Le capitalisme agonise, achevons-le

DU MOUVEMENT SOCIAL À L’OFFENSIVE INSURRECTIONNELLE

Le capitalisme s’est tiré une balle dans le pied, coupons-lui la jambe ! Les bourses s’effondrent avec leur monde qui s’écroule, et nous nous en réjouissons. Les banques paniquent sur de l’argent virtuel tandis que les populations crèvent de faim, cela ne nous surprend même plus. Que leur système s’effondre, que leur monde dégueulasse s’écroule, nous en rions avec une joie armée.

Les mouvements sociaux vont se multiplier et se radicaliser, de la Grèce à l’Espagne comme dans toute l’Europe et aux États-Unis. Les années 2010-2012 sont charnières, avec les refleurissements d’insurrections populaires, de mouvements sociaux explosifs, de renversements de gouvernements et de régimes, d’occupations, de grèves sauvages, d’actions directes, dans un contexte d’effondrement financier de l’empire américain et de la dégringolade du capitalisme. À cela les États s’associent pour planifier des plans d’austérité et simultanément des mesures répressives et sécuritaires contre-insurrectionnelles préventives.

L’ennemi sait ce qu’il fait, il l’a toujours su. Il n’y a rien à en attendre, rien à en espérer, rien à en parler sinon de sa chute qu’il s’agit de précipiter.

L’heure est à la coordination et à la solidarité offensive, à l’anticipation et à la préparation, que lors des prochains mouvements sociaux en France comme partout, chaque journée plan-plan syndicale tourne en journées insurrectionnelles comme le 26 mars à Londres. Nous revendiquons la violence insurrectionnelle, pour frapper et faire reculer la police, pour occuper lieux de travail et de consommation, pour bloquer les flux économiques, pour occuper et paralyser les lieux de pouvoir, pour procéder à la solidarité insurrectionnelle en acte : pillage et sabotage, redistribution directe des richesses, Comités Populaires et Assemblées de Quartiers, harcèlements sur les forces répressives. Il n’y aura pas de trêve.

Nous sommes en guerre, pas pour la paix mais la victoire.

L’horreur qui s’allie à l’absurde, telle est et a toujours été l’« actualité » dominante, qui troque le génocide en Afrique par famine et soif planifiées par la découverte de l’eau sur Mars, qui préfère parler de la météo pluvieuse d’été plutôt que la révolution populaire en Syrie ou l’insurrection au Chili réprimées militairement et dans le sang, préfère pleurer sur la récolte de fraises avortée ou au pire de quelques vitrines brisées que de la mort par balles policières de nombre de nos petits frères dans nos rues, des baisses de salaire ou des expulsions-destructions industrielles de vies humaines « sans-papiers ».

De cela, nous ne sommes pas surpris. De cela, nous prenons acte. Et de cela, nous nous auto-organisons pour multiplier les actes de guerre. Alors que le national-socialisme historique ressurgit avec le mouvement rouge-brun, sur fond de leur crise généralisée et du pullulement des Camps de Rétention, nous répliquerons par des groupes de veille et d’autodéfense.

L’heure n’est pas à l’armistice, le ton est de guerre : désormais chaque manif, nous viendrons équipés, avec boucliers, casques, lunettes, masques à gaz, avec des objectifs de terrain et politiques, desquels nous anticiperons la logique répression d’État par des voies de sortie et des options de retraite tactique.

Nous soutenons inconditionnellement toutes les luttes locales qui sont des reflets « nouveaux » en Europe de la guerre sociale contre la société totalitaire-marchande : de Val di Susa qui se bat contre l’implantation capitaliste d’une ligne de TGV rentable aux espaces autonomes en Allemagne ou Hollande rasés pour faire des centres commerciaux et des hôtels haut de gamme, de Notre-Dame-Des-Landes qui se défend contre un projet juteux d’aéroport international aux Tanneries de Dijon.

De l’urgence sociale où les populations crèvent à l’urgence planétaire de la destruction physique de l’éco-système par leurs industries mortifères et la terreur nucléaire, nous ne nous laisserons pas couler avec leur système mais au contraire tisserons des liens de solidarité et de partage pour prévenir la fin de leur monde, développerons et créerons des espaces autonomes et autogérés, nous équiperons et nous coordonnerons défensivement et offensivement, nous entraiderons, nous serrerons les coudes et relevons la tête fièrement et en plein jour.

Plus que jamais, luttons par tous les moyens et solidairement pour un monde sans chef ni frontières, sans domination ni exploitation, sans État ni prison, sans police ni mâtons, sans Pouvoir ni nucléaire, sans spectacle ni salariat.

La guerre sociale continue, encore et toujours.
Solidarité offensive !

Groupe Autonome Pacifisme Armé – 8 août 2011.

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[Troyes (Aube)] Un manifestant CGT poursuivi par la préfecture

 

Guillaume R. est convoqué au tribunal accusé d’avoir dégradé les dorures des grilles de la préfecture. Les syndicats, CGT en tête, organisent la riposte.

Un sentiment d’injustice doublé d’une désagréable impression de répression syndicale. C’est ce qui pourrait résumer l’état d’esprit des militants syndicaux dans le département après les poursuites engagées par la préfecture contre l’un des leurs.

Guillaume R., salarié d’EDF, est convoqué devant le tribunal de grande instance à la fin du mois. Mais même si l’affaire devrait être renvoyée au mois suivant, les poursuites demeurent. Après une plainte de la préfecture de l’Aube, il devra répondre de « dégradation et détérioration des grilles de la préfecture de l’Aube, biens destinés à l’utilité ou la décoration publique et appartenance à une personne publique ». On reproche au militant cégétiste d’avoir dégradé les dorures de la grille de la préfecture et d’avoir endommagé le digicode.

Des chiffons enflammés

Des poursuites engagées des mois après les faits reprochés. Le 28 octobre dernier, comme des milliers d’Aubois, Guillaume R. se trouve dans les rues de Troyes pour manifester contre la réforme des retraites. On est alors au moment où le mouvement arrive à son apogée.

« L’intersyndicale avait son propre service d’ordre car il y avait très peu de policiers pour encadrer le cortège et garantir sa sécurité », se souvient David Morin, secrétaire départemental de la CGT. Mais le 28 octobre quand les manifestants arrivent devant la préfecture de l’autre côté des grilles, les effectifs sont en force pour garantir la sécurité des lieux. Un syndicat avait confectionné des pancartes avec les caricatures des députés aubois. Dans l’action, les pancartes sont enflammées ainsi que des rognures de textile avant d’être jetées de l’autre côté des grilles. Les responsables syndicaux ont vu un policier muni d’un extincteur éteindre les flammèches. « Il n’y a pas eu d’interpellation ce jour-là », note David Morin, « j’ai vu des centaines de manifestants lancer des rognures de textile. Mais je n’ai pas vu Guillaume. »

En revanche, quelques semaines plus tard, l’union départementale CGT est convoquée au commissariat pour une déposition. Elle se contente de reconnaître qu’elle est à l’origine de cette manifestation.

« Le rassemblement de masse, pas le rassemblement de casse »

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Mais l’enquête suit son cours, des photos des manifestants circulent et Guillaume R. est à son tour convoqué au commissariat, entendu, puis poursuivi par la préfecture. Le sang de David Morin ne fait qu’un tour, « je ne comprends pas pourquoi les organisations syndicales ne sont pas poursuivies. Il y a une volonté délibérée de trouver un coupable à tout prix plutôt que d’aller sur le terrain des organisations syndicales. »

Des faits qui inquiètent aussi Manuel Figuereido, responsable du syndicat Mine-énergie de la CGT auquel appartient Guillaume R., « le gouvernement en place essaie de mater et de faire des exemples. C’est la porte ouverte au bâillonnement des salariés. Condamner Guillaume, c’est condamner tous les manifestants. On ne casse rien, on ne tue personne ! Notre objectif c’était le rassemblement de masse, pas le rassemblement de casse ! »

Dès la convocation au tribunal reçue, la mobilisation s’est organisée autour du militant CGT. Une pétition circule pour réclamer « l’abandon de toute procédure judiciaire » orchestrée par le syndicat Mine énergie, relayée ensuite par l’union départementale CGT, elle a été reprise par les organisations syndicales du département. Le comité régional de la CGT s’est également emparé du dossier et promet une action « visible ».

« On ne laissera pas faire et on tiendra sur tous les fronts », annoncent en chœur les deux responsables. « Guillaume ne se considère pas comme un délinquant. Il a usé de son droit de s’exprimer dans la rue et de dire non à une proposition ».

Leur presse (Catherine Hounau, L’Est-Éclair.fr), 3 août 2011.

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Manifestation afghane « contre le harcèlement dans la rue » – 14 juillet 2011

La première manifestation afghane « contre le harcèlement dans la rue » a eu lieu le 14 juillet dernier à Kaboul. À l’initiative de deux associations, une trentaine de femmes, mais aussi quelques hommes, ont parcouru les rues de la capitale pour protester contre la situation des femmes en Afghanistan.

« Cette rue m’appartient aussi. » C’est ce qu’on peut lire sur une des pancartes, raconte la journaliste de Reuters qui a suivi le petit cortège, le 14 juillet, parmi les « rues poussiéreuses de la capitale ». Cette affirmation est loin d’être une évidence dans ce pays qui reste « profondément conservateur » malgré quelques progrès des droits des femmes observés depuis la chute des Talibans en 2001. « La place des femmes est soit dans la maison de leurs maris, soit dans leurs tombes » : Noorjahan Akbar est la fondatrice du mouvement Young Women for Change (YWC), à l’initiative de la manifestation. Dans un texte publié sur le site d’Al-Jazeera elle témoigne de la colère de sa mère, professeure, qui se fait harceler par des hommes de tout âge en rentrant du travail : « c’est comme s’ils pensaient que toute femme travaillant à l’extérieur est forcément une prostituée ».

Sur les vingt femmes interrogées par l’association, 19 ont affirmé avoir été harcelées dans la rue, dont 14 ont été « tripotées, pincées et giflées ». Lorsque cela arrive, la justification est très souvent la suivante : les femmes n’étaient pas habillées décemment. Autrement dit, la victime est responsable.

Ce phénomène n’est pas reconnu comme un problème par le gouvernement afghan. Au contraire, « il encourage ces pratiques implicitement ». Une régulation du mariage va ainsi voir le jour, dictant un code de conduite vestimentaire pour les femmes. Pour Noorjahan Akbar « ces politiques soutiennent la vision du monde des Talibans ». Elle considère le harcèlement comme un moyen de tenir les femmes éloignées de toute participation à la vie publique en les décourageant par la peur de l’agression et, immanquablement, l’usure morale. Dans une interview cette jeune femme de 19 ans affirme que le but de son association est « de combattre la croyance qui veut que la femme n’appartient pas au monde extérieur ». Croyance que l’on retrouve dans ce proverbe afghan : « La place des femmes est soit dans la maison de leurs maris, soit dans leurs tombes ».

Retrait occidental et négociations, des menaces pour le droit des femmes : Le climat actuel inquiète nombre d’associations de défense des femmes en Afghanistan, assure un article de l’IWPR (Institute for war and peace reporting) traduit dans Courrier International. Les négociations actuellement en cours avec les Talibans risqueraient en effet de mettre en cause les droits acquis depuis leur chute, en 2001. Les membres du Haut Conseil se veulent rassurant en affirmant qu’il y aura des « conditions préalables » à un accord. On peut se demander quelles seront ces conditions lorsque, selon l’article, « le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahed, s’est déclaré hostile à l’idée que les droits des femmes soient reconnus par une loi civile ». Pour Noorjahan Akbar, négocier avec les Talibans n’est pas envisageable : « le gouvernement nous demande de pardonner les Talibans. (…) Comment pourrais-je les pardonner d’humilier les femmes ? » Ce qu’il faut, c’est « transmettre le pouvoir aux progressistes, femmes comprises ». Elle se positionne donc en faveur de la présence des États-Unis, à condition qu’ils se donnent cette mission. L’association franco-afghane Negar estime également que le retrait des troupes occidentales est un « abandon concerté au profit du Pakistan et de ses milices talibans ». Seulement, la situation des femmes n’est plus un enjeu pour les forces alliées. Un responsable américain avouait ainsi au Washington Post en mars dernier que « les problèmes de genre vont devoir s’effacer face à d’autres priorités ». Autant dire que les appels au soutien occidental risquent de rester lettre morte.

Collectif libertaire anti-sexiste.

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Coop’equita, l’alimentation autogérée en péril ?

Depuis 2005, à Bordeaux, la Coop’equita rassemble des petit(e)s paysans.annes syndiqué(e)s à la Fédération des travailleurs.euses de la terre et de l’environnement, d’autres syndicalistes de la CNT et divers mangeurs.euses non affilié(e)s autour d’un projet commun de coopérative de vente directe de produits sains [c’est-à-dire cultivés selon les principes de base de l’agriculture biologique (avant qu’elle ne soit récupérée par les industriels), certifiée ou pas] à un prix accessible au plus grand nombre.

Le but de cette coopérative est avant tout la pratique de l’autogestion, à travers la responsabilisation des mang.eur.euse.s, la réappropriation des outils de production et la restauration des liens directs entre product.eur.rice.s et mang.eur.euse.s.

Samedi 23 juillet, la Coop’équita a subi un contrôle. La répression des fraudes, intervenue sur dénonciation semble-t-il, a forcé Clément à souiller 115 kg de viande d’agneau non estampillés par un abattoir, une année de travail, un gaspillage scandaleux dont la suite « répressive » est attendue pour les semaines à venir.

Accompagnés de deux policiers.ères, les deux inspecteurs.rices nous ont également fait casser quatre boîtes d’œufs (parce que le numéro d’élevage ne figurait pas sur les œufs), et ont suspendu la vente de jus de pomme, confitures, miel et autres conserves (pour défaut d’étiquetage). Ils ont enfin prévenu Rita qu’elle serait convoquée pour son activité de transformation de graines germées (sans justification).

Ce communiqué vise à mettre en avant que notre démarche se fonde dans la transparence [la viande saisie avait été commandée par les mangeurs.euses en toute connaissance de cause, le courriel annonçant la livraison précisait en effet pourquoi les animaux n’étaient pas puçés et ne passaient pas par l’abattoir, en demandant aux personnes qui passaient commande de co-assumer les risques liés à l’illégalité de la démarche] et la confiance réciproque qui s’est installée entre les mangeurs.euses et les producteurs.rices au cours de nos échanges hebdomadaires.

En tant que producteurs.trices et en tant que mangeurs.ses nous n’avons, en effet, pas confiance dans les abattoirs industriels, dans les agences françaises de sécurité sanitaire, dans les contrôles sanitaires et les mesures de traçabilité en général. Non seulement parce que ces mesures s’appliquent aux petits paysans.annes et aux particuliers alors qu’elles ne sont justifiées que par la production industrielle [notre souhait étant bien entendu de voir ce système (capitaliste, industriel…) disparaître au profit de structures locales autogérées], mais aussi parce qu’elles n’ont pas permis d’éviter de graves crises sanitaires liées à ce modèle agro-industriel ces dernières années (vache folle, grippe aviaire, E-coli…).

La traçabilité [la traçabilité administrative n’ayant rien à voir ni avec l’identification du côté des éleveurs.euses (un suivi indispensable pour accompagner au mieux ses animaux), ni avec la transparence déjà évoquée] administrative qui prétend se substituer au lien humain est un leurre : elle fonde une sécurité illusoire en nous dépossédant de nos propres capacités d’accompagnement et de gestion. Elle est aussi un prétexte pour renforcer au nom de la « sécurité alimentaire » l’emprise du système industriel sur nos vies, participant d’une volonté de contrôle total (avec la multiplication des puces RFID [Radio Frequency Identification, technologie qui, comme les pesticides entre autres produits mortifères, est issue d’applications militaires], de la biométrie et des nanotechnologies dans la vie quotidienne : éducation, alimentation, transports, communication, supports culturels… partout nos libertés fondamentales sont grignotées au fil des années, sans que l’on voie pour l’instant de réelle opposition). Le puçage électronique des ovins et des caprins, désormais obligatoire, en est le dernier avatar.

Nous refusons cette couteuse traçabilité industrio-normée considérant qu’une production localisée et des circuits de distribution courts sont bien mieux à même d’assurer une sécurité alimentaire aux mangeurs.euses.

Nous revendiquons le droit de prendre nos responsabilités, en tant que paysan.annes éleveur.euse.s et en tant que mang.eur.euses, le droit d’être conscients de notre alimentation et de la maîtriser en direct, sans dépendre d’une administration centralisée déshumanisée et à la solde du secteur agro-industriel (dans l’élaboration des normes notamment). Nous revendiquons le droit à la confiance mutuelle entre mangeurs.euses et éleveurs.euses. Nous refusons le puçage de nos animaux et leur abattage dans les abattoirs industriels.

Il est clair que la visite de contrôle du samedi 23 juillet a parasité le fonctionnement de la coopérative. Cependant, celle-ci ne nous a pas surpris.ses, car, tout en déplorant les éventuelles suites négatives pour Coop’équita, on assume notre démarche et on en revendique la légitimité.

Vous serez tenu(e)s au courant des évolutions de cette affaire, des soirées d’information (sur l’alimentation industrielle et le contrôle social) et de soutien [soutien qui risque d’être nécessaire, puisque outre la perte d’une partie de ses revenus Clément devra certainement faire face à une grosse amende] seront organisées dans les temps à venir.

CNT Syndicat des Travailleurs de la Terre et de l’Environnement Aquitaine Bordeaux, juillet 2011.

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Grèce : « On ne paiera pas »

 

Confrontés à la dure réalité des salaires impayés, des entreprises en faillite et du chômage de masse, les Grecs ont de plus en plus recours à la désobéissance civile. Va-t-on vers une reconfiguration du paysage politique grec ?

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À Thessalonique, parmi les bars élégants qui s’alignent sur le front de mer historique, un restaurant attire les regards. « Rendez-nous notre argent ! », clame une banderole accrochée à la devanture de cette franchise d’Applebee’s [chaîne américaine de restaurants-grills]. À l’intérieur, 12 salariés ont changé les serrures. Ils servent des canettes de bière de supermarché et dorment à tour de rôle sur le sol du restaurant pour protester contre des retards de salaires qui durent depuis plusieurs mois et la fermeture soudaine du restaurant. On a là un nouveau symbole de la crise financière grecque : une grève de serveurs avec occupation des locaux.

Margarita Koutalaki, une serveuse de 37 ans à la voix douce, divorcée et mère d’une fille de 11 ans, a travaillé ici à temps partiel pendant huit ans. Elle gagnait environ 6,50 euros de l’heure. Aujourd’hui, elle a installé son matelas gonflable dans une pièce à l’étage, occupant les locaux tandis que ses parents gardent sa fille.

« On me doit environ 3000 euros de salaires impayés », explique-t-elle, rappelant qu’elle partage le sort d’une multitude de salariés dans toute la Grèce, qui ont plusieurs mois de salaire en retard, leurs entreprises étant en difficulté.

« On nous a d’abord dit qu’on nous paierait le mois suivant, puis la paie s’est arrêtée complètement et on nous a appris par téléphone que le restaurant fermait. Nous travaillons toujours, nous faisons tourner l’entreprise, nous fournissons de la nourriture et des boissons à ceux qui nous soutiennent. Nous avons davantage de clients qu’autrefois. C’est la seule action que nous puissions faire, cela s’est imposé comme une évidence. »

Les serveurs proposent des boissons bon marché et des dîners à prix réduits à ces « indignés », dont le mouvement est apparu il y a quatre mois. Auparavant, cette nouvelle clientèle, souvent gauchiste, n’aurait jamais mis les pieds dans ce bastion de l’impérialisme. Une banderole en anglais appâte les touristes en proposant des souvlakis et des boulettes de viande bon marché « pour soutenir les travailleurs ».

Voilà un mois que la Grèce est paralysée par une grève générale anti-austérité. Ainsi, la place Syntagma, à Athènes, a été le théâtre d’importantes mobilisations, avec des batailles rangées entre la police et les manifestants.

Le mouvement n’a pas faibli pendant les vacances d’été

Les Grecs se méfient plus que jamais de la classe politique et doutent de sa capacité à les sortir de cette crise financière sans précédent. Les sondages font apparaître un mépris grandissant envers tous les partis, ainsi qu’un discrédit du système politique. Le chômage touche 16 % de la population active, atteignant des sommets parmi les jeunes. Ceux qui ont la chance d’avoir encore un emploi ont subi de fortes baisses de salaire, ce à quoi vient s’ajouter l’augmentation des impôts.

