération chirurgicale, ils ne m’ont pas anesthésié non plus. C’était une petite opération qui a été effectuée dans le centre de soin du camp. J’ai dis au médecin de la brigade qu’il n’avait pas désinfecté ses instruments. Ce dernier s’est fâché. Il m’a incisé une boule de coton sous la peau qui s’est infectée. Je l’ai toujours aujourd’hui. Je ne veux pas l’enlever malgré la douleur. Je veux me souvenir de ce qu’ils m’ont fait, de la douleur physique et psychologique. Il faut supprimer les camps de travail.

LU XIUJUAN

La réforme et même la suppression des camps de travail annoncée également par le premier ministre chinois Li Keqiang était attendue lors de la réunion du parlement en mars dernier. Mais pour l’instant, les camps sont toujours là. Outre leur fonction d’internement et rééducation idéologique, les camps de travail sont aussi une véritable manne financière pour l’appareil de sécurité publique. À Masanjia on ne chôme pas.

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Liu Xujuan a été internée de 2003 à 2005, puis de 2008 à 2010. Elle dénonce en particulier les conditions de travail dans le camp.

Je  m’appelle Lu Xiujuan, je viens du village de Diaobinshan dans la province de Liaoning. Mon mari est électricien et je fais des petits boulots à la maison. Le harcèlement des autorités a commencé dès mai 2001 lorsque nous avons dénoncé les agissements du secrétaire du parti de la ville Chu Dachang. Mon mari a perdu son travail juste après. Ce haut fonctionnaire a en effet mis dans sa poche plusieurs millions de yuans qui devaient revenir aux paysans. Le comité de discipline de la ville a alors dit que j’avais calomnié le parti. Et le comité de discipline du parti central n’a pas voulu recevoir ma pétition. En mai 2003, ils m’ont interné à Masanjia. J’ai été relâché en 2005. Mais comme j’ai continué à réclamer justice, ils m’ont à nouveau enfermé de 2008 à 2010.

Travail jour et nuit

Entre 2003 et 2005, on travaillait jour et nuit. Je me souviens de réveils à 5 heures et ½ du matin pour commencer le travail à 6 heures. On faisait souvent des heures supplémentaires, le midi et le soir. Pas de temps, de se reposer puisqu’on travaillait entre 12 et 14 heures par jour. Le 8 mars 2005, j’ai travaillé 26 heures d’affilées pour terminer les vêtements de camouflages pour l’armée. J’ai dû faire des heures supplémentaires car j’avais osé dénoncer des officiels corrompus. Je me suis effondré dans l’atelier et j’ai dormi sur le sol. Quand je me suis réveillée, on m’a demandé de porter les cartons de vêtements dans les camions. Ils ne veulent pas que vous vous reposiez au camp, ils vous empêchent de dormir et c’est aussi un moyen de torture.

Suppression des camps

J’ai pris des notes dans le camp. J’ai consigné notamment les faits qui se sont produits le 20 juillet 2008. Zhang Chunguang, la chef de brigade m’a emmené dans une chambre de torture et m’a écartelée. Avec cette technique vous êtes blessée de l’intérieur, mais cela ne se voit pas à l’extérieur. Ils passent des choses terribles dans ces camps et nous espérons qu’ils seront bientôt supprimés. Nous comptons pour cela sur les promesses des nouveaux dirigeants. Et j’espère que mes sœurs de souffrance seront bientôt relâchées.

ZHU GUIQIN

La suppression des camps de travail réclamée par la société civile et les avocats chinois depuis maintenant plusieurs années tarde à venir. La nouvelle équipe au pouvoir en Chine a fait savoir qu’elle allait réformer le système. Les « laogai » vont-ils bientôt appartenir au passé ? C’est en tous cas ce que laissait entendre au début de l’année, Meng Jianzhu, le chef de la sécurité publique. Mais pour l’instant cette annonce n’a pas encore été suivit d’effet.

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Zhu Guiqin, internée entre 2004 et 2007 à Masanjia. Souffre aujourd’hui de troubles psychologiques en raison des violences subies.

La chef de brigade a utilisé la matraque électrique sur mes tempes, sur ma joue et sur mes oreilles. J’avais aussi des croutes de sang sur mon visage, car ils m’ont enfermée très longtemps dans la chambre d’isolement. Je ne pouvais pas me laver, je me suis grattée jusqu’au sang. Ils ne m’ont pas laissé aller à l’hôpital. Ils m’ont enfermée pendant un mois pour que ma famille ne voit pas mes blessures, qu’elle ne voit pas mes bosses et mon visage gonflé comme une boule de pain.

Matraque électrique

La vice-chef de brigade de Masanjia est la première à donner du bâton. Au camp on l’appelle : « Chef de brigade Wang ». C’est elle qui pratique elle-même les tortures. Elle gifle, elle tire les cheveux, et ça c’est le moins qu’elle puisse faire. Sinon sa spécialité c’est la matraque électrique. Elle recharge sa matraque toutes les nuits. Puis elle tape sur les visages, sur les tempes, sur nos bras, sur nos jambes, sur le ventre. Rien que le bruit de la matraque électrique fait peur. Dès qu’elle l’approche de vous, vous êtes terrorisée. Une fois, j’étais menottée les mains en arrière et elle m’a frappé le visage avec sa matraque électrique pendant près de 30 minutes. J’avais mes règles, mais elle s’en fichait. Elle a demandé aux autres prisonnières de retirer mon pantalon. Du 27 mai au 8 juin 2004, elle m’a attaché à une porte. Je ne pouvais ni m’asseoir, ni m’allonger. Je ne pouvais que me mettre debout ou m’agenouiller. Mes pieds et mes jambes ont gonflé.

Troubles psychiatriques

Les gardiens ne vous laissent jamais de répit. Une fois j’avais acheté une bouteille thermos pour partager l’eau avec les autres. La chef de brigade Zhang Yu voulait me prendre ma bouteille quand j’allais sortir du camp. J’ai résisté, et elle s’est vengée. Dans l’atelier, elle est arrivée discrètement par derrière et m’a donné un coup de poing dans le dos. Et puis elle a demandé aux détenues droguées de me battre au sol. Après elle m’a envoyé dans l’une des cellules petit numéros. J’ai ainsi passé trois ans à Masanjia, de 2004 à 2007. Il m’en reste des séquelles. Suite aux mauvais traitements j’avais des troubles du comportement. Ma sœur m’a envoyé à l’hôpital psychiatrique. Les médecins ont diagnostiqué un désordre mental post traumatique. Avant le camp je travaillais dans une entreprise chargée de délivrer une couverture sociale pour les ouvriers. Aujourd’hui je ne peux plus rien faire. Je me sens inutile. J’ai des trous de mémoire. J’oublie les choses tout le temps. Quand je prends le bus, j’oublie mon sac dans le bus.

À ÉCOUTER : Grand Reportage RFI / Masanjia : quand les femmes se révoltent contre leurs camps de travail

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Hao Wei, envoyée en camp en février 2012, après avoir dénoncé le travail forcé en maison d’arrêt.

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Du Bin, photographe à Pékin, et auteur d’un documentaire basé sur les témoignages des détenues de Masanjia. La première partie de ce documentaire diffusé à Hong-Kong est censurée en Chine continentale.

Publié par un esclave du capitalisme d’État français (Stéphane Lagarde, blog « Encres de Chine » sur RFI.fr, 13 mai 2013)

Publié dans Les luttes de classe en Chine | Marqué avec , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Commentaires fermés sur [PCC dégage !] Témoignages de femmes esclaves de l’État maoïste

Compte-rendu de la mobilisation du samedi 11 mai 2013 à Grasse en mémoire d’Abdelhakim Ajimi, mort le 9 mai 2008 lors d’une interpellation policière

La famille Ajimi et une centaine de personnes se sont réunies en mémoire d’Abdelhakim samedi 11 mai dernier à Grasse. La mobilisation visait principalement à rendre hommage à Abdelhakim et à réclamer la révocation des trois policiers (Jean-Michel Moinier, Walter Lebeaupin et Jim Manach) jugés coupables de sa mort, ainsi que l’interdiction de la clé d’étranglement qui lui a coûté la vie. Cette mobilisation s’est déroulée avec calme et détermination, en toute visibilité sur un parcours qui n’avait pas été convenu avec les autorités locales. L’impact sur les Grassois et touristes présents dans les rues empruntées et le sentiment d’une force commune réelle produit sur les personnes participant au cortège ont été des plus marquants.

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Le repas partagé ensuite dans la rue par une quarantaine de personnes a contribué à l’occupation de l’espace urbain au nom de notre lutte pour la vérité et la justice. Il faut noter que ce repas de rue militant est une première pour nous à Grasse et n’avait fait l’objet d’aucune demande d’autorisation. Les personnes attablées ont mangé et discuté en toute tranquillité et convivialité, des enfants et jeunes du quartier nous ont aussi rejoints. Nous remercions chaleureusement Zohra Ajimi, la mère de Hakim, pour avoir préparé ce délicieux repas.

Enfin, la projection du documentaire Souvenir de Grasse et le débat qui a suivi, en présence du réalisateur Jean-Jacques Béryl et de Mogniss H. Abdallah (agence IM’media) ont été l’occasion de dégager une perspective historique et le lien évident entre les luttes menées à Grasse contre l’oppression par le pouvoir et ses représentants : celle, en 1973, de travailleurs sans-papiers victimes d’une ratonnade couverte par le maire de l’époque (Hervé de Fontmichel) et celle menée depuis 5 ans tant sur le plan judiciaire qu’administratif par la famille Ajimi, entourée de militants toujours présents. D’autres témoignages ont pu émerger durant la discussion, comme par exemple celui d’une ratonnade des jeunes du centre ville par la police en 1999. Les enfants et jeunes présents ont aussi été très impressionnés par le documentaire et ont pu poser des questions politiquement très pertinentes auxquelles J.-J. Béryl ou M. H. Abdallah ont répondu au mieux. Cette nouvelle génération s’avère prometteuse !

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La famille Ajimi et le comité Vérité et Justice pour Abdelhakim Ajimi remercient donc les personnes ayant participé et contribué à cette commémoration en mémoire d’Abdelhakim, temps de lutte important dans le combat en cours.

Une prochaine étape sera certainement liée à la réponse favorable ou défavorable donnée à la famille Ajimi par Claude Baland, Préfet directeur général de la police nationale. Le Ministre de l’Intérieur Manuel Valls lui a récemment transmis le courrier de demande de révocation des trois policiers coupables. La famille Ajimi avait écrit au ministre en mars et formule cette demande de révocation depuis 2012.

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Par ailleurs Monsieur Bouchakour, grassois, est aussi en procédure judiciaire contre Jean-Michel Moinier, un des policiers de la BAC jugés coupables de la mort de Abdelhakim Ajimi. M. Bouchakour fait appel d’une décision de justice de deux mois de prison ferme pour « outrage », et il recherche actuellement un avocat pour le défendre contre J.-M. Moinier.

Le comité Vérité et Justice appelle également au soutien de Dorsaf et Walid, deux de ses membres convoqués mercredi 22 mai à 8h30 au Tribunal de Grasse. Ils sont accusés d’outrage personnel à des policiers pour des propos qu’ils auraient tenus lors du procès en janvier 2012. L’accusation n’émane d’aucun des 7 policiers impliqués dans la mort de Hakim, mais de policiers dont les noms ne nous sont pas familiers, qui étaient présents en soutien à leurs collègues lors du procès. Cette plainte avait déjà valu à Walid et Dorsaf une première convocation à la gendarmerie de Cannes il y a quelques mois. Pour eux, comme pour d’autres membres de familles victimes de violences policières ou d’organisations luttant contre ces violences, ce type de convocation correspond à une stratégie d’intimidation à laquelle une réponse collective doit être donnée. N’hésitons donc pas à soutenir Dorsaf et Walid au Tribunal de Grasse et à leur adresser un message de solidarité.

À noter enfin une émission diffusée demain mardi 14 mai de 20 heures à 21 heures, sur Radio Canut (102.2 FM sur l’agglomération lyonnaise ou sur ) : retour sur le récent procès en appel des meurtriers d’Abdelhakim Ajimi, ainsi que sur la sale histoire du maintien de l’ordre en fRance… [Signalons aussi l’émission de FPP avec Mogniss Abdallah et Jean-Jacques Béryl – NdJL]

Le combat continue !

Comité Vérité et Justice pour Abdelhakim Ajimi

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Infotour anti THT mai-juin 2013

Invitation à se rencontrer pour s’organiser contre les grands projets d’infrastructures, au minimum !

Vous voyez, ce petit coin de Normandie, tout là-haut, où la pluie prend un jouissant plaisir à nous lessiver jusqu’aux os 360 jours sur 365, où les inséparables bottes nous protègent du tapis éponge des champs mais pas du délicieux jus de chaussettes à la fin d’une journée de balade sous les têtes de chats [Modèle de pylône THT]. Eh bien, on se dit qu’on aimerait bien sortir le short et les tongues de la commode et aller faire un tour au soleil.

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Prendre un peu de distance, partager le récit de nos aventures rocambolesques entre déboulonnages publics de pylônes THT, virées nocturnes en compagnie vigilesque, paperasses de tribunaux et autres cours d’appel, assemblées générales horizontales, gestion des massmedias et travail d’automedia, blocages de chantiers, occupations de bois et de château d’eau, débats interminables sur les modes d’action et la violence. Mais encore, entendre d’autres histoires, celles aux abords de chantiers d’autoroutes ou lignes à grande vitesse, de centres d’enfouissement de déchets radioactifs, de lignes THT, de gaz de couche ou de schistes, et bien d’autres…

Ce n’est pas l’achèvement de la ligne THT Cotentin-Maine, ni la répression qui l’a accompagnée, qui ont entamé notre détermination et notre désir de continuer. Au contraire, car nous pensons que les liens tissés ici et là constituent notre force. En nous organisant ensemble, au-delà des frontières administratives et thématiques, et de nos divergences politiques, nous pouvons non seulement gagner quelque chose mais aussi tisser des amitiés et des solidarités pour pouvoir mieux en faire baver à celleux d’en face, voire y prendre un certain plaisir.

Aussi, comme nous nous sommes amusé.e.s à faire un film sur ce que nous avons vécu ces derniers mois en Normandie, nous proposons de le voir ensemble en préliminaire à des échanges, pour en sortir avec des pistes d’actions, de nouvelles envies d’écriture et d’automedia, de nouveaux copains-ines à qui rendre visite, etc.

Mardi 28 mai 2013 à Toulouse (31)
19h à l’atelier La Chapelle,
36 rue Danielle Casanova
La projection du film et la discussion seront précédés d’un repas.

Mercredi 29 mai 2013 à Saint-Affrique (12)
19h lieu à venir

Jeudi 30 mai 2013 à Montpellier (34)
19h à la Bibliothèque Scrupules,
26 bd Figuerolles, quartier Figuerolles

Vendredi 31 mai 2013 à Marseille (13)
19h à Mille Babords, 61 rue Consolat 13001

Samedi 1er juin à Avignon (84)

Lundi 3 juin 2013 à Valence (26)
19h15 au Laboratoire, 8 place Saint Jean
La projection du film et la discussion seront précédés d’un repas.

Mardi 4 juin 2013 à Grenoble (38)
Antigone,
22 rue des Violettes

Mercredi 5 juin 2013 à Lyon (69)
19h, à la Luttine
91 rue Montesquieu, Lyon Guillotière

Jeudi 6 juin 2013 à Châlon-sur-Saône (71)

Samedi 8 juin 2013 sur la ZAD du Morvan (58)

Mercredi 12 juin à Metz (57)
Salle des Coquelicots, 1 rue Saint Clément

Vendredi 14 juin à Reims (51)
À l’Écluse, 5 rue de la Cerisaie

Dimanche 16 juin à Lille (59)

Plus d’infos sur le blog antitht.noblogs.org ou en envoyant un mail

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[Appeler un chtar un chtar] « Ça m’énerve tous les uniformes. Même les robes de juge et de procureur, tout »

Justice – Il avait qualifié de « chtars » l’aréopage de gradés invités aux vœux du préfet de Haute-Saône. Mauvaise pioche.
Plaqué au sol par le procureur aux vœux du préfet : six mois ferme

« Ça m’énerve tous les uniformes. Même les robes de juge et de procureur, tout. » Si la constance est parfois une qualité, c’est souvent un handicap en matière d’outrage à une personne dépositaire de l’autorité publique. C’était ce mardi une gourmandise pour le juge Fernand Kato qui avait à statuer sur le sort de Bryan Chatillon dans le cadre de l’audience du tribunal correctionnel.

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Arrivé sous escorte puisqu’il est actuellement détenu pour une autre affaire, le jeune homme de 21 ans s’était illustré le 18 janvier dernier alors qu’il circulait devant la préfecture de Vesoul. Obligé de croiser tout ce que compte l’arrondissement comme gradés, invités aux vœux du préfet, il s’était fendu d’une tirade par trop irrespectueuse : « c’est blindé de chtars (terme argotique qui désigne les forces de police) ». Ce qui avait motivé le commandant Peton, chef d’escadron du groupement de gendarmerie de Vesoul, à lui demander des explications.

Face contre terre sous les fenêtres du salon d’honneur du préfet

Visiblement allergique aux uniformes, la réaction du jeune homme avait été épidermique. Il avait sauté sur le procureur de la République, Jean-François Parietti, qui avait demandé une patrouille de police, en le prenant par le col… (Demain dans notre édition papier et numérique)

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Publié par des larbins de la maison Poulaga (Walérian Koscinski, EstRepublicain.fr, 14 mai 2013)

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[Besak antipub] Vive le van, Vive le van, Vive le vandalisme

Panneaux Decaux : le vandalisme reprend

Besançon. Véritable phénomène local, le vandalisme sur les panneaux publicitaires d’abri de bus ou « sucettes » de la société Decaux, reste soutenu à Besançon. Durant ces deux jours fériés [8 et 9 mai 2013], 62 vitres ont été littéralement explosées par des inconnus entre l’avenue Siffert et la rue des Deux princesses.

