[Nancy, 8 avril] Solidarité internationale, soirée avec des camarades grecs antifascistes ce lundi au CCAN

En ces temps de « crise internationale », la propagande capitaliste relayée par les mass-médias nous martèlent sans cesse de discours en faveur de la protection du système économique actuel.

Que se soit de gauche comme de droite, les libéraux mettent en place des plans d’austérité préconisant le renflouement des banques, la privatisation, le non-remplacement des fonctionnaires etc. qui à court, comme à long terme, provoquent des inégalités sociales et économiques, la montée du chômage, de l’intolérance, du racisme…

Face aux opposants de cette dictature économique, se met en place dans les pays européens des mesures de répression plus ou moins violente mais jamais relayées par les mass-médias.

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C’est dans cette perspective, que nous vous proposons une alternative d’information à travers une soirée débat où il sera possible d’échanger avec des militants antifascistes grecs sur les formes réelles que prend la répression en Grèce : affrontements brutaux entre police et manifestants, arrestations abusives, torture des militants durant les gardes à vue/emprisonnement, étroite relation entre police et Aube dorée, milices qui pratiquent la chasse aux immigrés…

Si l’idée de cette soirée vous intéresse, nous vous donnons rendez-vous, le lundi 8 avril à partir de 20H30 au CCAN, 69 rue mon désert à Nancy.

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[Marseille] Réunion pour la création d’un collectif d’auto-défense de précaires !!!

INVITATION  à une réunion, dimanche 7 avril à 18h, au 13 rue Belle de Mai pour la création d’un COLLECTIF D’AUTO DÉFENSE DE PRÉCAIRES !!!

Nous sommes des milliers à dépendre des institutions sociales. Des milliers à être considérés par la CAF, Pôle-Emploi, ou la Sécu, comme des profiteurs, des mauvais pauvres à rééduquer, et à ce titre, contraints aux contrôles, aux humiliations, à l’arbitraire, pour conserver ces maigres miettes que sont les allocs. La culpabilisation, l’isolement, la peur de se faire radier ou virer tend à neutraliser toutes réactions.

Y en a marre de gueuler seul, à plusieurs, c’est plus facile de créer de véritables rapports de forces face à la machine administrative, pour empêcher les radiations, les expulsions locatives…

Ce collectif n’a pas pour vocation d’améliorer ces machines qui nous boufferons toujours, toujours là pour nous faire trimer mais tentera bien de créer des réseaux de solidarité et d’auto-organisation des précaires.

Dans ce but, quelques propositions de questions : De quelles questions spécifiques traite ce collectif ? Comment les décisions sont prises ? Sur quelles bases ? Faut-il organiser une campagne sur un thème spécifique (logement, contrôle social…) et/ou des actions ponctuelles ? Mais chacun est invité à venir apporter ses envies et réflexions.

Réunion dimanche 7 avril au 13 rue Belle de Mai, pour discuter de la création d’un collectif d’auto-défense de précaires, en dehors de tout partis ou syndicats et de manière horizontal.

Marseille Infos Autonomes, 3 avril 2013

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Bavures policières mortelles : trente ans de quasi impunité ?

Enquête
Bavures policières mortelles : trente ans de quasi impunité ?

Dix-huit décès impliquant des policiers ont été recensés en 2012. Deux fois plus qu’il y a dix ans. Et un scénario souvent similaire : peu d’égards pour les familles des victimes, des procédures judiciaires qui s’éternisent, une difficile transparence sur les circonstances de la mort et le rôle des policiers… Est-ce dû au profil type des trépassés ? Au poids de la corporation policière et à sa difficulté à reconnaître une éventuelle faute ? Alors que trois non-lieux viennent d’être confirmés pour des opérations de police ayant entraîné la mort, Basta ! a enquêté sur les raisons de cette tradition française.

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VOIR LA VIDÉO

« Je suis très fier de la justice française. » L’enthousiasme de Jean-Pierre Mignard, avocat des familles de Zyed Benna et Bouna Traoré, fait le tour des médias ce 31 octobre 2012. La cour de cassation de Paris vient d’annuler le non-lieu en faveur des policiers impliqués dans la mort de ces deux adolescents de Clichy-sous-Bois, un soir d’octobre 2005. Après sept ans de procédure ponctuée de non-lieux et de reports, la tenue d’un procès va pouvoir avoir lieu. S’en exalter, c’est dire le caractère apparemment exceptionnel de cette décision. Comme si « les gens à Clichy devaient comprendre que c’est classe de la part de la justice, et après fermer leur gueule. On dira merci à la fin, quand il y aura le procès et qu’ils seront condamnés. Alors que c’est complètement normal », tance Noredine Iznasni, co-fondateur du Mouvement immigration banlieue (MIB). Mais derrière cette « décision historique », les classements sans suite, les procédures à rallonge, les acquittements, et les peines avec sursis sont légion.

Ne serait-ce que sur les six derniers mois, quatre plaintes mettant en cause des forces policières ont été déboutées : non-lieu en février dernier pour la mort d’Ali Ziri, ce retraité décédé à la suite d’une suffocation après son interpellation à Argenteuil. Non-lieu en décembre pour Mohamed Boukourou, victime d’un arrêt respiratoire dans un fourgon de police après avoir pris des coups. Non-lieu encore, en octobre 2012, pour Mahamadou Marega, décédé après avoir été la cible d’un tir de Taser à Colombes. Enfin, non-lieu en septembre dernier avec Abou Bakari Tandia, tombé dans le coma pendant sa garde à vue, fin 2004, à Courbevoie. Trois de ces ordonnances de non-lieu viennent d’être confirmées par la cour d’appel de Versailles. Ces drames allongent la liste interminable des violences policières fatales reléguées dans les oubliettes des prétoires. De quoi atténuer la ferveur de l’avocat Jean-Pierre Mignard.

10 à 15 morts par an suite à des opérations de police

Dix à quinze décès par an. C’est la moyenne nécrologique de la répression policière qu’avance l’historien Maurice Rajsfus et son Observatoire des libertés publiques : Que fait la police ?. Elle s’étire sur plus de cinquante ans. Six à huit décès entre 1977 et 1997. Une dizaine de 1997 à 2001. Au début du 21e siècle, la macabre moyenne atteint les douze cercueils par an. Désormais, on compterait un mort tous les vingt jours selon la comptabilité du Collectif « Vies volées ». Ce qui élève l’année 2012 au rang des plus meurtrières, avec 18 décès. En quatre décennies, entre 500 et 1000 personnes auraient ainsi succombé, directement ou indirectement, des suites d’une opération de police. Le profil type du trépassé ? Un jeune homme des quartiers populaires, d’origine maghrébine ou d’Afrique Noire.

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Deux constats sont sans appel : d’une part, la police tue, même si c’est involontairement. D’autre part les responsables sont rarement inquiétés. Sur un échantillon de 180 personnes décédées au cours d’une opération de police, environ un tiers des affaires sont classées sans suite, une trentaine débouchent sur un non-lieu, et une dizaine sur des relaxes. Soit plus de la moitié des affaires. Près de soixante-dix entraînent des peines avec sursis pour les auteurs des violences. On relève moins de dix condamnations à de la prison ferme [Constat établi à partir de faits relevés depuis cinquante ans sur des blogs de collectifs, de livres, et recoupés par la presse. Nous reviendrons prochainement sur ce recensement.]. « C’est presque un lieu commun de parler d’impunité », lance Rafik Chekkat, ancien avocat et animateur du site État d’exception. Pourtant, « les policiers sont des justiciables de droit commun », rappelle la juge d’instruction et vice-présidente du Syndicat de la magistrature, Sophie Combes. En théorie… Comment se traduit cette immunité de fait ? Quel chemin suivent les procédures ?

De mort naturelle

« Aucun élément ne permet de retenir la responsabilité d’un fonctionnaire de police dans le processus ayant abouti au décès de la victime ». Ce type d’ordonnance de non-lieu revient régulièrement pour signifier l’abandon d’une action judiciaire. Il n’y a donc pas de relation de cause à effet entre la mort d’une personne et l’intervention dont il a fait l’objet. « Même lorsque les preuves sont accablantes contre les flics », se désole Omar Slaouti du collectif « Vérité et justice pour Ali Ziri ». Juin 2009, ce chibani de 69 ans succombe à la technique d’interpellation dite du « pliage » à Argenteuil. Une première expertise médicale dédouane les policiers. Mais une seconde autopsie indique « un arrêt cardio-circulatoire multifactoriel », suite à un manque d’oxygène avec plus de 27 hématomes sur son corps.

Pour Lamine Dieng mort à Paris dans un fourgon de police en juin 2007 : du vomi dans tout le système respiratoire, et un hématome de 5 cm au sommet du crâne occasionnant gonflement et écoulement du cerveau, explique sa sœur Ramatta Dieng. « Personne n’aurait pu survivre au traitement qu’il lui a été infligé ». Motif du décès : asphyxie due à « l’appui de la face contre le sol ». Les policiers sont placés en qualité de témoins assistés, ce qui n’est pas vraiment une mise en examen.

Armes non létales

En cause : la technique « d’asphyxie posturale », une technique d’immobilisation largement dénoncée depuis dix ans par Amnesty International ou la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) et interdite dans plusieurs pays. En France, elle serait à l’origine de plusieurs fins de vie prématurées, tel Abdelhakim Ajimi en 2008, qui s’est éteint devant dix témoins et dont le sursis des responsables vient d’être confirmé.

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Idem pour les armes dites non-létales. Mahamadou Marega en décembre 2010 est retrouvé inanimé dans un ascenseur d’immeuble à Colombes suite à une intervention policière. Il a été aspergé de gaz lacrymogène et électrocuté de 17 coups de Taser, un pistolet à impulsion électrique. Son cœur est gonflé de sang. Mostefa Ziani expire à Marseille d’une crise cardiaque suite à un tir de flash-ball [Le rôle du flash-ball est jugé « indiscutable » par l’autopsie dans l’œdème pulmonaire ayant provoqué la mort]. La CNDS ou son successeur, le Défenseur des droits, attestent d’« usage abusif » de ces armes, « d’immobilisation peu académique », ou encore de « traitement inhumain et dégradant » de la part des agents publics. De leur côté, magistrats et Inspection générale des services (IGS) concluent généralement à une « mort naturelle » liée au stress de l’interpellation ou à l’état de santé [Voire « d’acte suicidaire » comme l’a avancé un procureur à propos d’un chauffeur de taxi mort suite à un refus de contrôle de police].

« Si ce ne sont pas les policiers, qui l’a tué ? »

« Le non-lieu, ça veut dire qu’il s’est tué tout seul. Si ce ne sont pas les policiers, qui l’a tué ? C’est qui ? », s’énerve Touré Ismail, l’oncle de Mahamadou Marega. Un non-lieu n’est pas un acquittement mais une décision qui clôt l’instruction, prise lorsque les preuves n’apparaissent pas suffisantes à l’encontre de la personne mise en cause. Dans plusieurs décès, des suites d’une opération de police, l’état de santé de la victime est jugé responsable de la mort : « malformation cardiaque » voire maladie génétique. Comme pour Abdel El-Jabri, décédé à Aulnay en janvier 2012 après un contrôle d’identité. Selon le Parquet, le décès est dû à « une rupture de l’aorte, déjà fragile, liée à une maladie génétique », malgré le massage cardiaque effectué par un policier. « À croire que lorsqu’on est immigré, on a tous un problème de valve cardiaque. C’est complètement délirant », ironise Omar Slaouti.

Abou Bakari Tandia aussi serait mort en se frappant la tête contre les murs d’un commissariat de Courbevoie en 2004. Avant que les rapports médicaux, bizarrement disparus, réapparaissent cinq ans plus tard et évoquent une asphyxie posturale. Puis qu’un policier avoue s’être essayé à la clef d’étranglement… La caméra de surveillance de sa cellule aurait été hors service suite à un arrachage de fils. Son avocat Yassine Bouzrou, qui a porté plainte pour faux témoignage, a également fait appel du non-lieu rendu.

Vaine volonté de transparence

Matériel technique qui fait défaut, « zones d’ombres », « versions contradictoires », « contre-autopsie » rythment inlassablement nombre de procédures. Certaines affaires se suivent et se ressemblent. « À la limite si on nous faisait la démonstration que ce ne sont pas des meurtres… mais qu’il y ait une volonté de transparence sur les choses », soupire Omar Slaouti. Ce sentiment est alimenté par la difficulté pour les proches de disposer d’informations claires sur les circonstances de la mort. Les familles sont parfois prévenues bien après le dernier souffle. Dix heures après pour Tina Sebaa et Raouf Taïtaï, tués à bord d’une voiture volée lors d’une poursuite avec la brigade anti-criminalité (BAC), à Saint-Fons, dans la banlieue lyonnaise, en 2007. Trente-six heures pour Lamine Dieng. Quarante-huit heures après pour Ali Ziri.

Déjà en 2006 Amnesty International alertait l’opinion sur « ces policiers au-dessus des lois » : réticence à poursuivre les responsables, enquêtes partiales, lenteurs administratives… Une situation qui impose aux familles de se constituer partie civile auprès du juge d’instruction pour accéder aux éléments du dossier et consulter les examens médicaux. Durant l’enquête préliminaire, l’avocat n’a accès qu’au procès verbal et aux auditions, et non à tout le dossier comme le revendique le Syndicat de la magistrature.

« Connue des services de police »

Durant cette phase de l’enquête, c’est souvent le profil de la victime « connue des services de police » qui est pointée. Au mieux celle-ci est alcoolique ou toxicomane. Au pire un dangereux délinquant. Ainsi, découvrait-on dans la bouche du ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, Zyed et Bouna en voleurs de chantiers alors qu’ils rentraient d’un match de football. « J’ai mal car ils ont sali le nom de mon neveu, ils ont déclaré qu’il était délinquant », confie de son côté Touré Ismail, à propos de Mahamadou Marega. Celui que les médias appellent le sans-papier malien n’attendait en fait que son renouvellement de titre de séjour de dix ans.