Récemment, les médecins et les infirmières se sont mis en grève pour protester contre les coupes budgétaires dans les hôpitaux. Ces deux dernières semaines, les chauffeurs de taxi en grève ont perturbé la circulation dans toute la Grèce, protestant contre l’ouverture de leur secteur à davantage de concurrence. Ils ont notamment bloqué les accès aux ports et occupé le bureau de délivrance des billets pour l’Acropole, laissant passer les touristes gratuitement.

Fait essentiel, le mouvement de désobéissance civile n’a pas faibli pendant les vacances d’été : des citoyens lambda refusent toujours de payer les péages, les tickets, les hausses des honoraires médicaux, etc. Le mouvement « Nous ne paierons pas » se veut l’expression par excellence du « pouvoir du peuple ». Ses organisateurs annoncent que l’offensive pourrait reprendre de plus belle en septembre, lorsque le gouvernement va lancer une nouvelle série de mesures d’austérité.

Sur la route principale Athènes-Thessalonique, tandis que les automobilistes regagnent Thessalonique après un dimanche à la plage, une foule de manifestants en gilets de sécurité orange montent la garde au poste de péage principal menant à la deuxième ville de Grèce. Leurs gilets sont frappés du slogan : « Désobéissance totale ». Ils soulèvent les barrières rouges et blanches et invitent les conducteurs à passer sans payer les 2,80 euros de péage. Sur leurs banderoles, on peut lire : « Nous ne paierons pas », ou encore : « Nous ne donnerons pas notre argent aux banquiers étrangers ». Les automobilistes passent, reconnaissants, certains adressant un signe d’encouragement aux manifestants.

Les partis de gauche ont adhéré

« Nous allons assister à un résurgence de la désobéissance civile à l’automne », nous déclare Nikos Noulas, un ingénieur civil de Thessalonique, dans un café du centre, tout en déroulant une série d’affiches appelant au refus de payer.

Dès le début de l’année, le mouvement battait son plein : les voyageurs étaient invités à resquiller dans le métro à Athènes, les manifestants ayant recouvert les distributeurs de tickets sous des sacs plastiques, et à Thessalonique, les usagers ont pendant longtemps refusé de payer le bus après la hausse du ticket imposée par des sociétés privées subventionnées par l’Etat. D’autres refusent de payer leur redevance de télévision.

Les partis de gauche ont adhéré au mouvement, lui donnant une plus grande visibilité. En mars, plus de la moitié de la population était favorable au principe du refus de payer. Le gouvernement a pourfendu ce qu’il qualifiait de « parasitisme » irresponsable, affirmant que les resquilleurs nuisaient à la réputation du pays et privaient l’État de sources de revenus indispensables. De nouvelles lois contre le resquillage ont été adoptées et la police a sévi.

« C’est le début d’un divorce entre les Grecs et leurs responsables politiques, affirme l’écrivain Nikos Dimou. Dans tous ces mouvements, on retrouve un même ras-le-bol de la classe politique ». À Thessalonique, les esprits sont particulièrement échauffés. Fin juillet, les « indignés » ont dû replier les tentes qu’ils avaient déployées sur la place Syntagma, mais la Tour blanche de Thessalonique, située sur le front de mer, est toujours entourée de tentes et tendue de banderoles affichant « À vendre » et « Pas à vendre ».

« La Grèce vit un tournant de son histoire politique »

Il faut dire que le nord de la Grèce a été particulièrement frappé par la crise. Des entreprises ont commencé à mettre la clé sous la porte avant même le début de la débâcle financière. Résultat, l’activité économique est au point mort, et la mairie de Thessalonique a même pu afficher une nette amélioration de la qualité de l’air dans cette ville jusqu’alors congestionnée. Le 10 septembre, quand le Premier ministre grec Georges Papandréou se rendra à la célèbre foire internationale de Thessalonique pour présenter ses nouvelles mesures économiques, il sera accueilli par des manifestations.

Les indignés de Thessalonique pratiquent le flash-mobbing (mobilisations éclair), notamment devant des banques ou des bâtiments publics. Leur dernière cible a été le consulat d’Allemagne, devant lequel des dizaines de manifestants ont scandé des slogans et peint les trottoirs à la bombe, exigeant de l’Union européenne un plus gros effort, tandis que des policiers en civils se contentaient de regarder.

Antonis Gazakis, professeur de langue et d’histoire, affirme qu’il est frappé de voir qu’aujourd’hui le mouvement fait de nouvelles recrues, issues de toutes les tendances politiques, certains manifestants [de la Tour blanche] n’étant liés à aucun parti et ne s’étant jamais mobilisés auparavant. Ils veulent tous participer pleinement à ce débat sur les moyens de renouveler un système politique et parlementaire qu’ils jugent corrompu. « La Grèce vit un tournant de son histoire politique, assure Gazakis. C’est pourquoi je compte bien rester ici cet été. La dernière fois que le peuple est descendu dans la rue pour exiger un changement de constitution d’un telle importance, c’était en 1909. C’est une occasion idéale, un changement de modèle. La Grèce s’est réveillée. »

Leur presse (Presseurop), 5 août 2011.

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Lutte étudiante au Chili

Chili : La lutte étudiante continue et l’État répond en montrant son vrai visage avec des mesures dignes de l’ère Pinochet

Au Chili, la lutte des étudiants pour la gratuité de l’éducation, contre la marchandisation de la vie et l’ombre de Pinochet continue alors qu’une nouvelle journée de manifestations et de grève nationale était appelée pour le 4 août. L’État a répondu en niant officiellement le droit de toute manifestation à travers le pays.

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À Santiago, les flics ont fermés les rues menant à la Plaza Italia où la manifestation devait avoir lieu. Quiconque ayant l’air jeune s’est fait systématiquement fouillé. Les porcs, stationnés dans les stations de métro, ont refusé l’accès aux jeunes pendant que d’autres sont entrés dans les bus pour fouiller les « étudiants ». Comme le droit de manifester a été refusé, le peuple a confronter les porcs dans les rues à travers le pays en lançant des pierres, des bâtons, des bombes de peinture et des Molotovs et en érigeant des barricades spontanées pour ensuite s’échapper, se réunir ailleurs et recommencer. Les batailles de rues ont duré tard dans la nuit, surpassant tout autre jour de manifestation « autorisé », où les choses se calmaient dans l’après-midi. Encore une fois les banques, multinationales et grandes entreprises on été la cibles de vandalisme et de sabotage. Vers 21 heures, suite à l’appel à des « cacerolazos » (manifestations de bruits avec des casseroles communes au temps de la dictature militaire), des milliers de personnes ont répondu avec leurs casseroles depuis la rue ou leurs fenêtres et balcons. Plusieurs personnes ont commenté pendant la journée que c’était comme s’ils revenaient aux jours de la dictature militaire. Parallèlement le soutien envers le gouvernement est en chute libre.

Dans la matinée, des représentants du gouvernement ont confirmé 874 arrestations et 90 porcs blessés.

Anonymous d’Amérique latine a également participé à la solidarité en faisant tomber les sites de CNN Chili, le Sénat chilien et le métro de Santiago et a annoncé que les actions se poursuivent avec l’opération #OpChile.

La réponse de solidarité internationale a déjà commencé avec des manifestations en Argentine, au Pérou et au Mexique.

Le lendemain, de nombreux étudiants se sont barricadés dans les différentes écoles et universités déjà occupées depuis plusieurs semaines, suite à des rumeurs voulant que le gouvernement prévoit de les déloger de force sous peu. Les cacerolazos ont continué durant la journée et des étudiants ont aussi occupé l’édifice d’une chaîne de télé universitaire.

SabotageMedia, 5 août 2011.

 

Répression du mouvement pour l’éducation au Chili

Jeudi 4 août, Valparaiso, 23h – Ayant vu passer peu d’infos en français sur les évènements actuels au Chili, je me permets de publier ce texte, qui vise à vous donner une idée de ce qui se passe ici…

LE CONTEXTE : UNE MOBILISATION MASSIVE ET DURABLE DU SECTEUR DE L’ÉDUCATION

Les étudiants et lycéens, mobilisés depuis trois mois pour le droit à l’éducation, subissent une répression qui ne cesse de s’intensifier. Leur principale revendication est la création d’un véritable service public d’éducation, gratuit et de qualité, mettant fin au profit dans le secteur éducatif et à l’endettement comme passage obligé pour financer leurs études.

Leur mouvement a connu plusieurs journées de manifestations d’une ampleur inédite depuis le départ du dictateur Pinochet en 1990, auxquelles s’ajoutent les occupations d’universités et de lycées, et d’innombrables actions dans tous le pays : flash-mob chorégraphique face au palais présidentiel de La Moneda ; course de relais autour de ce même palais, d’une durée de 1800 heures, correspondant aux 1800 millions de dollars annuels qui permettraient de garantir l’éducation gratuite ; die-in ou assemblées sur la voie publique ; tentatives d’installation de campement à la manière « Puerta del Sol » ; blocage des principaux axes des villes avec des barricades…

Le gouvernement a donc dû faire des propositions, et a même fait quelques pas timides vers une réforme de la Constitution afin d’y inscrire le droit à l’éducation… Mais les réponses restent largement en-deçà des exigences portées par le mouvement : saupoudrage de quelques bourses et facilitation des prêts étudiants (encore ! ), jeu avec les chiffres pour des crédits supplémentaires dont on ignore sur combien de temps ils s’étalent (méthode éprouvée en France par Valérie Pécresse, vague promesse d’un meilleur contrôle sur les profits des établissements privés — qui rappelle celle de moraliser l’industrie financière…

Ce qui se passe ici est important et sûrement historique, par l’ampleur de la mobilisation, sa diversité et ses différentes « radicalisations »… Par la violence de la répression… Mais aussi en raison de l’importance des débats, qui au-delà du droit à l’éducation — déjà crucial — interrogent la répartition et l’utilisation des richesses (notamment celles issues des activités minières) et la représentativité d’un système politique largement hérité du régime pinochetiste. Petit détail : un sondage sorti hier donne 26 % d’opinion favorable au Président Piñera, le résultat le plus bas depuis le retour à la « démocratie ».

Les étudiants ont reçu l’appui d’autres secteurs mobilisés, comme les employés portuaires menacés par une réforme centralisatrice qui risque de détruire de nombreux emplois, ou les mineurs qui demandent la renationalisation du cuivre (comme l’avait fait Allende).

RÉPRESSION ET RÉACTIONS SPONTANÉES

La mobilisation se poursuit donc, et de nombreuses manifestations avaient lieu aujourd’hui dans tout le pays. Mais le gouvernement est passé à un nouveau stade de répression, et a décidé d’interdire les manifestations, en particulier dans le centre de Santiago. Ainsi, les lycéens qui ont tenté de se réunir ce matin pour manifester dans la capitale se sont heurtés à un millier de policiers, leur empêchant l’accès à l’emblématique Plaza Italia. S’en sont suivis de violents affrontements, dans une ville en état de siège, qui ont débouchés sur de nombreuses arrestations dans une pluie de gaz lacrymogènes et de coups de matraque.

À Valparaiso, les flics ont empêché les manifestants d’avancer vers le Congrès national, barrant la route avec de nombreux véhicules tirant eau et gaz lacrymogènes. Comme lors des manifestations précédentes, les manifestants ont alors occupé les avenues principales du centre-ville, parfois accompagnés d’une fanfare bon-enfant, à d’autres endroits en élevant des barricades. Les policiers les ont délogé violemment mais ont connu quelques problèmes d’effectifs, recevant même en fin d’après-midi l’appui de la police militaire chargée de protéger le port…

À 18h30, une seconde manifestation était prévue à Santiago, appelée par les étudiants et professeurs. Elle était également interdite, et la tension est montée d’un cran : les étudiants qui tentaient de rejoindre la Alameda (avenue centrale de Santiago) afin de manifester, ont été repoussés par la police avec des grenades lacrymogènes en grande quantité. Depuis, des barricades s’élèvent sur les grandes artères de la capitale.

Un groupe d’étudiants (plus de 200) a occupé pendant une heure les locaux de la chaîne Chilevision, qui appartenait au président Piñera jusqu’à son élection. Ils ont été délogé par la police à l’instant. Le nombre officiel d’arrestations dans tout le pays s’élève maintenant à 552, et les autorités annoncent également 29 policiers blessés.

Un groupe de députés et sénateurs de l’opposition parlementaire (communistes, socialistes et démocrates-chrétiens) annonce un recours constitutionnel contre le ministre de l’Intérieur, pour la violation des libertés de réunion, de manifestation et d’expression.

21H00. Les étudiants ont appelé dans la soirée à un « cazerolazo » et de nombreux habitants de la capitale font du bruit avec poêles et casseroles, dans la rue ou par les fenêtres… La même scène se déroule à Valparaiso et probablement dans d’autres villes du pays : les gens sortent spontanément, souvent en famille, pour manifester leur refus face à la répression et soutenir le mouvement. Cette forme de mobilisation rappellent les années de dictature, où elle était utilisée par la population pour exprimer son mécontentement depuis les fenêtres malgré les interdictions de manifester.

22h30. Les barricades brûlent encore dans Santiago, ainsi qu’un grand magasin. Dans le centre, les lacrymos rendent l’air irrespirable, et les ambulances évacuent des personnes évanouies.

ÀA Valparaiso, en début de soirée, une centaine d’étudiants a essayé de manifester en direction du Congrès, et s’est heurtée à la police.

Indymedia Paris, 5 août 2011.

 

La jeunesse chilienne est dans la rue

Manifestations interdites, nombreuses arrestations : les étudiants ont lancé jeudi soir un ultimatum de six jours au gouvernement pour des propositions « sérieuses, concrètes et cohérentes ».

Le gouvernement de droite de Sebastian Pinera vit sa crise sociale la plus grave depuis son arrivée au pouvoir en mars 2010, avec l’explosion du malaise structurel de l’éducation au Chili: un système à deux vitesses, dont le pan public est le parent pauvre de la réussite économique du pays depuis 20 ans.

C’est dans ce contexte que des manifestations monstres, en juin, ont réuni jusqu’à 80.000 personnes, les plus spectaculaires depuis le retour de la démocratie au Chili en 1990.

Étudiants, lycéens et enseignants, qui réclament de l’État des moyens accrus pour l’enseignement public et supérieur, avaient annoncé deux manifestations pour jeudi. Le gouvernement n’a pas autorisé ces marches, un refus perçu comme une « provocation » par les manifestants.

Plus de 550 personnes ont été interpellées jeudi dans plusieurs villes du Chili, lors de heurts répétés entre étudiants et forces de l’ordre au cours d’une nouvelle journée de mobilisation étudiante, la plus violente d’une crise qui s’envenime depuis trois mois.

La majorité des personnes interpellées (284) l’ont été à Santiago, pour « trouble à l’ordre public, ports d’armes ou de matériel explosif », a précisé le vice-ministre de l’Intérieur Rodrigo Ubilla,

À Santiago, les violences sont survenues en deux temps en une journée chaotique. Dans la matinée, la police a usé de gaz lacrymogènes et de lances à eau, pour disperser une manifestation naissante Plaza Italia, et dégager des carrefours névralgiques que des étudiants paralysaient avec des barricades de pneus enflammés.

Le calme était revenu en milieu de journée dans le centre de la capitale, patrouillé par des policiers à cheval et des fourgons anti-émeutes.

Mais les troubles ont repris en soirée, quand la police a empêché la tenue d’une seconde manifestation non autorisée. Un groupe de 200 étudiants a brièvement occupé les studios de la télévision privée Chilevision, exigeant de passer en direct, avant de quitter les lieux une fois un message enregistré.

« Les étudiants ne sont pas propriétaires des rues », s’est exaspéré le porte-parole du gouvernement Andres Chadwick.

Les étudiants ont lancé jeudi soir un ultimatum de six jours au gouvernement pour des propositions « sérieuses, concrètes et cohérentes ».

Le président Pinera a vu sa côte de popularité chuter à 26 % d’opinions favorables, selon un sondage publié jeudi : un seuil record qui fait delui le président le plus impopulaire depuis le retour de la démocratie en 1990.

EITB, 5 août 2011.

 

Chili/mobilisation : 550 arrestations

Plus de 550 personnes ont été interpellées hier dans plusieurs villes du Chili, lors de heurts répétés entre étudiants et forces de l’ordre au cours d’une nouvelle journée de mobilisation étudiante, la plus violente d’une crise qui s’envenime depuis trois mois.

Pas plus de 5.000 personnes ont pris part aux manifestations, à Santiago et dans une dizaine de villes, mais « on a atteint le total de 552 interpellations et 29 policiers blessés, dont un dans un état grave », a annoncé à la presse en soirée le vice-ministre de l’Intérieur Rodrigo Ubilla, selon qui il n’y avait pas de « civils blessés ». La majorité des personnes interpellées (284) l’ont été à Santiago, pour trouble à l’ordre public, ports d’armes ou de matériel explosif, a précisé M. Ubilla.

Cette journée d’action étudiante, la huitième depuis le début des mobilisations en mai, a été de loin la plus violente, mais la moins suivie. Des manifestations monstres, en juin, ont réuni jusqu’à 80.000 personnes, les plus spectaculaires depuis le retour de la démocratie au Chili en 1990. Etudiants, lycéens et enseignants, qui réclament de l’Etat des moyens accrus pour l’enseignement public et supérieur, avaient annoncé deux manifestations pour hier. Le gouvernement n’a pas autorisé ces marches, un refus perçu comme une « provocation » par les manifestants.

À Santiago, les violences sont survenues en deux temps en une journée chaotique. Dans la matinée, la police a usé de gaz lacrymogènes et de lances à eau, pour disperser une manifestation naissante Plaza Italia, et dégager des carrefours névralgiques que des étudiants paralysaient avec des barricades de pneus enflammés. Le calme était revenu en milieu de journée dans le centre de la capitale, patrouillé par des policiers à cheval et des fourgons anti-émeutes.

Les troubles ont repris en soirée, quand la police a empêché la tenue d’une seconde manifestation non autorisée, a constaté l’AFP. Un groupe de 200 étudiants a brièvement occupé les studios de la télévision privée Chilevision, exigeant de passer en direct, avant de quitter les lieux une fois un message enregistré. Le gouvernement avait interdit les manifestations en estimant le temps du dialogue venu, après une série de propositions transmises lundi, notamment sur des bourses accrues et des crédits avantageux aux étudiants, dont la majorité s’endettent pour étudier. Propositions rejetées comme « insuffisantes ». « Les étudiants ne sont pas propriétaires des rues », s’est exaspéré le porte-parole du gouvernement Andres Chadwick.

Le gouvernement de droite de Sebastian Pinera vit sa crise sociale la plus grave depuis son arrivée au pouvoir en mars 2010, avec l’explosion du malaise structurel de l’éducation au Chili : un système à deux vitesses, dont le pan public est le parent pauvre de la réussite économique du pays depuis 20 ans. Le président Pinera a vu sa côte de popularité chuter à 26 % d’opinions favorables, selon un sondage publié hier : un seuil record qui fait de lui le président le plus impopulaire depuis le retour de la démocratie en 1990.

Une image dans les rues de Santiago a d’ailleurs rappelé hier l’ère des manifestations contre la dictature Pinochet: des habitants qui exprimaient leur soutien aux manifestants en tapant sur des casseroles, de leur fenêtre ou sur le pas de leur porte. Les étudiants ont lancé hier soir un ultimatum de six jours au gouvernement pour des propositions « sérieuses, concrètes et cohérentes ». Ils réclament en particulier des garanties constitutionnelles sur une éducation publique gratuite et de qualité. « On n’impose pas ainsi au gouvernement », a répliqué M. Chadwick.

Leur presse (Agence Faut Payer), 5 août 2011.

 

Les étudiants maintiennent la pression

Entre 5000 et 10’000 personnes ont manifesté dimanche 7 août dans le centre de Santiago malgré l’interdiction gouvernementale, relate le quotidien chilien La Nación.

La contestation étudiante est très forte depuis près de trois mois au Chili. Les étudiants réclament un accès plus facile à l’université, alors que le système demeure très inégalitaire. Il y a deux semaines, le président conservateur Sebastián Piñera a été forcé de remanier plusieurs postes clés de son gouvernement pour contrer la colère des étudiants, mais aussi celle des ouvriers, des écologistes et même des militants homosexuels. Malgré ces mesures, la contestation ne faiblit pas.

