Premier rapport métagraphique sur la destruction d’Alger

Des auteurs de ce « premier rapport métagraphique sur la destruction d’Alger », on ne sait pas grand-chose, hormis qu’ils vivent à Alger et y éditent depuis deux ans une revue sauvage d’inspiration lettriste et situationniste intitulée El Khelwé. Mais quand ils nous fait parvenir ce texte étrange, chargé de rage et de poudre, on a pas hésité longtemps à le publier. Dont acte.

Incipit A11 : Ce texte nous a été adressé suite à la publication d’un article de Nedjib Sidi Moussa, Les spectres algériens de Guy Debord. Non comme une réponse, mais une continuation. Ses auteurs expliquaient ainsi dans leur mail : « Nous avons été extrêmement réconfortés de lire cet article sur votre site. Il faut savoir que les espaces médiatiques libérés n’existent plus en Algérie. Pour des libertaires comme nous, ce sont des années de plomb. ON a entre 20 et 25 ans et avons une culture qui inclut largement Debord « et ses arabes ». Mohamed Dahou n’est pas un inconnu pour nous. ON sait aussi jouer avec les mots. » Ils ajoutaient : « Voici un texte qui ne va pas vous laisser indifférent. » Ils avaient raison.

Premier rapport métagraphique sur la destruction d’Alger

Temps arpenté : Quelque part entre le 10 juin 2010 et le 1er juillet 2013
Mot d’ordre : Pourquoi a-t-ON rasé Alger ? En effet… c’était toujours la même merde derrière la dernière couche de peinture.

« NUL NE MEURT de faim, ni de soif, ni de vie. On ne meurt que de renoncement.

La société moderne est une société de flics. Nous sommes révolutionnaires parce que la police est la force suprême de cette société. Nous ne sommes pas pour une autre société parce que la police est la forme suprême de toute société. Nous ne sommes pas nihilistes parce que nous n’accordons aucun pouvoir au rien.

Nous sommes lettristes en attendant parce que, faute de mieux. Nous avons pris conscience du caractère éminemment régressif de tout travail salarié. La non-résolution de problèmes complexes détermine une période d’attente dans laquelle tout acte pragmatique constitue une lâcheté car la vie doit être asymptotique et bénévolente.

Nous sommes au demeurant des génies, sachez-le une fois pour toutes. »

Alger, avril 1953, HADJ MOHAMED DAHOU, CHEIK BEN DHINE, AIT DIAFER

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Enfin ! Des gens malhonnêtes se décident à écrire quelques lignes en vue de constituer des archives de dérives psychogéographiques à Alger. Cinquante ans après « Guy Debord et ses arabes », cinquante ans après Mohamad Dahou, Cheikh Ben Dhine et Aït Diafer, cinquante ans après la confiscation du pouvoir au peuple algérien, après cinquante ans de pillage de l’Algérie, c’est dans la rive sud de la Méditerranée que cela se passe. Que tout se passera. Parce que là haut, de l’autre côté c’est terminé. ON a plus rien à y foutre.

Pour ce premier rapport, et très certainement pour ceux qui viendront le compléter, « ON » a décidé de tuer le « JE ». Parce que y’en a marre de ce « JE » galvaudé et infréquentable. ON en a carrément marre de ce « moi-je » constipé dans ses nœuds auto-réfléchissant. « JE », c’est terminé ; cette engeance. « JE » rien du tout parce qu’on a trop abusé de lui, on lui a tout fait dire, et aujourd’hui la parole est à ceux qui « ON-t » encore des choses à dire et qui rarement ne parlent. Alors « JE » ferme ta gueule !!! Place au « ON ».
ON a décidé de faire de ce petit rapport-exergue, une « khalota » (dérives, construction d’ambiances, anticipations hétérotopiques, etc.).

À Alger, ON circule difficilement. À pied, en bus, en métro, en voiture… Mais cela ne change rien : ON fait toujours du surplace. Et comme ON habite dans le quartier colonial de Saint Eugène, à l’autre extrémité de la baie, ON se sent un peu coupé de tout. Heureusement d’ailleurs parce que le centre-ville grouille de « bruits et d’odeurs ». C’est le plus beau quartier d’Alger. On est encore en ville mais on reste encerclé par la mer et la forêt de « Kichou ». ON a un cercle d’amis fidèles avec qui ON s’amuse à la Kemia, la Mimi, la Chira, El Bnin [ON aurait pu ajouter comme synonymes : Hachich, Zetla, Kif…] – ya kahba [Putain de merde !] ! À bon entendeur – sur des canapés défoncés, la nuit, dans le cimetière juif, en bas de « Madame l’Afrique ». ON regarde les bateaux au mouillage au large.

À part le travail (pardon : la besogne), la famille et les amis proches, ON ne socialise pas outre mesure. En revanche, ON pratique volontiers le nomadisme : errer dans son territoire, toujours le même, sans jamais le dépasser. ON vit toujours à 1000 à l’heure, mais sur un autre mode. Les jeunes ici savent très bien nomadiser leur territoire. L’espace public et l’espace privé s’enchevêtrent : on hurle, on crache, on pisse, on fait à manger… dans la rue. Bref, on privatise l’espace public, ou peut-être n’y a-t-il tout simplement pas d’espace privé [Dans les appartements exigus, c’est cinq fellagas par chambre.].

Dès notre arrivée à Alger, ON est allé dire bonjour au journaliste Hatar HOUTDJA, avec qui ON a « cassé des barres » parce qu’une dépêche de l’APS (Algérie Presse Service) faisait état d’une sinistre première mondiale : une Algéroise a tenté de se suicider en avalant une dizaine de suppositoires, elle a du se tromper d’orifice. Hatar nomadise entre Télémly, où il habite l’attique d’un immeuble de dix étages, et Chamaneuf (Champ de manœuvre, aka place du 1er mai). Son balcon circulaire à 360° ne laisse mort aucun « point de vue ». C’est un type de balcon scaenophage (qui avale le décor). ON ne rate rien. Télémly est le second quartier le plus décalé après Saint-Eugène, toujours entre mer et zbel, à flan de montagne. Le Télémly… une rumeur urbaine tenace prétend que Lecorbusier et ses disciples ont pété des câbles en faisant passer une route sur un immeuble, où des tunnels s’encastrent dans les immeubles pour s’enfoncer en dessous et ressortir de l’autre côté de l’édifice.

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NOS délires psychogéographiques et NOTRE rapport à la ville ont beaucoup changés depuis Damas, autre ville du même cru que l’ON connait bien. À Alger, ON ne rêve plus éveillé de terreur, de destruction, de génocide, d’explosion, d’actes monstrueux dans la ville. Tout simplement parce que pour beaucoup d’habitants, peut-être tous, Alger a été rasé il y a deux ans. ON avait pourtant cru avoir accepté la présence d’édifices ciselés et la surconcentration humaine. Mais non. ON n’acceptait pas l’architecture fasciste. NOS premiers flashs d’éradication de la vie en ville remontent à Damas. ON se disait souvent que NOS vies ne servaient à rien en ville, comme celles d’autres centaines de millier d’oisifs qui ne servent à rien mais qui continuent à végéter à côté d’autres qui, eux, prétendent servir à quelque chose. Il y a deux ans encore, à Alger, avant sa destruction, lorsqu’ON se baladait le soir, dans un élan incontrôlé, ON imaginait des tours s’effondrer, des obus exploser et des membres déchiquetés. Depuis ON pense qu’Alger n’est plus arrimée au sol. Il est possible que cette ville ne soit plus que figurée mentalement, comme projetée par ses habitants en lieu et place du béton, des pierres et du verre qui font la ville. Il est fort probable qu’Alger ait été détruite il y a deux ans parce que ses habitants l’ont pensé trop fort. À l’époque, ON imaginait simplement avoir entre les mains un détonateur qui fasse voler tout le monde en éclats… un petit bouton rouge, quelque part, que quand t’as tourné la clé tout le monde il est cadavre… Ces terreurs ne viennent plus subsumer le réel algérois. C’est évident puisqu’ON vous dit que la ville n’existe plus. ON a réussi à la détruire pour que plus jamais nous ne soyons son esclave. Face à la terreur dans la ville, ON aurait pu choisir une solution plus démocratique, plus sauce-dem, moins radicale. ON aurait pu rêver à un gros ravalement de façade, à des colmatages de brèche au lieu de tout foutre en l’air. Mais non, Alger devait crever. On aurait encore pu choisir une solution plus téméraire, plus dans le futur. Voilà ce qu’ON aurait pu faire : ravaler mentalement et individuellement les façades délabrées et majestueuses d’Alger. Reconstruire à sa guise la Casbah du XVIe siècle en ruine… mais seulement dans sa tête, d’un coup de regard. Ça ne coûte rien à l’urbanisme, ni au contribuable. C’est pas cher, mon frère. Mais la psychogéographie de cette ville-homme-ou-femme-nu.e ne s’y prêtait pas. ON imagine toujours la ville renaître, et plus blanche. Les habitants de cette ville sont définitivement disposés à des actes dépassant la décence, la morale et la soumission à qui que ce soit, à quoi que ce soit. Lorsqu’ON est fatigué, irascible et déprimé, les terreurs citadines réapparaissent… et ON subit l’injonction folle de raser Alger par tous les moyens.

Posons une autre question : il y a deux ans, avant qu’Alger ne disparaisse, pourquoi n’était-elle déjà plus aussi blanche que quand les blancs ont dû dégager ou se mettre fissa dans un cercueil ? Question à laquelle nous avons trouvé réponse en dérivant dans les bidonvilles, au lieu dit « Ranch », au dessus de « Sintogi » [Saint Eugène]. Non mais c’est vrai. ON se posait la question déjà il y a deux ans quand ON traversait la jetée de l’amirauté et qu’ON avait Alger-amphithéâtre devant-derrière soi. Lorsqu’ON remontait vers « Sintogi » jusqu’à « Madame l’Afrique », ON passait souvent à travers des quartiers populaires avec plein de barbus. ON n’aime pas les barbus, ils font anachroniques dans le désert d’Alger rasé, Alger niqué, Alger complètement pété au shit marocain d’à coté et à « Madame courage » [Article paru dans El Watan en 2011 : « Connaissez-vous “Madame Courage” ? Ce sont des comprimés de barbituriques appelés dans le langage des jeunes Algérois “Madame Courage”. Ces pilules font perdre à ceux qui les consomment toute connaissance de la réalité. Ils sont l’une des causes qui poussent les jeunes délinquants à commettre des agressions et des meurtres. Selon un spécialiste en psychiatrie, ces psychotropes diminuent de 80 % les capacités de jugement, ce qui rend le passage à l’acte plus facile, car l’individu “drogué” n’apprécie pas ses agissements à leur juste valeur, sauf après la disparition des effets de la prise de toxiques. La consommation de telles substances est devenue, au fil du temps, monnaie courante dans les quartiers populaires. Hamid, un jeune de Bab El Oued UN DE NOS CAMARADES, ne s’en cache d’ailleurs pas : “Je prends de l’Artane pour avoir du courage et me sentir fort. En prenant ma dose de comprimés, je peux faire n’importe quoi, sans même m’en souvenir”, témoigne-t-il fièrement. » Critique de l’article : Enfoiré de journaliste affilié à la police de la morale petite bourgeoise de la gauche démocra-conne algérienne dégénérée, qui n’a rien compris au Khelwé (concept comparable au Gousto, en soi la construction d’une ambiance tripophile). Ce journaliste, selon nos sources, a parti pris avec “Eka3boubene” (Concept forgé à Saint Eugène en juin 2011 après des manifestations étudiantes. Il signifie la répression et la domination par la morale sociale, l’État et le grand K(-apitalisme)). Vive l’Artane et le Hachich.]. ON y est. À la place des couleurs blanches d’Alger… toute une histoire de merde, de barbus et d’État. ON va vous la raconter. ON l’a lu dans le dernier numéro de El Khelwé [Revue apparue il y a deux ans pour remettre au goût du jour une critique globale de la société algérienne (d’inspiration lettriste et situationniste, faute de mieux). Cette revue est un outil de coordination primordial pour tous ceux qui se reconnaissent.], distribué par Cow-Boy, un mec des bidonvilles du Ranch. Il chevauchait une moto Isuzu – habillé d’un qamis blanc, veste de costard sur les épaules, ceinture lui enserrant la taille, casque de GI sous lequel un keffieh rouge traînait dans le vent, lunettes de soudeur, de beaux yeux verts. Il s’arrêtait pour tendre aux passants quelques derniers numéros de El Khelwé. Tel un envoyé de Dieu transmettant son message, il repartait dans sa chevauchée motorisée :

p. 3 : « Cette histoire de merde à Alger a commencé dans les années 1990, quand l’armée et les barbus jouaient à un jeu à la mode que la presse a appelé qui-tue-qui. Allez viens ! Viens jouer à qui-tu-qui ! On est bien là ! Dieu a été très en colère de voir ses brebis égorger 400 chairs et os en une nuit vers 1997. C’est alors que pour les punir, au lieu de faire s’abattre sur elles une pluie de pierre comme quand il avait fait la nique au peuple de Loth parce qu’ils s’enculaient un peu trop par le cul et qu’ils délaissaient leurs femmes inassouvies, il a tout simplement dilaté son anus pour déféquer sur les connards de barbus/militaires/État qu’on voit partout à Alger. Chiasse bénite, ces cons ont ouvert la bouche pour savourer avec délectation les fruits purulents du divin. Dieu, le très haut, le très miséricordieux, sous un ciel avachis et purulent, dilata son anus une deuxième fois, divin écartement des sphincters, pour asperger ses brebis d’une liqueur marron… de la chiasse. Alger la blanche devint sombre, ou plutôt la blanche décrépie devint tapissée d’une couche noirâtre de merde. »

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Depuis, la ville n’est plus vraiment blanche et ça pue partout. C’est la raison la plus probable du naufrage d’Alger et nous tenons cette explication pour dogme.

