[Laghouat, Algérie] « Non à l’esclavagisme des temps modernes »

Manifestations pour l’emploi dans le Sud algérien

Des milliers de manifestants ont envahi samedi 23 mars la Place de la Résistance à Laghouat, dans le Sud de l’Algérie, pour demander des emplois et une plus grande transparence dans les procédures d’embauche.

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Après la « Marche de la dignité » organisée il y a dix jours à Ouargla, les manifestations s’étendent dans toutes les provinces méridionales de l’Algérie. D’autres rassemblements sont prévus à El Oued et à Tamanrasset la semaine prochaine.

« Nous sommes en train de faire bouger nos bases dans toutes les wilayas pour que le pouvoir accepte de dialoguer avec nous et trouver des solutions à nos problèmes », a déclaré Tahar Belabes, porte-parole du Comité national de défense des droits des chômeurs (CNDDC).

La contagion qui gagne les wilayas du Sud-Est est, selon lui, une réponse aux tentatives des walis de torpiller ce mouvement, en demandant aux députés de se rendre dans ces régions. Lundi, des parlementaires ont été chassés de Laghouat, à 400 kilomètres au Sud d’Alger, par les chômeurs de la province.

Les manifestations se poursuivront, a ajouté Belabes, jusqu’à ce que les autorités acceptent de parler aux représentants du CNDDC, qui souhaite avoir son mot à dire sur les activités des agences de l’emploi.

« Nous sommes esclaves des sociétés de recrutement créées par les pontes du système au profit de leur progéniture, et nous souffrons du racisme des sociétés étrangères », a affirmé le militant Tarek Mameri.

« Les jeunes sont en train de s’imposer et de s’affirmer là où les partis politiques ont échoué, c’est-à-dire dans la rue », estime le coordinateur du CNDDC à Laghouat, Belkacem Khancha.

« La rue est à nous et la société nous soutient », a-t-il ajouté.

Comme ce fut le cas pour la manifestation d’Ouargla, les forces de sécurité sont restées en retrait, observant de loin le déroulement de cette manifestation pacifique.

Des militants venus des quatre coins du pays avaient fait le déplacement dans la province pour afficher leur soutien aux manifestants. Certains ont tenté de faire passer leurs propres messages, à l’instar des représentants des familles des personnes disparues durant la Décennie noire et des militants des droits de l’Homme venus de Ghardaïa.

leur presse (Ici Lomé, 25 mars 2013) via Solidarité ouvrière

 

Rassemblement à Laghouat
Les jeunes chômeurs réclament le « droit au travail »

Encouragés par l’enthousiasme manifesté lors du rassemblement organisé le 14 mars à Ouargla, les chômeurs de Laghouat prévoient un autre sit-in que celui d’hier sur la place de Maâmoura, au chef-lieu de Laghouat.

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Avant de se disperser dans l’ordre, les jeunes manifestants ont entonné l’hymne national et après ils ont fait une halte avant de se réunir sur la placette pour écouter les discours des organisateurs. La procession a rallié la place Moukaouama, dans un quartier de Laghouat. En chemin, de nombreux passants se sont arrêtés pour encourager les jeunes manifestants.

Certains ont montré leur approbation en se joignant aux manifestants. Les nombreux drapeaux nationaux portés par les jeunes participants donnaient une signification particulière à l’unité nationale. Ce fait a été très positivement commenté par tous ceux qui se trouvaient aux abords de routes ralliant Maâmoura au centre-ville de Laghouat « à dire non à tout ce qui nous divise », a crié un passant. Les jeunes manifestants se sont rassemblés dès le matin, estimant que le rassemblement du jour et celui organisé à Ouargla au cours de ce mois sont un message d’espoir pour une nouvelle ère au Sud. « Nous voulons d’une ère propre au Sud, sans corruption, sans hogra et où il y aura une égalité des chances », déclarent-ils. « Ce rassemblement était préparé et accessible sur facebook. »