Jeudi 4 août, 874 personnes ont été arrêtées lors d’une manifestation interdite par le ministère de l’Intérieur. Le 7 août, la manifestation s’est déroulée dans le calme. Les étudiants ont appelé à défiler à nouveau mardi 9 août. La Nación salue « ce réveil de la citoyenneté ». « La population, contrairement à d’autres époques [la dictature de Pinochet, de 1973 à 1990], formule ses demandes et s’attend à ce qu’on l’entende », écrit le journal, qui souhaite néanmoins que les contestataires ne perdent pas de vue le débat principal, à savoir la réforme de l’éducation.

Leur presse (Courrier international.com), 8 août 2011.

Publié dans Éducation, La liberté est le crime qui contient tous les crimes | Marqué avec | Un commentaire

[Londres] Émeutes et pillages à Enfield, Brixton, Dalston et Walthamstow

Grande-Bretagne : des centaine d’arrestations suite aux violences

Vingt-quatre heures après de violentes émeutes dans le quartier multiethnique de Tottenham, « des actes criminels inspirés » par ceux de la nuit précédente ont été perpétrés dans le nord, l’est et le sud de Londres par de « petits groupes mobiles », a précisé la police londonienne dans un communiqué. Des jeunes s’en sont pris directement aux forces de l’ordre et ont endommagé des véhicules de police. La centaine d’arrestations s’ajoutent aux 61 interpellations effectuées après les émeutes de Tottenham.

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Vingt-quatre heures après de violentes émeutes dans le quartier multiethnique de Tottenham, « des actes criminels inspirés » par ceux de la nuit précédente ont été perpétrés dans le nord, l’est et le sud de Londres par de « petits groupes mobiles », a précisé la police londonienne dans un communiqué.

Des jeunes s’en sont pris directement aux forces de l’ordre et ont endommagé des véhicules de police. La centaine d’arrestations s’ajoutent aux 61 interpellations effectuées après les émeutes de Tottenham.

« Au moins » neuf membres des forces de l’ordre au total ont été blessés durant cette nouvelle nuit de violence, dont trois après avoir été heurtés par un véhicule roulant à vive allure. Trente-cinq au total ont été blessés depuis le début de ces émeutes, a dit la police, qui s’est dite « choquée par cet incroyable niveau de violence à leur encontre ». Le calme semblait être revenu en tout début de matinée.

Ces troubles ont éclaté dans la foulée d’une manifestation samedi soir pour réclamer « justice » après le décès d’un homme de 29 ans, Mark Duggan, tué jeudi lors d’un échange de tirs avec la police à Tottenham.

« Ceux qui sont responsables de la violence et des pillages devront faire face aux conséquences de leurs actes », a dit la ministre de l’Intérieur Theresa May, promettant « de nouvelles arrestations ».

Leur presse (ats), 8 août 2011.

 

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Nouvelle nuit de violences dans le nord de Londres

Après une nuit d’émeutes particulièrement violentes dans le quartier de Tottenham, Londres a connu une nouvelle nuit de violences, dimanche 7 août, mais d’une bien moindre ampleur. Les affrontements entre jeunes et policiers ont eu lieu à Enfield, à quelques kilomètres au nord de Tottenham. Plusieurs personnes ont été arrêtées, selon la police.

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Dans la nuit de samedi à dimanche, des émeutiers armés de cocktails Molotov avaient semé le chaos à travers le quartier de Tottenham, incendiant véhicules de police, bâtiments, magasins et un autobus à impériale. Il s’agit des pires incidents que la capitale britannique ait connus depuis des années.

Selon The Guardian, les affrontements de dimanche soir ont rassemblé une centaine d’adolescents et ils étaient visiblement plus organisés que la veille. La police a rapidement dispersé les groupes de jeunes aux alentours de 23 heures. « Quiconque croit pouvoir profiter des événements de la nuit dernière pour commettre de nouveaux délits aura affaire à nous », a déclaré la chef de la police, Christine Jones.

Les premières violences du week-end ont éclaté dans la foulée d’une manifestation organisée samedi soir pour « réclamer justice » après la mort d’un homme de 29 ans, Mark Duggan, tué par la police à Tottenham.

Leur presse (Le Monde.fr), 8 août 2011.

 

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Nouveaux pillages à Londres

Les incidents font suite aux violentes émeutes de samedi soir qui ont choqué la capitale britannique.

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De nouveaux incidents ont eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi dans plusieurs quartiers de Londres où des groupes de jeunes ont harcelé la police et où des magasins ont été pillés. À Brixton (sud), des centaines de personnes ont participé au pillage d’une grande surface de matériel électrique et des groupes de jeunes jetaient des projectiles sur les forces de l’ordre.

Selon Scotland Yard, des pillages ont eu lieu dans plusieurs quartiers, « inspirés » par les émeutes de la nuit de samedi à dimanche à Tottenham, un quartier multiethnique où des véhicules et des bâtiments avaient été incendiés, des magasins pillés et 29 personnes blessées au cours des pires incidents que la capitale britannique ait connus depuis des années. Par ailleurs, un groupe d’une cinquantaine de jeunes a causé des dommages à Oxford Circus, dans le cœur du Londres touristique, selon la police.

Plusieurs personnes ont été arrêtées au cours de ces nouveaux incidents — 55 avaient déjà été interpellées samedi — et des renforts de police ont été déployés. Trois policiers ont été hospitalisés après avoir été percutés par un véhicule. « C’est une situation difficile avec de petites poches de violence, des pillages et des désordres qui se déclenchent dans plusieurs quartiers », a résumé Christine Jones, de la police londonienne. Les premiers troubles avaient éclaté dans la foulée d’une manifestation samedi soir pour réclamer « justice » après la mort d’un homme de 29 ans, Mark Duggan, tué jeudi lors d’un échange de tirs avec la police à Tottenham.

Leur presse (Le Point.fr), 8 août 2011.

 

Seconde nuit de violence à Londres – organisée cette fois

Un certain nombre d’indices dans la nuit de dimanche à lundi laisse à penser que quelques évènements de la seconde nuit d’émeutes faisaient partie intégrante d’un plan bien orchestré, alors que de violentes perturbations éclataient sporadiquement en plusieurs endroits de la capitale.

La police anti-émeutes a été déployée dans la ville pour faire face aux troubles à Enfield, six miles au nord de Tottenham, tandis que des pillards saccageaient des magasins à Brixton.

Les évènements d’Enfield, rappelant les incidents de la nuit de samedi, étaient moins importants, et commencèrent aux alentours de 19h.

Les adolescents regroupés sur St Andrews Road – dont il a été dit qu’elle a été une destination prévue – ont cassé les murs des terrasses de la rue, ce qui leur a permis de ramasser des briques à lancer sur la police. Environ une douzaine de boutiques ont été mises à sac et une voiture de police a été détruite sur Church Street. La police anti-émeutes s’y est rendue afin de sécuriser la zone ainsi que la gare.

Peu après 20h30, une foule d’environ 100 personnes, principalement des adolescents, a pillé une bijouterie. Quand la police arriva moins d’une minute plus tard, la scène fut chaotique, avec un grand nombre de gens frappés à coups de matraques et attaqués par des chiens.

Mizu Rahman, habitant de 34 ans, a dit qu’un officier de police en civil lui avait dit aux environs de 14h qu’il possédait des renseignements attestant de l’imminence des troubles. « L’officier est venu dans la rue nous prévenir qu’il y aurait des troubles, » dit-il. « Il m’a montré sa plaque. Il a dit, « Vous vivez ici ? » J’ai répondu oui. Il a dit « St Andrews Road sera la ligne de front ce soir ».

Il n’y avait aucune raison apparente que des émeutes éclatent à Enfield, situé dans la banlieue nord de Londres.

Rahman, un ingénieur, a dit qu’il avait vu un message sur Facebook disant qu’Enfield serait la « prochaine sur la liste de frappe ».

À 21h30, la police municipale et des renforts venus du Kent commencèrent à faire d’Enfield tout entier une zone vide. Des centaines de policiers anti-émeutes arrivèrent avec vans et chiens, chargeant des groupes d’adolescents qui s’étaient regroupés dans les rues adjacentes. Ils détruisirent voitures et vitrines de magasin tandis qu’ils fuyaient.

Quelques adolescents savaient exactement où ils allaient, disant que le plan était d’aller à Ponders End. Une large foule de jeunes a ensuite couru vers l’est, attaquant une épicerie et des magasins. Parmi eux un entrepôt fermé de Tesco Extra. Les employés à l’intérieur ont dit avoir entendu des vitrines se briser alors que des dizaines de jeunes envahissaient l’entrepôt. « Ils sont partis en emportant TV, alcool – ils ont fait leurs courses », rapporte un employé du supermarché.

Contrairement à la nuit précédente, la police anti-émeute était présente en très grand nombre. Leur attitude fut également plus agressive, avec des charges à la matraque et l’usage de chiens pour disperser les foules.

À 23h, sur une route à proximité appelée Elizabeth Ride, un jeune homme a été poignardé sous le bras. Il a pu marcher jusqu’à une ambulance mais ses amis refusèrent de parler à la police et disparurent, criant : « Pourquoi voudrions-nous parler aux flics ? C’est à cause de vous que tout cela arrive. »

Parmi les preuves que les habitants étaient contre les émeutiers, une jeune femme, d’environ 20 ans, en larmes, criant : « Qu’est ce que vous faites ? C’est comme ça que vous rendez hommage à Mark ? Est-ce ça qu’il aurait voulu ? »

Le chef du conseil d’Enfield, Doug Taylor, a dit croire que les troubles ici étaient liés aux évènements de Tottenham. Il dit : « Il doit y avoir une raison à cette propagation, comme c’est le jour suivant et que la police est vraiment bien organisée à Tottenham, peut-être que cela a été vu comme l’occasion de s’offrir une seconde nuit. »

À Brixton, des foules de gens assistant à un festival diurne se comportèrent correctement mais aussitôt la nuit tombée des bandes de jeunes mirent à sac plusieurs magasins. Des filiales de Vodafone, Footlocker et H&M furent ciblées par les pillards, qui s’enfuirent en scooters et voitures. La police anti-émeutes a repoussé les gens en haut de Brixton Hight Street aux alentours de 1h.

Ailleurs, il y eut des rapports de débordements incluant Dalston et Walthamstow.

La députée travailliste de ces zones, Stella Creasy, a annoncé que des branches d’Argos, BHS et Barclays furent attaquées, pendant que des habitants en colère disaient que des pillards leur ont demandé où se trouvaient magasins et banques.

La police municipale annonçait sur Twitter dans la nuit de dimanche : « La police fait actuellement face à une vague significative de criminalité à travers Londres et est en train de déployer des agents pour la contrer. »

 

Second night of violence in London – and this time it was organised

Police deployed to deal with trouble in Enfield and Brixton, plus reports of disturbances in Dalston and Walthamstow.

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Riot police attend the scene of a break-in at a Sainsbury’s supermarket in Enfield, north London

There was mounting evidence on Sunday night that some of the second night of rioting in London was part of an orchestrated plan, as violent disturbances broke out sporadically across parts of the capital.

Police in riot gear were deployed across the city to deal with trouble in Enfield, six miles north of the site of riots in Tottenham, while looters later pillaged shops in Brixton.

The scenes in Enfield, while reminiscent of Saturday night’s clashes, were smaller in scale, and they took place from about 7pm.

Teenagers gathered on St Andrews Road – said to have been a preplanned destination – broke down walls on terraced streets so they could collect bricks to throw at police. About a dozen shops were ransacked and a police car smashed on Church Street. Riot police moved in to secure the area and train station.

Shortly after 8.30pm, a crowd of about 100 mainly teenage boys broke into a jewellery store. When police arrived less than a minute later, there were chaotic scenes, with a number of people struck with batons and attacked by dogs.

Resident Mizu Rahman, 34, said a plainclothes police officer had told him at around 2pm that there was intelligence that disorder was imminent. “The officer came down the street warning us there would be trouble,” he said. “He showed me his ID. He said, ‘Do you live here?’ I said yes. He said, ‘St Andrews Road is going to be the frontline tonight’.”

There was no obvious reason why the rioting should have spread to Enfield, which is in the outskirts of north London.

Rahman, an engineer, said he had seen a message on Facebook that Enfield would be “next on the hitlist”.

At 9.30pm, Met police and reinforcements from Kent began turning the whole of Enfield into a sterile area. Hundreds of riot police arrived with vans and police dogs, charging at groups of teenagers, who melted into sidestreets. They smashed cars and shop windows as they ran.

Some teenagers knew exactly where they were heading, saying the plan was to go to Ponders End. A large crowd of youths then sprinted west, attacking a retail park and shops. Among them was a closed Tesco Extra store. Workers inside described hearing windows smashing as dozens of youths poured into the store. “They left carrying TVs, alcohol – they were stuffing trolleys,” said one supermarket worker.

Unlike the previous night’s disturbances, riot police were on the scene in large numbers. Their stance was also more aggressive, with baton charges and dogs used to disperse crowds.

At 11pm, on a nearby road called Elizabeth Ride, a young man was stabbed under the arm. He could walk to an ambulance but his friends refused to talk to police and disappeared, shouting: “Why would we talk to feds? You’re the reason this is happening.”

Amid evidence that locals were turning against the rioters, one young woman, aged about 20, was in tears, shouting: “What are you doing? Is this how you pay your respects to Mark? Is this what he would have wanted?”

The leader of Enfield council, Doug Taylor said he believed disturbances there were linked to events in Tottenham. He said: “There’s got to be a link to that extent that it’s the day after and the police are hugely well organised in Tottenham so maybe this was seen as the place to have a second night.”

In Brixton, crowds attending a daytime festival were good-natured but gangs of youths ransacked shops in the area as darkness fell. Branches of Vodafone, Footlocker and H&M were all targeted by looters, who made off in scooters and cars. Police in riot gear were pushing people up Brixton High Street at around 1am.

Elsewhere, there were reports of disturbances in areas including Dalston and Walthamstow.

The latter area’s local Labour MP, Stella Creasy, said that branches of Argos, BHS and Barclays were all attacked, while angry locals said that looters asked them for directions to shops and banks.

The Metropolitan police said on Twitter on Sunday night: “Police are responding to a significant amount of criminal activity across London and are deploying officers to tackle it.”

Leur presse (Paul Lewis, Matthew Taylor & Ben Quinn – The Guardian), 8 août 2011.

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[La Roche-sur-Yon] PS Vinci complices – Non à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes

La Roche-sur-Yon (Vendée) : la fédération socialiste couverte de tags

Dans la nuit de mercredi à jeudi, le siège du Parti socialiste a été tagué. L’immeuble de la rue de Verdun a reçu dix impacts d’œufs remplis de peinture verte, avec des inscriptions « PS Vinci complices » ou « Non à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ».

Sylviane Bulteau, la première fédérale, qui a porté plainte au commissariat de La Roche-sur-Yon, dénonce ces actes de vandalisme, qui « décrédibilisent totalement l’action de ceux qui s’opposent pacifiquement » au projet de nouvel aéroport. Après les incidents vécus à Nantes, la semaine dernière, Jacques Auxiette pointe « un climat délétère » et souhaite que « le droit s’applique de manière sévère ».

Leur presse (Ouest-France.fr), 4 août 2011.

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Émeutes suite à un assassinat policier à Tottenham

Londres : nuit d’émeutes à Tottenham

Des bâtiments en feu, des voitures de police et des bus incendiés… Le nord de Londres s’est embrasé hier soir, deux jours après la mort dans une altercation avec la police d’un homme de 29 ans.

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Tottenham, le quartier multi-ethnique et pauvre du nord de Londres surtout connu pour son club de football, a vécu une nuit de violences.

C’est une marche en mémoire d’un homme de 29 ans qui a dégénéré. Mark Duggan, père de 4 enfants, avait été abattu jeudi par la police lors d’une altercation. Des manifestants se sont rassemblés hier après-midi à proximité du commissariat de Tottenham pour demander justice.

Les échauffourées ont débuté à la tombée de la nuit pour se transformer en véritables émeutes au fil des heures. Selon le quotidien britannique The Independent, vingt-six officiers de police ont été blessés dans les affrontements et huit ont été hospitalisés. Quarante-deux personnes auraient été interpellées.

Dans un quartier transformé en véritable champ de bataille, la police essayait ce matin de reprendre la main.

Leur presse (Le Progrès.fr), 7 août 2011.

 

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Londres se relève de sa pire émeute depuis des années

La poussière retombe à Londres après des émeutes qui ont violemment secoué le quartier Tottenham dans la nuit de samedi à dimanche.

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Le calme était de retour dans les rues dimanche matin, la police faisant toutefois état de quelques poches de résistances isolées dans le nord de la capitale britannique.

Les affrontements ont éclaté près d’un commissariat de Tottenham, dans la foulée d’une manifestation réclamant que justice soit faite après la mort d’un homme de 29 ans. Le décès de Mark Duggan, tué jeudi lors d’une fusillade impliquant des policiers, fait l’objet d’une enquête pour déterminer l’origine des tirs.

À l’issue du rassemblement, quelque 200 émeutiers ont lancé des projectiles en direction des policiers, saccagé des commerces et incendié un bus à impériale ainsi que trois voitures de police.

Plusieurs bâtiments ont totalement été ravagés par les flammes.

Vingt-neuf personnes ont été blessés, dont une majorité de policiers, et quelque 40 personnes ont été arrêtées.

Il s’agit des pires violences qu’ait connues Londres depuis des années.

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Un quartier sensible

Quartier multiethnique, Tottenham affiche l’un des taux de chômage parmi les plus élevés de Londres. En octobre 1985, ce quartier avait été le théâtre de violentes émeutes au cours desquelles un policier avait été battu à mort.

Selon Classford Stirling, un éducateur de Tottenham, la colère contre les contrôles policiers montait depuis quelque temps. « Ce n’étaient pas que des jeunes Noirs. C’était des jeunes en général frustrés par la manière dont la police les traite », a-t-il affirmé à la BBC. « Il est très difficile de leur dire que ce n’est pas le bon moyen parce qu’ils sont convaincus que c’est la seule manière d’attirer l’attention », a-t-il estimé.

Un porte-parole du premier ministre David Cameron a condamné les violences. « Rien ne justifie les agressions subies par la police et le public ou les dommages à la propriété », a-t-il dit.

Le député travailliste de la circonscription, David Lammy, a pour sa part lancé un appel au calme. « Nous comptons déjà une famille en deuil dans notre communauté et de nouvelles violences n’apaiseront pas sa douleur. La véritable justice ne sera que le résultat d’une enquête minutieuse, a-t-il déclaré. Pour comprendre les faits, nous avons besoin de calme. »

Leur presse (Radio-Canada.ca), 7 août 2011.

 

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Londres : Les pires émeutes depuis des années ravagent le quartier de Tottenham

Plusieurs véhicules et bâtiments ont été incendiés, des magasins pillés et huit policiers blessés…

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De violentes émeutes ont secoué dans la nuit de samedi à ce dimanche un quartier multiethnique du nord de Londres, où plusieurs véhicules et bâtiments ont été incendiés, des magasins pillés et huit policiers blessés lors des pires incidents dans la capitale britannique depuis des années. Le calme était en partie revenu ce dimanche matin à Tottenham, mais la police, qui a bouclé plusieurs rues du quartier, faisait encore face à quelques « poches isolées de criminalité (…) impliquant un petit nombre de personnes », selon Scotland Yard.

Les violences ont éclaté dans la foulée d’une manifestation samedi soir pour réclamer « justice » après la mort jeudi à Tottenham d’un homme de 29 ans, Mark Duggan, par la police. Les émeutiers ont incendié deux voitures de police et un bus à impériale, dont il ne restait plus quelques heures après que les carcasses. Plusieurs bâtiments ont été ravagés par les flammes, et les pompiers s’activaient encore dimanche matin pour venir complètement à bout des incendies.

Saccage de distributeurs et de magasins

Les émeutiers ont aussi saccagé des distributeurs de billets et des magasins, d’où des personnes cagoulées sont sorties en poussant des chariots remplis de marchandises, selon des images diffusées par les télévisions britanniques. Downing Street a dénoncé ces violences « totalement inacceptables ». « Il n’y a aucune justification pour les agressions auxquelles la police et le public ont été confrontés et pour les dégâts » causés, a affirmé le bureau du Premier ministre David Cameron, ajoutant qu’une enquête de police était en cours.