Il y a deux ans encore, avant qu’Alger ne fût rasée, ON se baladait dans la Casbah pour prendre des photos et faire des plans d’installation après avoir fui Damas qui sombrait. Et ça a son importance. En temps normal, personne mais personne avec un gros appareil photo ne peut vraiment se balader dans la Casbah. Mais le Ramadan semblait avoir calmé les ardeurs des voleurs et il n’y avait presque pas d’agression. Un peu avant le ftour, moment où tous les gens qui se sont fait du mal toute la journée sous 40° C, qui n’ont rien bu, rien mangé, pas fumé, pas chiqué, pas baisé, eu mal à la tête… rongés par le manque de café, rentrent chez eux pour avaler de la nourriture. En quinze minutes, tout Alger se vide, plus une voiture. Les barrages militaires, de la gendarmerie et de la police sont levés. Pas un piéton, pas un bruit de moteur. Le calme, le vide. Alger est mort.e. ON a capté des ambiances (pris des photos de ce moment précis où, quinze minutes avant l’appel à la prière, tout le monde s’active pour rentrer vite chez soi. Puis ON a pris des clichés des mêmes lieux après. En développant les pellicules (noir et blanc, Nikon F2 année 1972)… Stupéfaction. ON a remarqué qu’Alger n’existait plus. C’est à ce moment qu’Alger a commencé à trembler et à s’effondrer. ON l’avait souhaité très très fort.

Ce n’est pas une grande perte, il faut s’en réjouir. À l’époque, ON se faisait chier ! ON ne pouvait rien faire ! ON ne pouvait même plus terroriser le genre même si ON s’efforçait tous les jours de mettre des shorts courts, de marcher de manière tendancieuse, de se baisser pour ramasser une cigarette tombée et laisser voir un string rose. À Alger, ON manquait de beauté. Même chez Zidi la bière restait amère.

Que faire d’Alger rasée ?

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Le maqam chahid, Alger

Rejoindre une hétérotopie : une TAZ [Temporary Autonomous Zone] souterraine. Il ne faut plus reconstruire sur ces ruines. Il ne reste plus qu’à creuser. Car un fou furieux pourrait encore imaginer trop fort la ruine d’Alger. On va créer une TAZ dans la ville d’Alger, sous le maqam chahid. Ça s’appellera La Synapse K-BAL ou whatever le nom qu’on lui donnera. ON y fera des soirées folles et décadentes mais contrôlées, belles et avant-gardistes, avec des gays, des trans, des putes, maquillées, des acteurs d’un soir, des Noirs – et même des Arabes – des illusionnistes, des joueurs, des paumés, des gens de partout, très différents, mais des radicaux quand même, des gens qui font des pieds de nez à la connasse de réalité qui est quand même dure à vivre, des drogués aussi. Oui, c’est bien les drogués, eux ne simulent pas quand ils jouent. Ce sera un endroit inattendu, éphémère et fulgurant. Une grande cave, un truc clandestin. Le jour, la Synapse K-BAL sera le lieu de nos basses manœuvres. On préparera nos actions politiques de cet endroit, un truc de gauchiste qui prépare le grand soir du « ON va tout brûler » comme à Hackney, comme en 2005 en banlieue parisienne, comme là où une ville doit être rasée ou a été rasée. Deux choses nous extasient : casser pendant une manifestation sauvage, comme la manif sauvage du 17 mars 2009 où ON a caillassé des voitures de flics et cassé des banques en essayant de marcher jusqu’à Montmartre pour célébrer la Commune. L’autre consiste à raser les villes qui n’en peuvent plus. C’est comme un chien qui vient de se faire écraser mais qui vit encore avec ses viscères à côté de lui. Un bon coup pour l’abattre et que sa souffrance cesse. Après Alger, d’autres villes suivront.

Ce projet, issu de ce premier rapport de dérive psyhogéagraphique est à réaliser dans les plus brefs délais. Tous les intéressés sauront se trouver. Mot de passe : « No romance around here ».

À Alger, le 1er juillet 2013,
Comité de rédaction de la revue El Khelwé, éditée à Alger

P.-S. 1 : Les non-déviants, les copie-conformes qui reproduisent toujours les mêmes automatismes bien guidés par la religion, la famille, le groupe, la mentalité villageoise, le clan, avec les mêmes vices, la même médiocrité, les mêmes faux-semblants, la même banalité ne seront pas acceptés.

P.-S. 2 : Seuls les gens ayant du génie ou au minimum une intelligence brillante auront accès à la TAZ sous le maqam chahid.

Article 11

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Des « antinucléaires » frappés par un mal abominable : la confusion mentale !

Épisode 1 : Quand le réseau sortir du nucléaire demande pardon aux Japonais

Ce 26 juin 2013, le réseau sortir du nucléaire publie un article sur le site de Mediapart, intitulé « M. Hollande, l’envoi de MOX au Japon nous a fait honte ». Dans cet article, le réseau sortir du nucléaire interpelle François Hollande et, à l’instar des différents dignitaires, ministres, et experts japonais qui se sont excusés publiquement depuis le début de la catastrophe de Fukushima, demande « aux Japonais » de recevoir « [ses]… plus sincères excuses » pour la signature récente d’accords entre la France et le Japon, ainsi que l’expédition d’une cargaison de MOX [Mélange d’OXyde de plutonium et d’OXyde d’uranium, utilisé dans certains réacteurs, en particulier en France et au Japon] vers le Japon par AREVA.

Non contents de s’auto-flageller publiquement dans un étrange processus d’identification aux responsables des conséquences des catastrophes qu’il entend dénoncer, le réseau sortir du nucléaire exprime sa « honte » devant l’indifférence de François Hollande « au sort du peuple japonais » et l’article se termine en un pitoyable et larmoyant bouquet final, le réseau sortir du nucléaire demandant « pardon » aux victimes de la catastrophe de Fukushima.

Au-delà du vocabulaire de repentance duquel transpire un judéo-christianisme mal digéré, une certaine pitié sous-jacente envers « les Japonais », et une pointe de mégalomanie (comme si les Japonais se préoccupaient des excuses du réseau sortir du nucléaire !), ce texte étonnant mérite une tentative de décryptage.

En demandant « pardon » aux Japonais, des « antinucléaires » se substituent aux véritables responsables et agresseurs ; ils se mettent à la place du gouvernements français qui aurait du, si l’on comprend bien le but de l’article, selon le réseau sortir du nucléaire, présenter des excuses, avoir honte et demander pardon.

Quels étranges mécanismes psychologiques peuvent-ils justifier une telle mortification ? Pourquoi une telle culpabilité de la part du réseau sortir du nucléaire ? S’agirait-il d’un aveu déguisé de sa propre impuissance ? De son immobilisme ? Une reconnaissance inconsciente de sa « culpabilité » ? Un phénomène compensatoire pour rééquilibrer sa propension à collaborer avec ceux qu’ils devraient combattre c’est-à-dire la classe politique au pouvoir, plus précisément sa collusion avec EELV ? S’agit-il d’un chemin de croix en rémission des péchés commis : en particulier un état de schizophrénie qui l’amène à soutenir des scénarios de sortie progressive du nucléaire tout en dénonçant les conséquences criminelles d’une « technologie de mort » qui peut produire un accident majeur à tout moment ?

Nous, nous savons que le pardon, les excuses, les larmes et les indignations ne changeront rien à l’abomination de la catastrophe nucléaire, et si le réseau sortir du nucléaire ne le sait pas encore, c’est qu’il est en proie à beaucoup de naïveté, ou bien à un grave déficit d’analyse politique. Les accords passés récemment au Japon ne sont que de petits arrangements entre amis. Poser les Japonais en victimes de tractations diaboliques de la part du gouvernement français n’est que condescendance mal placée. Dans le cas précis, c’est « business as usual » : Monsieur Hollande a besoin de Monsieur Abe, de la technologie japonaise et d’alliances avec des groupes comme Mitsubishi pour fourguer ses réacteurs, son « savoir-faire », bref, sa camelote ! C’est bien Monsieur Abe et sa politique de reprise du nucléaire qui a les atouts en mains, sinon quel intérêt y aurait-il à proposer l’aide française à la création d’une usine de MOX au Japon plutôt que de vendre le MOX français ?

Tiens au fait, tant qu’à assumer une responsabilité, si le réseau sortir du nucléaire cherche tant à s’excuser, c’est auprès des Français que nous lui suggérons de le faire, pour tous les dangers que nous fait courir à chaque instant la politique des nucléocrates et du gouvernement que le réseau sortir du nucléaire, avec ses scénarios de sortie progressive, ne fera que prolonger avec du nucléaire devenu « durable » ? Vous avez dit ubuesque ?

Épisode 2 : le Syndrome de Stockholm appliqué à la « lutte » antinucléaire

Comme un malheur n’arrive jamais seul, après l’échec de la CNDP [Commission Nationale du Débat Public] dans ses premières tentatives d’organiser un débat public sur le projet CIGEO d’enfouissement profond de déchets radioactifs à Bure dans la Meuse, les séances ayant été perturbées par des opposants au projet, voici que ce 27 juin 2013, nous apprenons que des associations « antinucléaires », se substituant aux technocrates qu’ils sont censés combattre, invitent à l’organisation par EELV, le Parti de Gauche, et tous ceux qui souhaiteraient s’y adjoindre, de débats où l’ANDRA [Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs], l’ASN [Autorité de Sûreté Nucléaire], l’IRSN [Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire] pourront exposer leurs arguments à leur aise, enfin « débarrassés des perturbateurs ».

Étrangement, de nombreuses caractéristiques du Syndrome de Stockholm sont ici l’œuvre. En effet, les organisateurs de ces débats semblent accorder une certaine confiance à leurs « ravisseurs/nucléocrates », voire même leur porter une certaine admiration (entre experts et contre-experts, on se comprend…), comme si ces nucléocrates étaient capables d’argumenter dans le sens du bien commun, dans le but d’améliorer la sûreté et de proposer des solutions « raisonnables » à la gestion des déchets nucléaires, alors que tout le monde sait qu’il n’en existe, ni n’en existera jamais aucune.

À l’œuvre, également une certaine hostilité envers ceux qui pourraient séparer les « otages/débatteurs » de leurs « ravisseurs/nucléocrates », en l’occurrence les « méchants » antinucléaires qui s’opposent à la « démocratie » institutionnelle. Enfin, il ne semble pas exister envers les « ravisseurs/nucléocrates » de sentiment de haine, mais une compréhension mutuelle de la place de chacun (les nucléocrates cherchant à s’adjoindre les « services » d’une opposition institutionnalisée ; les professionnels du business vert, les « écologistes » et les antinucléaires « durables » cherchant à repousser une confrontation pouvant comporter des risques pour la survie de leur structure »). Et finalement s’instaure un semblant de confiance réciproque pour un accord tacite préservant les intérêts bien compris des deux camps.

De ces deux épisodes, nous retiendrons les processus d’identification au pouvoir en place qui montre l’impossibilité pour certains, qui se revendiquent antinucléaires, de rompre les chaînes qui les relient à leurs bourreaux : ceux qui organisent l’état nucléaire, ses désastres, ses conséquences dramatiques. Dans les deux cas, quoi qu’il en soit, la véritable confrontation avec l’autorité est esquivée, les vrais responsables dédouanés, la soumission de la bureaucratie antinucléaire entérinée.

Coordination Stop-Nucléaire, le 1er juillet 2013

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Rafle d’étrangers à Barbès, l’État policier toujours à l’œuvre

http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/015.jpgOn connaît maintenant le bilan de la gigantesque rafle qui a eu lieu le jeudi 6 juin 2013, dans le quartier de la Goutte-d’Or à Barbès (Paris) visant notamment les étrangers en situation irrégulière.

Aux alentours de 15 heures, arrivés à bord de plusieurs dizaines de fourgons, les CRS se déploient en travers de plusieurs rues pour procéder au bouclage d’une zone formée par la rue de la Goutte-d’Or, la rue des Islettes, la rue Capla, la rue Charbonnière, ainsi qu’une partie du boulevard Barbès. Personne ne peut pénétrer dans le périmètre et pour en sortir il faut prouver son identité française ou montrer son titre de séjour. À l’intérieur de la zone prise d’assaut, policiers en uniforme et en civil, CRS et agents de la brigade anti-criminalité sont à l’œuvre : ils quadrillent les rues, fouillent les halls d’immeuble, les cafés et effectuent des contrôles d’identité quasi systématiques pendant près d’une heure et demie. Plusieurs témoignages font état de violences policières.

Au final, 16 personnes ont été placées en garde à vue pour des délits mineurs et au moins 32 personnes de nationalité étrangère ont été menottées et conduites au commissariat du 18e arrondissement parce qu’elles étaient dans l’incapacité de prouver leur droit au séjour en France. Ces personnes ont été placées en rétention administrative à Vincennes et, comme la loi du 16 juin 2011 le prévoit, elles ont dû attendre cinq jours pour qu’un juge contrôle le respect de leur libertés individuelles au cours de la procédure. Précisément, les juges de la liberté et de la détention ont annulé les trois quarts (24 sur 32) des procédures – entraînant la libération des intéressés – pour contrôle au faciès ou notification tardive des droits.

Le bilan de cette opération policière d’envergure est maigre au regard des objectifs affichés et qui la rendent possible en droit : la préservation de la sécurité et de l’ordre publics. En réalité, à l’instar d’autres opérations policières d’envergure visant les étrangers – que l’on songe au démantèlement des « jungles » à Calais – cette rafle n’avait pas pour véritable objectif de reconduire à la frontière un grand nombre d’étrangers sans titre de séjour. Parce que trop de personnes sont concernées en même temps en un même lieu, il est en pratique très difficile que leurs droits soient effectivement respectés – comme le droit à un interprète – et c’est de manière tout à fait prévisible qu’un grand nombre d’interpellations et de placements en rétention ont été annulés par les juges. Mais alors pourquoi une telle rafle ?

Ce déploiement démesuré des forces de police n’est rien d’autre qu’une démonstration de force à l’adresse des personnes les plus pauvres et les plus vulnérables de la capitale. Il s’agit avant tout de signifier avec violence aux habitants des derniers quartiers populaires de Paris qu’ils sont sous surveillance, sous contrôle. Si pour certains, la liberté d’aller et venir est une liberté fondamentale, pour eux, étrangers et étrangères en situation irrégulière ou détenteur d’un titre précaire, il s’agit d’un privilège qui disparaît au détour d’une rue, au bon vouloir d’un policier en civil.