Parlant de la marginalisation des jeunes du Sud, les manifestants ont concrétisé tout ce qui s’est déroulé entre eux, ils expriment leurs revendications sociales mais ont tenu également à répondre au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui accusait les jeunes du Sud « d’appliquer un agenda politique décidé de l’étranger ». Les jeunes chômeurs qui expriment leur mécontentement contre le gouvernement, ce dernier les qualifie d’« émeutiers », de « délinquants », de « casseurs », voire de « voleurs » et de « pilleurs », sans distinction. Ils s’organisent de manière méthodique, choisissent des points-clés. « On espère que le Premier ministre changera d’appréciation, nous ne sommes pas un groupuscule manipulé comme il le dit, mais bien une force qui revendique simplement les mêmes droits que nos jeunes concitoyens du Nord », ajoutent-ils. Dans la foulée, les manifestants ont scandé « Droit au travail pour les jeunes du Sud », « non à l’exclusion sociale », « non à l’esclavagisme des temps modernes », « non à la manipulation politique de nos revendications ».

Belkassem Khencha, coordinateur du Comité national de défense des droits des chômeurs, nous a déclaré : « Dans un pays comme l’Algérie qui compte un sud très riche, normalement, il n’y a pas de place pour une politique d’austérité aveugle. Il n’y a pas de place pour la pauvreté. Il n’y a pas de place pour un taux de chômage aussi élevé. Nous voulons plus d’investissements dans les dépenses sociales. Plus d’investissements dans les emplois verts. Nous voulons une économie durable. Nous voulons des emplois pour les jeunes, notamment les jeunes du Sud. » Et d’ajouter : « Les politiques d’austérité sont une absurdité, ce sont des politiques contreproductives. »

Selon un communiqué rendu public la veille du rassemblement, les initiateurs de cette action résumaient leurs revendications : priorité dans le recrutement au sein des compagnies pétrolières et gazières implantées sur la zone industrielle Hassi R’mel aux jeunes de Laghouat, mise en place de crédits sans intérêt pour les jeunes désirant lancer leur start-up, création de centres de formation professionnelle, suppression des sociétés privées chargées du recrutement et obligation pour les société pétrolières de passer désormais par l’ANEM pour tout recrutement.

Ouargla. Menace d’un sit-in ouvert :

Près de 500 chômeurs venus de divers quartiers de la ville de Ouargla se sont rassemblés, hier matin, pendant trois heures au niveau d’une placette située non loin du stade de Rouissat, devant le siège de l’ENTV, où se tenait une manifestation dirigée par la Coordination des comités des chômeurs de Ouargla.

Selon les militants de la coordination, l’objectif ultime de cette manifestation est pour rappeler leurs revendications du droit au travail, réclamer un développement socioéconomique équitable et refuser toute prétention à caractère politique. « Nous exigeons de mettre fin aux discriminations à l’embauche et l’esclavage de la main-d’œuvre exercé par des sociétés de sous-traitance », a indiqué Abderraouf, porte-parole de la coordination et ingénieur en hydrocarbures en chômage.

La coordination a mis l’accent sur la nécessité de rester unis pour continuer dans la voie de la protestation qui a prouvé sa capacité, notamment après la forte mobilisation du rassemblement du 14 mars. Les militants des comités des chômeurs poursuivent le mouvement de protestation et menacent d’entamer un sit-in ouvert, si leurs revendications ne seront pas satisfaites dans les plus brefs délais.

Mohamed Ali Algmi

Presse esclavagiste (Taleb Badreddine, ElWatan.com, 24 mars 2013)

 

Les chômeurs en colère ont tenu leur manifestation
Une autre démonstration de force à Laghouat

http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/1112.jpgLa place de la Résistance de Laghouat était, hier, noire de monde. Des jeunes chômeurs de Laghouat, soutenus par de nombreux activistes venus des quatre coins du pays, ont fait une nouvelle démonstration de force dans leur conflit ouvert avec le gouvernement pour s’imposer comme interlocuteurs incontournables.

Comme ce fut le cas pour la manifestation de Ouargla, les forces de sécurité sont restées en retrait, observant de loin le déroulement de cette manifestation pacifique. Les organisateurs ont commencé, dès les premières heures de la journée, à diffuser des chants patriotiques. Ils ont tenu à entamer leur meeting par l’hymne national, répétant, à qui veut les entendre, que l’unité nationale était une ligne rouge et que personne n’avait de leçons à leur donner en matière de patriotisme.

