Bouffe solidaire pour des mutuelles de fraudeurs de la région parisienne Dimanche 12 juin à la Veilleuse

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Le dimanche 12 juin à 19h

Venez au café la Veilleuse
26 rue des Envierges
75020 Paris (m° Jourdain ou Pyrénées)

Pour soutenir des mutuelles de fraudeurs de la région Ile-de-France

19h : Projection du film Le repos du fakir sur le mobilier urbain anti-sdf, mais aussi Barres sur les 1001 manières de passer les portiques et Il est 6 heures sur le métro-boulot-dodo

20h : Repas vegan à pas cher ou prix libre

Infokiosk sur la question des transports en commun et autres délices toute la soirée

Ramenez vos ami-e-s !

 

Liste de discussion du réseau Résistons Ensemble, 8 juin 2011.

 

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[Notre-Dame-des-Landes] Récit personnel du début de la lutte contre les forages (du 5 au 9 juin) sur la ZAD

Salut à toutes et à tous,

Dans ce mail, je voulais vous faire un « petit » compte-rendu du début de la mobilisation contre les forages effectués du 6 au 9 juin sur la ZAD. […]

On (X et moi) y était de dimanche à lundi en début d’après-midi. Et on peut déjà vous dire que la lutte prend un nouveau tournant. Et un tournant bien plus radical, ce qui nous plaît pas mal 🙂

Les réformistes de l’ACIPA et de la coordination des opposant(e)s à l’aéroport n’ont mobilisés qu’une vingtaine de militant(e)s (dont une dizaine seulement dans le feu de l’action).
Tandis qu’on était un peu moins d’une centaine de militant(e)s de la ZAD, du collectif de lutte contre NDDL et d’autres militant(e)s radicaux(ales) venus d’un peu partout, et prêts à tout faire pour que les forages ne passent, ou tout du moins qu’on les fasse bien chier :).

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Cinq barricades (de ferraille soudée ou de bois), avec deux tripodes ancrés à chacune, ont été installées du dimanche soir au lundi matin (de bonne heure) autour des accès au champ touché par les forages. Des arbres ont aussi été abattus sur les différents accès au champ.

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Quand les gendarmes mobiles et gendarmes « classiques » (armés de flingues !) sont arrivés avec leurs quinze camions militaires et une pelleteuse pour dégager un accès au champ, deux barricades enflammées ont été installées sur la route principale d’accès, afin de les ralentir.

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Ayant réussi, avec peine :), à rentrer dans un champ voisin au champ des forages, les gendarmes ont appelé la pelleteuse en rescousse afin de détruire une portion de haie.
Une militant(e) « armée » de son cheval les a pendant ce temps désorganisés à elle seule 🙂 (mais frayeur pour elle puisque deux chiens d’attaque étaient prêts à être lâchés sur son cheval, quel courage de leur part !)

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Puis arrivée massive des gendarmes dans le champ avec lacrymos en tous sens (plus d’une centaine de lancées durant la matinée en tout !)  On résiste tant bien que mal en leur lançant des lances en bois, des projectiles inoffensifs (sic :), et surtout en jouant au chat et à la souris.
Cela durera plus d’une heure. Sans compter sur la charge d’une soixantaine de vaches sur les gendarmes complètement déboussolés, ce qui nous a fait bien rire (il a bien fallu les guider un peu 🙂

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Puis on nous repousse sur un champ de maïs voisin. Et là surprise, des pierres y sont, qui n’attendent que de voler vers les gendarmes :), leurs jeeps et surtout vers la pelleteuse, les camions de forages et les foreuses.
Les pierres volent dans tous les sens auxquelles répliquent de méchantes lacrymos :), parfois offensives (une est passée furieusement à 20 cm de la tête d’un militant).

On tient une demi-heure puis repli à la lisière la forêt de 35 hectares (magnifique d’ailleurs 🙂 qui borde le champ de maïs.

Petit calme pendant lequel des militant(e)s font un grand tour pour reprendre les flics à revers. Pendant ce temps, un militant se fait interpeller pour avoir voulu déloger le conducteur de la pelleteuse en train de détruire une de nos structures d’accueil. Effusion d’une demi-heure puis provocation des gendarmes subie par l’interpellé (agenouillé de force sur le rebord d’un camion militaire avec la tête plaquée sur le camion ! et ce devant tout le monde !)