Quant à Amine Bentounsi, décédé le 21 avril 2012 à Noisy-le Sec (Seine-Saint-Denis), il est réduit dans plusieurs médias à son statut de « caïd multirécidiviste ». Fuyant un contrôle d’identité, alors qu’il aurait dû regagner la maison d’arrêt de Châteaudun, en Eure-et-Loir, où il bénéficie d’une permission de sortie, il est abattu par un agent de la BAC, d’une balle logée dans le dos. Le jeune homme était armé mais n’a pas ouvert le feu. « On a voulu le rendre coupable à titre posthume », regrette Amal, la sœur du défunt.

Peine de mort abolie ?

La peine de mort est abolie en France. « Toute personne appréhendée ne doit subir de la part des fonctionnaires aucune violence ni traitement inhumain », stipule l’article 10 du Code de déontologie de la police nationale. Pourquoi alors charger le casier judiciaire du cadavre encore chaud ? Avoir un comportement illicite délivrerait-il un permis de tuer aux fonctionnaires assermentés ? « Les policiers ne sont-ils pas formés pour désamorcer ce genre de choses ? » s’étonne Ramatta Dieng, animatrice du site À toutes les victimes, et sœur de Lamine Dieng, décédé à Paris dans un fourgon de police.

Yassine Bouzrou avance une analyse : « Comme les magistrats se prononcent sur leur intime conviction, il est plus facile de légitimer que le policier n’a pas dérapé mais a répondu à un acte anti-flic. » La systématisation de la plainte pour « outrage et rébellion » va dans ce sens, remarque l’avocat [En 20 ans, le nombre de condamnations pour ce type de délits a augmenté de 74 %. Une arme de dissuasion « commode pour justifier les excès de leurs violences et faire condamner leurs victimes », écrit l’observatoire des violences policières des bouches du Rhône.]. Autre argument récurent de la part de l’institution policière : l’interpellation s’est effectuée « dans le respect de la procédure ». Pas vraiment rassurant.

Présomption de légitime défense

La légitime défense est également invoquée. Notamment lorsque les voitures en fuite, considérées comme « armes par destination », se dirigent vers les barrages installés pour les stopper. Abdel Kader Bouziane aurait ainsi été abattu d’une balle au nom de ce principe. Et tant pis si l’accidentologue révèle une vitesse de 36 km/h : non-lieu pour le fonctionnaire. Le commissaire honoraire Georges Moréas reconnaît sur son blog que la jurisprudence fait jouer depuis longtemps la « présomption de légitime défense » en faveur des policiers.

La mise en examen pour homicide volontaire du policier qui a tiré sur Amine Bentounsi provoque la fronde de ses collègues – nous sommes la veille du premier tour de l’élection présidentielle. Ils réclament l’instauration de la fameuse présomption [Selon l’article 122-5 du code pénal : « N’est pas pénalement responsable la personne qui, devant une atteinte injustifiée envers elle-même et autrui, accomplit, dans le même temps, un acte commandé par la nécessité de la légitime défense. » Finalement refusée par la commission de protection juridique, cela avait abouti à un projet de loi.]. « Un policier mis en examen doit pouvoir continuer à travailler, peut-être dans un autre service, et toucher la totalité de son salaire, sinon c’est antinomique avec la présomption d’innocence », expliquait alors Nicolas Comte, secrétaire général du syndicat Unité SGP Police. « Si on laisse passer une balle dans le dos, c’est qu’il n’y pas de justice en France », répond Amal, la sœur d’Amine Bentounsi. Vivement engagée pour la reconnaissance du meurtre de son frère, elle subit depuis des pressions. Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls a porté plainte contre elle pour « diffamation envers une administration », à cause de son site urgence-notre-police-assassine. « Tous les policiers ne sont pas à mettre dans le même sac, mais il existe une grosse pression des syndicats de police qui sont très puissants. C’est presque un lobby », estime-t-elle.

Omerta ?

Dans ces affaires, ce sont des policiers qui enquêtent sur des policiers. « La police joue à domicile, la justice est l’annexe du commissariat », critique l’ancien avocat Rafik Chekkat. Que ce soient l’IGS, l’IGPN ou la police judiciaire, tous font partie intégrante de la même maison. Une certaine omerta s’y illustre par la réticence de plusieurs agents à dresser des procès-verbaux dénonçant leurs collègues, pour ne pas passer pour un « traître » ou une « balance ». Des recommandations du Défenseur des droits ont même été rejetées par le ministère de l’Intérieur, toute sanction disciplinaire devant venir après une éventuelle sanction pénale. Ce qui peut durer longtemps.

Pourtant, quand on veut sanctionner une mortelle incompétence ou une tragique faute, on peut. Une demi-douzaine de policiers ont été condamnés pour homicide à de la prison ferme [Dont deux ayant commis leur crime hors service]. À chaque fois, l’acte mortel est solitaire, s’exécute par balle et l’intentionnalité est peu contestable. Jean Carvalho – condamné à 12 ans pour le meurtre de Fabrice Fernandez, dans un commissariat de Lyon –, Alain Marty – 10 ans pour avoir tué un SDF de quatre balles en 1998 à Tarbes – et Pascal Compain – 8 ans pour une balle dans la tempe de Makomé M’Bowolé dans un commissariat parisien – demeurent les trois policiers le plus lourdement condamnés. Caractéristique ? Ils ont été lâchés par leurs collègues, leur hiérarchie ou la Place Vendôme. Présentés comme « médiocre », « caractériel », « désinvolte et dilettante », « déprimé » ou « impulsif ». Soit comme des fonctionnaires non représentatifs de la corporation. Comme un aveu de cette influence, Manuel Valls a promis que « personne ne sera protégé » à propos du policier qui a tué hors-service Yassin Aïbeche à Marseille devant une épicerie, mi-février.

Justice à plusieurs vitesses

Environ 600 fonctionnaires de police sont décédés pendant leur service depuis 1971. Dont les deux tiers lors d’accidents de service, selon le décompte du blog Victime du devoir. Environ 200 agents ont été tués lors d’opérations de police proprement dites (fusillade, interpellation, contrôle, prise d’otages…). Et la plupart des coupables dorment désormais entre quatre murs. Le meurtre d’une personne dépositaire de l’autorité publique est passible de la réclusion criminelle à perpétuité, contre 30 ans pour tout autre personne [Art. 221-4 du code pénal].

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D’un côté, la fermeté et la rapidité sont la règle, et c’est normal. De l’autre, le classement sans suite, le non-lieu ou la peine avec sursis semblent banalisés. Pourquoi cette différence ? Mantes-la-Jolie en 1991. Saïd Lhadj tue de manière accidentelle la policière Marie-Christine Baillet : dix ans de prison ferme [Les assises de Versailles ont reconnu en 1997 le caractère accidentel]. Ce même soir de juin, au Val-Fourré, Youssef Khaïf, est tué d’une balle dans la nuque par l’arme de service de Pascal Hiblot. Dix ans après, le policier est acquitté. Toulouse en 1998 : Henri Blois tue Habib d’une balle dans le dos. Verdict en correctionnel : trois ans de sursis. Jérôme Chaboub blesse un policier dans les révoltes qui font suite à la mort du jeune toulousain : douze ans derrière les barreaux pour tentative d’homicide. Villiers-le-Bel en 2007 : les frères Kamara purgent douze et quinze ans de prison. Ils sont condamnés, sur la foi de témoignages sous X et sans preuves irréfutables, pour avoir tiré sur des policiers lors d’affrontements suscités par le décès de Larami et Moushin, tués lors de la collision de leur moto avec un véhicule de police. Leurs familles attendent encore qu’un procès fasse la lumière sur les circonstances de leur mort.

Vers des commissions d’enquête autonomes ?

Comment en finir avec ce qui ressemble à une certaine impunité ? L’avocat Yassine Bouzrou suggère que les membres de l’IGS, chargés d’enquêter sur leurs collègues en cas de délit ou de faute, ne soient pas des policiers intégrables aux services classiques, afin de leur éviter des représailles. Au Syndicat de la magistrature, Sophie Combes propose de placer la PJ sous l’autorité d’une instance judiciaire à qui on ne pourrait reprocher aucun lien d’empathie avec la corporation. C’est ce que souhaite également le collectif Vies volées en lançant une pétition pour la création d’une commission d’enquête autonome et indépendante. Objectif : 10’000 signatures à déposer au ministère de Justice. Afin qu’avocats et magistrats indépendants puissent juger les crimes policiers « sans parti pris ».

« Le jour où ils seront condamnés normalement, certains policiers réfléchiront avant de faire ce genre d’actes », espère Noredine Iznasni. Quitte à étudier d’autres formes d’incarcération pour les policiers jugés coupables d’homicides. « C’est irresponsable de confier tant de pouvoir à des individus sans qu’il y ait de contrôle derrière, c’est normal qu’il y ait des dérives », ajoute Ramatta Dieng. Pour que demain, plus personne ne meure, en France, sans autre forme de procès. Et que méfiance et suspicion ne planent plus sur les procédures judiciaires impliquant des policiers.

Ludo Simbille, Basta !, 2 avril 2013

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[La révolution continue] Tu es Égyptien ou Ikhwan ?

Tu es Égyptien ou Ikhwan ?

Au Caire depuis quelques jours, la tension monte ; outre la fronde des Frères contre l’institution de l’Azhar et son vénérable Cheikh, le maintien du procureur général des Ikhwans à son poste en dépit du verdict du tribunal administratif qui l’a destitué, la situation économique se détériore de plus en plus.

À la pénurie du fuel s’est ajoutée l’augmentation du prix de la bonbonne de gaz qui est passée de 5 LE à 35 ; ce qui va se répercuter sur le prix de la nourriture essentielle du petit peuple, l’assiette de Kouchari et les sandwich de fèves et de Tamya. Les coupures d’électricité sont de plus en plus nombreuses, cela peut durer 4 heures par jour dans les quartiers riches et moyens pour atteindre 8 heures dans les quartiers informels. Le gouvernement nous annonce des coupures régulières de 4 heures et plus en été.

Samedi 6 avril, une grande manifestation est prévue pour fêter le premier appel à la grève générale lancé par le mouvement du 6 Avril en 2008, à Mahalla El Kobra une journée de grève est prévue.

Aujourd’hui j’étais dans un taxi, et j’ai remarqué que le chauffeur avait une barbe, je lui ai demandé s’il était Ikhwan, il m’a dit non je suis Égyptien. La détestation des Frères est générale ; même dans le villages les plus reculés d’après certains activistes. Ceux-ci, en plus des jeunes des partis commencent à focaliser leurs actions dans les provinces du sud, et touchent les populations locales en mobilisant leurs patrimoines artistiques. Il s’agit de ressusciter les traditions musicales et de chant basées sur l’improvisation et la participation du public sur fond de l’actualité politique et sociale. Cette nouvelle forme de résistance, de sensibilisation et de mobilisation par le chant populaire a eu un impact très positif à Assouan. Elle se reproduira dans d’autres gouvernorats tels que Luxor et Qena, très touchées par le chômage à cause de la disparition du tourisme. Les jeunes activistes collaborent de plus en plus avec la jeunesse des partis politiques et inventent plein de formes de sensibilisation et de résistance adaptés aux contextes locaux, ce qui commence à inquiéter les Frères ; qui, après avoir perdu leur crédibilité commencent à perdre la tête. Aujourd’hui, des inconnus ont mis le feu dans le tribunal du sud du Caire, on y voit les doigts des Ikhwans, tant les dossiers en cours de traitement dans cet organisme les accablaient.

La révolution continue.

Galila El Kadi – mailing, 4 avril 2013

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[Chine] Agitation ouvrière

China: Suicide and strike at Foxconn

Labour unrest has erupted again in the world’s largest outsourcing manufacturer, Foxconn. It is a sharp sign that the working class in China is now under enormous economic pressure.

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Last Thursday, a dissident Chinese language web site, China Jasmine Revolution, reported that several thousand workers at a Foxconn plant at Fushan city, in southern Guangdong province, began a strike against management’s secretive redundancy plan. Foxconn is shifting the facility to Yangtai, in Shandong province, where wages are lower.

The Foshan Pulihua Technology plant was originally a Taiwanese operation, established in 1990. Foxconn, another Taiwanese company, took over in 2006 and became one of the largest manufacturers of digital cameras and projectors for global brands such as Konica, Minolta and Nikon. With 20,000 workers in this plant, it is estimated that one in every 7 or 8 digital cameras in the world is made there.

China Jasmine Revolution reported that because of global economic slump, orders for the plant were falling, forcing Foxconn to retrench workers in groups, starting with an initial batch of 5,000. Workers threatened to continue to strike until the company outlined its whole relocation plan. Police were deployed to confront striking workers.

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Another dispute over job cuts erupted at Foxconn’s giant Longhua complex, in the manufacturing centre of Shenzhen city, also in Guangdong province. The AppleInsider web site, citing accounts on China’s micro-blogging service Weibo, reported that last Friday morning a worker tried to commit suicide by jumping off the factory roof, but survived. Later three more workers climbed onto the roof and threatened to jump.

Foxconn issued a media statement, saying: “We can confirm that on March 29, three employees at our campus in Longhua, Shenzhen were involved in a workplace dispute over the company’s decision to offer them an opportunity to relocate to another Foxconn China facility as part of a shift in production linked to their business group.”

China National Radio reported last Friday that orders at the Foxconn plant were falling. The corporate giant was forcing workers to resign by “provoking discontent.” The report added that at another Guanlang complex in Shenzhen, workers were forced to take long stretches of leave on rotating basis, in order to encourage to them to resign. Those who took up retrenchment were offered just 600 yuan ($US96) as “compensation.”

After the Chinese New Year holiday in February, Foxconn did not follow its usual practice of hiring more workers, as there was no overtime work for the existing workforce. Without overtime pay, the wages paid to experienced workers are less than 2,000 yuan a month. After deductions for accommodation, meals and superannuation, “there is not much left for workers, it is hard for workers to stay even if they want to,” China National Radio stated.

Since 2010, Foxconn has been rocked by the suicide of 14 employees, mainly in Shenzhen, resulting from onerous sweatshop conditions and military-style management. Under pressure from its Western corporate clients, such as Apple, Foxconn’s billionaire chairman Terry Gou promised to give wage rises and other minor concessions to workers.

At the same time, however, the company initiated a massive plan to relocate production facilities to inland Chinese provinces and other Asian countries where wages are even lower. Foxconn’s profits in 2012 jumped by 16 percent to $3.2 billion—the highest level since 1995.