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Le trajet des casseurs est immuable. (photo d’archives)

826 depuis 2010

Les antipubs qui se tenaient relativement cois depuis le début de l’année viennent donc de reprendre leur périple, suivant un schéma de rues quasi immuable. Antipubs, du moins on le suppose vu la répétition des faits, car jamais aucune revendication n’a accompagné ces actes.

Tout a commencé en 2010. Après 444 sucettes fracassées cette année-là, ce qui constitue une sorte de record. On en a dénombré 88 en 2011 puis 213 en 2012. Avec les 19 dégradations enregistrées depuis le 1er janvier et les 62 qui viennent de s’y ajouter, on arrive donc à un total de 826 panneaux détruits pour un coût approximatif de remplacement légèrement supérieur à 1.000 € pièce. Soit un coût supérieur à 800.000 € au préjudice de la société Decaux, qui gère ces espaces publicitaires urbains.

Hier, en raison du pont, il était impossible de joindre un responsable de la société pour commenter cet acharnement local qui semble unique dans tout l’Hexagone.

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Besançon, le 10 mai 2013

Leur presse (EstRepublicain.fr, 10 mai 2013)

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Lettres de Christine depuis les QI et QD de diverses taules

Début novembre 2012, suite à une altercation avec les matons en allant visiter son compagnon au parloir à la taule de Corbas, Christine a été emmenée en garde à vue. Puis, en attendant un procès qui a eu lieu le 13 février, elle a été placée en détention à la Maison d’arrêt de La Talaudière à Saint-Étienne. Elle reste incarcérée depuis, et purge la somme de différentes peines écopées ces dernières années suite à de multiples insoumissions à l’autorité de différentes institutions (flics, administration pénitentiaire, institution psychiatrique…).

Christine est bergère. Elle a notamment eu des soucis avec les institutions répressives lors de sa participation à des luttes contre la loppsi 2, contre le puçage des moutons.

Depuis son incarcération, Christine a eu de multiples embrouilles en détention. Elle a été placée au mitard (QD ou Quartier Disciplinaire) et au QI (Quartier d’isolement). Elle a été transférée de La Talaudière à Corbas (Lyon) puis à Joux-La-Ville. Aux dernières nouvelles, elle est maintenant à Bapaume, vers Lille (ses proches sont dans le sud !). L’accumulation d’altercations en détention risque d’alourdir sa peine, voire de la mener à nouveau devant les tribunaux.

Dans différentes lettres qu’elle a pu faire sortir de prison, elle raconte ses combats en détention et la répression féroce. Elle souhaite que ces lettres (que nous avons récupéré un peu tardivement) soient diffusées auprès des groupes qui se préoccupent de ce qui se passe en prison, et publiquement. Nous vous en proposons ci-dessous de larges extraits.

Christine se bat et revendique au quotidien. Elle crie qu’elle refuse l’enfermement. Et se bat pour que, au minimum, ses droits soient respectés. Elle a entamé de nombreux recours administratifs et plaintes. Son avocat est Guy Nagel (Lyon), elle est en contact avec l’OIP (Observatoire International des Prisons).

Il est possible de lui écrire à la prison de Bapaume, et tout soutien sera certainement le bienvenu !

(Christine Ribailly – Centre de détention – Chemin des Anzacs – 62451 Bapaume Cedex)

 

Extraits de lettres de Christine

• Jeudi 31 janvier, Corbas, QD

Ne reculant devant aucun défi pour vous fournir des infos fraîches et diverses, votre envoyée spéciale au pénitencier est maintenant au mitard à Corbas.
Je suis passée au prétoire (à la Talaudière) et j’ai pris quinze jours (de mitard) ferme et 8 jours avec sursis. Je ne croyais pas que six mois allaient s’écouler sans que ça me tombe dessus, même si l’idée était séduisante. J’ai donc appris que je serai transférée ce lundi 28 (il n’y a pas de mitard au quartier femmes de la Talaud).
Entre le prétoire et ce transfert, j’ai vu un OPJ au parloir pour m’auditionner  sur « l’incendie du 28 novembre ». Il m’a dit que selon lui ce serait classé sans suite, mais on sait ce que ça vaut une parole de flic.
J’ai aussi eu un signalement au procureur le 19 décembre, suite à une prétendue bagarre avec une codétenue en promenade. Ça me fait beaucoup plus chier car c’est faux : on n’a pas échangé un seul coup et si, moi, j’ai été blessée, c’est par les gros bras en bleu qui m’ont sortie manu militari de la cour. J’ai donc fait un recours à la DI à propos de ce rapport pour que les infos contenues dans le dossier disciplinaire soient honnêtes si je vais un jour en procès pour ça.
Dimanche 27 janvier, à la promenade, je me suis à nouveau engueulée avec la même fille. Cette fois on a échangé des coups (J’en ai pris plus car elles étaient à 2 contre moi). Bien sûr c’est moi que les bleus ont remonté en cellule, menottée dans le dos. Après m’être calmée, j’ai demandé à téléphoner, comme j’y ai droit. En fait, la surveillante ne voulait pas m’ouvrir sans un surnombre de matons comme ils me le font souvent, malgré l’accord avec la direction le 15 novembre. (…) L’auxi peut témoigner que j’étais calme. Mais les matons m’ont foutue au sol le temps de mettre en cellule le repas dans une barquette en plastique. J’ai dit : « je veux juste téléphoner, j’y ai droit, de quoi avez-vous peur ? Je ne me débats même pas ». Mais ils m’ont refoutue en cellule et je n’ai pas pu bloquer la porte. J’étais furax et j’ai glissé du papier journal sous la porte pour l’enflammer, comme je l’ai souvent pratiqué. (…) Ils ont ouvert la porte, l’un d’eux avait un extincteur. Il ne s’est pas contenté d’asperger la porte mais m’a délibérément aspergée. J’étais en train de respirer à la fenêtre. Je suis allée vers eux en gueulant : « Tu t’amuses bien ? » Ils ont essayé de la refermer mais je l’ai bloquée avec le genou. Ils se sont alors énervé et m’ont foutu au sol, dans la neige carbonique. Ils m’ont menottée dans le dos en me faisant vraiment mal à l’épaule et en serrant très fort. Depuis leurs cellules des filles criaient : « Salauds ! Lâchez-la ! On t’a entendu dire que tu allais lui casser le bras ! » Il m’a demandé de dire aux filles de se calmer mais j’ai refusé, demandant juste à ce qu’il lâche l’épaule. Je suis restée au sol sous ce mec le temps qu’ils vident entièrement la cellule (fringues, bouquins, poubelle, table…) puis ils m’y ont refoutue en le laissant un doliprane sur l’évier. Elle était trempée et noire de papiers brûlés, moi j’étais trempée et mal en point. (…)
À 7h du matin, (quand ils ont ouvert), je suis allée vers la cabine. Mais ils m’ont dit que je téléphonerai après la douche. J’ai accepté car j’en avais vraiment besoin. Quand je suis (retournée dans la cellule), ils en ont profité pour claquer la porte. (…) J’ai gueulé « Vous aviez dit que je téléphonerai après ! » et ils ont répondu « Ben ouais, après, tu téléphoneras après… Allez, bon QD ! » ET un de ces s… rigolait en disant : « Ben quoi, tu chiales Ribailly ? », alors que je répétais, à bout de nerfs : « T’avais dit ! ». (Puis Christine a été transférée vers Corbas.)
Entre 7 et 9h, toutes les filles qui sont passées ont vu mon bordel dans le couloir et la crasse sous la porte. Beaucoup ont été choquées et m’ont gueulé quelques mots de solidarité. J’ai aussi eu un yoyo de mon propre tabac qu’elles ont pris dans ma veste, sur le tas. (…) Hier j’ai vu le toubib dans le cadre de l’accueil arrivante au mitard. Elle m’a fait un certificat médical avec 3 jours d’ITT. J’aimerais déposer plainte pour abus de pouvoir et violences. Pensez-vous que c’est possible ? Voulez-vous m’y aider ?
Bon, après ça j’étais remontée à bloc pour faire face au mitard. Ils ont du le comprendre car ils ont eu une toute autre position qu’il y a deux ans. Au greffe, ils se sont contenté d’un « Non ! » quand ils m’ont demandé la biométrie. J’ai pu avoir mon tabac à la porte de la cellule. J’ai vite eu des bouquins et de quoi écrire. Grâce à la réforme, j’ai même une petite radio. (…) Du coup, libérée de la peur qu’ils me psychiatrisent, je vis bien mieux le mitard que je ne le craignais. (…) J’écris beaucoup (vous voyez), je fais des séries de pompes et abdos. Je dors bien. (…)
Qu’est-ce que vous ne savez pas sur le QD de la MAF (Maison d’arrêt pour femmes) ? Il y a trois cellules, 2 cours goudronnées de 6×8m cernées de murs ou grilles de 3 ou 4 mètres de haut, et au plafond tellement tapissée de barreaux, grillage serré et rouleaux de barbelés que j’imagine que la neige ne passe pas (En tous cas le soleil, c’est sûr, n’atteint jamais le sol). (…)

• Mardi 5 février, Corbas, QD

(…) On m’a fait signer mon transfert prochain pour Roanne. Perso, je sais que, CD ou pas, ça ne changera rien pour moi car je serai en secteur fermé. J’espère aussi que la peine que je vais récupérer mercredi prochain ne sera pas de plus de un an. Ainsi, la confusion de peine aurait des chances d’aboutir et je resterai peut-être à la Talaud, où je suis arrivée, tant bien que mal, à établir un mode de relation assez sain avec la matonnerie. Tout ce que je vous raconte est fait pour être diffusé. Comme je vous fais des lettres détaillées pour chaque histoire, j’ai dit aux potes de Radio Canut (Lyon), La Haine des chaînes (Marseille), Les murs ont des oreilles (Grenoble) ou Radio Méga (Valence) et Papillon (Saint-Étienne). Je pense aussi à Rebellyon et Jura Libertaire. Faites-vous un pool commun des infos, analyses, récits et autres et rediffusez chacun sur vos réseaux, c’est fait pour ça !
Dans ma lettre où je racontais l’altercation du 27 et 28 janvier à La Talaudière, j’avais joint le mot d’une co-détenue qui se disait outrée du traitement qu’on me faisait subir et prête à bouger pour que ça change (elle parlait d’alerter les médias). J’ai deux autres lettres de filles qui m’ont écrit ici et qui disent à peu près pareil. (…)
Ici j’ai découvert une cellule encore plus flippante que le mitard. Voilà ce qui s’est passé. Avec le lieutenant, toute la semaine, ça s’était pas mal passé, malgré le sureffectif constant (me surveillant). On ne fait pas semblant d’être potes, mais il fait ce à quoi il s’est engagé et a compris que son intérêt était le même que le mien : que j’obtienne des réponses à mes mots dans un délai correct. Il a même institué sans que je lui demande la douche quotidienne, deux promenades par jour et plusieurs appels téléphoniques par semaine. Bref, j’avais pris mon rythme. Mais l’équipe de ce week-end a voulu changer la donne. (…) Dimanche, ça a été encore plus tendu : ils m’ont mis à la promenade dès 8 heures du matin, alors qu’il faisait presque encore nuit. Puis ils m’ont refusé la douche alors qu’ils me l’avaient proposé le matin. À midi, ils n’ont pas ouvert la grille pour me passer la gamelle. Alors le soir, quand j’ai vu qu’ils n’ouvriraient pas plus, je leur ai dit : « Si, vous allez ouvrir ! » et j’ai enflammé une feuille de papier journal. Ils ont refermé la porte en laissant la gamelle dans le sas, hors accès. (…) Puis est venu un lieutenant pour calmer le jeu. Je lui ai expliqué que je refusais d’être servie comme un clebs au chenil et que je lui donnerai le briquet en échange du repas quand il aurait ouvert la grille. (…) Il m’a dit que je grillais mes chances d’avoir le parloir interne que je réclamais, alors que la direction avait émis un avis favorable. Je me doutais bien qu’il mentait, mais je ne voulais pas prendre de risque, alors je lui ai donné le briquet. Il est parti aussitôt, sans ouvrir le sas, et sans même me donner la gamelle. Dix minutes après, ils étaient 6, avec casques et boucliers, pour me menotter. Cassée en deux, ils m’ont menée à travers toute la MA. Je n’ai pas bien compris où on allait mais on a repris le souterrain. Ils m’ont accroupie au fond d’une cellule pour me démenotter après m’avoir pris lunettes et baskets. J’ai demandé où on était et ils m’ont dit « aux arrivants ». Mais la cellule n’avait rien d’une cellule d’arrivants. Je sentais la patte de l’architecte pervers de la chambre de l’UHSA. Lit, table, tabouret, tout était en béton. La télé était protégée par un plexiglass, tout comme la fenêtre, impossible d’accès. Il n’y avait pas de draps, juste deux couvertures en tissus. Même la télécommande était incrustée dans le mur (et ne marchait pas). Une grande surface était prise par la douche et le chiotte. L’évier en alu comme au mitard, sauf qu’il n’y avait pas de robinet, juste un jet d’eau pour boire. Tout était super propre, lisse. J’ai vu un petit sac sur la table : il y avait une affichette. « Vous êtes en souffrance. Il est nécessaire de vous aider. Ce kit fait partie du protocole d’aide. Le pyjama est aéré pour un plus grand confort. En cas de détresse, faites appel au surveillant, votre premier interlocuteur ». Et un pyjama bleu, comme en HP. J’ai eu peur, j’ai pensé qu’ils m’avaient hospitalisée au SMPR, que j’étais en HO (hospitalisation d’office) sans avoir vu de toubib. J’ai appelé mais personne n’a répondu. Une demi heure plus tard, comme j’avais bouché le judas avec l’affichette, ils ont cogné à la porte, joué avec la lumière et appelé à l’interphone. J’ai décidé de ne pas répondre, comme eux. (…) Ils ne voulaient pas rentrer, juste mater. (…)
À 9h le lendemain, j’avais faim et envie de fumer. J’ai fureté dans la cellule pour faire quelque chose. On ne pouvait rien casser, pas appeler. La fenêtre donnait sur une cour intérieure, un toit en fait, où jamais un humain n’est allé. Tout était arrondi, lisse, aseptisé, c’était franchement flippant. Au plafond il y avait une demi-sphère en alu poli pour faire miroir depuis le judas et ne laisser aucun espace sans vue (même collé à la porte). C’était vraiment de l’incitation au suicide, par sa volonté affichée de le rendre impossible. La frustration, même pour moi qui ne veux pas crever, était à son comble. (…) Enfin vers 11h, j’ai entendu une surveillante me dire que j’allais voir un médecin. J’ai pris une grande inspiration et accepté. Ils étaient au moins douze dans le couloir ! L’entretien a été assez court quand elles ont compris que j’étais en colère et pas suicidaire. Elles m’ont dit le sigle de la cellule, mais je ne m’en souviens plus, il y avait un P comme « protection » et elle est effectivement au quartier arrivant. (Puis Christine a été ramenée à la MAF.)
J’imagine le pauvre gars, tout juste sorti de garde à vue et enfermé dans cette cellule d’incitation au suicide lors de sa première arrivée à la rate. La façon la plus ignoble de lutter contre la surpopulation ! Elles sont belles, les règles européennes. (…)

• Dimanche 10 février, QD de Corbas

Demain je dois retourner à la Talaud. (…)
Excédée par le refus de parloir interne (avec son compagnon, incarcéré aussi à Corbas), j’ai essayé encore de revendiquer vendredi.
Sanction immédiate : plus de lumière et plus d’allume-cigare (bien sûr, pas de briquet en cellule). (…) Je vous joins la lettre que j’ai écrite à la direction :

Quand on se targue d’apprendre aux autres à respecter la loi, il faut d’abord, par cohérence, à défaut d’honnêteté, la respecter soi-même. Or :
J’ai été quinze jours au QD, trois lundis, et vous ne m’avez permis qu’un seul parloir.
J’ai signalé dès l’arrivée au médecin que j’avais une ordonnance pour de la kiné hebdomadaire et il n’y a eu aucun suivi.
Je n’ai pas pu m’alimenter du dimanche 3 à midi au lundi 4 à midi (deux repas refusés).
Malgré sa demande du 30 janvier, mon avocat n’a pas obtenu son permis de communiquer.
J’ai été jugée en mon absence le 5 à Aix en Provence, sans que soit organisée d’extraction ou de visioconférence.
Je n’ai pu ni lire ni écrire ni fumer du vendredi 8 à midi au samedi 9 à 8h.
L’évier de la cellule du QD est bouché.
La télévision de la cellule d’incitation au suicide ne marche pas. Le flotteur des toilettes est coincé.
La première semaine, je n’ai vu qu’une fois le médecin.
Vous avez laissé nombre de mes courriers sans réponse et les gradés ont parfois refusé de répondre à mes questions.
La cage de promenade est cernée de murs si hauts et fermée par un grillage si serré que ni la neige ni le soleil ne l’atteignent. Où est l’heure de promenade obligatoire « à l’air libre » ?
Le courrier interne m’a toujours été remis en retard, ou pas remis du tout.
(…) Je continuerai à exiger le respect des lois (à défaut du respect humain qui vous est inaccessible).

• Dimanche 17 février, Joux, QD

Je continue mon tourisme pénitentiaire. Je suis maintenant en CD, près d’Auxerre.
(…) (À mon arrivée) j’ai accepté la fouille au corps et répondu au topo du chef : « Si vous vous tenez bien, ça se passera bien » par « Si vous me touchez pas, je me tiendrai bien ». Ils n’ont pas insisté pour les empreintes et ont fait une photo tête baissée et yeux fermés pour la carte de circulation. Puis je suis allée au mitard. (…) Il fait super froid en cellule et ma voisine, une jeunette toute maigre, en chie beaucoup. Depuis trois jours on réclame qu’ils viennent prendre la température, mais ils ne font rien. (…) Je me souviens avoir lu qu’un mitard avait été fermé après qu’un huissier ait relevé 14°C. Je suis sûre qu’il ne fait pas plus ici. (…)
Il y a deux mois, deux filles ont pris en otage une surveillante. Après 30 jours de mitard bien agités et une comparution immédiate (18 mois pour l’une, deux ans pour l’autre), elles ont eu le droit à un transfert disciplinaire, mais je ne sais pas où.