Englués dans une vision de la société qui secrète chaque jour davantage d’inégalités et de misère, nos gouvernants en sont réduits à humilier les plus vulnérables et à bafouer leurs droits. Cette rafle qui s’inscrit dans une politique féroce de lutte contre l’immigration est bien le reflet d’une vision du monde ségrégationniste et autoritariste contre laquelle nos organisations continueront de se battre.

Paris, le 11 juillet 2013
ADDE (Avocats pour la défense des droits des étrangers)
Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigré·e·s)

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[Chronique de Youv derrière les barreaux] « Il n’existait pas encore les corrompus de la BAC, les nombreuses bavures des képis de la POLICE ont commencé à nous donner une conscience politique qu’on exprimait en les caillassant »

http://juralib.noblogs.org/files/2012/09/0513.jpg[19 octobre 2012]
Rembobine

Rembobine 1984, j’atterris dans la banlieue ouest Mantes-la-Jolie, Val-Fourré. Je ne sais pas pourquoi je suis là, c’était la terre promise de mes parents, c’est ce qui nous était destiné. Pourtant moi je n’ai rien demandé, trois ans plus tôt je quittais mon village natal du fin fond de la Mauritanie. Mais bizarrement, aucun dépaysement dans ma nouvelle cité, on se croirait au bled mais en France. On avait tous la même histoire, on partait tous d’un endroit différent mais cette banlieue sale nous a attirés comme un aimant.

Haut comme trois pommes, je n’ai pas choisi mes amis, la rue me les a offerts, me les a imposés. HOSTY, Hassan « Allah irahmou ». Rnich, Khalid, Abdellah, Karim, Malika, Nadia, Leila voilà les premiers visages que je me suis mangés en pleine figure.

Mon quartier du Val-Fourré s’appelle « LES ÉCRIVAINS », c’est peut-être un signe mais à l’époque j’en étais loin, j’avais même du mal à réciter l’alphabet correctement. En ce temps-là, « LES ÉCRIVAINS » étaient coupés par secteur, par bâtiment, par rue, tous ceux qui étaient au-delà de ma rue, on les considérait comme étrangers. Du coup chaque bloc, chaque bâtiment avait son groupe, son équipe de « zoulous ».

À 7 ans, au temps de HIP-HOP de Sydney sur TF1 et de RADIO NOVA, nos parents ont vu qu’on embrassait une nouvelle culture, une nouvelle tendance. Ils nous ont inscrits à l’école arabe tous en même temps pour qu’on garde un minimum de valeurs et qu’on n’oublie pas notre religion. Sans savoir qu’on y formerait et rencontrerait des coéquipiers d’une vie, sans s’en rendre compte, on venait de sauter les lignes de nos rues et élargir le cercle. C’est à cette époque que « les GRAGS » voyaient le jour. En majorité le groupe était formé de mecs issus des Écrivains mais on pouvait y trouver des membres d’autres quartiers du Val-Fourré. Tous ceux qui se sentaient concernés et se reconnaissaient dans ce mot qui à la base était péjoratif (GRAGS = CRADOS) en référence aux taudis H.L.M. dans lesquels on vivait. Ce nom nous rappelait les gangs d’Amérique latine, ça faisait stylé et on l’a gardé.

On s’est cassé le dos au break, HIP-HOP dans les cages d’escalier. On breakait face au miroir de l’ascenseur qui puait la pisse. Engrenés par les anciens TED, DEK, des STK, dont certains membres des STK ont plus tard formé le groupe d’EXPRESSION DIREKT, tu en as sûrement entendu parler. À cette époque, on faisait le tour des quartiers du Val-Fourré, cinq par cinq pour affronter en tête-à-tête, à la loyale d’autres gremlins, inconcevable en 2012. Bouclier en carton, c’était pas la guerre des boutons mais la guerre des marrons. On assistait à des lapidations phénoménales organisées en plein milieu du quartier. Les règles du jeu c’est justement qu’il n’y en avait aucune. Malheur à toi, si tu n’avais plus de munitions, à la fin même ton coéquipier finissait par t’arroser, ça devenait du chacun pour sa peau. On poursuivait par des chasses à l’homme dans les caves, on se cachait mieux que des rats entre les tuyaux d’évacuation d’eau. À cinquante dans les blocs, l’argent n’avait pas encore terni la sincérité de nos actes.

Les années collège, on y allait en touristes, en pleine cour de récréation, on voyait des daronnes traverser avec leurs paniers de courses pour rentrer ou sortir du marché. C’est tout simplement hallucinant, elles prenaient pour raccourci la récré. Il n’existait pas encore les corrompus de la BAC, les nombreuses bavures des képis de la POLICE ont commencé à nous donner une conscience politique qu’on exprimait en les caillassant.

Je passe mon permis de conduire au volant d’une voiture volée. L’avantage c’est que les heures de conduite n’étaient pas taxées par l’État. Je ne savais pas pourquoi j’avais grandi là, mais tant pis j’étais là, c’était notre destinée. On a écrit notre histoire sur chaque brique de ciment, on a gravé notre nom sur le bitume. R.I.P. à nos disparus.

Comment savoir où tu vas si tu ne sais pas d’où tu viens.

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[Notre-Dame-des-Landes] Nouvel appel de la Châteigne aux comités locaux et camarades de lutte

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Mailing – 15 juin 2013

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[Révolution syrienne] « Le peuple qui s’est levé contre l’injustice et pour la liberté et la dignité n’acceptera pas le retour d’une tyrannie sous un autre nom »

DÉCLARATION COMMUNE DES COMITÉS LOCAUX DE COORDINATION EN SYRIE SUR L’ÉTAT ISLAMIQUE D’IRAK

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Déclaration à propos des « pratiques » de l’État Islamique d’Irak et de Sham dans un grand nombre de zones libérées :

Les empiètements de mouvements jihadistes ont été plusieurs fois répétés et plus spécifiquement par des membres de l’État Islamique d’Irak et du Sham dans plusieurs zones libérées, alors qu’ils tentent d’imposer leurs vues et volontés sur les citoyens, par la menace, la violence, voir le meurtre. À noter plus spécifiquement ce qui s’est déroulé à Dana, à Tal Abyad et dans le pays de Lattaquié avec l’assassinat obscur d’un chef de l’Armée Syrienne Libre.

Ces actions posent des questions sur la rationalité et les objectifs et l’impact sur la Révolution et le futur de la Syrie alors qu’elles servent sans aucun doute les intérêts du régime meurtrier qui ne veut que semer la division et le chaos dans les zones libérés, lui donnant le moyen d’intimider les Syriens et les pays du monde pour les monter contre la Révolution et son parcours, et plus important, cela mène à des crises de confiance entre les révolutionnaires et le reste du peuple, qui pourrait se détourner d’eux et même menacer ces relations.

Ont déjà commencé des manifestations contre ces manœuvres mais n’ont rencontré que violence dans la plupart des cas, ce qui insulte les sacrifices des révolutionnaires, des martyrs, des blessés, et de tous les déplacés dans le pays et ailleurs.

Tout cela en continuant notre principale bataille contre le régime qui est en cours, et contre les méthodes de toutes parties à dévier le chemin des révolutionnaires de leur réelle bataille, dans la position de condamnation et de dénonciation de tout acte, avec la mise en doute de toutes les parties derrières ces actes.

Le peuple qui s’est levé contre l’injustice et pour la liberté et la dignité n’aceptera pas le retour d’une tyrannie sous un autre nom et ne tolèrera pas l’échappement de sa révolution en dehors de ses objectifs et de son essence.

Que la Paix soit sur nos Martyrs de notre noble révolution, la liberté pour nos détenus et le recouvrement pour nos blessés.

Les Comités Locaux de Coordination en Syrie
12 juillet 2013

Traduction française de La Chronique du Printemps arabe par Cédric Labrousse sur Facebook

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[Chronique de Youv derrière les barreaux] « Haut comme trois pommes je me faufilais entre les paires de Stan Smith et Reebok Royal pour me trouver une place de choix et écouter le récit des Tony Montana du ghetto »

http://juralib.noblogs.org/files/2012/09/0513.jpg[16 octobre 2012]
Et si on parlait d’amour

Seul, même au milieu d’une foule, je mets ma fierté de mec de cité de côté pour vous parler d’amour. Même le plus dur, le plus fort, le plus fou d’entre nous devant ce sentiment plie comme du papier. L’amour des miens m’a permis de surmonter l’insurmontable. Rien ne vaut, le bonheur de se sentir aimé. J’ai le cœur léger, apaisé, même enfermé, pieds, poings liés. Ils ne peuvent pas contrôler les battements de mon cœur.

L’amour n’a pas de nationalité, il traverse les frontières, se pose en plein cœur de celui qui veut aimer. Il est souvent au départ de très belles histoires. Dans ma rue, les gens le cachent, il est tabou juste d’en parler. Je viens briser cette vérité au détriment de mon image de voyou. Aucune musique au monde ne pourra remplacer un brin d’amour. Il met tout le monde d’accord.

Je vous emmène en balade dans mon cœur encore en ruines, plusieurs bombes y ont explosé. Je reconstruis au rythme des voix de ceux qui croient en moi. Vous y trouverez des armes de guerre, mais ça je m’en servirai juste en cas de légitime défense. « DÉFENSE D’Y ENTRER » si je t’y ai pas invité. Mais si tu y rentres, n’en sors jamais car je ferai en sorte d’y construire mes plus belles victoires.

J’écris à voix basse sur la pointe des pieds pour ne pas que l’on m’entende car on m’a si souvent dit que parler d’amour était une faiblesse. Pourtant c’est ce qui a fait ma force et m’a maintenu en vie dix années. À chaque parloir, mes proches arrosaient mon cœur, ils avaient peur qu’il noircisse et prenne la couleur des murs. Dire son amour au grand jour, que ce soit à un ami ou à un frère, je pense que c’est la plus belle preuve qu’on puisse lui apporter. Je ne compte plus les frères partis sans que l’on ait eu le temps de leur dire à quel point on les aime.

Laisse ta fierté au fond de ta poche car le jour où l’un de tes proches partira, il te restera que tes yeux pour pleurer. Se réveiller un matin et s’apercevoir qu’il manque quelqu’un dans ta vie, parti sans bruit, sans que t’aies eu le temps de le serrer dans tes bras. Le courage est souvent falsifié par la fierté, assumer, ça c’est faire preuve de courage. J’ai guéri de toutes mes attitudes, copiées, imitées sur des films de voyous à deux balles. Je calquais mes faits et gestes et me souciais plus du « qu’en-dira-t-on » que de la sincérité de mes actes. On était tous des acteurs, dans ma rue, sauf que la chute fait souvent très mal et n’est pas remboursée par Luc BESSON. Me voilà maintenant trentenaire, et je vous sers ce texte pour crier mon amour à tous ceux qui font partie de ma vie.

MERCI à tous, MERCI à tous ceux qui me supportent, tous ceux qui m’escortent. CEUX QUI M’AIMENT UNE FOIS, JE VOUS AIME MILLE FOIS !!!

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[17 octobre 2012]
Ma feuille blanche

Ma feuille blanche, a failli rester blanche toute ma vie, dernier de la classe du CP à la 5e, j’ai vite tourné le dos au scolaire pour chercher ma gloire ailleurs. Au passage j’ai même piétiné la feuille à rouler pour garder mon souffle intact, mais dans la course aux sous je me suis quand même essoufflé j’ai eu le souffle coupé pendant ma vie de gangster. On refusait de pleurer même quand un frère on enterre zarma on a grandi dans des quartiers chauds tellement chauds qu’on s’est brûlé les ailes, on s’est mis la corde au cou un flingue à la ceinture au cas où on se louperait, j’ai pris du galon tellement de galon que j’ai gagné le droit de compter mes médailles en cellule encensé adulé par des zoulettes qui t’oublient une fois en cellule mais chacun joue son rôle dans le théâtre de la rue.

J’ai tout fait pour être connu reconnu sur le bitume j’ai tellement réussi à le faire que la BRB m’a reconnu aidée par un mec qui les a appelés en inconnu en masqué pourtant j’étais cagoulé masqué dans cette banque, je pensais tenir les rênes mais j’ai créé ma propre peine, j’écris de la main gauche je noircis ma feuille qui est de moins en moins blanche que j’ai appris à apprivoiser à dompter j’aurais pas aimé être à sa place elle endosse trente ans d’erreurs, dur de reconnaître ses erreurs j’ai remplacé ma vie de voyou contre la vie que j’aurais dû mener dès le départ, aveuglé par des grands frères eux-mêmes égarés noyés sur le ciment ils n’avaient de diplôme que leur casier judiciaire pas étonnant que ce soit la seule chose dont ils nous parlaient dont ils se vantaient, lors de leurs récits les halls d’immeubles faisaient salle comble haut comme trois pommes je me faufilais entre les paires de Stan Smith et Reebok Royal pour me trouver une place de choix et écouter le récit des Tony Montana du ghetto se ghettoïsant encore plus qu’ils ne l’étaient je buvais leurs paroles je m’imaginais à leur place plus tard je peux pas leur en vouloir de ne pas nous avoir mis en garde et de ne pas nous avoir fait la morale car personne ne leur avait fait.

Voilà mon tour est arrivé je ne suis plus dans un hall mais un étage plus bas dans une cellule de prison je ne fais toujours pas la morale je mets juste en garde ceux qui voudraient emprunter le même chemin que moi tu peux y aller mais sache que c’est pas sûr que tu reviendras.

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Renvoi lors du procès de Christine à Arras + du mitard de nouveau

Le jeudi 4 juillet, Christine devait être jugée au tribunal d’Arras pour violences et menaces sur matons, dégradations et refus de prise d’empreintes. À sa demande, un renvoi de l’audience a été accordé pour le 19 septembre à 13h30. Délai durant lequel d’autres auditions de matons devront avoir lieu et des témoignages de certaines codétenues de Christine devraient être joints. Ainsi le juge n’a pas voulu juger le dossier « sur le fond » mais a tout de même dû écouter le long récit de Christine récapitulant les faits ainsi que leurs contextes. Elle comparaîtra donc à nouveau au tribunal d’Arras le 19 septembre à 13h30.

