De la nécessité de se retrouver

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Indymedia Grenoble, 4 février 2015

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[Chambard dans les Chambarans] 8. L’arbre qui cache la forêt

http://juralib.noblogs.org/files/2014/11/03.pngBonjour,
Vous trouverez ci-joint un texte concernant l’époque à laquelle nous vivons qui a rendu possible le projet de construction d’un Center Parcs à Roybon et insignifiante son opposition. Ce texte a été distribué à l’entrée du Festival de l’Avenir au Naturel à l’Albenc.
Merci de faire suivre.

Indymedia Grenoble

 

L’arbre qui cache la forêt

« Ce 19 juillet 1936 [à Barcelone], j’ai vu des choses merveilleuses, comme ces gens en guenilles qui attaquaient une banque et en sortaient des caisses pleines de billets. Ils firent un grand feu et y jetèrent les billets, et personne n’en garda un. Et quand quelqu’un disait : « mais pourquoi brûlez-vous l’argent ? », ils répondaient : « parce que l’argent est notre malédiction. Il nous a fait pauvre. Si nous supprimons l’argent, là sera notre grande richesse. » »

Diego Camacho alias Abel Paz in Diego, un film documentaire de Frédéric Goldbronn

À quarante-cinq ans, George Bowling est représentant d’assurance. Il se sent abattu par une vie familiale et professionnelle plutôt triste et morne durant une période qui laisse présager un avenir assez sombre. Nous sommes en 1939, à la veille de la deuxième guerre mondiale. Après avoir combattu en Espagne et nous en avoir livré son récit dans « Hommage à la Catalogne », George Orwell, durant sa convalescence à Marrakech entre septembre 1938 et mars 1939, écrivit son roman « Un peu d’air frais » dans lequel il nous donne à considérer à quel point le monde avait changé depuis son enfance. À travers son personnage George Bowling, il exprime combien tout a été chamboulé depuis la Grande Guerre. Cherchant à fuir son triste quotidien et à retrouver les endroits et les paysages qui embellissent encore ses souvenirs les plus heureux, George Bowling décide de retourner sur les lieux de son enfance. Là, il découvre et s’aperçoit combien les paysages, mais aussi la société ont changé.

Orwell ne nous emmène pas dans un passé idyllique empreint de nostalgie, il dénonce l’absurdité du présent et nous dépeint aussi son uniformisation, comme par exemple les interminables rangées de maisons jumelées toutes identiques, « la façade en stuc, la barrière vernie, la haie de troènes, la porte d’entrée peinte en vert. Les Lauriers, Les Myrtes, Les Aubépines, Mon Abri, Mon Repos, Belle Vue ». Les milk-bars où tout luit, tout brille avec « des glaces et de l’émail et du chromé partout où vous jetez les yeux » et l’ordinaire de leur nourriture industrielle sans aucun goût « tiré d’un carton ou d’une boîte de conserve, puisé dans un frigidaire, giclant d’un robinet ou sortant d’un tube d’aluminium », sont révélateurs de la nouvelle manière de vivre et de l’atmosphère déprimante qui règne en ces lieux. Orwell nous dévoile combien et pourquoi les temps de son enfance et la vie quotidienne ont été bouleversés par l’urbanisation et l’industrialisation. Il évoque notamment les bois transformés en lotissements, le bourg qui avait « simplement été absorbé » puisque l’usine de gramophone faisait travailler beaucoup de monde, mais aussi les nouveaux cimetières situés à la périphérie des villes et non plus au centre des villes afin de ne « pas souffrir qu’on leur rappelle la mort ». Il évoque aussi l’attitude devant le manque d’argent selon que l’on est issu de la classe moyenne ou celle des petites gens.

Orwell nous dépeint sa société à travers les rencontres que fera George Bowling tout au long de son voyage et à travers les souvenirs de rencontres passés. Il se remémore notamment l’important homme d’affaire qu’il a connu durant la guerre et qui lui proposa plus tard de l’aider à trouver du travail, mais il ne douta à aucun moment « que le même jour il ait mis une vingtaine d’employés à la porte ». Bowling dénonce l’érudit imbibé d’histoire qui « ne voit pas que tout est en train de chavirer ». Il dénonce aussi aussi l’idéologue dogmatique adepte du végétarisme, d’une vie simple, de poésie et de culte de la nature, ayant une haute opinion de lui-même et qui pense que la plupart des gens habitant comme lui la Cité Boisée [Bien avant d’écrire « 1984 » et « La Ferme des animaux », Orwell s’intéressait déjà à la manipulation par le langage. Il avait déjà saisi, au-delà des leurres que constituent les euphémismes, cette manière de masquer ou de détourner la réalité en nommant les choses par le contraire de ce qu’elles sont : la Cité Boisée se situe à l’emplacement même du bois qui fut détruit pour sa construction. Cette vérité déguisée en son contraire est devenue aujourd’hui une pratique habituelle, que la société « Pierre et Vacances » n’hésite pas à adopter.] sont exceptionnels et « bien décidés à enrichir la campagne au lieu de l’avilir (ses propres termes) » [George Orwell écrira en janvier 1946 un article « Les lieux de loisirs » pour le journal Tribune dans lequel il fait la critique de ces lieux de loisirs de l’avenir qui ne sont pas sans ressembler à ce que proposent les Center Parcs sous leur bulle aujourd’hui. Il disait ceci : « [ces futurs « complexes de loisirs »] illustrent assez bien l’idée que l’homme civilisé moderne se fait du plaisir. C’est cette même conception que l’on trouve déjà partiellement traduite dans certains dancings, salles de cinéma, hôtels, restaurants et paquebots de luxe les plus somptueux. Au cours d’une croisière ou dans une Lyons Corner House, on peut ainsi avoir un substantiel avant-goût de ce paradis futur. À l’analyse, ses caractéristiques principales sont les suivantes : 1. On y est jamais seul. – 2. On n’y fait jamais rien par soi-même. – 3. On n’y est jamais en présence de végétation sauvage ou d’objets naturels de quelque espèce que ce soit. – 4. La lumière et la température y sont toujours réglées artificiellement. – 5. La musique y est omniprésente. » Si la musique dont le rôle est, selon Orwell, « d’empêcher toute pensée ou conversation » n’est pas omniprésente sous la bulle des Center Parcs, c’est tout simplement que leur « rivière sauvage » et leurs cris sont assez bruyants pour éviter et couvrir toutes formes possibles de pensées et de conversations. Vous pouvez retrouver cet article dans le volume IV des « Essais, articles, lettres » de George Orwell.].

Notre époque ressemble beaucoup, par certains côtés, à celle décrite par Orwell dans son roman. Nous vivons également une période assez sombre au lendemain dépourvu d’issue et de sens. Cependant, même si l’artificiel continue de plaire, il n’en demeure pas moins, le temps s’étant accéléré depuis, que nous n’avons plus aucun moyen de nous faire une idée de ce qu’une vie sans artifices, sans aides et sans contrôles pourrait être. Les idéologues dogmatiques d’aujourd’hui, écolos progressistes et décroissants à la vie exemplaire, ont ceci en plus : ils sont, contrairement à leurs aïeux d’avant guerre, inondés de marchandises certifiées qui leur permettront d’accéder plus facilement au Graal et de satisfaire, ce qui est bien entendu très paradoxal, une vie encore plus simple, une vie encore plus naturelle. Et si les intellectuels d’aujourd’hui voient que tout est en train de chavirer, c’est certainement qu’ils ont adopté un catastrophisme de bon aloi ; celui qui permettra malgré tout à l’argent (la finance et la marchandise) et à la police (les administrations) de continuer à montrer le chemin et à contrôler le monde. Quant aux petites gens, elles se satisfont aujourd’hui de prêts à la consommation qui leur font penser, comme à la classe moyenne, que le bonheur se trouve dans la marchandise. La consommation de masse et l’industrie du divertissement façonnent la population qui s’identifie de plus en plus à la culture bourgeoise. Cette culture où personne ne crache sur le fric se révèle être au bout du compte une culture dépouillée de substance et sans épaisseur, essentiellement esthétisante et émotionnelle, modelée selon le goût du jour : une culture de pacotille et de pacotilleur.

Les paysages et les lieux témoignent de leur époque et traduisent une réalité sociale. La forêt fut un temps le repère des brigands. Louis Mandrin natif de Saint-Étienne de Saint-Geoirs, aux portes des Chambarans, est un des brigands et des contrebandiers les plus célèbres du pays. Personnage à la fois populaire et légendaire, Mandrin représente à nos yeux un bandit d’honneur malgré tout fort sympathique puisqu’il s’en était pris à quelques magistrats, ces terribles malfaiteurs que la révolution allait peu de temps après s’occuper de balayer. Il fut à la tête d’une bande armée d’une cinquantaine d’hommes qui déclencha une véritable guerre contre les Fermes générales, avec l’assentiment évident d’une population qui voyait dans ces Fermes générales l’injustice qui la frappait. Parmi les raisons qui poussèrent Mandrin à devenir un hors-la-loi, il y eut sans aucun doute ce premier meurtre qu’il commit et pour lequel son effigie fut pendue sur ce qui deviendra plus tard la place Grenette de Grenoble, quelques années avant qu’il soit rompu vif et étranglé sur l’échafaud de Valence. Il n’est pas souvent rappelé dans les biographies de ce talentueux contrebandier pour quelle raison ce meurtre fut commis et encore moins la situation qui entretenait des haines aboutissant quelquefois au meurtre. En ce temps-là, il existait des milices destinées à soutenir l’armée en temps de guerre. Son rôle consistait « surtout (quoique pas uniquement) à la garde des places et des communications ». En temps de paix, « les milices n’étaient que rarement rassemblées, à peine une semaine ou deux par an ». Ces milices étaient constituées d’hommes non mariés ou veufs de seize à quarante ans qui avaient été tirés au sort. Il s’agissait donc, lorsque le hasard vous désignait, d’un service obligatoire. Mais ce tirage au sort qui s’effectuait périodiquement dans chaque regroupement d’une cinquantaine de paroisses ne logeait pas tout le monde à la même enseigne. Une multitude d’exemptions étaient accordées selon des critères variables de métiers et d’importances, et à l’appréciation de l’intendant qui organisait le tirage au sort.

« Le 29 mars 1753, le subdélégué de l’intendant vint à Izeaux pour y procéder au tirage au sort des hommes appelés à servir dans la milice. […] Claude Brissaud, l’ancien associé de Louis Mandrin, vint voir le subdélégué afin d’obtenir que son fils Benoît fût dispensé du tirage, mais cette démarche fut accueillie par une fin de non recevoir. Brissaud favorisa la fuite de son fils qui fut déclaré réfractaire. » Les pouvoirs ont toujours cherché à diviser pour mieux gouverner et à utiliser les uns contre les autres pour faire régner l’ordre. « La terreur de la milice et l’horreur du tirage étaient profondément implantées dans les âmes populaires », et les déserteurs étaient nombreux. Pour empêcher ce flux de déserteurs qui gagnaient les forêts pour s’y cacher afin d’éviter de servir la milice, l’administration ne trouva pas mieux que de proposer à ceux qui avaient été tirés au sort de se libérer de leur service obligatoire en capturant et en ramenant les déserteurs. Ainsi « les tirages donnaient lieu souvent à des scènes de désespoir, de sédition, de rixes. « Chacun d’eux, aux dires de Turgot [qui, avant d’être nommé ministre de la Marine en 1774 puis contrôleur général des finances, avait été lui-même intendant], était le signal … d’une espèce de guerre civile entre paysans, les uns se réfugiaient dans les bois, où les autres allaient les poursuivre à main armée pour enlever les fuyards et se soustraire au sort que les premiers avaient cherché à éviter. » [« Dictionnaire des institutions de la France aux XVIIe et XVIIIe siècles », Marcel Marion, 1923. L’Ancien Régime n’a pas l’exclusivité de ce genre de procédés. Dans les années 80 du siècle dernier, l’administration italienne avait procédé de la sorte pour enrayer le mouvement de lutte armée qui avait secoué l’Italie durant les années qui avaient précédées. La loi de repentis accorde en effet une remise de peine (et peut même annuler une peine), si le « repenti » dénonce un ancien complice ou l’instigateur d’un crime.]

Pierre Roux, un laboureur de Renage avait été tiré au sort le même jour à Izeau. Il décida alors de capturer, avec l’aide d’amis et de frères, le fils Brissaud pour échapper au service obligatoire. Ce dernier qui avait été informé de la menace, demanda de l’aide à Louis Mandrin : « Le 30 mars, les deux groupes, celui de Roux composé de cinq hommes, et celui des Brissaud qui en comptait quatre, dont Louis Mandrin, s’affrontèrent au mas des Serves, à proximité du hameau des Layes, en présence de plusieurs habitants. On se battit au fusil : Joseph Roux fut tué et son frère François, grièvement blessé, put revenir sur son cheval à Beaucroissant, où il mourut quelques jours après. » [« Mandrin » de René Fonvieille, 1975. Cet ouvrage compte en annexes quelques documents d’archives, notamment le procès-verbal des réponses sur la sellette de Benoît Brissaud, co-accusé avec Louis Mandrin, d’assassinat sur la personne de Joseph Roux qui selon ce document habitait Renage ; Renage appartenant alors à Beaucroissant.] C’est donc à la suite de ces deux meurtres que Mandrin partit se cacher, qu’il devint chef de bande et qu’il organisa son périple contre les Fermes qui le mena à l’échafaud en 1755.

Le dérèglement climatique et la disparition grandissante d’espèces sont effectivement des « problèmes majeurs » de notre temps [Franz Broswimmer nous dit dans son ouvrage « Une Brève histoire de l’extinction en masse des espèces » : « La mondialisation de la dégradation de l’environnement et de l’extinction de masse exige une réflexion nouvelle sur les traditions hiérarchiques humaines et les pratiques sociales. Depuis l’apparition de l’agriculture et d’une société de classes, la socialisation (l’humanisation) de la nature a été sujette à de nouvelles règles définies par des luttes pour le surplus de production. Les sociétés industrielles modernes en particulier se distinguent par leurs capacités sans précédent à transformer la nature, y compris celle, unique dans l’histoire, de détruire à l’échelle planétaire les habitats des espèces. »], mais la forêt ne saurait être uniquement un ensemble d’arbres et une simple ressource matérielle qualitative et quantifiable dont le tarissement inquiète les technocrates. Elle ne saurait être non plus un simple puits de carbone utile contre le réchauffement de la planète et un ensemble de « corridors biologiques » comme notre époque semble nous en persuader. Elle nous inspire bien évidemment d’autres choses. « La forêt est toujours liée, en tout cas dans notre inconscient, au passé, occupant dans notre mémoire une place importante, celle qui a besoin d’ancienneté comme d’une dimension indispensable à la conscience. Elle est l’élément qui conserve des morceaux de la vie de jadis, la nôtre ou celle de la société. » [« La forêt dans tous ses états : de la préhistoire à nos jours – actes du colloque de l’Association interuniversitaire de l’Est, Dijon, 16-17 novembre 2001 », Jean-Pierre Chabin, Volume 24 des Actes du colloque de l’Association interuniversitaire de l’Est, Presses Universitaires Franche-Comté, 2005] Un point d’intersection entre l’histoire et la nature. La forêt nous émerveille et nous inquiète en même temps et c’est pourquoi elle prend une place importante dans notre imaginaire. La mythologie, les contes scandinaves et roumains et les histoires légendaires ont nourri l’enfance et certaines croyances à travers les âges. La forêt semble impénétrable, sombre, inquiétante et dangereuse. Elle paraît aussi, malgré les lois qui la gouvernent, être un refuge des êtres de la brume et de la nuit. Un lieu en dehors de toute autorité [L’origine du mot forêt est incertaine, mais il semblerait qu’elle vienne du latin foris, qui signifie : en dehors] : « la forêt joue le rôle d’un espace de liberté, excentré et peu ou mal socialisé, face à un centre qui impose ses lois, ses normes, ses hiérarchies » [« La forêt dans tous ses états »]. Elle est à nos yeux l’endroit où l’on peut se cacher et transgresser les normes sociales, déchaîner les passions et les amours illégitimes. Elle représente l’obstacle, mais aussi un univers qui n’appartient à personne. Autrefois, elle abrita les esprits, les divinités, les faunes, les nymphes, mais aussi les proscrits, les fous, les amants, les promeneurs, les égarés, les ermites et les mystiques, les saints, les lépreux, les brigands, comme nous l’avons vu précédemment et les braconniers ; les haïdoucs, les maquisards et les fugitifs, les inadaptés, les persécutés, les sauvages, les bannis. C’est aussi le monde des lutins et de la femme des bois. Celui des trolls qui « ne supportent ni la vue de l’acier, ni les éclairs, ni la religion, ni les églises ». C’est celui des elfes et des tomtar [Malheureusement les trolls et les tomtar ont été récupérés par l’industrie touristique. Plusieurs régions de Suède ont été dessinées et remodelées afin d’utiliser le monde des contes à des fins mercantiles.]. Celui des fées et des sorcières ; des monstres, des loups et des loups-garous et des griffons. Le monde de la fantaisie et de l’étrange qui nous invitait au rêve et à l’imagination. La forêt imprégnée d’histoire naturelle et culturelle que notre époque dévaste ne peut être seulement un décor, ni même un élément dont les gestionnaires du « sauvetage de la planète » font valoir comme une ressource strictement technique et utilitariste nécessaire à prendre en considération et à protéger en tant que telle ; car si on la considère ainsi, alors elle perdra de sa poésie et de son histoire, la précipitant dans l’abîme nihiliste de la domestication industrielle. Mais allez donc faire comprendre cela à nos contemporain. Robert Harrison dans son ouvrage « Forêts – Essai sur l’imaginaire occidental » nous disait : « à moins que la société des hommes ne perde la mémoire, la fin du XXe siècle apparaîtra un jour comme l’une des périodes les plus critiques de l’histoire, où l’humanité tout entière fut projetée violemment dans un nouveau millénaire totalement divergent. Nous assistons aujourd’hui à des bouleversements d’une ampleur sans précédent dans l’histoire naturelle ou culturelle. Le déracinement général de la nature comme de l’humanité fait de chacun d’entre nous une sorte de réfugié. Nul ne peut dire combien de temps nous resterons des réfugiés sur terre, mais nous savons aujourd’hui, mêmes les plus privilégiés, les mieux protégés d’entre nous, que nous sommes sans domiciles. » Et il continuait ainsi : « ce que nous ignorons, en revanche, c’est notre potentiel de forces salvatrices qui pourraient se dresser un jour contre la vague de nihilisme. Dans l’avenir, on se souviendra peut-être de cette fin de siècle pour l’existence improbable d’une poignée de poètes qui ont offert un asile aux vieux dieux du foyer. Dans la perspective actuelle, rien ne semble plus superflu à la turbulente histoire contemporaine qu’un poète, pourtant rien n’est peut-être plus superflu que notre perspective actuelle. […] Nous savons au moins une chose : à une époque où les dieux sont contraints de fuir la cité de l’homme qui s’écroule, ils ne peuvent trouver refuge qu’auprès des poètes. »

À l’aube de notre opposition à la construction d’une ville de vacances à Roybon, nos arguments paraissaient clairs. Les quelques opposants à Center Parcs s’étaient retrouvés sur certains accords fondamentaux dont les intentions n’étaient pas moins de s’en prendre justement à cette turbulente histoire contemporaine et à ses perspectives superflues. La plupart des opposants officiels environnementalistes et associatifs évoquaient jusqu’ici seulement quelques inquiétudes qu’ils prétendaient, par des mesures de prudence et de prévoyance à observer, pouvoir s’en affranchir en intégrant parfaitement la construction du Center Parcs dans son environnement [Cf. « Aux portes du Paradis » que le lecteur pourra retrouver sur Internet ou le demander par correspondance à l’adresse que vous trouverez en dernière page de ce texte]. Par notre critique, nous réussissions à faire en sorte qu’ils se positionnent contre la construction de cette villes de vacances. La FRAPNA Isère, par la plume de son président Francis Meneu, déclara même que « les dossiers soumis à l’enquête publique ne répond[ai]ent pas à l’ensemble de [leurs] interrogations en matière de prise en compte des enjeux environnementaux », et remit aussi en question le principe même des mesures compensatoires : « il nous semble indispensable d’avoir en tête que quelles que soient la nature et l’ambition des mesures compensatoires envisagées, la destruction d’une zone humide présente un caractère irréversible. Il est impossible de reconstituer de toutes pièces des écosystèmes qui ont mis des centaines voire des milliers d’années à se constituer […] » [Réponse d’enquête publique concernant l’autorisation de défrichement et la demande de permis de construire pour la société SNC Roybon Cottage – Lettre du 4 juin 2010 de Francis Meneu, Président de la FRAPNA Isère, à Eugène Bigotte, Commissaire Enquêteur, que l’on peut consulter à cette adresse]. Il est vrai que nous avions critiqué et signalé publiquement la position inadmissible que monsieur Meneu défendait jusque-là, comme nous l’avions critiquée et signalée également aux différentes associations adhérentes à la FRAPNA Isère et aux FRAPNA Drôme et FRAPNA Rhône. Par ailleurs un article de Fabrice Nicolino dénonçait l’attitude de la FRAPNA se faisant payer 500 euros chaque fois qu’elle participait à une rencontre avec la société Autoroute du Sud de la France à propos de « mesures compensatoires » concernant un projet autoroutier [Dans son article « L’autoroute des présidents » paru le 10 mars 2010 dans Charlie Hebdo, Fabrice Nicolino disait : « « la mesure compensatoire » est une petite merveille qui donne le droit de détruire, comme il existe désormais un droit de polluer ». Et à partir de là, tout devient négociable : « on détruit un marais, une zone humide, un bout de forêt unique ? Pas grave, car on remplace. On fout dehors des chauves-souris menacées partout, mais ASF [Autoroutes du Sud de la France] finance « deux galeries artificielles ». Et paie au passage un magnifique matériel endoscopique à une association pour mieux les observer dans leurs gîtes. Mignon. Comme on bousille une rivière, on met aussitôt au point « un protocole de prélèvement des écrevisses dans la partie du Boussuivre dérivé », bien sûr « élaboré avec des experts ». Plus tard, on élèvera des larves qui seront « séparées des individus ‘parents’ « , avant d’être gentiment déposées dans un autre « morceau » de rivière. Et n’oublions pas que « le marché de recréation de mares vient d’être lancé ». Oui après avoir recouvert des mares naturelles sous le béton, ASF en creusera de nouvelles, ailleurs. »]. Cet article enfonçait le clou, si bien que la FRAPNA Isère se plaignit des « propos régulièrement outranciers de journalistes mal informés (cf. l’article de Fabrice Nicolino dans un récent Charlie Hebdo) ou de quelques opposants (cf. le blog d’un opposant au projet Center Parcs) qui mettent en cause sciemment le travail de négociation ardu et ingrat [qu’elle mène] dans le cadre des mesures compensatoires avec les services préfectoraux et les maîtres d’ouvrage, en [lui] reprochant injustement d’abandonner [son] combat contre ces projets » [« Center Parc et mesures compensatoires »]. Les propos outranciers des quelques opposants à Center Parcs auquel la FRAPNA fait allusion renvoient effectivement aux reproches que nous pouvions faire à monsieur Meneu qui soutenait lors d’une réunion publique à Roybon, le 14 septembre 2009 : « nous, en tant que fédération d’associations de protection de la nature et de l’environnement, nous n’avons jamais au départ voulu dire que nous sommes contre le projet de Center Parcs. Par contre nous avons dit : c’est notre rôle, c’est notre responsabilité de souligner un certain nombre d’inquiétudes […]. » [Il m’a souvent été reproché de faire dire aux citations (hors contexte selon mes détracteurs) le contraire de ce qu’elles étaient censées dire. Le lecteur se fera lui-même une opinion en écoutant l’intervention in extenso de Monsieur Meneu à l’adresse suivante.] Nous manifestions évidemment notre désaccord vis-à-vis de cette opposition environnementaliste complaisante, puisque nous avions décidé de nous opposer, contrairement à ce que défendait monsieur Meneu, à la construction de cette ville ; nous nous trouvions sur des perspectives totalement différentes.