Chinese companies are also facing greater competition from advanced industrialised economies. According to Miami-based consulting company Hackett Group, the gap between manufacturing costs in the US and China has almost halved the past eight years and is likely to fall to just 16 percent this year. Huge wage cuts have been imposed on American workers in the wake of the 2008 financial crisis.

Other export companies in China are also being hit by the global economic slump, leading to protests and strikes.

A thousand workers at the Second Division Factory of Liangneng Technology in Shenzhen, owned by Taiwanese-owned Unimicron, stopped work last week over plans to reassign them to other facilities, without compensation, and unpaid overtime wages. On April 1, hundreds of workers marched to raise their demands, prompting local authorities to deploy large numbers of police.

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In online comments, striking workers explained that they had been locked inside the factory, under the supervision of government officials and police. Management refused to provide food to hundreds of striking workers, until reporters arrived. Another worker wrote that they worked 12 hours a day, plus 2.5 hours overtime, with only quarter of an hour for lunch.

Shipbuilding has also been affected. Last Thursday and Friday, 2,000 workers at the South Korean-owned STX shipyard in Dalian in eastern China took strike action. They gathered in front of the government office in the Changxingdao Technology Zone to protest against unpaid wages, and called for a ban on the transfer of assets by the company. A large number of police was deployed to guard the building.

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STX’s Chinese operation, which was only established in 2008, as part of STX’s aggressive global expansion, now has 30,000 workers. But the global financial crisis has sent the company into debt because of a rapid fall in ship orders. Workers posted “insider” information online, saying STX was unable to pay major Chinese banks debts of 5.89 billion yuan ($950 million) that matured on March 21. STX’s overall debt is estimated to be 200 percent of its assets.

The ongoing labour unrest in export enterprises indicates that slowing Chinese economic growth is intensifying sharp social tensions, which are set to worsen in the coming weeks and months.

John Chan, World Socialist Web Site, 4 avril 2013

 

Nouvelle vague de suicides chez Foxconn

Les suicides en série dans les usines du premier fabricant mondial d’électronique grand public ont agité l’opinion publique à partir de 2010. Le rythme de ces tragédies semblait avoir ralenti en 2012. Ces jours-ci, quatre tentatives de suicides à Shenzhen relancent la polémique.

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Réduction de la masse salariale

La plus grande usine du groupe Foxconn, qui fabrique la plus grande partie des produits d’Apple, d’Acer, les tablettes d’Amazon, … est située dans le quartier de Longhua à Shenzhen. C’est la fameuse ‘Foxconn City’, où travaillent 300 à 400’000 personnes. Le mode de vie des ouvriers y est assez mystérieux : des journalistes d’investigation étrangers font régulièrement des révélations fracassantes, comme la présence de travail infantile, des horaires incroyables (70 heures par semaine,…). ‘Scoops’ souvent réfutés rapidement.

Cependant, les conditions de travail dans la Foxconn City en ce début d’année 2013 ne sont certainement pas des plus réjouissantes. La faute à la crise économique, qui voit les ventes de produits d’électronique stagner au mieux, et donc les commandes des grandes marques mondiales se réduire. Alors que Foxconn recrutait chaque année des dizaines de milliers d’employés pour compenser un turn over important et assurer la croissance de ses activités, la situation a nettement changé cette année. Foxconn doit réduire sa masse salariale. Pour le faire, tous les moyens sont bons. Selon des anciens employés fraîchement débarqués, le management offrirait une prime de 600 yuans (environ 75 euros) à ceux qui acceptent de démissionner. Une option encore plus avantageuse pour l’entreprise que d’avoir recours à des licenciements, puisque plusieurs mois de salaire doivent être réglés à un ouvrier licencié.

Des travailleurs poussés à bout

La situation économique semble malheureusement relancer la vague de suicide à Shenzhen. En deux journées quatre personnes ont tenté de se suicider. Le 28 mars, une jeune employée d’un peu plus de 20 ans, s’est jetée par la fenêtre de son petit dortoir. Elle est gravement blessée mais ses jours ne sont pas en danger malgré la lenteur d’arrivée des secours dénoncée par les témoins. Le lendemain, ce sont 3 ouvriers qui ont occupé le toit d’une usine en menaçant de sauter. Ils protestaient contre les bas salaires et les pressions exercées pour pousser les travailleurs à démissionner.

Selon certaines sources, les salaires à l’embauche ne sont pas mirobolants : 1800 yuans (225 euros) auxquels sont soustraits des ‘frais d’hébergement et de cantine’ de 500 yuans (62 euros). Alors qu’auparavant les employés pouvaient gagner beaucoup plus en faisant des heures supplémentaires, le faible niveau de production rend impossible cette éventualité. Vivre avec ce salaire de base de 160 euros dans une ville de Shenzhen, où les prix se rapprochent toujours plus de ceux de la voisine Hong-Kong, semble relever de l’exploit.

Le ralentissement de l’économie rend les troubles sociaux presque inévitables. C’est ce que veut à tout prix éviter le gouvernement. L’administration fera donc tout ce qui est en son pouvoir pour maintenir un niveau de croissance satisfaisant. Même si cela entraîne l’adoption de mesures protectionnistes qui risquent de ne pas améliorer la situation en Europe…

Presse esclavagiste (Greenetvert.fr, 4 avril 2013)

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[Roanne] Tensions en détention

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VOIR LA VIDÉO

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À propos de la mouvance néonazie dans le Jura (2)

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LIRE L’ARTICLE

Leur presse (Voix du Jura, 14 mars 2013)

 

Voir aussi : À propos de la mouvance néonazie dans le Jura

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Du refus à la reprise individuelle

Un chômeur portugais refuse de payer ses impôts pour nourrir sa famille

Il accuse le gouvernement portugais de mener une politique de « promotion du chômage ».

Un Portugais âgé de 46 ans, vivant à Moita, au chômage depuis deux ans et qui ne touche plus d’allocation depuis un mois, a annoncé publiquement qu’il ne payerait plus ses impôts tant qu’il n’aurait pas retrouvé de travail, afin de pouvoir nourrir sa famille.

Dans une lettre au Médiateur de la Justice, Alcides Santos a déclaré ne plus pouvoir en même temps payer ses impôts et nourrir ses deux fils et qu’il avait choisi de donner la priorité à ses enfants. « Je suis obligé de le faire [ce choix]. Dès que je pourrai toucher une forme de revenu, je paierai mes impôts dans la mesure du possible », écrit cet informaticien.

« Avec cette lettre je souhaitais rendre mon cas public, rien de plus. Je ne m’attends pas à ce qu’on m’autorise à ne plus payer mes impôts. J’assumerai ma décision face à l’État », explique Alcides Santos tout en précisant qu’aucun représentant de l’État n’était encore entré en contact avec lui.

Le chômeur a justifié sa décision en s’appuyant sur un article de la Constitution, selon lequel « toute personne a le droit de résister à un ordre qui porte atteinte à ses droits ».

Dans sa lettre, Alcides Santos accuse le gouvernement de mener une politique de « promotion du chômage » et de ne pas respecter le « droit au travail ».

Le gouvernement portugais a décrété une hausse généralisée des impôts pour l’année 2013, dans le cadre de sa politique d’austérité qui a aggravé la récession et le chômage qui touche actuellement près de 17% de la population active.

Presse esclavagiste (SudOuest.fr avec l’Agence Faut Payer, 3 avril 2013)

 

À Bergerac, deux salariés se servaient dans la caisse de leur magasin

Les employés n’étaient plus payés. Ils ont été condamnés pour vol.

Deux anciens salariés du magasin Troc de l’Île de Bergerac, placé récemment en liquidation judiciaire, étaient cités à comparaître, ce mardi après-midi, devant le tribunal correctionnel de la ville. Un seul, le plus jeune, s’est présenté. Le plus âgé ne s’est pas déplacé. A-t-il seulement compris ce que la justice lui reprochait ? À la barre, son cadet, un grand gaillard de 30 ans, avait tout l’air de penser que les magistrats bergeracois s’étaient trompés d’affaire.

Le parquet, qui a choisi de donner suite à une plainte déposée par leur employeur, leur reproche d’avoir dérobé de l’argent dans la caisse du magasin. C’est un point de vue. Le prévenu estime qu’il était dans son bon droit en prenant dans la trésorerie l’équivalent du salaire qui ne lui avait pas été versé depuis plusieurs semaines. « On ne voyait plus la patronne au magasin, explique l’ancien salarié de Troc de l’île, qui a fait depuis l’objet d’une procédure de licenciement. Les rares fois où elle passait, elle nous disait ne pas nous inquiéter, que nos salaires nous seraient bientôt reversés. Il n’en était rien. »

« Il fallait manger »

N’y tenant plus — son compte était à découvert, « il fallait manger » — le prévenu s’est résolu à prendre 1100 euros dans la caisse, retrait dont il dit avoir fait état sur un cahier de la société qui a depuis disparu. La justice soupçonne son coprévenu d’avoir volontairement détruit le document comptable en question.

Le ministère public « veut bien admettre » qu’il y ait des circonstances atténuantes, mais « celles-ci n’excusent en rien les agissements des deux prévenus ». « Vous avez choisi de vous payer vous-mêmes, mais il fallait au contraire en appeler à la justice pour régler vos problèmes ».

Les juges ont condamné les deux anciens salariés à un mois de prison avec sursis simple.

Presse esclavagiste (Émilie Delpeyrat, SudOuest.fr, 3 avril 2013)

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[Athènes] Expropriation du supermarché Extra

Expropriation du supermarché Extra

Le jeudi 14 mars, vers environ 16h00 de l’après-midi, s’est déroulée l’expropriation du magasin de la chaîne de supermarché Extra dans la rue Ethnikis Adistaseos à Kaissariani [quartier d’Athènes].

La lettre qui a été distribué et jeté lors de l’action :

La situation capitaliste d’aujourd’hui ordonne notre misère et l’extermination de ceux qui sont superflus. Les dominants parlent de salut national et invoquent que la seule façon de sortir de la crise est le développement. Développement qui signifie très exactement la procédure de notre dégradation en des existences meilleurs marchés, simplement en une main-d’œuvre meilleur marché, dévalorisée, pour les patrons. Les heures exténuantes, la menace du licenciement, la peur du chômage, les coupes continues dans les salaires et les prestations, ciblent à la transformation des travailleurs en une machine bien huilée de production de profit qui, sous la forme d’argent, va se retrouver encore une fois dans les mains de quelques-uns.

Cette course continue par ceux d’en-haut au profit est toujours passée sur les corps des parties les plus sous-évaluées de la société, comme les immigré-e-s, pour saccager sur son chemin nos vies et notre environnement naturel.

Le lieu des supermarchés, plus précisément, qui est un endroit en tous point relié avec la satisfaction de nos besoins premiers et quotidiens, qui constitue un des lieux de travail les plus dévalorisés. Les travailleur-se-s dans les chaînes de supermarchés, comme Extra, sont forcés de se discipliner à suivre des rythmes de travail épuisants avec une faible rémunération. Le phénomène des grands patrons des chaînes de supermarchés qui procèdent à des restructurations de leurs entreprises en la déclarant en redressement judiciaire et afin de maintenir leurs profits est caractéristique. Ils s’affranchissent ainsi du « fardeau des indemnités ». Chaque tentative d’organisation des travailleurs pour exiger des choses élémentaires est punie de licenciement. Ces travailleurs sont condamnés à l’invisibilité, tandis que les chaînes de supermarchés sont classées parmi les entreprises qui font les plus grands profits, aux côtés des compagnies pétrolières, de la construction et des succursales bancaires.

Le profit de ces entreprises est maximalisé par le coût de production extrêmement bas des produits. Un coût bas qui est atteint grâce à la sur-exploitation et la dévalorisation des travailleur-se-s dans les bagnes des chaînes de production dans le pays grec mais encore plus dans les pays du « tiers-monde ».

Les prix dans les rayons des supermarchés correspondent d’un côté aux salaires des travailleurs et d’un autre côté sont hors de portée pour de plus en plus de parties de la société. Nous, en tant que parties des opprimés et exploités, nous ne nous asseyons pas à attendre les bras croisés d’être amené à la misère. Nous ne sommes pas satisfait de subir avec fatalisme les queues de l’OAED [Structure étatique qui correspond à notre Pôle Emploi], de s’humilier devant les exigences des patrons. Nous ne permettrons à aucun de nous tuer, ou de tuer ceux à nos côtés avec la fumée des poêles improvisés [À cause de la paupérisation grandissante et donc de l’impossibilité de payer ou l’électricité ou le plein de fioul, de plus en plus de familles se chauffent aujourd’hui en Grèce avec des poêles où ils brûlent n’importe quel type de bois. Les médias font tout un battage autour des questions environnementales et évitent ainsi la question économique.], nous ne permettrons à aucun de nous affamer. Nous n’abandonnons pas notre vie et dignité à la chance.

L’organisation des résistances et des luttes communes que nous menons est une partie inséparable d’une réalité antagoniste au sein de laquelle nous luttons pour reprendre tout ce qui nous appartient. Nous ne laisseront pas dans les mains des exploiteurs la richesse que nous, tous ceux d’en-bas, produisons, mais nous la reprendrons pour satisfaire nos besoins.

Les structures collectives que nous construisons refusent les parrainages caritatifs polis des ONG, des églises et de tous types d’appareils politiques, elles sont fondées uniquement sur nos forces. Une expression de notre force est le sabotage et l’action directe, quand nous envahissons les temples de la marchandise, en expropriant et socialisant tous ce dont nous avons besoin. Nous rendons réalisable la réappropriation qui sera totale tandis que nous marchons de plus en plus vers la collectivisation de nos besoins et la création de structures de solidarité.

Les lieux auto-organisés, les stekis [Lieux dans les universités, les quartiers et a visée politique. La plupart d’entre eux sont autonomes, occupés et tenus par des anarchistes/anti-autoritaires.], les squats, les assemblées de quartier, les cuisines collectives, les leçons d’auto-éducation, les centres sociaux de santé et les bazars de troc sont des endroits d’autonomie dans le monde des dominants. Endroits où nous réalisons le collectif, en reconquérant notre vie.