Dès le vendredi 5 au soir, Christine est de nouveau placée en préventive au Quartier Disciplinaire (mitard). En régime « portes ouvertes », la gamelle est distribuée à 18h les détenues doivent réintégrer les cellules à 19h. Avec une autre codétenue, elle profite de ce laps de temps pour manger dans la cours de promenade. L’AP, ayant décidé de ne pas voir cela d’un très bon œil, leur a signifié qu’elle n’autorise pas ces repas en « extérieur ». Depuis plusieurs jours Christine se livre alors à une petite bataille pour continuer à manger sa gamelle du soir à « l’air libre ». Elle leur demande les textes qui stipulent cette interdiction, il n’en existe pas, mais on lui rétorque qu’il n’en existe pas non plus qui autorise cette pratique… Vendredi soir, comme tous les autres soirs, Christine mangeait sa gamelle en cours de promenade, quatre matons et le dirlo sont venus la trouver pour lui poser un ultimatum : le retour en cellule ou le mitard. Elle est partie au mitard. Lundi 7, il était déjà prévu qu’elle passe au prétoire pour être jugée sur les mêmes « incidents » qui seront jugés au pénal le 19 septembre. Pour cela elle écope de 14 jours de mitard, pour les repas dans la cours de promenade elle en prend 30. Elle y est donc jusqu’à mi-août. Ensuite, y-aura-t-il un nouveau transfert disciplinaire ou est-ce qu’ils la garderont à Bapaume, au moins jusqu’au procès du 19 septembre ? À suivre…

Indymedia Bruxelles, 9 juillet 2013

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[Révolution mondiale] Le peuple du Soudan veut la chute du système

Le Soudan tenté à son tour par un « printemps arabe »

Depuis trois semaines, des manifestations contre la corruption et la hausse des prix donnent à Khartoum et à plusieurs autres villes du pays, une atmosphère de révolte d’une rare lourdeur dans un pesant silence. Malgré une forte répression, les activistes continuent à se mobiliser et les partis d’opposition disent avoir un plan précis pour faire tomber le gouvernement. Vœu pieux ou changement de régime pour une opposition au point mort depuis des décennies ?

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Manifestation contre le pouvoir en place au Soudan, le 29 juin 2013. Sur la banderole, il est écrit en arabe : « Nous voulons la chute du régime ».

Khartoum : premiers jours du ramadan. Après trois semaines de manifestations d’une rare intensité, le calme revient à peine. Depuis fin juin, à Khartoum et dans plusieurs autres villes telles Medani, Gedaref, Kosti, Nyala, Sennar et Dolga, les contestataires multipliaient des marches pacifiques, immanquablement réprimées par les autorités. Nettement moins médiatisée que celle du Caire, cette période de manifestations est malgré tout la plus importante pour le Soudan depuis des années. Plus de 1000 personnes auraient été détenues et l’on compte des centaines de blessés.

Le 30 juin marquait le 24e anniversaire du coup d’Etat par lequel Omar el-Béchir prit le pouvoir en 1989. Dans la capitale, plusieurs centaines de personnes manifestaient à la gare routière de Sherouani, à l’université de Khartoum et dans le district d’Al-Sajjana. La police a répondu avec ses méthodes habituelles : passages à tabac, arrestations et usage de gaz lacrymogène.

À Al-Sajjana, un meeting de partis d’opposition était empêché par la police et les Services de renseignement et de sécurité (NISS). Le soir, d’autres tentatives de manifestations ont avorté, comme dans la rue Al-Hurria (rue de la Liberté en arabe) et dans le district d’Abu Hamama, au sud de la capitale.

Violence policière

À Dolga (district de Jazira), plusieurs témoins déplorent une violence policière particulièrement forte. Selon Mohammed Hassan Ali (dit « Bushi »), un jeune activiste connu pour avoir pris à partie en 2011 le conseiller du président et ancien chef des NISS, Nafie Ali Nafie, lors d’un discours à l’université de Khartoum, « ils ont pénétré armés chez des gens et ont lancé des bombes lacrymogènes par les fenêtres de maisons où se trouvaient des familles. Des personnes âgées ont été violentées dans la rue ».

« Avant le 30 juin, les NISS ont procédé à de nombreuses arrestations afin d’enrayer toute possibilité de mobilisation massive. En deux ou trois jours, au moins 21 amis ont été arrêtés au saut du lit, vers 2 heures du matin », témoigne Bushi qui, arrêté et torturé plusieurs fois par le passé, garde des séquelles aux jambes et au dos. « Ils m’attendaient aussi devant chez moi, je les ai évités de justesse. » Les personnes arrêtées par les NISS sont en général détenues dans des « prisons fantômes », et leurs proches n’ont aucun droit de demander de leurs nouvelles.

Pourquoi l’hiver dure-t-il au Soudan ?

Si plusieurs pays arabes ont réussi à obtenir leur « printemps », l’hiver se prolonge au Soudan. L’une des raisons, comme on l’a vu ces derniers jours, est le peu de marge de manœuvre dont disposent la société civile et l’opposition politique. « Tout l’appareil d’État, cimenté depuis 24 ans, est voué à entretenir la répression et le statu quo », analyse Faisal Saleh, journaliste et fondateur de l’ONG Teeba Press. « À travers le gouvernement, la police, l’armée et le secteur public, le régime a un contrôle total sur la population ». Le 2 juillet, un amendement est passé qui autorise la cour militaire à juger des civils, ce qui est contraire au droit international.

La censure des médias fait qu’aucun journal n’a pu couvrir les révoltes. Début juillet, à Khartoum, sur une quinzaine d’étrangers interrogés dont certains arabophones œuvrant dans les domaines de la sécurité et de l’aide humanitaire, aucun n’avait eu vent des troubles des semaines précédentes.

La société civile est, du reste, fortement affaiblie par la fuite des cerveaux. « La plupart des intellectuels sont partis en Europe, aux États-Unis et dans le Golfe », regrette le journaliste Osman Shinger. « Les activistes d’aujourd’hui sont surtout des étudiants de la classe moyenne confortable qui, bien que férus de nouvelles technologies, ne voient pas que la ‘révolution Facebook’ de leurs voisins n’est pas adaptable au Soudan ». Un point de vue que partage Saleh : « Les jeunes activistes peinent à mobiliser les masses : ils oublient que la plupart de leurs compatriotes sont illettrés et n’ont pas accès à Internet ».

La paix sociale par-dessus tout

Le 30 juin, la diaspora soudanaise manifestait en France, en Angleterre, en Australie et aux États-Unis. Un membre de Girifna, l’un des principaux mouvements de jeunes, affirme que l’association, au même titre que beaucoup d’autres, reçoit des fonds de Soudanais expatriés. Mais, selon Faisal Saleh, « le soutien extérieur, même financier, n’est qu’accessoire : le changement ne peut venir que de l’intérieur du pays ».

Un analyste souhaitant garder l’anonymat met cependant en cause la mentalité du peuple soudanais, « qui privilégie la paix sociale par-dessus tout. Quand le prix du pain et du pétrole ont augmenté drastiquement en 2011, avec une inflation qui dépassait les 40%, quasiment personne n’a bougé. En Égypte, pour moins que ça, on aurait eu un tollé général ».

En outre, la flambée des prix due à la grave crise économique qui frappe le pays depuis l’indépendance du Soudan du Sud en 2011 et la perte des trois-quarts des revenus pétroliers, signifie que « la priorité de la plupart des Soudanais est de nourrir leur famille au jour le jour », rappelle l’économiste Mohamed Ibrahim Abdu.

Un régime aux abois

Parallèlement, le Congrès national (PCN), le parti au pouvoir, fait face à d’importants troubles internes. « Depuis deux ans, ce parti est le plus faible du pays, avec des tensions entre les éléphants et les jeunes qui souhaitent prendre le relais », explique Faisal Saleh. « Le président s’entoure d’une cour restreinte d’officiers qui, avec les NISS, tiennent les rênes du pouvoir. Mais les troubles du parti présagent un avenir politique hasardeux ». Au rassemblement de l’achoura ce 21 juin, le président a reporté à l’année prochaine la Conférence générale du parti lors de laquelle doit être élu son successeur. Lorsque Ghazi Salaheddine, un haut membre du PCN avait clamé en avril que le président, dont l’état de santé est fragile, ne pouvait prétendre à un autre mandat, il avait été rapidement évincé.

À cela, s’ajoute une inquiétante montée des tensions au sein de l’armée, entre un cercle de haut-gradés fidèles à el-Béchir et des officiers, majoritairement des Frères musulmans, qui s’opposent de plus en plus à leur hiérarchie. Reflétant les dissensions politiques dans le PCN, les officiers les plus radicaux reprochent notamment à el-Béchir d’avoir renié les idéaux au nom desquels il a pris le pouvoir.

Fin 2012, un complot visant à perpétrer un coup d’État a été déjoué par les NISS. Douze officiers de renom (principalement de la mouvance fondamentaliste), identifiés comme les têtes pensantes, ont pourtant bénéficié en mai d’une surprenante grâce présidentielle. Barud Sandal, un analyste et avocat ayant notamment participé à des efforts de médiation au Darfour, souligne : « Les officiers relâchés étaient tous du PCN ; il s’agissait de préserver l’ordre dans le parti. D’autres demeurent en prison ».

Selon Sandal, « le petit cercle autour d’el-Béchir détient toujours le pouvoir et je doute que l’armée, dont tous les officiers sont au PCN, ait les moyens ou la volonté de faire un coup d’État ».

Réunion secrète

Pourtant, un activiste confie avoir surpris, début juin, une réunion secrète dans les locaux en construction du nouvel hôpital Amal des NISS. S’y seraient trouvés, entre autres : Nafie Ali Nafie, le vice-président Ali Osman Taha, le président de l’Autorité régionale du Darfour et chef du Mouvement rebelle Libération et Justice Tijani Seisi, et Abdelrahman Sadiq al-Mahdi (fils du leader du parti d’opposition Umma tout en étant assistant du président). Le président Béchir et son plus proche collaborateur, le ministre de la Défense Abdelrahim Mohamed Hussein, brillaient par leur absence…

Renié par son parti comme par une grande partie de l’armée, soutenu seulement « par une partie infime de la population, malgré la passivité ambiante » selon Saleh, le président Béchir est de plus en plus isolé.

Au mois de juin, les contrôles de nuit aux checkpoints des entrées de Khartoum ont été avancés de deux heures pendant trois semaines, et leurs effectifs augmentés. Une source au sein de l’armée affirme que les efforts consistaient en la recherche d’armes. « Il y a des cellules dormantes de rebelles dans la capitale », affirme un diplomate occidental qui, pourtant, tempère : « On ne sait à quel point elles seraient effectives même en cas de pénétration des rebelles dans la capitale, ce qui en soi est assez peu crédible. D’un point de vue logistique, je doute qu’une offensive rebelle se solde par une victoire ». Mais le trafic d’armes via le Kordofan étant un fait notoire, l’accroissement ponctuel des contrôles laisse entendre que le régime est encore plus inquiet que d’habitude.

« Le moment est venu »

Le 8 juin, les partis politiques d’opposition, rassemblés en une coalition sous le nom de National Consensus Forces (NCF), ont déclaré avoir élaboré un plan de 100 jours pour faire tomber le régime. Said Farouk Abou Issa, le chef du NCF, mentionne un processus pacifique de manifestations et de grèves, sans pour autant expliquer en quoi celles-ci seraient plus réussies que les révoltes étudiantes de l’été 2012, dernière grande tentative de « printemps soudanais ».

Mais même si l’opposition parvenait à ses fins, sans plan de transition, ni leader prédéfinis, et avec la continuation des conflits dans les régions du Darfour, du Kordofan et dans les régions frontalières au Soudan du Sud, « ce serait un chaos total », prédit Faisal Saleh. Interrogé cette semaine, Sati’a Al-Haj, secrétaire politique du Parti socialiste nassérien, soutient que le NCF est « en pourparlers » avec les factions rebelles. Mais, si aucun accord n’était trouvé, il affirme que le « plan de renversement » serait tout de même mené à bien. Au risque d’une guerre civile généralisée ? Haussement d’épaules : « Je suppose… ».

Les groupes rebelles armés, rassemblés sous l’égide des Forces révolutionnaires soudanaises (FRS), ont montré une capacité de coordination sans précédent en avril lors de leur offensive au Kordofan du Nord, une région jusqu’alors épargnée par la guerre. Cette offensive marquait, selon le FRS, la première phase d’une opération visant à faire tomber le gouvernement de Khartoum par les armes.

Occident frileux

Ce dimanche 7 juillet, le parti Oumma a lancé son « Mémorandum de Libération », une pétition appelant au changement de régime. Bien que le leader de ce parti, Sadiq al-Mahdi, soit accusé de double jeu (ses positions sont plutôt tièdes et son fils est assistant du président), « il est totalement isolé», affirme Al-Haj. En effet, les jeunes de l’Oumma et la majorité du parti adhèrent au « plan des 100 jours ». Au meeting de l’Oumma le 29 juin, les jeunes du parti sont arrivés en masse, se postant derrière la foule avec des banderoles réclamant un changement de régime ; à la fin du discours d’Al-Mahdi, ils ont tenté de se ruer dans l’assistance avant d’être contrôlés par la police.

Le conflit au Mali, dont certains djihadistes ont rejoint depuis quelques mois le Darfour, et les frontières poreuses avec la Libye, le Tchad, la République centrafricaine et l’Égypte, notamment dans le contexte d’un trafic d’armes accru depuis la chute de Kadhafi en 2011, rendent l’Occident frileux à l’idée de troubles politiques au Soudan. Pourtant, Al-Haj mentionne « un dîner, il y a deux semaines, chez l’ambassadeur des États-Unis avec d’autres leaders de partis d’opposition ». La réunion concernait-elle le plan des 100 jours? Al-Haj répond par un sourire entendu : « Nous avons bu un excellent jus de fruit ».

Mais les disparités entre les partis d’opposition (communistes, socialistes, islamistes, pro-mouvements armés et ceux qui refusent toute reforme par la violence…) laissent planer le doute sur la réelle efficacité du NCF. Hassan Al-Turabi, à la tête du Parti du Congrès national populaire, l’un des principaux partis d’opposition, a d’ailleurs indiqué le 4 juillet son désaccord avec le renversement de Morsi en Égypte. Le 1er juillet, des membres de partis islamistes s’étaient rassemblés devant l’ambassade d’Égypte à Khartoum pour s’opposer aux révoltes égyptiennes.

Et si c’était l’été ?

