Solidarité avec les enferméEs de Lavaur et d’ailleurs !

« Une école avec des murs » voilà comment on nous vendait au début des années 2000, les projets d’Établissement Pénitentiaire pour Mineurs (EPM). Années après années, dans les EPM d’Orvault, de Meyzieu, de Marseille et d’ailleurs, nous avons vu grossir la liste des suicides et tentatives, évasions, révoltes. Depuis dimanche 8 mai, à l’EPM de Lavaur dans le Tarn, une mutinerie a lieu, entrainant son lot de mesures répressives : mises au mitard, conseils disciplinaires, transferts, ainsi qu’une descente des ÉRIS (Équipes Régionales d’intervention et de sécurité), spécialistes du matage des luttes en prison.

Sous couvert d’éducatif, depuis les années 90, on n’a cessé d’inventer des structures de plus en plus coercitives pour enfermer les mineurEs : Centre Éducatif Renforcé, Centre Éducatif Fermé, jusqu’aux EPM directement gérés par l’administration pénitentiaire. Aujourd’hui Carayon, ex-militant d’extrême-droite devenu maire de Lavaur, décrit les EPM comme des « colonies de vacances ».

Pourtant comme dans n’importe quelle prison, il s’agit moins « d’éduquer » ou de « réinsérer » que de briser, d’humilier, d’isoler, de finalement détruire des individus. Comme dans n’importe quelle prison, les personnes enfermées se défendent et se révoltent. Comme dans n’importe quelle prison, les révoltés connaissent ensuite la confrontation solitaire avec la justice. Comme dans n’importe quelle prison, ils ont besoin de notre solidarité pour mieux résister à l’isolement.

Solidarité avec les enferméEs de Lavaur et d’ailleurs !

Organisons la solidarité : RÉUNION jeudi 19 mai à 20h30 au centre social autogéré rue Goudouli à Toulouse.

Indymedia Toulouse, 14 mai 2011.

 

Les prisons pour mineurs sous le feu des critiques

Manque de personnel, absence de définition du rôle des éducateurs, violence des détenus… Les syndicats dénoncent un manque de règles à l’intérieur des établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM). Selon le ministère en revanche, les EPM « fonctionnent » bien.

Surveillants agressés, tentative d’évasion, prise d’otage… Plusieurs incidents survenus dans des établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM) ont occupé ces dernières semaines le devant de la scène. Un phénomène qui n’est pas nouveau selon Alain Dru, le secrétaire général de la CGT – Protection judiciaire de la jeunesse (CGT-PJJ), alors que ce type d’établissement existe depuis 2007. « L’incident survenu à Meyzieu mi-avril, au cours duquel une éducatrice a été prise en otage pendant plus de deux heures par un détenu de 16 ans, a permis que ce genre de faits soient connus, décrypte-t-il. Auparavant, le personnel de la pénitentiaire et de la PJJ subissait une forte pression pour ne pas parler. Il y aurait en réalité plusieurs centaines d’incidents par an dans les EPM, selon un rapport de l’Administration pénitentiaire et la PJJ sorti mi-avril. »

Selon la Direction de la Protection judiciaire de la Jeunesse (DPJJ), les six EPM répartis sur le territoire français, ouverts entre 2007 et 2008, accueillent actuellement 225 mineurs, pour 346 places. Ces établissements, qui doivent « allier sécurité carcérale et éducation pour préparer la sortie et la réinsertion », peuvent héberger jusqu’à 60 détenus chacun, de 13 à 18 ans.

Pour Alain Dru, « il y a un vrai problème d’organisation et de conception du travail à l’intérieur des EPM ». « On constate un souci dans la définition des rôles depuis le début », explique-t-il, tout en soulignant que la CGT-PJJ soutient le principe de séparation des détenus mineurs et majeurs. « Il n’y a par exemple pas de définition du rôle d’un service éducatif dans ce type d’établissement. On a ainsi mis l’accent sur les activités collectives (sports, macramé, poterie…), mais cela ne laisse pas assez de temps aux éducateurs pour discuter avec les jeunes », déplore le secrétaire général. Avant de poursuivre : « Or, ce sont des moments essentiels pour les mineurs, qui doivent comprendre pourquoi ils sont là ou qui ont parfois besoin d’être recadrés. Les éducateurs, qui n’ont pas de directives particulières, souhaiteraient parvenir à un équilibre entre les activités et les moments de discussions. Mais l’administration bloque sur ce sujet, car plus personne ne travaille sur les EPM depuis trois ans… »

Des murs cassés à coups de pied ou de poings — Pascal Rossignol, délégué régional du syndicat UFAP à Lyon, considère également qu’il n’y a pas assez de règles dans les EPM. « Certes, le concept est récent, mais nous n’avons jamais vraiment arrêté quelque chose de très professionnel, analyse-t-il. Les surveillants de la pénitentiaire et les éducateurs de la PJJ sont par exemple censés travaillés en duo — un pour l’encadrement, un autre pour la partie éducative —, mais ce système ne fonctionne pas car on n’a jamais expliqué aux uns et aux autres leur rôle. » « Il arrive notamment que des éducateurs de la PJJ ne travaillent pas toujours en binôme avec un surveillant. Le mineur, qui est alors censé être encadré par deux personnes et non une, peut en profiter pour déstabiliser ou agresser le surveillant », ajoute Pascal Rossignol.