REPRENONS LA RICHESSE QUI NOUS EST VOLÉE,
LA DIGNITÉ QU’ILS NOUS BRISENT, LA VIE QU’ILS NOUS SACCAGENT.
ATTAQUE CONTRE LES SUPERMARCHÉS !

Les gamins sensés exproprient avant d’avoir faim [La signature vient d’un proverbe grec « των φρονίμων τα παιδιά πριν πεινάσουν μαγειρεύουν » qui signifie en français « les gamins sensés cuisinent avant d’avoir faim » (dans le sens de « mieux vaut prévenir que guérir »).]

Traduit du grec (Indymedia Athènes) – Indymedia Nantes, 3 avril 2013

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[Bagnolet, samedi 6 avril] Présentation du n° 24 de la revue Théorie Communiste à Paris

Le groupe Théorie Communiste présentera le N° 24 de sa revue qui vient de sortir

Le samedi 6 avril à 18h00
au Rémouleur
106, rue Victor Hugo
Bagnolet (M° Robespierre ou M° Gallieni)

La présentation se fera autour du texte « Tel quel » et de la notion de conjoncture. Le texte est accessible sur ce site.

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Extrait :

« Une conjoncture est ce moment historique où la contradiction entre les classes, celle entre les hommes et les femmes sont prises comme objets de transformation dans la multiplicité des contradictions. Les contradictions se recomposent, s’unissent en une unité de rupture, la pratique révolutionnaire, les mesures communisatrices, bouleversent la hiérarchie des instances du mode de production. Il y a de l’imprévisible et de l’évènement. C’est ce concept de conjoncture, devenu nécessaire à la théorie des contradictions de classes et de genres comme théorie de la révolution et du communisme, que ce texte tente d’approcher. »

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[Vient de paraître] AQNI n°1, mars 2013

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[Who’s who] Les récupérateurs en mars 2013 (5)

Debord à la BNF ou l’art de la diversion

Que peut donner le spectacle de la critique du spectacle ?

Une expo Guy Debord dans le temple même de l’institution culturelle étant la pire vacherie à faire à cet homme dont la radicalité anticulturelle, antiartistique et antiinstitutionnelle ne se serait sûrement pas accomodée d’une telle glorification officielle.

Certes, il n’appartient pas à la critique, ni aux commissaires d’exposition, ni aux commentateurs, ni bien sûr aux chercheurs, de suivre pieusement les volontés d’un auteur sans le questionner, l’actualiser, le mettre en tension et le confronter aux réalités qu’il a peut-être esquivées. C’est même la pire manière de rendre hommage à la pensée d’un homme que de ne pas la mettre en situation contradictoire pour la confronter à ses propres limites…

Certes, il est tout à fait normal que Guy Debord, en tant que principal représentant d’un courant artistique et politique, dûment répertorié dans les avant-gardes de la seconde moitié du XX siècle, ait été accueilli comme Trésor National à la BNF. Il y avait ainsi matière à faire sortir le fonds Debord (Acheté 2,7 Millions d’euros par la BNF en 2011) des entrailles de la conservation obscure pour le partager avec le public, vocation même de la bibliothèque et de ces expositions temporaires…

Et certes, il n’est pas surprenant non plus de lui accorder les honneurs de ce temple du livre puisqu’on peut le lire dans différents opus de la collection Folio, acheter ses films en coffret à la FNAC et le citer dans un devoir de sociologie à Dauphine ou HEC…

Depuis son suicide en 1994, les écrits de Debord font pleinement partie de la culture nationale, appartiennent désormais à la production mean stream des industries culturelles et ils trouvent tout naturellement leur place dans une expo parisienne prestigieuse, à la suite de René Char et d’autres…

Cependant… quand on a lu la Société du spectacle on ne peut que trouver étrange de venir à une exposition Guy Debord à la BNF. L’opération est au minimum la preuve de la justesse de son analyse du processus de réification de la vie, du devenir marchandise de toute chose, et surtout de l’aliénation spectaculaire de la culture, et conjointenement, et bien tristement, de l’échec des fameuses stratégies, ici mises en lumière, qu’il a déployées pour échapper à ce destin mortifère… Jean Baudrillard souligne ainsi ce paradoxe dans La société de consommation,  “Comme la société du Moyen-âge s’équilibre sur la consommation et sur le diable, ainsi la nôtre s’équilibre sur la consommation et sur sa dénonciation” [Jean Baudrillard, La société de consommation, Paris, Folio Essais n°35, 1986, p. 316]. C’est l’art de l’intégration commerciale de ce discours critique, se voulût-il des plus radicaux, que nous expose la BNF aujourd’hui et c’est je pense la grande question quelle nous soumet…  tout ce que Debord “dénonce” violemment des effets de la marchandisation des actes de la vie culturelle, on le lui fait subir en grandes pompes : ses notes de lectures en pattes de mouche illisibles pour les autres sont exposées comme des trophées aux yeux écarquillés des lecteurs (plus que des spectateurs nous y sommes des lecteurs, iconoclasme situationniste oblige), ses films sont projetés selon le dispositif habituel des expositions (bancs inconfortables, recoins obscurs, diffusion en boucle) – si ce n’est que des projections sont en dehors de l’expo et gratuites – les lettres de sa main, écrites dans le feu de l’action tactique, deviennent, sous la cloche de verre, les traditionnels fétiches reliquaires de l’homme de Lettres honoré, et sa pensée brève, projetée initialement en graffitis censés interpeller l’ouvrier comme le cadre, devient le spectacle détaché de sa propre profération in situ, dans un cadre feutré où les flâneurs benjaminiens viennent la feuilleter négligemment. Cerise sur le gâteau, deux appariteurs charmants (vraiment) sillonnent les allées de l’expo à grande vitesse et avec agilité pour empêcher les photographes amateurs de saisir des souvenirs personnels…

Télérama ne s’est pas trompé en relevant dans son important dossier la contradiction qu’il y a à déclarer Trésor National un œuvre aussi radical et aussi opposé à l’institution qui l’honore, de même, les commissaires de l’exposition ne manquent-ils pas de souligner ce paradoxe, comme le montre cette précaution dans le dossier de presse : “Paris, 2013, sur les quais de la Seine, Guy Debord, classé Trésor national, entre pour de bon dans le spectacle, dont il fut le plus intransigeant des critiques. Mais avec lui, pour le combattre encore, son art de la guerre.” Imparable, et drôle ! Le biais trouvé pour faire passer Debord dans l’institution est justement celui de la guerre… contre ceux-là même qui l’honorent… C’est bien le Debord stratège qui est mis en avant dans l’exposition, au risque de le faire passer pour un chef de parti sans troupe plus que pour ce qu’il était ; un écrivain engagé dans une impasse radicale… Cette approche présente un double avantage pour l’institution ; mettre en avant la dimension “historique” de l’aventure lettriste puis situationniste, c’est-à-dire la part qui appartient le plus pleinement au patrimoine national et d’autre part, ne pas trop mettre en lumière le texte lui-même, la critique argumentée du spectacle, c’est-à-dire la part la plus difficile à exposer en ces lieux.  Adoptant une technique bien connue des arts martiaux qui consiste à utiliser la force de l’adversaire pour le faire basculer, les commissaires de l’exposition ont placé en début de parcours une phrase de ce dernier dans laquelle il dit qu’il a bien conscience que la moitié de ces disciples au moins, défendra ses idées au sein de l’institution qu’il critique… L’expo d’un côté, Julien Coupat de l’autre…

Mais la véritable échelle sur laquelle peut être envisagé le paradoxe qu’est cette exposition, n’est pas simplement celle de sa situation oxymorique – Exposer l’obscur ou glorifier l’adversaire. Elle se place plus certainement au niveau des enjeux économiques dans lesquels est justement engagée la Bibliothèque Nationale de France ; un changement de modèle économique allant vers une commercialisation plus accentuée des fonds et l’instauration de partenariats privé-public qui développent la place du commercial dans sa démarche et même dans son enceinte. On s’en rend compte indirectement en traversant l’esplanade pour rejoindre le Hall Ouest en raison des travaux dus au “partenariat public-privé” engagé avec MK2 dans le Hall Est, qui est en train d’installer un cinéma du groupe dans la bibliothèque elle-même… Mais bien plus encore, c’est à l’aune du partenariat public-privé avec l’entreprise ProQuest, qui doit numériser des livres anciens pour la BNF et vendre par abonnements l’accès informatique à ces Trésors Nationaux (domaine public), en France, qu’il faut considérer cet hommage à la critique de la marchandisation du monde. Comme le souligne ce limpide billet de Scinfolex ; “Les termes financiers prévoient que la BNF percevra une quote-part des copies numériques vendues par ProQuest pendant la période de dix années et B. Racine affirmait que ces revenus seraient entièrement réaffectés au développement par l’institution de sa propre numérisation.” Enfin, comme le souligne Antonio Casilli, cette exposition arrive une semaine après que la BNF a présenté le projet ReLire de numérisation des livres épuisés du XX siècle, pour lesquels une commercialisation annexe est prévue, comme on peut le lire ici dans cette prévention que relève le sociologue : « Si les titulaires de droits ne s’y opposent pas, ces livres entreront en gestion collective en septembre 2013. Ils pourront alors être remis en vente sous forme numérique ». À la fin de son billet, Antonio Casilli présente lumineusement le cynisme de la démarche : “C’est là que le droit d’auteur se fait spectacle dans la mesure où ce dernier – selon Debord – n’est que le véhicule de la relation marchande. En l’occurrence, la relation de la culture qui s’expose à la prédation et à la récupération marchande de la part non pas d’entreprises privées, mais des institutions de l’État, lesquelles réussissent le coup double de patrimonialiser et capitaliser le bien commun qu’est représenté par l’œuvre même de l’un des premiers intellectuels à avoir théorisé le dépassement de toute propriété intellectuelle.”

À un certain niveau, l’exposition étale la stratégie de Guy Debord pour mieux l’anéantir en utilisant sa force contre elle-même, comme caution surmoïque à son exploitation commerciale concrète… il n’y a rien de plus subtil et efficace que de s’accuser pour mieux agir impunément, Tartuffe nous l’a bien enseigné, et c’est précisément au moment où la mâchoire du marché croque vigoureusement dans la pomme du domaine public qu’on agite une exposition sur la critique de la marchandisation de la culture, hochet visuel qui fait de cet “art de la guerre” un art consommé de la diversion…

Presse confusionniste (Olivier Beuvelet, Parergon, 31 mars 2013)

 

Cinq choses à ne pas rater à l’exposition Guy Debord à la BNF

Exposer Guy Debord à la Bibliothèque François Mitterrand, c’est prendre le risque d’une mise en abîme vertigineuse. L’auteur de la critique de la Société du spectacle donné en spectacle dans l’un des temples de la culture institutionnelle, la BNF ?

La question est purement rhétorique, puisque la BNF, avec le soutien de la veuve de Guy Debord, a acheté le fond d’archives de son mari (pour empêcher qu’il aille outre-Atlantique, à l’université de Yale qui le convoitait), objet d’une grande exposition, « Guy Debord, un art de la guerre », pleine de trésors.

Tout le monde pense connaître un peu Guy Debord, mort en 1994, pour avoir un jour lu La Société du spectacle, son livre majeur, ou avoir croisé intellectuellement le mouvement situationniste perçu comme un sympathique précurseur de Mai 68.

Comme le souligne dès son introduction l’historien Patrick Marcolini, auteur d’une monumentale Histoire intellectuelle du Mouvement situationniste :

« Le mouvement situationniste fait aujourd’hui l’objet d’une célébrité paradoxale. Il est souvent mentionné comme une référence incontournable par les journalistes culturels, les activistes politiques, les amateurs de mouvements artistiques underground – mais sur le fond, ses idées comme ses pratiques restent assez mal connus. »

Cette expo permet d’aller un peu plus loin dans la connaissance d’un des courants de pensée – et d’action – les plus novateurs de la deuxième moitié du XXe siècle, dont la pertinence dans l’analyse de notre « société du spectacle » reste parfois surprenante.

Un mouvement plus inspiré par Dada, le surréalisme ou le lettrisme que par l’héritage du mouvement ouvrier traditionnel, qui a développé une analyse radicale de l’évolution du capitalisme, mais aussi une critique lucide du communisme version soviétique ou chinoise.

Pour vous aider à préparer votre visite, ou compenser votre incapacité à vous y rendre, voici cinq éléments à ne pas rater :

1. Les notes de lecture de Guy Debord

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Les notes de lecture de Guy Debord à la BNF

C’est le premier choc de l’expo : toute sa vie, Guy Debord a rempli des milliers de pages de petits carnets avec des notes sur ses lectures. Et ces fiches étaient réparties dans des dossiers thématiques.

L’expo de la BNF les présente de manière verticale dans leur diversité de thématiques – histoire, marxisme, stratégie militaire, philosophie, etc. – et de densité d’écriture. Certaines fiches sont noircies d’une minuscule écriture indéchiffrable, d’autres ont des graphiques et des petits dessins.

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Ces fiches de lecture contiennent quasiment exclusivement des citations qui ont inspiré Guy Debord, qui pouvaient servir de départ ou de contribution à une réflexion ou à un projet de livre, de film, ou d’article.

Des citations, d’un éclectisme extraordinaire, à l’image du champs infini des lectures de Guy Debord. Morceaux choisis :

César : « On se trompe si on s’attend, dans la guerre, à n’avoir que des succès ».

Machiavel : « Entre vous et moi, il ne peut y avoir de moyen terme, il faut que nous soyons amis ou ennemis ».

Jacob Burckhardt : « … Chacun doit relire ces livres déjà exploités mille fois et dont le visage est autre pour chaque lecteur et pour chaque âge de la vie ».

Marx : « Il faut rendre l’oppression réelle plus dure encore en y ajoutant la conscience de l’oppression, et rendre la honte plus honteuse encore en la livrant à la publicité ».

Ernst Von Salomon : « Nous étions couchés ici, dans les ténèbres bruissantes, nous cherchions l’entrée du monde »…

Coquetterie supplémentaire, Guy Debord avait fait une carte du monde en entourant les pays dont des auteurs l’avaient marqué… Fascinant.