• Jeudi 21 février, quartier disciplinaire, Joux

(…) Des nouvelles du « frigo » :
Vendredi, alors que j’étais assez détendue, vu l’accueil moins militarisé qu’à Corbas, j’ai réclamé par écrit au directeur qu’il s’inquiète de la température des cellules. Même s’il m’avait promis, lors de la rencontre arrivant, de répondre à mes mots, je n’ai pas eu de réponse. Samedi après-midi, ma voisine a eu des crampes à force de se crisper contre le froid. Un infirmier de l’UCSA lui a donné un doliprane et lui a promis du Decontractyl (qui n’est pas arrivé). À chaque passage, on relançait la demande de prise de température. [Malgré les promesses des surveillants, la voisine n’a pas changé de cellule.] Le lendemain vers 17h, elle s’est bloqué les reins. L’alerte a été vite passée par les filles (moi, on ne me répondait plus). Une surveillante l’a vue bloquée sur son lit et a dit qu’elle allait prévenir. Durant une heure, j’ai essayé de la calmer car elle paniquait (« je ne veux pas mourir ! »), s’engourdissant toujours plus. Vers 18h enfin, j’ai entendu qu’on ouvrait la grille. Il n’y avait que des matons et deux chefs. Ils voulaient la forcer à se lever et elle criait qu’elle avait trop mal. J’ai même entendu : « Arrêtez de pleurer ou on va se mettre en rogne ». Quand ils m’ont apporté la gamelle, je les ai engueulé de ne pas avoir appelé de médecin et ils m’ont répondu : « Mêle toi de tes oignons ». Alors j’ai mis le feu aux poubelles. Et j’ai pris un rapport d’incident (…)
Mardi matin, le technicien est enfin venu. Il faisait 15°C près du radiateur (dans le sas) et 13°C dans le coin le plus éloigné. (…) Le médecin qui venait pour la visite hebdomadaire m’a dit que la température d’une salle d’habitation normale était entre 19 et 21°C. On en est loin ! J’ai fait une lettre de plus (la troisième) au directeur. (…) Le prétoire [commission de discipline suite au rapport d’incident] aura lieu le mercredi 27, soit le lendemain de ma sortie de trente jours de mitard, ils pourront donc m’en remettre autant (il suffit de trouver des violences, c’est pas dur).

• Mercredi 27 février, quartier d’isolement, prison de Joux

(…) Vendredi, à 18h, le chef, Dinan, m’a fait passer la gamelle sans ouvrir. Je lui ai rappelé que j’avais fait un mot et que je voulais une réponse. J’ai dit « Il faut que je les appelle, c’est ça ? ». Il m’a dit de ne pas crier, qu’il allait voir lui-même. À 18h30, je met la lumière, une matonne me dit qu’il est monté à la rue. À 18h45 je me met à taper sur la grille, les filles m’engueulent mais je continue. À 19h comme il n’y a rien, je met le feu aux poubelles. Ma voisine de mitard ne tarde pas à appeler à l’interphone, c’est plus de la balance que du soutien, mais ça les fait venir. À 19h15 ils arrivent avec l’extincteur et noient littéralement la cellule, m’aspergeant par la même occasion. Quand ils veulent refermer la grille, je me précipite pour bloquer. Ça les énerve et ils me foutent au sol trempé, bien violemment, la tête sous leurs godasses. Je ne le sens pas tout de suite, mais l’arcade sourcilière a pété. Eux voient le sang et me tirent au sec dans le couloir où ils me maintiennent au sol mais sans faire mal. Après qu’ils m’aient menottée dans le dos et relevée, j’en dénombre pas moins de 25 dans la coursive. Le chef me nettoie la figure avec une serviette propre et déclare : « Ce n’est rien, le médecin va venir. Tu vas pouvoir rencontrer un médiateur aussi. » C’est facile, le pouvoir du sang ! Car ils m’ont déjà fait bien plus mal avec les clés de bras par le passé. (…) L’attente commence. Je parle calmement, sans crier, sans insulte, répétant que j’en suis à la troisième lettre à la direction. Tous me font le discours « si tu te calmes pas dans ton comportement, tu ne sortiras jamais d’ici, penses à tes parents au moins ». Ils sont repartis, certains sont au bureau pour faire le rapport comme quoi j’ai glissé sur le sol mouillé. Ceux qui sont en cellule se détendent petit à petit. Puis arrive une directrice qui me dit de me calmer alors que je suis parfaitement calme, même si je me balance car mes vêtements mouillés me donnent froid. Je lui refais le topo : demande de suspension de peine. Aucune réponse. J’apprends plus tard que c’est la directrice technique, bref, rien d’utile !
Puis arrive le toubib. Enfin, ils acceptent de me dé-menotter et je suis escortée d’une dizaine de matons à l’infirmerie. Il nettoie, met des strips et me donne 1g de Paracetamol. Voilà, au revoir. « Et j’ai mal au genou aussi ». Mais il est parti. (…)
(Christine passe la nuit dans la cellule pleine de flotte et de cendres, sans ses affaires. Le lendemain, la cellule est nettoyée et elle récupère ses affaires.)
En prenant mes chaussures pour la promenade, je récupère papeterie et tabac. Ils promettent les couvertures propres et m’allument une clope dans la cour. Je suis crevée, mais leur dit quand même « Bon, on est revenus au point d’hier soir : couvertures, mitard propre, tabac. Maintenant, je n’ai pas changé de discours, je n’y retournerai pas s’il n’y a pas de chauffage d’appoint. » À la promenade, je marche peu et finis par m’assoupir, assise accroupie. Ils sont 6, me chopent tout de suite, menottes dans le dos, retirées alors que je suis glissée sous le lit. « Et dis-toi bien que ce sera comme ça tous les jours. » J’ai le moral en berne. Ça va un peu mieux après la sieste et une clope à 16h (par la grille, bien sûr).
Dimanche, la réintégration est encore plus violente, avec un clé de bras dont je sens encore les effets aujourd’hui. Ils ne perdent pas de temps avec les menottes et me portent directement sous le lit. J’entends le chef de détention, Bacher, dire « Ne prenons pas de risque avec cette connasse ».
Le lundi, je suis extraite au tribunal de Lyon pour voir une juge d’instruction pour une plainte déposée il y a deux ans contrer l’administration pénitentiaire et l’UHSA. C’est super frustrant. 7 heures de camion en cellule de 0,3 mètre carré pour une demi-heure devant cette juge qui, escorte aidant, n’arrive pas à me parler comme à une « victime ». J’essaie de prendre le temps avec l’avocat, mais l’escorte veut rentrer et nous interrompt au bout de dix minutes à peine.
Quand je reviens, je les suis jusqu’au mitard où ils me disent de récupérer mes affaires. Je les range dans les cartons stockés dans la pièce en face puis demande « C’est où la cellule ? ». « Mais tu y es ! » Et voilà, j’ai fait 2m, je passe du QD (Quartier disciplinaire) au QI (Quartier d’isolement). Dans l’après-midi, ils m’amènent la convocation pour pour le débat contradictoire (ndlr : une mesure d’isolement est prise après une commission) du jeudi, mais je sais que c’est déjà joué, j’en ai pour trois mois au moins. Je réclame la promenade, c’est la même que les douze jours précédents, il n’y a que la trace de mes godasses dans la neige.
Il n’y a guère que le mobilier qui change : les chiottes sont séparées, le radiateur plus central, la chaise peut bouger (…) Comme la fenêtre n’a pas de grillage et que le mur (en face) est à 20m plutôt que 2, il y a un peu (on est en Bourgogne) de soleil. La température est environ de 16°C. J’ai accès au téléphone et à la douche tous les matins, soit deux fois plus qu’au QD. Les surveillants passent à 9h le matin. Et l’article D247 du CPP qui dit que la nuit sans ouverture ne peut dépasser 12 heures… Ouais, de 18h à 9h, ça fait combien ?
(…)
Le chef du quartier femmes, Dinan, m’a dit que le toubib avait eu un appel de l’OIP (ndlr : au sujet du chauffage en cellule) mais qu’il avait botté en touche. La technique, c’est pas lui, c’est Sodexo. Ce à quoi j’ai répondu. « Non, le respect de la loi, c’est vous. À vous de mettre la pression sur Sodexo ». Et là, pompon : « On le fait. Ils nous payent des amendes quand ils ne répondent pas à nos demandes ». En gros, merci les taulards de vous battre, vous enrichissez l’AP, et Sodexo l’a cool. Vive les Esquimaux !

• Samedi 23 mars, QI de Joux

(Christine raconte qu’elle envoie régulièrement des mots à la direction et exige des réponses, au sujet du fait qu’elle n’a pas rencontré la SPIP depuis son arrivée, qu’elle a demandé une négociation du prix de la télé avec Sodexo, une visite du médecin au sujet du suivi psy, et quand serait ré-examinée sa mesure d’isolement. Le vendredi 15, une chef et deux surveillantes sont venues lui parler en lui proposant de dialoguer pour apaiser la situation et en lui disant que les mots répétés à la direction ne serviraient à rien, mais que, elles, voulaient instaurer une « relation saine ». Malgré l’attitude moins « bienveillante » d’autres surveillantes, Christine espère que ce dialogue va apaiser la situation.)
Le samedi, à 18h, ils m’ont tendu le repas sans un mot, je l’ai pris et ai poussé du pied le sac poubelle bien fermé, pour qu’il franchisse le seuil de la porte. Là, le mec me l’a renvoyé d’un coup de pied. J’ai shooté dedans et il a éclaté dans le couloir. Ils en ont refoutu une partie en cellule et ont claqué la porte. Moi, j’ai repoussé les détritus contre la porte, ai caché l’œilleton et me suis mise à manger. Au premier passage à 19h45, la matonne a tapé, et je lui ai dit d’ouvrir, de ramasser ses poubelles, et qu’alors je déboucherais le judas. Elle m’a répondu « je t’ai entendu, ça suffit. T’as qu’à rester dans ta merde ». Pour le passage à 21h30, j’avais mis un mot sous la porte : « Cognez tant que vous voulez, ce sont les autres filles que vous réveillerez. Je vous demande juste que vous ramassiez vos poubelles puisque vous ne me laissez pas sortir les miennes ». Ça a cogné très fort à 22h30, moins fort à 1h30, 5h du mat’. Le lendemain dimanche, 7h, ils étaient plusieurs pour retirer le cache, sans un mot et sans prendre les poubelles. J’ai remis un cache aussitôt (sur l’œilleton). À 9h30 j’ai branché l’infirmier sur l’hygiène. Il était énervé. « Je dois déjà gérer l’OIP à cause de vous, alors vos histoires de poubelles, j’en ai rien à foutre ! » (…) À la gamelle, à 18h15, ils étaient au moins 6 pour me repousser quand je pousse les poubelles du pied. La violence monte clairement. À 19h45, je suis étonnée car la porte s’ouvre. Ils sont huit. Je connais ce chef ? J’imagine que c’est le délégué CGT, car il m’appelle « camarade », ne cherche jamais la violence et sifflotte Bandera Rosa quand il approche de ma cellule. Il me fixe le marché : je retire le cache ou ils vident toute ma cellule ? Je lui redis le mien : ils vident leurs poubelles ou je laisse le cache. On discute pour le plaisir plus de dix minutes. Puis ils se décident à tout vider, y compris matelas, télé et couvertures, chaise et papier cul. Ça vire même à la franche rigolade car ils se savent ridicules. Il calme ses sbires quand, pour faire un peu de sport, j’essaie de gêner la fermeture de la porte et en rigole. Bien sûr, je cache l’œilleton  aussitôt avec les moutons restés sous le lit. D’abord, je vais bien car il n’y a eu aucune volonté d’humiliation, juste l’obéissance idiote à des ordres idiots… que j’ai contrés. Mais la nuit est longue sans bouquins, et je commence à avoir froid sans couvertures. À 1h30, les coups dans la porte me réveillent et je n’arrive plus à m’endormir, même pelotonnée contre le radiateur. Par l’interphone, je demande la Ventoline et une couverture. Une bonne demi-heure plus tard (…) ils sont 3 à la fenêtre à me tendre la Ventoline. Ils font un autre aller-retour pour les couvertures que le chef, ensommeillé, me tend entre les barreaux en disant :
— Tu sais que tu fais chier, toi ?
— T’en fais pas, c’est réciproque…
(… le lendemain matin, Christine peut récupérer quelques maigres affaires.) Le chef m’appelle pour me signaler un CRI (Compte-rendu d’Incident) : jet de poubelles et insultes le samedi soir ! Je m’explique longtemps. (Puis elle récupère petit à petit toutes ses affaires.) Moi je vois que le QI les oblige à faire les loufiots puisque tout mouvement m’est interdit. Donc ils sont vexés. Mais au lieu de dire à la direction que la situation est idiote, ils la renforcent pour avoir un rôle plus « noble » de « disciplineurs ». Du coup, le temps et le nombre d’agents est multiplié à l’infini pour une peccadille à la base. C’est ce que j’essayais d’expliquer au juge le 13 février : « Foutez-moi la paix, ce sera plus simple pour vous, plus agréable pour moi. »
(L’embrouille suivante que Christine raconte a lieu un jour où elle doit aller voir le kiné 🙂 À 7h, j’ai prévenu en glissant un mot sous la porte que je devais monter voir la kiné.  À 9h, quand ils sont venus ouvrir, je l’ai redit. Mais ils m’ont dit que j’avais le temps d’aller en promenade car elle ne venait qu’à 10h. Quand ils sont revenus vers 10h30, ils étaient 4, dont 2 mecs. La grille vers le bâtiment était fermée, et ma cellule ouverte. J’ai refusé tranquillement d’y entrer, expliquant qu’après, il serait trop tard. Le chef a voulu me saisir, je me suis débattue et retrouvée au sol. Là j’ai eu la possibilité de le mordre au bras mais je ne l’ai pas fait, mais le bracelet de sa montre a cassé quand il a retiré son bras. Ils m’ont tenue au sol le temps que les renforts arrivent. Ils m’ont menottée dans le dos, foutu une serviette dans la bouche et traînée jusque sous le lit du mitard. Mes lunettes étaient tombées depuis longtemps. Par deux fois, je suis arrivée à bloquer la fermeture du sas, puis ils m’ont délibérément écrasé la main dans la grille. Il restait un drap sous le lit et je l’ai mis sur le sas pour boucher la vue. Un quart d’heure après sont arrivés trois infirmiers psy. Je me suis d’abord adressée à la matonnerie en disant : « D’accord, je suis en prévention. Mais au mitard j’ai le droit aux bouquins, à de quoi écrire, aux couvertures. Alors quand vous m’aurez passé ça, je vous donnerai mes chaussures et mes lacets. Quand vous aurez mis l’allume cigare en route, je rendrai le briquet. Et je retirerai le drap quand j’aurai la convoc’ pour le prétoire. » Ils n’ont rien répondu. Les psys voulaient causer, que je retire le drap. Je leur ai dit que j’étais d’accord pour une consultation, qu’ils fassent ouvrir la grille, et ils ont refusé au prétexte qu’ils n’étaient pas toubibs. Puis ils ont essayé de me brancher en répondant au mot que je leur avais fait il y a une semaine. À la fin, je les ai envoyé chier et ils sont partis en disant : « Continuez comme ça et on vous fait hospitaliser ! » Même s’ils n’étaient pas médecins, ça m’a foutu les jetons. Une heure plus tard, à l’heure de la gamelle, ils sont rentrés avec les boucliers alors que j’étais assise sur le lit. Ils m’ont menottée et la chef Michel m’a tripotée pour trouver le briquet qui était dans la poche. (Elle ne l’a même pas trouvé !) Torture : ils faisaient mal exprès pour me faire « avouer où j’avais planqué le briquet ». J’en ai chialé de cette pseudo tournante ! Ils ont tout pris : veste, tabac, godasses, drap et même matelas. Ils sont partis sans me laisser à bouffer. Toute l’après-midi j’ai grelotté en écoutant si le brancard arrivait. Le chef « camarade » est venu me signaler la prévention et le CRI car j’aurais mordu le maton ce matin. Je lui ai redemandé mes affaires, il m’a dit de voir avec un gradé. Le médecin aussi est venu, sans ouvrir la grille malgré ma demande (« C’est non, vu les évènements ! »), je lui ai juste dit que je n’avais eu ni Doliprane ni repas (« Je vais leur signaler »). Ça a duré 30 secondes au plus. Je me demandais ce que je devais faire. J’avais froid et peur, j’étais en colère aussi. Puisqu’ils me privaient de bouffe, j’ai pensé commencer une grève de la faim, mais je suis contre ce mode d’action qui s’apparente à une tentative de suicide. À 18h, ils étaient super nombreux, dont le chef de détention Bacher pour m’apporter la gamelle. (…) Ils ont ouvert pour me rendre le matelas et mis le radiateur en route (mais au minimum). La discussion avec Bacher a été très agressive.
— Je veux mes affaires !
— Tu ne les auras pas et si t’es pas contente, t’as qu’à écrire à l’OIP.
— Et comment je leur écris sans stylo ?!
— Fais pas chier ! T’as mordu un collègue, t’es entre quatre murs et c’est bien fait pour ta petite gueule !
— De toutes façons, j’y suis entre quatre murs, que ce soit ici, en face, ou même en secteur ouvert !
— Et on va t’y faire triquarde si on veut. Tu vas apprendre que c’est pas toi qui décide. En 25 ans de pénitentiaire, j’en ai maté plus d’une, de petite conne comme toi !
(…) J’étais un peu rassurée car le risque d’hospitalisation d’office semblait s’éloigner, mais bien désespérée de passer tout le week-end dans cette cellule encore plus vide qu’une chambre d’isolement en HP… et plus froide. (…) J’ai essayé d’expliquer aux surveillantes que, quels que soient les ordres de la direction, elles devaient me passer mes affaires car c’était la loi. Je leur ai dit, très calmement, qu’après Nuremberg, pour contrer les « J’ai obéi aux ordres », l’armée française avait ajouté un paragraphe qui disait que tout soldat avait le devoir moral de refuser d’obéir à des ordres contraires à la dignité humaine. Elles approuvaient de la tête mais ne m’ont rien donné.
(Puis le chef lui restitue ses affaires petit à petit.) Il a aussi augmenté le radiateur qui souffle maintenant tous les quarts d’heure et mis en route l’allume-cigare. Je lui ai alors rendu le briquet, comme je l’avais promis 24 heures plus tôt. (…)
Dinan a voulu me faire un discours d’apaisement, me disant qu’il savait bien que je n’étais pas folle. N’empêche que ces s… n’ont appliqué la loi que quand ils ont pu voir que je craquais. Ça a du les faire jouir, ces sales m… !