« Aldi (un supermarché appartenant à une chaîne du même nom) était en feu et des barricades étaient mises en place par les émeutiers. C’était vraiment effrayant », a témoigné Stuart Radose, un habitant du quartier dont l’immeuble a été incendié et qui a dû trouver refuge chez son père pour la nuit. « On est revenu ce matin, il ne reste plus rien, c’est la folie. Tant de gens ont tout perdu, c’est dingue. On dirait que c’est la Seconde Guerre mondiale, qu’il y a eu un bombardement ! », a-t-il ajouté, « sous le choc ».

« Il ne semblait pas y avoir de policiers (…) J’imagine qu’ils ne pouvaient pas accéder » jusqu’aux scènes de pillage, a-t-il encore dit. Les forces de l’ordre, notamment la police montée, ont été visées par des cocktails Molotov et ont mis plusieurs heures pour reprendre le contrôle de la rue principale Tottenham High Road. Huit policiers ont été hospitalisés, dont un pour des blessures à la tête, selon Scotland Yard.

« Ce gars n’était pas violent »

Une amie de Mark Duggan, qui s’est présentée sous le nom de Nikki, 53 ans, a expliqué que des amis du jeune homme avaient organisé une manifestation pour obtenir « justice pour la famille » de la victime. « Ce gars n’était pas violent. Certes, il était impliqué dans des trucs, mais ce n’était pas une personne agressive. Il n’avait jamais blessé personne », a-t-elle affirmé. M. Duggan, père de quatre enfants, a été tué apparemment lors d’un échange de coups de feu avec la police alors qu’il se trouvait dans un taxi à Tottenham jeudi. Un policier a aussi été blessé lors de cet incident.

Ce quartier avait déjà été le théâtre de très violentes émeutes en 1985, qui avaient éclaté après une opération de police qui s’était soldée par un blessé civil par balles. Lors des affrontements qui avaient suivi, un policier avait été frappé à mort. « Ceux qui se rappellent les conflits destructeurs du passé seront déterminés à ne pas y revenir », a affirmé dimanche un député de Tottenham, David Lammy. « Nous avons déjà une famille en deuil dans notre communauté, et plus de violences n’apaisera pas leur peine », a-t-il estimé.

Leur presse (Agence Faut Payer), 7 août 2011.

 

Grande-Bretagne. La police reprend le contrôle de Tottenham

De violentes émeutes ont secoué ce quartier de la banlieue nord de Londres.

De violentes émeutes ont secoué dans la nuit de samedi 6 août Tottenham, un quartier multiethnique de Londres. Des véhicules et des bâtiments ont été incendiés, des magasins pillés et 29 personnes blessées lors des pires incidents que la capitale britannique ait connu depuis des années.

Dimanche en fin de matinée, la police, dont 26 membres ont été blessés, « reprenait lentement le contrôle » de ce quartier du nord de Londres, selon l’un des responsables de Scotland Yard.

Cette explosion de violence, samedi juste avant le coucher du soleil, a éclaté après une marche de protestation dénonçant la mort jeudi d’un homme par des policiers armés.

Elle est la pire constatée depuis des années dans la banlieue de la capitale britannique, même si celle-ci avait connu dans son centre ces derniers mois des manifestations à l’appel d’étudiants et de syndicats.

Des cocktails Molotov

Peu avant l’aube dimanche, la police a indiqué que le calme revenait progressivement dans la rue principale, mais qu’il y avait encore des poches de résistance ailleurs dans Tottenham.

Les émeutiers ont incendié deux voitures de police et un bus à impériale, dont il ne restait quelques heures après que les carcasses. Plusieurs bâtiments ont totalement été ravagés par les flammes, et les pompiers s’activaient encore dimanche matin pour venir complètement à bout des incendies.

Les fauteurs de troubles ont aussi saccagé des distributeurs de billets et des magasins, d’où des personnes cagoulées sont sorties en poussant des chariots remplis de marchandises. Ils s’en sont également pris aux forces de police à coups de cocktail Molotov et autres projectiles.

C’est à l’issue d’une marche pacifique samedi en hommage à la mort d’un homme de 29 ans et père de quatre enfants que la situation a dégénéré.

Un supermarché en feu

« Aldi (un supermarché appartenant à une chaîne du même nom, NDLR) était en feu et des barricades étaient mises en place par les émeutiers. C’était vraiment effrayant », témoigne un habitant du quartier. L’immeuble de ce dernier a été incendié et il a dû trouver refuge pour la nuit chez son père.

« On est revenu ce matin, il ne reste plus rien, c’est de la folie. Tant de gens ont tout perdu, c’est dingue. On dirait que c’est la Seconde Guerre mondiale, qu’il y a eu un bombardement ! », ajoute ce témoin.

42 arrestations

Les violences ont fait 29 blessés : 26 parmi les forces de l’ordre, dont deux étaient encore hospitalisés dimanche, et trois dans le public, selon la police qui a procédé à 42 arrestations.

David Lammy, député de Tottenham au parlement, a lancé dimanche un appel au calme.

Un porte-parole du maire de Londres Boris Johnson a pour sa part déclaré que « la violence et la destruction de biens ne faciliteraient en aucun cas l’enquête » sur la mort de cet homme de 29 ans.

Leur presse (Le Nouvel Observateur), 7 août 2011.

 

Huit policiers blessés dans des affrontements à Tottenham dans le nord de Londres

Huit policiers ont été blessés samedi soir lors de violents affrontements à Tottenham dans le nord de Londres, où une manifestation après la mort d’un jeune homme tué par la police a dégénéré, selon le bilan fourni dimanche par la police britannique.

Deux véhicules de police, un bâtiment et un autobus à impériale ont été incendiés et des affrontements avec les forces de l’ordre ont eu lieu devant le commissariat de Tottenham. Quelque 300 personnes s’étaient rassemblées un peu plus tôt devant le commissariat pour demander « justice » pour Mark Duggan, un jeune homme de 29 ans mortellement touché par balle jeudi par des policiers.

Des vitrines ont été brisées et des magasins pillés dans ce quartier qui est l’un des plus défavorisés d’Angleterre.

Le chef de Scotland Yard Stephen Watson a expliqué que la police était « consciente des tensions élevées (…) compréhensibles après cette mort tragique » de Mark Duggan. Le rassemblement devant le commissariat était pacifique et « rien n’indiquait qu’il dégénèrerait de cette façon », a-t-il ajouté dans un communiqué. « Pour ceux qui ont participé à ce niveau de violence, il n’y a pas d’excuse. »

En 1985, Tottenham avait été le théâtre de violentes émeutes après la mort d’une habitante qui avait succombé à une crise cardiaque lors d’une perquisition de la police à son domicile. Un policier avait été poignardé mortellement alors qu’il tentait de protéger des pompiers et près de 60 autres avaient été hospitalisés.

Leur presse (AP), 7 août 2011.

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Terreur d’État anti-squat à Freiburg ! Solidarité !

Suite à la destruction militaire et matérielle du Kommando Rhino au quartier Vauban le mercredi 3 août au matin, la terreur d’État contre les anarchistes, autonomes et squats politiques s’intensifie durement à Freiburg.

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La nuit du mercredi 3 août au jeudi 4 août, le célèbre squat historique KTS a subi un raid d’une violence qu’il n’avait pas vu depuis une décennie :
vers minuit, il est signalé que des centaines de flics encerclent et cernent le quartier Vauban, empêchant tout « militant » typé trop autonome ou même marginal d’y accéder, de même que des barrages de police avec contrôles et fouilles pour tous les « suspects typés anarchistes » se sont implantés partout dans le centre-ville.
Cette stratégie de terreur est préventive à toute action commando ou toute tentative de manifestation suite à l’expulsion violente du Rhino.
6 camarades sont arrêtés sur le chemin du KTS.

1 heure du matin : au KTS, l’alarme est sonnée. Toute la BaslerStraße (grande route longeant le KTS) est bloquée par une vingtaine de fourgonnettes vertes de la police CRS et  noires de la BFE, ces « brigades noires » cagoulées, anciennes forces anti-terroristes de l’armée reconvertie en forces spéciales d’intervention de la police (notamment anti-émeute et anti-squat). Nous ne sommes alors qu’une vingtaine à l’intérieur. Même pas le temps de barricader les voies extérieures, on entend déjà les forces spéciales pénétrer le secteur : ils défoncent la porte arrière de sortie de secours en détruisant les charnières et ont pénétré dans les locaux du café au rez-de-chaussée. Nous avons tout juste eu le temps de nous barricader à l’intérieur au premier étage, en attente de leur intervention. Nous savons qu’ils veulent rentrer et nous arrêter même sans mandat de perquisition.
On voit le faisceau de leurs lampes torches balayer l’intérieur du bâtiment par les fenêtres.
Finalement, ils évacuent les lieux et une cinquantaine de camarades arrivent en renfort par la suite.

3 heures du matin, nouvelle alerte : deux camarades qui rentraient au KTS se sont fait courser par des flics jusqu’à la porte d’entrée principale du KTS qu’ils ont juste eu le temps de refermer derrière eux. Nous sortons mais ils sont déjà partis. Deux barricades sont érigées autour du KTS sur ses deux voies d’accès extérieures pour prévenir toute nouvelle attaque avec des équipes de veille qui se relaient.

Le lendemain, l’annonce est faite que le GartenStraße 19, squat culturel libertaire affilié au KTS, est officiellement menacé d’expulsion, soudainement et brutalement. Une manif de soutien au Rhino est annulée pour demain.

Les annonces des initiatives de résistance seront publiées sur LINKSUNTEN.INDYMEDIA.ORG

Contre la terreur d’État,
solidarité offensive pour tous les espaces autogérés d’ici et d’ailleurs !

Jeudi 4 août 2011.

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[Nanterre] Des policiers pris à partie en protégeant un surveillant de prison

Des policiers ont été visés par des jets de pierre lundi dans la soirée alors qu’ils protégeaient un surveillant de prison. Selon cette source, les forces de l’ordre ont été prises à partie vers 17h30 par un groupe de jeunes, dont le nombre n’a pu être précisé, alors qu’ils protégeait un surveillant de prison venu passer une visite médicale dans le quartier Pablo-Picasso à Nanterre.

Ce dernier aurait été reconnu par un jeune qui aurait purgé une peine dans l’établissement où il travaille. Suivi, le surveillant de prison a pu se réfugier dans le centre de santé d’où il a contacté la police, mais son scooter a été dérobé.

Lors de leur intervention, les policiers ont essuyé des jets de pierre et ont dû faire usage d’un pistolet à impulsion électrique, a précisé la source policière. L’un des fonctionnaires de police a été légèrement blessé à l’épaule, d’après cette source et un des jeunes, âgé de 23 ans, a été interpellé.

Leur presse (LeParisien.fr), 2 août 2011.

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Occupation à Bienne (Suisse)

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Vers la fin de l’après-midi du 1er août, le collectif Les Habitantes a occupé l’immeuble vide au 75, Seevorstadt à Bienne.

Des personnes, qui ne se vouent ni au profit, ni au mainstream actuel et qui ne se laissent pas non plus atomiser, ni mettre en concurrence par l’obligation de réussir, réclament l’espace qu’elles y trouvent. Les Habitantes y mettra le prix pour rendre le Seevorstadt 75 de nouveau habitable. Une maison vide est une maison morte.

Tandis que cette maison est vide depuis plus de deux ans, beaucoup de gens cherchent de l’espace pour créer, pour apprendre, pour s’épanouir, pour vivre. Parce que Les Habitantes connaissent les règles du jeu bureaucratique, mais aussi les intentions des spéculateurs de l’immobilier, elles n’ont pas demandé de permission pour leur emménagement. L’espace existe et il a existé sans être utilisé. Contre la tendance actuelle de développement urbain, Les Habitantes ne se privent pas de participer activement à la conception de la ville et de la changer, au lieu de se contenter de la peupler en tant que consommateurs passifs.

Les Habitantes est un collectif d’une douzaine de personnes. Elles viennent de partout, sont d’âges différents et s’engagent dans divers projets. Elles partagent la vision d’habiter en communauté. Il ne leur suffit pas de partager la buanderie et il ne leur suffit pas de se rencontrer après la fin du boulot pour une bière. Vivre ensemble en communauté est un style de vie qui ne convient pas aux immeubles d’habitation. Les maisons aujourd’hui sont construites d’une manière qui répond à l’atomisation croissante de la société. Les Habitantes s’y opposent.

Les Habitantes ne sont pas d’accord que la semaine ait cinq jours dont on ne dispose pas. Les Habitantes se réapproprient le temps là où il est volé afin d’en disposer là où se trouvent leurs talents, leurs dons, leurs désirs et leurs intérêts. C’est ainsi que se crée la diversité. C’est ainsi que se crée une alternative au diktat de la société de consommation pseudo-individualiste. C’est ainsi que se crée de l’espace pour tout le monde. Les Habitantes n’occupent pas pour privatiser du vide, mais pour le collectiviser.

Les Habitantes comptent sur l’aide mutuelle, et non pas sur les institutions et les organisations empêchant l’auto-organisation. Dans un monde où la catastrophe n’est pas ce qui vient, mais ce qui est, elles prennent l’initiative.

ATTENDRE ENCORE, C’EST LA FOLIE

Cordialement

Les Habitantes

 

Les projets suivants seront logés là-bas :

Colocation à grande échelle
Pour nous, vivre ensemble ne signifie pas de seulement partager la buanderie. La communauté est la base de notre quotidien. Ce style de vie ne convient pas aux immeubles d’habitation, nous avons besoin de plus de place que ce que proposent les nouvelles constructions modernes. Celles-ci n’ont pas non plus été construites pour répondre à nos besoins, mais pour répondre à l’atomisation croissante dans cette société.

Ateliers ouverts
Nous sommes beaucoup de personnes ayant différents talents et maîtrisant différentes techniques. En les partageant, une énorme diversité d’outils, de matériels et de savoir-faire se crée. Dans des ateliers ouverts, ceux-ci peuvent être rendu accessibles à des gens de l’extérieur. Nous n’occupons pas pour privatiser du vide, mais pour le collectiviser.

Bureau de rédaction
Depuis trois ans, un groupe de gens de Bienne et d’autres villes publie la revue bilingue LaBlatt’. Financée grâce à des dons et des soirées de solidarité, elle est distribuée gratuitement et envoyée à des abonnéEs en Suisse et à l’étranger. Avec la démolition imminente de l’immeuble au Fabrikgässli 3b en automne, ce projet sera sans-abri.

Cours de langue
Depuis début 2011, il y a des cours d’allemand et de français gratuits à Bienne. Ils sont suivis surtout par une cinquantaine de migrantEs qui n’ont aucun accès à l’éducation, mais qui sont dans l’urgence d’apprendre une langue locale pour pouvoir organiser leur quotidien. Le local se trouve actuellement à la rue Neuve 9. L’immeuble est également censé être démoli en automne 2011.

Bibliothèque
À la rue Neuve 9, il y a aussi une bibliothèque avec plusieurs centaines de livres. Ils sont été collectés, donnés et achetés au fil des années. Pour qu’ils ne prennent pas la poussière dans un appartement privé, la bibliothèque a besoin d’un nouveau chez elle ouvert à beaucoup de gens.

Jardin communautaire
La terre est une communauté vivante où tout est lié de manière existentielle. En ville aussi, il est possible de cultiver des terrains en friche. En outre, c’est un enrichissement énorme de se réapproprier du savoir-faire et des expériences perdus et d’être plus indépendant à « petite » échelle.

Magasin gratuit
Dans un magasin gratuit, il y a des habits, des machines, de la vaisselle, des bijoux, des chaussures, des jouets et bien plus encore. Celui qui a besoin de quelque chose peut tout simplement le prendre. En apportant des choses dont on n’a plus besoin, mais qui sont encore utilisables, elles sont retirées du cycle de la consommation du marché.

Le Réveil, 1er août 2011.

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[Temps D’encre] ENTRE juillet/août 2011

Bonjour, nous savons ce que la liberté a de place dans l’écriture et nous savons ce que la liberté a de devenir dans les luttes internationales et locales en cours.

La critique et l’auto-critique autant que l’insatisfaction nous sont inséparables. L’écriture est un moyen, une matière, une pâte.

Lutter pour un ami qui vient de se faire prendre, tout comme la ville dans laquelle tu habites, lutter contre une oppression toujours plus lourde et diffuse, contre la bêtise et le consensus.

Lutter contre le temps pour le temps à travers le temps, celui dont on te prive.

Lutter contre le pouvoir journalier qui ressort son haleine fasciste-tamisée et son sourire de plomb.

Lutter pour, en droit à aimer et à acter, se reconnaître, se trouver.

Nous pensons comme certains de nos prédécesseurs qu’il y reste encore beaucoup à faire, à défaire et osons espérer la chute de l’Empire diffus en constatant les nombreux foyers de résistances éclatants d’une quasi simultanéité à travers les continents.

Des gestes toujours plus directs n’ayant de voix que le hurlement d’un jet de pierre, d’un brasier ou d’une marche mortuaire.

Nous osons espérer la conspiration des classes oppressés et leurs reconnaissances communes, de chaque marge-défaillante dans cette machine et plus largement la mise en acte concrète d’une rage toujours plus contenue à travers l’intrusion, le vol, le sabotage, la réappropriation.

L’intrusion précède l’acte, l’intrusion c’est le masque.

Le vol pour la revente ou le partage, la subsistance ou la belle vie, l’économie est débordante de denrées inaccessibles. Je t’aime moi non plus.

Le sabotage comme intervention directe sur les outils du système. Une lumière qui s’éteint, une autre qui s’allume, un train qui s’arrête, une vitre qui saute, les artères d’une ville bloquées, une panne généralisée. Il s’agirait de détraquer cette si belle unité. « On ne fait pas le ménage dans une maison qui s’écroule. »

La réappropriation de tout ce que l’on nous prive de vie. Les agréments sans saisons, ses façades ternes, le territoire conquis des urbanistes et des économistes, les petits arrêtés préfectoraux qui réduisent tes gestes de nuit comme de jour, localement et son extension. Reste chez nous et ferme-la. La garde à vue chez toi, un abonnement annuel. On vous a vendu le choix.

Nous n’avons plus peur.

Temps D’encre, 3 août 2011.

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[No TAV] Faillite d’Italcoge – Incendie à la gare de Rome

Lyon-Turin. Une faillite qui tombe mal

L’entreprise chargée du percement de la première galerie vient de mettre la clef sous la porte.

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Un nouveau déboire dans le lourd dossier de la future ligne TGV Lyon-Turin. À Chiomonte en Italie, les travaux qui avaient débuté le mois dernier avec six ans de retard tournent au ralenti. Italcoge, la principale entreprise chargée de percer la galerie de reconnaissance côté italien, vient de faire faillite. Une cinquantaine d’ouvriers se retrouvent au chômage.

Italcoge avait déjà payé cher sa participation à ce chantier très controversé dans le Val de Suse. La semaine dernière, à Susa, le siège de l’entreprise avait été attaqué. Des saboteurs avaient mis le feu à 5 camions de l’entreprise. Un engin a été complètement détruit. Il y a quelques temps, l’un des dirigeants d’Italcoge avait fait les frais de la colère des opposants. Agressé par des manifestants, il avait fini à l’hopital avec une fracture du coude.

Leur presse (France 3 Alpes), 3 août 2011.

 

Tiburtina (Rome) : incendie du chantier TAV. Sabotage ?

Le 24 juillet s’est produit un gigantesque incendie que les pompiers ont mis quinze heures à éteindre, à la gare Tiburtina de Rome. L’incendie est parti dans un nouveau bâtiment sur le chantier en cours de construction d’un des principaux nœuds ferroviaires du TAV. Vu les dégâts et la difficulté à analyser les ruines, courent aussi bien l’hypothèse d’un sabotage d’anti-TAV que celle d’un court circuit. Bien entendu, les représentants des premiers se sont aussitôt scandalisé de cette hypothèse. Nous, non ! Si la lutte du Val Susa sortait de la vallée pour s’étendre à travers l’Italie et au-delà, ce serait plutôt une bonne nouvelle, en termes de dépassement (le pourquoi de cette lutte qui pourrait concerner autre chose que cette zone de montagne, et sur d’autres bases qu’un autre État ou une autre République) et impliquer d’autres individus plus spontanés (lassés des jeux politiciens qui se jouent là-bas aussi).
Nous coup, nous reproduisons à la suite de cette brève un court texte de compagnons italiens qui posent à haute voix certaines de ces questions…

La Corde raide

Pendant que se déchainait au Val Susa la bataille entre les volontaires accourus défendre la Libre République de la Maddalena contre les prétoriens envoyés pour imposer la République d’Italie Esclave, un bûcher nocturne détruisait à Rome la nouvelle salle de commandement de la gare Tiburtina (un nœud du Tav), bloquant le trafic ferroviaire national. La suspicion qu’il puisse exister un lien entre les protestations de la vallée et l’incendie métropolitain fut immédiate, comme fut immédiate l’indignation et le démenti du « Peuple NoTav » par la voix de ses représentants publics, et que les assurances institutionnelles sur de probables causes naturelles furent tardives et peu convaincantes : c’est un court-circuit, plus difficilement un sabotage, et peut-être l’effet collatéral d’un banal vol de cuivre.