2. L’interview de Michèle Bernstein

C’est un des petits bijoux de l’expo, une vidéo de l’INA qui passe en boucle dans un coin et qu’il ne faut rater sous aucun prétexte. Pour ceux qui ne pourront pas s’y rendre, nous vous offrons ici cette interview de Michèle Bernstein par Pierre Dumayet, dans sa célèbre émission de l’ORTF « Lecture pour tous », en septembre 1960.

Michèle Bernstein est alors auteur d’un premier roman, Tous les chevaux du roi. Elle sera pendant une décennie l’épouse de Guy Debord, membre éminent de l’Internationale situationniste, dont elle démissionnera en 1967.

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Michèle Bernstein interviewée par Pierre Dumayet – VOIR LA VIDÉO

Dans cette interview, elle se révèle d’une malice incroyable, jouant avec le vieil intervieweur rusé qu’est Dumayet, qui se laisse volontiers faire et souhaite bien du succès à ce premier roman.

Dans ce jeu du chat et de la souris entre la jeune écrivaine, qui se joue des codes de la littérature et de l’édition « bourgeoises », et le sérieux animateur de télévision sous le charme, c’est la première qui sort gagnante. Jubilatoire.

3. Le jeu de la guerre

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Kriegspiel, le jeu de guerre de Guy Debord

L’exposition de la BNF consacre une pièce au « jeu de la guerre » ou « Kriegspiel », imaginé par Guy Debord et basé sur les écrits du grand théoricien allemand de la guerre, Carl Von Clausewitz.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/04/07.jpgGuy Debord, dont on a vu dans ses fiches de lecture qu’il était passionné par les questions militaires et stratégiques, a imaginé ce jeu en 1977, et avait même fondé à l’époque avec l’éditeur Gérard Leibovici une société nommée « Les Jeux stratégiques et historiques » dont l’objet est la production et la publication de jeux.

En 1987, il publie avec sa deuxième épouse, Alice Becker-Ho, Le Jeu de la Guerre, un « relevé des positions successives de toutes les forces au cours d’une partie ».

Le blogueur Étienne Mineur fait observer que « ce jeu est basé sur les lois établies par la théorie de la guerre de Clausewitz et a donc pour modèle historique la guerre classique du XVIIIe siècle, prolongée par les guerres de la Révolution et de l’Empire ».

Il précise aussi qu’une adaptation informatique du jeu est apparue sur Internet en 2008.

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Guy Debord et Alice Becker-Ho jouant au « jeu de la guerre »

4. La BD subversive

Bien avant Mai 68 et l’atelier de graphisme de l’École des Beaux-Arts qui produisit les célèbres affiches, les Situationnistes ont su inventer des formes graphiques nouvelles pour faire passer leur message.

Au premier lieu, le détournement de la bande dessinée, souvent érotique, dont les « bulles » sont changées ou des éléments modifiés, et qui permet de provoquer et casser les conventions de la société bourgeoise du début des années 1960.

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Détournement de BD par les Situs

On retrouve aussi le même esprit dans ces petites cartes, du format cartes postales, avec des slogans ironiques et provocateurs.

« Si vous vous croyez du génie ou si vous estimez posséder sulement une intelligence brillante, adressez-vous à l’Internationale lettriste » (le mouvement par lequel est d’abord passé Guy Debord, ndlr).

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Carte postale [sic, NdJL]

5. Les films situationnistes

Le cinéma joue un grand rôle dans le mouvement situationniste, et l’expo de la BNF présente plusieurs films qui méritent qu’on s’y attarde. À commencer, bien sûr, par la Société du spectacle, adapté du livre manifeste de Guy Debord.

Regarder ce film aujourd’hui est une expérience hallucinatoire. Cette voix monocorde qui lit un texte complexe mais limpide, ces images détournées de films américains ou de publicités des années 1950, un montage rigoureux mais sans concessions…

Mais écoutez bien le texte dans l’extrait ci-dessous et, au-delà d’un certain vocabulaire qui nous semble désuet, sa pertinence et sa modernité restent entiers.

Dans une interview publiée dans le catalogue de l’expo, le cinéaste Olivier Assayas se penche sur l’esthétique du cinéma de Guy Debord :

« Le plus troublant, c’est la beauté des films. Là encore, Debord aurait-il aimé qu’on dise que La Société du Spectacle (1973), c’est d’abord beau et ensuite intelligible ? Certainement pas.

Il y a toujours chez lui, pourtant, cette préoccupation pour la forme, pour l’élégance de l’écriture, littéraire ou cinématographique : c’est elle qui valide la pensée, qui assure sa pérennité. D’une certaine façon, le cinéma révèle le contenu poétique du livre, sa dimension la moins visible, incontestablement la moins reconnue. »

Dans un coin de l’expo, on peut voir aussi deux extraits, trop courts hélas, de films de René Viénet, un situationniste prolifique, connu en particulier pour s’en être pris au mythe maoïste, particulièrement fort à l’époque au sein de l’intelligentsia française.

Chinois, encore un effort pour devenir révolutionnaires est un film destiné à « désespérer Billancourt », comme il le revendique lui-même, en référence à la fameuse phrase du PCF de l’époque qui refusait de critiquer l’URSS pour « ne pas désespérer Billancourt », alors bastion ouvrier chez Renault.

La cible de Viénet, la Chine de Mao, les turpitudes de Jiang Qing, Madame Mao, de la bande des Quatre, les monstruosités de la propagande maoïste, les manipulations. Et il fait en utilisant la technique du détournement des images, créant des chocs à la fois drôles et efficaces entre image et son ou sous-titres, qui tiennent parfaitement la route avec le recul du temps.

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« Pour désespérer Billancourt », extrait du film de René Viénet Chinois encore un effort pour devenir révolutionnaires

Dans son livre sur le Mouvement situ, Patrick Marcolini raconte qu’en 1972, René Viénet a acheté les droits d’un film de Hong-Kong :

« Il le détourne en film de propagande anti-maoïste, à l’aide de sous-titres entièrement rédigés en style situationniste, transformant la lutte de jeunes continentaux coréens contre l’occupant japonais en une apologie de la révolte spontanée des masses contre la bureaucratie qui les exploite et les opprime. »

Dans La Société du Spectacle, Guy Debord proclame que « le vrai est un moment du faux ». À méditer avant d’entrer dans l’univers de Guy Debord.

Presse confusionniste (Pierre Haski, Rue89, 30 mars 2013)

 

Guy Debord livré en spectacle

Le fondateur de l’Internationale situationniste fut un stratège aux vies multiples, un provocateur audacieux et profondément lettré. La BNF lui consacre une exposition passionnante du 27 mars au 13 juillet : « Guy Debord, un art de la guerre ».

À New York, en 1990, un journaliste américain m’avait entraîné dans les rayons d’une libraire d’East Village pour me montrer l’édition américaine de la Société du spectacle. À côté, en bonne place, figurait Lipstick Traces, le livre de Greil Marcus, publié l’année précédente, où apparaissait l’influence des situationnistes sur le mouvement punk. De quoi réjouir un jeune Français qui venait de découvrir avec passion Guy Debord et de dévorer ses livres. Cette preuve venait s’ajouter aux précédentes : tandis que la pensée gauchiste retombait en poussière, balayée par le mouvement de l’histoire, l’unique figure contemporaine conjuguant révolution et intelligence était ce théoricien presque ignoré des médias. Guy Debord n’avait pas pris une ride. Mieux encore, sa théorie du monde transformé en « spectacle » semblait chaque jour plus pertinente et se diffusait entre initiés d’un pays à l’autre.

Quant à imaginer que Debord, vingt-trois ans plus tard, deviendrait le héros posthume d’une exposition très officielle, organisée par la Bibliothèque nationale de France, il y avait un pas que nous n’aurions osé franchir. N’avait-il pas lui-même insisté, dans ses écrits, sur le côté irrécupérable de sa pensée ? Aujourd’hui, ses archives, achetées par l’État, ont obtenu le statut de « trésor national » ! Mais rien, après tout, n’assure qu’il eût désapprouvé ce destin paradoxal, comme tant d’aspects de sa vie. Son œuvre relève-t-elle de la poésie ou de la politique ? Pourquoi le théoricien du « dépassement de l’art » a-t-il laissé, parfois, l’image d’un grand nostalgique, amoureux des siècles passés ? De ces ambiguïtés, il aura joué continuellement avec une passion de la stratégie qui justifie le titre de cette exposition : « Guy Debord, un art de la guerre ».

Les documents présentés (lettres, affiches, photos, manuscrits, œuvres d’art…) permettent d’abord de mieux comprendre la formation intellectuelle de « Guy-Ernest », comme il se faisait appeler dans sa prime jeunesse. Né à Paris en 1931, il a grandi à Cannes, où sa personnalité s’affirme dès les années de lycée. Dans sa correspondance avec un camarade, Hervé Falcou, s’exprime son désir de « repassionner la vie », en abattant les barrières qui empêchent l’individu de réaliser ses aspirations dans la vie quotidienne. Tel restera l’enjeu d’une œuvre difficile à circonscrire au champ esthétique, politique ou philosophique ; une quête de liberté, et même davantage, comme il le concédera ironiquement, lui qui a « toujours cru que le monde était là pour lui faire plaisir ».

La rencontre avec l’écrivain lettriste Isidore Isou, au Festival de Cannes en 1951, sert de point de départ à son affranchissement, en rapprochant Debord d’un des courants les plus radicaux de l’avant-garde. L’année suivante, il présente son film Hurlements en faveur de Sade, s’achevant par une séquence complètement noire et silencieuse de vingt-quatre minutes. Mais l’autre aspect frappant de ces années initiatiques est la passion de Debord pour la lecture : une activité intense et sérieuse qui occupe le plus clair de son temps. Sa culture ne puise pas seulement dans l’héritage marxiste de Rosa Luxembourg ou George Lukacs, mais aussi chez les auteurs classiques : de Thucydide au cardinal de Retz en passant par Baltasar Gracian ou Clausewitz. Chaque ouvrage donne lieu à la rédaction de fiches bristol où le jeune homme recopie quelques phrases de ses auteurs favoris. Rassemblées au cœur de l’exposition, quelques-unes de ces 1400 notes de lecture permettent de retrouver les citations qui vont nourrir ses écrits, principalement sous forme de « détournements ». Quelques-unes réapparaîtront au cœur de la théorie du « spectacle », comme cette phrase du Capital de Marx : « La richesse des sociétés dans lesquelles règne le mode de production capitaliste s’annonce comme une immense accumulation de marchandises », ainsi remodelée par Debord : « La vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s’annonce comme une immense accumulation de spectacles. » Et quand Descartes invite les hommes à se « rendre comme maîtres et possesseurs de la nature », l’ambition situationniste sera de les inciter à « se rendre maîtres et possesseurs de leur propre vie ».

Installé à Paris, Debord devient l’inspirateur d’un premier groupuscule, l’Internationale lettriste, de 1952 à 1957. Les documents montrés à la BNF soulignent, à bon escient, que l’aventure relève de la bohème autant que de la révolution. Le très modeste café Moineau, en lisière de Saint-Germain-des-Prés, sert de rendez-vous à cette bande interlope dans laquelle figurent Michèle Bernstein, l’épouse de Debord, le poète Gil J. Wolman, mais aussi Ivan Chtcheglov, instigateur des « dérives psychogéographiques ». Ces jeunes gens, comme tous ceux de l’époque, sont encore impeccablement cravatés. Leurs projets, beaucoup moins. Dans la revue Potlatch, ils recommandent d’installer des interrupteurs sur les réverbères, d’accrocher les chefs-d’œuvre du Louvre dans des cafés, et d’éliminer dans les gares toute information concernant la destination des trains « pour favoriser la dérive ».

La fondation de l’Internationale situationniste (1957-1972) marquera un tournant plus politique, nourri par l’influence d’Henri Lefebvre et de sa Critique de la vie quotidienne, ou celle de Cornelius Castoriadis, animateur de Socialisme ou barbarie. Mais ce mouvement révolutionnaire qui prône le dépassement de l’art et l’invention de « situations » reste, par bien des aspects, une aventure esthétique dont les figures les plus marquantes, autour de Debord, sont le grand peintre Asger Jorn, fondateur du groupe Cobra, ou l’architecte néerlandais Constant. Leur imagination se déploie dans les numéros mythiques de la revue à la couverture de papier métallique, où l’urbanisme, le design, l’art, la publicité, font l’objet de détournements humoristiques. Quand bien même Debord tient les rênes de cette entreprise révolutionnaire en impitoyable chef de guerre, l’exclusion des « dissidents », au sein d’un groupe déjà minuscule, ressemble elle-même à un détournement des exclusions communistes et surréalistes.

Au début des années 70, tandis que l’excitation maoïste occupe le devant de la scène, Debord met fin à l’aventure situationniste, qui a largement inspiré les journées de Mai 68 dans ce qu’elles avaient de plus poétique et de plus libertaire. Mais il poursuit son œuvre de théoricien amorcée avec la Société du spectacle (1967) pour aboutir vingt ans plus tard aux lumineux Commentaires sur la société du spectacle (1988). Quelques idées fortes resteront de toute cette aventure :

1° Le monde moderne s’est transformé en « spectacle », qui n’est pas seulement le système médiatique, mais l’organisation même de nos vies et de nos désirs par l’économie moderne.

2° Les régimes socialistes et capitalistes ont pareillement sacrifié les intérêts humains au dogme de la production.