Une opposition à un projet qui cherchera seulement ses justifications dans la réglementation en vigueur et dans les alternatives acceptables [Parmi les alternatives inacceptables pour l’administration, certaines ne sont pas moins critiquables. Stéphane Peron actuellement président de l’association « Pour les Chambaran sans Center Parcs » ne proposait-il pas, à titre personnel, lors de l’enquête publique pour la demande du permis de construire, de « récupérer des terres agricoles, fatiguées par l’intensité des cultures, que l’on pourrait reboiser dans le cas d’un tel projet ? (par exemple dans la plaine de Beaurepaire) Cela éviterait une déforestation massive dans des lieux riches en biodiversité et apporterait de la nature, des bois dans des plaines désertifiées par les céréaliers dont les champs occupent aujourd’hui des surfaces à perte de vue … » Lorsqu’on se déclare « Pour les Chambaran sans Center Parcs », on peut facilement vouloir le projet ailleurs.] par l’administration, ne mettra jamais en question l’organisation économique, et par conséquent sociale et politique qui pourtant mène le monde à sa perte. Lorsque nous soutenions la création d’une association qui devait s’occuper essentiellement de mener une bataille juridique contre le projet, il s’agissait de nous permettre de gagner du temps afin de continuer le combat que nous menions depuis le début. Mais très vite les illusions gagnèrent les esprits : les uns envisageaient de transformer les Chambarans en un parc naturel régional, d’autres se mettaient à la recherche d’espèces protégées, tandis que d’autres encore misaient sur un bon avocat ; tous dans l’espoir de pouvoir arrêter le projet en se référant à la réglementation en vigueur. Il n’était plus question de critique sociale, ni d’agitation visant à remettre en question l’ordre établi, mais plutôt de défense de l’environnement et de convaincre les décideurs. Le monde redevenait comme par enchantement le meilleur des mondes possibles avec une législation et une réglementation qu’il suffisait de suivre et des élus sur lesquels on devait compter. L’opposition devenait présentable et optimiste, la nouvelle association arborant le sourire photogénique de circonstance et de rigueur. Les experts retrouvaient une considération, les politiques des interlocuteurs [Les associations qui dans les conflits se présentent comme des interlocuteurs prêts à négocier avec les pouvoirs publics sont, pour la plupart, totalement dépendantes des subventions qu’elles perçoivent de ces mêmes pouvoirs publics. Il est difficile de mordre la main nourricière. À ce propos, lors d’une réunion de la nouvelle association « Pour les Chambaran sans Center Parcs », il a été rapporté que l’association Espace Nature Isère organisatrice du Festival de l’Avenir au Naturel à L’Albenc avait refusé que cette nouvelle association contre Center Parcs soit présente à la tribune du Festival parce qu’elle craignait ainsi de perdre les subventions que lui alloue le Conseil général. « Pour les Chambaran sans Center Parcs » devait se contenter d’un simple stand.]. Tout redevenait lisse. Les catastrophes, les crises, la misère et la morosité contrôlables et par conséquent le capitalisme démocratique, le meilleur des systèmes possibles ; droites, gauches et écologistes aux rênes de la machinerie politique qui les rend nécessaires.

L’altération de la vie en général, l’insatisfaction et la morosité ambiantes ne sauraient trouver une sortie dans l’abondance de faux besoins et de divertissements ni dans le tourisme. Elles ne sauraient non plus trouver de réponses dans une décision de justice ni dans la rationalisation des comportements humains par l’amende et la répression. Bien au contraire ! Nous ne pouvons comprendre l’effondrement de nos relations et la fluidité de notre temps qui nous échappe, ce qui fait de la consommation et du travail des nécessités, et du territoire un espace divertissant idéalisé, sans faire une critique de la marchandise, du travail et de la société industrielle, et sans remettre la question sociale (et non simplement environnementale ou syndicale) et la poésie au centre de nos préoccupations.

Henri Mora, le 3 septembre 2010

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6. Petit Tambour

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Petit Tambour

Petit tambour qui palpite, en l’aurore montante,
Chants d’oiseaux qui répondent au pipeau,
Des jeunes bergers si tôt levés……
Herbe tendre où l’on aimerait s’étendre,
En cette douce chaleur printanière…

Déchires ce voile, rejoins la réalité,
Viens récolter et butiner les fleurs du mal,
D’un Baudelaire oublié…

Pathétiques écrits d’un début de poème,
Au air champêtre, où l’on voyage sans y croire.
Pourtant on aimerait tant percevoir ce pays de l’imaginaire,
Qui nous fait fuir, loin de ce foutoir cartésien,
Des visionnaires de demain.

JLR

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[Gafsa, Tunisie] Hideux dans leur apothéose / Les rois de la mine et du rail / Ont-ils jamais fait autre chose / Que dévaliser le travail ?

Tunisie : Les grèves emportent le secteur des phosphates

Propulsé au cinquième rang mondial en 2010, grâce à une production de 8 millions de tonnes, le phosphate tunisien a amorcé sa descente aux enfers dès 2011. Entraîné par des revendications sociales, et des échauffourées, le secteur du phosphate connaît depuis les quatre (4) dernières années des difficultés majeures.

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1 milliard d’euros, c’est le manque à gagner enregistré depuis 2011 par la filière phosphates tunisienne, mais la situation n’est guère prometteuse car aujourd’hui encore, le bassin minier est au ralenti fait remarquer la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), qui s’occupe de la transformation et de la commercialisation des phosphates de la Tunisie.

« Depuis décembre, une nouvelle grève engendre une perte de production de 10’000 tonnes par jour », a déclaré Romdhane Souid, le directeur général du Groupe chimique tunisien (GCT) dont la filiale, la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), assure l’exploitation du phosphate. La grève en cours, tire son origine de l’échec des négociations avec le gouvernement pour l’attribution des primes de productivité précise M. Souid, avant d’ajouter que sur les quatre dernières années cumulées, son groupe a réalisé moins de 50 % des gains de 2010.

En 2014, les pertes, ont atteint 20 millions de dinars, soit 8,8 millions d’euros, ceci aggravé par la baisse des cours du phosphate, entamée en 2012 et qui pourrait durer jusqu’en 2025 selon la Banque mondiale.

Le bassin minier de Gafsa, où est exploité le phosphate tunisien est considéré dans le pays comme l’instrument de mesure de l’économie du pays. « Quand le bassin minier va, tout va ! », assure un retraité de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), cité par nos confrères de Jeune Afrique Économie. Certains estiment même que prendre le pouls du bassin donne une idée de la situation économique du pays.

Depuis la révolution de 2011, grèves, sit-in et échauffourées tribales ont paralysé l’activité de la compagnie, plus important pourvoyeur d’emploi dans la région, où le taux de chômage a atteint les 29 %. Actuellement cette filière bat au rythme des revendications sociales et émet un signal alarmant.

Presse extractiviste (Kayi Lawson, lemagazinedumanager.com, 2 février 2015)

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[Grenoble] Je suis…

Je suis…

Nous sommes nombreux et nombreuses à ne pas nous reconnaître dans ce slogan de publicitaire (« Je suis Charlie »), à ne pas jouer le jeu de l’indignation sélective, et à refuser l’injonction à rejoindre une « Union nationale » hypocrite derrière la classe politique, les éditocrates et la police française. Et nous sommes tout aussi nombreux et nombreuses à vouloir témoigner notre solidarité avec celles et ceux qui subissent le racisme, les discriminations, les violences économiques et la répression qui ne cessent d’augmenter : les musulman.e.s, les immigré.e.s, les jeunes des quartiers populaires.

Pour faire entendre une autre parole sur les enjeux, les causes et les conséquences des attentats de Paris, une série d’affiches a été réalisée et collée dans Grenoble et son agglomération.

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Indymedia Grenoble, 2 février 2015

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[Chambard dans les Chambarans] 7. Cette insubordination qui ne vient pas

http://juralib.noblogs.org/files/2014/11/03.pngCette insubordination qui ne vient pas
Des emplois pour quoi faire ?

La création de 700 emplois serait l’argument indiscutable et indépassable qui justifierait la construction d’un Center Parcs à Roybon. Le 27 janvier 2009, dans ce même village, lors de la réunion publique de présentation du projet par Pierre & Vacances et des élus du département, je proposai aux tribuns qui péroraient sur le sujet de rouvrir les deux camps d’internement qui avaient existé en 1939-40 dans les Chambarans, afin de créer de nouveaux emplois. Un des conseillers généraux présents, dont je n’ai pas retenu le nom, évacua la question en me répondant qu’il me laissait la responsabilité de cette comparaison. Plus de la moitié du public applaudit la réponse de l’élu.

Pour ce dernier, et pour une majorité du public, les emplois créés par un Center Parcs n’étaient visiblement pas comparables à ceux créés par un camp d’internement. Ma proposition ne tenait pas à établir de comparaison, mais voulait simplement mettre en évidence que l’idéologie de l’emploi à tout prix pouvait mener à accepter n’importe quoi, et que la fin ne justifiait pas les moyens.

La question qui ne me vint pas à l’esprit alors, et qui aurait pu suivre ma proposition, est celle-ci : quel prix une population est-elle prête à payer pour créer des emplois, et quel contrôle s’autorise-t-elle sur la nature et le bien-fondé de ces derniers ?

La destruction des Chambarans en zone touristique avec l’abattage d’une partie de la forêt, l’épuisement de sa nappe phréatique, la destruction de la vie sauvage et de la vie sociale locale, et son remplacement par une vie artificielle basée sur son inutilité et sa marchandisation, n’est-ce point cher payé pour le bénéfice de quelques emplois creux ?

L’intervention de ce conseiller général est intéressante car, sans le dire et sans le vouloir, elle remet en question la nature de certains emplois. Ainsi, nous pouvons espérer que cet élu, armé d’une telle conscience morale et politique, s’engagera publiquement à demander la fermeture des centres de rétention et à condamner les emplois qu’ils créent, aussi ignominieux que ceux destinés à l’internement des « indésirables » dans les camps que le chef du gouvernement, le radical socialiste Daladier, fit ouvrir, il y a soixante-dix ans.

Le travail n’a pas d’odeur. Il est même perçu par le travailleur comme une tâche qu’il doit accomplir sans état d’âme. Il est rare qu’on remette en question ce pourquoi on est rémunéré. Généralement nous acceptons de faire ce qu’il nous est demandé, sans trop regarder les causes et les conséquences de notre labeur. Nous obéissons à notre devoir, à notre hiérarchie. Au début des années 1960, Stanley Milgram étudia le phénomène de la soumission à l’autorité [Cf. Stanley Milgram, Soumission à l’autorité, Calmann-Lévy, 1982]. Il réalisa sur le sujet quelques expériences qui devinrent célèbres après la sortie du film « I comme Icare » du cinéaste Henri Verneuil, qui les mit en scène.

En 1961, Hannah Arendt fit remarquer pendant le procès d’Adolf Eichmann (inculpé pour sa responsabilité dans la logistique de la solution finale entre 1942 et la fin de la guerre) que ce fonctionnaire n’avait consciencieusement fait que son travail durant cette période où chacun se trouvait confronté à la banalité du mal [Cf. Hannah Arendt, Eichmann à Jérusalem, Gallimard, 1997] Günther Anders avait même soutenu en 1956 « qu’on s’arrange toujours pour que les tâches décisives que l’on demande à l’homme d’aujourd’hui d’accomplir se présentent précisément sous la même forme que celles qu’il accomplit dans l’entreprise ; on s’arrange même pour qu’en tant que tueur, il n’« agisse » pas mais fasse son job : l’employé du camp d’extermination n’a pas « agi » mais, aussi épouvantable que cela puisse paraître, il a seulement fait son travail. Puisque la fin et le résultat de son travail ne l’intéressent pas, puisqu’il considère toujours son travail en tant que tel comme « moralement neutre », il n’a fait qu’accomplir quelque chose de « moralement neutre » [Günther Anders, L’obsolescence de l’homme – Sur l’âme à l’époque de la deuxième révolution industrielle, Encyclopédie des Nuisances / Ivrea, 2002].

Lorsqu’on annonça qu’on voulait construire un Center Parcs et par conséquent détruire le bois des Avenières dans les Chambarans, je me renseignai sur la région. J’appris à ce moment-là qu’elle avait abrité durant la guerre de 1939-40 deux camps d’internement (celui de Roybon et celui de Chambaran, à Viriville). J’entrepris alors quelques recherches sur le sujet aux Archives Départementales de l’Isère, qui m’amenèrent à m’intéresser à la Résistance locale, mais aussi aux réfugiés espagnols arrivés dans le département début 1939. Dans les différents documents consultés, je relevai que des hommes avaient durant cette période maintes fois refusé d’effectuer un sale boulot ou de prendre une responsabilité qui leur paraissait moralement indigne.

Pouvons-nous émettre l’idée qu’une désobéissance est encore possible aujourd’hui dans les Chambarans, et plus généralement, pouvons-nous encore espérer que lorsqu’une insubordination individuelle rencontre publiquement une certaine approbation et se propage, une révolte et même une résistance deviennent possibles ?

En juillet 1940, les maires de Tullins, de Vinay et de Saint Marcellin rejetèrent l’ordre d’établir la liste des membres du Parti communiste de leur commune et démissionnèrent de leurs fonctions [Il s’agit des docteurs Carrier, maire de Saint Marcellin, Dupré, maire de Vinay soutenu par l’ensemble du conseil municipal et Valois, maire de Tullins et conseiller général de l’Isère. Le radical socialiste démissionnaire de Tullins, le docteur Gaston Valois, deviendra, après avoir été un des premiers résistants du mouvement Combat, le chef des Mouvements Unis de la Résistance (MUR) issus d’une fusion des trois mouvements de résistance existant dans la région (Combat, Franc-Tireur et Libération). Il fut arrêté le 27 novembre 1943 à son domicile. Deux jours plus tard, après avoir été torturé lors d’un interrogatoire au siège de la Gestapo, au 28 du cours Berriat à Grenoble, il se suicida dans sa cellule afin d’éviter un nouvel interrogatoire. Ce même jour, le 29 novembre 1943 la Gestapo se rend à Saint Marcellin chez le docteur Victor Carrier et sonne à sa porte. L’ancien maire ouvre un révolver à la main et tire. Il est immédiatement abattu par une rafale de mitraillette. Quant au docteur Dupré, il échappa miraculeusement à la mort. Après avoir été chloroformé à son domicile, ce même mois de novembre 1943, l’ancien maire de Vinay se réveilla dans un fossé, couvert de sang. On lui aurait tiré une balle dans la nuque qui aurait traversé le cou sans lui causer aucune conséquence dramatique. (Cf. Le Bataillon de Chambaran, de Pierre Deveaux)]. Le 16 février 1943, entra en application la loi sur le Service du travail obligatoire (STO) instaurée par Laval [Le gouvernement français de Vichy avait décidé d’établir des fichiers afin de convoquer les jeunes Français nés en 1920, 1921 et 1922 pour les faire travailler dans les usines allemandes. On trouve dans des rapports de 1943 la mention Service Obligatoire du Travail (SOT) qui aurait très vite été abandonné, évitant les moqueries sur son acronyme.]. Ce STO fut très mal accueilli par une population qui avait déjà du mal à subsister durant cette période de privation. Ce fut peut-être une des grandes erreurs de l’occupant et de la collaboration qui changea la donne et paradoxalement servit la Résistance. Afin d’éviter d’être envoyés en Allemagne, bien des jeunes franchiront le pas et désobéiront à l’autorité. Ils se cacheront ou encore iront grossir les effectifs des maquisards.

Louis Nal, Capitaine durant la guerre 1939-40, devint le chef au service des transports du Parc d’artillerie, après avoir été affecté en novembre 1941 au service des matériels (artillerie) de Grenoble. Il sera une grande figure de la Résistance grenobloise. Il est intéressant de lire dans son livre La Bataille de Grenoble, les différents chapitres qu’il consacre à l’organisation, par la résistance locale, de la disparition du grand fichier du STO à Grenoble, où les jeunes gens étaient inscrits pour le recrutement. Louis Nal nous raconte :

« De suite, une complicité fut recherchée dans le bureau du STO. Un jeune nous prévient que deux mille fiches étaient prêtes et que les convocations correspondantes allaient être établies puis envoyées. […] Vallier, Jimmy et deux de leurs camarades, dont le petit gars du bureau du STO, s’occuperont des fiches. Une équipe de protection fut prévue au jardin de l’Hôtel de ville et sur la place de la Manutention où se trouvaient les quelques manèges forains […]. Vallier et le jeune du STO qui a les clefs du bureau montent au local où sont les fiches. […] Vite, les fiches sont empilées dans les sacs et ceux-ci sont lancés par la fenêtre […]. Tout près, les forains sont en train de déjeuner. Ils contemplent d’un air ahuri l’opération et commencent à comprendre. […] Malencontreusement, [le dernier sac vient de] choir sur la barrière de fil de barbelés qui entourent l’édifice et se déchire, laissant échapper sur le sol les précieux papiers. Un vent assez fort ne facilite pas le ramassage. Vallier et son camarade rejoignent la voiture. Quelques fiches traînent encore à terre. Par la glace arrière, les hommes ont le temps d’apercevoir le propriétaire du manège qui, avec sa famille, s’est précipité pour ramasser les quelques fiches et faire disparaître les dernières traces du coup de main. »

Après cette affaire la police grenobloise fut obligée de reconstituer le fichier du STO. Trois brigadiers furent désignés pour accomplir cette tâche. Appartenant au mouvement de résistance Combat, les trois policiers « décidèrent de saboter le travail et de gagner du temps. […] il entrèrent en contact avec toutes les personnes qu’ils avaient la charge de recenser. Mais aux uns, ils indiquaient la marche à suivre pour entrer dans les usines prioritaires, aux autres qui hésitaient avant de rompre définitivement avec Vichy, ils ouvraient la voie du maquis. […] Sans cesse rappelés à l’ordre, les trois brigadiers, non sans difficultés et péril, gagnèrent encore deux mois. Puis, il fallut bien rendre le travail. Commencé le 3 octobre 1943, il ne fut remis à la Kommandantur que le 27 mars 1944 !… Pendant ce temps – près de six mois – 4170 jeunes gens purent vivre sans être inquiétés. »

Cette affaire ne s’arrêta pas là, puisque le nouveau fichier qui fut rendu à l’autorité se révéla « truqué, incompréhensible, inutilisable » selon Louis Nal. On lança la Gestapo aux trousses des trois brigadiers de la police grenobloise. « Une opération fut même effectuée contre l’ensemble de la police. Mais nos trois amis étaient déjà loin. Le maquis les avait accueillis dans son sein » [Commandant L. Nal, La Bataille de Grenoble, PUG, 2003]. Ce qui se fit à Grenoble, se réalisa aussi ailleurs. C’est ainsi, peut-être de manière moins épique, que l’on fit disparaître aussi dans les Chambarans les fichiers STO : « De novembre 1943 au 6 juin 1944, la résistance du secteur 3 [les Chambarans] attaque les mairies pour s’emparer des fichiers STO, des listes de recensement et des tickets d’alimentation pour les réfractaires vivant dans la clandestinité. » [Cf. Pierre Devaux, Le Bataillon de Chambaran, PUG, 1994]

Durant cette période, les maquisards des Chambarans allaient effectuer la plupart des coupures de lignes électriques, des voies ferrées Grenoble-Valence et Rives-Saint Rambert d’Abon (82 coupures et 6 déraillements), des sabotages d’usines travaillant pour l’armée d’occupation, et des destructions de convois ennemis [Cf. le mémorial du maquis du Chambaran près du camp militaire et ancien camp d’internement à Viriville].