Contacté par Lefigaro.fr, le ministère juge de son côté que les actes de violence survenus récemment au sein de plusieurs EPM ne remettent pas en cause leur organisation. « On constate un bon fonctionnement de ces établissements autour de l’intervention conjointe des surveillants et des éducateurs », assure Olivier Pedro-Jose, le porte-parole adjoint du Garde des Sceaux, précisant qu’ils bénéficient de certaines formations communes.

Mais pour Pascal Rossignol, les concepteurs de EPM n’ont pas prévu le durcissement de la population pénitentiaire mineure, que ce soit au niveau de leur prise en charge ou des bâtiments les accueillant. Au bout de quatre ans, certaines infrastructures ont ainsi déjà dû être reconstruites, des jeunes ayant cassé des murs à coups de pied ou de poings. « Le ministre de la Justice, Michel Mercier, est très attentif aux violences dans les EPM. Il s’est d’ailleurs rendu à Meyzieu après la prise d’otage d’une éducatrice, rétorque son porte-parole adjoint. Ce type de comportement appelle une réponse ferme et rapide, même si la répression n’est pas l’unique réponse. On doit aussi intégrer une dimension éducative dans le souci de préparer le jeune à sa réinsertion. »

Manque de personnel — Autre critique émise : le manque de personnel. « En moyenne, chaque EPM compte 50 surveillants et 36 éducateurs, ce qui en soi est raisonnable lorsque tout le monde est là, affirme Alain Dru. Mais c’est un nombre incompressible, ce qui fait que les personnes en congés payés, maladie ou maternité, ne sont pas remplacées. » Une situation qui contraint certains personnels à faire des heures supplémentaires. « Ils deviennent forcément moins vigilants après 12 – 13 heures de travail et c’est là que les incidents peuvent survenir », note le secrétaire général de la CGT-PJJ.

Le 20 avril dernier, lors d’un mouvement de grève des éducateurs, la Direction de la Protection judiciaire de la Jeunesse, qui dépend du ministère de la Justice, assurait que la violence dans les EPM était « une de ses préoccupations centrales ». Un « cahier des charges (…) reprécisant les rôles de chaque intervenant » sera publié à l’automne et les dispositifs de formation des surveillants et des éducateurs seront renforcés « dès le mois de septembre », avait-elle indiqué à l’adresse des grévistes.

Leur presse (Marion Brunet, LeFigaro.fr), 4 mai 2011.

 

Nouveaux incidents dans une prison pour mineurs

Une cuisinière a été agressée ce week-end à Lavaur, dans le Tarn, tandis que sept départs de feu ont été dénombrés et qu’une dizaine de cellules ont été saccagées. Les syndicats évoquent une « rébellion généralisée ».

La série noire continue dans les établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM). Celui de Lavaur, dans le Tarn, était jusqu’à lundi matin en état de quasi-rébellion après avoir été le théâtre de multiples incidents ces deux derniers jours, selon des sources syndicales.

Les troubles ont commencé au cours du week-end par l’agression d’une cuisinière, sur laquelle des détenus ont jeté un seau, tout en l’insultant. Dans un premier temps, les incidents étaient localisés dans « l’unité » où sont placés les jeunes les plus difficiles. Puis, la quasi-totalité des 45 mineurs incarcérés y ont pris part, à l’exception de quelques-uns, a indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) Laurens Maffre, secrétaire régional de l’Ufap-Unsa-Justice. La violence est allée crescendo dans l’enceinte de l’établissement, où les surveillants ont été la cible de projectiles, d’insultes et de menaces de mort. Une dizaine de cellules ont été saccagées, selon les syndicats Ufap-Unsa Justice et CGT Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), tandis que sept départs de feu ont été dénombrés dans la nuit de dimanche à lundi.

On n’est « pas loin » de la mutinerie — Ce déploiement de violences a nécessité l’intervention d’une Équipe régionale d’intervention et de sécurité (ÉRIS), sorte de force de réaction rapide constituée de surveillants intervenant en tenue de protection en cas de crise. Une procédure normale dans ce genre de situation, assure au Figaro.fr Alain Dru, le secrétaire général de la CGT-PJJ. Selon ce dernier, ce type de troubles est courant dans les EPM, particulièrement ceux en état de saturation, comme Lavaur, ou ceux dans lesquels le nombre de détenus augmente régulièrement. « Les destructions de cellules à Lavaur arrivent souvent. La grande différence, c’est qu’avant les incidents n’étaient pas rendus publics », souligne-t-il, rappelant que plusieurs cellules de l’EPM de Porcheville ont aussi été brûlées.