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Mais cette suspicion qui s’est insinuée pendant des heures et n’a pas entièrement disparue — à mi-chemin entre espoir et peur — en dit long. Sur la peur des autorités comme sur les possibilités de l’action. Ce qui les terrorise et ce qui les enthousiasme : la possibilité que la lutte contre le Tav sorte de cette vallée piémontaise perdue pour exploser à travers tout le pays. Qu’elle se débarrasse enfin des insupportables litanies citoyennistes pour empoigner l’arme du sabotage. Une pensée en même temps terrible et merveilleuse. Et ce n’est pas seulement possible, c’est également facile. Aucun système de vidéosurveillance, aucune augmentation des patrouilles ne pourront jamais garantir l’efficacité d’un réseau ferroviaire qui se déploie sur des dizaines de milliers de kilomètres. Il n’y a pas besoin de prendre un train et de monter dans le wagon de la politique pour tenter d’arrêter la Grande Vitesse. Il n’y a pas besoin de servir de main d’œuvre généreuse, humble et silencieuse aux petits stratèges autrement républicains.

L’incendie de Rome s’est développé pendant quinze heures avant d’être éteint. Mais des cendres restées sur place continuent à pointer des braises rebelles. Des chantiers Tav ont brûlé ailleurs en Italie, tout comme ont brûlé les camions d’une entreprise impliquée dans les travaux de Chiomonte. Et voilà qu’arrivent de partout les pompiers avec leurs pompes à eau, ceux qui crachent de la mousse et ceux qui refourguent des communiqués de presse. Ce sont surtout ces derniers — les porte-parole, les représentants, les leaders — qui s’emploient le plus à jeter de l’eau sur le feu. Avant-hier, ils ont désapprouvé le feu de Florence, hier ils se sont horrifiés de celui de Rome, aujourd’hui ils condamnent celui de Susa. Mais quoi, à l’intérieur du noble et généreux « Peuple NoTav », tous les esprits, toutes les méthodes, tous les comportements n’étaient-ils pas censés cohabiter dans le respect des différences ? Tous n’étaient-ils pas bienvenus, ceux qui adressent des prières au ciel comme ceux qui lancent des blasphèmes sur terre ?

Et bien non. Tout ça c’est de la rhétorique, du mensonge, comme le démontrent les crachats de condamnation sur les flammes des sabotages, trop singuliers pour mériter les applaudissements des masses. Le démontrent aussi les ovations adressées aux chasseurs-alpins autrement militaires qui ont autrement surveillé le chantier de Chiomonte. La seule chose qui semble bienvenue en Val Susa est l’immonde cohabitation — fruit de la connivence — entre ceux qui défendent qu’une autre politique est possible, une autre République est possible, un autre État est possible, et ceux qui devraient souhaiter la fin de toute politique, de toute République, de tout État. Un jeu dialectique porté en avant par une alternance d’accords tacites et de soupirs patients, d’yeux fermés et de nez bouchés, d’acrobaties linguistiques et d’oublis opportuns, en vue du règlement de comptes final. Mensonge et hypocrisie, avec dans le cœur précocement asséché l’espoir d’être devenus si habiles qu’on puisse même réussir à faire des affaires avec des banquiers.

Les suspicions sur l’incendie de Rome, comme les certitudes à propos de ceux de la région de Modena, de Florence et de Susa, sont là pour avertir que cette amitié politique putride qui garantit la concorde là où il ne peut y avoir que conflit, pourrait bien cesser d’un moment à l’autre.

Traduit de l’italien (Finimondo.org, 27 juillet) – Brèves du désordre, 1er août 2011.

 

Incendie à la gare de Rome, un acte volontaire ?

Plusieurs dizaines d’heures ont été nécessaires aux pompiers romains pour stopper l’incendie qui a paralysé le trafic ferroviaire dans toute l’Italie. L’incendie a ravagé un nouveau bâtiment en construction de la gare Tiburtina de Rome. Les chemins de fer italiens conseillent aux voyageurs de ne pas prendre le train si possible. Selon les premières informations disponibles, personne n’a été blessé. Les dégâts matériels sont « énormes ».

Les raisons de cet incendie ne sont pas encore établies, mais la procurature n’exclut pas un incendie criminel. L’ancienne partie de la gare de Turina a été aussi touchée, principalement des bureaux administratifs des Chemins de fers Italiens.

Tiburtina est un des plus importants échangeurs ferroviaire de la ville de Rome. La station en construction doit accueillir les TAV — Trains à Grande Vitesse italiens. Le TAV rencontre de nombreuses voix hostiles, récemment dans la région de Turin de violentes manifestations ont été organisées contre le projet de ce train. Mais les membres des collectifs opposés au TAV ont fermement réfuté être liés de près ou de loin à l’incendie de ce dimanche.

Un chaos sans trains en raison de l’incendie s’est installé en gare de Bologne, Florence, Mediolano ainsi que dans la gare romaine de Turini.

Le bâtiment touché par les flammes devra être détruit, il est irrécupérable selon divers experts.

Le métro de Rome a également connu de très fortes perturbations en raison de cet incendie.

Leur presse (www.radinrue.com), 24 juillet 2011.

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[Chili] Lettre d’une prisonnière

Lettre de Mónika Caballero, accusée dans « l’affaire Bombes » au Chili, en solidarité avec les camarades de la Conspiration des Cellules de Feu

En attendant le début du procès du spectacle médiatique juridico-politico-policier appelé « Caso Bombas » (l’Affaire Bombes), je romps le silence de l’arrêt domiciliaire afin d’envoyer un salut fraternel aux camarades de l’O.R. CCF qui, hier, ont vu la conclusion de leur premier procès. Des mesures d’exemplification vindicative de la part des puissants se sont fait voir dans le territoire dominé par l’État grec.

Ça peut sembler une mauvaise stratégie de la part de quelqu’un qui risque une peine de 20 ans de prison (accusé d’avoir participé à une conspiration terroriste inexistante et le placement d’engins explosifs) de solidariser avec des personnes qui plaident coupables, mais je ne veux pas entrer dans la logique des oppresseurs et regarder inébranlablement comment ils emprisonnent les guerrier-es qui affrontent cette société et qui, convaincu-es ont passé à l’action en attaquant. La solidarité avec ceux qui sont passé à l’offensive a toujours été critiquée par les pseudo-révolutionnaires qui considèrent les pratiques anti-autoritaires comme une mode de jeunesse, mais quand la guerre entraîne des coûts élevés ils prennent leur distance et se font de simples spectateurs d’une bataille qu’ils n’ont pas les ovaires ou les couilles de poursuivre. Il ne s’agit pas non plus de faire un sacrifice de groupe ou de se livrer sur un plateau à l’ennemi, mais qu’arriverait-il s’il n’y avait pas de gestes de solidarité avec ceux qui ont été frappés par le capital ? Est-il plus sûr de ne soutenir que ceux qui sont juridiquement innocent-es ? Je suis anarchiste et les lois de la société ne m’intéressent pas. La solidarité n’est pas seulement un mot grandiloquent de communiqués, c’est une pratique matérielle et concrète.

Peu importe où elles/ils se trouvent emprisonné-es les anti-autoritaires ne peuvent pas se sentir seul-es. Demain ce pourrait être trop tard…

Pour vous prisonnier-es de « l’affaire Halandri » ; je lis vos communiqués et déclarations, je fais miennes plusieurs de vos paroles et je les garde comme un trésor magnifique, sans même avoir échangé un mot je vous appelle camarades et je ressens vos longues sentences jusque dans mes os.

L’hégémonie de la puissance utilise (utilisera) les mêmes stratégies, le procès qui se déroule dans cette partie du monde est une mauvaise copie d’autres procès, le vôtre sera un modèle pour de nombreux gouvernements comme « la grande victoire contre le terrorisme » mais ces idées existent depuis la plus belle désobéissance, elles ne sont pas défaites plutôt elles se font plus fortes dans d’autres qui les portent tatouées sur la poitrine. J’imagine le visage de jouissance des gardiens de prisons de voir les corps de ces personnes dignes derrière les barreaux, la colère et le dégoût me saoule juste à essayer de me mettre à leur place. La prison, la mort et la fuite se trouvent dans l’ADN des irréductibles, c’est ce qu’il en coûte de mordre les chaînes.

Les murs et les frontières nous séparent, les idées nous unissent.

Un minime geste… J’espère qu’il vous volera un sourire en ces temps difficiles.

Je profite de cette occasion pour envoyer une étreinte de solidarité à Silvia, Costa et Billy.

Je vous offre un poème par Sandra Trafilaf, prisonnière politique de la dictature militaire de Pinochet écrite en 1984 environ.

« Les clôtures et les portes métalliques
hantent ce monde souterrain
tentent d’enfermer notre joie de vivre
et d’aimer
les lettres de mes camarades
battent
dans ce bureau de fortune
des cris et des voix dans la distance
se mêlant à leurs paroles
souvenirs confus, sombres
D’envolées tueuses
et pourtant
je continue encore m’imprégnant de luttes
et de victoires.
Je ne suis pas seule. »

Mónika Caballero,
Anarchiste en attente de procès.

P.-S. : Je remercie chaque individu et / ou collectivité qui répand chaque communiqué et permet l’interaction avec les camarades.

Traduit de l’espagnol (Liberación Total, 22 juillet) par Sabotagemedia, 1er août 2011.

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Kommando Rhino est tombé

Après une énième menace d’expulsion annoncée pour le 1er août au matin, la ville de Fribourg a envoyé sa main armée ce matin peu avant 5 heures. Plus de 500 flics contre 200 manifestant-es qui après avoir enflammé les barricades encadrant le Rhino ont dû abandonner le terrain au vu du rapport de forces.

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8h. Début de la destruction du Rhino.
8h06. Annonce d’une première arrestation, des affrontements ont lieu dans le quartier.
9h. Annonce de 5 arrestations.

500 à 600 flics toujours déployés dans le quartier, ils sont environ 1000 sur toute la ville avec mise en place de check points autour du quartier du Rhino.

En réponse à ce déploiement de force outrancier et la répression déjà sévère, une banque a été cassée et d’autres actions sont prévues, les affrontements continuent dans le quartier et en ville.

3 août 2011, 12h38.

 

www.badische-zeitung.de/freiburg/frist-fuer-kommando-rhino-laeuft-ab–47966876.html

www.badische-zeitung.de/freiburg/kommando-rhino-gewalt-eskaliert-in-der-nacht–48160146.html

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[Toulouse] Les policiers caillassés à Empalot

Plusieurs patrouilles de police ont été prises en tenaille dimanche en début de soirée dans le quartier d’Empalot, à Toulouse. Insultés, caillassés, les policiers ont dû utiliser des grenades pour écarter les agresseurs, de jeunes garçons qui cherchaient à défendre le conducteur d’un quad qui avait été pris en chasse par la police.

Ce dernier circulait dans le centre de Toulouse sur son engin à quatre roues quand des policiers ont voulu effectuer un contrôle du conducteur et de son engin. L’homme a alors préféré prendre la fuite, multipliant les infractions routières et prenant des risques insensés pour distancer le véhicule de police. Il a finalement rejoint la cité d’Empalot où il a abandonné le quad avant de disparaître dans un immeuble. C’est quand les policiers ont voulu enlever l’engin qu’ils ont été pris pour cible. Deux suspects, âgés de 22 et 17 ans, ont été interpellés et ramenés au commissariat central. L’un est accusé d’avoir donné plusieurs coups de pied dans une voiture de police, l’autre d’avoir jeté des projectiles vers les policiers. L’enquête a été confiée à la brigade des violences urbaines de la sûreté départementale. Hier les deux suspects, et les policiers victimes, étaient toujours interrogés par les enquêteurs. La garde à vue de deux suspects devait être prolongée par un magistrat du parquet.

Leur presse (La Dépêche du Midi), 2 août 2011.

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Vague de pillages en Papouasie-Nouvelle-Guinée

 

La police de Buka, chef-lieu de l’île de Bougainville, s’est déclarée ce week-end impuissante face à une foule de quelque deux cent personnes qui avaient décidé de se livrer à un pillage en règle d’un magasin de la ville.

Cette émeute incontrôlée, dont l’origine n’a pas encore été déterminée, a vu en fin de semaine dernière un magasin entièrement mis à sac par la foule, dont certains étaient armés de machettes et d’armes à feu, rapporte ce week-end le quotidien papou Post Courier.

Ils se seraient regroupés à partir de deux heures du matin, vendredi 29 juillet 2011, a précisé la police locale qui a déclaré avoir par ailleurs constaté que plusieurs des individus avaient pris soin, au préalable, de s’équiper de canots gonflables censés faire office de caddies géants pour emmener le « butin ».

Quelques jours auparavant, mardi 26 juillet 2011, un autre magasin, appartenant à un Asiatique, avait aussi été pris pour cible par un groupe de personnes armées.

Plusieurs individus ayant participé à ces actions, contactés par le quotidien, ont confié sous couvert d’anonymat que ces expéditions n’étaient pas seulement crapuleuses, mais avaient aussi pour objectif de lancer un avertissement au gouvernement de la province autonome de Bougainville qui, à leur sens, n’applique pas assez la préférence locale en matière d’octroi de patentes commerciales.

Ces mouvements interviennent sur fonds de tensions et de pressions grandissantes de la part de plusieurs sociétés multinationales, dont des australiennes, mais aussi des chinoises, qui multiplient les contacts avec les autorités locales en vue d’obtenir la réouverture de l’importante mine de Panguna (Sud de Bougainville), fermée en 1988 sur fond de conflit sécessionniste et qui fut, jusqu’alors, la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert au monde.

La semaine dernière, une nouvelle délégation chinoise se trouvait sur l’île, où elle aurait rencontré les dirigeants du gouvernement de Bougainville, à commencer par son Président John Momis, croit savoir le quotidien.

Entre-temps sur l’île principale, c’est dans la seconde ville du pays, Lae, que plusieurs bâtiments ont été détruits vendredi dernier à la suite d’incendies d’origine présumée criminelle. Parmi ces bâtiments : l’immeuble commercial dont un des étages est occupé par la banque ANZ.

Au moins trois individus, soupçonnés d’être les instigateurs de ce qui s’est aussi traduit par une vague de pillage dans les magasins de la ville, ont depuis été arrêtés, rapporte le quotidien The National. Certains avaient auparavant été blessés par balles, touchés par les tirs du propriétaire de l’un des magasins. L’incendie a finalement pu être maîtrisé vendredi dans la journée.

Leur presse (Tahiti Infos.com), 1er août 2011.

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« Marche des effrontées » à New Delhi

« Marche des salopes » : des Indiennes dans la rue contre les violences sexuelles

Des centaines de femmes ont défilé dimanche à New Delhi pour la première « marche des salopes » jamais organisée en Inde, visant à alerter l’opinion sur une hausse inquiétante du nombre d’agressions sexuelles et l’accroissement de l’insécurité.

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Au cours des « marches des salopes » qui ont lieu dans d’autres pays — plusieurs ont déjà été organisées à Séoul, Londres ou Boston —, les femmes s’habillent de façon volontairement provocante, pour tourner en dérision l’idée selon laquelle les victimes d’agressions sexuelles ne doivent s’en prendre qu’à elles-mêmes.

Mais dans la capitale indienne, la plupart des femmes qui participaient à la manifestation avaient opté pour des tee-shirts et des pantalons, jugeant la cause encore plus importante que la tenue vestimentaire.

« Il est temps pour les femmes en Inde de s’exprimer et de lutter pour leur propre sécurité. Les Indiennes ne sont pas des salopes et les hommes n’ont pas le droit de nous traiter comme telles », a déclaré à l’AFP Ashima Awal, une étudiante âgée de 22 ans.

Selon une étude menée en 2010 par la municipalité de New Delhi, l’ONU et le groupe de défense des droits des femmes Jagori (« Femmes, réveillez-vous » en hindi), 85 % des femmes craignent d’être harcelées et 45 % évitent de sortir seules à la nuit tombée.

« Même si nous sommes couvertes de la tête aux pieds, nous sommes agressées. Les hommes nous agressent dans n’importe quelle circonstance », regrette Raksha Gupta, une femme au foyer qui a pris part à la marche en compagnie de son mari.

« Peloter les femmes et les regarder avec insistance dans les lieux publics est un sport national dans la capitale, bien des hommes pourraient gagner une médaille d’or dans ce domaine », constate Uma Jaysingh, une étudiante qui utilise les transports publics pour se rendre à l’université.

Selon des chiffres de la police, la capitale fédérale figure désormais en tête des villes les moins sûres du pays, avec 489 affaires de viol en 2010, contre 459 en 2009.

Un certain nombre d’hommes s’étaient joints à leurs femmes, petites amies, filles et nièces dans la marche de protestation.

« Je ne veux pas que ma fille ait à subir une agression sexuelle. Des hommes doivent dire à d’autres hommes d’arrêter ces comportements criminels », déclare Ajay Mathur, père de deux adolescentes.

Leur presse (Agence Faut Payer), 31 juillet 2011.

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[Italie] Révolte de demandeurs d’asile à Bari et en Calabre

Accrochages en Italie entre police et demandeurs d’asile

Des demandeurs d’asile ont bloqué pendant plusieurs heures, lundi 1er août, une route et une voie ferrée près d’un centre d’accueil de migrants à Bari, dans le sud de l’Italie, pour exiger le statut de réfugié, provoquant des affrontements avec les forces de l’ordre.

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Le face-à-face a fait trente-cinq blessés, parmi lesquels figurent notamment des policiers et quelques passants ayant reçu des pierres jetées par les manifestants, qui s’en sont aussi pris avec leurs projectiles à un autobus qui passait à proximité.

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Les manifestants, au nombre de plusieurs centaines et pour certains armés de barres de fer, ont bloqué la voie ferrée avec de grosses pierres et allumé des feux le long de la voie. Une trentaine d’entre eux ont été arrêtés. Les demandeurs d’asile entendaient protester contre les lenteurs administratives retardant le traitement de leurs dossiers de demande du statut de réfugié.

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« SANCTIONS »

La manifestation s’est achevée en début d’après-midi avec l’engagement écrit pris par le préfet adjoint de Bari (Pouilles) de répondre aux demandes formulées d’ici à mercredi, après une réunion qui aura lieu à Bari sous l’égide du secrétaire d’État à l’Intérieur, Alfredo Mantovano. Celui-ci a par ailleurs demandé « des sanctions contre ceux qui seront reconnus responsables de ces actions ».

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Dans la soirée, d’autres accrochages ont eu lieu près d’un centre d’accueil situé à Isola Capo Rizzuto, en Calabre. Une trentaine de demandeurs d’asile qui manifestaient devant le centre ont été dispersés par les forces de l’ordre.

Plusieurs manifestations ont marqué ces dernières semaines les centres d’accueil pour migrants, remplis notamment de travailleurs africains ayant fui le conflit en Libye.

Leur presse (Le Monde.fr), 1er août 2011.

 

Protesta nei centri di accoglienza
Scontri a Bari e Isola Capo Rizzuto

Gli immigrati protestano contro i ritardi nel riconoscimento dello status di rifugiati. In Puglia, circolazione ferroviaria sospesa, traffico interrotto sulla statale 16, lanci di pietre e cariche della polizia: decine gli stranieri fermati. In Calabria bloccata la statale 106 e scontri: ferito un agente, non è grave.

Violenta protesta degli immigrati ospiti del Cara di Bari per i ritardi nel riconoscimento dello status di rifugiati. Si sono riversati sulla tangenziale di Bari e sulla linea ferroviaria, paralizzando di fatto la città. Lanci di pietre e polizia in assetto antisommossa, con un pullman dell’Amtab assaltato dai manifestanti armati di spranghe. Passeggeri colpiti e due donne ‘ostaggiò dei manifestanti. Trentacinque i feriti tra le forze dell’ordine, colpiti dai massi lanciati. Quindici gli immigrati contusi, decine — trenta secondo i primi bilanci — quelli fermati e portati in questura dai poliziotti sotto una pioggia di saggi.