Je ne voudrais pas m’attacher ici à revisiter l’histoire de la région qui est plus ou moins connue des gens de Grenoble et des environs, et reconnue par les officiels. Je voudrais plutôt m’attarder sur ce qui socialement, mais aussi à l’intérieur de chacun, fait qu’à un moment donné, en désaccord avec l’autorité ou la hiérarchie, on franchit le pas de l’insubordination.

Le 11 novembre 1943, deux mois après l’arrivée de l’armée d’occupation allemande qui chassa les Italiens occupant la ville depuis novembre 1942, Grenoble est paralysée par une grève et une manifestation interdites, organisées par le Comité de l’Isère de la France Combattante [Ce Comité de l’Isère de la France combattante et des Alpes dauphinoises réunissait, sous la présidence de Gaston Valois, les MUR (Combat, Libération et Francs-tireur), la CGT, le Front National, les Francs-tireurs et Partisans, l’Armée Secrète, les Comités Populaires Féminins, les Forces Unies de la Jeunesse, les Jeunesses communistes, le Parti Communiste et le Parti Socialiste. Pierre Giolitto nous rapporte dans son livre Histoire des groupes francs grenoblois, que Georges Avallet « assure [dans son livre Et Grenoble explosa] que la décision du Comité de l’Isère de la France Combattante d’appeler la population à manifester, avait été contestée par certains membres du Comité ». Dix ans plus tard, Flaureau devait confier à Aimé Requet « qu’Albert Reynier (pour l’AS), Gaston Valois (pour les MUR) et lui-même (pour le PC) s’étaient élevés contre le projet, mais qu’ils n’avaient pas été entendus par la majorité des membres présents ». Aimé Requet (l’adjoint du Commandant Nal), le dynamiteur du Polygone devait confirmer dans un article du Dauphiné Libéré du 14 novembre 1993 : « Nous étions contre cette manifestation à Grenoble car nous savions que la réaction allemande était prête et serait implacable. Nous avions demandé aux patriotes de s’abstenir à tout prix d’y participer. » Selon Pierre Giolitto « la manifestation du jeudi 11 novembre 1943 a […] donné lieu à d’ardentes polémiques. Pour les uns, elle fut un magnifique élan patriotique des Grenoblois […]. Pour d’autres, cette manifestation ne témoigna en rien d’une quelconque unanimité patriotique […]. Pour d’autre enfin, elle aurait été un piège tendu par les Allemands aux patriotes grenoblois. »]. La manifestation, refoulée par un barrage de gardes à cheval qui empêchait les manifestants de franchir le pont pour se rendre au monument aux morts près de la place de la Bastille (lieu du rassemblement), se dirigea vers le centre-ville pour arriver au monument des Diables bleus sur la place Paul Mistral, aux abords du parc du même nom. Il était 11 heures 20, et une foule de 1500 manifestants déborda les forces de l’ordre, peu nombreuses sur place, qui ne feront pas usage de leurs armes. Un Lieutenant harangua la foule en l’invitant à se disperser lorsque les renforts dirigés par leurs Commandants arrivèrent sur les lieux. La foule commençait à se disperser quand soudain surgit de la Maison des Étudiants, qui était devenue le siège d’un État-Major allemand, une cinquantaine de soldats et de civils allemands. Cet assaut brutal parvint à cerner quelque 600 personnes, mais aussi les forces de l’ordre françaises et leurs Commandants :

« [Les soldats et civils allemands] se sont déployés en tirailleurs et ont couru avec des armes automatiques et des revolvers braqués sur la foule. Fort heureusement les G.M.R. [Groupes Mobiles de Réserve créés par le gouvernement de Vichy] et les gendarmes occupés à pousser la foule en direction de la ville se sont trouvés placés entre les Allemands et les civils, ce qui a évité l’usage du feu qui allait se produire. […]

« Le Commissaire Central de Police, le Commandant des G.M.R., le Commandant de la Garde [la G.R.M. (Garde Républicaine Mobile sous Vichy)] et le Commandant de la Compagnie de Gendarmerie se sont précipités vers les militaires allemands pour leur faire comprendre qu’il ne fallait pas tirer. Le Commandant Stévenin commandant le G.M.R. et le Capitaine Cloître commandant la Garde (ce dernier a été mis en joue) ont été alors entourés par des soldats allemands, sur l’ordre d’un officier, et arrêtés. Monsieur Toussaint, Commissaire Central et le Chef d’Escadron Albert Gondrand, commandant la Gendarmerie de l’Isère, étant intervenus ont été également arrêtés.

« Ces 4 Chefs de services, à 11 heures 40′ étaient conduits à la Maison des Étudiants, sous l’escorte de soldats allemands ayant leurs armes à la main.

« En arrivant, tous quatre ont été fouillés et dépouillés de leurs armes.

« Un officier français de la Commission d’Armistice étant intervenu avec un officier allemand de la même commission auprès du Commandant allemand ayant ordonné l’arrestation et qui était fort excité, celui-ci a répondu que les quatre autorités sus-mentionnés méritaient d’être fusillées, n’ayant rien fait avec leur « saloperie » de police pour empêcher la manifestation. » [Rapport du 11 novembre 1943 du Chef d’Escadron Albert Gondran, Commandant la Compagnie de gendarmerie de l’Isère. Arch. Dép. de l’Isère, 13R967. Cf. Rapport en entier sur le site des Giménologues : Doc 1.]

Aucun rapport nous dira ce que le Capitaine Cloître a réellement fait (ou essayé de faire) pour avoir été mis en joue par les militaires allemands.

Pendant ce temps, quelque six cents manifestants sont poussés par l’armée allemande jusqu’à « un enclos ceinturé de fils de fer barbelés entre la Maison des Étudiants et le manège de la Défense passive » [Commandant L. Nal, La Bataille de Grenoble, PUG, 2003]. Après avoir relâché les femmes et les hommes de moins de 18 ans et de plus de 50 ans, les autorités allemandes ont retenu puis dirigé le 13 novembre à Compiègne « plus de quatre cents » de ces manifestants qui seront ensuite déportés en Allemagne. Seuls cent vingt de ces déportés reviendront [Le nombre de déportés et celui des survivants nous sont donnés par une note en bas de page du livre du Commandant Nal].

Cet épisode tragique a constitué une part importante de la mémoire collective locale sur la Résistance qui n’a pourtant pas retenu cet événement dans l’événement. Et pour cause : les représentants des forces de l’ordre outrepassaient leurs fonctions pour protéger les manifestants [La Résistance comptait dans ses rangs des représentants des forces de l’ordre. Toutefois une campagne visant à les sensibiliser fut menée par un certain Comité de l’Isère et des Alpes Dauphinoises de la France Combattante. Nous pouvons lire dans un tract qui fut distribué les jours précédant cette manifestation : « Gendarmes, Policiers, Gardes Mobiles, G.M.R. refusez-vous à faire le travail des Boches. Restez Français ! Vos armes appartiennent à la France ; elles doivent servir à la libérer. Ne faites rien contre les patriotes. Demain la France sera libre. Elle reconnaîtra ceux qui l’ont servie et châtiera ceux qui l’on trahie. » (Arch. Dép. de l’Isère, 13R967)].

L’insubordination en période particulière de désordre reconnu, comme ici l’occupation, la guerre et la Résistance, ne peut pas être rapprochée évidemment de celle qui peut surgir dans des moments relativement moins troublés, en temps de paix, dans la vie quotidienne où, malgré les dégâts humains qu’il produit, le contrôle social par le travail règne. Il ne s’agit d’ailleurs pas d’une véritable insubordination dans le premier cas puisque l’insubordonné se rallie à une autre autorité : la Résistance. Nous sommes déjà ici dans une période de projet et même de reconstruction.

Avant ce stade, il y a une période d’effondrement social où l’on pense que la situation est déplorable mais qu’elle est encore viable, malgré l’évidente déliquescence en cours. Chacun s’attachera à son petit quotidien, à sa survie, ceux-ci devenant le but indépassable et sécurisant qu’il faudra à tout prix défendre. Chacun, face à lui même, s’interdira de cracher dans la soupe, fût-elle le bouillon de onze heures. Malgré tout dans ces moments il peut apparaître quelques signes manifestes de désobéissance et de refus vis à vis de ce qui peut être demandé. Une certaine conscience ou encore l’idée que l’on peut se faire du rapport aux autres, à la vie, à ce qui nous entoure, nous oblige, à partir du seuil de l’inacceptable, à remettre en cause l’autorité et la hiérarchie voire à désobéir.

En 1939, quelques mois avant le début de la 2e guerre mondiale et avant l’ouverture des deux camps d’internement dans les Chambarans, les réfugiés espagnols affluèrent aux frontières par centaines de milliers, suite à l’offensive des troupes du Général Franco en Catalogne. Le ministre de l’Intérieur Albert Sarraut demanda aux différents Préfets d’organiser cet accueil. Avant l’organisation de leur « hébergement », les 465’000 réfugiés qui venaient de perdre la guerre furent parqués dès leur arrivée dans des espaces ceints de barbelés, à Argelès tout d’abord puis à Saint Cyprien et à Barcarès ensuite. Là ils se livrèrent à une toute autre bataille : celle qui les opposait au froid, à la faim, à la gale, aux poux et à la dysenterie [Le livre Triangle bleu qui a été publié en 1969, rassemble des témoignages sur le camp de Mauthausen où furent déportés, un triangle bleu (réservé aux apatrides) sur la poitrine, des républicains espagnols et des anciens des Brigades internationales. La plupart de ces témoignages parlent de la vie et de l’organisation de la résistance à l’intérieur de ce camp. Le premier chapitre est consacré à des témoignages sur les camps de la République française. Manuel Razola nous raconte : « Quant à moi, je fus envoyé avec des milliers d’autres à Septfons (sic). Dans ces lieux, nous en venions à penser que la France n’avait pas assez de place pour nous recevoir. On nous entassait comme des bêtes, obligés de manger et de dormir à côté de nos latrines. Le camp, fermé de barbelés, était gardé par des Sénégalais. Par malheur, le mois d’avril, cette année-là, fut très pluvieux et notre camp prit l’aspect d’un terrain inondé. À mesure que nous construisions des baraquements, on nous y transférait. C’est ainsi que se créèrent les premiers camps d’internement en France pour les républicains espagnols. Les baraquements étaient bien pires que ceux des camps de concentration allemands. Ils n’étaient couverts que sur la partie arrière et aux deux bouts. Quand il pleuvait, la pluie pénétrait partout. Pour dormir, nous mettions de la paille par terre. Tous, nous devions dormir habillés parce que nous n’avions pas de couvertures. L’alimentation était réduite au strict minimum. Certes nous étions accoutumés à cette vie difficile par toutes ces années de guerre, mais la situation et les conditions de vie n’avaient pourtant rien de semblable. »]. Aussitôt entrés en France, les miliciens se retrouvèrent dépouillés de leurs armes. Ils furent par la suite envoyés dans des camps plus en retrait de la frontière : à Bram, à Agde, à Rivesaltes, à Septfonds, au Vernet ou à Gurs. À Grenoble quelque 2400 réfugiés arrivèrent entre le 2 et le 3 février 1939 au Parc Mistral où le Palais de la Houille Blanche avait été retenu comme Centre d’hébergement. Il s’agissait là essentiellement de vieillards, de femmes et d’enfants. Le Centre de Grenoble fut dirigé par un certain Henri Durand. Commis des Postes à Voiron jusqu’en été 1937, Monsieur Durand fut détaché et mis à disposition pour organiser le Centre d’hébergement à l’école de Voiron puis au Fort Barraux où les réfugiés espagnols venant du Pays Basque furent accueillis, lors du premier afflux de réfugiés en 1937 [Les réfugiés espagnols de 1937 (un peu moins de 500) furent accueillis dans le département, à l’École Professionnelle de Voiron et à l’École pratique de commerce et d’industrie Vaucanson de Grenoble, dès leur arrivée. Les cours dans ces deux écoles reprenant en septembre, on procéda à leur transfert au Fort Barraux, le 11 septembre 1938. Arrivés le 1er août, on les renvoya dans leur pays le 9 octobre 1938. (Cf. le mémoire de Géraldine Andreo Les réfugiés espagnols dans le département de l’Isère 1936-1939)]. La sécurité du Centre au Parc Mistral fut confiée au Capitaine Cloître, commandant la 10e Compagnie de la Garde Républicaine Mobile, de la Gendarmerie de l’Isère ; celui-là même qui, quelques années plus tard, fut mis en joue par les militaires allemands lors de la tragique manifestation du 11 novembre 1943. Les conditions d’hébergement étaient terribles pour ces Espagnols séparés de leur famille. Ils venaient de subir la retraite, en abandonnant le peu qu’ils possédaient dans leur pays, après avoir perdu l’espoir d’une autre perspective sociale et politique. Lors de l’arrivée à Grenoble, les malades étaient nombreux, l’hygiène et les soins insuffisants. Quelque trois cents réfugiés furent hospitalisés à l’hôpital de La Tronche. Au bout de quatre mois, le directeur du Centre comptait déjà 48 décès parmi les internés. Dès février 1939, les pouvoirs publics ne cesseront de vouloir les renvoyer en Espagne malgré ce qu’ils y risquaient [Nous renvoyons au texte « Les “étrangers indésirables” » rédigé par les Giménologues  qui ont cherché à évaluer, pour le département de l’Isère, l’importance des renvois forcés de réfugiés espagnols dans leur pays]. À la fin de la guerre civile, la dictature ne ménagea pas les vaincus, emprisonnant et fusillant des masses de condamnés à la suite de procès sumarisimos, sans parler des dizaines de milliers de personnes qui disparurent corps et biens et que l’on retrouve dans les charniers que l’on commence à exhumer depuis quelques années.

En même temps qu’il essayait de les renvoyer dans leur pays, l’État républicain décida à partir de mai 1939 de « transformer cette masse inorganisée et passive que constituent les réfugiés en éléments utiles à la collectivité nationale » [Cette citation est reprise de l’article L’exil des Républicains espagnols en Isère (1937-1944) de David Demange, publié dans la revue Écarts d’identité N°95-96. Suite à la loi d’avril 1939, beaucoup de réfugiés espagnols sont incorporés dans des « Compagnies de travailleurs étrangers » (CTE) contribuant ainsi pour la plupart à des travaux de défense nationale jusqu’à la défaite française en mai 1940. La IIIe République crée ainsi les conditions pour une mise au travail systématique des étrangers par le régime de Vichy qui transformera ces CTE en GTE (Groupement des travailleurs étrangers) composés essentiellement d’Espagnols, et mettra ensuite en place en 1943 le STO pour une mise au travail systématique des jeunes Français pour l’effort de guerre allemand. « Les principaux travaux réalisés par le 351e groupe [GTE d’Uriage] s’effectuent à Corps en Isère sur le barrage du Sautet » (ibid.). Beaucoup de travailleurs espagnols déserteront leur GTE pour s’engager dans la Résistance, en Isère comme partout ailleurs en France.]. Le 12 juillet, afin de libérer le Parc Paul Mistral qui devait accueillir une foire, on procéda au transfert de 1300 réfugiés espagnols de Grenoble vers le nouveau camp d’Arandon établi dans une ancienne usine désaffectée appartenant au maire de la ville, Monsieur Vialle. Le directeur du Centre de Grenoble, Henri Durand, suivra les réfugiés à Arandon pour devenir le directeur de ce nouveau Centre. Le Capitaine Cloître sera affecté à la sécurité du camp d’Arandon avec ses deux pelotons de Gardes Mobiles. Le nouveau camp n’est pas mieux que celui de Grenoble. Un rapport du Médecin-Inspecteur départemental d’hygiène adressé au Préfet en témoigne :

« On a utilisé, pour établir le camp, une ancienne usine désaffectée, située au nord du département dans une région saine l’été, mais qui sera très humide dès l’automne et froid en hiver. Je vous signale de prime abord les difficultés extrêmes de chauffage que l’on rencontrera dans la mauvaise saison.

« […] Je dois ajouter dans l’ordre général, que le camp est entièrement clos par un double rang de deux mètres de hauteur de fil de fer barbelé. Entre les deux rangs, il existe un véritable chemin de ronde où se promènent les gardes mobiles. La surveillance est constante et effective. Il s’agit là de mesures de police qu’il ne m’appartient pas d’apprécier. Elles offrent toutefois, du point de vue exclusivement sanitaire un avantage certain (sic) en amoindrissant le risque de propagation à la population française des maladies éventuelles.

« Elles offrent aussi, du même point de vue, un inconvénient certain pour les réfugiés qui sont en majorité des enfants et des femmes. Quoi qu’on fasse, la santé des captifs n’a jamais été celle des gens libres. Cependant je dois dire que l’espace clos est très vaste (un hectare ou deux) ce qui atténue dans certaine mesure le danger signalé et rend moins présente la rigueur policière. » [Rapport du 27 juillet 1939 du médecin-inspecteur départemental d’hygiène du camp d’Arandon au Préfet de l’Isère. Arch. Dép. de l’Isère, 67M9. Cf. le site des Giménologues : DOC2]

Dans des conditions matérielles déjà sommaires et intolérables, le directeur rendra la vie de ces malheureux encore plus insupportable. Si bien que, contre toute attente, le 29 juillet le Capitaine Cloître envoie ce courrier au gestionnaire du Centre et au Préfet de l’Isère :

« Après vous avoir signalé à plusieurs reprises la situation alimentaire – sous-alimentation – des garçons qui composent la compagnie de travailleurs du camp, vous m’avez promis de donner tous les soirs 40 rations de viande à ces enfants. Cette promesse n’a pas été tenue : le Chef cuisinier n’a reçu aucun ordre à ce sujet.

« Les garçons de 14 à 17 ans qui travaillent au camp fournissent un gros effort physique – 5 heures de travail par jour – ils sont tous de bonne volonté ; mais visiblement ont faim. Comme d’autre part, si ces travaux étaient faits par des terrassiers français, ils coûteraient excessivement cher, il me semble logique de nourrir convenablement les enfants avec une partie du bénéfice réalisé.

« En tout état de cause la G.R.M. ne pouvant faire travailler des enfants sous un tel régime, j’ai l’honneur de vous informer que je viens de donner l’ordre de faire cesser provisoirement les travaux. » [Arch. Dép. de l’Isère, 67M9. Cf. le site des Giménologues : DOC3 (ibid.)]

Le Capitaine Cloître adresse alors au directeur et gestionnaire du centre et au Préfet les conditions alimentaires à partir desquelles la Garde reprendra ses fonctions, les avertissant que cette main-d’œuvre « faute d’occupation serait un élément perturbateur » [ibid.].

Le même jour, le directeur et gestionnaire du Centre, Monsieur Durand envoie un courrier au Préfet dans lequel il explique que le régime alimentaire des réfugiés s’est fortement amélioré et que la Compagnie de 40 travailleurs « a reçu 6 plaques de chocolat et 40 boîtes de sardines ou pâté tous les jours pour 5 heures de travail » [ibid.], depuis le début des travaux. Il demande au Préfet de donner des ordres complémentaires et de faire reprendre les travaux.

Le 29 juillet toujours, le Capitaine Cloître fait suivre une note de service qu’il envoie au gestionnaire du camp, Monsieur Durand, et pour information au Maréchal des logis, Chef Wallet, pour exécution :

« Les travaux de terrassements pour la pose de la canalisation et tous les gros travaux faits par les deux sections de la Compagnie de travailleurs, cesseront provisoirement à compter d’aujourd’hui 29 juillet 1939. La GRM [Garde Républicaine Mobile] assurera seulement les travaux d’hygiène (tinette et nettoyage). Les garçons de la Compagnie seront conduits tous les jours jusqu’à nouvel ordre en promenade. » [ibid.]

Le 4 août les incidents se poursuivent. Le directeur du camp reprend sa plume pour formuler ses griefs au Préfet du département :

« J’ai l’honneur de vous rendre compte d’un nouvel incident au camp d’Arandon. Le 3 août à 6 heures 30, j’ai appelé les 2 compagnies de travailleurs, jeunes gens de 14 à 17 ans et leur ai demandé de reprendre les travaux de terrassement pour l’évacuation des eaux.

« Il m’a été opposé un refus collectif.

« Comme conditions de reprise du travail, ils exigent soit un paiement soit des vêtements et des chaussures. Ils veulent bien faire le nettoiement du camp mais pas plus.

« Ce matin, à nouveau, appel nominatif, pareil refus. Ils m’ont répondu non – ajoutant même, c’est le travail que nous ferons le moins.