Aux opposants qui aspirent à un « printemps soudanais », le président rétorque que celui-ci a eu lieu en 1989, lorsqu’il s’est arrogé le pouvoir. En effet, à la fin des années 1980, le régime islamiste d’el-Béchir (mis en place par Hassan Al-Turabi), déjà préparé par les réformes islamistes de Nimeiri (notamment les « lois de septembre 1983 ») gagnait sur un nationalisme arabe en perte de vitesse. Pourtant, le nouveau régime qui s’érigeait en modèle de justice sociale a perdu toute crédibilité aux yeux de la population.

« C’est ce qui se passe actuellement en Égypte, confirme un analyste, il n’a fallu qu’un an pour destituer le président islamiste élu. Au Soudan, après 24 ans, celui qui devait institutionnaliser l’islam au service de la justice sociale est devenu un dictateur à long terme ». Mus par les changements impulsés chez leurs voisins, les Soudanais parviendront-ils à lancer leur contre-révolution, dans la foulée ce que l’on pourrait appeler l’« été égyptien » ?

Presse contre-révolutionnaire (Margaux Benn, RFI.fr, 11 juillet 2013)

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[« … Qu’enfin on danse sur les ruines de cette porcherie »] Communiqué de prisonniers du QI de Neuvic-sur-l’Isle (Dordogne)

On vous fait tourner ci-dessous un communiqué qui a été publié sur Indymedia Nantes et quelques autres sites internet…

Collectif Papillon, 3 juillet 2013

 

COMMUNIQUÉ ET APPEL À SOLIDARITÉ DE PRISONNIERS DU CENTRE DE DÉTENTION DE NEUVIC-SUR-L’ISLE

Voici un communiqué sorti du centre de détention de Neuvic, par des prisonniers qui y sont en isolement. Malgré les conditions difficiles auxquelles ils font face, ils sont solidaires, et restent en lutte au quotidien face à l’administration pénitentiaire (AP). Ils souhaitent que ces informations circulent, et appellent à la solidarité à l’extérieur.

Nous sommes quatre actuellement à l’isolement, tous ici pour les mêmes raisons : demande de transfert pour rapprochement familial.

Le motif de cet isolement est sécuritaire, c’est l’excuse de l’AP pour nous isoler du reste de la détention, les prétextes trouvés sont les suivants ; avoir bouché un œilleton, avoir insulté un maton, refus de rentrer en cellule ou tout simplement grande gueule.

À l’isolement les surveillants sont en toute puissance, pour un rien un rapport tombe, tu as tapé dans la porte : rapport, tu as parlé avec un autre détenu : rapport, tu râles : rapport, etc, etc…

Pour bien nous faire comprendre que nous ne sommes rien et que eux sont tout ils n’hésitent pas à utiliser la force physique, des menaces, ils détournent le courrier des cantines pour qu’on en ait pas, nous privent de téléphone, de sport ou de promenade à leur guise.

Ils justifient que le mercredi, jour du prétoire on ne peut pas sortir de cellule parce que l’on pourrait croiser d’autres détenus en détention.

Le lundi c’est la réunion avec la direction, donc pas de chef ou de gradés aux isolés, ce qui inclut qu’il n’y a aucun mouvement aux isolés. Si l’un de nous est au sport ou à la douche, les autres ne peuvent pas sortir de cellule, justement pour aller à la douche, ou au sport ou au téléphone.

Des fois on appelle les surveillants pendant des heures et pour seule réponse on a le droit « on peut pas ouvrir seul la cellule question sécurité, alors vous attendez qu’on soit plus nombreux » et cette réponse est dite d’une façon très agressive et parfois même insultante (tu vas la fermer ta putain de gueule sale merde ?).

L’agression des surveillants sur les détenus est routinière et surtout pour nous aux isolés et au mitard, si tu râles c’est intervention des robocops, qui te demandent de te coucher sur ton lit, sur le ventre et les mains dans le dos, la tête tournée vers le mur, si tu refuses ils referment la porte et reviennent pas de la journée, ils te donnent pas ton repas et te collent un nouveau rapport, histoire de prolonger ton mitard ou t’envoyer à l’isolement.

Aussi parfois si on se rebelle, ils nous punissent en bloquant le téléphone ce qui nous permet plus de téléphoner, et ça peut durer plusieurs jours de suite.

Certains détenus aux isolés sont là depuis 2 ans alors qu’ils sont à 800 kilomètres de chez eux et réclament leur transfert.

Le directeur Monsieur Laurent ne transmet pas les dossiers de demande de transfert des isolés et sûrement d’autres, mais ça nous on peut pas le savoir en étant isolés du reste de la détention.

Il n’y a pas un jour où il n’y a pas d’altercation avec un ou plusieurs surveillants. Pour les parloirs c’est pareil, on a toujours des soucis, fouilles avant d’y aller, et la tentative de nous mettre en hygiaphone, alors que les hygiaphones n’existent plus, sauf pour des raisons exceptionnelles dont nous ne faisons pas partie.

Aussi les parloirs commencent régulièrement 10 minutes après le début et on vient nous chercher 10 minutes avant la fin.

Dans les cellules il nous est interdit de faire à manger, pas de plaque chauffante, pas de chauffe à l’huile sous peine de rapport, on est obligés de manger la bouffe dégueulasse de Sodexo, nous perdons tous du poids à vitesse grand V. On a fait une demande pour avoir du pain en plus, ce qui nous a été refusé, malgré nos demandes réitérées, on a essuyé que des retours négatifs.

On a pas de fenêtres dans les cellules, ce qui nous est fort désagréable, on ne peut jamais voir l’extérieur, on regarde que des murs chaque jour, le seul moment où on peut voir le ciel c’est lorsqu’on nous conduit au parloir.

Mais ça dure le temps de traverser un couloir, quelques secondes.

Pour toutes ces raisons et bien d’autres, nous réclamons nos transferts, mais aussi la fermeture du quartier d’isolement / quartier disciplinaire / quartier strict régime fermé, la démission de l’ensemble de la direction.

Pour cela il nous faut un soutien massif de l’extérieur pour rendre public et créer un rapport de force. Nous, nous restons en lutte malgré les coups portés par les porcs de la pénitentiaire, pour qu’enfin on danse sur les ruines de cette porcherie.

Nous vous espérons nombreux et actifs afin de briser la répression carcérale.

Des détenus du quartier d’isolement de Neuvic-sur-l’Isle

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[Chronique de Youv derrière les barreaux] « La réinsertion, ça veut dire quoi ? Rentrer dans le rang, devenir suiveur, téléguidé par des lois qui réduisent de jour en jour mes droits et mon espace vital. Me casser le dos au boulot, pendant que les capitalistes s’enrichissent à la sueur de notre front »

http://juralib.noblogs.org/files/2012/09/0513.jpg[15 octobre 2012]
La réinsertion

J’écris comme je respire, ma plume est calée au rythme des battements de mon cœur. Si tu tends l’oreille sincèrement, tu entendras et comprendras toute mon existence. Après m’avoir enfermé dix années, se pose maintenant la question de ma réinsertion, de mon insertion plus exactement. Je n’ai jamais été inséré. Je te mets au défi de trouver une fiche de paie ou un C.V. portant mon nom. À quelques mois de ma liberté, qui ne m’a jamais vraiment quitté, ils me parlent de réinsertion. Mais pourquoi ne s’en sont-ils pas préoccupés pendant cette décennie de pression, d’oppression ? Où étaient-ils quand je suffoquais, agonisais, assommé par une peine à deux chiffres ? J’étais qu’un numéro d’écrou en puissance, que mes rêves ont miraculeusement maintenu vivant.

La réinsertion, ça veut dire quoi ? Rentrer dans le rang, devenir suiveur, téléguidé par des lois qui réduisent de jour en jour mes droits et mon espace vital. Me casser le dos au boulot, pendant que les capitalistes s’enrichissent à la sueur de notre front. Si ça ne tenait qu’à moi, je m’y opposerais jusqu’à mon dernier souffle. Mais je ne suis plus seul, l’amour de ceux qui m’aiment, m’a aidé à relativiser, et à me convaincre de me fondre dans la masse sans faire de bruit. Je marche tête baissée en promenade, le cœur lourd de ce que j’ai vu. J’ai vu de très près de quoi était capable ce système. Je serre les dents juste à l’idée de rentrer dans le rang. Je suis trentenaire et déjà quinze ans passés à l’ombre. Je suis conscient du miracle, je suis toujours intact. Ma stratégie consistait à faire le mort pour rester vivant.

Je me réinsérerai avec succès, c’est loin d’être grâce à la prison mais pour épargner les larmes qui ont déjà trop coulé. Je dois au moins ça aux miens. Je reste l’éternel insoumis contre ce monde qui formate pour que la masse reste assise. J’incarne ce que je suis. J’ai cassé leurs fenêtres car ils m’avaient fermé la porte. Je croirai en leur réinsertion quand ils réanimeront nos rêves qu’ils ont assassinés. La jeunesse a plus d’espoir, le désespoir pousse au crime et au suicide social. Qu’ils commencent par accepter et insérer les jeunes dehors et après on envisagera de croire en leur bonne foi quand ils nous parlent de réinsertion incarcéré.

Vos prisons ne sont que des cache-misère où il existe aucune prise en charge des détenus pendant leur peine. Drôle de remède pour rendre meilleur, le simple fait d’emmurer vivant n’a jamais réinséré personne. Je vais me réinsérer rentrer dans le rang pour apaiser les cœurs de ceux qui m’aiment, mettre un pansement, ce que je n’ai pu faire pendant dix ans.

[La Chronique de Youv derrière les barreaux est disponible en téléchargement gratuit sur le site des Éditions Antisociales. Elle est à suivre sur le compte Facebook dédié.]

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Lutte de sans logement à Caen

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Salut,

L’Assemblée Libertaire de Caen relaie présentement des informations sur la lutte, localement toujours en cours, de plusieurs dizaines d’expulséEs des foyers d’urgence du « 115 ».

Ces personnes, pour la plupart demandeurs-euses d’asile (dont certainEs sont déboutéEs donc de facto désormais sans papiers), ont été expulséEs du « 115 » suite au tarissement des budgets. La préfecture ne souhaite apparemment pas débloquer de nouveaux financements et ce sont près de 700 personnes qui vont vraisemblablement finir à la rue d’ici août, dont des familles avec des enfants en bas âge, voire des nourrissons. Pour l’instant, près de 70 personnes on déjà été expulsées des foyers du « 115 ».

Un collectif local d’organisations (le collectif 14 pour le respect du droit des étrangers) a lancé la mobilisation sur le sujet. Voyant que les manifestations et les entrevues avec la Préfecture ne donnaient rien, ce collectif n’a guère eu d’autre choix que d’appeler à des AG de lutte ouvertes. Cela a permis à d’assez nombreuses personnes n’ayant rien à voir avec les organisations composant le collectif 14 de trouver progressivement une place dans la mobilisation en cours.

Un ancien foyer d’hébergement a été occupé fin juin au 202 rue de Bayeux, à l’initiative de l’Assemblée Générale de lutte contre toutes les expulsions, pour accueillir une partie des expulséEs et constituer un point de convergence et d’organisation pour la lutte.

Des manifs ont lieu tous les lundis devant la préfecture, la mairie et dernièrement devant le local du PS. Des diffs de tracts ont lieu régulièrement.

Le lieu occupé accueille désormais une trentaine de personnes dont des enfants en provenance d’Asie, du Caucase, d’Europe et d’Afrique. Le lieu est salubre et bien entretenu par les occupantEs, qui participent à l’AG de lutte, et l’accueil dans le quartier est plutôt bon.

Les revendications de l’AG de lutte contre toutes les expulsions sont :

Relogement pérenne des expulséEs, personne à la rue et régularisation des sans papiers.

Nous joignons à ce message deux documents en format PDF :

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Le premier N° du bulletin d’info de l’AG de lutte contre toutes les expulsions, intitulé « Au 202 ». Un second numéro devrait sortir prochainement. Le bulletin est diffusé par voie de tractages et sur internet.

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Un tract de l’Assemblée Libertaire de Caen, diffusé au sein de la manif du lundi 1er juillet, qui explique les raisons et le contexte de la lutte et qui pointe du doigt divers problèmes auxquels la lutte était confrontée début juillet. Depuis lors, les choses ont évoluées plutôt positivement : l’AG de lutte a acquis sa pleine autonomie et souveraineté vis-à-vis du collectif 14, les partis gouvernementaux (PS et Verts) représentés au sein du collectif 14 ne passent plus sur le lieu occupé et l’implication des expulséEs dans la vie du lieu et de l’AG de lutte progresse. Rien n’est parfait ni idyllique mais ça avance.

Nous vous demandons de relayer ces informations dans vos réseaux et, CHOSE IMPORTANTE, de faire parvenir à l’AG Libertaire de Caen toute information en votre possession sur des problèmes ou luttes similaires dans d’autres régions du pays. Nous relaierons ces infos auprès de l’AG de lutte contre toutes les expulsions.

Merci et à plus tard.

Mailing – 12 juillet 2013

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[Chronique de Youv derrière les barreaux] « Au royaume des mangeurs de pierres »

http://juralib.noblogs.org/files/2012/09/0513.jpg[11 octobre 2012]
Autopsie d’une arrestation

J’ai voulu fonder mon empire au royaume des mangeurs de pierres. Personne ne nous a dit que les cailloux ne se mangeaient pas, c’était l’ingrédient que l’on connaissait le mieux. Murs, tours, bancs et cœurs étaient de ciment.

Un matin d’automne 2003, à l’heure de l’appel de la prière du matin « SOBH », quatre hommes vêtus de noir prennent la route engrenés par un « AUDI » surpuissant, direction la Normandie. Cagoule sur le visage, sous la cagoule des grosses têtes grillées. J’étais assis côté passager, arme à la ceinture, sac de sport à mes pieds. La détermination se lisait dans nos yeux de jeunes majeurs. Quarante-huit heures avant, j’avais eu l’idée de ce casse alors que j’étais à TOULOUSE en train de dépenser le magot de mes précédents casses. Pour ce nouveau « BRACO », il me fallait trois barjots pour me suivre dans mon plan illicite. J’étais NO LIMIT, j’avais l’impression de prendre ma revanche sur ce système qui m’a enterré, ma famille et moi dans une cité dortoir. Ce que je prenais pour un raccourci social était un suicide social. On fonçait tête baissée, à 250 km/h vers notre tombeau. Le désespoir peut pousser des jeunes intelligents à commettre des choses d’idiots.