3° Les avant-gardes artistiques sont devenues impuissantes, à force de reproduire les mêmes modèles, transformés en nouveau chic moderne… Révolutionnaire par ses idées, Debord écrit une prose claire et concise, très française à sa façon, où affleure sa vision militaire de l’existence. Il concevra même, en 1978, un « jeu de la guerre », avec ses armées et son échiquier, fabriqués à quelques exemplaires. Comme il l’écrit dans une note : « J’ai un côté tout à fait puéril et je m’en réjouis : les cartes, les Kriegspiel, les soldats de plomb. J’ai aimé aussi des jeux plus grands : l’art, les villes, le bouleversement d’une société. »

Sa vie devient plus itinérante, de France en Italie, marquée notamment par l’amitié avec le révolutionnaire et vigneron Gianfranco Sanguinetti (qui met en lumière la manipulation de certains groupes terroristes par l’État), l’installation à Arles puis le retour à Paris, avant l’installation définitive de Debord, avec sa compagne Alice Becker-Ho, dans une maison perdue de Haute-Loire. Son style de vie, ses noms d’emprunt, l’amitié du puissant producteur Gérard Lebovici qui devient son mécène, alimenteront toutes sortes de théories chez ceux qui veulent voir Debord comme un gourou manipulateur. Il analyse lui-même ce phénomène dans ses Considérations sur l’assassinat de Gérard Lebovici, mélange de critique et d’autoportrait, d’une dialectique parfaite et merveilleusement tournée. Dans ses derniers livres (les deux tomes de Panégyrique), Debord joint l’image au texte pour revisiter, avec mélancolie, quelques épisodes de sa vie remontant au Paris des années 50. En 1994, les symptômes de polynévrite alcoolique (faisant suite à une existence très arrosée) le conduisent au suicide d’une balle dans le cœur, le 30 novembre. Mais cette mort elle-même, immédiatement suivie par la publication d’un petit livre, illustré par une image de « bateleur », aura quelque chose d’un geste esthétique.

À bien considérer la richesse de ce parcours, on peut se demander si l’œuvre de Guy Debord ne réside pas dans la totalité de son existence et des « situations » qu’elle a inventées. On pourrait même voir le mouvement situationniste (où certaines figures comme Raoul Vaneigem, médiéviste et auteur du Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations, comptent évidemment beaucoup) comme un chapitre d’une aventure personnelle, toujours stimulante pour ceux qui la découvrent aujourd’hui. Quant à la consécration officielle d’un homme si dédaigneux pour toute forme de pouvoir, elle apparaîtra aux ennemis de Debord (il s’en compte encore chez les ex-gauchistes, furieux d’être passés à côté) comme l’ultime preuve de sa trahison ; elle enchantera cyniquement ceux qui récupèrent sa prose en le citant à qui mieux mieux. On en trouve beaucoup chez les publicitaires et les politiciens… Mais elle fera sourire ceux qui supposent que Debord, toujours stratège, avait d’une certaine façon, à la fin de sa vie, préparé cette récupération en confiant la totalité de ses écrits à de grands éditeurs (Gallimard et Fayard), puis en réglant chaque détail de sa biographie et de sa succession, comme si l’artiste et son œuvre l’emportaient in fine sur le révolutionnaire.

Presse confusionniste (Benoît Duteurtre, Marianne.net, 30 mars 2013)

 

Guy Debord est vivant et nous sommes morts

La BNF organise en ce printemps 2013 une exposition (payante !) sur Guy Debord, cofinancée par l’État et le lobby alcoolier. L’alliance entre l’aliénation étatique et l’aliénation privée est donc réalisée une fois de plus – cette fois sur le dos de l’un de leurs ennemis.

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Curieuse exposition en vérité : une partie des notes de lecture de Debord sont placées entre 50 cm et plus de 2 mètres de hauteur, ce qui en rend une bonne partie absolument illisibles. Elles ne manquent pourtant pas d’intérêt, entre autres concernant des textes de Rosa Luxemburg, Karl Korsch, Anton Ciliga, Maximilien Rubel, etc.

Tout comme ces derniers, Debord était engagé « contre tous les aspects de la vie sociale aliénée ». En luttant pour l’auto-émancipation universelle, il s’agissait pour lui d’élaborer et de construire « la forme désaliénante de la démocratie réalisée », qu’il voyait dans l’expérience historique des conseils ouvriers. Debord participait donc à la critique impitoyable de nos conditions d’existence au sein de la société capitaliste traditionnelle, ainsi qu’à une tout aussi impitoyable critique du capitalisme d’État léniniste de l’URSS, qui était « la continuation du pouvoir de l’économie » et le maintien du « travail-marchandise », donc de l’exploitation et de l’oppression.

Hier comme aujourd’hui, on est intellectuellement mort si l’on se résout à la résignation ambiante, si l’on accepte cette société de l’ersatz généralisé à la viande de cheval avariée et à l’eau en bouteille contaminée. Contre cet état de choses, nous pouvons participer à la critique active de la société hiérarchique-capitaliste, par les luttes sociales en insistant sur leur aspect auto-organisé, pour l’abolition du système du salariat, des États et des frontières.

Critique Sociale est un bulletin dont le but est de contribuer à l’information et à l’analyse concernant les luttes sociales et les mouvements révolutionnaires dans le monde. Nous nous inspirons du « marxisme », en particulier du « luxemburgisme », certainement pas comme des dogmes (qu’ils ne sont en réalité nullement), mais comme des outils contribuant au libre exercice de l’esprit critique, à l’analyse de la société, et à la compréhension de sa nécessaire transformation par l’immense majorité. Nous combattons le système capitaliste et toutes les formes d’oppression (sociales, politiques, économiques, de genre). Nous militons pour que « l’émancipation des travailleurs soit l’œuvre des travailleurs eux-mêmes », pour une société démocratique, libre, égalitaire et solidaire : une société socialiste, au véritable sens du terme.

Critique Sociale, 29 mars 2013

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[Flics, porcs, assassins] La cour d’appel de Versailles travaille

http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/015.jpgViolences policières : la justice prononce trois non-lieux successifs

La cour d’appel de Versailles a confirmé, en moins d’un mois, trois ordonnances de non-lieu dans des affaires de violences policières.

Dans les affaires de violences policières, il y a les expertises et les contre-expertises médicales. Et si elles vont dans le même sens, défavorable aux policiers, de nouvelles expertises. Parce qu’à la fin, il y a une certitude : il n’y aura pas de procès. Cette tradition française, dénoncée à maintes reprises par les organisations de défense des droits de l’homme, la cour d’appel de Versailles l’a encore honorée, en confirmant, en moins d’un mois, trois ordonnances de non-lieu. À chaque fois, les magistrats justifient leur décision par les « divergences » entre experts.

La chambre de l’instruction de la cour d’appel a clos, le 22 février, le dossier Mahamadou Marega, mort le 30 novembre 2010 à la suite d’une intervention policière à Colombes (Hauts-de-Seine). Puis, le 28 février, celui d’Ali Ziri, mort le 9 juin 2009 après son interpellation à Argenteuil (Val-d’Oise). Et, enfin, le 12 mars, celui d’Abou Bakari Tandia, mort le 24 janvier 2005 six semaines après être tombé dans le coma en garde à vue à Courbevoie (Hauts-de-Seine). Les parties civiles se sont pourvues en cassation. « La chambre de l’instruction exige des certitudes. Ce n’est pas son rôle, estime Me Yassine Bouzrou, l’avocat de la famille Tandia. À ce stade, seules des charges suffisantes sont nécessaires. »

LES INCOHÉRENCES ÉCLATENT AU GRAND JOUR

Cette dernière instruction est peut-être la plus symbolique, en termes de dissimulation et de lenteur. Le 6 décembre 2004, M. Tandia sort de garde à vue dans le coma. Les policiers assurent qu’il s’est tapé lui-même la tête contre la porte dans sa cellule. Le parquet de Nanterre classe sans suite.

À la suite d’une plainte de la famille, une instruction est ouverte pour « torture et actes de barbarie ayant causé la mort » et les incohérences éclatent au grand jour : une caméra de surveillance opportunément débranchée, un dossier médical qui disparaît puis réapparaît. Une expertise de trois médecins de l’Institut médico-légal (IML) conclut en 2009 à « un ébranlement cérébral par violentes secousses de la victime » et met en doute les déclarations de l’un des policiers, puis, en 2011, après une reconstitution, attribue le coma à « une privation d’oxygène due à des contentions répétées ».

Le juge d’instruction demande alors au parquet d’élargir sa saisine à un « homicide involontaire ». Le procureur suit, et demande même la mise en examen du policier qui a maîtrisé M. Tandia. Mais entre-temps, le juge a changé, et il refuse, dans l’attente de nouvelles expertises, confiées à un autre médecin. Celui-ci reprend la version policière en tout point.

LA TECHNIQUE DU « PLIAGE »

C’est ce même professeur, spécialiste d’anatomie pathologique et de médecine légale, qui, appelé à la rescousse dans l’affaire Marega, estime que cet homme de 38 ans est mort d’une « crise drépanocytaire aiguë », conséquence d’une maladie génétique très courante et indétectable, la drépanocytose.

Rien à voir, donc, avec son arrosage au gaz lacrymogène, suivi de 17 tirs de pistolet à impulsion électrique (Taser), dont certains à bout portant, ou du « pliage » (technique de contention) subi dans l’ascenseur, pour le maintenir dans cet espace réduit. D’ailleurs, le contre-expert n’a trouvé qu’un seul impact de Taser – ce qui contredit l’ensemble des éléments du dossier. Le premier rapport, rédigé par l’IML, avait conclu « à la mort par insuffisance respiratoire aiguë massive par inhalation d’un toxique dans un contexte de plusieurs contacts de tir de Taser avec cinq zones d’impact ».

Dans l’affaire Ziri, les médecins de l’IML sont aussi assez sûrs d’eux : la technique du « pliage » – prohibée – est en cause. Ce retraité de 69 ans, interpellé de façon musclée à Argenteuil alors qu’il était le passager d’un conducteur arrêté en état d’ivresse, est « décédé d’un arrêt cardio-circulatoire (…) par suffocation multifactorielle (appui postérieur dorsal, de la face et notion de vomissements) ». Mais d’autres médecins optent pour une maladie « méconnue », une cardiomyopathie.

« TOUTES MES DEMANDES ONT ÉTÉ REFUSÉES »

Le juge n’a pas cherché à en savoir plus : il n’a produit aucun acte d’enquête durant son instruction pour « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Dans l’affaire Marega, Me Marie-Alix Canu-Bernard, avocate des proches, s’est aussi heurtée à un mur : « Toutes mes demandes ont été refusées. »

La dernière a été rejetée par la chambre de l’instruction, qui a estimé, dès avril 2012, que l’enquête allait de toute façon se conclure par un non-lieu. Et le magistrat n’a pas jugé utile de coter au dossier la décision sévère rendue par le Défenseur des droits en mai 2012 dans ce dossier. « Il faudrait des magistrats qui ne s’occupent que de ça et qui n’auraient pas besoin des mêmes policiers le lendemain dans leurs enquêtes », estime Me Stéphane Maugendre, avocat de la famille Ziri.

Sous la pression du Défenseur des droits, la prise en charge disciplinaire de ces dossiers a néanmoins évolué. Selon nos informations, 5 avertissements ont été prononcés, fin 2012, dans l’affaire Ziri. Dans le dossier Marega, un conseil de discipline a été convoqué. Jusqu’ici, dans les affaires complexes, l’administration s’abritait derrière l’enquête judiciaire pour justifier son inertie administrative.

Leur presse (Laurent Borredon, LeMonde.fr, 28-29 mars 2013)

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[Pour mémoire] Quelques bonnes raisons de s’opposer à Marseille 2013 capitale-européenne-de-la-culture

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Des extraits avaient été lus dans l’émission #05 (le 23 janvier 2008) de Basse Intensité.

C’est déjà tout de suite

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[Notre-Dame-des-Landes / Rennes] Communiqué du collectif du 23 contre l’aéroport

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[Lyon, mercredi 3 avril] Journée d’information sur l’exploitation animale

Journée d’info sur l’exploitation des animaux

Ce mercredi 3 avril 2013, une journée contre l’exploitation animale se tiendra au forum de la fac de Lyon2 sur le site de Bron. Au programme : tables d’info antispéciste, No Tav, féministe, libertaire mais aussi bouffe vegan à midi, zone de gratuité (ramène tes  fringues et viens en chercher d’autres !), café/thé, crêpes en continu. À 13h il y aura une session Hip-Hop et graf ouverte à tous.tes.

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Nous sommes vegan parce que les animaux sont des êtres sensibles ayant des intérêts comme ceux de vivre, ressentir du plaisir, évoluer en accord avec leur nature sociale, et que les en priver sous le prétexte de notre différence d’appartenance à une espèce n’est pas légitime et constitue une discrimination arbitraire. Terroriser, exploiter, tuer des êtres fragiles et sans défense pour notre plaisir culinaire, vestimentaire ou autre, est une idée qui nous révolte. Il n’y a pas de hiérarchie dans les luttes, battons-nous contre toutes les dominations !

Les bénéfices de cette journée iront à la création prochaine d’un Food Not Bombs sur Lyon. Toute aide est la bienvenue, n’hésitez pas à nous contacter pour plus d’infos !

Des individus.es

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[Maroc] Retenez-moi ou je me fache

Maroc : des milliers de personnes manifestent pour les « droits et libertés »

RABAT — Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dimanche à Rabat « pour l’ensemble des droits et des libertés », affichant leur mécontentement à l’égard du gouvernement islamiste, à l’appel notamment de deux organisations syndicales, a constaté un photographe de l’AFP.

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D’après la même source, les manifestants, qui ont achevé à la mi-journée leur marche devant le Parlement, dans le centre de la capitale, étaient entre 5.000 et 10.000. La police a pour sa part évoqué le chiffre de 3.000 participants.

Organisée sous le signe « des droits et des libertés », cette manifestation s’est déroulée dans le calme, le cortège brandissant des pancartes et scandant des slogans anticorruption, « contre la vie chère et pour l’emploi », et plus généralement contre la politique du gouvernement.

« Le Maroc vit une régression sociale », Abdelilah « Benkirane (le chef du gouvernement, ndlr) nous emmène dans un ravin », ont clamé des manifestants, parmi lesquels des membres du mouvement pro-réformes du 20-Février.

D’après l’agence MAP, des partis de l’opposition ainsi que des associations et des organisations actives dans les domaines des droits de l’homme et de la société civile s’étaient également joints au cortège.

Cette manifestation constitue une « mise en garde » au gouvernement, a déclaré le vice-président de la Confédération démocratique du travail (CDT), Abdelkader Zaïra, déplorant une absence de prise en compte des revendications sociales.

Cité par l’hebdomadaire Tel Quel, le secrétaire général de la Fédération démocratique du travail (FDT), Abderrahmane Azzouzi, a lui prévenu qu’une « grève nationale et générale » était « envisageable ». « Nous ne le souhaitons pas », a-t-il toutefois ajouté.

Le parti islamiste Justice et développement (PJD) d’Abdelilah Benkirane, qui dirige le gouvernement, est arrivé au pouvoir à la suite de son succès historique aux législatives de fin 2011, dans le tumulte du printemps arabe.