« Il m’apparaît inadmissible que des jeunes réfugiés soignés comme il le sont, puissent poser des conditions pour un travail dont dépend l’hygiène et le mieux être du camp. Ce qui m’a obligé a embaucher 10 ouvriers français que je paie 35 francs par jour plus les allocations, pour un travail urgent. La traversée de la voie ferrée se fera aujourd’hui 4 août.

« Heureusement que les cuisinières et les services annexes ne posent aucune condition à leur travail sans cela où irions nous.

« Ce que j’avais prévu dans mon précédent rapport arrive. Et c’est profondément regrettable. Quels moyens de coercition, ai-je, à présent. Contre une mauvaise volonté évidente, résultat d’un bourrage de crâne.

« Avant hier 2 août un garde, chef de poste, n’a-t-il pas fait une enquête sur la nourriture des réfugiés et ne s’est-il pas permis de faire cette remarque : vous ne vous étranglerez pas ! Ceci joint à une foule de petits détails laisse prévoir que ces gamins obéissent à un ordre intéressé. […]

« Je me permets donc, de vous demander, Monsieur le Préfet, pour l’exemple et rétablir mon autorité si vous verriez un inconvénient à ce que les plus grands, âgés de 17 ans, soient envoyés au Camp de Gurs ou s’il vous serait possible de prévoir leur rapatriement eux et leurs familles pour l’Espagne. » [ibid.]

Le Préfet se déplaça le 7 août au camp d’Arandon et s’attacha à apaiser la situation en demandant à monsieur Durand et au Capitaine Cloître de se réunir tous les jours avec l’Inspecteur départemental d’hygiène, ou son représentant, pour discuter à trois des « améliorations éventuelles » et de les concrétiser par des propositions qu’il étudiera « avec le vif désir de les faire aboutir dans toute la mesure possible ». [Arch. Dép. de l’Isère, 67M8. Cf. le site des Giménologues : DOC4 (ibid.) Lettre du Préfet du 10 août 1939. Nous voyons que dans cette affaire l’insubordination du Capitaine n’a pas été sanctionnée. Mais quand il s’agit de la révolte des réfugiés, les autorités réagissent plus fermement. Le 13 juillet 1939, une quinzaine de jours avant cette affaire entre Durand et le Capitaine Cloître, le Directeur de l’Office Départemental de Placement de la préfecture de l’Isère signalait au Préfet : « […] Une réfugiée qui avait demandé la veille à occuper un emploi de bonne a été présentée à cet employeur […]. Employeur et employé se sont mis d’accord. Mais alors que le récépissé de demande de Carte d’identité avait été établi, cette réfugiée est venue au bureau accompagnée de sa mère, laquelle a déclaré qu’elle n’était pas en France pour travailler et qu’elle ne voulait pas que sa fille serve de domestique (souillon) à des Français. Je crois à mon avis qu’il serait bon de prendre une sanction contre ces deux personnes d’autant que des éléments de ce genre ne peuvent que décourager ceux qui peuvent avoir l’intention d’occuper un emploi. » Arch. Dép. Isère, 67M9. Monsieur Queyranne, président de la Région Rhône-Alpes, lors du vote de la subvention du Conseil pour le Center Parcs de Roybon, se fit le défenseur des « petits métiers ». Nous pouvons espérer que le moment venu, monsieur Queyranne saura soutenir les employés de Center Parcs qui se mettraient en grève contre les conditions déplorables dans lesquelles ils travaillent (voir sur le blog d’opposants à Center Parcs, la campagne d’affichage « 36 métiers, 40 misères ».]

L’ordre de mobilisation générale du 2 septembre et la déclaration de guerre, le 3 septembre 1939, affectèrent bien sûr l’organisation du camp [La mobilisation ayant vidé la campagne de ses travailleurs, le Sous-Préfet de la Tour du Pin proposa au Préfet de former des équipes d’hommes, de jeunes gens et de jeunes filles du camp d’Arandon pour effectuer « des besognes urgentes à terminer, comme l’arrachage des pommes de terre, la récolte du tabac, la rentrée des regains et bientôt les vendanges… » Il proposa aussi « la création d’ateliers de couture travaillant pour l’Armée ou des œuvres sociales » pour les « femmes que le soin de leurs enfants retient au camp ». Arch. Dép. de l’Isère, 67M8. Cf. le site des Giménologues : DOC5]. Monsieur Durand fut mobilisé et le maire d’Arandon et propriétaire des lieux, Monsieur Vialle, prit la direction et la gestion intérimaire du camp, tandis que les deux pelotons de Gardes Mobiles furent relevés le 4 septembre par une section d’Infanterie.

Les autorités insistèrent pour que les réfugiés acceptent leur rapatriement en fonction des graves événements qui s’annonçaient [Arch. Dép. de l’Isère, 67M8. Cf. le site des Giménologues : DOC6 (ibid.)]. La plupart des réfugiés espagnols quittèrent de fait le camp d’Arandon au mois d’octobre, sans que nous connaissions précisément leur destination.

Par ailleurs, le 17 octobre le camp de Chambaran, ouvert dans les premiers jours de septembre, et qui internait quelque 750 réfugiés sarrois, autrichiens et allemands, fut réorganisé, et les internés regroupés par catégories. Ne resteront à Chambaran que les Allemands, les juifs étant transférés au camp d’Arandon. David Vogel dans son roman autobiographique Et ils partirent pour la guerre, nous décrit leur arrivée, lui-même étant interné depuis quelques jours dans ce camp. Grâce à son témoignage nous savons qu’il y restait encore des Espagnols.

Le camp d’Arandon ferma définitivement ses portes le 11 mars 1940, et les 90 juifs « indésirables » furent envoyés au camp de Loriol dans la Drôme [Cf. l’ouvrage de Badia et Co., Les Barbelés de l’exil – Études sur l’émigration allemande et autrichienne (1938-1940), PUG, 1979]. À partir de cette date, seul celui de Chambaran restera ouvert en Isère pour l’internement des étrangers « indésirables », car l’administration supprima les centres d’internement de Vif, Saint Savin, Vienne et Bourgoin.

Nous avons pu constater que dans le contexte particulier de cette période, le Capitaine Cloître sut prendre de la distance vis-à-vis des charges qu’il devait assumer. Contrairement à ce qu’il se passa ensuite au cours de la manifestation du 11 novembre 1943, le Capitaine se trouva à Arandon seul face à une autorité. Devant l’injustice qui régnait dans ce camp, il prit la responsabilité d’intervenir, alors même que de manière générale, il assuma ses fonctions de maintien de l’ordre. Ainsi, lors d’incidents survenus au parc Mistral le 15 mars 1939, il fit arrêter « deux réfugiées qui s’étaient particulièrement signalées par leurs cris et leurs injures à l’adresse du garde » [Rapport du Capitaine Cloître au Préfet. Arch. Dép. de l’Isère, 67M9. Cf. le site des Giménologues : DOC7 (ibid.)]. Il s’agissait de deux femmes qui s’opposaient à ce qu’un enfant ayant les oreillons fût conduit à l’hôpital ; peut-être parce que cette mère craignait une nouvelle dislocation familiale. En tout cas, « c’est sous une véritable pluie de morceaux de charbon, d’assiettes et de cuillères voire même de bouteilles, que [les] gardes durent emmener la prisonnière » [Ibid.], l’autre s’étant éclipsée. Selon la presse [Cf. l’article du journal Le Petit Dauphinois, du 17 mars 1939, Des incidents à Grenoble au Centre d’hébergement], une dizaine de gardes furent légèrement blessés. Le Capitaine Cloître, peut-être pour ne pas charger le dossier, dira dans son rapport qu’ « au cours de cette légère échauffourée aucun militaire ne fut blessé. Les projectiles divers cassèrent des carreaux ou furent reçus par d’autres réfugiés sans qu’aucune blessure s’en suive » [Rapport du Capitaine Cloître au Préfet (ibid.)]. Cependant les deux femmes furent écrouées et rejointes, le jour suivant, par une autre femme et un garçon qui avaient participé à cette rébellion. L’ordre régna à nouveau parce que le Capitaine Cloître avait assumé ses fonctions.

Les temps ont changé, et même si parfois quelques contestataires remettent en question certaines nuisances, ou même directement la production industrielle en tant que telle (à partir notamment du nucléaire, des OGM, des déchets…), la période que nous traversons rappelle, d’une certaine manière, celle où le Capitaine Cloître s’occupait de la sécurité du camp des réfugiés espagnols. En effet, sans aucune perspective sociale et politique, chacun sait aujourd’hui comme en 1939 que les choses vont empirer. On nous annonce des jours meilleurs pour bientôt, alors que l’effondrement est déjà là. Évidemment, chacun regarde ailleurs, refoulant l’évidence soigneusement au fond de son esprit. La porte de sortie nous est cachée et d’ailleurs personne ne songe à la chercher. Nous espérons rester dans le « moindre mal », le « mieux que rien » ; nous préserver et conjurer le sort en relativisant encore et toujours. L’état des lieux est aujourd’hui catastrophique, mais on continue à croire que la solution serait de construire à Roybon un Center Parcs ; personne ne tient à se déclarer ouvertement contre cette dévastation de plus et même de trop.

Nous sommes tous dépendants de l’économie et de son monde. Depuis l’apparition du capitalisme, le territoire des marchandises n’a cessé de s’étendre et les moyens de production de se développer, bouleversant continuellement et toujours plus vite la société et son environnement. Aujourd’hui les machines produisent le nécessaire et surtout le superflu, les mains et l’intelligence des ouvriers ou des techniciens étant considérées comme « obsolètes ». Et lorsque la production n’est pas fabriquée par des machines, c’est tout simplement que l’économie l’a délocalisée ailleurs dans le monde, balayant sans aucune retenue l’ancienne manière de vivre de ceux qui se trouvent obligés de produire là-bas ce que nous faisions avant ici. La vie des uns comme celle des autres se retrouvant brisée, en miettes.

Il est ainsi apparu de multiples services et tâches insignifiantes ou absurdes, qui n’avaient aucune valeur marchande ou aucune raison d’exister jusque là, sans parler du fait que nous acceptions que l’eau, le ciel, l’air, les paysages entrent dans le cycle capitaliste. « C’est bon pour l’économie », « c’est bon pour l’emploi », se répète-t-on inlassablement. Chacun produit de la futilité pour subvenir à ses besoins, mais aussi pour consommer de la futilité qui permettra aux échanges marchands de se perpétuer.

Ainsi, malgré sa disposition à tout détruire, le tourisme serait une idée géniale. Et la sylviculture industrielle, l’avenir durable des Chambarans. Il devient en effet nécessaire de fournir le bois à la chaufferie qui maintiendra à 29° l’eau de l’aquamundo dans le Center Parcs de Roybon. Le superflu se transforme en nécessité. Plus les sociétés s’enrichissent, plus elles se découvrent de nouveaux « besoins »…

Je ne cherche évidemment pas à prêcher une vie d’ascète. Je voulais simplement vous proposer de réfléchir au bien-fondé de l’argument axé sur la création d’emplois, et nous faire toucher du doigt l’aberration des rapports marchands. En dehors de toute considération environnementale, Center Parcs est l’exemple même de ce que la société marchande est capable de réaliser avec ses artifices, ses faux besoins, ses emplois creux et son inconscience. Tout est dit !

L’Homme de ce début du XXIe siècle se laisse encore trop séduire par les promesses de l’économie. Pourtant il pressent bien que celles-ci ne reposent que sur du vent.

Malgré le semblant de liberté et de richesse qu’il étale ostensiblement, notre homme est soumis à un totalitarisme bien plus insidieux que celui qui accabla son aïeul de 1939.

Le renouvellement incessant de l’illusion, et le profond sentiment de vacuité qui l’accompagne, expliquent sans doute pourquoi l’insubordination ne vient pas.

Henri Mora (archives), le 27 septembre 2009

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5. Les matins de chair

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Les matins de chair

Les mots sont des caresses, le bout de l’âme,
les mains sont la tendresse sans la lame,
d’un geste elles se retournent,
d’« une geste » elle devient légende…
irrégularité du mouvement passionné,
frisson désopilant, en cette cambrure du monde,
doigts d’argiles si fragiles appuyés sur la jouissance des sens,
plaisir volatil d’un moment d’errance,
où l’union sacrée s’oublie dans la brise des crépuscules des matins de chair……

JLR

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[Mère de Dieu, chasse Poutine] Свободу Александру Кольченко!

New Charges against Oleg Sentsov follow PACE Demands for his Release

Almost 9 months after their arrests Russian investigators have charged Oleg Sentsov, Ukrainian film director and Crimean political prisoner with possessing arms never found, and have denied fellow prisoner Oleksandr Kolchenko’s right to be a Ukrainian citizen.

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Ukrainian anti-fascists rally in commemoration of activists Baburova and Markelov shot by Neo-Nazis in Moscow, and in solidarity with Crimean antifascist Kolchenko arrested on the false charges by the Russian occupation authorities.

Sentsov, a well-known film director and opponent of Russia’s annexation of Crimea has been issued with a new charge. As well as the accusation that he organized a ‘terrorist plot’, the solo father bringing up two young children is to be tried as well under Article 222 § 3 (unlawfully obtaining, selling, possessing weapons, explosive substances and devices).

Sentsov was arrested on May 10 last year when FSB officers appeared at his home, frightened his young daughter and carried out a thorough search. He has said that the only item found was a weapon from World War II, kept as a relic. It is certainly highly suspicious that this new charge, reported by Russian human rights activist Zoya Svetova, should be laid so very late in the day.

News of the additional charges come, however, as events such as the Sundance Film Festival are highlighting Sentsov’s plight and a few days after the Parliamentary Assembly of the Council of Europe urged Russia to release the imprisoned film director. One day after PACE called on Russia to release Ukrainian MP and PACE delegate Nadiya Savchenko, the Russian Investigative Committee responded by adding a charge of ‘illegally crossing the border’.

The new charges in both cases are absurd. Savchenko was captured by Kremlin-backed militants in the Luhansk oblast and appeared in a Russian court two weeks later. She insists that she was taken across the border by force, and since Russia has consistently avoided mentioning her capture in Ukraine, it is the investigators’ credibility which must be questioned. Russia also claims that she entered the country ‘pretending to be’ a refugee, making ‘illegal crossing’ by definition impossible. In Sentsov’s case, no such dangerous items were found at the time, nor would they be even remotely probably given his family circumstances.

Sentsov was informed of the new charge in the Lefortovo prison in Moscow where he has been held since shortly after his arrest. His lawyers report that they tried without success to get through to the investigator all last week.

The period of detention for both Sentsov and civic activist Oleksandr Kolchenko has been extended to April.

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Forced Russian citizenship

A court in Russian-occupied Crimea has denied Ukrainian Oleksandr Kolchenko the right to retain Ukrainian citizenship. The Russian federal authorities claim that Kolchenko himself officially applied for Russian citizenship, while providing no evidence of this.

By insisting that Kolchenko and Sentsov are Russian nationals, Russia can try them according to Russian legislation while denying them the rights, including access to a Ukrainian consul, to which they are entitled as Ukrainians.

Since the only ‘evidence’ against Sentsov and Kolchenko is from ‘confessions’ made by the other two defendants — Gennady Afanasyev and Oleksy Chirny — while they were held in police custody without access to lawyers or relatives, and all four are being held in Moscow, lack of consular support is a major issue.

In court Sidorkina convincingly demolished [Sidorchinka explains that the only document which Kolchenko had at the time of his arrest was the internal passport of a Ukrainian citizen. His request to see a representative of the Ukrainian embassy. This was turned down with no mention then being made of the ‘application’ the authorities are now claiming he submitted. In the first months after his arrest, the argument used was that he had breached article 5 of the ‘Agreement between the Russian Federation and the Republic of Crimea on Crimea joining the Russian Federation’. This document was signed on March 18 by Russian President Vladimir Putin and the Crimean ‘leaders’ installed at gunpoint by the Russian forces who seized government buildings on Feb 27, 2014. Needless to say, it has not been recognized by Ukraine, the United Nations and democratic countries. / Kolchenko’s supposed ‘breach’ of article 5 of this document which stated that Ukrainians wishing to retain their citizenship must formally submit an application to this effect would not be recognized as grounds for stripping him of his citizenship by any Ukrainian or international court. / The new regime gave only a month to submit such applications with a mere three offices throughout Crimea accepting them. Like most people from his circle, Kolchenko had no idea that he needed to submit any document and quite understandably assumed that since he had a Ukrainian passport, and had not expressed any wish to change this, that nothing more needed to be done. / Sidorkina’s application to the court asked for her client’s Ukrainian citizenship to be recognized. The refusal to recognize it, she demonstrated, was in breach of Russian and Ukrainian legislation, as well as international law. / Of the four possible grounds in Russian legislation for assuming Russian citizenship, only (d) could even be considered. This refers to “other circumstances envisaged by this federal law or the RF’s international agreements.” / The ‘agreement’ in question, between Russia and the government it had installed in Crimea has not been recognized by Ukraine or the international community. Nor can it be called ‘international’ since one of the signatories did not have the status of a foreign state.] all possible arguments for foisting Russian citizenship on Kolchenko, yet the court rejected her application. She plans to appeal the ruling with a higher court. If necessary, the question of citizenship will form part of applications to the European Court of Human Rights which will surely find the attempt to force Kolchenko and Sentsov to take Russian citizenship in breach of their rights.

It is likely that Russia has already understood this and is now claiming – but not demonstrating – the existence of a fictitious application from Kolchenko.

Kolchenko’s detention was also extended again this week. The ‘case’ against both him and Sentsov is still officially at investigation stage, and their lawyers have still not seen the material which the investigators will bring to the courts.

It is, unfortunately, likely that the ‘evidence’ will be from testimony given by Gennady Afanasyev whose ‘trial’ took place behind closed doors in December without defence lawyers not even informed that it was to be held and therefore deprived of the opportunity to cross-examine him. Kolchenko and Sentsov’s lawyers believe that Afanasyev made a deal with the investigators, giving false testimony against the others in exchange for the minimum sentence envisaged for ‘terrorism’.

The attempts to force citizenship on the men appear part of a general plan to minimize publicity about a highly questionable case, in which the alleged terrorist acts first announced by the FSB do not correspond with those which Afanasyev has been convicted of. There is no evidence of any plot at all, nor any terrorist acts aside from Molotov cocktails hurled at buildings of the Russian Community of the Crimea on April 14 and the local branch of the United Russia party on April 18.

Hardly the stuff that terrorist conspiracies are made of, yet Kolchenko, Sentsov (and possibly Chirny) could well face 20-year prison sentences.

There are compelling grounds for ensuring maximum publicity and preventing Russia from concealing this shameful prosecution of Ukrainians ‘guilty’ only of opposing Russia’s annexation of their native Crimea.

Halya Coynash, Human Rights in Ukraine, Information website of the Kharkiv Human Rights Protection Group, 3 février 2015

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[La police est le meilleur des métiers pour être au-dessus des lois] Justice pour Wissam

Annulation de la mise en examen d’un des deux policiers de la brigade canine impliqué dans la mort de Wissam El Yamni à Clermont-Ferrand

Le 1er janvier 2012, deux policiers menottent Wissam et ne le quittent plus des yeux. Dix minutes plus tard, alors qu’aucun de ces policiers n’a la moindre égratignure, il tombe dans le coma :

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Avant même les résultats de l’autopsie, la police des polices s’empresse de dédouaner les policiers impliqués directement dans la mise à mort. Faire des conclusions avant même les éléments de l’enquête ne choque pas puisque les éléments de l’enquête seront ensuite cherchés, contrôles, validés par ces mêmes personnes qui ont pris dès le départ parti. Ce n’est que le début du festival de l’hypocrisie.

Après une série de mensonges d’experts les plus indécents les uns des autres, le procureur général de Riom annonce en janvier 2014 devant la presse qu’un collège d’experts va donner au maximum dans les cinq mois suivants les raisons pour lesquelles Wissam est mort.

Le Parquet aurait-il retrouvé la raison ?

Que nenni ! Un an après cet énième mensonge, soit trois ans après les faits, nous sommes toujours dans l’attente de la vérité, juste de la vérité. Parallèlement, nous apprenons le 20 janvier 2015 que la mafia policiaro-judiciaire annule la mise en examen d’un des policiers, plus intéressée par une mise hors de cause sans condition que par la vérité.

Le festival de l’hypocrisie continue.

URGENCE NOTRE POLICE ASSASSINE, le 20 janvier 2015

 

Mort d’un homme à Clermont-Ferrand : la mise en examen d’un policier annulée

Wissam El-Yamni, 30 ans, est mort neuf jours après son interpellation au cours de la nuit de la Saint-Sylvestre 2011. Sa famille dénonce depuis des violences policières.

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Photo de Wissam El-Yamni déposée devant le tribunal de Clermont-Ferrand, le 1er janvier 2013.

La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Riom (Puy-de-Dôme) a annulé mardi la mise en examen de l’un des deux policiers qui avait transporté, il y a trois ans, Wissam El-Yamni, 30 ans, décédé après avoir été interpellé dans des conditions controversées, a-t-on appris mercredi auprès de son avocat.

« Le tribunal considère qu’il n’y a pas d’indices sérieux prouvant que le travail de ce policier soit en lien avec le décès de Wissam El-Yamni », a indiqué à l’AFP l’avocat du policier, Me Xavier Herman, confirmant une information du quotidien La Montagne. Ce policier, qui avait participé à l’interpellation du jeune homme avant de le remettre au commissariat, « a appelé les secours lorsqu’il a vu la dégradation soudaine de l’état de santé de ce dernier », a ajouté Me Herman. Il a été placé sous le statut de témoin assisté.