Arrivés sur le parking de la banque, un camion de convoyeurs de fonds, venait appro­visionner la forteresse qu’on était venus prendre d’assaut. Une fois la diligence partie, trois ombres cagoulées vêtues de noir, font irruption dans le sanctuaire des capita­listes. On vide les coffres puis on disparaît dans notre monstre à quatre roues motrices. La mission était loin d’être finie, il nous restait deux péages à traverser, 80 kilomètres à avaler. Premier « checkpoint » (point de contrôle), rien à signaler. Le deuxième, des gendarmes étaient prêts à nous cueillir. Se rendre même pas en rêve, le pilote appuie sur l’accélérateur, passe à travers le barrage. Nous voilà pris en chasse par cinq motards et autant de voitures de gendarmes. Pilote en manque d’expérience, face aux gyro­phares dans le rétroviseur, ils nous écrasent contre un mur. La poursuite se finit à pied. Sac plein à craquer, en bandoulière, je prends mes jambes à mon cou. Je ne suis pas parti bien loin, trois motards accompagnés de trois agents de la BRB, m’interpellent et me rouent de coups. L’Artificier avait réussi à prendre la fuite, il se fera interpeller trois mois plus tard.

Autopsie d’une arrestation est en vrai l’autopsie de jeunes mangeurs de pierres à qui on n’a jamais dit que les cailloux ne se mangeaient pas.

Dix ans plus tard, je vous ressers une part de mon vécu. Du fin fond de ma cellule, je n’ai pas changé mais je déplore toutes ces années gâchées. Réfléchis avant d’agir car ce n’est pas garanti que tu tiendras dix saisons en prison.

**

[12 octobre 2012]
Poésie du bouc émissaire

Les menottes dès l’accouchement, entre quatre murs adolescent. Parcours écrit, choisi, programmé, hérité des déshérités. Coupable de tout même sans rien faire.

Ton adresse suffit à t’incriminer de criminel. Ton crime se nomme HLM, ADN. Venu de loin, accent qui chante loin de les enchanter. Plus belle la vie est devenue moins belle depuis que trente salopards marseillais du « BACcalauréat » se sont octroyé tous les droits. Les médias font diversion, nous servent une autre version. Les fanatiques font plus peur donc ils surfent sur la terreur. La religion a quitté les cœurs, s’affiche en haut de l’affiche jusqu’à devenir qu’un leurre. Puisque les cœurs se sont vidés, pas étonnant que ça cautionne un kamikaze qui se fait exploser. On s’entretue pour des bouts de ciment, pour au final s’apercevoir le jour de l’enterrement qu’on a les mêmes mamans. Trop tard les trous sont creusés et les dés sont jetés. Omar ne m’a pas tué, mais le système veut m’enterrer. Les boucs émissaires ont quitté les bergeries pour prendre place dans les « té-ci ».

Ma poésie du bouc émissaire est loin d’être de la victimisation mais juste une constatation.

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[Chronique de Youv derrière les barreaux] « Un braquage intellec­tuel »

http://juralib.noblogs.org/files/2012/09/0513.jpg[8 octobre 2012]
Je prends parti

Je ne te demande pas la permission comme mes permissions de sortie. Ma télé est devenue un banc des accusés, à chaque jour suffit sa peine. À la chaîne, on y blasphème, ils montrent du doigt « l’autre ». Je prends parti, prends position.

Si j’étais né en 68, j’aurais été dans les barricades, lanceur de pavés. Si j’avais été là avant l’indépendance de l’Algérie, je me serai battu auprès du F.L.N., jusqu’à ce qu’on l’obtienne. J’aurais été le premier soutien de Léopold Sédar Senghor, premier président de la République du Sénégal. En France, je me serais exilé en Angleterre avec De Gaulle pour préparer la Résistance. L’hiver 54, j’aurais fait ce fameux appel au côté de l’Abbé Pierre. Malheureusement, nous sommes le 8 octobre 2012, je suis enfermé dans ma cellule, impuissant mais toujours indigné, je prends parti.

Aujourd’hui la misère des uns est devenue le commerce des autres. Ils exhibent les souffrances extrêmes de certains peuples pour se donner bonne conscience mais sans bouger le petit doigt. C’est pire que tout, de savoir sans rien faire, c’est se rendre complice de la douleur. Amalgame sans précédent, ils comparent des terroristes fanatiques à des musulmans. Raccourci facile et volontaire. Un ex-ministre qui parle d’un fameux pain au chocolat arraché par des ados pour une fois de plus diaboliser le ramadan. Je ne peux que prendre parti, ce soir ma plume est en colère, n’a plus envie de se taire.

Le monde part en « coquille » et on le suit. La télé nous sert tous les soirs une soupe de mensonge ou une vérité falsifiée. Il est temps de se soulever, de dire NON, de contester.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Ces fameux « autres » qu’on nous apprend à détester, à diaboliser. On aura toujours peur de l’inconnu, si on ne prend pas la peine de faire sa connaissance, jusqu’à ce que notre malheur devienne les autres.

Mais les « autres » c’est toi. Juifs, musulmans, chrétiens, athées, vous nous cassez les oreilles avec vos querelles interminables. Je suis noir, musulman, humaniste, dans un attentat je me placerai toujours du côté des victimes. Donc arrêtez de systématiquement nous mettre au banc des accusés.

De ma cellule, je m’exprime, je m’indigne. Indigne-toi, prends parti, enfant de la patrie, « inch’Allah » jusqu’à ce que notre heure de gloire finisse par arriver.

**

[11 octobre 2012]
Commanditaire

J’ai décidé de commanditer mon dernier casse de ma cellule. Un braquage intellec­tuel sans dégât matériel. Ma plume me sert d’arme de poing. Mon casse consiste à éveiller les consciences, élever le niveau, faire comprendre que la fatalité n’existe pas. Personne n’est condamné à l’échec malgré ce qu’ils veulent nous faire croire.

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Résistons Ensemble n° 121 – juillet 2013

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Résistons Ensemble

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[Chronique de Youv derrière les barreaux] « Le maton, un Antillais qui chante la Marseillaise les yeux pleins d’émotion pendant que sur son île ses compatriotes se soulèvent pour contester la flambée des prix. Il a choisi son camp, porte-clés à perpétuité »

http://juralib.noblogs.org/files/2012/09/0513.jpg[5 octobre 2012]
Mariages hellel

On dit de lui que c’est la moitié de la religion musulmane c’est le meilleur braquage que tu peux faire à ta future femme lui voler son nom pour l’habiller du tien. Quoi de plus magnifique que de se marier avec la bénédiction d’Allah et de tes parents, ce jour-là ta princesse sera la plus belle créature du Créateur. Peu importe la valeur de la robe elle sera inestimable à ses yeux.

Malheureusement beaucoup trop en abusent le dénaturent, le transforment jusqu’à qu’il devienne qu’un simple permis de coucher. Trop de femmes ont été bafouées, salies, trompées sans aucun recours, que des douhas pour apaiser leur cœur meurtri. Mais en vrai c’est l’homme qui s’est sali, car Allah a été témoin de la sincérité de la femme blessée.

Le problème en Occident du mariage hellel c’est qu’il y a aucune trace écrite, il ne repose que sur la sincérité du couple, juste le serment de s’aimer jusqu’à que la mort nous sépare. Certains donnent plus de valeur au mariage à la mairie qu’au mariage religieux. Dans l’esprit de certains les valeurs de l’écrit de monsieur le maire sont plus fortes que les valeurs du cœur.

Moi c’est devenu ma motivation malgré mon passé trouble ma femme rendra mon futur clair. Ce jour rendra heureux ceux qui t’aiment, certains le font en silence en toute intimité et pudeur familiale d’autres veulent que ça se sache, crient haut et fort qu’ils sont devenus des hommes quoi de plus beau que le regard d’une mère émue de voir sa fille devenir femme.

J’avais épousé ma rue ma cité mais le divorce est prononcé, consommé. J’ai repris ma liberté de penser, j’ai récupéré mes valeurs, remballé ma fierté je rêve maintenant d’enfanter, je souhaite à tout le monde de trouver sa moitié sans artifice sans que le matériel vienne falsifier l’amour de cette union.

Maintenant j’en suis convaincu un homme qui ne fonde pas sa propre famille n’en est pas un, la vie est beaucoup plus belle vécue à deux, que Dieu me facilite et nous facilite jusqu’au jour où j’irai escorté par ceux qui m’aiment chercher celle que j’aime dans les bras de son père qu’elle aime et qu’elle me donne autant d’enfants qu’une équipe de rugby je nous le souhaite à tous INCH’ALLAH.

**

[6 octobre 2012]
Liberta

La liberté n’a pas de prix, moi la mienne elle prend tout son temps. Déjà dix ans que je compte les maillons de mes chaînes. Ne te fie pas à mon numéro d’écrou, je reste intact malgré le temps qui passe. Je n’ai plus le choix, je n’ai plus qu’une seule option, avoir de l’ambition. Passe-moi un bidon d’essence et un briquet pour que je brûle mon passé. Nouveau départ, je briserai mes menottes jusqu’à ce qu’ils me donnent ma part. Les absents ont toujours tort, je suis peut-être absent mais loin d’être mort. Je te garantis que c’est peut-être pire encore. J’ai les dents qui ont poussé, elles se sont affûtées en trois mille jours à force de croquer des barbelés.

Samedi 6 octobre 2012, assis sur un matelas qui n’a de matelas que le nom, j’encaisse ma peine à deux chiffres pour avoir refusé de me mettre au garde-à-vous, en garde-à-vue. Le maton, un Antillais qui chante la Marseillaise les yeux pleins d’émotion pendant que sur son île ses compatriotes se soulèvent pour contester la flambée des prix. Il a choisi son camp, porte-clés à perpétuité.

Sur mon grand écran de petit format, douze policiers pourris gâtés par l’État se sont mis à racketter, détourner, trafiquer dans les quartiers Nord de Marseille. De ma cellule, je ris jaune à la vue de ce monde stone. Des gardiens de la paix qui troublent l’ordre public ça me rappelle cette fameuse citation de Victor Hugo : « POLICE PARTOUT, JUSTICE NULLE PART ». Je ne généralise pas, « J’ACCUSE » comme Émile ZOLA. Eux, ils se gênent pas pour nous mettre tous dans le même sac, donc c’est avec un certain plaisir que je les mets tous dans le même sac-poubelle.

Ils se pardonnent tout entre eux cette bande de mal élevés. Comme cette caricature de notre SAINT PROPHÈTE. « Bande de fils de pute » eh oui ! Je suis noir, je suis enfermé et musulman, le cauchemar de ton peuple. Je prends parti quand l’offense est gratuite. Je refais le monde de mon neuf mètres carrés, il est plus que stone, il est cachetonné. La France est numéro un en antidépresseurs. Comme ils ne savent pas guérir la douleur, ils l’endorment.

Tout est de la faute de cette vieille cachée derrière ses stores qui dénonce ces jeunes qui parlent trop fort. Je me suis instruit dans la douleur, ma peine de prison m’a ouvert les yeux. L’idée que je me faisais du système n’était qu’un doux euphémisme. Nous sommes que des chiffres dans leurs statistiques, classés par ethnie, par religion. Cet enfoiré d’Éric Zemmour a dit qu’il y a que des Arabes et des Noirs en prison. J’y suis et je dois avouer qu’il a raison. Ma liberté n’a pas plus de valeur à leurs yeux qu’un « BOUNTY » noir à l’extérieur et blanc à l’intérieur. Si tu te sens visé, j’y suis pour rien, moi je parle de la barre chocolatée.

La liberté s’arrête où celle des autres commence mais le problème avec eux c’est qu’elle ne s’arrête jamais. Et si tu oses réclamer la tienne, ils te font manger la gamelle.

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[Val de Suse] Semaine de rencontres au camp No TAV – 17-22 juillet 2013

http://juralib.noblogs.org/files/2013/07/015.jpg

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[Chronique de Youv derrière les barreaux] « J’ai confondu le code pénal avec un rouleau de P.Q., qu’ils m’en tiennent pas rigueur, j’ai appris à lire en signant mon procès-verbal en garde à vue »

http://juralib.noblogs.org/files/2012/09/0513.jpg[2 octobre 2012]
Allah irahmou

À ce qu’il paraît j’étais mort. On m’a annoncé mon propre décès, depuis j’ai perdu l’appétit. Moi qui pensais bel et bien être en vie, garde ton « Allah irahmou » (repose en paix) pour ta grand-mère et avale les textes d’un mort-vivant.

Ils ont réussi à me faire douter sur ma propre existence pourtant je fais toujours des cauchemars. Si c’est le cas attends-toi à ma résurrection parmi les vivants. Le temps, je lui ai cassé un bras, je m’en tape de leur clepsydre, leur sablier je l’ai piétiné. Nique les années, les mois et les heures. Celui qui a inventé ces unités de mesure, de temps nous a conditionnés à des instants, des moments. Ne laisse plus la place au hasard.

Moi, je joue plus, je stoppe le chrono, ce n’est plus équitable. J’ai déjà dix ans de retard, je rejouerai quand ils remettront le chrono à zéro. Ma mère m’a accouché il y a trente ans seule, un vendredi en pleine nuit. Maintenant qu’elle est partie « Allah irahma » il faut que je m’entraîne à m’enterrer seul.

Tout est possible comme être trahi par son propre frère. Sur ma pierre tombale, je ferai inscrire en lettres majuscules « SI TU ME JETTES L’ŒIL, PROTÈGE L’AUTRE CAR TU RISQUES DE LE PERDRE ». Je me suis mis d’accord avec mon « MEKTOUB » pour le jour de ma mort, il m’a dit : « Je t’aurai pas de ton vivant. »

Nique la prison, j’ai investi sur une cellule de neuf mètres carrés pour m’enterrer.

16 octobre 2003 – 2 octobre 2012 R.I.P. YOUV.

C’est juste un CDD, j’ai pas signé de CDI donc qu’ils le veuillent ou non, je signe bientôt la fin de mon contrat.