• Dimanche midi : re-salut !

(Christine a reçu son dossier en vue d’un passage au prétoire pour les altercations survenues.)
Le 1er surveillant dit que je l’ai mordu et qu’il a 3 jours d’ITT. Le certificat n’est pas dans le dossier. Et je sais par expérience que ces s… sont capables de se mordre eux-mêmes pour des congés et des dommages et intérêts. J’ai donc demandé par courrier la production d’un certificat et une prise d’empreinte dentaire, bien que je sache que je ne l’obtiendrai pas. En plus il porte plainte. Voilà comment prendre un an de plus ! (…)
Dans le mot à la direction, j’ai aussi parlé des mauvais traitements de jeudi et vendredi, avoisinants à de l’incitation au suicide, et des permis de visites promis et toujours bloqués.

• Lundi 25 mars

(Christine est amenée au prétoire mais ni son avocat, ni son commis d’office ne sont présents.)
J’ai dit à la directice que je considérais cette commission comme illégale puisque mon droit à être assistée n’était pas garanti. Elle m’a dit que la commission aurait lieu quand même et que si je voulais je pouvais retourner en cellule. Là c’est vrai, j’ai crié : « Je ne veux pas retourner en cellule. Je ne veux pas être enfermée, et ce n’est pas la première fois que je le dis ! »
— Bon ! Et vous voulez vous exprimer sur ces faits ?
— Oui je veux m’expliquer devant une commission légale, assistée d’un avocat.
— Alors je vous écoute.
— Cette commission n’est pas légale.
Alors les matons qui étaient dans le couloir sont entrés pour me saisir.
(…) La directrice : si vous n’êtes pas contente, écrivez à la DI ou au batonnier. Moi je vais statuer.
— Non, vous avez la possibilité d’ajourner ce prétoire, pour qu’il se passe dans les règles. (…)
— Les commis d’office ne se déplacent pas pour une seule personne, je n’y peux rien. Alors maintenant, c’est à vous de décider si on vous ramène en cellule tout de suite ou si vous vous expliquez sur l’agression de ce surveillant.
— …
— Ok, emmenez-la !
Ils me sont tombé dessus à 10 et m’ont menottée. Je me débattais (sans une insulte) et mon pull et tee-shirt me sont passés au dessus de la tête. Torse nue, portée par ces gars, alors que je criais « Je n’agresse personne, moi ! », ça avait un côté « la Liberté guidant le peuple », mais ça manquait de témoins pour la postérité ! 🙂
Au mitard, ils m’ont démenottée alors qu’un maton avait un genou sur ma gorge. Je lui ai dit « Retire ton genou de là, je pourrais te mordre » et je me suis pris une baffe. J’ai ensuite essayé de bloquer la porte du sas. L’un a dit : « On la menotte au pied du lit ? », mais ils m’ont glissée dessous et sont arrivés à fermer le sas, comme d’habitude. (…)
La chef Michel m’a demandé si je voulais signer les papiers et je lui ai dit que je voulais d’abord les lire.
— Bon, donc vous venez de prendre 30 jours (de mitard) pour avoir mordu le premier surveillant.
— Je ne l’ai pas mordu !
— Si !
— Non !
— Si !
— Non ! Et j’ai demandé une empreinte dentaire pour confondre ce menteur qui veut des congés et des parties civiles.
— Vous vous rendez compte de ce que vous dites ?
— Parfaitement, et je parle d’expérience.
(…) Dans les motivations de la CDD (Commission de discipline) était écrit : « La détenue ne veut pas répondre aux questions. Elle ne reconnaît pas la CDD au prétexte qu’elle n’a pas d’avocat. Elle déclare n’avoir agressé personne. Les faits sont avérés et constituent une faute du 1er degré. Il convient donc de sanctionner par 30 jours de QD ».
(…) Putain ! Encore trois ou quatre ans comme ça, ça va être long… ! Et ça c’est dans les meilleurs des cas, si je fais attention à ne jamais me défendre de manière efficace lors de leurs démonstrations de force… Nom de dieu comment font les autres taulard(e)s ? Comment tenir debout dans ces conditions ?

• Mardi 9 avril, Bapaume, quartier arrivants

Ce matin à 8h j’ai eu droit au transfert. Il y avait les ERIS, aussi nombreux et équipés que le 15 février. Mais cette fois j’ai eu le droit à un fourgon cellulaire. J’ai donc refusé d’entrer dans la cage avec les menottes (devant) et les entraves, mais je n’ai rien pu faire. L’arrivée ici a été un peu plus calme. Bizarrement, je ne suis ni au QI ni au QD. (…) J’ai déjà rencontré la nana qui a pris une matonne de Joux en otage il y a deux mois. Je vais pouvoir aller en sport et en promenade collective. Je vais commencer par fêter ça avec une sieste et un coca devant la télé, quel confort ! Je vous tiens au jus de l’évolution, à bientôt.

Christine

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[Mort aux El-Assad et à tous leurs complices !] « Nous mangerons vos cœurs et vos foies, vous les soldats du chien Bachar »

Syrie : l’une des vidéos les plus atroces du conflit postée sur Internet

Sur ce document, un rebelle syrien est filmé en train d’arracher le cœur et le foie d’un soldat mort. Membre d’un groupe rebelle, il a déjà été repéré dans plusieurs attaques.

Des « atrocités choquantes », mais qui résultent de la non-application du droit international. C’est ainsi qu’a réagi l’ONG Human Rights Watch (HRW) en découvrant une vidéo violente postée dimanche sur Internet par un groupe de rebelles syriens. On y voit un combattant mutiler un soldat pro-gouvernement, ouvrir son corps et en extraire le foie et le cœur. L’homme qui effectue cette mutilation déclare : « Je promets à Dieu que nous mangerons vos cœurs et vos foies, vous les soldats du chien Bachar », avant de porter le cœur à sa bouche.

Cette vidéo, diffusée par un groupe présent sur Internet sous le nom de Syrian Truth, est l’une des plus atroces diffusées au cours des deux années de conflit en Syrie, d’après la BBC. HRW l’a signalée sur son site, et explique avoir identifié l’homme visible sur la vidéo.

Il s’agirait d’Abu Sakkar, un membre d’un groupe connu sous le nom de la Brigade indépendante Omar al-Farouq. Son nom est prononcé par la personne qui filme la scène. L’ONG a par ailleurs comparé cette vidéo avec d’autres films diffusés auparavant sur Internet lors d’attaques. Elle confirme qu’il s’agit sans doute du même homme, identifié comme Abu Sakkar. Son vrai nom serait Khalid al-Hamad.

Une violation du droit international

D’autres vidéos postées par la Brigade indépendante Omar al-Farouq le font apparaître, portant la même veste que dans la scène de mutilation, en train de charger un lance-roquettes. Le magazine Time explique dans un article publié lundi que deux de ses journalistes avaient déjà vu cette vidéo en avril, en présence de plusieurs soutiens d’Abu Sakkar et notamment son frère. Tous ont déclaré la vidéo authentique.

HRW rapporte que la Brigade indépendante Omar al-Farouq a été formée en octobre 2012, selon son site internet. Elle inclut des combattants du quartier de Baba Amr à Homs et des zones rurales au sud de la ville.

L’ONG américaine souligne le fait que de tels actes violent le droit international, qui « interdit toute mutilation de corps morts » et que les lois encadrant la guerre doivent être respectées par les deux parties impliquées dans le conflit. D’après la Cour pénale internationale « “l’outrage envers la dignité de la personne” est un crime de guerre, ce qui inclut l’humiliation, la dégradation, ou d’autres violations de la dignité d’un corps mort », rappelle HRW, pour qui l’opposition syrienne doit agir contre ces violences.

Leur presse (LeFigaro.fr, 14 mai 2013)

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[Grève des mineurs de Lonmin à Marikana] « Nous sommes en train de chanter et nous rendre à la colline »

Afrique du Sud : grève des mineurs de Marikana après l’assassinat d’un syndicaliste

Les mineurs sud-africains du groupe britannique Lonmin ont débrayé mardi, interrompant la production de platine à la mine de Marikana près de Rustenburg (nord), en pleine tension sociale après l’annonce de licenciements dans un autre grand groupe minier et l’assassinat d’un syndicaliste.

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La mine de platine Lonmin de Marikana le 21 août 2012 en Afrique du Sud

« Les activités de Lonmin sont suspendues ce matin (mardi) en raison d’un débrayage illégal », a déclaré Sue Vey, porte-parole du groupe Lonmin, implanté dans la « ceinture du platine » à une centaine de kilomètres au nord de Johannesburg.

Marikana a été le théâtre en août dernier d’une longue grève meurtrière qui a fait tâche d’huile et perturbé pendant quatre mois la plupart des mines, secteur clé de l’économie sud-africaine.

« Les raisons exactes de cet arrêt de travail ne sont pas connues », a ajouté Mme Vey, en précisant que les 13 puits de Lonmin étaient à l’arrêt : « Les salariés se sont présentés au travail mais ne sont pas descendus sous terre. »

« Nous sommes en train de chanter et nous rendre à la colline » proche de la mine de Marikana où la police avait abattu 34 grévistes le 16 août 2012, a indiqué à l’AFP Molisi Phele, un mineur en grève joint par téléphone.

Selon lui, les mineurs sont furieux que leur entreprise continue de tenir compte du Syndicat national des mineurs (NUM, historiquement proche de l’ANC) alors qu’il a été supplanté par Amcu, un syndicat plus récent et plus radical.

Selon un pointage rendu public par la direction jeudi, Amcu représente désormais 70% des mineurs de Lonmin, contre 20% pour le NUM.

« Les travailleurs ne redescendront pas sous terre tant qu’ils n’auront pas une réponse correcte ou que les bureaux du NUM n’auront pas été fermés », a précisé Molisi Phele.

« Il y a de la violence et des intimidations. Ils chantent et dansent, et ont bloqué des routes. Les voitures doivent faire demi-tour, ça ne sent pas bon », a indiqué Mxhasi Sithethi, coordinateur du NUM dans la région de Rustenburg. « Ils font du bruit pour demander que les bureaux du NUM soient fermés et manifestent près des bureaux du NUM », a-t-il ajouté.

Selon le quotidien économique Business Day, les syndicalistes d’Amcu se plaignent aussi d’avoir été tenus à l’écart des discussions concernant le plan social annoncé vendredi par le numéro un mondial du platine Anglo American Platinum (Amplats). Ce plan prévoit la suppression de 6.000 emplois, essentiellement dans le bassin de Rustenburg à une quarantaine de kilomètres de Marikana.

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Au cours du week-end, le coordinateur régional d’Amcu Mawethu Steven, dit aussi « Steve », a été abattu par des inconnus alors qu’il regardait un match de foot dans une taverne, et deux autres hommes ont été tué par balles par des individus disant rechercher un autre syndicaliste appartenant au NUM.

Le syndicaliste abattu devait témoigner devant la commission d’enquête sur les violences de l’an dernier, qui poursuit ses auditions depuis plusieurs mois à Rustenburg pour faire la lumière sur les circonstances de la tuerie de Marikana.

Le 16 août 2012, la police a ouvert le feu et abattu 34 mineurs en grève devant l’enceinte du groupe Lonmin dont les foreurs s’étaient mis en grève pour obtenir de meilleurs salaires, la pire fusillade policière depuis la fin de l’apartheid.

Lundi, Amcu avait lancé un appel au calme alors que la tension est vive depuis samedi dans la région. Des heurts ont opposé la police à des habitants d’un bidonville aux portes de la mine de Marikana dimanche soir.

Presse esclavagiste (LeFigaro.fr avec l’Agence Faut Payer, 14 mai 2013)

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[ACAB] « Des chants de guerre plutôt que des refrains de victoire »

PSG – Paris : violences au Trocadéro, pourquoi c’est (très) grave

Derrière les hooligans se cachaient des « jeunes » venus de tous les horizons qui n’avaient rien à faire là. Et s’ils préparaient le « grand soir » ?

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Photo prise lundi soir au Trocadéro, à Paris.

Sans préjuger de l’enquête en cours, il y a deux interprétations possibles des événements qui ont gâché lundi soir la remise officielle du titre de champion de France 2012-2013 au PSG. La première fait peser la faute sur les supporteurs. Les ultras chassés du Parc des princes sous la présidence de Robin Leproux afin de rendre possible une cession du club aux Qatariens se seraient vengés. Aidés de quelques casseurs professionnels et avinés, ils ont rappelé au propriétaire du club qu’ils existaient et que bien qu’interdits de stade, il fallait compter sur eux pour changer l’or en plomb.

La deuxième interprétation dédouane les instances dirigeantes, mais elle est plus inquiétante. Beaucoup plus inquiétante. Elle reprend une thèse maintes fois évoquée notamment par Éric Zemmour ou Alain Finkielkraut, celle de ces hordes provenant des banlieues qui, un jour, débarqueraient dans les villes. Les (graves) incidents de lundi ne seraient que la répétition générale de ce grand soir qui terrorise tout le monde. Une jeunesse découragée, humiliée, sans espoir ni perspective que de se rappeler bruyamment au mauvais souvenir de la classe politique, rode une lutte finale pour rappeler qu’elle existe, qu’elle est parquée en banlieue et que rien n’y personne n’a pu lui redonner foi en la vie et en l’avenir. Elle y ajoute un discours d’exclusion et des slogans revanchards. Des témoins et des images montrent déjà des drapeaux algériens, marocains, tunisiens brandis par des « supporteurs » qui préféraient entonner des chants de guerre plutôt que des refrains de victoire.

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Des interdictions qui marginalisent un peu plus les supporteurs

La version hooliganisme des violences du Trocadéro se soldera par des mises en examen et quelques incarcérations parmi les 21 personnes interpellées. Elle s’accompagnera d’un contrôle encore plus sévère des accès au Parc des princes et sans doute par des interdictions de garnir les gradins du Kop de Boulogne ou de celui d’Auteuil. On jugera tout cela suffisant, oubliant que pour beaucoup de ces jeunes, le football est un exutoire, presque une raison de vivre, et que les interdire de stade constitue une vexation, une humiliation supplémentaire, et contribue un peu plus encore à les marginaliser.

La version « crise des banlieues » est évidemment effrayante et annonce des lendemains dramatiques. Personne ne veut y croire, et le débordement des forces de l’ordre, l’incapacité des renseignements généraux à anticiper ces violences pourtant probables montrent à quel point Paris et la France n’ont pas mesuré qu’un tel scénario n’est pas une fiction, mais est entré dans le champ des possibles.

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On reparlera souvent de cette triste soirée du 13 mai 2013. Soirée au cours de laquelle les Qatariens ont voulu montrer au monde entier que Paris était à eux. Que c’étaient eux autant que Beckham, Ibrahimovic et Ancelotti qui avaient apporté un titre de champion à la ville lumière. La mise en scène de leur victoire au pied de la tour Eiffel, puis la descente de la Seine devaient offrir des images en mondovision. Piteusement, BeIn Sport et Al Jazeera, leurs chaînes de télévision à rayonnement mondial, ont dû interrompre leur direct. Ils ont frôlé le ridicule et écorné une image qu’ils construisent à coups de milliards de dollars. Si ce n’est que cela, c’est un moindre mal…

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Presse versaillaise (Jérôme Béglé, LePoint.fr, 14 mai 2013)

 

Affrontements entre ultras et CRS, autocar pillé au pied de la tour Eiffel, voitures et vitrines vandalisées : de violents incidents ont gâché lundi les cérémonies au Trocadéro pour le troisième titre de champion de France du Paris SG, provoquant une polémique sur le dispositif de sécurité mis en place. Devant l’ampleur des incidents qui ont débordé sur les Champs-Élysées, le club et son parraineur Nike ont annulé « pour des raisons de sécurité » la mini-croisière que devaient faire les joueurs sur la Seine pour exhiber leur trophée aux supporteurs.

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« Il n’y aura plus de manifestation festive sur la voie publique pour le PSG », a déclaré ensuite le préfet de police de Paris, Bernard Boucault, dressant un bilan de 30 blessés, dont 3 membres des forces de l’ordre, et 21 interpellations pour jets de projectiles et dégradations. Le calme n’est revenu qu’après minuit sur les Champs-Élysées, où des débordements avaient déjà éclaté la nuit précédente après la victoire du PSG à Lyon (1-0), synonyme de premier titre de champion pour le PSG depuis 1994. Ils avaient déjà entraîné 21 interpellations, 3 gardes à vue et 16 blessés parmi les forces de l’ordre, selon une source policière.

Perfusion devant le Fouquet’s

Sur la célèbre avenue jonchée de verre brisé, de nombreux commerces et restaurants ont fermé prématurément, à l’image du Fouquet’s, devant lequel la Croix-Rouge posait une perfusion à une personne blessée. Le calme était revenu un peu plus tôt sur la place de Trocadéro, rouverte à la circulation vers 21 heures, même si, en contrebas, des supporteurs continuaient alors à faire face aux forces de l’ordre sur le pont menant à la tour Eiffel, où certains ont même pillé un autobus de touristes, selon des images de télévision. Peu avant minuit, le PSG a déploré que la fête ait été « gâchée par quelques centaines de casseurs qui n’ont rien à voir avec le football ». « C’est la faute aux ultras, on n’a pas eu le droit à notre fête à cause d’eux », ont regretté des supporteurs en quittant le Trocadéro, où 10’000 à 15’000 personnes avaient pris place au plus fort du rassemblement, selon la préfecture de police.