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Retour des militant(e)s qui avaient contourné le peloton (d’exécution ? 🙂
Lacrymos de retour pour la plus grande joie des militant(e)s (si, si 🙂 et des supérieurs des gendarmes (puisqu’ils ne font qu’hurler : « stop », « arrêtez ça ne sert à rien » … tandis que leurs petits toutous continuent 🙂 complétement déboussolés je vous dis 🙂

Après ce sera statu quo, les militant(e)s fatigué(e)s par une longue journée/nuit dînent, font une sieste, avant la réunion de 13 heures pour faire le point et préparer la suite.

À l’heure de ce mail [mardi 7 juin, 13h39], les forages continuent sur le champ (et ont encore une fois été perturbés par des militant(e)s). Travail sur la ferme oblige, contraint de quitter les camarades jusqu’à la fin de la mobilisation (fait c… :).

Bilan personnel : de la joie de vivre et de la rage mêlées, pas mal de fatigue mais que de bonnes émotions, une soif d’en redémordre et de bouter ces colons urbanisateurs et leurs sbires, de ce territoire agricole et bocager qui ne vaut pas un pesant d’or mais plutôt qui vaut le prix d’y résister et d’y créer pas mal de choses ! 🙂

Petit bilan personnel sur la stratégie : manque pas mal de monde (à 200-300 on les aurait sûrement boutés) et de multiplicité de stratégies, mais on compte sur les militant(e)s qui viendront au village pour combler ce manque 🙂 (bien qu’il est illusoire de croire que tous les militant(e)s s’impliqueront dans la lutte locale, mais bon la lutte ne peut que faire rêver/créer 🙂

La lutte continue !

Un membre du collectif de lutte contre l’aéroport de NDDL
Mailing, 7 juin 2011.

 

Un face-à-face viril contre l’aéroport

À coup de bombes lacrymogènes, les gendarmes ont délogé, hier, des opposants, qui voulaient empêcher des forages.

Bataille rangée, hier matin, dans ce champ de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). C’est ici que doit s’élever la tour de contrôle du futur aéroport. En attendant de voir des avions, ce sont des bombes lacrymogènes, des cailloux et des œufs qui volent.

Pendant plus de trois heures, à force de charges répétées, environ 200 gendarmes casqués, bouclier au poing, ont repoussé une centaine d’opposants. Ils tentaient d’empêcher l’accès aux deux foreuses et aux techniciens des Ponts et Chaussées. Le face-à-face est viril, musclé… et parfois cocasse. Par exemple quand les opposants lancent un troupeau de vaches contre les forces de l’ordre.

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Ce « camp de la résistance » a été installé dès dimanche soir. Deux arbres ont été abattus pour barrer la route. Les anti-aéroport ont dormi sur place, barricadés et éparpillés dans la parcelle. Certains perchés à trois mètres du sol. D’autres en embuscade dans les haies bocagères. « On résiste comme on peut. On se bat pour défendre la nature », justifie un militant anti-aéroport. Les gendarmes mobiles, eux, obéissent aux ordres sans états d’âme.

Ce mardi, et peut-être demain, les forages se poursuivent. Toujours sous bonne escorte. Gendarmes et anti-aéroport vont à nouveau jouer au chat et la souris.

Une société vandalisée à Orvault. « Fais une pose, pas l’aéroport ». C’est en découvrant ce tag, hier, que le directeur a compris que sa société avait été visitée au cours du week-end. Par des opposants visiblement. Dans les locaux de Fondasol, trois camions et trois engins de forage ont été vandalisés : serrures bouchées à la colle, manettes tordues, etc. Impossible, dans ces conditions, d’intervenir pour RTE. Le Réseau de transport d’électricité a mandaté Fondasol pour l’expertise des sols, à Notre-Dame-des-Landes, pour, à terme, adapter les installations électriques à l’arrivée du nouvel aéroport. Une enquête est en cours.

Leur presse (Christophe Jaunet, Ouest-France), 7 juin 2011.

 

Une guérilla champêtre contre l’aéroport

La gendarmerie est intervenue en force, lundi, pour déloger les opposants au futur aéroport, et permettre des forages dans un champ, à Notre-Dame-des-Landes.