In serata, la protesta ha contagiato anche il Centro di accoglienza di Isola Capo Rizzuto (Crotone). Una trentina di ospiti del centro si sono spinti fino alla strada statale 106 jonica, bloccandola. All’interno del centro è stato anche incendiato un automezzo della polizia, mentre fuori sono stati danneggiati un furgone della società dell’aeroporto e altri automezzi delle forze dell’ordine. Sono intervenuti carabinieri e polizia e, a quanto si apprende, si sono verificati degli scontri. Le forze dell’ordine hanno effettuato alcune cariche riuscendo a disperdere i protagonisti della protesta. Due immigrati sono stati arrestati, un agente di polizia è rimasto ferito in modo non grave ed è stato accompagnato in ospedale. Secondo quanto ha riferito un inquirente, dopo le cariche gli immigrati si sono allontanati, ma nella zona la tensione resta alta.

Per il questore di Crotone, Giuseppe Gammino, sentito dall’Ansa, “si è trattato soltanto di un’emulazione della protesta fatta a Bari”, da parte, in particolare, di alcuni immigrati di nazionalità somala, in attesa del riconoscimento dello status di rifugiati politici che avevano avuto contatti telefonici, attraverso i loro cellulari, con gli immigrati che si trovano a Bari.

Ore drammatiche a Bari, tra sassaiole e lanci di gas lacrimogeni, assalti e scorribande degli immigrati in tutta l’area, distrutto un distributore di benzina e violate le case dei cittadini nella zona di Palese. Dalle 6.30 del mattino, solo dopo otto ore i manifestanti hanno allentato la presa sulle vie di accesso alla città, dopo la mediazione con i rappresentanti del Comune e delle forze dell’ordine cui hanno lanciato comunque l’ultimatum: “Permessi per motivi umanitari entro mercoledì, altrimenti sarà di nuovo violenza”.

“Vogliamo i documenti, sono nel Cara da sette mesi e di non so ancora nulla della mia richiesta di asilo.” “Se abbiamo i documenti lasciamo la barricata.” Queste le rivendicazioni che hanno portato Mohamed e gli altri in strada e sui binari, dove ci vorrà tutta la giornare per smaltire i ritardi accumulati (fino a quattro ore) e le cancellazioni sulla linea ferroviaria. Le forze dell’ordine hanno cercato per tutta la mattina di far indietreggiare i rivoltosi per riportarli nelle vicinanze del centro di accoglienza, dove sono intervenuti anche i vigili del fuoco per spegnere le fiamme appiccate a un tendone. Fiamme anche in tangenziale: bruciati copertoni e bidoni e bruciate le sterpaglie in tutta la zona. Gli abitanti della zona hanno chiesto aiuto e chiamato i pompieri per l’intenso fumo. Polizia, guardia di finanza e carabinieri hanno lottato per far rientrare la situazione, che è sempre sul punto degenerare. Gli operatori del 118 hanno inviato sul luogo della protesta decine di ambulanze, sono stati soccorsi gli agenti delle forze dell’ordine sanguinanti, immigrati e automobilisti di passaggio, colti da malore e rimasti feriti. Le pietre lanciate dagli ospiti del Cara hanno danneggiato decine e decine di automobili.

Il traffico è rimasto bloccato verso Nord sulla statale 16 dalle 6.30 mentre la circolazione ferroviaria è stata sospesa dalle 6.10 di questa mattina sulla linea Bari-Foggia, tra le fermate di Bari Zona Industriale e Bari Palese. A metà mattina, erano già stati cancellati 10 treni regionali: ritardi per 6 treni a lunga percorrenza e servizio di bus sostitutivo.

La tensione è stata altissima. La situazione sulla statale è precipitata dopo due ore, quando il traffico si è intensificato. Gli agenti della questura hanno caricato gli immigrati riuscendo a liberare la corsia nord, facendo passare 200 auto. Tutte le pattuglie della polizia municipale sono nei percorsi alternativi individuati per consentire l’arrivo e l’uscita dalla città. In particolare, per giungere a Bari, migliaia di autovetture si sono riversate nella zona dell’aeroporto, dove il traffico è andato in tilt. Difficile raggiungere lo scalo. Gli automobilisti hanno raggiunto a fatica il centro città dal quartiere San Paolo, ma i rallentamenti sono stati fortissimi.

I lanci di pietre non hanno risparmiato neanche i giornalisti e i fotografi, che con estrema difficoltà hanno cercato di raccontare il caos. Una troupe televisiva di Telenorba è stata raggiunta da una sassaiola. Il giornalista con il suo operatore erano riusciti a raggiungere alcuni manifestanti lungo la linea ferroviaria e ne stavano intervistando uno quando altri immigrati si sono avvicinati e hanno cominciato a lanciare sassi senza riuscire a colpire nessuno.

Sul posto, intorno alle 11.30 sono arrivati l’assessore regionale pugliese alle Politiche dell’immigrazione, Nicola Fratoianni, e quello all’accoglienza del Comune, Fabio Losito, che insieme al parroco “amico dei migranti” Angelo Cassano, della parrocchia di San Sabino, hanno cercato una mediazione. Anche il vice prefetto Antonella Bellomo è arrivato per convincere i manifestanti al dialogo. L’offerta di un incontro con una delegazione di immigrati per ascoltare le loro richieste è stata accettata. Con la promessa da parte delle istituzioni di fare il possibile per alleviare le condizioni di vita dei migranti e accellerare il riconoscimento dello status di rifiugiati. E da parte degli immigrati di tornare a battersi se le promesse non saranno mantenute entro mercoledì. Giorno in cui a Bari ci sarà anche il sottosegretario dell’Interno Alfredo Mantovano.

Leur presse (La Repubblica.it), 1er août 2011.

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[Grande-Bretagne] La police appelle à dénoncer les anarchistes

La police anti-terroriste de Westminster appelle à dénoncer les anarchistes

Les terroristes islamistes sont aussi visés, les anarchistes se plaignent d’être criminalisés pour leurs opinions.

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Que feriez-vous si vous découvriez que votre voisin est anarchiste ? Époussèteriez-vous vos vieux albums des Sex Pistols et suspendriez-vous un drapeau rouge et noir pour qu’ils se sentent à la maison ? Inviteriez-les vous à débattre des mérites du communisme libertaire de Peter Kropotkine contre l’anarchisme d’individualiste d’Émile Armand ? Non — la réponse, selon une note anti-terroriste officielle qui a circulé à Londres la semaine dernière, est que vous devriez les dénoncer à la police sans délai.

Ceci était l’injonction surprenante de la Police de Londres publiée à l’intention des milieux d’affaires et du grand public à Westminster la semaine dernière. Il n’y avait aucun avertissement contre d’autres groupes politiques, mais à côté d’une image de l’emblème anarchiste, « le bureau du contre-terrorisme » de la police de Westminster en a appelé aux dénonciateurs anti-anarchistes en ces termes : «L’anarchisme est une philosophie politique qui considère l’État indésirable, inutile et nuisible et promeut au lieu de cela une société apatride, ou l’anarchie. Toutes les informations concernant les anarchistes devraient faire l’objet d’une dénonciation à votre poste de police local. »

Cette annonce a irrité quelques anarchistes qui se sont plaints expliquant qu’être anarchiste n’implique pas un comportement criminel. Ils ont dit qu’ils se sentent injustement criminalisés en raison de leurs opinions politiques.

Le sentiment de disproportion créé par l’auteur  de la note se retrouve quelques lignes plus loin, à propos du terrorisme islamiste. Sous l’image d’un drapeau avec un point doré sous une écriture arabe la légende est ainsi libellée : « Souvent vu et utilisé par Al-Qaida en Irak. Toute apparition d’une telle image devrait faire l’objet d’une dénonciation à votre poste de police local. »

« Cela implique de manière injuste, que toute personne engagée dans le mouvement anarchiste devrait être connue de la police, étant investie dans une activité dangereuse », a déclaré Jason Sands, un anarchiste du sud de Londres. « Il n’y a rien en soi de criminel dans cette philosophie politique. Le travail de la police est en infraction avec  la convention des droits de l’Homme, qui rejette la discrimination contre les gens à cause de leurs opinions politiques, sur cette simple demande d’information. Ils ne sont  concentrés sur rien de spécifique et ils demandent juste des informations générales. Imaginez-vous les appeler et dire “il y a un anarchiste dans mon immeuble. Que dois-je faire ?” Cela n’a aucun sens. »

La note a été publiée par le commissariat de Belgravia dans le cadre du projet Griffin qui vise « à conseiller et familiariser l’encadrement, les agents de sécurité et les employés du secteur public comme du secteur privé dans la capitale, à propos de la sécurité, de l’anti-terrorisme, de la prévention et de la lutte contre le crime ».

Sean Smith, mandaté aux relations extérieures de Solfed, la section britannique de l’Association Internationale des Travailleurs (anarcho-syndicaliste), a dit de l’appel à la délation : « C’est assez absurde, mais pas surprenant, quand l’État cherche à criminaliser des idées, il les montre comme étant dangereuses à sa propre survie. »

« Nous sommes une union de révolutionnaires, explique-t-il. Les membres de notre organisation croient que le changement social radical viendra de l’organisation sur les lieux de travail et les quartiers, pas par des actes de terrorisme. Nous avons mis un grand nombre d’informations sur nos idées et notre stratégie, en ligne. »

Les petits groupes d’anarchistes masqués et habillés de noir ont vraiment causé quelques dégâts aux vitrines dans le centre de Londres pendant les manifestations contre les coupes budgétaire ce printemps, mais il y a eu peu d’activité depuis. Le prochain grand événement anarchiste semble peu à même d’intéresser la police. C’est un salon du livre en octobre avec « du cabaret toute la journée mettant en vedette des poètes, des chanteurs et des bandes dessinées, des projections de films et deux espaces pour enfants ».

 

Anarchists should be reported, advises Westminster anti-terror police

Islamist terrorists also mentioned in briefing, as anarchists complain of being criminalised for their beliefs.

What should you do if you discover an anarchist living next door? Dust off your old Sex Pistols albums and hang out a black and red flag to make them feel at home? Invite them round to debate the merits of Peter Kropotkin’s anarchist communism versus the individualist anarchism of Emile Armand? No — the answer, according to an official counter-terrorism notice circulated in London last week, is that you must report them to police immediately.

This was the surprising injunction from the Metropolitan Police issued to businesses and members of the public in Westminster last week. There was no warning about other political groups, but next to an image of the anarchist emblem, the City of Westminster police’s “counter terrorist focus desk” called for anti-anarchist whistleblowers stating: “Anarchism is a political philosophy which considers the state undesirable, unnecessary, and harmful, and instead promotes a stateless society, or anarchy. Any information relating to anarchists should be reported to your local police.”

The move angered some anarchists who complained that being an anarchist should not imply criminal behaviour. They said they feel unfairly criminalised for holding a set of political beliefs.

The feeling of disproportion was compounded by the briefing note author making a similar request about Islamist terrorists a few lines further down. Under an image of flag with a gold dot beneath some Arabic script it added: “Often seen used by al-Qaida in Iraq. Any sightings of these images should be reported to your local police.”

“It unfairly implies that anyone involved in anarchism should be known to the police and is involved in an dangerous activity,” said Jason Sands, an anarchist from South London. “There is nothing inherently criminal about political philosophy whatever it is. The police work under the convention on human rights which disallows discrimination against people because of their political beliefs and even the request for information would seem to be in breach of that. It also seems to be a bit useless as a way of gathering intelligence. It isn’t focused on anything specific and they are just asking for general information. Imagine calling up and saying ‘there’s an anarchist in my building. What should I do?’ It doesn’t make sense.”

The note was issued from Belgravia Police Station as part of Project Griffin which aims to “advise and familiarise managers, security officers and employees of large public and private sector organisations across the capital on security, counter-terrorism and crime prevention issues”.

Sean Smith, external relations officer for Solfed, the British section of the anarcho-syndicalist International Workers’ Association, said of the call for whistleblowers: “It’s pretty absurd, but not surprising, when the state seeks to criminalise ideas it deems to be dangerous to its own survival”.

“We are a revolutionary union initiative,” he explained. “Members of our organisation believe in bringing about radical social change through workplace and community organising, not acts of terrorism. We have made extensive information about our ideas and strategy freely available online.”

Small groups of anarchists masked and dressed in black did cause some damage to shop windows in central London during anti-cuts demonstrations in the Spring, but there has been little activity of late. The next big anarchist event in London appears hardly likely to concern the police. It is a book fair in October with “all-day cabaret starring assorted ranters, poets, singers and comics; all-day film showings and two kids’ spaces”.

Leur presse (Robert Booth, guardian.co.uk), 31 juillet 2011.

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Deux appels et des nouvelles de Notre-Dame-des-Landes

 

Ci-dessous, des nouvelles et deux appels en provenance de la ZAD occupée contre la construction d’un aéroport. C’est relatif aux procès et aux expulsions. Plus d’infos sur zad.nadir.org

 

Des nouvelles de Laurence et de la Zad

Laurence doit subir une nouvelle opération lundi
C’est elle-même qui a dû appeler les secours
les keufs ont refusé de le faire
il y a eu les coups de pieds, mais avant c’étaient les matraques
les fameuses tonfa par coup direct de face de la part des CRS

sur la Zad même une forte présence policière
gendarmes et gardes mobiles (on est à la campagne)
les contrôles routiers sont presque permanents
en même temps ils ne bloquent rien
du coup on est au milieu d’eux ou l’inverse
quand on demande ce qu’il font là ?
Ils répondent « Raison de sécurité ! »

Il paraît qu’ils cherchent activement une matraque qui leur a été piquée le jour de la manif à l’aéroport

Visiblement ils ont décidé de suivre certaines personnes après les actions, « Opération parapluie » disent-ils

Les squats de maisons en bon état semblent attirer plus leur attention

Infozone, 31 juillet 2011.

 

Appel à rassemblement devant le tribunal de St Nazaire le 17 août
La Justice au service du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes

Depuis quarante ans dans la région, des gens s’opposent à un projet mégalomane de construction d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Nous avons rejoint la lutte en occupant illégalement des terres et des maisons que le Conseil général et l’État avaient rachetées petit à petit pour en faire cadeau au groupe Vinci, en janvier dernier. Aujourd’hui, pour mener à bien son projet, Vinci doit faire place nette en expulsant les habitant.e.s de la zone, d’abord les squats, ensuite les locations, les propriétés et les fermes.

Nous sommes convoqué.e.s au tribunal de Saint-Nazaire le 17 août pour des procédures d’expulsion.

Nous refusons de comparaître au tribunal.

Nous refusons de comparaître au tribunal parce que nous ne reconnaissons pas la justice. La justice est un instrument de l’État. Cet État qui nous impose par la force le projet d’aéroport (et bien d’autres) malgré une opposition massive. Pour exemple, les nombreux recours portés par les associations qui ont été rejetés, les différentes condamnations d’opposant.e.s, la militarisation de la zone, les pressions policières, le fichage systématique de tout.e opposant.e…

Nous refusons de comparaître au tribunal parce que nos vies n’y valent pas grand-chose face au groupe Vinci, leader mondial du BTP, aux bénéfices annuels de 1,7 milliard d’euros qui exploite dans 90 pays et dont le PDG percevait en 2005 un salaire de 350’000 euros par mois. Dans cette lutte, ce sont nos vies que nous défendons et nous n’attendons pas que la justice lutte à notre place car elle est un outil au service du capital.

Nous refusons de comparaître au tribunal parce que nous refusons de jouer le rôle que la justice attend de chacun.e. Quotidiennement des tas de gens sont convoqué.e.s devant un tribunal. Face à la justice, nous sommes seulement tenu.e.s d’obéir, de jouer le jeu, de bien nous habiller, de répondre poliment aux marques de mépris et aux vexations, d’accepter de nous faire couper la parole, d’attendre notre tour. En un mot : de nous montrer dociles et de faire semblant de croire que la justice est juste. Parce que celui ou celle qui ne le fait pas risque simplement une décision plus sévère. Avoir affaire à la justice, c’est voir des magistrat.e.s décider du cours de sa propre vie.

Nous refusons de comparaître au tribunal parce qu’il s’agit d’un procès d’expulsion et que nous ne voulons pas être expulsé.e.s. Peu importe notre défense, l’expulsion sera prononcée. Seuls quelques jours ou semaines de délai pourraient être accordées, ce qui ne changerait ni nos vies, ni la lutte, ni l’état de ce monde.

Nous refusons de comparaître au tribunal parce que nous ne voulons pas parler au/à la juge. Nous trouvons plus intéressant de discuter entre nous. Nous avons plus à gagner en nous rencontrant et en nous organisant.

Nous refusons de comparaître au tribunal parce qu’il fait toujours plus beau à l’extérieur.

NOUS VOUS INVITONS À TOU.TE.S NOUS RASSEMBLER DEVANT LE TRIBUNAL DE SAINT-NAZAIRE LE 17 AOÛT À 8H00. Ainsi qu’aux Planchettes du 16 au 19 août pour préparer la résistance face aux expulsions.

Nous ne lâcherons rien. Nous ne partirons pas. Vinci dégage.

Des occupant.e.s de la Zad – 30 juillet 2011.

 

Appel à venir sur la ZAD
De la zone occupée de Notre-Dame-des-Landes

Deux ans maintenant que ici, sur la zone réservée à la contruction d’un aéroport, nous reprenons les terres et les maisons laissées à l’abandon. Deux ans donc, à occuper, à vivre, à s’organiser, à réfléchir, à chasser du bocage géomètres, foreurs et autres expert.e.s de l’aménagement. Deux ans à rencontrer, à se lier, à comploter contre ce monde, à voir passer les militaires et les hélicoptères.

Aujourd’hui, de nombreux lieux sont convoqués au tribunal en vue d’une expulsion massive, préliminaire au vide annoncé par les bétonneurs. Si nous sommes ici, c’est pour ne pas leur laisser la place libre. Pour qu’illes comprennent qu’illes ne sont pas en terrain conquis.

Alors qu’il en soit de même pour ces expulsions qui se préparent. Que ce soit pour elleux un calvaire et pour nous une grande fête. Une grande fête parce que nous savons qu’illes ne nous chasseront pas à coup de bulldozer ; qu’illes peuvent bien raser nos maisons, brûler nos cabanes, nous resterons. Nous resterons et cette lutte continuera.

Autour de nos procès…

Le 11 août, plusieurs lieux sont convoqués à Nantes. Nous espérons obtenir un report. Le 17 août, d’autres lieux seront jugés à Saint-Nazaire. Nous appelons à un rassemblement devant le tribunal dès 8h. Également, du 16 au 19 août, nous vous invitons aux Planchettes pour se rencontrer, discuter et s’organiser.

… et lorsque nous serons expulsables…

Dès que nous connaîtrons la date du rendu du procès, nous vous appellerons à venir massivement soutenir les lieux expulsables. À partir du 17, consultez notre site zad.nadir.org pour connaître cette date. Nous aurons besoin d’un maximum de monde, d’énergie, de matériel, de bonnes idées et de détermination pour défendre nos lieux de vies, et faire de ce moment d’expulsion un beau moment de lutte.

Venez nombreu-ses/x pour résister à l’invasion de notre bocage par les troupes qui tenteront de nous en déloger.

D’ores et déjà, nous nous organisons pour vous accueillir, et pour élaborer une stratégie où toutes les tactiques de défense trouveront leur place.

Et d’ici là…

D’ici là, si vous, vous êtes dispos et motivé-e-s, vous pouvez venir à l’avance repérer le terrain, imaginer avec vos groupes ce qui y est possible, nous aider à récupérer un maximum de matériel, et rester jusqu’au jour J. Parce que ça fait beaucoup à réfléchir, à discuter et organiser, nous ne serons pas toujours aussi disponibles qu’on voudrait, mais vous êtes les bienvenues ! (Pour info, une permanence d’accueil a lieu tous les jours aux Planchettes de 12h à 14h.)

Pour tou-te-s celles et ceux qui avaient bien envie de passer voir dans le coin ce qui s’y passe, pour celles et ceux qui y sont déjà venu.e.s et se sont lié.e.s avec cette lutte, c’est le moment où jamais. Nous avons besoin de vous.

Face aux destructeurs de lieux de vie et d’organisation ; Face aux constructeurs d’aéroports et autres saloperies bétonnées ; Organisons la résistance !