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VOIR LA VIDÉO

Des journalistes de l’AFP ont vu du mobilier urbain vandalisé, trois cafés aux vitrines brisées, un abribus cassé et plusieurs voitures endommagées aux abords de la place du Trocadéro. Après la remise du trophée, plusieurs centaines de supporteurs, répartis en différents groupes, ont lancé des barrières de sécurité ou du verre pilé sur des CRS, qui ont répliqué en jetant des grenades assourdissantes. Les premiers incidents avaient éclaté vers 18h20 avec des jets de fumigènes sur les stewards du club, puis des supporteurs avaient escaladé un échafaudage installé le long du palais de Chaillot, retardant les festivités. Peu après, pendant que les joueurs en costume recevaient leur trophée en quatrième vitesse, les perturbateurs ont déployé une banderole « Liberté pour les ultras », en référence à la politique de sécurisation du Parc des Princes mise en place il y a trois ans par le précédent président du PSG, Robin Leproux (2009-2011), en réaction à de nombreux débordements. Les joueurs ne sont finalement restés que cinq minutes sur le podium, sans s’adresser à la foule qui a aussi envahi la tribune réservée à la presse, avant de regagner le Parc des Princes où ils ont passé la soirée. (…)

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LIRE LE COMMUNIQUÉ DES ULTRAS

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Superette vandalisee. « Ils etaient 40 » dit une cliente

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Publié par le savoir-faire français (Agence Faut Payer via LePoint.fr, 14 mai 2013)

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[Quanzhou, Fujian] Serait-ce le devenir des policiers partout ?

Chine : un policier capturé et ligoté par des paysans

Malgré la censure, les photos font le tour du Net chinois. Des paysans en colère dans la province du Fujian pour protester contre la saisie de terrains agricoles se sont emparés d’un policier anti-émeutes, lui ont ligoté les mains, avant qu’il ne soit tiré par une femme.

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« La photo montre un policier anti-émeutes aux mains d’une paysanne qui s’en va l’échanger contre 13 paysans qui ont été interpellés »

Un post relatant l’affaire, qui s’est produite dans la ville de Quanzhou, a été l’un des plus diffusés lundi 13 mai. Il a été publié par Kong Zhiyong, un responsable d’une usine de créamique. Selon lui, près d’un millier de villageois ont repoussé la police et les autorités locales à coups de pierres, mécontents d’avoir été privés de leurs terres pour laisser la place à une raffinerie. « La photo montre un policier anti-émeutes aux mains d’une paysanne qui s’en va l’échanger contre 13 paysans qui ont été interpellés », écrit M. Kong.

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Une vidéo des affrontements, tirée des sites chinois, circule également (visible ici sur YouTube) :

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VOIR LA VIDÉO

Chaque année, des milliers d' »incidents de masse » se produisent dans les campagnes chinoises. Nombre d’entre eux sont dus aux expropriations, même si ces dernières années les autorités centrales se sont engagées à les encadrer pour éviter les débordements.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (François Bougon, blog du Monde.fr « L’empire Weibo », 13 mai 2013)

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[Bangladesh] Lock-out de la zone industrielle d’Ashulia suite à l’agitation ouvrière

Bangladesh : des centaines d’usines textiles fermées

L’Association des fabricants et exportateurs de textile a pris cette décision après des « agitations » d’ouvriers provoquées par l’effondrement d’un immeuble à Dacca.

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Des centaines d’usines du secteur textile au Bangladesh vont devoir fermer pour une durée indéterminée après des « agitations » d’ouvriers provoquées par l’effondrement d’un immeuble qui abritait des ateliers de confection, a annoncé lundi [13 mai] le principal organisme de la profession. « Toutes les usines de la zone industrielle d’Ashulia vont fermer pour une durée indéterminée à partir de mardi [14 mai] à cause de l’agitation de la main-d’œuvre », a déclaré à l’AFP Shahidullah Azim, le vice-président de l’Association des fabricants et exportateurs de textile. « Nous avons pris cette décision pour assurer la sécurité de nos usines », a-t-il ajouté.

Cette zone industrielle, située à une trentaine de kilomètres de Dacca, regroupe les usines comptant parmi les plus importantes du pays qui sont au nombre de 4500. Selon Shahidullah Azim, il n’y a eu « pratiquement aucun travail » dans ces usines au cours des deux dernières semaines après le début de manifestations d’ouvriers en colère contre les conditions de travail et de sécurité. Selon le chef de la police d’Ashulia, Badrul Alam, la zone industrielle abrite environ 500 usines, dont une centaine d’usines-clés de confection pour des marques occidentales telles que l’américain Walmart, le suédois H&M, l’espagnol Inditex et le français Carrefour.

Deuxième exportateur au monde de vêtements

« Dans 80 % des usines, les ouvriers ont débrayé aujourd’hui (lundi) pour demander des hausses de salaire », a indiqué Shahidullah Azim à l’AFP, précisant qu’ils réclamaient aussi l’exécution du propriétaire de l’immeuble qui s’est effondré, faisant 1127 morts. Dimanche, une ouvrière a été retrouvée morte dans une usine, a-t-il ajouté, ce qui a alimenté la colère du personnel affirmant qu’il s’agissait d’un meurtre. La police soupçonne, elle, un suicide après une « affaire de cœur ».

L’effondrement d’un immeuble de neuf étages le 24 avril à Savar, dans la banlieue de Dacca, est la pire tragédie industrielle du pays. Le Rana Plaza abritait cinq ateliers de confection et employait plus de 3500 ouvriers du textile parfois payés moins de 40 dollars par mois. Des ouvriers avaient signalé la veille du drame des fissures sur le bâtiment, mais leurs responsables leur avaient demandé de reprendre le travail.

Le Bangladesh est le deuxième exportateur au monde de vêtements en raison de la modicité des salaires et d’une main-d’œuvre abondante. Ce secteur-clé de l’économie, qui génère 29 milliards de dollars par an, représentait l’an dernier 80 % des exportations du pays. Mais les conditions de travail et les normes de sécurité dans cette industrie sont dénoncées depuis des années par les ONG et la tragédie du Rana Plaza a relancé les vives critiques sur ces « ateliers de la misère ».

Presse esclavagiste (Agence Faut Payer via LePoint.fr, 13 mai 2013)

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Nantes antifasciste

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[Chronique de Youv derrière les barreaux] « La prison a eu raison et la raison de mes gars sûrs, souvenir inestimable dans notre bulle le monde appartenait à mes sosses et moi no limite, on n’avait pas besoin de faire le service militaire dans nos rues on était en guerre depuis le bac à sable »

http://juralib.noblogs.org/files/2012/09/0513.jpg[12 juillet 2012]
Gardien de mon frère

Mes meilleurs poteaux ont perdu la raison en zonzon je ne peux pas faire le deuil de mes deux soldats ils ont préféré tout oublier pour ne pas donner de nom, en oubliant tout, ils ont fini par s’oublier eux-mêmes, un bug cérébral dans cet univers carcéral, sentiment indescriptible, impuissant comme face à son destin.

On dit qu’on ne choisit pas sa famille et ses frères, pourtant moi je l’ai fait, des vrais guerriers qui ne reculent jamais devant aucune équipe de zoulous, prêts à faire un massacre si l’un de nous était testé.

La prison a eu raison et la raison de mes gars sûrs, souvenir inestimable dans notre bulle le monde appartenait à mes sosses et moi no limite, on n’avait pas besoin de faire le service militaire dans nos rues on était en guerre depuis le bac à sable.

Treillis Lacoste, je vous parle d’un temps que les moins de 25 ans ne peuvent soupçonner, on vise la Lune avec des fusils de chasse des cojones de taureau dans le sac à dos.

Je m’en veux parfois d’avoir survécu à la prison, cerveau intact malgré dix ans d’impact, on s’était promis de toujours veiller l’un sur l’autre jusqu’à que la mort nous sépare, des murs nous ont séparés, ce n’était pas prévu au programme, pourtant la taule nous avaient prédit les fonctionnaires de l’Éducation nationale.

Il vaut mieux vivre un jour comme un lion que cent comme un mouton, ce dicton pue la réalité ma plume rend hommage à des hommes d’honneur, même avant une vendetta ils se prosternaient devant Allah.

Dix ans déjà du fin fond de ma cellule, je garde une pensée pour mes éternels soldats.

Un homme ne s’accomplit que à travers les siens.

[La Chronique de Youv derrière les barreaux est disponible en téléchargement gratuit sur le site des Éditions Antisociales. Elle est à suivre sur le compte Facebook dédié.]

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[Do it yourself] Détourner l’électricité

Un bidonville sud-africain défend son « droit » à détourner l’électricité

La semaine dernière, les habitants de Kliptown, un bidonville de Johannesburg, se sont soudainement retrouvés sans électricité. La police et des représentants des compagnies d’électricité avaient, en effet, décidé de retirer les câbles que les résidents avaient illégalement installés pour détourner le courant vers leur bidonville. Les habitants ne se sont pas laissés faire.

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Affrontements dans le bidonville de Kliptown. Photo prise par Thabo Mbhele le 7 mai.

Mardi [7 mai] et mercredi [8 mai] derniers, les habitants du bidonville de Kliptown ont lancé des pierres, des pneus enflammés et des déchets sur la voie ferrée qui sépare la zone la moins développée du bidonville d’une zone voisine, un peu plus prospère, qui a accès à l’électricité. Ils reprochent au gouvernement de ne pas construire d’infrastructures permettant l’accès à l’eau et à l’électricité, ne leur laissant d’autre choix que de détourner le courant d’autres quartiers.

Contactée par France 24, la City Power Johannesburg (CPJ), le fournisseur d’électricité de la zone, explique que ce détournement est à l’origine de nombreuses coupures électriques chez ses clients. La compagnie souligne également qu’installer soit même des câbles électriques peut être très dangereux : en mars 2013, à Khayektsha, un bidonville du Cap, deux enfants sont morts électrocutés après avoir marché sur un câble électrique détourné.

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Manifestants à Kliptown, photo prise par Thabo Mbhele, le mardi 7 mai.

« J’ai commencé à fuir et, ensuite, les policiers ont tiré à balles réelles dans ma direction »
Thabo Mbhele, 21 ans, est un étudiant qui a toujours vécu à Kliptown. Il a filmé et pris des photos de la manifestation.

Je me suis trouvé derrière le rang de la police alors que les manifestants étaient de l’autre côté. Les habitants étaient en train de repousser les policiers, qui se sont du coup dirigés dans ma direction. J’ai commencé à fuir, et ensuite, ils ont tiré dans ma direction à balles réelles. Je ne sais pas pourquoi ils ont fait ça car aucun manifestant n’était autour de moi. Je sais ce qu’est une vraie balle mais je sais aussi que la police réfutera [la police locale a affirmé à FRANCE 24 que ses éléments ainsi que les agents de sécurité de Metrorail ont seulement utilisé des balles en caoutchouc. Metrorail a en revanche ouvert une enquête sur l’utilisation d’armes à feu par les manifestants].

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Photo d’un policier avec des armes à balles en caoutchouc, prise par Thabo Mbhele le 7 mai.

Je n’ai pas pu prendre de photo de la balle ou du policier en question car j’étais en fuite, j’avais peur. S’ils m’avaient attrapé, ils auraient pris mon appareil photo et effacé les preuves. Mais lors de manifestation, la police n’a pas le droit de tirer à balles réelles.

L’hiver vient juste de commencer et il fait froid. Comment osent-ils nous couper le courant comme ça ! Les gens vivent dans des maisons en tôle. Aucune communauté ne mérite de vivre sans électricité. Le gouvernement ne fait rien pour nous, les projets d’aménagement sont ‘en cours’. Les autorités nous ont rabâché cela pendant des années mais rien n’a été fait pour autant. Les gens ont donc décidé de se fournir eux-mêmes en électricité.

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« Les manifestations ont cessé car les gens sont déjà occupés à chercher de nouveaux câbles »

À présent que nous n’avons plus d’électricité, nous utilisons de la paraffine ou des réchauds à gaz pour cuisiner et faire bouillir l’eau du bain. La nuit dernière, j’ai étudié à la lueur de la bougie. Pour nous réchauffer, nous utilisons des gros pots de peinture en métal dans lesquels nous faisons brûler du charbon et du bois.

Il y a environ six ans que les gens ont commencé à détourner l’électricité. Avant, seules deux bâtiments avaient légalement le courant : le centre de jeunesse ‘Sky’ et une petite communauté religieuse. Maintenant, avec les câbles détournés, presque tout le monde est alimenté. Les gens ont des réfrigérateurs, des micro-ondes, et regardent la télévision en couleurs. Avant cela, nous utilisions des batteries de voiture pour regarder la télévision et ce n’était pas assez puissant donc nous n’avions que du noir et blanc.

Les manifestations ont cessé mercredi car les gens sont maintenant en quête de nouveaux câbles afin de se reconnecter au circuit. Il n’y a aucun intérêt à continuer à manifester, les gens veulent des solutions. Je nous donne une semaine avant d’avoir à nouveau du courant !

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Manifestants à Kliptown le 7 mai, prise par Thabo Mbhele le 7 mai.

Leur presse (Thabo Mbhele / Cet article a été écrit avec la collaboration de Claire Williams, journaliste FRANCE 24, 10 mai 2013)

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[« Antiterrorisme »] Quand la France sous-traitait la torture aux services syriens, parce qu’ils savaient si bien « faire la différence entre les résistants et les terroristes »

France : un islamiste algérien assigné à résidence prend la fuite

LE PUY-EN-VELAY – Un militant islamiste algérien, Saïd Arif, assigné à résidence depuis octobre 2012 dans le centre de la France, a pris la fuite, vraisemblablement samedi soir à bord d’une voiture volée, a-t-on appris dimanche auprès du procureur du Puy-en-Velay, Jacques Louvier. (…)

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Saïd Arif, qui avait déjà été condamné en 2012 à six mois de prison pour violation d’un précédent arrêté d’assignation à résidence, après avoir fui en Suède, devait se signaler à la gendarmerie quatre fois par jour entre 9H00 et 19h00, sept jours sur sept, a précisé à l’AFP une source policière.

Le fait de violer un arrêté de cette nature (d’assignation à résidence, ndlr) est une infraction pénale passible de trois ans emprisonnement, a rappelé M. Louvier à l’AFP. (…)

Arrêté en 2004 en Syrie et expulsé vers la France, il avait été condamné à dix ans de prison assortis d’une interdiction définitive du territoire français pour appartenance à une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste avec d’autres membres d’un réseau de filières de recrutement de combattants en Tchétchénie.

Ce djihadiste aguerri, comme l’avait qualifié le ministère de l’Intérieur en 2004, avait été poursuivi pour avoir projeté des attentats en France en 2001-2002, en particulier à la Tour Eiffel.

À sa sortie de prison en décembre 2011, la Cour européenne des droits de l’homme avait suspendu l’expulsion de Saïd Arif vers l’Algérie, au motif qu’elle l’exposerait à un risque de tortures et d’autres traitements inhumains ou dégradants.

Par ailleurs, la justice française a ouvert en avril à son encontre une enquête pour apologie de crime terroriste, à la suite de déclarations faites dans la presse le 21 mars selon lesquelles les attentats suicide ayant une dimension économique sont le meilleur moyen de lutte pour les islamistes. Il avait ajouté : Avec une voiture piégée, vous tuez 150 à 200 personnes.

Dans cette affaire, il devait être entendu mardi par la police.

Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a estimé dimanche que Saïd Arif était incontestablement un individu dangereux, assurant  que tout sera fait pour le retrouver.

Communiqué officiel de la DCRI (Agence Faut Payer, 12 mai 2013)

 

[Pour rappel :]
État des lieux
Politique anti-terroriste française à la lumière du cas Saïd ARIF
Svenska Helsingforskommittén för mänskliga rättigheter  
Swedish Helsinki Committee for Human Rights
STOCKHOLM
SEMINAIRE
16 & 17 Novembre 2005

Par Karyn Agostini-Lippi

Depuis la Loi du 9 septembre 1986 sur la centralisation des personnels et compétences judiciaires en matière de terrorisme sur Paris [Loi n° 86-1020 : spécialisation des magistrats, centralisation parisienne des enquêtes, poursuites et jugements, rapprochement des activités de la PJ et de la DST], l’arsenal législatif instaurant un régime exorbitant du droit commun n’a cessé de se développer au détriment des libertés publiques et individuelles. La loi du 22 juillet 1996 a créé la notion large et donc imprécise d’« association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » avec un temps de garde à vue augmenté, des tribunaux et des peines spécifiques. La loi du 30 décembre 1996 a, pour sa part, autorisé les perquisitions de nuit. Quant à la loi du 15 novembre 2001 sur la sécurité quotidienne, elle a permis d’intégrer aux textes antérieurs tout d’abord les trafics d’armes et de stupéfiants [avec renforcement des contrôles d’identité, des visites de véhicules, des perquisitions domiciliaires, des fouilles de bagages et des palpations de sécurité] et ensuite l’usage des nouvelles technologies de l’information et de la communication [avec l’obligation pour les fournisseurs d’accès Internet de conserver et de mettre à disposition les données personnelles de leurs clients]. À présent, un nouveau renforcement des infractions terroristes est attendu par le biais d’un avant-projet qui est axé sur la vidéosurveillance, la conservation des données Internet en cybercafés et des données téléphoniques, le contrôle accru des déplacements notamment vers les pays dits « à risques », l’accès aux fichiers administratifs, l’augmentation et la centralisation des peines, la déchéance de nationalité et le gel des avoirs.

Bien que toutes les tentatives pour définir au plus haut niveau ce qu’est le « terrorisme » aient jusqu’à présent échoué, la France s’est dotée en son article 421-1 du Code Pénal d’une définition qui lui est propre où sont listés les actes constitutifs de terrorisme. [« Constituent des actes de terrorisme, […] les atteintes volontaires à la vie, les atteintes volontaires à l’intégrité de la personne, l’enlèvement et la séquestration ainsi que le détournement d’aéronef, de navire ou de tout autre moyen de transport, […] ; les vols, les extorsions, les destructions, dégradations et détériorations, ainsi que les infractions en matière informatique […] ; les infractions en matière de groupes de combat et de mouvements dissous […] ; la fabrication ou la détention de machines, engins meurtriers ou explosifs […] ; la production, la vente, l’importation ou l’exportation de substances explosives […] ; l’acquisition, la détention, le transport ou le port illégitime de substances explosives ou d’engins fabriqués à l’aide desdites substances […] ; la détention, le port et le transport d’armes et de munitions […] ; le recel […] ; les infractions de blanchiment […] ; les délits d’initié […]. »]

Cependant, même si toutes ces énonciations concourent indéniablement à démontrer qu’il existe une restriction plus qu’inquiétante des libertés fondamentales des individus, on ne peut en prendre toute la mesure qu’à la lumière d’une situation vécue. C’est pourquoi j’ai choisi, aujourd’hui, de vous présenter les trois phases de l’application des lois anti-terroriste (l’instruction, le jugement et l’exécution de la peine) en envisageant la politique française en la matière à la lumière du cas Saïd ARIF.