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6 heures. Le camp de la résistance se réveille à la Rolandière, entre Notre-Dame-des-Landes et Vigneux. Dès dimanche, les squatteurs, plutôt radicaux, et les membres de l’Acipa (Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes), davantage pacifistes, ont occupé le champ où doit être construite la tour de contrôle du futur aéroport. Barricades improvisées, opposants perchés sur des « tripodes » à 3 mètres du sol, et surtout deux arbres abattus pour bloquer la route. « On résiste comme on peut. » Ils y mettent de la conviction. Mais ce comité d’accueil est dérisoire pour stopper les forces de l’ordre, chargées d’accompagner les deux foreuses du laboratoire régional des Ponts-et-Chaussées.

7h30. Les gendarmes mobiles prennent position. Ils sont environ 150, plus une trentaine de gendarmes locaux. Des agents du Conseil général tronçonnent le chêne qui barre l’accès. En face, une petite centaine d’opposants met le feu à du foin et des pneus. « On n’est pas méchants, mais déterminés. On n’ira pas au contact, vous êtes plus forts et armés. Alors ne tapez pas trop fort… », défie un opposant à l’adresse des militaires casqués. Les gendarmes repoussent les anti-aéroport avec leurs boucliers. Viril mais correct. Dans le ciel, l’hélicoptère de la gendarmerie tournoie inlassablement.

Des vaches contre les gendarmes

9 heures. Un tractopelle s’engage dans un champ pour ouvrir le passage aux foreuses. À coup de grenades lacrymogènes, les gendarmes mobiles chargent, délogent et font reculer les opposants encagoulés planqués dans les buissons. Ils répliquent par des jets de pierres. Des œufs volent également. Des scènes surréalistes. Comme ce troupeau de vaches paniquées lancé par « les résistants » contre les gendarmes.

10h30. Les gaz sont efficaces. Les forces de l’ordre grignotent du terrain et libèrent la parcelle ciblée pour les carottages. Propriété du Conseil général, elle est exploitée par un paysan opposé à l’aéroport. Les techniciens, éberlués par cette guérilla champêtre, commencent enfin à percer le sol. Les foreuses sont solidement gardées. Les gendarmes mobiles maintiennent les opposants à distance. Les noms d’oiseaux pleuvent. Deux interpellations pour attroupement non autorisé et tentative de dégradation d’un bien public, le tractopelle en l’occurrence, ont le don d’énerver les opposants. « Libérez nos camarades. » La tension est vive. Ces arrestations sont classées sans suite par le parquet.

Retrouvailles ce mardi

11h30. L’affrontement s’apaise. Le face-à-face est figé. Julien Durand, porte-parole des anti-aéroport, échappe au cordon de gendarmes mobiles. Peu avant, il s’est couché devant la voiture de la préfecture. « Vous n’êtes pas sortis de l’auberge », promet Julien Durand au commandant de la compagnie de Châteaubriant. « Vous n’avez que vos corps à nous opposer. Nous sommes vos adversaires du jour, mais pas vos ennemis », répond le gendarme. « Notre combat est aussi politique », assure l’opposant. La Présidentielle est en ligne de mire. Toujours bien protégées, les deux foreuses seront de retour ce mardi, sans doute mercredi également. Les opposants les attendent de pied ferme.

Leur presse (Christophe Jaunet, Ouest-France), 7 juin 2011.

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Résistance antinucléaire du 10 au 13 juin 2011 en Suisse

Un camp autogéré anti-capitaliste, anarchiste et anti-nucléaire aura lieu le weekend de Pentecôte (10-13 juin) à Benken, au nord de Zurich, un des possibles sites d’enfouissement de déchets nucléaires.

À Berne, on campe depuis des mois devant le siège des FMB, propriétaires de Mühleberg, avec l’intention d’y rester jusqu’à la fermeture de la centrale ! Une manif avec caravanes cyclistes des villes environnantes (Fribourg, Bienne, Berne) aura aussi lieu le lundi 13 juin !

Liste d’information de l’Espace autogéré à Lausanne, 7 juin 2001.