[4 octobre 2012]
Si c’est pas nous qui va l’faire frère

Ce soir c’est moi qui invite, j’paye ma tournée. Comme Aznavour, j’me voyais déjà en haut de l’affiche. Coupable depuis notre premier souffle, j’attends plus qu’ils prononcent le non-lieu, je prends mes rêves en otage jusqu’à la réussite, et si c’est pas nous qui va l’faire ???

Même nos darons ont perdu espoir. Après la salât, ils jouent au P.M.U. Nos vies sont devenues sans suspens, je connais déjà la chute de la vanne. J’ai perdu le sourire et me suis mis à pleurer comme ce nouveau-né qui s’aperçoit que ce monde l’a douillé. La carotte du siècle ils veulent nous mettre.

Si tu bouges pas pour toi, qui va l’faire frère ???

Me parle pas de « MEKTOUB » s’il te plaît, sinon tu vas manger des pâtes au beurre toute ta vie dans ton cagibi. Dans la bande-annonce du film SCARFACE, j’y ai lu « Le monde est à nous », me parle pas du monde quand certains ont du mal à payer leur loyer.

Retire les mains de tes poches, lève tes fesses de ce banc de ciment, la saison prochaine, il y sera encore. Arrête de fantasmer sur la vie des autres « te contente pas de c’que t’as, va chercher c’que tu veux !!! » Moi, j’ai voulu fêter le million d’€uros avec un lance-roquettes. J’ai échoué, mais j’ai le mérite d’avoir essayé. Ils m’ont enterré vivant, ça m’a pas dépaysé, j’ai grandi dans une jungle de ciment.

J’écris avec un accent de clando, les yeux bandés. J’ai confondu le code pénal avec un rouleau de P.Q., qu’ils m’en tiennent pas rigueur, j’ai appris à lire en signant mon procès-verbal en garde à vue.

On m’a dit « YOUV ta plume a du talent sans mettre de talon ». Ma 6-T va pas craquer elle est déjà explosée. J’ai rien à t’apprendre car il n’y a rien à comprendre. On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Dix ans de nuits blanches, pas grave, je dormirai une fois libre. J’irai chercher ma liberté, déterrer mes rêves que j’ai fait semblant d’oublier, que j’avais dissimulés, préservés pour qu’ils restent intacts.

Va au bout de tes rêves frère !!! Ose, à force de nous voir à la première place, ils s’y habitueront.

SI C’EST PAS NOUS, QUI VA L’FAIRE FRÈRE !!!

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[Berck-en-Brousse] Réquisition de logements et soutien aux demandeurs d’asile

Réquisition à Bourg-en-Bresse

Hier matin [lundi 8 juillet], le collectif dont fait partie RESF 01 a procédé à la réquisition d’un bâtiment pour héberger les demandeurs d’asile abandonnés à la rue par la préfecture de l’Ain, obligés de s’abriter dans des garages depuis des mois, comme l’année dernière. Les propriétaires, appuyés par le FN, et encouragés par la mairie PS de Bourg, ont porté plainte et obtenu des expulsions…

http://juralib.noblogs.org/files/2013/07/berck.png

TÉLÉCHARGER LE TRACT DE LA CNT (mai 2013)

Mailing – 9 juillet 2013

 

Une réquisition de logement a eu lieu ce matin. Le but était de reloger la soixantaine de demandeurs d’asile qui vivaient dans des garages et des conditions de vie indigne depuis des mois. Cette action a été coordonnée par le Collectif Migrants de Bourg.

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TÉLÉCHARGER LE TRACT DU COLLECTIF MIGRANTS (janvier 2013)

La CNT 01 demande, dans les jours qui viennent, à toutes celles et ceux qui le peuvent de passer soutenir cette réappropriation car les premières journées sont cruciales pour éviter l’intervention de la police et l’expulsion ()

Mailing – 9 juillet 2013

 

Bourg-en-Bresse : un collectif réquisitionne des locaux privés vides pour abriter des demandeurs d’asile

Plusieurs dizaines de personnes du collectif Solidarité migrants de l’Ain ont investi lundi matin à Bourg-en-Bresse des locaux privés non utilisés rue Marc-Seguin, l’ex-siège social de l’Adapei.

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Composé d’une douzaine d’associations, syndicats et partis politique, le collectif a décidé de « réquisitionner » le bâtiment pour mettre à l’abri une quinzaine de familles de demandeurs d’asile.

Une soixantaine d’hommes, femmes et enfants, essentiellement ressortissants du Kosovo et d’Albanie, vivent depuis mars dans des garages privés du centre-ville à Bourg, dans des conditions précaires et insalubres, générant l’hostilité des propriétaires et riverains.

Une première ordonnance d’expulsion d’un garage a été rendue le 5 juillet par le tribunal d’instance, d’autres devraient suivre fin juillet. Le collectif espère interpeller le nouveau préfet de l’Ain pour que les services d’État qui pilotent l’accueil des demandeurs d’asile, proposent des solutions d’hébergement décent.

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Leur presse (LeProgres.fr, 8 juillet 2013)

 

Demandeurs d’asile : quinze jours pour quitter un garage, et après ?

Bourg. Le juge des référés ordonne l’expulsion d’un box où s’est réfugiée une famille kosovare. Un même jugement devrait suivre fin juillet pour dix autres familles.

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Un box où des familles entières, dont beaucoup d’enfants mineurs, tentent de vivre.

Un premier jugement est tombé vendredi matin concernant l’occupation de garages privés à Bourg, où s’abritent des hommes, femmes et enfants sans toit. Le juge des référés a ordonné l’expulsion du box 33 de la résidence Goujon, où la famille de Bahri s’est réfugiée en mars. Venue du Kosovo avec cinq enfants, pour demander l’asile, la famille est tenue de quitter les lieux « dans un délai de quinze jours à compter de la signification du commandement d’avoir à libérer les lieux », a dit le président Frédéric Dumas. Le juge a raccourci le délai procédural de deux mois. Le même tribunal d’instance, saisi en référé par les propriétaires de 17 autres garages et par le syndicat de copropriété, rendra probablement une décision similaire le 25 juillet.

« Je vais où ? Sur la route avec les enfants et les bagages et tous les gens qui nous regardent, a dit Bahri, 49 ans, le regard désabusé. Les garages, c’est pas bien, mais je n’ai pas de solution. Je voudrais avoir le statut de réfugié pour pouvoir travailler et vivre. »

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Audience du 20 juin où le tribunal d’instance examinait l’occupation sans droit ni titre de garages privés où sont réfugiées, faute de mieux, des familles.

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Tentative d’expulsion du 15 mai

Certains propriétaires excédés avaient menacé d’évacuer leurs locaux manu militari voici quelques semaines. « Nous sommes très satisfaits de ce jugement. La justice s’est rangée du côté des valeurs normales, c’est-à-dire du droit à la propriété, a dit Christophe Maître, l’un des propriétaires. Cela nous laisse espérer un jugement dans la continuité pour les autres garages. Et on ne peut pas laisser vivre des gens dans une situation aussi précaire. Si les procédures ont été si longues, c’est parce que les pouvoirs publics se sont organisés pour les héberger, je pense. »

Rien ne laissait penser, hier, que les pouvoirs publics organisent la mise à l’abri prochaine d’une soixantaine de personnes, dont beaucoup d’enfants, qui campent dans les garages. L’État est chargé d’assurer des conditions de vie décentes, le temps qu’une demande d’asile débouche ou non sur le statut de réfugié : 24 mois d’attente en moyenne, sans droit au travail. Dans l’Ain, l’accueil des arrivants est délégué par le préfet à l’association Alfa3A.

« Les seules consignes qu’on a, c’est de ne plus prendre personne », affirmait vendredi matin Guy Bianciotto, responsable du dispositif à Alfa3A. « Notre enveloppe 2013 a diminué alors que nous avons doublé nos capacités d’accueil. Fin juillet, si l’on n’a pas d’enveloppe complémentaire, on arrête l’activité pour les 800 personnes qu’on héberge et qu’on accompagne. On a des places qui se libèrent, oui, mais qui paie le service ? »

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Manifestation du collectif Solidarité migrants, le 12 juin à Bourg

« On ne va pas se battre pour que les personnes restent dans les garages mais pour qu’une solution soit trouvée, commentait, vendredi, Bernadette Perraud (Réseau éducation sans frontières). Si les pouvoirs publics ne veulent pas prendre la mesure de la situation, des citoyens et le collectif Solidarité migrants prendront des dispositions. Les personnes ont des droits et pourtant, on accepte de voir fleurir des bidonvilles. C’était dans les grandes villes jusqu’à présent. On a beau maltraiter les personnes, cela n’endigue pas les flux migratoires qui sont réguliers. Il y a entre 30’000 et 60’000 demandeurs d’asile par an, il n’y a pas plus de personnes qui entrent sur le territoire français pour des demandes d’asile. »

Leur presse (Fabienne Python, LeProgres.fr, 6 juillet 2013)

 

() Jeudi [4 juillet] à 9h00, une audience aura lieu au tribunal de Bourg suite aux plaintes déposées par les propriétaires des garages. Lors de la dernière audience, nous avons découvert que les proprios étaient soutenus par des fachos (FN et autres) apparemment très remontés pour agir violemment contre les demandeurs d’asile et ont fixé ce jeudi comme ultimatum. ()

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Mailing – 2 juillet 2013

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[Montpellier] La Cimade travaille

Montpellier : l’indigne îlot Du-Guesclin évacué dans le calme

Le squat de l’îlot Du-Guesclin, à Montpellier, a été évacué mercredi matin. Une soixantaine de réfugiés somaliens et érythréens y squattaient depuis deux ans, en l’attente d’un relogement.

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Même parti de la Cimade, J.-P. Nunez était aux côtés des évacués.

Seize mois. C’est le temps qui se sera donc écoulé entre la décision rendue par la justice et son application concrète. Car c’est finalement mercredi, à partir de 8h, que le squat dit de l’îlot Du-Guesclin, indigne, crasse et contemporaine variation d’une sorte de Radeau de la Méduse, situé le long de la rue éponyme, des voies SNCF et des rails du tramway, a été évacué. Dans le calme entre agents d’une entreprise de sécurité, interprètes et minibus venus chercher les occupants du lieu.

« Une mise à l’abri qui n’est pas un domicile »

Pourquoi tant de temps pour évacuer cet immeuble insalubre, propriété de la société ferroviaire ? « Nous avons fait un choix de pédagogie. Ce sont plusieurs mois de travail dans lequel la Cimade a été associée », objecte sobrement le préfet Pierre de Bousquet. Une fois hors du bâti, les cinquante ressortissants somaliens et érythréens ont été soit conduits vers des hôtels (pour les quinze qui sont en situation régulière), soit, pour les quarante-cinq autres, vers les locaux du Cedip, un ancien centre de formation, de l’Équipement (derrière le lycée Mermoz). Pour ces derniers, le préfet de Bousquet a assuré « que les situations seraient appréciées individuellement. Nous n’excluons pas qu’une partie d’entre eux soit stabilisée sur le territoire ».

Pour cela et outre les services préfectoraux, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) et l’association Gammes devraient épauler les intéressés dans leurs démarches. Un cheminement dont l’issue reste hypothétique. De même que la question de leur relogement. Car si cette « mise à l’abri, qui n’est pas un domicile », leur a permis de quitter « un squat pourri », estime le préfet, leur nouveau toit tient du provisoire. Car en dehors de la période estivale, ce bâtiment est dédié à l’accueil d’étudiants étrangers. Mais pour l’heure, aucune solution pérenne n’a été avancée au-delà de ces six prochaines semaines de répit.

« C’est la démonstration que l’on peut évacuer un squat autrement que par la force »

« Nous avons opéré de la façon la plus classique qui soit, mais en respectant les recommandations qui nous sont faites. Nous ne nous contentons pas de sortir les gens. On essaie de leur trouver une solution », argue le préfet.

« Je trouve que bon… Pour une fois… C’est la démonstration que l’on peut évacuer un squat autrement que par la force », a, de son côté, souligné Jean-Paul Nunez, l’ex-figure emblématique de la Cimade, cette association d’aide aux sans-papiers qu’il a quittée il y a peu, et présent sur place hier matin. Mais l’homme de poursuivre et nuancer : « Même si cela ne règle rien sur le fond. Mais cela dépasse le préfet. »

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Jean-François Codomié, MidiLibre.fr, 4 juillet 2013)

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[Chronique de Youv derrière les barreaux] « Les huissiers ont fait demi-tour car dans mon ascenseur ça puait la pisse »

http://juralib.noblogs.org/files/2012/09/0513.jpg[1er octobre 2012]
Résister est un devoir

Celui qui n’a pas le courage de se rebeller, n’a pas le droit de se lamenter a dit CHE GUEVARA. Je garde le poing levé comme ces athlètes blacks américains en pleins J.O. J’ai dissimulé dans la paume de ma main un stylo pour immortaliser et ne jamais oublier.

Si j’étais là en 1700, j’aurais coupé la tête à Marie-Antoinette car la dernière fois que j’suis passé au Château de Versailles, j’ai pris neuf ans. Ils nous ont fait tout le Kâma-Sûtra. Les huissiers ont fait demi-tour car dans mon ascenseur ça puait la pisse. Dix ans enfermés dans des toilettes. Je suis né dans le désert pourtant je n’ai jamais vu d’oasis à part chez l’épicier arabe du coin.

Dans ma cité, il y a trop de tensions, quand on fait le compte, le décompte, trop de frères en détention, pourtant nos mères nous avaient mis en garde, nous avaient dit de faire attention.

Imagine Mamadou dans un meeting de Jean-Marie Le Pen !!! STOOOOOOOOOP stop l’imagination. Plus besoin d’imaginer ce cauchemar est devenu réalité. J’ai plus de souffle mais plus rien ne m’étonne. En 2002, on avait le droit entre la droite et la droite de la droite. Je suis gaucher de naissance mais loin d’être socialiste, rien de social dans ma rue. 17 % en 2002 de votes pour le porc, ma mère avait fait les valises, qu’elle n’avait jamais vraiment défaites en quarante ans.

« C’est à Fresnes que Fleury la Santé. » Il suffisait d’un rien pour qu’on y croie, une chose est sûre, c’est à Bois-d’Arcy que beaucoup trop de nos frères sont morts.