Monsieur ARIF, dont l’épouse est suédoise, est un citoyen algérien actuellement en détention provisoire en France. Il est interrogé depuis plus d’un an par le juge d’instruction Jean-Louis BRUGUIÈRE dans le cadre d’une procédure d’« association de malfaiteur en relation avec une entreprise terroriste ». Sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par les autorités françaises, il est resté emprisonné durant presque une année en Syrie avant d’être extradé vers la France.

Il paraît à présent probable qu’il sera bientôt renvoyé devant la juridiction compétente pour y être jugé.

I – La phase d’instruction

Cette phase se divise en deux temps : l’arrestation et la garde à vue, puis la mise en examen avec détention provisoire ou remise en liberté sous contrôle judiciaire.

En matière de terrorisme, cette phase est soumise à des règles qui réduisent légalement les droits individuels.

A – Arrestation et garde à vue

Selon un communiqué officiel, en date du 17 juin 2004, Dominique de Villepin, à l’époque Ministre de l’Intérieur, confirmait l’arrestation de Saïd ARIF, alias Slimane CHABANI, alias Abderrahmane.

Ainsi, dès sa descente d’avion, en provenance directe de Syrie, Mr ARIF se voyait notifier par les agents de la DST qui l’avaient réceptionné à Damas, du mandat d’arrêt international dont il faisait l’objet. Il était alors immédiatement conduit devant le magistrat instructeur, Jean-Louis Bruguière.

1) Mandat d’arrêt

Selon la coutume de réciprocité, l’application d’un mandat d’arrêt international implique l’extradition par le pays où elle se trouve de la personne recherchée. Cependant, l’existence d’un accord bilatéral ou multilatéral d’extradition demeure la base du système.

Il n’existe aucun accord de ce type liant la France et la Syrie. Il faut donc se poser la question évidente : quelle a été la base de négociation entre la Syrie et la France pour que cette dernière obtienne l’extradition de M. ARIF ? Cette information n’a pas été divulguée et il semble probable qu’elle ne le sera jamais. Tout ce qui a filtré sur le sujet est que « quelques semaines auparavant le juge Bruguière s’était rendu discrètement en Syrie en vue de son extradition, suivi de près par le ministre de l’Intérieur, Dominique de Villepin ».

M. Bruguière aurait négocié cet accord avec le général Assef Chaoukat, beau-frère du président Bachar el-Assad et actuel chef des renseignements militaires syriens.

Mais ce n’est pas la seule ombre qui existe concernant cette extradition qui a eu lieu presque un an après l’arrestation de M. ARIF en Syrie, le 12 juillet 2003. En effet, alors que les autorités françaises déclarent que « l’identification de Saïd ARIF a été rendue difficile par le fait qu’il était en possession de faux papiers marocains », M. ARIF quant à lui affirme dans une correspondance privée qu’« un dossier était prêt avec des informations venant de France et même une photographie de lui dans un album photo de la DST. [Que] régulièrement, il a vu des pages de renseignements en langue française accompagnées de traductions en arabe et portant le cachet de l’Ambassade syrienne à Paris. [Qu’à partir de] janvier 2004 ils lui avaient offert de l’envoyer au Maroc par deux fois puis en Malaisie mais toujours en transitant par Paris. [Qu’]en mai 2004, la France a envoyé une commission rogatoire accompagnée d’informations complémentaires. [Qu’]il a été amené devant un procureur où, à sa grande surprise, il a été accusé de choses hallucinantes (détournement d’avion, meurtre, transport d’explosifs, de poisons, … même de l’attentat du train à Madrid alors même qu’il était à l’époque déjà incarcéré). [Qu’ayant] clamé son innocence et demandé à voir un avocat avant le procès, il avait été ramené au quartier général des services secrets et non pas en prison. [Que] tandis qu’il attendait son procès afin de pouvoir se défendre, il avait été emmené à l’aéroport où la DST française l’attendait avec un vol spécial. [Que] l’extradition s’était faite avant même qu’il ait vu le procureur. »

2) Garde à vue de 96h

Le 17 juin 2004 M. ARIF arrive donc en France où il est immédiatement mis en garde à vue et amené pour interrogatoire devant le Juge d’Instruction Bruguière.

Selon l’article 706-88 du Code de Procédure Pénale, la garde à vue est de 24 heures renouvelables deux fois, la personne concernée devant bénéficier d’une visite médicale avant la première prolongation et pouvant rencontrer un avocat à l’issue de la 48e heure puis de la 72e. Cependant, en matière de trafic de stupéfiants et d’affaires de terrorisme [Art. 706-73, 3° & 11° du Code de Procédure Pénale], les règles sont dérogatoires et plus sévères : la garde à vue peut se prolonger durant 96 heures au lieu de 72 et la personne concernée ne pourra rencontrer un avocat qu’à l’issue des 72 premières heures.

À l’issue de la garde à vue, la personne sera soit remise en liberté après audition et son affaire classée sans suite, soit mise en examen ; elle sera alors soit placée en détention provisoire soit libérée sous condition.

En ce qui concerne M. ARIF, la garde à vue n’a apparemment pas dépassé les 24h, puisque à l’issue de sa première audition il a été mis en examen pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » et écroué.

On peut donc en conclure qu’il n’a pu bénéficier à ce moment-là d’un examen médical alors qu’il était extradé d’un pays reconnu par toutes les organisations de protection des Droits de l’Homme comme pratiquant couramment la torture et que le journaliste d’Associated Press ayant assisté à son débarquement a affirmé qu’il avait les « traits tirés ».

En l’occurrence, le cas de M. ARIF n’a rien d’exceptionnel puisque M. Djamel BEGHAL, extradé des Émirats Arabes Unis le 1er octobre 2001 où il a témoigné avoir été torturé, a subi un interrogatoire de 14 heures d’affilée devant le juge Bruguière dès son arrivée après 18 heures de vol, effectuées debout, les mains attachées au-dessus de la tête, avant d’être mis en examen, lui aussi, pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » et écroué. Il avait alors perdu 30 kg.

B – Mise en examen

Depuis la loi du 15 janvier 2000 sur la présomption d’innocence, applicable au 1er janvier 2001, la question de la détention provisoire est désormais confiée au Juge des Libertés et de la Détention et non plus au Jude d’Instruction. Le recours se fait devant la Chambre de l’Instruction de la Cour d’Appel.

Or, si de prime abord cette loi semble vouloir protéger la personne mise en examen en scindant les pouvoirs d’instruction et de mise sous mandat de dépôt, il apparaît évident, après 5 ans de pratique, que rares sont les occasions où, en matière de terrorisme, le Juge des Libertés et de la Détention ne suit pas l’avis du Juge d’Instruction et que même dans ces cas, la Chambre de l’Instruction suit l’avis du Juge des Libertés et de la Détention. Il suffit pour s’en convaincre de se pencher sur le cas de M. Ridouane KHALID qui, après avoir passé plus de 3 ans enfermé à Guantanamo, a été mis en examen ainsi que ses 5 co-détenus pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » et qui a été le seul à connaître deux semaines de liberté sous contrôle judiciaire avant que la Chambre de l’Instruction décide de sa mise en détention pour « risques de troubles à l’ordre public »
[16] .
[17] .].

En ce qui concerne M. ARIF, la question de la liberté sous contrôle judiciaire ne s’est jamais posée puisque, en tant qu’étranger, il ne répond à aucune des conditions de base requises, à savoir : domicile, revenus, liens familiaux, sociaux ou professionnels en France.

1) La détention provisoire

Depuis la loi du 15 janvier 2000, la règle ordinaire concernant le temps de détention provisoire est de 4 mois au maximum, prolongés pour un maximum de 1 an par périodes de 4 mois. Mais en matière de terrorisme, les règles se renforcent. Ainsi, si l’acte concerné est un délit susceptible d’entraîner une peine égale à 10 ans, la période de détention pourra être de 2 ans [Art. 145-1 et 145-3 du Code de Procédure Pénale (CPP)]. Mais, si l’acte concerné est un crime susceptible d’une peine supérieure à 20 ans, la période de détention pourra aller jusqu’à 3 ans et même 4 pour les infractions les plus graves [Art. 145-1 et 145-2 du CPP].

Durant cette période, le Juge d’Instruction a tout pouvoir pour mener ses investigations [Art. 94, 100, 102 et 156 du CPP] dans le seul objectif de la « manifestation de la vérité » en instruisant « à charge et à décharge » [Art. 81 du CPP]. Cependant, ceci n’est qu’un leurre car l’accusation pèse de tout son poids alors que la défense ne dispose que de moyens limités. L’exemple le plus flagrant est celui du déroulement des interrogatoires. Selon l’article 114 du Code de Procédure Pénale, le Juge d’Instruction doit aviser l’avocat des interrogatoires à venir au plus tard cinq jours ouvrables avant leur date. Cependant, ce délai est bien trop court pour que le défenseur en informe son client. De plus, le Juge d’Instruction n’est pas tenu de faire connaître à l’avance le contenu de l’interrogatoire, que ce soit la liste des questions envisagées ou le fait qu’il s’agira d’une confrontation. Enfin, la méthode d’interrogatoire est directive en ce sens que les déclarations du détenu ne sont que partiellement prises en compte car ses réponses sont dictées au greffier par le juge. Le détenu n’a plus alors comme recours que le refus de signer le procès-verbal [Art. 106 du CPP], refus qui n’aura lui-même valeur juridique que s’il est mentionné dans le procès-verbal.

Mais ce n’est pas tout. Ainsi, il faut savoir que le détenu ne peut pas obliger le juge à prendre en considération un quelconque aspect de l’affaire qu’il aurait décidé de ne pas soumettre à investigation et, pire encore, que le défenseur peut être à tout moment interrompu ou empêché par le juge [Art. 120 du CPP].

Ainsi, M. ARIF, dans une correspondance privée, a affirmé que lorsqu’il a été amené devant le Juge d’Instruction Jean-Louis Bruguière, il lui a demandé : « Pouvez-vous me dire de quoi exactement je suis accusé ? ». Ce dernier n’a jamais voulu lui répondre et a continué de lui poser des questions de toutes sortes à propos de tout. Il est aussi à noter, dans le cas de M. ARIF, que quatre avocats commis d’office se sont succédés auprès de lui et que de ce fait son défenseur actuel ne peut que très difficilement se procurer toutes les pièces du dossier aux mains du juge.

Outre les pouvoirs d’investigation mis à sa disposition, le Juge d’Instruction dispose de moyens exorbitants de pression sur le détenu qu’il peut ainsi maintenir sous surveillance constante.

En effet, il peut ordonner le placement en cellule individuelle de la personne mise en examen ; ce qui est le cas de M. ARIF.

Il peut interdire toute communication extérieure du détenu durant les 10 premiers jours de son incarcération (hormis avec son avocat) avec un renouvellement unique de la mesure durant 10 jours supplémentaires [Art. 145-4 du CPP]. Ensuite, tous les courriers reçus et envoyés (exceptés ceux concernant le représentant de la défense) doivent transiter par le bureau du juge.

Le Juge d’Instruction est aussi le seul à délivrer les permis de visite [Art. 145-5 du CCP] et il n’y a aucun recours possible de la famille du détenu devant la Chambre de l’Instruction à part le fait d’en renouveler périodiquement la demande lorsque le refus n’est pas motivé par écrit, comme y oblige pourtant l’art. 145-4 du Code de Procédure Pénale.

Ainsi, l’épouse de M. ARIF, qui est suédoise et résidait déjà en Suède au jour de son extradition, a tenté en vain d’obtenir un permis de visite. Sa première demande étant demeurée sans réponse écrite ou orale, cette mère de quatre enfants a pu obtenir de l’aide auprès d’une avocate suédoise installée à Paris. Celle-ci s’étant enquis auprès du juge des raisons de son mutisme, il lui a été répondu que la lettre n’était jamais parvenue à son bureau mais qu’il ne délivrerait aucun permis de visite à l’épouse de M. ARIF tant qu’elle ne se présenterait pas en personne pour le demander ; tout ceci ayant été déclaré oralement. Quant à M. ARIF, prévenu par son épouse des difficultés rencontrées dans ce domaine, il s’est vu répondre la même chose quand il a demandé un permis de visite pour celle-ci au juge Bruguière.

De ce fait, M. ARIF n’a reçu aucune visite depuis son incarcération en France le 18 juin 2004, à part celle de certains de ses avocats (le second en titre n’ayant jamais fait le déplacement).

2) La Maison d’Arrêt

Les détentions provisoires s’effectuent en Maison d’Arrêt, prisons françaises de triste réputation depuis le rapport en 2000 d’une commission sénatoriale, rapport intitulé : « Prisons : une humiliation pour la République », lui-même renforcé et réaffirmé par les rapports 2003 et 2005 de l’Observatoire International des Prisons [OIP, « Les Conditions de détention en France, rapport 2003 », éd. La Découverte, Paris, 2003].

Le principal reproche fait à ces établissements est celui de la surpopulation, laquelle entraîne des activités collectives réduites au strict minimum, une hygiène défaillante, une nourriture de mauvaise qualité, des violences sur les autres et sur soi.

Partant de ce constat, il a été recommandé, entre autres, la création de nouveaux établissements avec un réel encellulement individuel tel que prévu par la loi.

Si l’on se base sur cette dernière recommandation, le fait que M. ARIF soit seul dans sa cellule peut apparaître comme une mesure en sa faveur prise par le Juge d’Instruction. Pourtant il n’en est rien, parce que cela impose à M. ARIF une solitude quasi totale sans possibilité de créer de liens sociaux, alors qu’il est totalement coupé de sa famille et de ses amis.

Mais ce n’est pas la seule difficulté qu’ait rencontré M. ARIF. Tout d’abord, il a dû demeurer presque une année sans recevoir d’argent alors que tout doit se cantiner au sein de la prison, ce qui l’a placé de fait dans une situation d’indigence. En effet, les prisons françaises n’acceptent ni chèques ni espèces, seulement des Mandats Cash Postaux. Ainsi, chaque fois que son épouse a tenté de lui faire parvenir un peu d’argent par virement international, celui-ci lui a été remis sous forme de chèque qu’il n’a pu faire encaisser sans que personne ne daigne lui expliquer pourquoi. Il a fallu que le hasard mette en contact une citoyenne française avec son épouse pour que celle-ci puisse lui envoyer un virement sur son compte personnel, virement aussitôt transformé en Mandat Cash et enfin encaissé par le vaguemestre pour M. ARIF.

Enfin, le problème se pose de la pratique religieuse [Art. D. 432 à D. 439 du CPP]. Alors que l’Islam est la seconde religion de France et vraisemblablement la première en prison [Khosrokhavar Fahrad, L’Islam en prison, éd. Balland, Paris, 2004], les aumôniers ne sont que 69 (contre 513 pour les catholiques) ce qui rend l’office du vendredi totalement aléatoire [« Placer un détenu musulman au mitard pour une prière est disproportionné, selon la justice »]. Et en période de Ramadan, les horaires de repas ne sont pas modifiés. De plus, les prisons françaises ne procurent pas de nourriture halal, contrairement à la nourriture casher.

Ainsi, M. ARIF ne peut pas non plus se réfugier dans une pratique régulière et ordonnée de sa religion. En tant que Musulman pratiquant, il ne peut manger de viande non préparée selon les rites imposés par sa religion et, même si l’article D. 439 du Code de Procédure Pénale autorise les détenus à recevoir ou conserver les objets de pratique religieuse, M. ARIF s’est vu refuser la possession de son Sebha.

Voilà quelle est, à l’heure actuelle, la situation des personnes détenues en France sous mandat de dépôt pour raison de terrorisme.

Bien que l’instruction du dossier de M. ARIF soit encore en cours, je peux vous présenter succinctement, d’un point de vue légal, ce qui pourrait être, en ce qui le concerne, la phase de jugement et celle de l’exécution de la peine.

II – La phase du jugement

En matière de terrorisme, les juridictions compétentes sont, depuis la Loi 9 septembre 1986, centralisées sur Paris, qu’il s’agisse de délit ou de crime.

A – Délit ou crime

Ainsi la Chambre Correctionnelle du Tribunal de Grande Instance de Paris est compétente en matière de délit tandis que la Cour d’Assises Spéciale de Paris l’est en matière de crime.

1) TGI de Paris

Actuellement, les peines délictuelles en matière de terrorisme [Art. 421-2-1 du Code Pénal], pour participation à une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, sont de 10 ans de réclusion et de 225’000 euros d’amende [Art. 421-5 du Code Pénal].

Si le projet de Loi qui doit être présenté en première lecture devant l’Assemblée Nationale le 22 novembre prochain est adopté, ce délit sera requalifié crime pour les dirigeants ou organisateurs desdites associations afin que puissent leur être appliquées des peines de 20 ans de réclusion [(art. 9)].

2) Cour d’Assises Spéciale de Paris

Contrairement aux Cours d’Assises ordinaires, celle-ci ne comprend pas de jury populaire, elle est seulement composée de 7 magistrats professionnels.

Actuellement, les peines criminelles encourues en matière de terrorisme, pour préparation des crimes d’atteinte aux personnes, sont de 20 ans de réclusion et de 500’000 euros d’amende.

Si le projet de Loi est adopté, les peines encourues seront de 30 ans.

B – La décision

1) Modes d’obtention de la preuve

Lors des procès pour terrorisme, il apparaît de plus en plus souvent que les preuves matérielles ne sont plus nécessaires et que les seuls aveux d’intention de commission d’infraction suffisent, même si ceux-ci ont été obtenus dans des pays où la torture est avérée.