Confronté à un ralentissement de la croissance (moins de 3%) l’an dernier ainsi qu’à un creusement du déficit public, il doit mener au cours des prochains mois d’importantes réformes sociales, concernant les retraites mais aussi la caisse de compensation, qui subventionne des produits de grande consommation.

Publié par le savoir-faire français (Agence Faut Payer, 2 avril 2013)

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Une croyance vivace : la différence naturelle des sexes

En introduction « L’enfance, laboratoire du genre », Sylvie Cromer, Sandrine Dauphin et Delphine Naudier proposent de « scruter les formes et interactions ludiques de socialisation ». Elles indiquent, entre autres, que « l’enfance dont il est question dans ce numéro est entendue dans sa dimension élargie, du bébé en âge d’aller à la crèche jusqu’au préadolescent de 13 ans environ » et qu’il « s’agit de comprendre comment, à la confluence de plusieurs instances socialisatrices – les familles, les institutions, les pairs, les médias – et en tension entre dépendance et atomisation, l’enfance devient un laboratoire des transactions de genre, pour les adultes, comme pour les enfants ».

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Les différentes auteures analyseront maints aspects des socialisations : encouragement des capacités physiques des garçons, souci de l’apparence des filles, assignation des femmes à s’occuper des enfants en bas âge, neutralisation du masculin, contrôle parental sur les vêtements, apprentissage de la séduction pour les filles, voilement et dévoilement du corps, etc.

Je ne présente que quelques éléments.

Geneviève Cresson (« Indicible mais omniprésent : le genre dans le lieux d’accueil de la petite enfance ») nous rappelle que « garçons et filles passent l’essentiel de leur temps avec des femmes et reçoivent d’elles la quasi-totalité des réponses à leurs besoins humains ». Cette division sociale du travail conforte que le rôle « naturel » des femmes. L’auteure analyse la vie quotidienne dans les crèches, les aménagements, les jeux et jouets, l’intégration des représentations de personnages dans les livres, le sexe (son absence) sur les poupées-filles et sa présence sur les poupées-garçons, le corps, l’apparence, les vêtements, les pratiques différenciées, les préoccupations pour « la motricité des garçons » et « l’admiration de la beauté des filles », la stimulation plus importante des garçons. Elle souligne que les professionnelles interrogées ne semblent pas considérer la question du genre comme pertinente. Dans ces espaces de socialisation, les rapports sociaux de sexe « se reproduisent à bas bruit et très efficacement sous nos yeux ».

Monica Zegaï étudie « La mise en scène de la différence de sexes dans les jouets et leurs espaces de commercialisation », le discours linguistique et iconique, la ségrégation dans la mise en discours des jouets, la place de l’activité domestique, de la passivité, de l’intérieur, de la communication pour les activités réservées aux filles, la vitesse, les véhicules, la technique, la compétition pour les garçons, « le mur invisible presque infranchissable » dans l’univers des enfants, les dichotomies danger/sécurité, compétition/coopération, etc. L’auteure ajoute « Si les frontières symboliques enferment les petites filles à l’intérieur, elles imposent aux petits garçons de rester à l’extérieur pour se dépasser en permanence. La maîtrise de la sphère qui incombe à son sexe semble être la priorité, et le challenge ne se situe que du côté masculin, compte tenu de l’infinitude du territoire à conquérir et des possibilités de maîtrise du temps toujours plus grandes ».

Particulièrement significatives sont les analyses sur les déguisements, la dissimulation du corps pour les uns et la mise en valeur pour les autres.

« La manipulation quotidienne et dès le plus jeune âge des représentations sociales liées à la différence des sexes matérialisées dans ces objets de l’enfance permet ainsi l’expérience ludique de devenir une véritable pédagogie visant à construire le genre. »

Sylvie Octobre traite « La socialisation culturelle sexuée des enfants au sein de la famille », le triple registre des assignations sexuées « la représentation des sexes, la catégorisation sexuée des objets culturels, et la qualification sexuée de l’éducation implicite et explicite ». Elle analyse, entre autres, la naturalisation des caractéristiques et les enjeux en termes de « régulation familiale et sociale », les répertoires de pratiques souhaités pour les un-e-s et les autres, la place du sport pour les uns et de la lecture pour les autres, etc. L’auteure indique « la socialisation sexuée est donc à géométrie variable, mobilisant tantôt la catégorisation sexuée de la tâche éducative, celle de la pratique ou enfin le sexe de l’enfant ».

Si le « garçon manqué » est une figure régulièrement évoquée, la « fille manquée » n’existe pas. J’ai été notamment intéressé par les analyses sur la « configuration combinatoire » et en particulier sur une conclusion, même si je ne l’aurai pas exprimée de cette manière (car le champ des possibles pour les filles reste toujours plus restreint que celui des garçons) : « Dans tous les milieux, il semble davantage toléré que les filles fassent, au sein des dynamiques familiales, des emprunts au répertoire symbolique des pratiques et consommations culturelles de l’autre sexe, alors que les garçons ne bénéficient pas d’un mouvement symétrique d’ouverture du champ des possibles » ou pour le dire autrement « la  “féminisation” des garçons apparaît comme un risque social bien plus important que la  “masculinisation” des filles ». L’article se termine sur le « travail » des adolescentes, le développement de stratégies afin d’échapper à la « tyrannie du genre ».

Sylvie Cromer (« Le masculin n’est pas un sexe : prémices du sujet neutre dans la presse et le théâtre pour enfants ») analyse les processus qui imposent la prééminence d’un masculin à prétention universelle. Au passage, elle critique la tendance éditoriale française à « mettre l’accent sur la thématique du travail de l’identité, en éludant le social ». Dans les récits étudiés, l’auteure constate « un déséquilibre numérique entre les deux sexes », la prééminence de l’acteur « premier », « majeur » le personnage de sexe masculin et l’essentialisation du féminin « les filles et les femmes s’avèrent essentialisées, par leur satellisation vis-à-vis du sexe masculin ou leur excentrement du social, que semble symboliser leur marquage physique », ou pour le dire autrement, « les filles n’ont pas de place propre dans le social ». L’auteure insiste particulièrement sur « le marquage physique du féminin », les attributs corporels, alors qu’inversement « le masculin n’est pas identifié comme tel : il est ». Sylvie Cromer termine sur l’humanité présentée comme masculine et sur la transmutation des personnages masculins en neutres.

J’ai aussi apprécié les articles de Eva Söderberg « L’héritage de Fifi Brindacier en Suède », de Martine Court « Le corps prescrit. Sport et travail de l’apparence dans la presse pour filles », et d’Aurélia Mardon « Construire son identité de fille et de garçon : pratiques et styles vestimentaires au collège ».

Les autres textes concernent « Le genre de l’éducation à la sexualité des jeunes gens (1900-1940) » (Virginie De Luca Barrusse) ; « La migration empêchée et la survie économique : services et échanges sexuels des Sénégalaises au Maroc » (Anaïk Pian) et des articles sur des revues, des thèses ainsi que des notes de lecture.

Une remarque critique : des auteures utilisent le terme de « classe moyenne » ou de « classes populaires » (ou « milieu populaire ») sans en donner de définition. Elles soulignent des différenciations dans les socialisations genrées des enfants, en « valorisant » des pratiques « plus ouvertes » dans la « classe moyenne ». Cela me semble plus traduire une proximité sociale qu’une analyse matérielle, sans oublier un certain mépris lié à l’absence de recul sur leurs propres situations sociales. Que les socialisations soient différenciées dans des « sous-catégories » de salarié-e-s (80% de la population) est une chose, que des « desserrements » de contraintes de genre soient soulignés en est une autre, mais ni les pratiques des un-e-s, ni celles des autres ne remettent significativement en cause le système de genre, la hiérarchie structurelle entre homme et femme.

La dénonciation des stéréotypes de genre ne peut être séparée d’une question politique, celle de la domination structurelle des hommes sur les femmes. Un numéro pour analyser la construction des individu-e-s comme homme et femme, contre les visions naturalistes ou essentialistes.

Cahiers du Genre N° 19 /2010 : Les objets de l’enfance
L’Harmattan, Paris 2010, 264 pages, 24,50 euros

Didier Epsztajn, Entre les lignes entre les mots, 25 mars 2013

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[L’ennemi intérieur] Une nouvelle association de malfaiteurs à but terroriste identifiée en banlieue parisienne

Quand les flics de Sarkozy montent un club

Autour de l’ancien chef de la police nationale s’est créée une amicale des nostalgiques de l’ex-président.

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La « firme » est morte, vive le « club ». Les grands flics que l’on a vus en première ligne durant les années Sarkozy ne veulent pas tourner définitivement la page. Ils ont pris l’habitude, depuis l’automne 2011, de se retrouver une fois par mois autour d’un repas, histoire de serrer les rangs et de préparer, sait-on jamais, un éventuel retour aux affaires une fois la gauche défaite. Une sorte d’amicale qui pourrait prendre un jour des allures de shadow cabinet.

Ils n’ont pas cherché longtemps leur chef de file : Frédéric Péchenard s’est imposé comme le leader naturel de cette génération qui a mobilisé son énergie pour son champion, passé de la Place Beauvau à l’Élysée avec l’appui d’une bonne partie de ceux qui comptent dans la police. Ami intime de Nicolas Sarkozy, Frédéric Péchenard faisait une carrière honorable à la PJ lorsqu’il a été propulsé directeur général de la police nationale. La majorité sortie des urnes en mai dernier l’a écarté, tout en le ménageant, puisqu’il a hérité, à sa demande, de la sécurité routière, un job qui lui assure une logistique non négligeable. Et lui laisse le temps de voir ses amis.

Lorsqu’ils préparaient l’alternance, les policiers et hauts fonctionnaires fidèles à la gauche se retrouvaient à La Rotonde, un restaurant parisien proche de Montparnasse. Le « club » a opté pour un lieu plus discret : Le Royal, un restaurant marocain de Clichy, dans ces Hauts-de-Seine longtemps considérés comme le fief de la Sarkozye.

Le dernier dîner du « club » s’est tenu le 13 mars. Autour de la table, présidée par l’ancien chef de la DGPN, une brochette d’anciens directeurs ayant tous en commun d’avoir été mis sur la touche par Manuel Valls, le successeur de Claude Guéant : Jacques Fournier, ancien directeur central de la sécurité publique, Christian Sonrier, ancien directeur de la sécurité publique dans l’agglomération parisienne, Dominique Boyajean, surnommé « Domboy » par ses amis, ancien patron de l’Inspection générale des services, et Gilles Furigo, ex-chef du service de protection des hautes personnalités. Au menu, outre le couscous traditionnel, la situation administrative des uns et des autres, l’état de la délinquance, mais aussi la préparation de jours meilleurs. Peut-être aussi un brin de nostalgie, mais n’est-ce pas naturel ?

Publié par une officine policière (Frédéric Ploquin, Marianne2.fr, 1er avril 2013)

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Joyeuses Pâques à Bure…

Joyeuses Pâques à Bure…

Ne pas participer à un débat public est un acte politique réfléchi… surtout quand il s’agit de projets nucléaires, et pour l’occasion quand il s’agit d’un centre d’enfouissement de déchets nucléaires haute et moyenne activité à vie longue !

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L’ANDRA à Bure (l’agence qui « gère » les déchets nucléaires), compte dans ses rangs, par exemple, M. Éric SUTRE, géologue en carton mais surtout communicant débonnaire chargé d’insertion du projet, qui serait capable de se couper un bras pour la poubelle nucléaire… La CNDP (Commission Nationale du Débat Public) s’en est-elle inspirée pour nous envoyer Mme Ariane MÉTAIS, membre de la commission particulière débat public CIGEO, venue convaincre les obscurs antinucléaires que nous sommes, de participer activement à la grande mascarade de 2013 ???

Pour cette jeune passionnée du processus de décision publique, notre positionnement semblait pour le moins étrange : Pourquoi ne pas participer ? Pourquoi perturber ? Comment ? Avec qui ? Nos amis allemands ? Etc…

Nous ne discuterons jamais avec celles et ceux qui veulent imposer le projet CIGEO à Bure (ou ailleurs !) ni avec leurs sbires ou pantins, c’est selon, qui participent à la bonne marche de son processus d’implantation. Le débat public est une farce démocratique, une insulte à notre désir plus que légitime de ne pas laisser notre avenir dans les mains des nucléocrates !

Ce n’est donc pas avec des œufs en chocolat ni même avec des poissons d’avril que nous avons accueilli Mme METAIS (qu’elle n’y voit rien de personnel…) mais avec des seaux remplis aux toilettes sèches. Les déchets nucléaires n’ont pas d’odeur, ce n’est pas le cas de notre mépris.

ANDRA : CASSE-TOI !
NUCLÉAIRE : ARRÊT IMMÉDIAT !

Des antinucléaires de Bure

Rappel calendrier « officiel » :

2013 : Année du dernier débat public avant la demande d’autorisation de création d’une poubelle nucléaire géante, capable de recevoir l’intégralité des déchets haute et moyenne activité à vie longue français et plus si affinités…

2015/2016 : Autorisation de création

2017 : Début des travaux préparatoires (qui pour nous ont déjà démarré…)

2019 : Début des travaux de CIGEO (qui pour nous ont déjà démarré aussi…)

2025 : Arrivée des déchets nucléaires de l’usine de La Hague, de Marcoule et de Valduc (CEA)

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La « transition énergétique maintenant » selon les « écolos », c’est l’arrêt du nucléaire… plus tard !

En dehors du RAC (Réseau Action Climat, membre du Réseau Sortir du Nucléaire) qui se distingue en collaborant à un scénario « acceptable » de transition énergétique qui n’envisage même pas l’arrêt du nucléaire à horizon 2050 [rac-f.org/…pdf, page 27, graphique 33], il existe un parfait consensus de la part des organisations « écolos » ayant pignon sur rue et du principal parti « écolo » EELV, sur UNE SORTIE PROGRESSIVE DU NUCLÉAIRE EN 20 ANS, soit en langage clair : UNE PROLONGATION DU NUCLÉAIRE POUR ENCORE 20 ANS au minimum. Ceci constitue à leurs yeux un scénario de production d’électricité « raisonnable ».