 

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A4-Camp à Benken du 10 au 13 juin 2011

Déjà avant le tremblement de terre au Japon et les incidents dans la centrale nucléaire de Fukushima, la résistance contre l’énergie nucléaire était un sujet de discussion en Suisse. Les déchets nucléaires rayonnent et menacent la vie dans les alentours pendant des dizaines de milliers d’années. Différents endroits en Suisse sont envisagés en tant que dépôt final pour les déchets nucléaires. Trois centrales nucléaires seront éteintes à cause de leur âge et le lobby nucléaire voulait, du moins jusqu’aux jours précédent le 11 mars, en reconstruire deux. Il mentionnait une pénurie d’électricité sinon et qualifiait l’énergie nucléaire d’écologique. Étant donné le changement de la situation, le vent devrait avoir tourné. Du moins, ils le disent. Gorleben et Fukushima montrent pourtant très clairement que les apprentis sorciers sont loin de savoir dompter les forces nucléaires qu’ils avaient déclenchées jadis et dont les répercussions négatives doivent (ou bien : ont dû) être vécues par des milliers de personnes.

Dans le contexte de la catastrophe devenue désormais réelle, les associations écologiques, les autres forces « vertes » et ceux qui, compte tenu de la situation actuelle, voudraient se donner une touche verte nous appellent à la protestation toujours polie et conformiste contre l’énergie nucléaire. Ils essayent de nous convaincre que surtout maintenant, il faut militer pour la construction de panneaux solaires, d’éoliennes et de centrales nucléaires un peu partout. Leur crédo est destiné à un marché censé bannir l’énergie nucléaire afin de couvrir le besoin sans cesse croissant d’énergie par des sources d’énergie alternatives. Étant donné que cette confession de foi est incapable de mettre un terme aux atrocités envers la nature et l’homme causées par l’exploitation capitaliste et son mode de production, elle ne peut qu’être considérée comme une critique réductrice du désastre nucléaire. L’écologisme réformiste, c’est-à-dire celui qui veut en même temps protéger l’économie et qui n’ose pas ébranler les piliers de la société industrielle, n’est qu’un palliatif pour la mauvaise conscience. Les modes de production actuels et l’idée qu’il faut faire du profit à tout prix sont le cadre dans lequel de telles dévastations ont lieu. Le capitalisme est incompatible avec un environnement intact et des hommes libres s’épanouissant ensemble.

D’un point de vue capitaliste, l’idée que de nouvelles technologies sont introduites dès qu’elles promettent des bénéfices constitue une évidence. Des doutes éventuels sont ensevelis sous des phrases d’apaisement hypnotiques par une horde de scientifiques bien payés. Que ce soit dans le cas des OGM, des nanotechnologies ou bien de l’énergie nucléaire. Et même là, les experts continuent déjà à discuter des éventuels progrès de la technologie. C’est juste qu’il faut attendre un peu avant qu’on soit de nouveau sujets à l’oubli et à l’apathie.

Le fait que la résistance réformiste (écrire des lettres, des pétitions, des initiatives, boire des flûtes de champagne contre…) ne débouche même pas sur des réformes du statu quo tient principalement à son caractère inoffensif faisant qu’elle ne résiste à quoi que ce soit, ni à qui que ce soit. Elle se contente de faire appel aux dominants au lieu de nous habiliter nous-mêmes à faire quelque chose. Et c’est pourquoi elle est acceptée — puisque personne ne se sent menacé par elle. Nous ne voulons cependant pas ce statu quo où seuls les marchandises et l’argent, seules les choses mortes, ont de l’importance et non pas nous et tout ce qui est vivant. Nous n’avons pas besoin de ces marchandises dans des couleurs acidulées et nous ne les voulons pas. Nous aspirons à un monde et nous luttons pour un monde où nous sommes au centre de l’intérêt et où l’on s’aide mutuellement. Un monde qui sait vivre avec la nature et les animaux sans les exploiter ni les dominer. Mais on en est loin. Pour le réaliser, il faut résister avec persévérance à l’idéologie dominante. Nous ne voulons pas négocier avec les politiciens qui, dans le meilleur des cas, tentent de rendre le maintenant un peu plus supportable. C’est pourquoi nous ne voulons pas les prier d’éteindre les centrales nucléaires. Il faut qu’on fasse pression, mais pas par des signatures ne valant pas un kopek. Nous devons enfin prendre nos vies en main et prendre les décisions nous concernant.

C’est de quoi il s’agit au camp A4. Il s’agit de la résistance contre le capitalisme en général et contre les centrales nucléaires en particulier, de la tentative de tirer même du profit des catastrophes écologiques : le capitalisme vert. Et il s’agit aussi de discuter qu’est-ce que la résistance signifie et pourquoi.