Interpellé la nuit de la Saint-Sylvestre 2011, Wissam El-Yamni était mort neuf jours après être tombé dans le coma le soir de son arrestation. Sa famille a toujours estimé qu’il avait été victime de violences.

Dans le cadre d’une information judiciaire ouverte pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l’autorité publique », les deux policiers qui avaient transporté le jeune homme avaient été mis en examen en mars 2014.

Des photographies du corps de Wissam El-Yamni lors de sa mort avaient montré un serrage au niveau du cou. Un rapport de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) avait relevé l’emploi sur la victime, lors de son transport au commissariat, de la technique du « pliage », qui consiste à maintenir la tête appuyée sur les genoux.

Une autre rapport d’expert avait ensuite envisagé qu’un « cocktail toxique » combinant une « action toxique aiguë de la cocaïne sur le cœur », ainsi qu’un mélange d’alcool et de cocaïne, avait entraîné l’arrêt cardiaque du chauffeur routier. Une hypothèse remise en cause par les avocats de la famille de Wissam El-Yamni.

« On attend toujours la contre-expertise ordonnée par la juge d’instruction » a réagi l’un des avocats de la famille, Me Jean-Louis Borie. « On a un problème majeur dans ce dossier qui tient à l’insuffisance de l’enquête », a ajouté Me Borie, qui cite « les retranscriptions fantaisistes et approximatives des enregistrements » des conversations entre les policiers. L’affaire avait provoqué plusieurs nuits de tension dans les rues de Clermont-Ferrand et une forte colère contre la police.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Agence Faut Payer, 21 janvier 2015)

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4. Résistance

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Résistance

Archaïsme des sens qui se perd dans le souffre de vos voiles……
La vapeur volatile qui s’en dégage a une odeur acide,
Qui pénètre et putréfie toutes envies primaires
Nous griffons le sol pour pénétrer la matrice,
Cherchant en vain une odeur complice,
Pour nous échapper et survivre à l’agitation des milices aux canons.
Et l’on se terre et l’on s’enterre.
Nos corps deviendront des moules pour l’injection d’un béton désarmé
Rebelle lion d’un monde sans pardon,
Souffle de colère givrée comme l’hiver,
Pour tirer la chasse pieuse des reliques du tabernacle,
Qui enfume nos âmes,
Rébellion sarcastique d’un moustique qui bat de l’aile,
faisant tourner les moulins de l’espérance……

Affûte l’âme
affûte ta lame
crève l’esprit
crève l’aise et prie
pointe du doigt
pointe ce qui doit
écoute ce qui rime
écoute ceux qui rient,… Me touche……

Mordant la poussière siliconée d’un désert artificiel
Je me rebelle fils du vent et du ciel je suis pour un concept émotionnel……
Je suis l’enfant chevauchant les nuages artificiels des centrales nues d’éclairs.
Je préfère mille feux des croyances d’antan,
Qui ont fait du vent un dieu
Aux colères rebelles.
Je mord le sel des landes qui brûlent nos langues
et font taire à jamais, les poètes décharnés
Je suis le vent, je suis la plume, mêlant à chaque instant,
Le froid et le chaud sur des mots sans écho
Le sentier grandit en chemin déroutant les manants
Du fil précieux de la réalité terrienne……

Au pied du chêne

Parabellum parabolique du saint Suaire qui transpire,
Dans une crypte aménagée en piste de cirque,
Ou tourne encore et toujours,
La croyance pasteurisée des grenouilles de Jéricho
Delirium hypnotique, d’un asthmatique transi de froid,
Coincé dans un courant d’air blasphématoire.
je suis le fils du vent, des sources et de la vie
je suis la lumière des douces fées endormies,
je suis le cri du loup ameutant la horde,
je suis la morsure du serpent agonisant au soleil du levant,
mais avant tout je suis le fou enraciné au pied d’un chêne
absorbant à chaque instant sa sagesse.
Légende endocrine de mes veines, je crache le sang, et mes mots saignent de l’amertume de la violence tactile des hommes sans cœur, qui pullulent dans les caniveaux de la vie.
des mots doux pour les belles et le fer pour les infidèles ?

Mille délices, je renaîs
Je ne suis pas en fuite, mais à l’affût,
le chêne s’ébroue et attend doucement que la sève arrive au bout de ses branches, et à nouveau, de mes mots et de mes maux, je grifferai le visage de glace, qui s’émeut de la lumière du feu.
Les traces du lynx s’effacent dans la neige, qui fond du discours des fous, et lui aussi de nouveau, il chassera sans se faire piéger par les prédateurs d’un autre âge

Le retour de la horde……

JLR

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[L’histoire du terrorisme est écrite par l’État] Des nouvelles du front (ZAD des Chambarans)

http://juralib.noblogs.org/files/2015/01/0311.jpgMadame, Monsieur,

Ce soir, aux environs de 20 heures 45, la guérite d’accueil de la ZAD Roybon, installée à l’entrée du chemin communal menant à la maison de la Marquise a entièrement brûlée, suite à un jet de plusieurs cocktails Molotov. Cette attaque, n’est pas un simple acte de destruction et fait suite à une série de jets de projectiles sur cette même installation, servant chaque nuit d’habitation, depuis le 30 novembre dernier.

Cet incendie criminel, visant à détruire cette habitation, et à atteindre l’intégrité physique de tiers de manière volontaire, est ni plus ni moins qu’une tentative d’homicide.

Les forces de l’ordre et le CDIS de Roybon se sont rendus sur place suite à notre appel. L’intervention a commencée environ 1 heure après cet appel. Rappelons que la commune de Roybon et la caserne de pompiers sur place, sont à moins de 5 kilomètres du lieu de l’incendie.

À l’arrivée des militaires et des pompiers, nous avions déjà maîtrisé l’incendie, par nos propres moyens, malgré les risques que cela importe. Notre intervention a donc limité la propagation de l’incendie.

http://juralib.noblogs.org/files/2015/02/21.jpg

En début de semaine, le député de l’Isère, Jean-Pierre Barbier, a interpellé le Premier Ministre, lui demandant d’évacuer la ZAD Roybon et, d’interdire notre rassemblement Open Barrikad. Nous avions fait en sorte de limiter la communication de cet événement. Communication mise à mal par cette intervention.

Dans sa question au gouvernement, le député Barbier a notamment accusé les gouvernants de « complicité » avec notre action de blocus du chantier de Center Parcs. La réponse obtenue de la Ministre de l’écologie laisse à entendre qu’aucune intervention n’aurait lieu jusqu’à nouvel ordre. Cette intervention a provoqué un certain émoi chez les plus extrémistes des pro-Center Parcs.

Suite à ceci, mardi dernier au soir, une réunion de pro-Center Parcs avait lieu dans une salle communale de Roybon, organisée par l’association « Vivre en Chambaran » en présence du Maire du village, M. Serge Perraud. Certaines personnes présentent y auraient, selon plusieurs témoignages, clairement proférées des menaces de violences physiques à notre encontre.

La violence gratuite de ces personnes est intolérable. Nous sommes aujourd’hui inquiets pour le bon déroulement de notre rassemblement du week-end du 7, 8, 9 février.

En effet, les pro-Center Parcs ont décidés d’organiser un contre-rassemblement et promettent une action « spectaculaire ». Le triste spectacle de ce soir ne nous laisse pas indifférents à ce sujet.

De plus, la société Alternative Sécurité, employé pour surveiller la zone de construction du Center Parcs, continue de patrouiller, nous épiant jours et nuits, et ce sur la voie publique. Nous continuons de nous interroger sur la légalité de ces activités de surveillance, les milices privées étant à ce jour toujours interdites sur le territoire.

Nous tenons à rappeler que notre manifestation est ouverte à toutes et à tous. Cet événement se veut festif et familial. Nous souhaitons qu’elle se déroule en paix, mais nous n’oublierons pas, la violence des actes de ceux qui s’en prennent à notre intégrité physique, et menacent de fait nos vies.

Pour Demain.

Les occupants de la Zone à Défendre de Roybon – mailing, 6 février 2015

 

ROYBON | Center Parcs : incendie d’une cabane de la Zad

Une cabane montée par les défenseurs de la Zad (Zone à défendre) — qui s’opposent au projet de Center Parcs de Roybon — a été détruite par un incendie dans la soirée de jeudi, à l’entrée de la zone occupée par ces militants.

Selon le site web des « zadistes », cet incendie est la conséquence d’un jet de cocktails Molotov. De source judiciaire, on indique qu’aucun élément ne permet de confirmer cette hypothèse et qu’il peut s’agir tout aussi bien d’un accident que d’un acte de malveillance.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Le Daubé en ligne, 6 février 2015)

 

Center Parcs de Roybon : festival des zadistes, contre-manifestation des partisans

Les militants « zadistes » appellent à manifester et à construire des barricades ce week-end sur le site du chantier du Center Parcs de Roybon (Isère), à l’occasion d’un « festival » que les partisans du projet ont promis de bloquer.

Les opposants, installés depuis début décembre dans un maison forestière à proximité du chantier, appellent dans un communiqué à une marche en direction du chantier, samedi à 10H00, « pour renforcer notre présence sur la ZAD (zone à défendre, ndlr) en construisant de nouvelles cabanes et de nouvelles barricades ».

« Apportez du matériel pour construire : planches, palettes, marteaux, clous, scies, bâches, vis, etc. N’oubliez pas bottes et moufles, sandwichs et boissons », écrivent les zadistes. Cette manifestation s’inscrit selon eux « dans le festival Open Barricades, trois jours de constructions et de concerts sur la ZAD les 7, 8 et 9 février ».

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Intervention de Christian Luciani lors de la manifestation du 7 décembre 2014 à Roybon

Qualifiant ce festival de « provocation », les partisans du Center Parcs ont eux aussi appelé à manifester samedi et dimanche à Roybon. « On va être plusieurs centaines à bloquer toutes les routes qui amènent au site pour les embêter un petit peu », a expliqué à l’AFP Christian Luciani, président de l’association « Vivre en Chambaran ».

« Les riverains pourront passer mais les zadistes ne passeront pas », a-t-il ajouté.

L’association a déposé une déclaration en préfecture mais M. Luciani assure que même si la manifestation est interdite, « on le fera quand même ». La préfecture de l’Isère n’était pas joignable vendredi matin.

Du côté de la gendarmerie, « toutes les dispositions ont été prises pour que les choses se passent avec le moindre impact possible sur la tranquillité publique », a assuré à l’AFP le colonel Jean-Luc Villeminey, commandant du groupement de gendarmerie de l’Isère.

« On est particulièrement vigilants », a-t-il ajouté, sans plus de précisions sur les forces de gendarmerie mobilisées pour l’occasion.

Mardi, lors des questions au gouvernement, le député UMP Jean-Pierre Barbier avait demandé l’interdiction de ce « festival organisé par les anarchistes » et l’évacuation du site « afin de faire respecter enfin le droit à Roybon ».

« Dès lors que le projet sera redéfini, décidé, à ce moment-là, l’évacuation aura lieu pour que le bon ordre républicain reprenne ses droits », lui avait répondu la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal.

Fin décembre, le président de Pierre & Vacances s’était dit « prêt à adapter » le projet de Roybon. La justice a suspendu l’un des arrêtés qui autorise le projet, une décision contre laquelle Pierre & Vacances s’est pourvu en cassation.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Agence Faut Payer, 6 février 2015)

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[Hauteville-Lompnes, 20-21 février] Bugey C Trip

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[L’histoire du terrorisme est écrite par l’État] « Ils suivent des stages de résistance, bénéficient de soutiens logistiques, d’assistance médicale et juridique, et s’équipent de dispositifs de protection »

Répression à Sivens : « un changement de doctrine inquiétant »

Entendu le 3 février par la commission d’enquête parlementaire sur le maintien de l’ordre, le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve a pointé la violence des « nouvelles formes de contestation sociale ». Pour le chercheur Cédric Moreau de Bellaing, entendu, lui, fin janvier par les députés, le changement est aussi du côté de l’État.

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La carte de France des projets et chantiers menacés par les activistes

« Ils suivent des stages de résistance, bénéficient de soutiens logistiques, d’assistance médicale et juridique, et s’équipent de dispositifs de protection. » Auditionné mardi 3 février 2015 par des députés de la commission d’enquête sur le maintien de l’ordre républicain, le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve a mis l’accent sur les « nouvelles formes de contestation sociale » auxquelles font face les forces de l’ordre. Au nombre desquelles, il a pointé les ZAD (zones à défendre) « disséminées sur de vastes terrains » et tirant « profit de la présence ponctuelle de manifestants non violents », ainsi
que des « groupes très structurés » cherchant le coup de poing avec les forces de l’ordre lors de « rassemblements institutionnels classiques » mais qui se distinguent des simples casseurs par leur « intelligence collective ».

Selon le ministre de l’intérieur, la nouveauté, c’est que ces groupes « ne fonctionnent plus de manière étanche et hermétique ». « Il n’est donc plus rare, dans les opérations de maintien de l’ordre, de voir des Black blocs associés dans l’action à des individus a priori moins politisés issus de la mouvance des raveurs, à des adeptes de Flash mobs aussi bien qu’à des altermondialistes ou à des groupes issus de mouvements anarchistes ou radicaux, a poursuivi Bernard Cazeneuve. Dans d’autres cas, comme on l’a vu au cours de certaines manifestations de juillet 2014, certaines franges de l’islamisme radical peuvent faire cause commune avec des groupes de supporters de football liés à des mouvements identitaires. » D’où la nécessité pour le ministre de l’intérieur de renforcer un renseignement territorial (les ex-RG) mis à mal tant par la création en 2008 de la DCRI que par les suppressions de postes.

À l’appui de cette analyse, Bernard Cazeneuve met en avant les 338 gendarmes mobiles et CRS blessés en mission en 2014, contre 228 en 2013 et 175 en 2012. Des chiffres à manier avec précaution car ils ne disent rien de la gravité des blessures (qui peuvent aller de simples contusions sans ITT à des fractures). Lors de son audition, Ben Lefetey, porte-parole du Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet, a par exemple remis en doute l’utilisation d’acide par les zadistes contre les forces de l’ordre à Sivens, affirmant ne pas avoir été témoin de ces actes qui auraient nécessairement entraîné des blessures ou des traces matérielles côté forces de l’ordre.

Les autres représentants de la place Beauvau, auditionnés par cette commission début décembre 2014, quelques semaines après la mort de Rémi Fraisse, se sont montrés tout aussi alarmistes. « La gravité des violences a augmenté », a assuré Thomas Andrieu, directeur des libertés publiques et des affaires juridiques du ministère de l’intérieur. « Il n’est pas rare de devoir faire face à certains modes d’actions proches de la guérilla », a affirmé le général Bertrand Cavallier, ancien patron du Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie de Saint-Astier.

Il n’existe cependant pas de données chiffrées, ni d’études scientifiques sur l’évolution du niveau de violence lors des mobilisations sociales. Et pour cause, Bernard Cazeneuve a estimé mardi que son ministère s’est « trop coupé de ces réseaux (de chercheurs) ces dernières années ».

Cette « constante du discours officiel », qui vise à « contextualiser, peut-être à justifier l’usage des grenades offensives », a d’ailleurs frappé le sociologue Cédric Moreau de Bellaing, maître de conférences à l’École normale supérieure. Entendu le 22 janvier 2015, le chercheur a rappelé « que la France a connu des épisodes qui peuvent « concurrencer » sans trop de difficulté ce qui s’est passé à Sivens » et que « si violent que cet épisode ait pu être, cette violence reste très en deçà de ce que connaissent certains des pays voisins comme la Grèce ou l’Allemagne ». Il cite « la violence des grandes manifestations de 1947-1948, de celles des viticulteurs de 1950, ou de celle de Creys-Malville de 1977 ».

Surtout, le sociologue, qui travaille depuis dix-sept ans sur la police, perçoit « un changement de doctrine » jugé « inquiétant ». « Ainsi, l’intensité de l’engagement des forces de maintien de l’ordre serait justifiée par l’intensité de la violence des protestataires », a-t-il remarqué devant les députés. Ce principe d’escalade de la violence est, selon lui, « radicalement opposé aux doctrines sous-tendant l’école française de maintien de l’ordre ». « Au début du XIXe siècle, en effet, les forces de l’ordre calaient l’intensité de l’usage de la force sur la violence des protestataires qui leur faisaient face, a expliqué Cédric Moreau de Bellaing. Cette montée aux extrêmes favorisait l’usage d’armes de part et d’autre, provoquait nombre de blessés et, du reste, se soldait parfois par un nécessaire repli de la force publique. » Au tournant du XXe siècle, la logique s’est inversée, ce qui a « largement contribué à la réduction globale du niveau de violence dans les mouvements de protestation collective ».

Le sociologue observe aussi les effets pervers des injonctions faites, depuis les émeutes urbaines de 2005, aux policiers et gendarmes. Ceux-ci n’ont plus seulement pour mission de « tenir un cordon, une rue, un espace mais de se mouvoir et (…) d’interpeller ». « Depuis la création des forces spécialisées dans le maintien de l’ordre, la doctrine reposait sur la mise à distance des manifestants, a-t-il poursuivi. Tenir un barrage plutôt que de mener ce que les policiers appellent des courses à l’échalote, c’est-à-dire des poursuites individuelles des fauteurs de troubles ; développer des équipements qui protègent les policiers mais qui sont lourds et qui donc rendent difficile cette poursuite ; utiliser des armes qui visent à disperser, à éloigner, le dispositif principal étant ici la grenade lacrymogène. Or le retour des missions d’interpellation signifie l’inverse : moins de patience, plus de risques, avec la nécessité d’un rapprochement physique avec les perturbateurs afin de les interpeller. »

Cette évolution a été renforcée par la généralisation, au milieu des années 2000, de nouvelles armes, comme les lanceurs de balle de défense, responsables en France d’une trentaine de blessures graves au visage (pour la moitié lors de mobilisations). « Si bien que les Flashball, dont l’argument de vente consistait à dire qu’il s’agissait d’armes devant contribuer à réduire le niveau de violence engagée par les forces de l’ordre d’un État démocratique, ont un effet tendanciellement inverse et contribuent à élever le niveau de violence des situations de maintien de l’ordre », estime le chercheur. Là encore, il a souligné la nécessité de sortir de la culture du chiffre instaurée par la droite.

« Que serait aujourd’hui un maintien de l’ordre réussi du point de vue des forces de l’ordre : un maintien de l’ordre sans blessés ou avec un niveau d’arrestations élevé ? Comment récompenser les policiers et les gendarmes parce que le calme a été maintenu, parce qu’il n’a pas été nécessaire d’intervenir, la pacification ayant été obtenue en amont, plutôt que de les récompenser en fonction du nombre d’arrestations ? »

Pour le sociologue, le défi est donc moins « l’arsenal des forces de l’ordre » que « la capacité à créer de nouvelles coopérations avec des groupes relativement flous », comme la police a su en nouer après-guerre avec les services d’ordre de la CGT. Ce qui s’est manifestement traduit par un échec à Sivens où, avant la mort de Rémi Fraisse, les deux préfets successifs n’ont jamais pris la peine de rencontrer le militant écolo Ben Lefetey, porte-parole du Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet. On peut toujours prétendre ensuite, comme l’a fait Thomas Andrieu devant les députés, se heurter au « défaut d’organisation » qui « caractérise les zadistes, qui par essence refusent cette notion ou font de l’absence d’organisation une stratégie politique, une stratégie de combat ».

Mardi, le ministre de l’intérieur Cazeneuve a par ailleurs annoncé vouloir « mettre le paquet sur la formation des forces de sécurité », dont la direction avait été supprimée sous la droite. Il a confirmé que le libellé des sommations faites par les forces de l’ordre sera « revu », afin qu’il soit plus clair pour les manifestants. Les opérations de maintien de l’ordre « à risques » seront désormais intégralement filmées, ce qui était déjà en partie le cas. Et ce « dans un but de renseignement ou pour déterminer a posteriori, pour des besoins judiciaires, le comportement des manifestants ou des forces de l’ordre », a précisé Thomas Andrieu.

Leur presse (Louise Fessard, Mediapart.fr, 4 février 2015)

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[Montpellier] « Faire les poubelles pour subsister ou se faire condamner pour un vol alimentaire »

http://juralib.noblogs.org/files/2015/01/0311.jpgHérault : des glaneurs de poubelles au tribunal

Deux hommes et une femme ont été reconnus coupables d’avoir volé des denrées périssables à la date de consommation dépassée dans un supermarché à Frontignan (Hérault) en mai dernier. Ils ont toutefois été dispensés de peine, hier, par le tribunal correctionnel de Montpellier.

Les trois jeunes squatters qui avaient récupéré des produits alimentaires dans les poubelles d’un supermarché de Frontignan le 27 mai 2014 ont été condamnés hier pour cette infraction mais dispensés de peine.

Ce soir-là, Mike Adrien et Léa, étudiants ou intermittents du spectacle, désargentés, frigo du squat vide avaient sauté le mur de clôture pour soutirer des poubelles six sacs de denrées alimentaires dont la date de vente était dépassée du jour même mais qui restaient parfaitement consommables.

«Ce jour-là, c’était juste énorme ce qu’on avait découvert : des fraises et aussi du fromage de riche qu’on ne peut pas s’offrir, du chèvre particulièrement moelleux», explique Léa, 24 ans étudiante allemande qui garde un pénible souvenir de la garde à vue qui avait suivi l’opération récupération.