« Celui qui n’a pas le courage de se rebeller, n’a pas le droit de se lamenter. » (Ernesto CHE GUEVARA)

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[La Chronique de Youv derrière les barreaux est disponible en téléchargement gratuit sur le site des Éditions Antisociales. Elle est à suivre sur le compte Facebook dédié.]

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[Chronique de Youv derrière les barreaux] « Tellement la dalle que chez moi ça brûle des voitures pour faire un barbeuc »

http://juralib.noblogs.org/files/2012/09/0513.jpg[26 septembre 2012]
Et si tout ça c’était pour rire ?

Et si toutes nos douleurs n’étaient qu’un leurre ? Pardon ? Si ma rime te choque clik clik clik m’a dit mon Glock. Tellement la dalle que chez moi ça brûle des voitures pour faire un barbeuc.

Trop de tombes à fleurir, mais ça ce n’est pas pour rire. Le chômage nous a pris en otages, voici ma fable, ma vision du monde où il est interdit d’être faible. Ça pactise avec le diable oublie que Dieu seul juge adolescence vécue, survécue sur une bécane de cross, crosse à la ceinture avant la puberté, dépucelage dans une cave désaffectée va faire la morale à une hyène et avale le jet de bombe lacrymogène.

Le jeune insoumis va t’aider à reprendre tes esprits. Je t’invite dans mon bloc mais chuchote les perquises on finit par nouer le cœur de nos mères.

Mes associés se sont associés à Lucifer ils s’en battent les couilles de l’enfer, ils espèrent la repentance avant la date limite en oubliant que la potence n’est pas qu’un mythe.

30 ans et rien de positif j’me rappelle y a quinze ans dans ma rue on ne vivait que pour rire, quinze ans plus tard ça risque sa vie ivre sur l’autoroute de l’illicite on a tous été jeune et con, mais ce que l’on savait pas c’est que l’on finirait vieux et con.

Pour me faire oublier l’île de Gorée ils m’ont offert un lit superposé. AH LÀ LÀ sacrilège j’ai osé contester Babylone, j’ai un fou rire assis sur le banc des accusés en cour d’assises.

Si les brunes ne comptent pas pour des prunes les renois ne comptent même pas dans leur schéma. L’État une énorme blague, je ne peux pas croire que tout ce qu’ils nous font soit réel.

Et si ce n’était que pour rire je me suis tellement pincé et j’ai bien peur que tout soit vrai, mais quand je les écoute je ne peux m’empêcher de rire.

[La Chronique de Youv derrière les barreaux est disponible en téléchargement gratuit sur le site des Éditions Antisociales. Elle est à suivre sur le compte Facebook dédié.]

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[Tunisie] Appel aux groupes révolutionnaires

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“No president for me”

TUNISIA: A Call for Unity

To all Revolutionary Groups in Tunisia,

Now two years have passed since the outbreak of the uprisings yet, despite the succession of governments and in spite of the abundance of promises and electoral programs, the economic and social crisis is aggravating and the conditions of the greater majority of the people, that is, the wage-earners, the unemployed, the poor and the marginalized, are deteriorating. The political parties’ tussle over power is driving the country towards civil war. Political institutions, especially the Constituent Assembly as well as the government, the prefectures and sub-prefectures, etc claim in bankruptcy as they proved to be incapable of finding solutions. These institutions are actually part of the problem for the new rulers scramble over privileges and rush to the seizure of bailiwicks. The system of favoritism and loyalism is back. Moreover, both police and the military fail to provide real security executing the same brutal repression tactics at protests. On the other hand, while the owners of fortunes, businessmen and intermediates of every sort are getting richer, the State keeps on boosting prices and insinuates the axing of all basic consumerist items subsidies as dictated by the IMF. The State is also axing unemployment insurance, cutting jobs and calling off all the social gains the masses earned during the early part of the revolutionary movement so that the masses pays the price of the crisis under the mottos of “Commonweal,” “Saving the National Economy,” that is, saving capital from its generalized crisis.

The catastrophic outcome of the revolutionary course so far, has proved the fact that the handing over of what matters us to a bunch of political back scratchers taking advantage of the revolution, either under the motto of “Consensus,” promoted by the Higher Authority For the Fulfillment of the Revolution Objectives, or in the name, or in the name of “Electoral Legitimacy” springing out of the Constituent Assembly, cannot but lead to the reemergence of the same authoritarian regime, with the same economic and social plans, only with different new faces and a new liberal democratic setting which steals the masses’ right to manage its own business submitting it to a handful of bureaucrats and bottom feeders whose only interest is scrambling and fighting for power and sovereignty.

If the revolted masses fail to assure the autogestion of all aspects related to economic, social and administrative life through local self-management councils in districts, towns, counties and villages, and fail to manage all social life aspects through a central Popular Assembly composed of local councils’ members who are elected, assigned and, ousted by communities; if they fail to transform means of labor into social property which are run in a cooperative way according to plans that could be designed by experts under popular supervision so as to guarantee the social production that satisfies real social solidary needs for every member of society and cuts with the capitalist way which puts social energies at stake for the sake of profit and competition; also, if the beaten masses do not initiate a reordering process of police, the military, the judiciary and the public administration on the basis of elections so as to end up with hierarchy and privileges and to impose a popular supervision on these institutions so as they work in the service of the people and cease to be alien organisms imposed in a bureaucratic and authoritarian way; if the masses do not initiate rearranging of big land ownerships into cooperative ownerships supervised by elected councils that work together to liberate the agricultural production from the monopoly of large landowners and orient it to the satisfaction of the people’s real needs so as to cut with all forms of intermediacy, if the people fail to claim its right to choose the convenient production mode of its material and spiritual life in a free and solidarity way through elected local and regional councils, if the masses fail to realize such revolutionary initiatives without the intervention of the least political party, then the political, economic and social system will prevail and produce the same favorable conditions for the crisis which, at the end of the day, in the absence of revolutionary solutions created by the masses, not imposed by political parties’ pre-designed programs, will lead us to the total chaos many people witnessed and anyways will not lead us to the realization of the uprising masses objectives.

Indeed, nothing is going to change if the movement remains limited to protests and demands. Regardless of which political party is in power, the prevailing system has proved its incapacity to satisfy such demands. Hence, the revolutionary movement is today in front of two alternatives: either stepping inside a new phase where masses take the initiative of reorganizing the social, economic and administrative life and impose it as fact, or exhausting its energies on limited sectoral and regional demands which will provide the fighting political elites within the system with enough time to reorganize under the mottos of “Consensus” and “Commonweal,” and to proceed by then to the preparation of a counter-attack that is capable of drowning the country in bloody repression paving the way to one or another political party to invest popular militance to better situate itself within the battlefield of partisan conflict over power.

However, stepping inside a new phase of the revolutionary course requires a most decisive evolution on the level of organizational structures for the movement cannot go forwards if its ranks do not unite and fuse energies against the organized power of the State and its repressive apparatus. All revolutionary groups are confronted with a crucial mission, that of coming out of the current status of balkanization and sort of autism that is based on limited categorization, a status that is keeping them in a marginal position hindering its potential contribution in elevating the masses’ revolutionary efforts.

A simple survey of different groups’ activities born out of the uprising wave unveils the existence of fatal weaknesses that could be summed up to the following:

• Retrogression to small groups with limited logistic and material means, groups of little influence that do not interact with each other thus incapable of creating independent militance themes other than political parties agendas. Indeed, often these groups represent for political parties nothing more than fuel to be invested in conflicts.

• Dependence on and limitedness in regional and sectorial aspects which prevent them from becoming a unified and influential force which make trapping and blocking them an easier task for the State apparatus.

• Its propaganda’s impotence to reach masses due to limited material and logistic means. In this context, apart from social networking sites with little influence or a few occasional activities, we scarcely find any organized publications or widespread inciting pamphlets.

• Absence of alternative modes of information that could break with the monopoly of mainstream media and the incapacity and failure to organize collection of constantly actualized data necessary to provide an inclusive, all-encompassing feedback about the general situation.

• Absence of spaces or institutions for the organization of intergroup discussions that focus on unifying objectives and tactics, a fact that facilitates infiltrations of dead religious ideals and ideologies which gradually turn into barriers dividing revolutionary militants and eventually turning these groups into masked partisan organisms.

• Limitedness to a few social categories (Youth, especially students), which puts large popular sectors outside these groups’ circle of revolutionary efforts. The abandoned masses are again used for the advantage of parties and bureaucratic syndicates which isolate them from the revolutionary movement and orient them towards limited sectorial and reform protests. Worse, they often turn the mobs against protests and encourage conservative attitudes among them.

The mentioned weaknesses, among many others, urge the revolutionary elements to take the responsibility of creating a practical organizational and planning structure that is capable of unifying forces which is the only starting point if we are to overrun the current situation. In this context, we would like to suggest to our comrades the following points that could be represent a unifying general plan of action:

1- Militance for a new economic and social mode that breaks with capitalism and its economic mode that is based on profit and competence. This break cannot be achieved unless the ownership of means of labor necessary for the production of social fortune is not turned into social ownership managed by cooperatives where all members of society contribute on the basis of fair and solidary distribution of efforts and fortunes, and unless production is not oriented towards the satisfaction of people’s real needs not towards the accumulation of profit.

2- Militance against authoritarian State apparatus and its hierarchal structures no matter the form it takes, liberal democratic or fascist totalitarian, theological or progressionist. The objective is the creation of cooperative self-managed administration of communal affairs where every member of society contributes in a direct way without the least political representation or any political quota system. According to historical experiences of revolutionary movement and the lessons deducted from them, the most convenient way is that local autogestion councils in cities, districts, villages and counties secret a national autogestion council through the direct election of delegates who are assigned for predesigned missions and who could be ousted. In this context, our revolutionary tactics are based on supporting and contributing to all spontaneous initiatives taken by revolted masses in order to establish revolutionary councils which mission are the expansion of militance and the imposing a cooperative self-managed authority parallel to the State and its Apparatus.

3- Resistance against all tools of social taming seeking to hold back the massive revolutionary movement within the limits of the prevailing social regime no matter the forms they take whether syndicalist (Bureaucratic Unions), partisan (both ruling and opposing political parties involved in the regime), religious (theocratic parties and religious institutions legitimizing oppression and exploitation), human rights or cultural forms (Associations, Governmental or Non-governmental organizations.) In this context, we support and contribute to any initiative aiming at the creation of free, independent and self-managed social spaces which manage the material and spiritual life of all society members on the basis of liberating beliefs from all sorts of enforcements or constraints either in the name of “Identity” or “Enlightenment,” specially initiatives resisting the division of the revolutionary movement under any religious, sectorial or tribal slogans.

4- Attach to all revolutionary movements fighting global capitalism worldwide for we consider the promotion of international solidarity among revolted masses in the East as well as in the West to be the only practical way of, on one hand, resisting all forms of political and military interventions of global capitalism poles seeking to counteract the revolutionary wave witnessed many countries witness, and preventing, on the other, any attempt to drag workers and all the victims of capitalism to stand behind the rivaling Bourgeoisie poles in the name of “Defending the Nation,” “Spreading Democracy,” “War on Terrorism,” or any other kind of illusory ideological mottos.

هيئات العمل الثوري/حركة عصيان / disobey movement

Traduit de l’arabe (mouvement Désobéissance sur Facebook) par Tahrir-ICN, 6 juillet 2013

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[Révolution égyptienne] Pourquoi les Frères musulmans jettent des adolescents dans le vide

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VOIR LA VIDÉO

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[Chronique de Youv derrière les barreaux] « Y a toujours pire, mais c’est pas une raison de se contenter de ce que l’on a »

http://juralib.noblogs.org/files/2012/09/0513.jpg[24 septembre 2012]
Ma street

Ne cligne pas des yeux c’est pas un décor de cinéma à la Banlieue 13 mais un immeuble HLM véridique à 60 km de la capitale c’est là où j’ai grandi dans ce taudis « les Grags » mon quartier à Mantes-la-Jolie Val-Fourré (78) on s’y est entassés, croisés, respectés, détestés, aimés. On a vu des frères tomber sous les balles, d’autres sortir de prison 100 % fils d’immigrés ouvriers les Occidentaux s’étaient sauvés il y a bien longtemps nous laissant entre nous on a fini par s’autoproduire s’autosuffire voilà mon bout de ciment paix à son âme car il n’existe plus ils l’ont dynamité en espérant nous faire exploser avec… On est fier d’où l’on vient une pensée pour tous les Grags et tous les quartiers de Mantes-la-Jolie au Val-Fourré sans oublier tous les ghettos de France.

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[25 septembre 2012]
Lot de consolation

Il faudrait un orage pour masquer mes larmes. On m’a dit si tu veux des sous, y a la prison qui va avec. Tu veux la vie de rêve, y a souvent le cauchemar qui va avec.

Comme lot de consolation, j’ai appris à nager dans le ciment. Le petit renoi veut devenir roi même sans la fève. Un pied dans l’écriture, l’autre dans la rue, je suis métis de ces deux mondes. Si tu veux me faire plaisir à mon anniversaire, offre-moi un fusil-mitrailleur, ça fane moins vite qu’un bouquet de fleurs. Et si je dois plier, c’est d’une rafale.

Ma tristesse est mon lot de consolation, c’est ma preuve d’humanité. À force de manger des cailloux, j’ai un cœur de pierre. Je ne suis pas un enfant de cette patrie, je ne chante pas la Marseillaise, voilà pourquoi ils m’ont maudit. Je suis le cauchemar de leur nation.

Littérature urbaine, je t’offre un laissez-passer dans mes entrailles, ce que j’écris je le vis. Lis-moi comme un kamikaze juste avant de se faire exploser. Mes valeurs ne s’achètent pas, je ne me brade pas. Je me suis évadé du bateau d’esclaves, boulet aux pieds, j’ai failli couler. En apnée pendant dix ans, je vois enfin la terre promise, et même si c’est un mirage, j’ai pris mes rêves en otage.

J’ai la tête dure, comme les barreaux de cette cellule. Je suis né le même jour que Martin Luther King, est-ce un signe ? Je pense que c’est juste pour me prévenir que le danger vient de l’intérieur, que je vais me faire fumer par mes frères, par ceux pour qui j’aurai donné ma vie.

On se console comme on peut, c’était mon lot de consolation. Y a toujours pire, mais c’est pas une raison de se contenter de ce que l’on a.

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