Après être intervenue dimanche pour neutraliser le détenu qui a agressé la cuisinière, l’ÉRIS était toujours présente lundi à l’établissement de Lavaur. Le détenu en question, incarcéré en vertu d’une procédure criminelle, a été transféré dans une autre prison. Un autre jeune a été placé en cellule disciplinaire selon le directeur territorial de la PJJ, Michel Gellf. « La situation est en voie de retour à la normale », affirmait toutefois à la mi-journée la procureure de Castres, Manuella Garnier. Une information confirmée par Michel Gellf. Bertrand Mappas, de la CGT-PJJ, parlait un peu plus tôt d’une « rébellion généralisée », tandis que Laurent Maffre évoquait une mutinerie.

En début d’après-midi, le ministère de la Justice ne s’était pas encore exprimé sur l’affaire. Les premiers EPM, qui ont été ouverts en 2007 pour des mineurs condamnés ou prévenus, sont censés remplacer les quartiers des mineurs des maisons d’arrêt.

Leur presse (Marion Brunet, LeFigaro.fr), 9 mai 2011.

 

La tension monte dans deux établissements pénitentiaires pour mineurs

La prison pour mineurs de Lavaur, dans le Tarn, a été le théâtre d’une nouvelle agression dans la nuit du lundi 9 au mardi 10 mai. L’établissement est, depuis plusieurs jours, en proie à une « quasi-rébellion », marquée par l’agression d’une cuisinière, des cellules saccagées et des départs de feu. Par peur pour leur sécurité, les éducateurs qui y travaillent ont fait valoir leur droit de retrait pour la troisième journée consécutive, a indiqué la CGT.

La nuit dernière, une surveillante a été la cible de jets de projectiles et de récipients remplis de liquide au cours d’une ronde. L’un des seaux contenait vraissemblablement de l’urine. La surveillante a également été visée par des insultes et des menaces sexuelles, ont indiqué Bertrand Mappas et Emmanuelle Tarissan, délégués syndicaux de la CGT-Protection judiciaire de la jeunesse. La nuit a donné lieu à quinze compte rendus d’incidents.

Une cinquantaine de jeunes sont actuellement emprisonnés à Lavaur, pour une capacité maximale de 60 détenus. Ils sont encadrés par 80 à 90 surveillants et agents de la PJJ (44 personnes, dont 36 éducateurs), auxquels s’ajoutent les enseignants de l’Éducation nationale, selon des chiffres recueillis auprès des différents intervenants.

Les autorités assurent que le calme revient dans l’établissement. Mais « la tension reste très vive », selon Emmanuelle Tarissan, dont le syndicat est très majoritaire chez les personnels de la PJJ à Lavaur. Une équipe régionale d’intervention et de sécurité (ÉRIS), sorte de force de réaction rapide en milieu carcéral, a de nouveau été appelée à intervenir mardi.

« L’EPM est un échec, il faut le reconnaître » — La situation n’est pas meilleure à Marseille, où des personnels de l’établissement pénitentiaire pour mineurs ont bloqué dans la matinée l’entrée de la prison pour dénoncer des conditions de travail « de plus en plus difficiles ». La manifestation s’est tenue une semaine après l’agression d’une surveillante, à l’appel notamment de l’UFAP (Union fédérale autonome pénitentiaire) et de la CGT-Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ).

« Un EPM au départ, c’était un établissement de réinsertion. Là, les magistrats incarcèrent à tout-va, cela devient un centre pénitentiaire lambda. Tous les jours, les personnels, qu’ils soient de surveillance ou éducateurs, essuient des menaces, des insultes. L’EPM est un échec, il faut le reconnaître », a estimé Laurent Germain, secrétaire général de l’UFAP dans la région. « Nous demandons la fin de la surpopulation pénale, que les personnels puissent travailler dans des conditions dignes », a-t-il poursuivi.

L’établissement, mis en service en juillet 2007 et devant initialement « allier sécurité carcérale et éducation pour préparer la sortie et la réinsertion », peut accueillir jusqu’à 54 détenus âgés de 13 à 18 ans, une limite rarement respectée, selon les syndicats.

Plusieurs prisons pour mineurs ont fait parler d’elles récemment. À Meyzieu (Rhône), un détenu de 16 ans avait pris en otage une éducatrice pendant plus de deux heures le 12 avril. Le CGT-PJJ a déposé pour cette semaine un préavis de grève reconductible à l’échelon national. Une semaine d’action avait déjà été organisée dans les six EPM français du 18 au 22 avril. Le syndicat réclame des discussions portant notamment sur la définition du statut et des missions des éducateurs de la PJJ travaillant dans ces établissements aux côtés de surveillants de l’administration pénitentiaire. Il souhaite aussi une revalorisation de leur rémunération « puisque la dangerosité et la pénibilité sont des constantes ».

Leur presse (LeMonde.fr), 10 mai 2011.

 

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