«Nous n’avons fait que récupérer des produits destinés à être détruits et abandonnés» a poursuivi Adrien, ingénieur du son, en squat et qui vit avec 300 € par mois.

Lors de ses réquisitions le parquet a argumenté sur le volet judiciaire strictement.

«Il y a eu pénétration dans un domaine privé sans autorisation. Il aurait été plus simple de demander la permission au directeur de l’établissement» a fait valoir le vice-procureur Patrick Desjardins, estimant que l’infraction de soustraction frauduleuse de denrées alimentaires avec circonstances aggravantes comme le vol en réunion était avérée, il a réclamé une condamnation assortie d’une dispense de peine.

«Dans cette affaire, il n’y a eu ni effraction, ni préjudice. Les aliments dans la poubelle n’ont plus de valeur financière, juste une valeur alimentaire et ces jeunes n’avaient pas l’argent nécessaire pour faire les courses» a plaidé Me Jean Jacques Gandini qui a réclamé la relaxe des trois, dénonçant le scandale des centaines de tonnes de marchandises jetées à la poubelle en France, la cinquième puissance mondiale.

Deux heures plus tard, les juges ont suivi les réquisitions du parquet. Ils ont confirmé l’infraction et dispensé de peine. Les militants altermondialistes présents en nombre dans la salle ont applaudi du bout des doigts avant de se féliciter de cette décision. Léa et Adrien qui continuent toujours à fouiller les poubelles pour manger ont dix jours pour faire appel. Et ainsi imposer un nouveau débat contradictoire et une mobilisation.

Le gaspillage alimentaire à l’Assemblée

L’Assemblée nationale débat demain de l’utilisation à des fins humanitaires des aliments invendus. Aucune décision ne sera prise toutefois, dans l’attente fin mars d’un rapport au gouvernement.

Dans sa version initiale, le texte déposé par le député UMP du Nord Jean-Pierre Decool proposait que les supermarchés concluent des conventions avec des associations d’aide alimentaire pour la collecte de denrées alimentaires invendues encore consommables mais aussi de faire évoluer les dates de péremption des produits.

Mais la commission des affaires économiques de l’Assemblée préfère attendre fin mars, lorsque le député PS Guillaume Garot aura remis au Premier ministre un rapport sur la lutte contre le gaspillage alimentaire. Une proposition de loi devrait être déposée dans la foulée.

Leur presse (Christian Goutorbe, LaDepeche.fr, 4 février 2015)

 

Le procès des ventres vides

Trois jeunes sont cités à comparaître ce matin pour « soustraction frauduleuse » de produits périmés dans la poubelle d’un supermarché.

Tout commence par un frigo vide, un soir de printemps. Nous sommes le 27 mai, à Montpellier. Léa, Mike et Adrien, étudiante, chômeur et technicien du spectacle, vivent de récupérations et de débrouilles. Depuis trois ans, avec d’autres, ils squattent un immeuble du centre-ville qu’ils ont rebaptisé « le Kalaj ». Pour manger, ils ont pris l’habitude de faire les poubelles des supermarchés. Un mode de consommation parallèle basé sur les tonnes de produits consommables jetés chaque jour par la grande distribution. « Les produits sont périmés de la veille ou du jour même, mais ils sont toujours bons, assure Adrien, vingt-cinq ans. Ce soir-là, il y avait plein de foie gras et de saumon, c’était une bonne pêche. On avait de quoi nourrir huit personnes pendant deux semaines. »

Léa, Mike et Adrien arrivent vers 22 h 30 à l’Intermarché de Frontignan, à une vingtaine de kilomètres de Montpellier. Ils enjambent un muret pour pénétrer à l’endroit où sont entreposés les sacs-poubelle. Une fois arrivés derrière le supermarché, ils récupèrent les sacs-poubelle remplis de victuailles. « On trie, on se sert et on nettoie derrière nous, précise Adrien. Notre objectif n’est pas de faire chier le magasin, on veut revenir. » Mais quand les trois glaneurs reviennent au camion, ils sont cueillis par la brigade anticriminalité (BAC). « La totale, se souvient Adrien. Mains en l’air, fouille au corps et du véhicule… Ils étaient persuadés qu’on avait volé dans la réserve du magasin. Quand ils ont vu que c’étaient des sacs-poubelle qui puent avec des produits périmés, ils ont compris. »

Ils risquent jusqu’à sept ans de prison et 100’000 euros d’amende

Pourtant, les trois jeunes gens sont emmenés au poste où ils écopent de douze heures de garde à vue – avec prises d’empreintes, d’ADN – et d’une citation à comparaître, le parquet ayant décidé de poursuivre. « C’est n’importe quoi ! s’emporte Adrien. La pauvreté est criminalisée et la BAC protège le profit d’une entreprise, au lieu de garantir la sécurité des citoyens. » Les trois « délinquants » doivent comparaître ce matin devant le tribunal correctionnel de Montpellier (Hérault). On leur reproche la « soustraction frauduleuse de denrées périssables avec date dépassée », délit assimilé à un vol, et aggravé ici par trois circonstances : « De nuit, en réunion et par escalade. » Ils risquent jusqu’à sept ans de prison et 100’000 euros d’amende. Ce type de procès n’est pas le premier. À Nantes, en juillet, un « zadiste » de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) avait pris trois mois de prison avec sursis et 105 heures de travail d’intérêt général (TIG) pour « vol » de denrées périmées dans les poubelles d’un Super U. « Je suis confronté à ce genre de poursuites assez régulièrement, raconte l’avocat nantais Stéphane Vallée, qui avait défendu le jeune homme. Avec les Roms dans les déchetteries, c’est exactement la même volonté de pénaliser la misère. Ça paraît incroyable que le simple fait de prendre ces denrées, destinées au camion-benne, soit considéré comme du vol. Dans le cas des zadistes, les produits “volés” leur avaient été restitués, ce qui montre la difficulté des poursuites… » Les trois Montpelliérains avaient, eux, dû verser leur butin sur le trottoir devant le commissariat, mais se sont arrangés pour en garder une partie. Avec la crise économique, les glaneurs, que filmait déjà la réalisatrice Agnès Varda en 2000, se sont multipliés. Ce système D, s’il témoigne de la pauvreté grandissante, met aussi en exergue le gaspillage alimentaire de la grande distribution. « Il y a urgence à mettre en place des mesures législatives pour régler ce problème, soutient André Chassaigne, député communiste, signataire d’une proposition de loi en juillet pour astreindre les grandes surfaces à proposer leurs invendus alimentaires à des associations caritatives. On ne peut pas, d’un côté, laisser partir à la benne des produits certes périmés mais consommables, et, de l’autre, reprocher à des gens de faire de la récupération parce qu’ils sont en grande précarité. »

Pour une dépénalisation
de la récupération

Pour dénoncer ce gâchis, le collectif les Gars’pilleurs a une démarche intéressante : ils récupèrent des produits la nuit dans les poubelles des commerces (supermarchés, boulangerie, etc.) et les redistribuent le lendemain sur la place publique. « On fait surtout ça pour que les supermarchés se bougent et redistribuent eux-mêmes les denrées, explique Léo, membre de ce 
collectif. Quand on n’aura plus à le faire nous-mêmes, on aura gagné ! » Ce glaneur espère que le procès montpelliérain mettra ce problème sur la place publique et exige, à terme, une dépénalisation de la récupération. L’avocat des trois Montpelliérains plaidera la relaxe – ou au moins la dispense de peine – en invoquant « l’état de nécessité ». « Vu leurs revenus très faibles, ils ont trouvé ce palliatif pour se nourrir », argumente Me Jean-Jacques Gandini. L’audience 
devrait être renvoyée en raison d’une journée de grève des avocats. Mais aussi parce que les prévenus réclament une collégialité de jugement, à la hauteur des années de prison en jeu…

Leur presse (Marie Barbier, Humanite.fr, 3 décembre, 2014)

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[L’histoire du terrorisme est écrite par l’État] Libération surveillée des compagnon-ne-s détenu-e-s lors de l’Opération Pandore en Espagne

Espagne : Libération surveillée des compagnon-ne-s détenu-e-s lors de l’Opération Pandora

Le 30 janvier dans la nuit, les 7 compagnons et compagnonnes qui étaient encore en prison suite à leur arrestation le 16 décembre dans le cadre de l’Opération Pandora ont été remis-es en liberté.

Un jour avant, le Jury d’Instruction 3 de l’Audience Nationale a fait tomber le secret d’instruction, et pour ce qu’on en sait jusqu’à présent, à travers ce qu’ont diffusé les Mossos d’Esquadra sur leur page web au sein d’un communiqué de presse, on y trouve des accusations telles qu’appartenance aux GAC, des attaques de banques, des envois de colis piégés (un à l’archevêque de Pampelune, un à un membre de la congrégation fasciste Légionnaires du Christ, à Madrid, et d’autres à des entreprises italiennes), tandis « qu’on les relie » par ailleurs, toujours selon la police, aux attaques explosives contre la cathédrale de la Almudena à Madrid (7 février 2013) et contre la basilique du Pilar à Saragosse (2 octobre 2013), ce dernier fait ayant mené à l’accusation et la mise en prison préventive de nos compagnon-ne-s Mónica et Francisco.

Le communiqué policier s’achève sur un victorieux « selon les enquêteurs, la structure des GAC/FAI-FRI est désarticulée en Catalogne, principal bastion de cette organisation criminelle à finalités terroristes contre l’État espagnol ». Ce que ne reconnaissent pas (et ne reconnaîtrons jamais) ces serviteurs du pouvoir, c’est qu’ils cherchaient, à travers cette opération, à générer de la peur chez tou-te-s les autres compagnons et compagnonnes, ce qui n’a pas seulement échoué, mais qui, nous pourrions l’affirmer sans aucun doute, a généré l’effet inverse.

Sans nul doute, leur remise en liberté et le fait de les réaccueillir parmi nous est une occasion à célébrer, autant parce qu’ils et elles ne sont plus enfermé-e-s que parce qu’ils et elles sont de nouveau parmi nous pour lutter coude à coude contre ce monde de merde. Mais c’est une « célébration » qui ne peut rester que partielle, parce que les accusations restent en place, tout comme les mesures de contrôle judiciaire (obligation de signer 3 fois par semaine, retrait de passeport, etc.), et que Mónica et Francisco sont toujours dedans … pour ne pas parler de tou-te-s les compas qui risquent différentes peines de prisons dans différentes affaires et celles et ceux qui ont déjà été condamné-e-s.

Jusqu’à ce que tou-te-s soient libres !

Contra Info, 2 février 2015

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[Chambard dans les Chambarans] 6. Correspondance entre H. Mora et J.-F. Noblet, conseiller technique du Conseil général de l’Isère

J.-F. Noblet, Conseiller technique environnement du président du Conseil général de l’Isère à H. Mora

Le 30 septembre 2009

Bonjour,

J’ai lu avec intérêt votre tract sur le Center Parcs. Il est toujours délicat de sortir des phrases de leur contexte et de leur faire dire le contraire de ce qu’elles signifiaient.

Vous savez bien que je suis personnellement opposé à ce Center Parcs et à cette forme stupide de tourisme industriel. Il est vérifié que le site n’est pas d’un grand intérêt écologique mais les pollutions et nuisances seront importantes.

En diffusant ce tract vous vous mettez à dos tous ceux qui, naturellement, sont hostiles à ce projet. Est-ce une bonne tactique pour créer un rapport de force opposée et une stratégie alternative ? Bien sûr que non.

Dommage car vous avez visiblement l’amour de ce pays, ce que je partage avec vous.

Cordialement

J.-F. Noblet

 

H. Mora à J.-F. Noblet

Le 25 novembre 2009

Monsieur Noblet,

J’ai bien reçu votre courrier et me suis demandé un instant si vous n’aviez pas mis par erreur dans votre enveloppe, non pas la lettre qui m’était adressée, mais son brouillon.

J’ai en effet reçu de votre part, dans une enveloppe estampillée Conseil général une lettre écrite au verso d’une feuille déjà imprimée et en partie raturée. Après réflexions, je me suis dit que vous aviez agi ainsi par souci de ne pas charger votre « empreinte écologique », vous sentant, peut-être, en partie responsable de la dévastation de notre département, due à la fonction que vous exercez en tant que conseiller technique environnement du président du Conseil général de l’Isère.

Vous soutenez dans votre lettre que j’aurais, dans le texte « Aux portes du Paradis », sciemment détourné vos propos pour leur faire dire le contraire de ce qu’ils signifiaient. Or, je vous citais deux fois dans ce texte en reprenant les propos que vous aviez tenus lors du 12e Festival au Naturel de l’Albenc, le 7 septembre 2008 qui furent enregistrés. Vous trouverez ci-joint retranscrit l’ensemble des questions ainsi que vos réponses à propos de ce Center Parcs.

Vous vous dites personnellement « opposé à ce Center Parcs et à cette forme stupide de tourisme industriel », et m’assurez que « je le sais bien ». Vous n’avez pourtant jamais fait de déclaration publique qui s’oppose à ce projet, et le président du Conseil général, monsieur Vallini, n’a pas fait état de ce type de réserve, bien au contraire, puisqu’il le présente depuis le début comme exemplaire sur le plan environnemental. Qui donc, en dehors de son conseiller environnemental a-t-il pu en témoigner et valider ce dernier comme tel ? Mais peut-être votre courrier à mon intention préfigure-t-il l’officialisation d’un désaveu public de votre part.

Vous vous posiez en tout cas, au festival de l’Albenc, la question de savoir « jusqu’à quel point les promoteurs vont vouloir faire quelque chose de modèle en la matière et avoir une politique différente de transport, de gestion des effluents etc. », et rassuriez immédiatement votre auditoire en lui disant que « pour le moment ils semblent vouloir faire des choses bien, ou voire même très bien ».

Nous pouvons donc conclure que vous êtes, pour l’instant dans ce dossier, ce que je dénonçais dans mon texte un simple gestionnaire de pollution et de nuisances mais sûrement pas un opposant à la construction de cette ville privée, fermée et payante.

Quant à la question tacticienne, je vous trouve très irresponsable de penser qu’il faille à tout prix être dans le consensus pour créer un rapport de force opposé et une stratégie alternative.

Pourriez-vous m’expliquer comment des opposants à la construction de ce Center Parcs pourraient s’allier à ceux qui, comme la FRAPNA, espèrent seulement en gérer les nuisances sans s’en prendre à leur source, c’est-à-dire au projet lui-même dans son ensemble ?

Et pourquoi s’associer à ces gens qui, pour faire passer le projet, font semblant de faire pression sur la société Pierre & Vacances pour obtenir les garanties vertes et durables exigées par le Conseil général, que celle-ci vend déjà, clés en main, puisque c’est son principal argument commercial.

Je laissais entendre dans mon texte que je n’avais aucune alternative à défendre puisque je demandais seulement de ne rien faire dans les Chambarans, de « laisser les Chambarans ce qu’ils ont été durant toute leur histoire : une simple forêt » aussi inintéressante d’un point de vue écologique soit-elle.

Henri Mora

Publié dans Aménagement du territoire - Urbanisme, Luttes pour la terre | Marqué avec , , , , , , , , , , , | Commentaires fermés sur [Chambard dans les Chambarans] 6. Correspondance entre H. Mora et J.-F. Noblet, conseiller technique du Conseil général de l’Isère

[L’histoire du terrorisme est écrite par l’État] Les conspis travaillent LOL

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Le Canard Enchaîné, 4 février 2015

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3. Pleine lune

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Pleine lune

Pleine lune cauchemars des nuits qui voudraient être les plus noires,
pleine lune où les cœurs des pèlerins des accords vertueux s’ébranlent,
pleine lune en point de mire des animaux de folies où tout est permis,
pleine lune des amoureux du soleil, qui fainéantent dans l’attente,
pleine lune des arpèges défectueux des errances mélancoliques …………………. why not ???

JLR

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[Comme à Toulouse et à Nantes] Marche contre les violences policières, samedi 14 février à 14h30 à Montreuil

GARDIEN DE LA PAIX, MON ŒIL

Montreuil, 8 juillet 2009, place du marché : alors qu’elles protestent contre l’expulsion d’un immeuble squatté, cinq personnes sont touchées par des tirs de flashball, à l’épaule, à la clavicule, à la nuque, au front ; Joachim perd un œil.

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VOIR LA VIDÉO

Montreuil, 14 octobre 2010, devant le lycée Jean Jaurès : un large mouvement contre la réforme des retraites secoue le pays, Geoffrey reçoit un tir de flashball dans l’œil alors qu’il bloque le lycée avec ses camarades.

À Noisy-le-Sec en 2012, Amine est tué d’une balle dans le dos par un policier. À Villemomble en 2013, Fatouma perd un œil suite à un tir de grenade de désencerclement. En 2014, la BAC tire au flashball dans un square du quartier de la Noue à Montreuil. Des histoires comme celles-ci il en existe tant, et nous sommes loin de toutes les connaître.

Le collectif huit juillet et les proches de Geoffrey appellent à une marche à Montreuil contre le flashball, contre les violences et l’impunité policières. Elle partira du lycée Jean Jaurès pour se rendre à la place du marché. D’une blessure à l’autre, d’une violence à l’autre, c’est le même combat qu’il nous faut mener.

Chaque fois que la police blesse ou tue, politiques et médias reprennent le même scénario. Ils transforment les victimes en coupables a priori : casseur, délinquant, hooligan, clandestin… Ces catégories cibles, sur lesquelles la police peut tirer sans craindre d’être inquiétée, visent à empêcher de se sentir concerné par ces histoires et de se solidariser.

Ces derniers mois, la mort de Rémi Fraisse, tué par une grenade militaire, a résonné avec les mobilisations aux États-Unis suite à l’assassinat de jeunes noirs par la police et à plusieurs acquittements de policiers tueurs. Pendant quelques temps la violence de la police et de l’État était sur le devant de la scène publique.

Les attentats de ce début d’année, ou plutôt l’usage qui est fait de ce drame pour mieux nous gouverner par la peur, risquent de balayer une légitime défiance envers des institutions de plus en plus violentes, et de transformer les victimes de la police en dommages collatéraux de la guerre au terrorisme.

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La guerre contre le terrorisme est le récit dans lequel ceux qui nous gouvernent voudraient nous entraîner, dans lequel nous devrions faire corps avec eux, acceptant inconditionnellement leur gouvernement. Ce récit vient recouvrir une politique qui se fait contre la population, et contre tout ce qui y résiste. Il s’ajoute à la petite musique quotidienne jouée par les médias pour nous faire accepter ce monde – sa police, sa violence économique, ses réformes destructrices, ses grands projets absurdes, ses plans de rigueurs, ses inégalités naturelles, ses sacrifices obligés, sa concurrence de tous contre tous.

Ne nous laissons pas diviser. Nous avons d’autres histoires à raconter. À nous de les dire et de les rendre visibles.

MARCHE CONTRE LES VIOLENCES POLICIÈRES
SAMEDI 14 FÉVRIER à 14h30
départ du lycée Jean Jaurès,
au début de la rue Dombasle à Montreuil
M° Mairie de Montreuil

En novembre 2014 se sont rencontrés une quinzaine de blessés par flashball et leurs proches, venus de toute la France. De cette rencontre est née l’Assemblée des blessés, des familles, et des collectifs contre les violences policières.

Le 21 février 2015 — un an après la manifestation contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes où la police avait éborgné trois personnes en une journée — le collectif huit juillet et les proches de Geoffrey se rendront à Nantes avec l’Assemblée des blessés pour participer à la manifestation de solidarité avec les ZAD (zone à défendre) et contre les violences d’État qu’elles soient économiques, sociales ou policières.

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VOIR LA VIDÉO

Le 21 février une manifestation en soutien aux ZAD et contre le monde des bétonneurs aura également lieu à Toulouse.

Collectif huit juillet – mailing, 5 février 2015

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2. Connaître

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Connaître

Mes yeux ruissellent de l’innocence, de ne pas connaître la profondeur de ton cri.
Tes angoisses montent en ma gorge et se nouent au creux de mon souffle…
Je voudrais charrier les torrents de boue,
Qui ferment l’éclat de ton regard,
Comme un fleuve dans sa « magnificence », puis les porter se fondre dans le delta des objets perdus…
Prendre ta main et la sceller dans la mienne et se lancer du haut d’une tour d’ivoire sur le vent d’un soir, sur le vent d’amour.
Prendre le temps de regarder l’étoile sifflante qui sort de ta bouche, l’attraper, puis la glisser telle une gouttelette cristalline au creux de mon oreille,
Écouter tes larmes, regarder tes rires,
Ne plus se retenir et lâcher les chevaux fous au galop de nos cœurs
Sentir la moiteur d’un soir de lune, au plus profond de l’été
Et se laisser prendre par la chaleur de nos corps,
Encore et toujours unis dans l’infini
Unis dans la splendeur d’une vie.

JLR

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[In Sallah, Algérie] Hideux dans leur apothéose / Les rois de la mine et du rail / Ont-ils jamais fait autre chose / Que dévaliser le travail ?

In Salah : les militants anti-gaz de schiste affirment avoir forcé l’arrêt du forage

Plusieurs dizaines de manifestants contre le gaz de schiste ont forcé, ce mardi 3 février, l’arrêt du forage-test à In Salah, a-t-on appris auprès de Abdelkader Bouhafs, un des représentants de la société civile.