29 juillet 2011.

Publié dans Aménagement du territoire - Urbanisme, La liberté est le crime qui contient tous les crimes | Marqué avec , | Un commentaire

Sur la « Révolution avec les réseaux sociaux » en Biélorussie

Il est assez difficile de trouver des informations en français de qualité sur le mouvement social actuel en Biélorussie, voila un article qui aborde le niveau d’absurdité dont il est question.

En attendant des centaines de personnes écopent d’amendes et de peines de prison allant jusqu’à deux semaines, alors qu’ils sont déjà résignés à ne pas agir…

 

Biélorussie : l’« inaction organisée » bientôt hors-la-loi

Le parlement biélorusse a été saisi d’un projet de loi visant à introduire des sanctions pour « inaction organisée », une façon de mettre un terme aux manifestations silencieuses dont le pays est le théâtre, rapporte vendredi le correspondant de RIA Novosti.

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Ces derniers temps, des actions de protestations d’un genre nouveau se déroulent en Biélorussie. Leurs participants, qui se donnent rendez-vous via Internet, n’apportent pas de banderoles et ne scandent aucun slogan. Ils n’expriment leur mécontentement que par des applaudissements.

Un député du parlement a confié à RIA Novosti que si ce projet est approuvé, il faudrait demander une autorisation pour une manifestation classique ainsi que pour toute « inaction organisée ». Cela concernera l’« inaction organisée » dont les participants se sont donné rendez-vous via Internet.

Actuellement, la police biélorusse lutte contre ce genre de protestation par le biais d’interpellations massives. Les contrevenants se voient infliger des sanctions administratives, allant de 15 jours de garde à vue aux amendes substantielles. Toutefois, ce genre d’actions échappe à présent au cadre de la loi.

La Biélorussie est confrontée à une situation économique extrêmement tendue qui a débouché fin mai sur la dévaluation de la monnaie nationale et entraîné une forte hausse de l’inflation.

Leur presse (RIA Novosti), 29 juillet 2011.

 

La Biélorussie va interdire les manifestations silencieuses

La Biélorussie va interdire explicitement les manifestations « silencieuses » qui se sont banalisées dans l’ex-République soviétique, selon un projet de loi publié vendredi.

Les manifestations, souvent organisées par le biais des réseaux sociaux sur internet, impliquent de part et d’autre du pays au moins dix millions de personnes chaque semaine. Les participants se regroupent dans des endroits convenus à l’avance, sans aucune banderole et se tiennent simplement en silence, ou bien applaudissent à l’unisson.

Le président Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, perçoit ce genre de manifestations comme faisant partie d’un complot pour renverser son gouvernement. La police disperse ces manifestations et arrête des dizaines de participants de façon routinière.

Condamnations

La Biélorussie, confrontée récemment à un important déficit budgétaire récemment, a dâ dévaluer son rouble de 36 % en mai. Les prix des produits de consommation sont donc montés en flèche, diminuant ainsi les revenus des Biélorusses et incitant des milliers de personnes à rejoindre les manifestations. Participer à des manifestations non autorisées est illégal en Biélorussie. Des centaines de contrevenants ont été placés en garde à vue lors de manifestations précédentes avant d’être condamnés, parfois jusqu’à deux semaines.

Selon les amendements publiés sur le site gouvernemental, « la présence massive de personnes dans un lieu public convenu à l’avance […] dans le but d’accomplir des actions convenues à l’avance ou des inactions […] afin d’exprimer des vues politiques ou des protestations » est considérée comme un piquet de grève et requiert, dès lors, une autorisation officielle.

Les experts estiment que les manifestations, qui attirent principalement un public de jeunes urbains, ne représentent pas une menace directe vis-à-vis de l’autoritaire président du pays.

Leur presse (Reuters), 29 juillet 2011.

 

 

Pour un court historique en français de la « Révolution avec les réseaux sociaux », inspirée du mouvement espagnol Democratia Real Ya! :

 

Biélorussie : une drôle de manifestation à Minsk

Une action de protestation plutôt inhabituelle s’est tenue mercredi [15 juin] en plein centre de Minsk, rapporte le correspondant de RIA Novosti dans la capitale biélorusse.

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La manifestation qui aurait réuni selon diverses estimations entre quelques centaines et quelques milliers de personnes s’est déroulée sans slogans ni banderoles antigouvernementaux. Le rassemblement a été organisé via réseaux sociaux.

La police biélorusse n’a pas utilisé d’équipements anti-émeute pour disperser les manifestants, mais a toutefois essayé de les repousser de la place Oktiabrskaïa. En réponse, les protestataires scandaient « Bravo ! » et « Merci ! » et applaudissaient.

Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a averti mercredi qu’il ne tolérerait ni grève, ni action de protestation opposées à la politique économique menée par l’État au moment où le pays fait face à une crise économique sans précédent.

Selon les politologues biélorusses, les forces nationales de sécurité qui n’ont jamais été confrontées à ce type de protestation devront revoir leurs méthodes de travail.

Leur presse (RIA Novosti), 16 juin 2011.

 

Biélorussie : la contestation se poursuivra

Les actions de protestation se multiplieront en Biélorussie dans un avenir proche, provoquant une répression plus sévère, estime le directeur de l’Institut international d’expertise politique, Evgueni Mintchenko.

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« Les manifestations se poursuivront en Biélorussie, et le président Loukachenko n’aura pas d’autre choix que de serrer la vis », estime M. Mintchenko.

Mercredi 22 juin, de nouvelles manifestations contre la politique économique des autorités biélorusses se sont déroulées à Minsk et dans plusieurs autres villes du pays. Selon les militants biélorusses des droits de l’homme, quelque 450 manifestants, dont des journalistes, ont été interpellés par la police.

Selon M. Mintchenko, la popularité du leader biélorusse Alexandre Loukachenko continue sa chute, le pays étant confronté à une situation économique extrêmement tendue. Dans ce contexte, M. Loukachenko pourrait utiliser la force pour couper court au mécontentement populaire.

« Le processus de contestation en Biélorussie est irréversible, et il va prendre de l’ampleur. Ce sera très difficile de l’arrêter », a indiqué M. Mintchenko.

La crise économique en Biélorussie a provoqué fin mai une dévaluation de la monnaie nationale de 36%, entraînant une forte hausse de l’inflation. Le 4 juin dernier, le Fonds anticrise de la Communauté économique eurasiatique (CEEA) a approuvé l’octroi à la Biélorussie d’un crédit de 3 milliards de dollars.

Leur presse (RIA Novosti), 23 juin 2011.

 

Biélorussie : aucune restriction des libertés (premier ministre)

La Biélorussie n’apporte aucune restriction aux droits et libertés de ses citoyens et n’a pas l’intention de le faire à l’avenir, a déclaré jeudi le premier ministre biélorusse, Mikhaïl Miasnikovitch.

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« Il n’y aucune restriction des libertés où des droits de l’homme en Biélorussie », a affirmé M. Miasnikovitch. « La Biélorussie est un État démocratique, qui respecte le droit international au même titre que sa propre législation. »

Le mécontentement populaire monte en Biélorussie confrontée à une situation économique grave. Dirigé depuis 16 ans d’une main de fer par le président Alexandre Loukachenko, célèbre pour sa dureté envers les opposants, le pays fait face à une dévaluation rapide de la monnaie nationale.

Mercredi 22 juin, des manifestations contre la politique économique des autorités biélorusses se sont déroulées à Minsk et dans plusieurs autres villes du pays. Selon les militants biélorusses des droits de l’homme, quelque 450 manifestants, dont des journalistes, ont été interpellés par la police.

Leur presse (RIA Novosti), 23 juin 2011.

 

Minsk : des dizaines de manifestants interpellés par la police

La police biélorusse a déjà interpellé des dizaines de participants lors d’un rassemblement silencieux dans le centre de Minsk, pour lequel des appels avaient été lancés via les réseaux sociaux, rapporte mercredi [29 juin] le correspondant de RIA Novosti sur place.

Cette action de protestation hebdomadaire contre la politique économique du gouvernement se déroule sans slogans ni banderoles.

Le président Alexandre Loukachenko avait prévenu qu’il « cognerait » sur les opposants qui appellent à la grève et à manifester au moment où le pays fait face à une crise économique sans précédent.

La Biélorussie est confrontée à une situation économique extrêmement tendue, la crise ayant provoqué fin mai une dévaluation du rouble considérable et entraîné une forte hausse de l’inflation.

Leur presse (RIA Novosti), 30 juin 2011.

 

Minsk : près de 100 manifestants condamnés

Près de 100 personnes ont été condamnées en Biélorussie pour avoir participé dimanche à une manifestation non autorisée à Minsk, a annoncé à RIA Novosti la militante des droits de l’homme, Anastassia Loïko.

« Selon les informations dont nous disposons, près de 100 personnes ont été traduites en justice », a-t-elle déclaré.

D’après l’interlocutrice de l’agence, la plupart des manifestants ont été condamnés à une détention administrative allant de cinq à 15 jours. Seules deux personnes, dont une femme élevant un enfant handicapé, ont écopé d’une amende.

Selon les défenseurs biélorusses des droits de l’homme, près de 380 opposants au régime d’Alexandre Loukachenko ont été interpellés dimanche à Minsk et dans d’autres villes du pays.

Ces derniers temps, les contestataires biélorusses ont changé de tactique: ils se réunissent sans drapeaux ni banderoles dans le centre de Minsk ou d’une autre ville et se mettent à applaudir, sans crier de slogans.

Ces actions se déroulent d’habitude le mercredi. Cette fois, les opposants ont décidé de l’organiser le 3 juillet, proclamé Journée de l’Indépendance en Biélorussie. Les forces de l’ordre n’ont pas tardé à disperser le rassemblement.

Leur presse (RIA Novosti), 4 juillet 2011.

 

1730 interpellations lors des récentes manifestations silencieuses au Bélarus

Quelque 1730 personnes ont été interpellées au cours de cinq manifestations silencieuses au Bélarus, dont 980 à Minsk, a indiqué jeudi le groupe bélarusse de défense des droits de l’homme Viasna.

La plupart des opposants ont été punis par des arrestations et des amendes. Beaucoup ont été battus, ont noté les militants de l’ONG.

Les actions de protestation se sont déroulées les 15, 22 et 29 juin, ainsi que le 3 et le 6 juillet et avaient été organisées par Internet. Les contestataires sont invités à protester contre la politique du président Loukachenko soit par des manifestations silencieuses, soit par des applaudissements sur les places de villes.

Les rassemblements sont dispersés par des unités de la milice, mais aussi par des agents en civil.

Leur presse (Voix de la Russie), 7 juillet 2011.

 

Au Belarus, il est interdit d’applaudir

Le président Loukachenko a dû prendre une mesure étonnante pour tenter d’enrayer un mouvement de protestation pour le moins original.

Le décor avait pourtant été particulièrement soigné. Des milliers de soldats alignés au millimètre près, des citoyens sagement regroupés dans les tribunes officielles, un défilé d’engins militaires savamment orchestré et une immense estrade dressée à la démesure de celui qui se trouvait en son centre : Alexandre Loukachenko, l’homme fort de la Biélorussie. Ce dernier, souvent qualifié de « dernier dictateur d’Europe », se livrait comme d’habitude à une diatribe contre l’opposition biélorusse, contre l’Europe, contre le monde entier…

Tout semblait bien rodé, donc, pour ce jour de fête de l’Indépendance, le 3 juillet dernier. Sauf que quelque chose d’inhabituel s’est produit pendant cette cérémonie. Un détail qui aurait presque pu passer inaperçu. Le silence. Un silence assourdissant qui s’est abattu sur le discours du président Loukachenko. Aucune réaction du public, aucun cri, aucune manifestation de joie ou même, pourquoi pas, de colère. Et surtout, aucun applaudissement. Chaque envolée lyrique de l’orateur se concluait par un blanc, aussi pesant qu’inhabituel (voir la vidéo ci-dessous). Alexandre Loukachenko, de son côté, ne semblait guère ému par cet apparent désintérêt à son discours. Et pour cause, c’est lui qui a interdit à son peuple de l’applaudir.

Un pays « à bout de souffle »

Une décision qui ne doit rien à un sursaut d’humilité du dictateur biélorusse. Bien au contraire. Loukachenko a pris cette mesure inédite après que ses détracteurs eurent décidé d’un moyen d’action plutôt inédit : des applaudissements incessants, dans toutes les villes du pays, comme signe de protestation au régime en place. L’appel a été largement diffusé à travers les réseaux sociaux du pays, Facebook, mais aussi son équivalent russophone Vkontakte. Et dans un pays confronté à sa plus grave crise depuis l’arrivée au pouvoir d’Alexandre Loukachenko, en 1994, l’idée a fait tache d’huile. Ainsi, pendant plusieurs semaines, en juin, les rues de Minsk et des autres villes du pays ont offert l’étonnant spectacle de passants applaudissant à tout rompre un spectacle de pauvreté et de désespoir.

Car la Biélorussie est « à bout de souffle », selon les propres termes de la Banque centrale en juin dernier. Le pays doit faire face à un déficit commercial abyssal et à une pénurie de devises, et la première tranche (800 millions de dollars) d’un prêt de trois milliards de dollars sur trois ans accordé par la Communauté économique eurasiatique ne suffira peut-être pas. D’autant que, pendant ce temps-là, l’Union européenne a renforcé ses sanctions contre Minsk pour protester contre les persécutions systématiques d’opposants politiques ayant cours en Biélorussie. Loukachenko « doit choisir sa voie : vers la démocratie ou vers (le tribunal de) La Haye », avait pourtant prévenu l’UE à la fin du mois de juin. Visiblement, le président a choisi une troisième voie.

Leur presse (Cyriel Martin, Le Point.fr), 8 juillet 2011.

 

Des dizaines d’opposants biélorusses arrêtés lors d’actions pacifiques

Des dizaines de militants d’opposition ont été interpellés en Biélorussie lors de rassemblements pacifiques convoqués, comme tous les mercredis, par l’intermédiaire des réseaux sociaux. Des appels avaient été lancés sur des réseaux comme Vkontakte, l’équivalent russophone de Facebook, pour que les militants d’opposition se rassemblent silencieusement. Ces réseaux étaient inaccessibles dans la soirée.

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La consigne était d’avoir programmé les téléphones portables pour qu’ils sonnent à 20 heures locales (19 heures à Paris) sur la mélodie de Nous attendons des changements, un air de rock célèbre de l’époque de la chute du régime soviétique.

À Minsk, d’importantes forces de police, dont beaucoup d’hommes en civil, avaient pris position dans le centre-ville, où environ un millier de personnes se sont rassemblées peu avant 20 heures. Après que les téléphones ont sonné, la police a commencé à interpeller des participants.

ARRESTATIONS EN PROVINCE

Selon l’ONG de défense des droits de l’homme Viasna, au moins une quinzaine de personnes ont été arrêtées, dont deux journalistes locaux. Un photographe a été battu et d’autres ont été empêchés de filmer les arrestations.

Selon la même source, une trentaine de personnes ont été interpellées au même moment dans la ville de Mozyr, placées dans des cars de police et relâchées par la suite. Plusieurs personnes ont été interpellées à Brest, à la frontière avec la Pologne, où 150 militants avaient participé à l’action. Une dizaine de personnes ont aussi été interpellées à Sloutsk, dans la région de Minsk. L’Association de la presse bélarusse a également fait état d’interpellations de journalistes dans des villes de province.

La répression de l’opposition s’est renforcée dans l’ex-république soviétique depuis la réélection contestée en décembre du président Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis près de dix-sept ans.

Leur presse (Le Monde.fr), 13 juillet 2011.

 

Au moins 25 manifestants interpellés à Minsk

Au moins 100 personnes ont été interpellées mercredi [13 juillet] au cours de l’action de protestation silencieuse en Biélorussie, dont au moins 25 manifestants à Minsk, selon l’Agence biélorusse BelaPAN. Plusieurs d’entre eux dont les journalistes de l’agence ont été relâchés. Dans les autres cas, des procès-verbaux d’infraction administrative ont été dressés.

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Selon l’agence, on y trouve beaucoup de passants étrangers à l’action. À Gomel, on a interpellé notamment un commerçant italien, copropriétaire d’un café. En plus de Minsk et de Gomel, les autorités ont procédé à des arrestations à Brest, à Vitebsk, à Jodino, à Sloutsk, à Soligorsk et dans plusieurs autres villes, indique ITAR-TASS.

Dans la capitale, l’action s’est achevée aux sons des réveils-matins de téléphones portables. Des arrestations ont suivi. Des personnes en tenue civile ont empêché le travail des journalistes, surtout des caméramans. L’accès au réseau VKontakte réunissant des militants de la Révolution à travers le réseau social a été bloqué.

Leur presse (Voix de la Russie), 14 juillet 2011.

 

En Biélorussie, le rock est censuré

Plusieurs chansons jugées subversives, dont un air de rock célèbre, Nous attendons des changements, sont désormais interdites à la radio biélorusse, a déclaré le critique musical Dmitri Podberezski.

« Un responsable du ministère de l’information appelle la radio et annonce que désormais telle chanson ou tel chanteur sont interdits », a-t-il affirmé.

La direction de la première chaîne de radio a même élaboré une liste des chansons interdites d’antenne, selon la chaîne de télévision indépendante Belsat, basée en Pologne. « En premier lieu, il s’agit de la chanson Nous attendons des changements de Viktor Tsoï. Au cours du dernier mois, trop d’auditeurs la réclamaient », a déclaré une employée de la radio, citée par Belsat.

Cette chanson est très populaire parmi les opposants au régime de l’autoritaire président Alexandre Loukachenko, qui en ont fait un hymne de ralliement : lors de leurs rassemblements, les téléphones diffusent à un moment convenu à l’avance cette musique préalablement téléchargée.

Des dizaines d’opposants ont été interpellés par la police à Minsk et en province lors de la dernière manifestation de ce genre, le 13 juillet, après que les téléphones ont sonné, selon l’ONG biélorusse de défense des droits de l’homme, Viasna.

Les chansons des vétérans du rock russe Andreï Makarevitch et Iouri Chevtchouk, qui ont appelé à la libération des opposants emprisonnés en Biélorussie, sont elles aussi interdites d’antenne, a indiqué M. Podberezski.

Plusieurs groupes ne sont plus diffusés sur les ondes depuis des semaines, comme le groupe punk rock Lyapis Troubetskoi, connu pour sa chanson Belarus Freedom.

La répression de l’opposition s’est renforcée dans cette ex-République soviétique depuis la réélection contestée en décembre 2010 du président Loukachenko, au pouvoir depuis 17 ans et qui connaît une crise économique majeure.

Leur presse (Agence Faut Payer), 19 juillet 2011.

 

En Biélorussie, une révolution muette

Nous sommes à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, à Byelastok, côté polonais. Dans le hall de gare, les « fourmis » [Nom donné aux populations vivant près de la frontière et qui, plusieurs fois par semaine, font l’aller-retour dans le pays voisin pour profiter des écarts de prix entre deux pays. De la Pologne vers la Biélorussie : textile, café, ustensiles de cuisine ou équipement ménager. De la Biélorussie vers la Pologne : essence, cigarettes, alcool. Cette activité peut générer un salaire à part entière dans le foyer.] s’activent. Deux vieilles femmes enfilent plusieurs couches de pantalons et de tee-shirts et se dirigent vers le quai avec une démarche de bibendum. Un peu plus loin, deux personnes enroulent autour de leur corps, à l’aide d’un film cellophane, plusieurs tee-shirts et robes d’été. Olga, une institutrice de la région, précise : « L’amende peut aller jusqu’à 500 dollars, mais ils font assez de trajets pour que cela reste rentable. Ils fonctionnent en réseau et mutualisent les amendes. »

Le ballet des fourmis n’a rien d’exceptionnel pour quelqu’un habitué à passer la frontière par voie terrestre. Mais ce qui étonne aujourd’hui, c’est la nature des produits transportés. Couches-culottes et serviettes hygiéniques ont remplacé l’habituel café dans les valises. Fin avril, le pays est plongé depuis plusieurs semaines déjà dans une crise des changes, et beaucoup d’entreprises importatrices ne peuvent plus acheter de marchandise en provenance d’Europe ou des États-Unis, faute d’euros et de dollars.