TouTEs celles et ceux qui se sentent concernéEs sont cordialement invitéEs à participer au camp A4 à la Pentecôte.

Anti-Kapitalistisch gegen AKWs, 19 avril 2011.

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[Journaflics] De Tarnac à Poitiers, dans l’autonomie du journalisme nébuleux – 8 novembre 2009

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1307451787.jpgUn article du Monde sur les « autonomes »

Le Monde consacre la une de son édition datée d’aujourd’hui à un dossier intitulé « De Tarnac à Poitiers, dans la nébuleuse autonome ». Rédigée par Isabelle Mandraud et Caroline Monnot, cette enquête revient, entre autres, sur le phénomène des « black-blocs », la menace de l’ultra-gauche et l’affaire Julien Coupat. En lisant cet article, nous avons eu de sérieuses raisons de penser qu’il marque une nouvelle étape dans la confusion que fait depuis longtemps Le Monde entre ses lecteurs et des pigeons.

« Ce sont des silhouettes entraperçues au milieu de bris de vitrines, lors d’une manifestation à Poitiers, de heurts et de barricades enflammées, au sommet anti-OTAN de Strasbourg, ou d’opérations policières, comme à Tarnac, un dossier dans lequel, depuis un an, neuf personnes sont poursuivies, suspectées par la justice de sabotages de voies ferrées. Ils surgissent de manière sporadique à la “une” des journaux, le plus souvent à la façon “Black Bloc”, vêtus de noir. Des autonomes, dit-on ? Les autonomes n’existent pas. C’est en tout cas ce qu’ils opposent lorsqu’on les rencontre : les étiqueter, c’est déjà un “travail de flicage”, contestent-ils. Ils n’existent pas, et pourtant comme le dit l’un d’entre eux : “On va nous voir de plus en plus. En face, il y a des gens trop sûrs d’eux et qui n’ont de prise sur rien.” »

Ce n’est pas tous les jours que des journalistes annoncent dès l’introduction de leur article qu’ils vont informer leurs lecteurs sur un phénomène qui, selon les principaux intéressés, n’existe pas. L’aveu mérite d’être relevé : nous, le journal Le Monde, inexplicable fer de lance de la presse française de qualité, nous tenons à prévenir notre aimable clientèle que nous tenons pour un sujet de première importance, digne de faire la « une » de notre édition du week-end, « quelques silhouettes entraperçues », à savoir des « autonomes qui n’existent pas », mais que pourtant, on va « voir de plus en plus ». Ah bon ? Comment ? Par quel miracle, des fantômes indéfinis et sans nom vont-ils devenir plus visibles ? L’article a le mérite de fournir (probablement involontairement) un début de réponse : où va-t-on les voir, ces inexistants invisibles ? Eh bien ! ils vont surgir « de manière sporadique à la “une” des journaux ».

C’est rassurant, à deux titres. D’abord, parce que cela confère à ces fantômes un trait qui permet de les identifier. Ensuite, parce que tant que les autonomes déclareront être ceux qui n’existent pas, ils représenteront effectivement un danger majeur pour toute la population. Qu’on en juge ! La police débarque chez vous un matin, pour vous arrêter, parce qu’ils pensent que vous êtes un autonome. Pour vous défendre, vous dites : « Mais non, enfin, je ne suis pas un autonome ! » — « Ah Ah ! répondra l’inspecteur : vous venez de passer aux aveux ! Car c’est justement à ça qu’on vous reconnaît : les autonomes sont ceux qui disent qu’ils ne le sont pas ! » Grâce à la finesse d’analyses comme celles d’Isabelle Mandraud et Caroline Monnot, il devient presque légitime d’arrêter toute la population, puisque :

— Soit vous dites que vous êtes un autonome, donc vous revendiquez que vous l’êtes.

— Soit vous dites que nous n’êtes pas un autonome, donc c’est bien la preuve que vous l’êtes.

La police et les médias viennent de découvrir (certes avec 2700 ans de retard), tous les usages répressifs que l’on pouvait faire du célèbre paradoxe du menteur (parfois attribué à Épiménide le Crétois : « Un homme disait qu’il était en train de mentir. Ce que l’homme disait est-il vrai ou faux ? »).