Le mouvement des chômeurs du Sud attise, cependant, tous les appétits et les tentations de le récupérer, ou du moins, prendre le train en marche, sont tellement grandes que beaucoup ont fait le déplacement d’Alger et d’ailleurs, pour se montrer lors de cette manifestation et tenter de faire passer leurs messages politiques. C’est le cas d’Abdelfattah Zeraoui, l’initiateur du projet de parti salafiste, qui est venu avec un grand renfort de militants et qui n’a pas arrêté d’animer des “halakate” au milieu de la place de la Résistance, durant toute la matinée. Les représentants des familles des disparus ont été visibles et bruyants aussi, allant même jusqu’à monter sur scène et entonner leurs slogans habituels. Les militants des droits de l’Homme, proches du FFS, notamment ceux de Ghardaïa, étaient très entreprenants au milieu des manifestants.

Ceci pour le décor. Quant au contenu, les manifestations semblent avoir bien huilé leur machine, scandant des slogans préparés à l’avance et qui deviennent, au fil des jours, le leitmotiv des chômeurs de tout le pays. “Jugez Chakib Khelil, ne jugez pas les pauvres chômeurs”, ou encore “Luttons, luttons, jusqu’à ce que les chômeurs trouvent un emploi” reviennent souvent, ponctués par des accusations portées, tantôt à l’encontre du Premier ministre accusé de menteur, tantôt contre l’administration et les élus locaux.

Le mouvement des chômeurs, qui devrait tenir d’autres manifestations à travers les autres wilayas du Sud, est en train de gagner du terrain, de s’imposer, y compris contre le gré des responsables locaux qui, il n’y a pas si longtemps, répondaient par les emprisonnements et l’interdiction de toute manifestation publique. Autres temps, autres mœurs. Les forces de sécurité n’interviennent plus et se contentent d’observer de loin. “Il y a quelques mois seulement, si quatre écoliers exprimaient haut leur colère, on les embarquait à Laghouat”, ironise un représentant des chômeurs.

La manifestation de Laghouat s’est déroulée dans le calme et s’est terminée sans le moindre incident. Le gouvernement, qui a pris une batterie de mesures d’urgence en faveur des chômeurs du Sud, semble chercher à éviter le pourrissement. Les réponses apportées par le gouvernement Sellal ne semblent pas avoir calmé la colère des chômeurs qui veulent, désormais, être des interlocuteurs du pouvoir et qui utilisent la rue comme moyen de pression. Dans ce dialogue de sourds, les tentations de récupération politicienne sont grandes, tellement grandes qu’il y a un risque de voir le mouvement prendre une autre tournure.

Leur presse (Azzeddine Bensouiah, Liberte-Algerie.com, 24 mars 2013)

 

(…) « Les manifestants ont réclamé un développement socio-économique équitable et une prise en charge de leurs préoccupations », nous confie un responsable du bureau de Laghouat de la Ligue Algérienne pour la Défense des Droits de l’Homme (LADDH).

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Selon notre source, les jeunes manifestants, venus en grand nombre, ont réclamé aussi la construction d’un centre hospitalier universitaire pour soigner les malades de Laghouat qui sont abandonnés à leur sort à cause des déficiences du secteur sanitaire de leur région.

Les chômeurs ont demandé également la libération d’un jeune handicapé de Laghouat qui a été mis en détention à cause d’un différend qui l’oppose à la Police locale. Selon les chômeurs, ce citoyen infirme est accusé d’avoir agressé un policier alors qu’il est un handicapé qui peut à peine se prendre en charge. (…)

Leur presse (Abdou Semmar, Algerie-Focus.com, 23 mars 2013)

 

Ouargla et Laghouat
Sit-in pour l’emploi

Action – Les jeunes ont repris des slogans appelant, entre autres, à « un dialogue direct avec le Premier ministre », « la disqualification des sociétés de sous-traitance dans le sud du pays ».