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« Nous nous sommes rendus sur place.  Et nous avons forcé l’arrêt du forage en éteignant les groupes électrogènes », affirme-t-il. « Des gendarmes et les autorités locales se sont déplacés sur place mais il n’y a pas eu d’affrontements », ajoute-t-il.

Leur presse (Hadjer Guenanfa, TSA-Algerie.com, 3 février 2015)

 

In Salah : Des manifestants encerclent le champ de gaz de schiste pendant quelques heures, en chantant !!!

Les opposants au gaz de schiste s’impatientent à In Salah. Ils ont tenté ce mardi de vérifier par eux-mêmes si la phase de fracturation hydraulique a commencé ou pas au niveau du site de Dar Lahmar, à une trentaine de kilomètres au nord de la ville.

Le mouvement populaire de protestations d’In Salah attendait depuis hier la validation de la liste de la commission de suivi de la non fracturation par les autorités, représentées par Moulay Abdelkader, le chef de daïra. La décision n’ayant pas été rendue publique, quelque 260 jeunes de la ville se sont rendus au fameux puits pilote, AHT1 H1, à une trentaine de kilomètres de la ville ou ils sont restés des heures durant observer les opérations en cours. Les jeunes ont pris des vidéos et des photos du puits, interrogeant les foreurs de l’ENTP qui auraient déclaré « n’avoir reçu aucun ordre de cesser les travaux de forage au niveau du champ ».

Selon des témoignages concordants, les manifestants ont été rattrapés par le chef de daïra, fou furieux de les voir sur les lieux en train d’arrêter les groupes électrogènes servant à alimenter le site. Accompagné par des éléments de la gendarmerie, ce dernier les a sommés de quitter le champ au risque de se voir arrêter.

Les manifestants sont rentres au crépuscule à Sahat Somoud pour raconter leur périple à Dar Lahmar. Mohamed Azzaoui, membre du groupe des 22 a affirmé en plénière que « les tergiversations des autorités qui atermoient les prises de décisions claires et concrètes font que les plus jeunes sortent de leurs gonds après autant de patience ».

Il a par ailleurs exhorté les autorités à faire preuve de responsabilité et « permettre l’application à la lettre des directives du Président de la République concernant l’arrêt des travaux à la phase d’exploration que nous interprétons comme étant un refus de la fracturation pour l’heure ».

Les jeunes eux, ont en tout cas promis, en chantant, de revenir le lendemain si jamais la décision d’arrêter les travaux n’arrivait pas. Rappelons enfin, que le site pétrolier de Dar Lahmar fait partie du Bassin de l’Ahnet, et qu’il compte pour le moment deux puits horizontaux d’exploration lancés dans ce site où était également prévu un puits vertical d’écho.

Les anti-schiste en sit-in permanent à Ouargla

Pendant ce temps, les anti-schistes de Ouargla tiennent depuis deux jours un sit-in permanent à la place de la Rose de sable baptisée Sahat Echaab. Un exposé du Pr Segni Laadjal, enseignant à l’université de Ouargla est présenté en soirée pour donner un récapitulatif sur les résultats des dernières études concernant les dangers du gaz de schiste.

Leur presse (Houria Alioua, ElWatan.com, 3 février 2015)

 

Ouargla : Des chômeurs tentent un suicide collectif

Grosse panique mardi au niveau de l’avenue Si El Haoues, une des artères principales de la ville de Ouargla ou se situe notamment le siège de la wilaya à cause d’une nouvelle manifestation de chômeurs qui a presque tourné au vinaigre quand une quinzaine d’entre eux ont pu accéder au portail principal de la wilaya pour « tenter » de se suicider par immolation à l’essence.

Empêchés d’accéder au cabinet du wali en ce jour de réception du public, les chômeurs étaient courroucés de se voir priés de décamper. Les flacons d’essence n’étaient pas loin, au moment ou une crise de carburant de plus en plus persistante frappe la wilaya du pétrole.

N’en déplaise au directeur de l’énergie qui annonçait jeudi, lors d’une conférence de presse, que « la wilaya de Ouargla était épargnée d’une crise du genre ». Des propos contredits par les longues files d’attente devant les stations services.

Et pour en revenir aux chômeurs qui ont réédité les tentatives de suicide entamées en 2010, un important dispositif sécuritaire a fini par les dissuader. La route est restée bloquée pendant plusieurs heures avant que les intéressés ne se retirent promettant de revenir une prochaine fois, « mieux outillés ».

À Ouargla, le mouvement des chômeurs a implosé depuis le 14 mars 2013, date de la Milyonia organisée par la coordination de défense des droits des chômeurs CNDDC. Depuis cette date, les collectifs se sont multipliés, chacun appelle à des manifestations éparpillées un peu partout et parfois simultanément avec une prédilections pour la séquestration de camions citernes de carburant, quand il en existe de passage, ou le blocage des axes névralgiques de la ville notamment les évitements de poids lourds ou les véhicules d’entreprises sont systématiquement bloques pendant des heures.

Les autorités restent impuissantes devant ce phénomène qui prend de l’ampleur ou la gestion des foules en fureur devient un exercice de plus en plus difficile. « Nous tentons d’éviter le pire et nous avons réussi à remonter la filière des commanditaires » avait rétorqué Ali Bouguerra, wali de Ouargla, à une question d’El Watan, au lendemain des événements tragiques de Touggourt qui ont fait 4 morts et 53 blessés en novembre dernier.

Leur presse (Houria Alioua, ElWatan.com, 3 février 2015)

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[Chambard dans les Chambarans] 5. Aux portes du Paradis

http://juralib.noblogs.org/files/2014/11/03.pngAux portes du Paradis

Il y a tout juste un an, je m’efforçais de dénoncer un projet qui avait apparemment reçu l’approbation générale [Les textes suivants furent distribués dans les boîtes aux lettres de Roybon et ses alentours, envoyés aux abonnés du site Pièce et main d’œuvre et publiés dans la revue Le Croquant n° 59/60, « Homo detritus – Du rejet au projet ». Nous pouvons également les retrouver aux archives sur le blog d’opposants à Center Parcs. Il s’agit des textes : « La mauvaise saison », « Les vérités qui dérangent parcourent des chemins difficiles », « Des ordures dans un couloir » et « Quand on ne cesse de nous dire qu’il n’y a rien à faire, on finit par avaler sa salive ».]. Il s’agissait de la construction d’un Center Parcs et de la destruction du bois des Avenières à Roybon.

Depuis, de l’eau a coulé dans la Galaure et je voudrais maintenant revenir sur cette question. Pour cela il m’a semblé nécessaire de reprendre cette affaire, somme toute juteuse, depuis le début, en commençant par vous raconter une histoire.

Une histoire qui débute comme une histoire drôle ; comme une blague, pourrait-on dire. Je voulais conter l’histoire de Monsieur Paul. Monsieur Paul n’existe pas vraiment. C’est une histoire. Monsieur Paul est un personnage quelconque ; un quidam en somme. Pour notre histoire, Monsieur Paul vivait dans un petit village. Ce petit village n’existait pas vraiment. Mais nous pouvons très bien nous l’imaginer. Ce village se trouvait au milieu d’une forêt à l’écart du monde tourmenté et agité. Ce monde tourmenté et agité demeurait au-delà de la forêt. Pour notre histoire, Monsieur Paul devait nous quitter. En effet, il s’était laissé abattre par une amère déconvenue. Il avait beau scruter l’horizon et avoir vécu dans ce village à l’écart de la frénésie de son époque, le monde le désenchantait. Et la tristesse l’ensevelit si bien qu’il se retrouva devant le Maître des clefs du Paradis. Maître saint Pierre s’adressa au nouveau venu :

« Monsieur Paul, je ne sais où vous orienter. Votre vie à l’écart du monde tourmenté ne vous a laissé guère la possibilité de vous exposer aux différents vices et aux multiples vertus de la vie moderne. Dois-je vous ouvrir les portes du Paradis ?

— Maître saint Pierre, lui répondit Monsieur Paul, je crains de ne pas savoir ce qu’est réellement le Paradis. On me l’a souvent dépeint comme un endroit où il fait bon vivre ; où les facilités et le confort sont de mise ; un endroit où les gens sont jeunes et souriants, beaux et bien habillés ; un endroit où l’on ne s’ennuie jamais ; un endroit où l’on fait du sport et où l’on s’amuse ; un endroit où chacun peut trouver la tranquillité et le repos sous la surveillance d’anges gardiens. Pourriez-vous m’en dire plus ? », demandait Monsieur Paul au Maître des clefs qui avait jusque là approuvé de la tête les propos tenus par son locuteur.

« Voyez-vous, Monsieur Paul, le Paradis c’est effectivement un accueil de fête, des sports et des loisirs à pratiquer en famille ou entre amis, un lieu de détente et de bien-être. C’est aussi un environnement zen et pur. Un environnement calme, ressourçant et déstressant. C’est un endroit fabuleux dans lequel vous vous dépassez, vous vous ressourcez et dans lequel vous ressentez un vrai sentiment de liberté. La flore que vous connaissiez jusqu’alors côtoie des espèces venues aussi bien d’Amérique que d’Asie ou d’Afrique. C’est aussi un endroit où il fait toujours beau et chaud, un endroit où les adultes redeviennent enfants, et où les enfants rient comme des fous. Un endroit où les voitures sont équipées d’un moteur électrique [L’ensemble des arguments et la plupart des termes employés de cette réponse du Maître des clefs à Monsieur Paul sont tirés de la brochure publicitaire « Center Parcs – Petites Vacances extraordinaires en forêt » (automne/hiver 2008).].

— Certes ce que vous me décrivez parait très attrayant, mais nous sommes aux portes du Paradis, et je souhaiterais savoir quels sont les avantages et les désagréments auxquels nous pouvons nous attendre ici, aux portes du Paradis. »

Le Maître des clefs lui répondit :

« Les désagréments seront limités. Presque rien ! Par contre les avantages seront certainement nombreux. Vous vous apprêtiez à partir et voilà que nos intentions vous retiennent [La création de 700 emplois serait l’argument indiscutable et indépassable présenté par les élus et l’industriel]. Nous allons vous occuper et les portes du Paradis et ses alentours rayonneront bientôt [Pour certains élus, Center Parcs représentera une vitrine pour les Chambarans].

— Mais Maître, je reste d’une prudence circonspecte devant de tels arguments. Tout d’abord, je ne vois pas pourquoi je devrais me féliciter de voir les portes du Paradis briller. Je ne vois pas non plus pourquoi je me réjouirais à l’idée que vous nous occupiez. Je trouve même dommage que mes semblables se plaisent à vouloir faire le ménage du Paradis [Plus de 300 des 700 emplois proposés par le Center Parcs sont des emplois intérimaires, à temps partiels. Il s’agit de contrats de seulement 10 heures par semaine pour le nettoyage des bungalows. Vous retrouverez dans les archives, sur le blog d’opposants à Center Parcs, cinq affiches qui furent réalisés à partir d’articles de journaux qui dénonçaient les conditions de travail dans les Center Parcs.]. Vous cherchez à nous enchanter ! Mais à chacune de vos prétendues délicieuses intentions, il est apparu qu’il en était autrement. Vous avez vous-même échappé à vos desseins lorsqu’une levée de boucliers générale s’est manifestée, il n’y a pas si longtemps, à propos d’un autre projet [Le projet de décharge à Roybon était présenté plutôt favorablement par monsieur Bachasson , conseiller général et maire de Roybon, avant qu’une très large opposition ne se manifeste (cf. le texte « Des ordures dans un couloir »)].

— Monsieur Paul, vous n’allez pas reprendre à votre compte ce que certains étrangers indésirables bobardent dans nos contrées [Monsieur Bachasson me joignit par téléphone après la distribution du texte « Des ordures dans un couloir », pour m’inviter à nous rencontrer. Lors de cette entrevue monsieur Bachasson me laissa entendre que ce projet ne me concernait pas puisque j’étais étranger au canton et à la commune de Roybon.]. Cette fois-ci, il s’agit d’intentions louables. Nos détracteurs officiels sont même prêts à accepter le dossier [Lors de la réunion publique du 27 janvier 2009 à Roybon, Monsieur Bachasson a confirmé que les élus Verts avaient voté au Conseil général pour le projet. Il a déclaré aussi à cette réunion publique que la FRAPNA qui aurait eu quelques réticences au départ, avait fini par admettre après quelques réunions que le projet pouvait être approuvé. Cette approbation servira certainement la FRAPNA qui pourra continuer à exister, s’assurant de cette manière que les subventions et les aides du Conseil général seront reconduites l’année prochaine ; il est difficile de mordre la main qui vous nourrit.]… »

Ce début d’histoire n’est pas sans lien avec la réalité, vous l’aurez compris. Le scepticisme de Monsieur Paul à l’égard de ce projet pantagruélique n’est certainement pas celui que partage dans la réalité l’ensemble des habitants du village aux portes du Paradis. Les Roybonnais dans leur majorité font confiance à notre Maître des clefs ; Monsieur Bachasson a su les convaincre de l’incalculable richesse que représente le projet. Paradoxalement le réflexe de leur ancienne identité enracinée dans les Chambarans ne leur a pas servi à défendre leur territoire contre « l’étranger » qui voudrait l’accaparer. « L’indésirable » est devenu ici celui qui défend les Chambarans pour ce qu’ils sont. Se considérant peut-être comme des laissés-pour-compte, ils préfèrent sans doute se débarrasser de ce territoire, pensant que cela leur permettra de jouir de cette vie moderne. Ils aspirent à cette modernité et espèrent en croquer. Les Roybonnais savent certainement ce qu’ils ont ou ce qu’ils n’ont pas, cependant ils ne savent pas encore ce qu’ils ont à perdre, et ne se rendent à l’évidence pas compte du profond désespoir et de l’exclusion indissociables de la pseudo-richesse… Tout ce qui brille n’est pas d’or !

Une légion s’est levée pour faire accepter le projet comme allant de soi. Certains peut-être se souviendront – et ce qui suit n’est plus une histoire mais bel et bien la réalité – comment, lors d’une assemblée durant la bataille contre la décharge, et bien avant que le projet de Center Parcs ne soit rendu public, l’Office du tourisme de Roybon proposait comme alternative de développer le tourisme dans les Chambarans. Nous avons vu aussi très tôt l’enthousiasme des élus du Conseil général se manifester dans les colonnes de L’Isère magazine et du Dauphiné Libéré pour accueillir l’heureuse nouvelle. Mais tout ceci n’est rien comparé à la puissante propagande de l’entreprise concernée qui, non seulement déverse ses brochures publicitaires à l’entrée des grandes surfaces de la consommation, mais aussi diffuse ses spots de réclames sur les ondes et les télécrans de chaque foyer. Center Parcs est accepté avant sa construction parce que l’image reflétée dans nos esprits est celle que l’entreprise a développée et martelée comme autant de motifs répétés sur le papier peint qui, couvrant les murs de notre inconscience, nous fera oublier de voir la tapisserie par l’envers : Center Parcs, c’est-le-bon-environnement, Center Parcs, c’est-la-nature-au-cœur-du-concept ; Center Parcs, c’est-des-vacances-100%-vertes, c’est-la-norme-Haute-Qualité-Environnementale, c’est-la-certification-ISO-14001, c’est-une-logique-de-développement-durable, etc. [Cf. la brochure publicitaire « Center Parcs – Petite Vacances extraordinaires en forêt » (automne/hiver 2008)] C’est comme Carrefour, Champion, Castorama, L’Oréal, Lafarge, un partenariat avec WWF.

Lors d’une réunion publique de présentation du projet par l’industriel du tourisme et par les élus le 27 janvier 2009 à Roybon, l’architecte paysagiste de la société Pierre & Vacances, Thierry Huot, nous a dit que le domaine à exploiter permettrait « d’implanter le bâti sans trop de déforestation » [Le Dauphiné Libéré du 28/01/2009] et que les espaces reboisés redeviendraient « de véritables corridors pour la faune et le gibier » [Ibid.]. Ce ne sont là, bien sûr, que des boniments de bateleur désireux de fourguer sa marchandise. Passons sur ces « véritables corridors » que représente un espace clôturé de 200 hectares. Regardons de plus près le document Révision simplifiée du Plan Local d’Urbanisme commune de Roybon. Selon ce document : « la volonté générale de l’aménagement est de conserver au maximum autour des cottages un environnement boisé avec autant que possible la préservation des arbres en place. Autour des cottages un dégagement de 5 m de part et d’autre de bâtiments est prévu pour le passage des engins de chantier et la pose des réseaux [c’est moi qui souligne] ». En ajoutant les autres parcelles qui seront détruites pour installer les restaurants, les boutiques et l’ensemble des loisirs sous cloche, pour le parking et ses accès, la mini-ferme, les chemins d’accès aux bungalows et la voie principale, il s’agit probablement de plus de 60 hectares de bois communal qui seront abattus [La photographie du chantier de Moselle qui illustre l’article « Center Parc, le défi de l’emploi », publié par le journal Le Républicain Lorrain du 28 mai 2009, donnera au lecteur des Chambarans une idée plus précise de ce que représentera la destruction du bois des Avenières à Roybon], et que l’on a déjà commencé à abattre avant même l’ouverture officielle du chantier. Mais rassurons-nous, selon Jean-François Noblet, l’écologiste de service du Conseil général, « les premières analyses des biologistes qui sont allés sur le terrain montrent que ce n’est pas un milieu naturel intéressant » [Propos tenus lors du 12e Festival de l’Avenir au Naturel de l’Albenc, le 7 septembre 2008 et enregistrés].

Le 24 février 2009, les Verts de l’Isère organisaient un « débat contradictoire sur le projet de Center Parcs et le développement touristique en Isère ». La contradiction dans ce débat portait essentiellement sur l’idée qu’un tourisme vert et durable était préférable à un autre tourisme vert et durable, les débatteurs partageant la même volonté de développer le tourisme [L’association « Blé » proposait même de fixer des capteurs solaires au-dessus des arbres pour bénéficier d’une énergie plus renouvelable que le bois, retenu par Center Parcs… À énergie produite et consommée équivalente, nous pouvons imaginer la marée de capteurs solaires recouvrant l’ensemble du domaine du bois des Avenières.]. En début de réunion, une note de Gérard Leras, président du groupe des Verts à la Région Rhône-Alpes, absent ce soir-là, fut présentée et lue. Après la lecture de cette note qui ne manquait pas de panache [Vous pouvez retrouver cette note du président du groupe des Verts de la région dans les archives du blog d’opposants à Center Parcs. Monsieur Gérard Leras a visiblement une sensibilité très sélective. Je voudrais rappeler au lecteur et à l’auteur de cette note lui-même qu’il a défendu avec opiniâtreté le projet de construction de la ligne TGV Lyon-Turin et le ferroutage associé qui pourtant participe à ce « monde de la consommation débridée, d’une humanité prédatrice des ressources naturelles, irresponsable » qu’il condamne ici contre le projet du Center Parcs. Je lui demande donc d’expliquer publiquement en quoi les ravages (des paysages, environnementaux et sociaux) causés par la construction d’une ligne TGV sont différents de ceux causés par l’implantation d’un Center Parcs.] au vu de ce qui fut défendu ensuite lors de la réunion, on s’empressa dans les rangs de rappeler que cette position n’était pas celle défendue par les Verts. Les Verts, qui avaient voté pour le projet au Conseil général (pour pouvoir étudier le dossier, disent-ils), étaient, comme Gérard Leras le soutenait dans sa note, pour un tourisme bien adapté, mais, contrairement à ce dernier, ne condamnaient pas le projet. « Nous ne sommes pas opposés au projet de Center Parcs dans les Chambarans » continue à dire aujourd’hui Olivier Bertrand présent à cette réunion ; « Pas question de diaboliser la démarche de Marcel Bachasson, le maire et conseiller général de Roybon » lisait-on dans l’article du Dauphiné Libéré du 26 février 2009 reprenant les propos de Maurice Le Calvez, animateur du parti écologiste de Beaurepaire et de la plaine de la Bièvre qui ajoutera : « Nous savons qu’il cherche, avec le projet, à sortir de la crise de l’emploi et à pallier la baisse des moyens financiers des collectivités locales ».

Lors de ce débat contradictoire, l’association « SOS-Déchets » proposa une autre « alternative » :

« Tout le monde a besoin de manger, et la plupart des personnes vont chercher à coût élevé leur nourriture dans les grandes surfaces. Aujourd’hui les agriculteurs ne vivent pas correctement de la vente de leurs produits et les consommateurs sur-payent leurs produits … Pourquoi ne pas créer une offre locale de qualité [biologique — Le terme “biologique” n’a pas été retranscrit sur le site de « SOS-Déchets » alors qu’il fut mentionné lors de cette intervention. Je l’ai mis entre crochets afin qu’il apparaisse et permette la compréhension de la suite du texte.] et la proposer à travers une interface (coopérative) locale afin que chacun s’y retrouve … et ainsi que cela évite d’engraisser les dirigeants des multi-nationales agro-alimentaires. Ce projet permettrait de relancer une agriculture locale, sur de petites exploitations, et donc de recréer les emplois chassés par la PAC et la logique productiviste ».