« Les “totos” sont loin d’être d’accord sur tout »

À un tel degré de performance, le travail de terrorisme journalistique pourrait s’arrêter. Mais nous n’en sommes pourtant qu’au tout début. Faute d’essayer de comprendre qui sont ces autonomes qui n’existent pas, on va désormais prouver aux braves lecteurs du Monde pourquoi ils n’existent pas — ou plutôt, prouver que l’on a conscience au moins de ne pas savoir de quoi l’on parle :

« Tous les casseurs ne sont pas des autonomes et tous les autonomes ne sont pas des casseurs, mais certains le revendiquent (…) Les autonomes, les “totos”, sont loin d’être d’accord sur tout et de former un ensemble homogène. Cette nébuleuse compterait un millier de personnes en France. Impossible de les rattacher à une organisation structurée, de type parti ou syndicat, c’est une forme qu’ils rejettent. Difficile de les situer : ils haïssent la droite, la gauche et méprisent l’extrême-gauche, ils refusent le label “ultragauche” qui pourrait leur correspondre le mieux. »

Mais pour définir une chose, pour conclure à la choséité de ce dont on parle, il faut trouver un point nécessairement commun à tous les objets que l’on classe dans un même ensemble. Quel est donc le point commun de nos autonomes ? Merveilleux syllogisme de nos journalistes : le point commun des autonomes, c’est qu’ils n’ont pas de point commun ! Ce qui donne, en quelques lignes, une liste d’attributs que l’on peut s’amuser à dresser ainsi :

— Les autonomes ne sont pas des casseurs.

— Les casseurs ne sont pas des autonomes.

— Les autonomes ne forment pas un ensemble, on ne peut les rattacher à aucune caractéristique précise.

— On ne saurait non plus les rattacher à un quelconque discours politique précis.

Mais alors, au juste, de qui et de quoi nous parle-t-on ? Patience ! Un début de réponse se trouve dans le paragraphe qui suit :

« La plupart des autonomes sont jeunes, très souvent étudiants. “Ils étaient lycéens en 2006 au moment du mouvement contre le CPE, puis, en 2007, lors de la LRU, ce qui a favorisé une radicalité”, souligne Jean-François Chazerans, professeur de philosophie au lycée Victor-Hugo de Poitiers et animateur d’un collectif antirépression, qui a pu observer dans sa ville le parcours de quelques-uns de ses élèves. »

Stupéfiante découverte : cette mouvance qui menace l’ordre public en France, ce serait donc les élèves de Jean-François Chazerans, prof de philo dans un lycée de Poitiers ? Sérieusement ? S’il en faut aussi peu pour menacer les bases de la République qu’une année d’initiation en Terminale aux textes les plus simplissimes de Platon, Descartes, Rousseau, Sartre et Freud, on est saisi d’effroi devant les pieds d’argile de ladite République…

Bref, les autonomes ne sont pas structurés, nous a-t-on dit plus haut. C’est d’ailleurs à ça qu’on les reconnaît. Ils ne sont pas structurés et ils n’ont pas un discours politique facile à identifier. Mais, à présent, l’article fait un virage à 180 degrés, et on lit avec étonnement :

« Ceux-là se sont structurés pendant les années Sarkozy, d’abord contre un ministre de l’Intérieur honni, puis contre le même, devenu président de la République, qui, pour eux, incarne plus que d’autres l’ordre policier. Dans les jours qui ont suivi son élection, plusieurs voitures ont été incendiées, dont l’une devant le Fouquet’s, le restaurant où le chef de l’État avait fêté sa victoire… “La clique au pouvoir est en train de foutre en l’air tout ce qui peut faire encore la matière d’une existence digne d’être vécue”, justifie Barnabé. “Tant que la droite sera au pouvoir, ça ne peut que monter”, juge de son côté Sébastien Schifres, doctorant en sciences politiques et militant. »

Mais alors, ils sont donc structurés ? Et leur discours politique est identifiable (ils n’aiment pas Sarkozy !) — le lecteur est un peu perdu, et ce n’est pas la déclaration de Sébastien Schifres qui va le rassurer : « ça ne peut que monter » — ah bon ? ça ne peut que monter, mais quoi, ça ?