Ainsi, durant le procès en correctionnelle de M. BEGHAL, quand celui-ci a une fois de plus contesté les déclarations faites sous la torture aux Émirats Arabes Unis, le Président du Tribunal, Philippe Vandingenen, lui a répondu que lors de son premier interrogatoire par le juge Bruguière, il n’avait contesté que certaines déclarations et que l’on se serait plutôt attendu à ce qu’il les conteste toutes. Le Magistrat a aussi ajouté que même l’examen médical ne corroborait pas ses dires. M. BEGHAL a été condamné à 10 ans de réclusion le 15 mars 2005.

Tout aussi troublante est la confirmation par la Cour d’Appel de Paris, dans un arrêt en date du 4 octobre 2005 et qui à ce jour n’est toujours pas disponible [À cette date, la mise à jour du site officiel Legifrance, en ce qui concerne tous les arrêts en matière judiciaire, se limite au 21 septembre dernier], de la procédure en cours à l’encontre de M. KHALID et de ses co-détenus, confirmation s’appuyant sur le fait que les hommes concernés font l’objet d’une enquête antérieure à leur détention à Guantanamo, l’avocat général allant même, selon certains avocats, jusqu’à reconnaître des « auditions vraisemblables » menées à Guantanamo par la DST [Ces deux arguments, s’ils se révèlent exacts, posent tout d’abord le problème de la reconnaissance réelle par les autorités françaises de l’illégalité de la détention arbitraire de ces hommes en zone de non-droit américaine, mais plus encore celui de la bonne foi de notre propre justice qui se réfère à ce qui ne peut être que des notes blanches des RG pour valider la procédure, puisque les juges Bruguière et Ricard n’ont ouvert instruction du dossier qu’au 6 novembre 2002, date à laquelle les 7 français se trouvaient déjà en main américaine depuis plusieurs mois.].

Si l’on se réfère à ces affaires, l’instruction concernant M. ARIF portant sur l’enquête dite des « filières tchétchènes », nom en lui-même réprouvé par certaines instances européennes, ne repose que sur des aveux sans preuves matérielles flagrantes lors d’arrestations menées les 16 et 24 décembre 2002 en Seine-Saint-Denis et vraisemblablement sur des aveux extorqués à M. ARIF sous la torture en Syrie [« Mon client a été détenu pendant un an en Syrie dans des conditions très dures. Les déclarations qui émanent de cette année de détention sont vraiment sujettes à caution »], pays qui, selon M. Lucien Bitterlin, Président de l’association Solidarité Franco-Arabe, sait « faire la différence entre les résistants et les terroristes ». De ce fait, les preuves avancées lors de son procès devraient être de même nature que celles qui ont contribué à la condamnation de M. BEGHAL.

2) La peine infligée

L’article 132-23 du Code Pénal instaure des périodes de sûreté en matière de peine privative de liberté non assorties de sursis. Durant cette période, le condamné ne peut bénéficier d’aucun aménagement de peine [Suspension, fractionnement, placement à l’extérieur, permissions de sortie, semi-liberté et libération conditionnelle].

En matière délictuelle, si la peine se situe entre 5 ans et 10 ans, la période de sûreté peut être de la moitié de la peine prononcée ou exceptionnellement des 2/3.

En matière criminelle, les règles sont les mêmes. Mais s’il s’agit d’une réclusion à perpétuité, la période de sûreté sera de 18 ou 22 ans. Lorsqu’il s’agit de terrorisme, la période de sûreté est de 22 ans.

Ce n’est que sur les années au-delà de cette période que les aménagements de peine pourront s’exercer et que seront prises en comptes les réductions de peine comptabilisées durant la période.

En outre, le juge peut en matière de terrorisme prononcer des peines complémentaires telle que celle de l’interdiction du territoire français [Art. 131-30 du Code Pénal], peine qui s’exécutera au jour même de la fin de la peine d’emprisonnement.

III – La phase d’exécution

Cette phase n’est opérationnelle que lorsque tous les recours (entre autres, appel et cassation) sont éteints. Jusque-là, le détenu n’est pas réputé condamné et demeure en Maison d’Arrêt ; ce qui signifie aucun contact téléphonique et des parloirs d’une demi-heure au moins et ce au minimum trois fois par semaine si possible.

Ensuite, lorsque la personne est définitivement condamnée en matière délictuelle, elle sera orientée vers un Centre de Détention ; en cas de condamnation criminelle vers une Maison Centrale. Dans les deux cas, le condamné aura droit à un parloir d’au moins une heure, une fois par semaine au minimum. Cependant, en Centre de Détention, l’accès téléphonique sera possible une fois par mois alors qu’il demeurera exceptionnel en Maison Centrale [Art. D. 410, D. 52 et D. 441, D. 417 du CPP].

A – Calcul de la peine

1) La détention provisoire

Selon l’article 716-4 du Code de Procédure Pénale, le temps de détention provisoire est intégralement déduit de la peine prononcée.

Il en va de même, depuis le 1er janvier 2005, des temps de détention subis hors de France en exécution d’un mandat d’arrêt européen ou sur la demande d’extradition et à l’incarcération subie en application.

Reste à savoir si cette dernière mesure s’appliquera à M. ARIF. Tout dépendra vraisemblablement du motif de son arrestation en Syrie au 12 juillet 2003.

2) Les remises de peine

La réduction de peine est une mesure prise par le Juge de l’Application des Peines qui permet de réduire la durée de la peine de prison d’une personne définitivement condamnée [Art. 721 du CPP].

Il existe deux catégories de réduction de peine, dont aucune n’est automatique.

La première est la Réduction de Peine Ordinaire (RPO) pour « bonne conduite », qui ne peut excéder trois mois par année d’incarcération.

La seconde est la Réduction de Peine Supplémentaire (RPS) pour « efforts sérieux de réadaptation sociale », qui est de deux mois par an maximum et qui ne peut être accordée qu’après un an d’incarcération [Art. 721-1 du CPP].

Ces réductions étant laissées à l’appréciation du Juge de l’Application des Peines, elles sont différemment examinées selon le juge concerné.

De ce fait, si le projet de Loi anti-terroriste est voté, l’application des peines (donc les remises) sera centralisée à son tour auprès des juridictions de l’application des peines de Paris [(art. 10)]. Ce qui laisse supposer une gestion drastique des remises et aménagements.

B – La double peine

La Loi du 26 novembre 2003 [Loi relative à la maîtrise de l’immigration et au séjour des étrangers en France] a modifié le régime de « la double peine », c’est-à-dire l’expulsion des étrangers condamnés à la prison après l’exécution de leur peine.

Cependant, qu’elle soit peine complémentaire d’interdiction de territoire ou arrêté préfectoral ou ministériel d’expulsion [Arrêté préfectoral en cas de « menace grave pour l’ordre public » et ministériel en cas « d’urgence absolue » et/ou « nécessité impérieuse pour la sûreté de l’Etat ou la sécurité publique », décret du 13 janvier 1997], elle s’applique toujours aux étrangers condamnés pour terrorisme. Ainsi, l’expulsion s’applique de plein droit sans prise en compte des risques que pourraient encourir dans leur pays d’origine ces personnes qui ont pourtant effectué l’intégralité de leur peine.

Le projet de Loi anti-terroriste, s’il venait a être adopté, renforcerait la possibilité d’application de la « double peine » aux personnes condamnées pour terrorisme en permettant au ministre chargé des naturalisations d’engager la procédure de déchéance de la nationalité française et de la prononcer à l’encontre des personnes l’ayant acquise non plus dans les 10 années mais dans les 15 années précédentes [(art. 11)].

1) Interdiction de territoire

Que ce soit en matière délictuelle ou criminelle, le juge peut prononcer à l’encontre des étrangers condamnés dans le cadre du terrorisme une interdiction du territoire français à titre définitif ou pour une période de 10 ans. Cette interdiction implique une reconduite immédiate à la frontière au jour de l’expiration de la peine d’emprisonnement ou de réclusion [Art. 131-30 du Code Pénal].

Mais cette peine complémentaire n’étant pas automatique, il reste alors au Ministère de l’intérieur la voie de l’arrêté d’expulsion.

2) Arrêté d’expulsion

En matière de terrorisme, si l’interdiction du territoire n’a pas été retenue par le juge, le Ministre de l’Intérieur a alors compétence pour prendre un arrêté d’expulsion. Le recours, non suspensif au demeurant, contre cette décision doit avoir lieu en premier ressort devant le Tribunal administratif et en dernier ressort devant le Conseil d’État.

Pourtant, le 19 mai 2004, le Ministre de l’Intérieur avait annoncé qu’il souhaitait « que le juge des arrêtés ministériels d’expulsion soit le Conseil d’État, afin de mieux concilier la défense des droits individuels et les impératifs de l’État républicain… ». Aussitôt, le Syndicat de la Juridiction Administrative, principale organisation représentative des juges administratifs, s’était opposé à ce projet qui tendait à dessaisir les tribunaux administratifs au profit du Conseil d’État, lequel aurait alors statué en premier et dernier ressort. Au mois de juin suivant, le Gouvernement avait finalement décidé de renoncer à dessaisir les tribunaux administratifs, mais que l’examen de ces litiges serait en revanche très prochainement attribué en première instance au seul Tribunal Administratif de Paris [Art. R. 312-1 & R. 312-8 du Code de Justice Administrative].

Une fois encore, la volonté de centralisation est avérée.

Ainsi, s’il advenait que M. ARIF soit condamné sans que le juge ne lui applique la peine complémentaire d’interdiction de territoire, le Ministre de l’intérieur pourrait prendre à son encontre un arrêté d’expulsion sans risque majeur qu’il soit annulé par le Tribunal Administratif de Paris ou en dernier ressort par le Conseil d’État. Il suffit, pour s’en convaincre, de se pencher sur le cas significatif de Mohamed CHALABI : libéré de prison en janvier 2001, cet Algérien né en France, père de quatre enfants français, a été expulsé le 6 novembre de la même année, les autorités françaises affirmant qu’il ne courait aucun risque en Algérie. Cependant, dès son arrivée, M. CHALABI a été incarcéré, les autorités algériennes ayant exhumé une condamnation par contumace pour « crimes terroristes et subversion » et un mandat d’arrêt international inconnu d’Interpol.

Pour conclure : pourquoi ai-je choisi de parler de « Politique » et non de « Législation » anti-terroriste française ? Parce que les lois anti-terroristes n’ont pas pour but premier de défendre les citoyens mais bien l’État atteint en son intégrité politique et économique.

Ainsi, l’ouverture au public au mois de mai dernier d’une base de données sur Internet concernant le terrorisme a été présentée par le Ministère de l’Intérieur comme suit : « les actes de terrorisme visant la France ou les intérêts français dans le monde ». Bien que le site soit public, il est à remarquer qu’il est obligatoire, pour accéder effectivement à la base de données, de décliner son identité ainsi que son adresse email.

On peut alors se demander si la reconnaissance et la place accordées à l’association « SOS Attentats » par les autorités n’a pas comme premier objectif de contenir et contrôler la colère et la frustration des victimes et familles et amis de victimes et, depuis quelque temps, de pouvoir aussi manipuler la légitime et compréhensible douleur de ces personnes à des fins électoralistes. En effet, comment pourrait-on reprocher à une mère de famille anéantie par la perte de sa fille dans les attentats de 1995 de déclarer à propos de Rachid Ramda : « Il est directement responsable en tant que financier. Il doit être jugé. Il faut qu’il réponde de ses actes » [BBC 4 Radio, File on 4, mardi 11 octobre 2005]. De ce fait, les déclarations populistes d’un Nicolas Sarkozy à son retour de Londres ne choquent plus personne malgré le déni de la présomption d’innocence : « J’espère de tout cœur qu’il (Rachid Ramda) pourra revenir (en France), pour rendre compte de ce qu’il a fait, être puni et être condamné ». On ne peut s’empêcher de rapprocher cette formule des déclarations du même qui, bien qu’avocat de formation, avait déjà déclaré lors d’une réunion publique de l’UMP, le 4 juillet 2003, sans que cela ne choque quiconque : « J’ai quelque chose de très important à vous dire : il y a vingt minutes, la police française a arrêté Yvan Colonna, l’assassin du préfet Érignac ».

Alors que la tendance actuelle est à une décentralisation de grande envergure, touchant à tous les domaines importants de la société (santé, environnement, emploi), le traitement du terrorisme se recentre sur Paris en se référant à des cours et des personnels spécialisés qui dépendent de plus en plus du seul Ministère de l’Intérieur lequel devient, de fait sinon de droit, le donneur d’ordres [Dans un entretien accordé à l’AFP le 26 octobre 2005, Dominique de Talancé, première juge d’instruction au pôle économique et social de Paris, a dénoncé la « mainmise du parquet sur la chaîne pénale […] pour mieux contrôler les dossiers financiers » et « la désignation des juges sur des critères politiques ou de docilité »].

Cette néo-centralisation, conduite à partir des réformes consécutives du Code Pénal et du Code de Procédure Pénale, qui touche à présent le domaine administratif et l’autorité judiciaire, n’est que le reflet d’un pouvoir agonisant seulement intéressé à se maintenir en place en balayant d’un revers de main les grands principes fondateurs de notre Droit. Nous sommes entrés dans l’ère du « tout sécuritaire » à grand renfort de présomption de culpabilité et de procès d’intention, la stigmatisation de l’Islam n’en étant que la partie immédiatement visible car la plus susceptible de frapper l’imagination populaire.

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[Chronique de Youv derrière les barreaux] « Les armes, l’illicite je les connais par cœur j’ai fait plusieurs fois le tour »

http://juralib.noblogs.org/files/2012/09/0513.jpg[9 juillet 2012]
Génération dans l’illicite

Ne te perds pas dans les sables mouvants de l’illicite, empêtré dans la poudre le rêve vire toujours en cauchemar la neige crois-moi n’est pas éternelle, tu brasses des liasses de poisse que tu écoules aussi vite que des billets de Monopoly en Thaïlande où tu te laisseras charmer par des lady boys, tu perds tes plumes et ton temps tes raccourcis sont des détours pourtant tu roules le compteur à 300 km/h au volant d’un avion de chasse financé par dix overdoses.

On peut pas se plaindre d’être des poissards quand on la sème et [l’a] semée toute notre vie.

Les armes, l’illicite je les connais par cœur j’ai fait plusieurs fois le tour. Au sommet quand ton bizness porte ses fruits des amis des associés tu en as à plus savoir les compter, mais dure sera ta chute qui n’est qu’une question de temps, une fois au sol bredouille plus un chat à l’horizon tu peux crier appeler tu entendras que ton écho en retour.

Cinq ans déjà [se sont] écoulés après ta chute libre mais toujours personne au bout du fil, tu continues ta vie à rêver des ruines de ton passé, tu pensais avancer mais tu faisais du sur-place le temps lui n’a pas le temps.

J’écris ce texte menotté au mirador ne le prends pas comme une morale de moraliste mais comme le conseil d’un grand frère qui te veut du bien qui connaît tes problèmes qui les a vécus et survécus.

Ma barque a chaviré et échoué en promenade dur a été mon naufrage plus aucun survivant à mes côtés pourtant on se disait insubmersibles mais la tempête a balayé les belles paroles et a laissé place aux actes authentiques.

Si ma plume mon texte peut éviter juste à une seule personne de passer à côté de sa vie d’éviter les pièges de l’illicite sous toutes ses formes j’ai gagné. Épargne les larmes et les cris à tes proches, la vie parfois se finit plus vite qu’un court-métrage.

N’accepte pas la dot de l’illicite si elle veut t’épouser.

Si je pouvais changer quelque chose à ma vie je changerais rien. Actuellement enchaîné par la République qui me juge trop conscient du mal qu’ils nous font, demain si Dieu veut je serai où ma vie est destinée.

On vaut mieux que le haram l’illicite, moi je suis tombé prends ma main pour embrasser le bon chemin.

Je suis un exemple à ne pas prendre.

[La Chronique de Youv derrière les barreaux est disponible en téléchargement gratuit sur le site des Éditions Antisociales. Elle est à suivre sur le compte Facebook dédié.]

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[Marseille] Deux jours de discussions autour des luttes contre la gentrification et l’aménagement du territoire

Les 25 et 26 mai à partir de 10h
Au Contrevent/12 bd de la Fédération/Marseille
JE M’OCCUPE : J’OCCUPE
Deux jours de discussions autour des luttes contre la gentrification et l’aménagement du territoire

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La crise au quotidien

Depuis 2008, les crises et les plans d’austérité s’accélèrent, avec leur lot de paupérisation et de misère. Cette restructuration du capitalisme se matérialise concrètement dans le quotidien. Les augmentations de loyer, les quartiers laissés à l’abandon puis vidés de leurs habitants, les expulsions, locatives ou non, se multiplient. Hors des villes, les chantiers (aéroports, lignes à grande vitesse, etc.) fleurissent à grands coups d’expropriations de logements et de terrains agricoles, de déplacements de populations, à travers des forêts de matraques et des nuages de gaz lacrymogène haute qualité environnementale. Occupation policière, développement de la vidéo-surveillance, multiplication et banalisation des contrôles.

Gentrification urbaine et aménagement du territoire

L’aménagement du territoire est une pièce maîtresse du capitalisme : rentabiliser l’espace et gérer la circulation des populations. Il s’appuie sur trois piliers : modification des espaces, gestion accrue de ceux-ci, et développement « d’une image de marque » exclusive.

Dans les zones rurales, il se fait à l’échelle européenne au travers de grands projets : construction d’infrastructures de liaison entre les grands centres urbains, redessinent peu à peu les frontières. En ville, cela se manifeste entre autres par les phénomènes de gentrification et de « sécurisation ». Les villes sont « revalorisées », c’est-à-dire qu’elles sont modelées autour des espaces de consommation et de production, tout en soignant leur « image de marque » respective. Tous les moyens urbanistiques sont bons pour virer du centre ville les populations « inadéquates », avec comme arguments rentabilité et prévention des risques. Par exemple, « Marseille capitale européenne de la culture » permet cette année de coupler art, culture et sécurité pour opérer cette « revalorisation ». L’art et la culture, concepts a priori dépolitisés et neutres, contribuent à l’attractivité des zones dans lesquelles ils prennent corps, et donc à l’embourgeoisement à moyen-terme de celles-ci. La « sécurisation » de la ville et son lot de zones de sécurité prioritaires, d’augmentation de la présence policière, de nouvelles géographies urbaines ou encore d’installation de vaste réseau de vidéo-surveillance, garantissent le bon fonctionnement de la machine.