Il y a déjà pénurie pour un certain nombre de biens qui ne sont pas produits localement, pénurie amplifiée par les consommateurs eux-mêmes. Habitués aux dévaluations récurrentes et conservant le souvenir des années 1990, ils stockent en effet à la première alerte. Aussi, même le sucre et l’huile, pourtant produits localement, viennent à manquer. On peut se battre pour quelques kilos de sucre dans un supermarché, faisant dire au président Alexandre Loukachenko, quelques jours plus tard : « J’ai honte du peuple biélorusse [Propos rapportés par BelaPAN, le 27 mai 2011, suite à une visite d’État du président Loukachenko au Kazakhstan.]… »

La crise monétaire qui s’annonce depuis le début de l’année est tout sauf une surprise pour le président Loukachenko, qui avait pris soin d’avancer la date des élections présidentielles au 19 décembre 2010 [Lire « Le rêve brisé de la jeunesse biélorusse », février 2011]. Aux causes structurelles liées au système économique biélorusse (balance commerciale déficitaire, appareil productif peu rentable, peu de ressources énergétiques exploitables) s’ajoute une cause conjoncturelle : le 1er juillet 2011 est entrée en vigueur l’harmonisation avec la Russie des taxes d’importation sur les véhicules. Anticipant la hausse des prix, une véritable « course à l’importation » a eu lieu, les Biélorusses prenant d’assaut les marchés de véhicules d’occasion des pays voisins. Même si elle n’avait a priori rien à voir avec la crise en cours, la visite, début avril, du vice-président du Zimbabwe — pays champion de l’inflation — n’était pas faite pour rassurer la population.

La spéculation aidant (certains achetant plusieurs voitures par foyer pour les revendre ensuite en Russie), dès mi-avril 2011, trouver des euros ou des dollars relevait du parcours du combattant. De nombreuses personnes campent littéralement devant les bureaux de change et interpellent les clients : « Vous venez de changer des dollars ? Combien ? » Craignant les dévaluations, les Biélorusses ne gardent jamais de grosses sommes d’argent en monnaie locale. Les salaires sont aussitôt changé en dollars ou en euros.

Mis à part les produits alimentaires ou les biens de première nécessité, beaucoup d’échanges se font en dollars, y compris ceux impliquant des entreprises officielles qui, souvent, refusent d’être payées autrement qu’en dollars, monnaie avec laquelle il est pourtant interdit de conclure un contrat. Cette pratique est tellement courante que nombre de publicités contournent la loi en affichant les prix en « unité conventionnelle » (« y.e » en russe), affichant clairement le prix dans un dollar qui ne dit pas son nom.

À Minsk, dans le bureau de change de la BelarusBank du centre « Stolitsa », les personnes désireuses d’acquérir des dollars se sont organisés en comités locaux. Pour satisfaire le plus grand nombre, les acquéreurs se sont fixés une limite à « 100 dollars maximum par transaction ». Un cahier recense les demandes de chaque personne, avec un ordre chronologique d’arrivée et les coordonnées de chacun. Seuls les trois premiers de la liste sont physiquement présents dans le hall de la banque. Quand le premier a pu changer 100 dollars (grâce à un touriste, par exemple, venu acquérir de la monnaie locale), il appelle le quatrième de la liste, qui vient prendre son tour de garde et veiller à ce que l’ordre soit respecté dans la file d’attente. Les demandeurs doivent venir « pointer » tous les matins et signer la liste d’émargement pour confirmer leur présence et conserver leur rang dans la file. Une rigueur et une organisation que sans doute aucun système bureaucratique n’aurait pu instaurer. Ailleurs, ce sont des retraités, employés par des hommes d’affaires en manque de liquidités étrangères, qui sont payés pour faire la queue dans les bureaux de change.

Début mars, une personne qui se fait appeler « Piotr » a créé le site Prokopovi.ch. Non sans humour, le nom du site reprend celui du directeur de la banque nationale biélorusse, Piotr Petrovitch Prokopovich. Le site se propose d’être une « bourse d’échange » pour ceux qui souhaitent acquérir des devises étrangères. Le principe : une personne cherchant à « vendre » des dollars pose une annonce, un acheteur se manifeste, et ils se donnent rendez-vous dans une banque officielle. Le vendeur vient « déposer ses dollars » à la banque, et l’acheteur suivant dans la file d’attente les rachète aussitôt. Ainsi, l’argent ne reste pas à la banque, qui ne peut ni le bloquer en fin de journée, ni refuser de le vendre. Lancé au moment opportun, le site a vu sa popularité exploser et présentait quelques semaines après son lancement un pic de fréquentation à 100’000 visites par jour et 1500 nouvelles annonces quotidiennes !

Le site met toutefois en garde les utilisateurs contre les spéculateurs ou escrocs qui pourraient profiter du système. Avant la dévaluation, le cours du rouble était d’environ 3 100 BYR pour un dollar et 4 569 BYR pour un euro [Cours de la BelarusBank du 27 avril 2011, soit un mois avant la dévaluation du rouble biélorusse de 36 %, le 24 mai 2011], mais les entreprises en manque de liquidités étaient prêtes à acheter respectivement ces monnaies à 8000 et 10’000 roubles au marché noir. Les entreprises importatrices hésitaient même à vendre, car elles savent qu’elles seraient payées en un rouble « inéchangeable » qui risquait d’être prochainement dévalué.

À vrai dire, le président Loukachenko est dans une situation peu enviable. À cette situation s’ajoutent les pressions internationales, et l’avide voisin russe qui attend les privatisations pour acquérir les fleurons de l’industrie biélorusse [La Communauté économique eurasiatique (CEE), qui regroupe le Belarus, le Kazakhstan, le Kirghizstan, la Russie, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan, a approuvé début juin l’octroi d’un crédit de 3 milliards de dollars sur trois ans à Minsk. Mais Moscou a posé comme condition que le pays procède à d’importantes privatisations. Le premier lot concerne BelarusKali, géant de la potasse et de l’engrais en Biélorussie.]. La situation est en grande partie le résultat de son « miracle économique subventionné », qui est à bout de souffle, de son comportement diplomatique cyclique et changeant, et d’un système corrompu qui, s’il n’affecte pas trop le citoyen (le racket des populations sévit moins qu’en Russie ou en Ukraine), touche durement les petits entrepreneurs et plombe toute source de profit dans les entreprise étatiques.

Pour redresser l’économie du pays, Loukachenko compte, « comme au temps d’Andropov, dit-il, remettre les Biélorusses au travail ». On assiste alors à des scènes ubuesques, comme dans ce salon de coiffure de la ville de Mosty, où des miliciens sont venus un jour de semaine prendre l’identité des clientes en menaçant : « Nous allons vérifier, si vous étiez aujourd’hui censées être au travail, vous serez réprimandées. »

Mais qui remettre au travail, quand même les usines d’État mettent une grande partie de leurs ouvriers en « congés forcés sans solde » ? Six cent mille travailleurs seraient dans ce cas, selon l’aveu même de l’agence d’État (Comité National de Statistiques). Un tournant pourrait avoir lieu si la crise économique mettait plus de gens dans la rue que les appels des partis d’opposition. Mi-avril, par exemple, des automobilistes ont organisé des opérations escargot aux stations-service pour protester contre la hausse des prix de l’essence, bravant l’interdiction qui leur avait été faite de manifester.

Le mouvement de protestation, qui existait pourtant depuis plus de trois ans, a pris plus d’ampleur depuis le printemps 2011, avec l’utilisation des réseaux sociaux, notamment Facebook et Vkontakte, son équivalent russophone. Malgré les pressions subies par les instigateurs du mouvement [Serguei Pavliukevitch, un des instigateurs de la « marche des millions » sur Vkontakte, regroupant 120’000 sympathisants, a reçu le 6 juin la visite du KGB. Scénario similaire pour quatre autres administrateurs de groupes sociaux. Pressions sur la famille, confiscation de l’ordinateur, et obligation de retirer la page d’Internet. Le site Vkontakte est par ailleurs régulièrement bloqué par l’opérateur national BelTelekom.] « la marche des muets », ou la « révolution des réseaux sociaux », comme elle s’autoproclame, a commencé le mercredi 8 juin, et est reconductible de manière illimitée tous les mercredis. Sans être affilié directement à un parti, sans drapeaux ni slogans, avec pour seule arme des applaudissements, le mouvement qui rassemble de plus en plus de participants demande un « changement de gouvernance » et la « fin du régime Loukachenko ».

La façon dont les premières marches pacifistes ont été réprimées montre que, sur la liberté d’expression, la ligne politique du président biélorusse n’a pas changé. Il veut avoir « les mains libres pour travailler de manière efficace », comme il le répète lui-même.

Les « enlèvements » de passants en pleine rue par des miliciens en civil, pour des gardes à vues de deux à trois jours suivies d’une amende, ou d’un emprisonnement pour les plus récalcitrants, se multiplient. C’est paradoxalement cette injustice ressentie qui pourrait rallier de plus en plus de gens à la cause des « muets ». Ces mères de famille en pleurs (« Mon fils n’est pas un criminel, pourquoi l’a-t-on emmené ? ») commencent à comprendre que les autres « emmenés » ne sont pas les ennemis de la nation pour qui on veut bien les faire passer.

Pour les futures manifestations, les organisateurs proposent même d’être solidaires et de se porter volontaires pour être « emmenés », en montant massivement dans les camions de la milice, mettant ainsi les forces gouvernementales dans une situation inédite. Pousser le ridicule jusqu’au bout ne tue pas, mais il pourrait bien marquer durablement les consciences.

Ping-pong médiatique aux olympiades de l’absurde

Pour ne pas risquer de faire quoi que ce soit d’illégal dans un régime où les procès à charge sont alimentés par des faits inventés, les manifestants ont tout simplement décidé de ne rien faire. La seule consigne est de se réunir, d’applaudir, sourire et féliciter quand un milicien s’approche de vous.

En russe, le mot réseau social peut aussi se traduire par « filet social » (comme l’anglais network qui contient le mot « net », filet). Aussi les commentateurs de BTCanal1 ne se gênent pas pour parler de « jeunes écervelés pris dans les filets de l’opposition », manipulés et financés par d’occultes puissances « de l’Ouest ». Le reportage qui a suivi le premier « mercredi » parle, à défaut de pouvoir les montrer, de « quelques jeunes » titubants, de drogués, de marginaux, comme lors des événements du 19 décembre.

La dernière marche ayant eu lieu le 22 juin, jour anniversaire de l’entrée en guerre de l’Allemagne nazie contre le bloc soviétique, les médias biélorusses n’ont pas hésité à qualifier les manifestants de « néofascistes osant applaudir ce jour terrible pour le peuple soviétique ».

Habitués des manipulations médiatiques (les fameuses « barres de fer et bouteilles de vodka » le soir des élections), les manifestants affinent à chaque nouvelle marche leur stratégie : la consigne a donc été donnée pour la marche suivante de ne même pas fumer de cigarettes, afin qu’aucune photographie ou scène filmée ne puisse laisser supposer l’usage de drogue. Sur les appels au rassemblement, on peut lire :

« Ne leur laissons aucune chance de nous stigmatiser !
Lors des manifestations, interdiction de : boire de l’alcool ou consommer des drogues, de crier des slogans, de jurer, de marcher sur la route (restons sur les trottoirs), interdiction de traverser au feu rouge, d’apporter un symbole politique ou un drapeau, de provoquer la milice, chanter des chansons, et dans la mesure du possible, ne pas fumer (pour ne pas leur donner l’occasion de montrer à quel point nous sommes “pervertis”). Si quelqu’un propose de faire un “sitting”, ou commence à crier des slogans, écartez vous de lui à cinq mètres minimum, c’est sûrement un provocateur infiltré qui chercher à provoquer la répression.
La seule consigne : applaudir et sourire. »

Pourtant, pas besoin de casseurs ou de provocateurs pour démarrer la répression. Quelque peu désorientés lors de la première marche, les OMON (forces spéciales biélorusses) ont réagi à l’inattendu par l’imprévisible : arrêter de manière aléatoire toute personne se trouvant à proximité des applaudissements, attendant que quelqu’un résiste pour saisir de « belles images de violence ». Mais de résistance, point ou si peu. Et pas de bavure côté manifestants.

Lors de la dernière marche, près de cinq cents personnes ont ainsi été arrêtées sur l’ensemble du territoire. Chaque mercredi, le mouvement s’amplifie, et surtout, il est suivi dans plus d’une vingtaine de grandes villes biélorusses.

Sur cette vidéo, on peut voir un représentant de l’ordre, en civil, invectiver ses subordonnés : « Ne soyez pas timides, n’hésitez pas, allez ! Qui n’a pas compris la leçon ? On prend le prochain qui passe ! »

Le gouvernement a aussi appelé à la rescousse ses jeunes du BRSM (héritier des jeunesses communistes) pour organiser des « flash mobs » anti-manifestants. Pour contrer la « marche des muets », les jeunes du BRSM passent des chansons de la seconde guerre mondiale et des chants patriotiques sur de grandes enceintes sur le parcours des manifestants. Ces contre-attaques ne fédèrent qu’une dizaine de sympathisants par événement mais ont de quoi perturber les plus stoïques par le bruit qu’elles génèrent.

Leur presse (Benjamin Vautrin, Les blogs du Diplo), 20 juillet 2011.

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[Suisse] Violences autour de la Reitschule à Berne

 

Dimanche vers 1h10 du matin, la police a affronté entre 30 et 40 manifestants cagoulés près du centre alternatif de la Reitschule à Berne. Les autonomes ont mis le feu à une barricade et attaqué les agents avec de la peinture et des pétards.

La police a dû faire usage de balles en caoutchouc dimanche vers 1h10 autour du centre alternatif de la Reitschule à Berne afin de dégager une barricade. Une voiture banalisée des forces de l’ordre avait auparavant été la cible de bouteilles et objets divers.

Les agents ont dû affronter entre 30 et 40 manifestants cagoulés, indiqué un communiqué de la police cantonale. Après la confrontation avec la voiture banalisée, les autonomes ont érigé une barricade en travers de la route et y ont mis le feu. Ils ont également attaqué les policiers à l’aide de peinture, pétards et feux d’artifices.

Leur presse (ATS), 31 juillet 2011.

 

Grabuge près de la Reitschule

La police a dû faire usage de balles en caoutchouc dimanche vers 1h10 autour du centre alternatif de la Reitschule à Berne afin de dégager une barricade.

La nuit de samedi à dimanche a été agitée aux environs du centre alternatif de la Reitschule à Berne. Une quarantaine de personnes masquées ont lancé des bouteilles, des pierres et des cocktails molotovs contre des voitures et ont érigé un barrage avec divers objets. La police cantonale bernoise a dû utiliser des balles en caoutchouc pour rétablir la situation.

Les débordements ont commencé lorsqu’une voiture civile de la police cantonale a été la cible de jets d’objets divers alors qu’elle circulait dimanche vers 01h10 heure près de la Reitschule en direction de la vieille ville. Pour calmer les esprits, le véhicule s’est replié, a annoncé dimanche la police cantonale bernoise. Mais peu après, des passants ont annoncé avoir aperçu entre 30 et 40 personnes masquées qui avaient dressé sur la route un barrage auquel ils ont bouté le feu.

À son arrivée sur place, la police a été accueillie à coups de bouteilles, de pétards, d’engins pyrotechniques et de peinture. La police a tiré des balles en caoutchouc pour pouvoir rendre la rue à la circulation. Une procédure a été ouverte contre les fauteurs de troubles pour mise en danger de la vie d’autrui, violence, dommages à la propriété et menaces contre des fonctionnaires.

Leur presse (ap), 31 juillet 2011.

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Des nouvelles d’Égypte (du 25 au 29 juillet)‏

Lundi 25 juillet

La presse n’en finit pas de s’épancher sur les « évènements de Abassiah », guerre d’infos, guerre d’intox, les morts sont niés d’une part, la colère répond d’autre part.

Les travailleurs d’Ismaïliah ont fait une sortie, ils sont en grève, « petit accrochage » avec la police militaire, 38 blessés, peu d’infos, à suivre donc, la place est toujours pleine, mais l’ambiance est un brin remontée.

 

Mardi 26 juillet

Il est 22 heures et la place est noire de monde. Ça discute énormément, beaucoup de « spectateurs » sont venus, les irréductibles de la place leur parlent, leur prêchent parfois, ça se dispute, mais une immense majorité, d’occupants comme de passants tombent d’accord sur la nécessaire unité. La plupart attendent vendredi 29 juillet. Un grand rassemblement est prévu. Alors que salafistes et Frères musulmans avaient promis de venir purifier la place de la « racaille » qui y campe, ces derniers n’ont cessé de se fendre de communiqués : les salafistes ont assuré soutenir le mouvement et ses revendications (hors modifications constitutionnelles « laïcardes » bien entendu) ; les Frères musulmans ont pour leur part, par voie de presse communiqué avec la même langue de bois habituelle : ils seront là bien sûr, leur service d’ordre sera là bien sûr, ce sera donc un vendredi assez barbu, peu dépaysant en somme…

23 heures, le stand de l’entrée de la place Tahrir, côté rue Talaat Harb, c’est à dire côté centre-ville historique, est tenu, depuis le 8 juillet, par un orateur de gauche qui parle en moyenne six heures par soirée. C’est le soir de la prise d’assaut. Une trentaine de jeunes, certains diront des baltaguia, les communistes présents diront des flics, montent peu à peu sur la tribune et arrachent le micro en criant au type de dégager, ce qu’il finira par faire, une heure plus tard. Le ton monte, on frise la bagarre générale à plusieurs reprises, la plupart sont mécontents de ce coup de force (ils disent tous unanimement « anti-démocratique »), mais les assaillants sont nombreux et organisés, ça fera, in fine, une tribune de moins, dans la plus stricte indifférence du reste de la place, occupée à se balader, et à écouter, ailleurs, ce qu’il se dit… nos chers « camarades » sont en effet peu nombreux, l’anathème de « communiste » marche très bien en Égypte, et cette belle jeunesse coupeuse de micro repart en scandant « nous avons viré l’alcoolique »… l’alcoolique leur parlait des grèves qu’il fallait soutenir et du CSFA qu’il fallait mettre à bas…

Une heure plus tard, c’est au tour du stand des chiites d’y passer, il est peu probable qu’il s’agisse d’une réminiscence des vindictes populaires à l’égard du califat fatimide au IXe siècle, les Frères musulmans (ou pire) sont bel et bien arrivés sur la place, et la « purification » a peut-être déja commencé, les jours prochains nous le diront…

 

Jeudi 28 juillet

23 heures, ils arrivent, et ils sont nombreux, les islamistes convergent de toutes parts, certains disent de toute l’Égypte, ils passeront la nuit sur place.

 

Vendredi 29 juillet

Ce devait être le « vendredi de l’unité », salafistes et Frères musulmans l’ont transformé en vendredi de la charia, une immense tribune a été dressée, toutes les banderoles remplacées, le message est clair : il s’agit de faire une démonstration de force, la première du genre. On ne se limite plus à 300 barbus et une centaines de fantômes voilés de noirs, mais plusieurs dizaines de milliers. 10 heures, plus d’une centaine de cars stationnent place Attaba, à 1 km de la place Tahrir, montée nationale de barbus. 12 heures, à l’heure du prêche la place est noire de monde, 150’000 peut-être 200’000… islamistes. Comme à Alexandrie et à Suez, les autres forces ont dénoncé le coup de force et vidé les lieux, rares sont encore ceux qui restent, noyés dans la foule. 14 heures, du haut de la tribune, les prêches apocalyptiques de prédicateurs déchaînent les slogans que les salafistes ne pouvaient guère plus crier depuis des années dans l’espace public « islamiya islamiya ouala sharkiya ouala garbiya » [islamique, islamique, ni occidentale ni orientale : comprendre « soviétique »], petit parfum d’années 80. 15 heures, ça continue, tout y passe, la laïcité, les libéraux, les coptes, les juifs, les communistes, ils tentent également une incursion au cœur de la place pour « séparer les femmes des hommes », le SO des Frères musulmans les rappelle à l’ordre. C’est la grande kermesse salafiste, et ça donne franchement envie de vomir… et c’est pour ça que l’on s’en va.

23 heures : les barbus sont partis, c’était pour un jour, un seul, c’était beau, grand, impressionnant, l’argent saoudien fait bien les choses, l’argent paie de cars et des tribunes…les anciens occupants de la place eux, sont revenus, et comptent bien y rester.

23h30 : a eu lieu dans la journée, une attaque d’un poste de police par « un groupe armé », on ne sait lequel, qui s’y est retranché, le comico est en ce moment assiégé par l’armée, tout celà se déroule à el Arish (nord-est du Sinaï).

31 juillet 2011.

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