« Pour rédiger un communiqué, ils se mettent à trente »

Quelques éclaircissements vont pourtant nous être donnés. Si l’on ne comprend rien à cet article, à ces autonomes, à qui ils sont, à ce qu’ils font, à ce qu’ils pensent… c’est peut-être tout simplement lié à leur méthode de travail. En effet, la teneur assez hermétique de leurs revendications trouve peut-être son origine dans la façon dont ils écrivent leurs communiqués :

« Le père d’un militant autonome de Montreuil confirme : “La rhétorique est très importante. Pour rédiger un communiqué, ils se mettent à trente. Et puis ils votent.” »

Ici, tout s’éclaire — en une phrase, les journalistes ont trahi l’identité de leurs autonomes. Relisez bien : « Pour rédiger un communiqué, ils se mettent à trente. » La clé de l’énigme ne vous saute pas aux yeux ? Le chiffre 30, cela ne vous dit rien ? Réfléchissez…

Mais enfin, 30, c’est le nombre moyen d’élèves dans une classe de lycée ! J’avais donc mille fois raison de supposer que ces dangereux terroristes étaient bel et bien les élèves de Monsieur Chazerans, prof de philo dans un lycée de Poitiers !

Chazerans ou pas, essayez tout de même d’écrire un communiqué à trente. Si vous arrivez encore à faire entendre un discours cohérent, vous êtes assurément assez doué pour renverser le vieux monde. Ensuite, votez votre texte (mais votez sur quoi ? Le contenu du communiqué ? Mais alors, cela veut dire qu’on le rédige à nouveau — c’est peut-être cette procédure compliquée qui explique que Le Monde n’ait pas pu se procurer un seul communiqué pour étayer son enquête…)

« Une forme d’encerclement des villes par les campagnes »

« À sa façon, Tarnac est un autre îlot. C’est une ferme — et non un squat — en zone rurale, comme il en existe dans les Cévennes et en Ariège, où l’on s’écarte de la société marchande en faisant de l’autoproduction. “Une forme d’encerclement des villes par les campagnes”, s’amuse un ancien mao qui les fréquente. Une “utopie pirate”, une de ces “zones d’autonomie temporaire” échappant aux “arpenteurs de l’État”, comme le théorisait Hakim Bey, très lu à la fin des années 1990 dans le milieu. »

S’il est surprenant de lire que les campagnes de France ne sont désormais plus sous l’autorité de l’État, il est amusant d’apprendre que le militantisme radical consiste aujourd’hui à encercler les villes par les campagnes. Car, jusqu’à preuve du contraire, toutes les villes du monde ayant toujours été encerclées par des campagnes (à l’exception de quelques rares exemples de campagnes encerclées par les villes — à savoir les jardins publics !), on se demande pourquoi l’insurrection tarde tant à venir.

Cela étant dit, que les fermiers et tous ceux qui vivent à la campagne pardonnent au Monde, les voici transformés par nos journalistes apprentis-sorciers en pirates, corsaires, flibustiers écumeurs des réseaux de subversion rhizomique ! Mais enfin, nous aurons au moins appris quelque chose, le concept de « Zone Autonome Temporaire », qui intriguait nombre d’esprits rationnels pour la bonne raison qu’il ne signifiait rien de précis, vient de nous être expliqué avec précision, les T.A.Z., ce sont en fait les Zones de revitalisation rurale, ces ensembles de communes reconnues comme fragiles et bénéficiant à ce titre d’aides fiscales !

« Le collectif n’en pense rien »

Ici, il faut marquer une pause et se demander : par quelles méthodes, sans doute fort élaborées, par quelles techniques d’infiltration et d’investigation dont elles doivent avoir le secret, Isabelle Mandraud et Caroline Monnot ont pu se procurer autant d’informations sensibles ? Nos journalistes du Monde lèvent un coin de voile :

« On demande à discuter avec un autonome, il vient rarement seul. À Poitiers, après deux mois de négociations et plusieurs intermédiaires, Le Monde en rencontrera six autour d’une table, après qu’ils ont débattu entre eux du principe du rendez-vous. À une question sur la signification de tags, la réponse fusera : “Le collectif n’en pense rien.” »

Ce qui a du donner, concrètement, quelque chose comme ça :

— Allô, je suis bien chez les autonomes ?

— Non, nous n’existons pas.

— Ah ! parfait, c’est bien vous que je cherchais ! Nous voudrions faire une enquête sur vous pour le journal Le Monde

— Attendez, je dois consulter mes 29 collègues et demander à mon ancien prof de philo ce qu’il en pense et je vous rappelle, d’accord ?