Réfléchir ensemble

Nous constatons que l’occupation (au sens large), s’est affirmé comme moyen évident de répondre à une situation d’urgence mais peut aussi s’inscrire dans une lutte politique plus large. Différents collectifs ont choisi ce point d’entrée comme moteur de l’agir collectif : occupations de logements vides, grèves des loyers et luttes contre les expulsions à Toulouse, Grenoble, Lyon, Nantes, Marseille, Paris, sans oublier Turin, Barcelone, Berlin, etc. Occupation de terrains, de forêts, de champs et de maisons autour de Notre-Dame-Des-Landes, en Val de Susa, au Pays Basque, dans la forêt russe de Khimki, etc.

Voilà donc en quoi consiste cette invitation : réfléchir ensemble en prenant du recul, avec différents collectifs et individus, à l’occupation comme moyen de lutte politique. Cerner quelles contradictions peuvent être soulevées en confrontant les différentes expériences et réalités qui composent ces luttes. Faire déborder les occupations des murs entre lesquels elles sont souvent enfermées, pour penser politiquement le moyen-terme sans se cantonner au court-terme de l’occupation en tant que telle. Réfléchir ensemble à ce qui relie les phénomènes de gentrification urbaine et d’aménagement du territoire en zones rurales. Pour apprendre et inventer de nouveaux moyens de lutter.

Nous ne superposons pas les occupants et les personnes participant à des luttes d’occupation. Certains d’entre nous vivent dans des lieux occupés, d’autres non. La plupart des gens et des collectifs invités ici participent à des luttes qui dépassent le cadre des camarades, des compagnons ou des groupes affinitaires. C’est-à-dire que nous entendons privilégier le caractère de fond dans la discussion.

Nous souhaitons réfléchir à la lutte contre l’aménagement du territoire en l’inscrivant dans une perspective révolutionnaire.

Le but de ces discussions n’est pas de trouver quelle serait la bonne solution, ni de bâtir une théorie révolutionnaire unitaire et programmatique au sein de laquelle tout commencerait par des occupations.

Ébauche de programme non exhaustif du week-end de discussion

Nous avons ébauché un « programme » du week-end et des thématiques de discussions que nous souhaitons aborder. Ce programme n’est pas figé et toutes vos propositions (de thèmes de discussions ou autre), seront les bienvenus.

Samedi 25 mai (à partir de 10 heures)

• Accueil et présentation du week-end et de la thématique des luttes contre l’aménagement du territoire et la gentrification ;

• Présentation des différents collectifs invités et de leurs expériences et pratiques ;

• Discussion collective sur les pratiques et méthodes de résistances aux expulsions et de luttes autour des questions de logement ;

• Discussions en petits groupes sur les contradictions rencontrées à travers ce genre de lutte et sur les conditions de leur dépassement (rapport aux institutions et contradictions des luttes revendicatives, rapports à la question de l’assistanat et de l’humanitaire, contradictions posées lorsqu’on s’organise avec des sans-papiers…). Nous proposons ici plusieurs pistes de discussions. Nous espérons que cette liste sera étayée par d’autres réflexions issues de nos débats. Échange collectif sur les conclusions des discussions en petits groupes ;

• Discussion collective sur l’intérêt des luttes contre la gentrification et de leur inscription dans le champ social ;

• Projections.

Dimanche 26 mai (à partir de 10 heures)

• Ateliers pratiques divers en petits groupes : organisation pratique contre les expulsions locatives, organisation face à la répression et points juridiques sur le squatt et les occupations (toute suggestion d’atelier pratique est bienvenue) ;

• Intervention de J.-P. Garnier sur l’aménagement du territoire et la gentrification ;

• Discussion collective sur ce qu’on peut nommer les « luttes de territoires », leurs enjeux, leurs contradictions (peut-être pourrons-nous compter à ce sujet sur l’intervention de camarades luttant à la ZAD ou en Val de Susa). Comment faire des liens entre ces luttes et comment les inscrire dans des perspectives révolutionnaires.

Nous savons que certaines pratiques et positions politiques divergent entre les différents collectifs que nous avons invité à participer à ce week-end. Nous pensons cependant que les débats contradictoires peuvent enrichir nos réflexions et nos pratiques.

Ce programme peut être enrichi par des réflexions venues d’ailleurs, n’hésitez pas à nous contacter. Nous avons besoin de réponses rapidement pour gérer la logistique : prévenez-nous si vous venez, et à combien, et si vous avez déjà des moyens d’hébergements à Marseille.

Marseille Infos Autonomes, 11 mai 2013

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[Némésis médicale] « Aucune raison de suspecter que quoi que ce soit ait été irrégulier »

50’000 Allemands de l’Est ont servi de cobayes à des labos européens

Plus de 50’000 personnes de l’ex-Allemagne de l’Est communiste ont servi de cobayes pour les groupes pharmaceutiques occidentaux, selon un article de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel paru dimanche. La plupart de ces personnes ont été utilisées à leur insu et certaines y ont laissé la vie.

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Du temps de l’Allemagne de l’Est, l’hôpital berlinois Charité a reçu des sommes se chiffrant en millions pour effectuer des tests sur des patients.

Au total, plus de 600 études dans 50 cliniques ont été menées jusqu’à la chute du Mur de Berlin en 1989, détaille le journal, qui se fonde sur des documents inédits du ministère est-allemand de la Santé, ainsi que de l’Institut allemand des médicaments. Ces dossiers font apparaître deux morts à Berlin-est lors d’essais concernant le Trental, un produit améliorant la circulation sanguine développé par le groupe ouest-allemand Hoechst (fusionné depuis avec le Français Sanofi), ou encore deux morts près de Magdebourg lors d’essais d’un médicament contre la tension pour Sandoz, racheté depuis par le groupe suisse Novartis.

Jusqu’à 400’000 € par étude

Bien souvent les patients n’étaient pas en état de donner un consentement éclairé, comme ces trente grands prématurés sur lesquels l’EPO a été testée à la demande d’un groupe ouest-allemand, à l’hôpital berlinois de la Charité. Autre exemple : des alcooliques en plein delirium tremens se sont vus administrer du Nimodipin de Bayer, qui améliore la circulation sanguine cérébrale. Les laboratoires offraient jusqu’à 800’000 Marks ouest-allemands (environ 400’000 €) par étude, poursuit Der Spiegel. L’hôpital la Charité s’est ainsi vu proposer jusqu’à 6 millions de Marks (3 M€) par an pour effectuer des tests sur des patients.

Interrogés par l’hebdomadaire, les entreprises concernées ont souligné que ces faits remontaient à fort longtemps et, qu’en principe, les tests de médicaments obéissent à des protocoles très stricts. La fédération des chercheurs des industries pharmaceutiques ne voit, quant à elle, « pour le moment aucune raison de suspecter que quoi que ce soit ait été irrégulier », conclut Der Spiegel.

La télévision publique régionale allemande MDR avait déjà révélé à l’été 2010 l’existence de ces tests sur des cobayes est-allemands, mais il n’était alors question que de 2000 patients sur lesquels avait été testé l’antidépresseur Brofaromin, d’une filiale de Novartis.

Leur presse (LeParisien.fr avec l’Agence Faut Payer, 12 mai 2013)

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[Affaire Abdelhakim Ajimi] « Comment des agents de la force publique jugés à deux reprises coupables d’homicide peuvent-ils continuer de défendre l’ordre public dans la ville où ils ont tué ? »

Les policiers coupables de la mort de Hakim sont toujours à Grasse

Récit – Une marche et une soirée se tiendront demain [samedi 11 mai] en souvenir du Tunisien de 22 ans asphyxié il y a cinq ans lors d’une interpellation musclée.

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Abdelhakim Ajimi mort par asphyxie lors d’une interpellation à Grasse, dans les Alpes-Maritimes, en 2008.

Le film s’appelle Souvenirs de Grasse. Il avait été tourné en juin 1973, après la répression d’une manifestation d’ouvriers maghrébins, violences que le réalisateur avait découvertes dans Libération, qui venait d’être créé. Le film est une peinture du climat raciste de l’époque. Il n’a jamais été montré à Grasse. La première projection y aura lieu demain, lors d’un rassemblement en mémoire d’Abdelhakim Ajimi, Tunisien de 22 ans tué en 2008 par des policiers. Quarante ans d’intervalle font résonner les époques. Les différences ressortent, des similitudes aussi, et cette projection inscrit le collectif qui entoure depuis cinq ans les parents Ajimi dans une filiation, l’histoire des luttes militantes issues de l’immigration.

Caméra. En 1973, la ratonnade était liée aux mobilisations d’ouvriers maghrébins fatigués d’être soumis aux travaux les plus durs pour les salaires les plus bas. À Grasse, des travailleurs majoritairement tunisiens avaient déserté champs et chantiers pour réclamer des augmentations, la carte de travail, des logements décents, des visites médicales. Le 11 juin, alors qu’ils manifestent pour le troisième jour d’affilée, le maire les fait disperser par les pompiers municipaux, aidés de quelques commerçants. Puis, quelques heures plus tard, les gendarmes mobiles arrivent et la ratonnade dure plusieurs heures. Il y a des blessés, une cinquantaine de Tunisiens sont arrêtés. Le lendemain, des commerçants et des anciens combattants d’Afrique du Nord ainsi que des rapatriés se mobilisent contre ces manifestations « scandaleuses ». Des dizaines d’ouvriers sont virés de leurs chantiers. Jean-Jacques Béryl, jeune réalisateur, découvre cette histoire dans le numéro 31 de Libération. C’est un lecteur niçois qui a écrit le témoignage, publié en une. Béryl descend à Grasse avec une caméra pour interroger cette histoire en cinéma direct. Il filme une réunion de travailleurs immigrés. Questionne des commerçants laissant filtrer un racisme ordinaire. Interroge des ouvriers dans leurs baraquements de la Bocca, quartier concentrant les immigrés entre Grasse et Cannes.

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La Une du 15 juin 1973 (cliquer pour lire la suite de l’article)

C’est là que vivent désormais les parents d’Abdelhakim. Avant, ils habitaient le centre de Grasse, mais le 9 mai 2008, leur fils a été interpellé par une dizaine de policiers, après s’être énervé dans sa banque. En se débattant, il a luxé l’épaule d’un brigadier-chef. Les policiers l’ont immobilisé sur le trottoir, menotté aux chevilles et aux poignets, puis le brigadier-chef a exercé une compression thoracique, appuyant son genou sur le dos de l’homme, pendant qu’un gardien de la paix lui faisait une clé d’étranglement. Lorsqu’un policier municipal a jeté Abdelhakim dans une voiture, de longues minutes plus tard, il était mort. Les trois policiers ont été condamnés, la cour d’appel d’Aix-en-Provence confirmant en février les peines : deux ans avec sursis pour l’auteur de la clé, dix-huit mois avec sursis pour le brigadier-chef, quatre avec sursis pour le policier municipal. Les autres, qui n’avaient pas porté assistance, ont été relaxés. À l’audience, un des policiers indiquait avoir fait son métier, appliqué les « gestes réglementaires » (Libération du 15 janvier).

Meurtriers. Désormais, la famille se bat sur le terrain administratif, pour que la clé d’étranglement soit interdite, et que les policiers soient révoqués. Ceux-ci exercent toujours à Grasse, qu’ont déserté les parents pour ne plus passer à l’endroit où leur fils a été tué. Et ne plus croiser les policiers responsables de sa mort. « Si c’était quelqu’un comme nous, murmure le père, il aurait eu quatre ou cinq ans de prison ferme. » Ils ont écrit à Manuel Valls, qui leur a répondu fin avril qu’il transférait le courrier au directeur général de la police nationale. Le père est persuadé que les meurtriers n’auraient jamais été jugés sans la mobilisation qui a entouré la famille. Le Comité Vérité et Justice pour Abdelhakim Ajimi réunit depuis 2008 des habitués des luttes contre les violences policières et des jeunes révoltés par l’injustice. Élise fait partie de ceux-là : « C’est difficile de comprendre comment des agents de la force publique jugés à deux reprises coupables d’homicide [involontaire] peuvent continuer de défendre l’ordre public dans la ville où ils ont tué. »

Samedi, une marche partira du trottoir où Abdelhakim a trouvé la mort pour rejoindre le commissariat. Le soir, Élise et les autres découvriront Souvenirs de Grasse, les propos de commerçants considérant comme des sauvages ces immigrés qui osaient réclamer des droits. « J’aime autant les voir chez eux que chez nous », disait une crémière. Quarante ans plus tard, la violence raciste a changé de nature (une quinzaine d’immigrés avaient été tués dans le sud de la France à l’été 1973). On ne parle plus de sauvages, parfois de barbares. Comment les discours sur l’insécurité nourrissent-ils cette violence ? Béryl veut profiter de la projection pour revenir à Grasse. Retrouver des acteurs de l’époque et filmer les militants d’aujourd’hui.

Leur presse (Olivier Bertrand, correspondant de Liberation.fr à Marseille, 9-10 mai 2013)

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[Derechef] Vive la belle à Lavaur !

Lavaur. Un jeune s’évade du centre fermé pour mineur

Un mineur détenu à l’établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) de Lavaur (Tarn) a profité du fait qu’il était sur un chantier de débroussaillage dans une commune proche pour s’évader samedi après-midi. Les gendarmes ont déployé un important dispositif pour le retrouver. Une équipe cynophile est mobilisée et les recherches sont appuyées par un hélicoptère.

Le jeune homme, âgé de moins de 18 ans, avait été envoyé dans la commune de Puylaurens, au sud-est de Lavaur, pour y travailler dans le cadre d’un chantier de débroussaillage lorsqu’il a réussi à prendre la fuite.

D’autres évasions

Selon des sources proches de l’enquête, le mineur a des attaches familiales à Toulouse.

L’EPM de Lavaur a été le théâtre d’évasions par le passé. Des jeunes s’étaient ainsi enfuis de l’établissement même en novembre et octobre 2012. Comme d’autres EPM en France, il a aussi été le théâtre d’incidents, notamment en mai 2011 avec une situation s’apparentant à une quasi-rébellion, selon les syndicats des personnels intervenant dans l’établissement.

Les EPM sont des établissements pour des mineurs de 13 à 18 ans, condamnés ou prévenus. Ils n’accueillent que quelques dizaines de jeunes fortement encadrés par l’Administration pénitentiaire, la Protection judiciaire de la jeunesse et l’Éducation nationale, avec pour objectif prioritaire l’éducation et la réinsertion.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (LaDepeche.fr, 12 mai 2013)

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[Saint-Denis de la Réunion] Immolation au palais d’injustice

Il a forcé l’entrée du palais de justice de Champ-Fleuri, à Saint-Denis de la Réunion. L’homme, âgé d’une soixantaine d’années, a couru dans la salle des pas perdus après avoir mis le feu à ses vêtements. Il est ensuite monté au premier étage, en direction des bureaux du parquet. Il voulait voir le procureur, racontent des témoins. Il n’avait aucun rendez-vous, précise la procureur adjointe.

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C’est à l’étage qu’un agent de sécurité, et d’autres personnes présentes, ont éteint le feu avec un extincteur. L’homme, conscient, a été pris en charge par le SAMU. (…)

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Presse combustible (France Info, 10 mai 2013)

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[Chronique de Youv derrière les barreaux] « Pas de justice pas de paix donc que justice soit faite… Mais impossible d’enquêter chez Satan, lieu falsifié maquillé avant l’arrivée des enquêteurs aucune justice ne peut être faite en n’ayant que la version de l’assassin »

http://juralib.noblogs.org/files/2012/09/0513.jpg[5 juillet 2012]
Prison assassin

Enfant de la patrie mets-toi à l’abri car beaucoup ont perdu la vie dans les geôles de la République dans neuf mètres carrés pour un délit mineur les dégâts peuvent être majeurs tu peux y laisser ta peau la peine de mort existe encore demande au mirador.

J’accuse les prisons d’assassiner de briser casser.

Dans leurs miradors se cachent des snipers en puissance qui te perceront comme une passoire si tu as la bonne idée d’essayer de retrouver ta liberté par tes propres moyens.

En prison tu peux y entrer en pleine forme et en sortir froid mort assassiné par tes geôliers. Combien de familles brisées décimées explosées par la mort suspecte d’un fils, enquête bâclée dignité bafouée vérité cachée.

Pas de justice pas de paix donc que justice soit faite… Mais impossible d’enquêter chez Satan, lieu falsifié maquillé avant l’arrivée des enquêteurs aucune justice ne peut être faite en n’ayant que la version de l’assassin.

Les absents ont toujours tort et nos morts sont privés de justice et de parole, il me vient à l’idée le combat d’un père qui se fait porte-parole de la mémoire de son fils père courage que je respecte infiniment, refuse l’oubli et a fait du décès de son fils en prison le combat d’une vie plus de seize ans après la disparition de notre frère à tous Jawad il est toujours dans nos esprits grâce à l’acharnement d’un père courage qui refuse la fatalité. Éternel respect à ce père digne c’est un exemple de courage pour nous tous.

La prison te fume te consume à petit feu, dis-toi une chose personne est à l’abri de la zonzon je te le garantis j’ai croisé en promenade des médecins des avocats des écrivains personne est épargné pour un accident de la route déception amoureuse ou une légitime défense tu peux porter les gourmettes.

Tu sais quand tu y entres mais jamais quand et comment tu en sors. Une pensée pour tous nos frères qui en sont sortis décédés ou fous malades même avec un bac + 10 j’ai vu des frères devenir zinzins à leur sortie.

Les plus faibles sont poussés au suicide crime légalisé je dénonce et dénoncerai toute ma vie les prisons assassins.

P.-S. : Journée mémoire Jawad Zaouiya samedi 7 juillet 2012 de 14 heures à 20 heures à MANTES-LA-JOLIE espace Noailles-Rodin face à la rue Marie-Laurencin… Tournoi de foot, concert, prises de parole sur le sujet de la détention, pétition pour Ismaïla Diouldé, barbecue… J’compte sur vous soyez nombreux contre les prisons assassins.

[La Chronique de Youv derrière les barreaux est disponible en téléchargement gratuit sur le site des Éditions Antisociales. Elle est à suivre sur le compte Facebook dédié.]

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