EELV propose de fermer en priorité les réacteurs de plus 30 ans « présentant le plus de risques… fiabilité technique, expositions aux risques naturels, densité de population » (créant ainsi une hiérarchie de valeurs, comme si la vie humaine se mesurait en fonction de la quantité de victimes potentielles au mètre carré)… La sortie du nucléaire est prévue en 2032 [energie.eelv.fr/…pdf, pages 19, 29 et 30].

Dans le Scénario de Transition Energétique 2013 de Greenpeace, on nous promet que « en 2035 plus aucun réacteur ne produira de l’électricité en France » [greenpeace.org/…pdf,
page 34].

Idem pour Les Colibris de Pierre Rahbi qui se prononcent pour un abandon de « l’utilisation de l’énergie nucléaire (entre 2030 et 2035) » [colibris-lemouvement.org/…pdf, page 18].

D’après la dernière dépêche AFP sur la chaîne humaine organisée par le Réseau Sortir du Nucléaire le 9 mars 2013, ce dernier souhaite « la fermeture immédiate des réacteurs de plus de 30 ans ». Rien ne nous est dit de la durée envisagée pour la fermeture des autres réacteurs
français [groupes.sortirdunucleaire.org/…]. Les antinucléaires auraient-ils oublié qu’à Three Mile Island (TMI) le réacteur était en service industriel depuis seulement trois mois lors de son accident en 1979, et que pour Tchernobyl en 1986, la mise en service du réacteur avait eu lieu trois ans seulement avant la catastrophe ? En outre, la pétition du réseau « je signe » propose en guise de solution à l’arrêt du nucléaire : l’efficacité, la sobriété et les énergies renouvelables.

Tout ceci découle directement du scénario des « experts » de Négawatt, paru en 2011 et qui prône « un arrêt progressif et raisonné du nucléaire… […] un abandon de la production nucléaire en 22 ans » avec la fermeture du dernier réacteur en 2033 ; l’exercice consistant entre autres à « minimiser le recours au gaz fossile pour assurer la transition et d’éviter un pic non maîtrisé de l’usage de ce dernier » avec une fermeture des réacteurs après 30 à 40 ans d’exploitation (Négawatt devance donc le souhait économique d’EDF de prolonger la durée d’exploitation des réacteurs français à 40 ans).

MAIS DE QUOI NOUS PARLE-T-ON AU JUSTE ? LE NUCLÉAIRE EST-IL OUI OU NON UN MODE DE PRODUCTION D’ÉLECTRICITÉ COMME LES AUTRES ?

Après les tragédies de Fukushima, et de Tchernobyl, peut-on encore « raisonnablement » se poser la question ?

Le nucléaire présente un danger immédiat (la catastrophe peut arriver à tout moment en France, à côté de chez nous). La seule réponse « raisonnable » à un danger immédiat et gravissime est un arrêt immédiat de ce qui constitue ce danger.

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TÉLÉCHARGER LE TRACT

Accepter tous les scénarios énergétiques de sortie progressive du nucléaire :

• C’est accepter qu’une catastrophe nucléaire puisse se produise demain en France.

• C’est penser qu’une « gestion » de la catastrophe serait possible.

• C’est accepter qu’une « gestion militaire » de la situation (voir décret présidentiel n° 2003-865 du 8 septembre 2003) se mette en place en France en cas de catastrophe nucléaire.

• C’est accepter de vivre en territoire contaminé comme une alternative envisageable.

• C’est accepter le port de dosimètres pour nos enfants.

• C’est accepter les conséquences sanitaires du nucléaire, l’augmentation des pathologies cardiaques/digestives/pulmonaires, des cancers, des malformations congénitales, …

• C’est accepter la production journalière en France de 30 à 40 kilos de plutonium (sachant que un microgramme de plutonium inhalé suffit à provoquer un cancer et que 8 kilos sont suffisants pour faire une bombe atomique de type Nagasaki).

• C’est accepter l’exploitation des mines d’uranium au Niger et la contamination grave des populations locales (la France est totalement dépendante de ses importations d’uranium).

• C’est accepter la vente de la technologie nucléaire française dans des pays émergents dont les populations, comme en Inde, refusent l’installation souvent au péril de leur vie.

• C’est accepter de déléguer son propre destin à une poignée de nucléocrates tout-puissants, à des partis politiques pro-nucléaires, soutenus par des ONG dont on peut légitimement se demander si elles ont pour but d’inverser le cours des choses ou plutôt de pérenniser leurs structures.

C’EST ACCEPTER L’INACCEPTABLE !

L’arrêt du nucléaire n’est ni négociable, ni soumis à des conditions de durée. L’arrêt du nucléaire ne peut dépendre de l’hypothétique avènement des énergies renouvelables, de même qu’il est illusoire de compter sur une prise de conscience soudaine des « citoyens » et des gouvernements pro-nucléaires qu’ils continuent d’élire.

Le rapport de force, c’est à chacun d’entre nous de faire tout son possible pour tenter de l’inverser MAINTENANT ! Il y va de notre survie.

Arrêt Immédiat, Inconditionnel et Définitif du Nucléaire

Coordination Stop-Nucléaire
Paris, le 9 mars 2013

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« L’humanité qui convient »

« L’humanité qui convient »

« Les règles ont été appliquées avec l’humanité qui convient, avec les explications nécessaires mais il y a parfois des moments où on est dans une telle situation, qu’on ne comprend plus les explications. »

M. Sapin, ministre du Travail à propos de l’immolation de Djamal Chaab devant un Pôle emploi de Nantes le 13 février 2013.

Alors que la mort par immolation devant les locaux d’une administration ou sous les coups de la police devient coutumière, les discours créent un consensus qui en cache la signification possible par des phrases convenues. La bienveillance humanitaire des hommages ou les déclarations des agent-e-s de l’institution use immédiatement le sens du geste de Djamal Chaab (dont on tait systématiquement le nom, qui signifie « peuple »).

L’humanisme des représentant-e-s de l’État comme celui de leurs cogestionnaires « sociaux », (ici les représentant-e-s traditionnels des allocataires de prestations sociales) « explique » ainsi la vie d’un « individu » en l’excluant d’une situation. Cette situation est politique. Pourtant aucune signification politique ne résonne. L’invocation abstraite de la misère comme le calcul cynique des responsabilités créent ce silence. On dit qu’il était fou et pauvre, on va jusqu’à recalculer ses droits pour lui donner tort.

On masque mal que c’est la logique même de l’institution de mettre à mort par le droit. C’est en tout cas cette institution que Djamal Chaab a désignée comme son lieu de mort.

L’État a remis à un-e « agent-e» le soin de décider des moyens de subsistance d’un autre homme. Cet-te agent-e est sans doute lui/elle-même ignorant-e du droit, son rôle est de suivre des procédures et d’exercer un contrôle. La finalité de ces actes lui est rarement rendue visible comme les conditions d’existence qui en dépendent. C’est ainsi, silencieusement, que la société transpire le fascisme.

Ce dispositif entame nos vies dans les nécessités les plus brutes mais aussi sous l’aspect moins discernable de l’image que l’on se renvoie. Cette image est celle de la honte et de la mauvaise conscience. On nous fait croire que nos droits sont des dettes et par là on réduit notre horizon d’action, nos projections dans le monde. De même, on réduit notre action au sein de notre travail à une activité sans sens et parfois assassine. Enfin, on continue d’affirmer que ces activités ont une valeur et nous sont désirables.

Nous ne voulons pas définir la volonté de Djamal Chaab ; sa vie, comme le montre assez son suicide, lui appartenait. Mais nous ne voyons pas comment nous pourrions donner un visage à cet homme sans déclarer la guerre à ces institutions.

Sa vie était réfractaires aux projets calculés. Comme le sont les nôtres.

Collectif de chômeurs-euses et précaires de Lille (contact)

Groupe antifasciste de défense et d’entraide face au dispositif bureaucratique (caf, pôle emploi, cpam, huissier, banques etc…).

Permanences les premiers vendredi de chaque mois au 32 rue d’Arras à Moulins.

(Tract que nous diffusons actuellement sur Lille) – 13 mars 2013

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[Chili] Rafle anti-anarchiste à Temuco

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Le 28 mars, dans la ville de Temuco, les forces spéciales ont mené une opération contre deux maisons particulières, l’une d’entre elles étant l’espace Pandemia. Douze personnes ont été arrêtées et les policiers ont annoncé avoir saisi non seulement des ordinateurs, des disques durs, etc. mais aussi du matériel pour fabriquer des engins explosifs (extincteur, mèche, minuteur, poudre noire).

Les proches des emprisonnés dénoncent un montage policier comme celui du Caso Bombas de Santiago, lequel, après des mois d’enquête et d’emprisonnement, s’est écroulé pour faute de preuves. Ils accusent la police d’avoir elle-même introduit ce matériel explosif dans la maison pour justifier l’opération. Il faut signaler que le procureur en charge de ce nouveau montage est celui qui avait mené la persécution de paysans mapuches en 2004. Sur les douze personnes arrêtées trois sont en prison préventive pour confection et port de matériel explosif. Les 6 relâchés vont devoir payer une amende.

Secours Rouge/APAPC, 30 mars 2013

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[Algérie] Marche des chômeurs à El Oued

Des milliers de chômeurs marchent à El Oued
« Nous sommes pour un dialogue sérieux »

Des militants du Comité des chômeurs sont venus de Ouargla, Laghouat, Ghardaïa, Adrar, Djelfa… pour participer à la manifestation.

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En dépit des manœuvres et autres moyens utilisés par les autorités quelques jours auparavant pour déjouer le mouvement de protestation des chômeurs, la marche pacifique de « l’instauration de l’État de droit » organisée hier à El Oued, a connu une réussite totale. C’est ce qu’ont déclaré les organisateurs et des militants des droits de l’homme. Ainsi, après le succès médiatique et politique de la manifestation des chômeurs à Ouargla et à Laghouat, c’est au tour d’El Oued d’en abriter la troisième.

Quelques milliers de personnes se sont rassemblées, hier, à la place Hamma Lakhdar, au centre-ville d’El Oued, où se trouve le Monument aux martyrs, pour revendiquer leur droit au travail et au développement et l’instauration de l’État de droit. Des représentants du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC) et ceux de la Ligue algérienne des droits de l’homme, venus des wilayas de Ouargla, Ghardaïa, Laghouat, Adrar, Djelfa et El Bayadh, ont pris part à ce rassemblement qui a eu lieu suite à l’appel du CNDDC.

Les manifestants ne cessaient de scander : « Non à la hogra, non à la marginalisation, non à l’exclusion », « M. Sellal, où est notre droit au travail  ? », « Nous voulons des institutions justes et honnêtes », « Relâchez les personnes arrêtées ». Les représentants du CCNDC ont accusé les pouvoirs publics d’essayer de déstabiliser leur mouvement de revendication pacifique. Mais c’est « peine perdue », disent-ils. Et de préciser que le coordinateur du CNDDC de la wilaya de Sétif et celui de la wilaya de Laghouat ont été arrêtés, vendredi dernier, par les services de sécurité, et ce, selon eux, « pour semer la terreur parmi les jeunes ».

De plus, d’importants renforts sécuritaires avaient afflué vers la région d’El Oued. Concernant les « manœuvres » du pouvoir, le chef de la section du CNDDC d’El Oued, Rachid Aouine, qui avait été arrêté il y a trois jours, puis relâché, nous a déclaré que l’administration avait ordonné à des pseudo-représentants de la société de diffuser des communiqués pour contrer le CNDDC.

Et de préciser : « Le wali d’El Oued a tenu jeudi dernier une rencontre avec les associations des quartiers de la ville pour discuter des problèmes du développement de la commune du chef-lieu. Ce propos du wali qui a qualifié notre mouvement pacifique de désordre n’était qu’une action visant à nous déstabiliser. »

Concernant son arrestation, il a affirmé : « L’opération d’arrestation nous a beaucoup servis en renforçant les liens entre nous. » Par ailleurs, le coordinateur national du CNDDC, Tahar Belabès, nous a déclaré que son comité revendique un dialogue sérieux avec ceux qui décident réellement. Et d’ajouter : « Nous sommes en train de mobiliser les jeunes dans toutes les wilayas du pays pour que le pouvoir accepte de dialoguer avec nous et qu’il trouve des solutions sérieuses à nos problèmes. » Il a également indiqué que sa coordination voudrait être un partenaire incontournable, ajoutant que si le pouvoir continue de manœuvrer, « les choses nous échapperont et nos revendications seront d’ordre politique ». Et d’insister : « Le CNDDC exige l’ouverture immédiate d’un dialogue avec les représentants de la coordination, et ce, pour faire échouer toutes les manœuvres et manipulations. Nous savons que le pouvoir refuse toujours de nous voir comme interlocuteurs. Que l’on ne compte pas sur nous pour baisser les bras et nous décourager. » Par ailleurs, des membres du CNDDC ont indiqué dans leur discours que les portes du dialogue avec les responsables locaux sont toujours closes.

Selon les organisateurs de ce mouvement de protestation, une marche pacifique aura lieu le 9 avril prochain à Ghardaïa chapeautée par la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme pour dénoncer l’arrestation et la détention de 10 membres de cette ligue. Les mêmes représentants ont insisté sur le fait que les démonstrations se feront dans la rue jusqu’à ce que le pouvoir accepte de dialoguer avec les représentants du CNDDC.

Leur presse (Youcef Rezzag Salem, ElWatan.com, 31 mars 2013)

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[Poitiers] « Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles »

Poitiers. Tags antimilitaristes à l’Armée de l’Air

La façade du bureau d’information de l’Armée de l’Air, avenue de la Libération à Poitiers, a été couvert d’inscriptions antimilitaristes dans la nuit de jeudi à vendredi. Une enquête est en cours pour tenter d’identifier les auteurs de ces tags. Selon la police, aucun autre établissement militaire n’a été visé.

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Toute la façade de l’immeuble a été maculée.

La même nuit, d’autres tags, hostiles ceux-là à l’aéroport nantais de Notre-Dame-des-Landes ont été peints sur des murs de l’hôtel-de-ville de Poitiers. Ils ont été effacés par les services municipaux.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (lanouvellerepublique.fr, 30 mars 2013)

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