Les jeunes sans emploi qui ont observé hier, à Ouargla et Laghouat, un sit-in pour appuyer leurs actions de revendications « exclusivement sociales » se sont dispersés dans le calme. « Emplois », « développement » mais aussi « attachement à l’unité nationale », ont été les principaux mots d’ordre repris par les jeunes venus des quatre coins de la wilaya de Ouargla pour se rassembler dans le calme près du Complexe olympique du 18-Février. « De l’emploi pour les chômeurs », « la solution réside dans l’emploi et le développement », « emploi et justice sociale », ont constitué le gros des revendications exprimées par les jeunes. Avant de se disperser dans le calme, les protestataires ont lu une motion rejetant l’étiquette « régionaliste » que certains parties veulent leur coller, affirmant que leurs revendications sont « purement sociales » et son liées notamment à « l’emploi, le développement global, le logement, la santé, l’industrie et l’agriculture ».

À Laghouat, la même ambiance et les mêmes revendications sociales ont marqué le sit-in observé par les jeunes de cette wilaya qui ont quitté les lieux dans le calme. Les jeunes ont repris des slogans appelant, entre autres, à « un dialogue direct avec le Premier ministre », « la disqualification des sociétés de sous-traitance dans le sud du pays », « La création d’une ville nouvelle dotée de 40’000 lots de terrain, d’un programme de 20’000 logements sociaux locatifs pour lutter contre la crise du logement, ainsi que la création de 20’000 emplois, profitant prioritairement aux jeunes de la wilaya de Laghouat ».

Ils ont également réclamé « la réouverture des entreprises dissoutes pour l’absorption du chômage, la promulgation d’un texte réglementaire concernant les titres de propriété foncière relevant des terres arch, la création de nouveaux périmètres agricoles dans les différentes communes de la wilaya, et la préservation du patrimoine de la partie ancienne de la ville de Laghouat, par l’inscription d’opérations de restauration et de réhabilitation ». Ces rassemblements observés à Laghouat et à Ouargla se sont déroulés, de façon générale, dans un cadre calme et organisé, lors desquels ont été levées les couleurs nationales et chanté l’hymne national.

Leur presse (InfoSoir.com, 24 mars 2013)

 

Sit-in des chômeurs à Laghouat, Ouargla et El Bayadh

De nombreux jeunes chômeurs ont observé ce samedi matin des sit-in, à Laghouat et à Ouargla, pour réclamer de l’emploi, l’équité des chances, et un développement global.

À Laghouat, quelque 500 jeunes, venus de plusieurs localités de la wilaya et pour certains de wilayas voisines, se sont rassemblés à “la place de La résistance” au quartier Maâmoura. Ils scandaient des slogans dénonçant “la marginalisation et l’exclusion” et “le chômage”. Les protestataires ont également brandi des banderoles sur lesquelles étaient écrits, entre autres slogans, “nous respirons l’Algérie du Nord au sud et de l’Est à l’Ouest”, “l’emploi et le logement, des droits légitimes”.

Au même moment se tient également à Ouargla un sit-in similaire de jeunes soulevant des slogans de même nature, dans une ambiance tout aussi pacifique. Ils étaient quelques 200 jeunes protestataires à se rassembler sur l’esplanade jouxtant le complexe olympique “18 février” au quartier Rouissat pour revendiquer l’emploi et le développement global dans les régions du Sud. Les sit-in de ces jeunes protestataires se poursuivent, aussi bien à Laghouat qu’à Ouargla, dans un cadre pacifique encadré par des jeunes dont certains, parmi les organisateurs, revêtus de dossards bien visible.

Quelques 300 jeunes chômeurs ont également organisé un sit -in ce samedi matin  dans la localité de Labiodh Sidi Cheikh, dans la wilaya d’El Bayadh pour revendiquer des postes de travail. Les protestataires scandaient des slogans appelant à “veiller à l’unité nationale”, et brandissant des banderoles contenant des revendications d’ordre social, avant de se disperser dans le calme. Les organisateurs de l’action de protestation ont procédé à la lecture d’une motion appelant à l’élévation de la région de Labiodh Sidi Cheik au rang de wilaya déléguée avant d’appeler les manifestants à lever le camp dans le calme.

Leur presse (Reflexiondz.net, 25 mars 2013)

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