De prime abord cette proposition paraissait plutôt raisonnable et même à quelques égards, enthousiasmante. Pourtant un agriculteur des Chambarans, défenseur du Center Parcs à Roybon, lui fit remarquer que la terre des Chambarans, des champs-bon-à-rien, n’était pas propice à l’agriculture biologique et que les agriculteurs étaient ici obligés de traiter leurs champs de manière conventionnelle (avec des produits chimiques qui empoisonnent les récoltes, les nappes phréatiques et les cours d’eau), s’ils voulaient vivre de leur travail. Des producteurs en agriculture biologique existent pourtant dans les Chambarans, mais on venait de décrire si bien l’aberration de notre temps que le bon sens eût voulu qu’on tourne le dos à ce grand bazar, et qu’on sorte, au plus vite, de l’économie et de ses fausses solutions destructrices qu’elles soient conventionnelles ou même alternatives.

Le monde étant bien trop dirigé béatement par l’idée que s’en font les économistes, il est nécessaire d’aller voir ailleurs, avec d’autres considérations, et de revisiter l’histoire afin de tisser les liens qui nous permettront de nous construire d’autres perspectives. Il faut en tout cas, empêcher les échanges marchands de se développer, tenter de reprendre le terrain qu’ils se sont approprié tout au long de l’histoire, en commençant par ce que nous venons de lui abandonner.

Nos contemporains, malgré les crises (économiques, sociales, sanitaires, environnementales etc.) qui se succèdent et qu’ils supportent, en sont toujours à penser qu’il faudrait plutôt créer des emplois et des marchandises. Cette époque est bien triste et déplorable, mais, néanmoins, poursuivons notre chemin !

En juin 2009 le torchon brûlait entre le Conseil général et le Conseil régional :

« Suite à l’annonce de Jean-Jack Queyranne, président de la Région, d’un apport de 7 millions d’euros au futur projet de Center Parc à Roybon, André Vallini lui a envoyé une lettre stipulant que cette somme était bien en deçà des espérances iséroises ». Jean-Jack Queyranne ne changera pas d’avis, continuant tout de même à soutenir le projet. Lors du vote au Conseil régional le 9 juillet, seuls les Verts qui cette fois-ci monteront au créneau, et le Parti de gauche, absent des débats jusque là, s’opposèrent au projet. Le socialiste Jean-Jack Queyranne soutenu par l’UMP leur fit remarquer que leurs alter ego lorrains avaient voté, l’an dernier en faveur d’un projet identique du groupe Pierre & Vacances sur leur territoire. Ce ne sont là évidemment de la part de tous, que paroles et stratagèmes de sophistes…

Chacun cherche à valoriser les Chambarans selon sa propre grille économiste, sans se soucier de ce qu’ils sont ; sans se soucier de leur histoire. Les forêts recouvraient toute l’Europe. Depuis l’antiquité, elles ont été transformées en pâtures, puis en champs ou en cités. Les Chambarans avaient échappé à ce que les technocrates nomment aujourd’hui sa valorisation. On voudrait exploiter industriellement ce qui était resté quasiment inexploité jusque là. Au lieu de s’adapter au territoire, on ne cherche qu’à s’en affranchir. Les partisans de cette fuite en avant, et plus particulièrement les défenseurs du projet, mais aussi ceux qui le critiquent en acceptant d’y apporter quelques améliorations, ont admis cette valorisation et le développement comme inéluctables. Jean-François Noblet mettait même en garde certains opposants à Center Parcs lors du 12e Festival de l’Avenir au Naturel le 7 septembre 2008. Il leur disait :

« Si on veut s’opposer à quelque chose comme ça, il faut proposer une alternative. Il faut avoir des projets de développement différents. Il faut prendre l’initiative, parce que si on se cantonne à dire non, la machine vous écrasera ».

Notre conseiller du prince est clair, il faut se résigner à aller dans le sens de la machine pour ne pas se faire écraser. Ce beau consensus entre partisans du projet et ceux qui s’acharnent à pénétrer dans le paradis de la marchandise écolo-biologique, espère laisser sans voix ceux pour qui la vie et les choses n’ont pas forcement une valeur d’échange ou spéculative, et qui n’ont aucune proposition à faire, si ce n’est de laisser les Chambarans ce qu’ils ont été durant toute leur histoire : une simple forêt.

Henri Mora (archives), 1er septembre 2009

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1. Poète assassin

http://juralib.noblogs.org/files/2015/02/hermine.jpgPoète assassin

J’assassine les mots dans les ruelles sombres, des nuits trop noires,
Pourfendant dans le sens du poil le vent d’acier des carnassiers d’outre tombe…
Ossuaire malveillant des mots triturés sous le plafonnier des gens sans nuances,
Qui cherche en vain l’air d’une danse macabre.
Sabbat courtois des gens d’aisance qui piétine à chaque battement de cœur qui s’éteint,
Le cadavre chaud des enfants oubliés de cette société déstructurée..
Je mords mes mots si dur de mes dents qui se cassent,
Sous les coups de bâton de mes phrases,
Et ma langue saigne du sang le plus chaud, du plus rouge de ma colère, de ma révolte
Je frappe la mélodie qui ronge mon crâne,
du fer chaud de ma haine, chargeant mon haleine du souffre de la réalité blafarde d’un monde qui s’efface.
La nuit s’éteint sur le meurtre de la poésie non structuré des non sens de ma réalité…
Le soleil se lève et les caniveaux vomissent les dernières frasques du poète assassin…

JLR

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[Chambard dans les Chambarans] 4. On finit par avaler sa salive

http://juralib.noblogs.org/files/2014/11/03.pngQuand on ne cesse de nous dire qu’il n’y a rien à faire, on finit par avaler sa salive

Le monde étant devenu une vaste galerie marchande, il était difficile de penser que les Chambarans pussent passer entre les mailles du filet à provisions. Les lois du marché auront finalement imposé la raison d’être d’un nouveau Center Parcs, dans le bois des Avenières, à Roybon, avec ses bungalows, son équipement aqualudique sous cloche et ses loisirs préfabriqués. On nous annonce toujours les bienfaits des projets proposés. Leurs laudateurs s’abstiennent de nous dire de quoi nous priveront-ils. Ici, il s’agit de 150 ha, et vraisemblablement davantage, qui seront retirés de la libre circulation des promeneurs, des cueilleurs, et des sylvains. La pratique de la chasse y sera naturellement interdite. Probablement d’autres conséquences sont à craindre ; les inconvénients ne sont pas toujours faciles à qualifier et à quantifier a priori. En revanche il est indéniable que la vie et les paysages que nous connaissons aujourd’hui, ne seront plus. Les résultats du tourisme de masse sur le littoral méditerranéen, ou encore dans nos montagnes, témoignent de la désastreuse évolution à laquelle nous pouvons nous attendre.

Le 15 décembre 2007, nous apprenions par la presse locale [Le Dauphiné Libéré du 15 décembre 2007. Selon le communiqué de presse du 17 décembre 2007, du Conseil général de l’Isère : « Pierre et Vacances envisage de consacrer l’année 2008 aux procédures administratives, de débuter les travaux fin 2009 et d’ouvrir le parc au printemps 2012. ». Nous apprenions donc, à la mi-décembre, les intentions de nos décideurs. Mais ceux qui connaissaient le bois des Avenières avaient pu remarquer les mois précédents (septembre, octobre et novembre 2007), l’abattage de nombreux arbres formant une allée de plusieurs centaines de mètres à l’intérieur même du domaine envisagé. Aujourd’hui cette allée est devenue carrossable… Monsieur Marcel Bachasson, maire de Roybon, se serait-il joué de la transparence et des procédures officielles ?] que la société Pierre et Vacances avait choisi la commune de Roybon pour construire un nouveau Center Parcs. Gérard Brémond, président de Pierre et Vacances confirma l’intention du groupe de bâtir ce cinquième complexe en France. Gérard Brémond est considéré comme un pionnier dans le domaine de la réalisation de stations de ski. Il est le premier à avoir développé le principe de la station sans voitures, en 1967 à Avoriaz. Un écologiste avant l’heure, penseront certains. Il est celui qui a développé, dans les années 1980, le concept de « nouvelle propriété » : son groupe fait construire des résidences touristiques qu’il revend ensuite à des particuliers qui bénéficieront de quelques avantages fiscaux. Le nouveau propriétaire loue ensuite son bien au groupe Pierre et Vacances qui est chargé de trouver les locataires. Le groupe Pierre et Vacances fut introduit en Bourse en 1999 ; son chiffre d’affaire annuel étant de plus de 1,5 milliard d’euros, en 2007. En 2005, le groupe Pierre et Vacances rédigea avec la fondation mondiale de protection de la nature WWF, une charte environnementale. Toute la presse adule ce personnage qui, parti de presque rien, se retrouve en Europe, à la tête d’un empire dans le domaine de l’immobilier et du tourisme blanc et vert, respectueux de l’environnement. Il est un symbole de la réussite écolo-libérale.

Sur le terrain, Avoriaz n’enchante vraiment pas tout le monde. Cette station se trouve à 1800 m d’altitude sur le territoire de la commune de Morzine en Haute-Savoie. Elle est effectivement interdite aux voitures ; on s’y déplace à pied ou en traîneau à cheval. Située au centre du domaine des portes du soleil qui compte 14 stations, elle permet aujourd’hui de skier sur un domaine de 650 km de pistes. Chacun pourra imaginer ce que cela signifie : les routes conséquentes et leurs bouchons, les immenses parkings aux abords de la station qui permettent d’accueillir 2500 véhicules, la multitude de remontées mécaniques dont la dizaine de télésièges débrayables débitant 3000 skieurs chacun par heure vers le haut des pistes ; mais aussi le remodelage, le dynamitage, les terrassements et le bétonnage de la montagne qu’impose chaque projet d’extension. Une véritable horreur qui s’est développée à l’ensemble du massif alpin ! On a ainsi offert la montagne aux investisseurs et aux touristes. Les premiers s’enrichissent tandis que les seconds s’adaptent en masse aux modes et consomment selon les saisons. La forêt avait échappé à cette frénésie. Gérard Brémond l’a désormais fait entrer dans la cour des grands.

« La Drôme et l’Isère étaient en compétition pour accueillir l’équipement » pouvait-on lire dans Le Dauphiné libéré du 15 décembre 2007. L’enjeu est en effet de taille : « […], les équipements de loisirs – centre aqualudique, restaurants, commerces, activités sportives… – occuperont la surface de 30’000 m². L’ensemble sera entouré d’aménagements paysagers et [de] 1000 maisons. » Mille maisons !

Les quelque quatre mille sept cents personnes [Selon les estimations des professionnels et en reprenant leur jargon, les 1000 bungalows représentent 5000 lits qui, selon le taux de remplissage annoncé, permettront d’accueillir en moyenne par semaine 4000 touristes. 700 salariés seront présents sur le site pour les recevoir.] présentes continuellement sur le site ne manqueront certainement pas de poser des problèmes dans ce village qui ne compte guère plus de mille quatre cents âmes aujourd’hui. Pourtant, selon les élus, ce projet serait de l’eau bénite : « Si le projet voit le jour, cela profitera à l’ensemble des territoires des Chambarans, du Sud Grésivaudan et de la Bièvre, notamment en terme d’emplois » [Le Dauphiné Libéré du 15 décembre 2007] s’enthousiasme André Vallini, président du Conseil général de l’Isère. Marcel Bachasson, maire de Roybon et conseiller général, s’enflamme aussi : « Avec la présence de près de 4000 vacanciers par semaine, cette implantation va également générer un volume d’achats de près de 12 millions d’euros par an et forcément engendrer de nombreuses retombées pour l’économie locale. On ne pouvait rêver mieux » [Isère Magazine, février 2008]. Un dossier réalisé en 2002 par les services du Conseil général du Territoire de Belfort, pour un projet de Center Parcs dans ce département [Ce projet a depuis été abandonné.], avançait des propos beaucoup moins exaltants : « Il est manifeste que la concentration dans quelques régions de la majeure partie de l’activité touristique a contribué à transformer totalement celles-ci, qui certes en vivent, mais ont vu en contrepartie disparaître une partie de leurs caractéristiques propres. » [Consultation de la population du 15 décembre 2002 – Implantation de Center Parcs. Ce dossier n’est plus consultable sur Internet. Je le tiens à votre disposition.]

Dans ce dossier qui concernait la construction d’un Center Parcs bien plus petit que celui qui est en projet pour Roybon, on s’inquiétait de certaines conséquences :

« La question de l’eau, pour un équipement de type Center Parcs est bien évidemment fondamentale. Au-delà de la consommation journalière d’une population d’environ 3000 personnes, soit une petite ville, et de 500 employés, l’ensemble des loisirs aquatiques, en particulier ceux localisés sous la bulle tropicale, en dépit des efforts de recyclage, nécessite des apports journaliers importants. »

« On estime, sur la base des constats effectués sur les sites existants, qu’un site Center Parcs représente une consommation quotidienne de l’ordre de 650 m³ d’eau .»

Chacun pourra apprécier et méditer en se souvenant peut-être de la campagne de sensibilisation Je sauve une goutte, organisée il y a une quinzaine d’années par le Conseil général de l’Isère.

Les services du Conseil général du Territoire de Belfort qui craignaient un impact notable sur la circulation du gros gibier, et sur les lieux de repos des oiseaux migrateurs, ajoutaient dans ce même dossier : « la présence en permanence sur le site d’environ 3500 personnes ne peut pas ne pas avoir un impact fort ; de fait chacun des sites évolue d’un statut purement forestier à une forêt de type périurbain » [Ibid.].

La question de la circulation et du stationnement engendrée par un Center Parcs est aussi une question préoccupante pour les habitants des communes riveraines, comme pour ceux qui appréciaient cette forêt à l’écart des routes à circulation. Dans les Chambarans, il s’agirait d’un trafic de l’ordre de deux mille véhicules qui se croiseraient lors des rotations, sans compter les véhicules des salariés. Les petites routes de campagne existantes seraient élargies ou encore aménagées en routes à circulation ; des ronds-points apparaîtraient aux intersections. Des parkings seraient construits, non seulement à l’entrée de Center Parcs, mais aussi ailleurs. Ces nouvelles infrastructures routières, mais aussi l’assainissement et le traitement des ordures du site, comparables à ceux d’une ville de près de cinq mille habitants, seraient pris en charge soit par le Conseil général, soit par la communauté de communes, c’est-à-dire qu’ils seraient payés par le contribuable. Il semblerait que cela déplaise. Mais seraient-ils seulement à la charge de Gérard Brémond ou du touriste qu’ils ne seraient pas plus enviables.

Nous ne pouvons pas accepter moralement de travailler à n’importe quel prix, contre notre conscience [Les riverains ne peuvent pas, non plus, accepter moralement de vendre les terrains utiles à ce projet, s’ils ont conscience de ce qui adviendrait.]. Les élus, à l’esprit comptable et intéressé, chantent les louanges du nombre d’emplois créés, du volume d’achats et de toutes les taxes qui seraient engendrés par un Center Parcs à Roybon. Selon les panégyristes de l’argent et du travail à la Shadok, la destruction des Chambarans, les nuisances à supporter et la soumission des riverains à de nouvelles conditions de vie ne devraient pas peser sur la balance des décisions.

Les mécontents finiront-ils par accepter l’idée qu’il ne s’agit là que d’un problème comptable et qu’il leur faudra, malgré tout, avaler leur colère et vendre leur âme au démon ?

Henri Mora (correspondance), le 27 octobre 2008

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[L’histoire du terrorisme est écrite par l’État] Comment le FBI et la Police montée travaillent

Terrorisme : deux hommes jugés au Canada

Le procès de deux hommes accusés d’avoir formé le projet de faire dérailler un train de passagers entre le Canada et les États-Unis pour protester contre la présence de troupes étrangères en Afghanistan, s’est ouvert aujourd’hui à Toronto.

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Chiheb Esseghaier et Raed Jaser, âgés tous deux d’une trentaine d’années, avaient été arrêtés en avril 2013 par la police fédérale canadienne et accusés d’avoir projeté une attaque pour le compte d’al-Qaida. Raed Jaser a plaidé non coupable à plusieurs chefs d’accusation en lien avec une attaque terroriste, tandis que son complice rejette tout système judiciaire, préférant assurer seul sa défense affirmant ne reconnaître que la loi coranique.

Le représentant du ministère public, Croft Michaelson, a dit qu’il comptait prouver que les deux accusés voulaient saboter un pont de chemin de fer en Ontario dans le but de faire dérailler un train reliant Toronto et New York et de tuer ou blesser des dizaines de passagers. Chiheb Esseghaier, un scientifique tunisien arrivé au Québec en 2008, suivait les instructions de « ses frères à l’étranger », a déclaré Me Michaelson.

Raed Jaser, un Palestinien né aux Émirats Arabes Unis et possédant le statut de résident permanent au Canada, voulait « réaliser plusieurs missions » pour sauver (sa) religion, selon le procureur.  En 2012, les deux hommes ont formé une cellule terroriste qui a presque immédiatement été infiltrée par un agent secret du FBI (police fédérale américaine). Ce dernier avait « sympathisé » avec Esseghaier lors d’un vol vers la Californie et avait gagné sa confiance.

L’essentiel des accusations repose sur des enregistrements de conversations entre les deux accusés et l’agent du FBI, ainsi que des écoutes électroniques et des vidéos de surveillance les montrant en repérage de ponts de chemin de fer dans le sud de l’Ontario. Le procès est prévu pour durer huit semaines.

Publié par le savoir-faire français (LeFigaro.fr avec l’Agence Faut Payer, 2 février 2015)

 

Procès Essaghaier-Jaser : témoignage d’une taupe du FBI

Chiheb Esseghaier et Raed Jaser sont accusés d’avoir voulu faire dérailler un train de Via Rail, en décembre 2012, dans le corridor Toronto-NewYork. Les faits se sont déroulés dans le secteur de Niagara.

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Les deux hommes qui ont été arrêtés en avril 2013 à Montréal et Toronto sont soupçonnés d’avoir agi pour le compte d’Al-Qaïda.

La taupe, qu’on ne peut ni voir ni identifier en cour, soutient qu’il a rencontré Chiyeb Esseghaier à Houston, alors que les deux hommes embarquaient pour San José, en Californie.

Il a raconté au jury qu’il s’était « fait passer pour un musulman américain né à l’étranger mais avec une mentalité radicalisée, qui faisait des affaires dans l’immobilier. »

Le policier affirme que leurs discussions en arabe durant le vol portaient sur la politique et la religion.

Il affirme qu’à la fin du voyage, Esseghaier le considérait « comme son quatrième frère. »

« Esseghaier m’a dit que seuls les moudjahidines n’ont pas peur de mourir pour le djihad, en ajoutant que c’était Allah lui-même qui les avait mis sur le même avion. » [traduction libre] — La taupe

La taupe ajoute que les deux hommes se sont vus tous les soirs en Californie, puis plus tard à Montréal.

Ils avaient établi des moyens de communiquer entre eux par téléphone et par courriel sans attirer l’attention des autorités américaines et canadiennes.

La couronne prétend que Chiyeb Esseghaier a planifié un attentat contre Via Rail avec la complicité de son co-accusé qu’il a recruté à son retour d’Iran au début 2012.

Selon les Procureurs, il recevait ses ordres d’Al-Qaïda et souhaitait forcer Ottawa et Washington à retirer leurs troupes d’Afghanistan, parce qu’il les accusait de répandre le mal, la corruption et le christianisme sur les terres saintes de l’islam.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (d’après les détails recueillis par Jean-Philippe Nadeau, ICI.Radio-Canada.ca, 2 février 2015)

 

Alleged terrorist befriended FBI agent, court hears

Accused terrorist Chiheb Esseghaier met a fellow Muslim on a flight from Houston to California because of a seating screw-up, his terrorist trial heard Monday.

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The fellow Muslim had lost his original seat and Esseghaier insisted they sit together for the June 2012 flight, court heard.

“By the end of that week, we were quite close — he referred to me as his fourth brother,” a witness testified.

But the rich, radical Muslim who told Esseghaier he financially supported the Mujahideen, wasn’t a real jihadist, but actually an undercover FBI agent. His identity is covered by a publication ban.

There was no explanation given in court as to how the FBI agent ended up on a California-bound flight from Houston with Esseghaier, a Tunisian doctoral student from Montreal, who was heading to a west coast conference.

The agent is now testifying as the critical Crown witness who compiled the terror case called Project Smooth against Esseghaier and Raed Jaser, who are accused of plotting to sabotage a Via train from New York to Toronto in 2012 to force Canadian and American troops out of Afghanistan.

Esseghaier, 31, and Jaser, 37, are pleading not guilty to their terror charges.

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The RCMP and other law enforcement officials announce a foiled terrorism plot on a VIA Rail passenger train. Two men have been arrested: Chibeb Esseghaier of Montreal and Raed Jaser of Toronto.

The agent’s “legend” was that he became radicalized by an uncle who ran his business after his mother’s death, court heard.

After two months of e-mails and phone calls between the agent and Esseghaier, the agent — wearing a bodypack recording device — visited him on Sept. 7, 2012 at his Montreal home.

Their recorded Arabic conversations were played in court as the English translations appeared on screens. The agent testified to explain the context of the exchanges.

Esseghaier admitted he travelled to Iran in April 2011 and again in February 2012, meeting “brothers, who were Mujahideen (jihadist soldiers) for the sake of Allah.”

Esseghaier divulged that he and a Palestinian pal in Toronto were scheming together, the agent told the jury.

“I want to meet the Palestinian brother in Toronto,” said the witness, who accompanied Esseghaier on a Sept. 8 drive from Montreal to Toronto.

The trial continues Tuesday.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Sam Pazzano, TorontoSun.com, 2 février 2015)

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