Deux mois plus tard :

— Allô ? Oui, c’est nous les autonomes, euh… vous nous aviez téléphoné il y a deux mois pour faire une enquête…

— Ah, euh… ah oui, ça y est ! Alors vous êtes d’accord pour répondre à nos questions ?

— Non, nous acceptons de vous rencontrer mais nous ne répondrons pas à vos questions. Nos conditions sont les suivantes — et pas d’embrouilles, sinon on disparaîtra dans la nature sans laisser de traces — donc on veut…

— Quoi ? Un hélicoptère ? — des armes ? — de l’argent ?

— Euh, non, le collectif veut qu’on discute autour d’une table. Vous entendez, pas d’embrouilles, hein ? Pas de canapé, pas de bar, pas de resto, pas de pique-nique, on exige d’être assis autour d’une table !

— Bon… bon… c’est louche de s’asseoir à une table pour une interview, mais enfin, puisque ce sont vos conditions, on accepte.

Bref, après cette rencontre si difficilement négociée, les journalistes repartiront avec des précieuses révélations pour alimenter leur article. Notamment :

« Les “insurrectionnalistes” mettent l’accent sur la théorie du chaos et les vertus de l’émeute. “Moi, je vis là-dedans, dans l’insurrection permanente”, explique Pascal qui était, entre autres, présent à Poitiers et à Strasbourg. “Nous, ce qu’on veut, c’est qu’il y ait un mouvement unitaire, que les gens viennent et que cela débouche sur une révolte.” »

Ici, une explication s’impose pour les non-scientifiques. En effet, nous venons d’apprendre les insurrectionnalistes (ceux qui disaient plus haut collectivement qu’ils « ne pensaient rien ») mettent toutefois l’accent sur leur goût pour la théorie du chaos. Tout le monde n’étant pas familier avec cette complexe théorie physique, nous nous permettons de renvoyer nos lecteurs vers l’article de Wikipédia sur le sujet. Après s’être dégrossi, notre lecteur se demandera sans doute quel est le rapport de la théorie du chaos avec les vertus de l’émeute et de l’insurrection ? Cela reste un mystère cabalistique dont on trouvera peut-être la clé dans une formule hébraïque ou latine :

« À l’intérieur de ces deux grandes familles, certains sont plutôt “lutte de classes”, d’autres plutôt “autonomie désirante”. Des nuances difficiles à saisir pour le non-initié. (…) Le tag latin “Omnia sunt communia” (“Tout est commun”) remarqué sur le baptistère de Poitiers, entraîne ce commentaire amusé d’un autonome : “C’est forcément un tiqqunien pour écrire un truc comme ça !” La citation est érudite : elle se réfère à… Thomas Müntzer, un dissident luthérien qui guida sous cette bannière la révolte des paysans allemands au XVIe siècle. »

Astrophysiciens, latinistes, philosophes… ces autonomes sont des génies prodigieusement doués. Des intelligences supérieures. C’est peut-être ce qui leur permet de faire de telles actions-commando dignes des meilleurs services secrets, et de disparaître ensuite dans la nature sans laisser de traces (alors que quiconque a un peu fréquenté les anarchistes savent qu’ils seraient relativement mal à l’aise dans ce genre d’opération militaire. Et ils risqueraient de laisser des traces : papier à cigarettes OCB, autocollants ou tracts…). C’est sans doute leur grande polyvalence dans les exercices de haut-vol scientifiques qui explique que nos autonomes n’ont pas besoin de beaucoup se préparer pour leurs opérations coup-de-poing :

« Il y a un minimum de préparation lors de certaines manifestations. Mais il n’y a pas de concertation globale : “Ça, c’est un fantasme de flic.” “T’apprends que tel groupe va bouger, bon, tu te dis qu’il va y avoir du monde, mais on ne sait jamais ce que font les autres, raconte-t-il. Chacun vient avec son truc, on prévient ou pas.” Son truc ? Du matériel, tels que des fumigènes, des cocktails, des barres, que chacun a pris soin de disposer à l’avance dans des caches le long de l’itinéraire prévu. “Il sert, ou pas. Ça dépend de l’ambiance. Il y a un côté adrénaline. C’est politique, mais il faut être honnête, on y trouve un certain charme.” Pascal a fait du Black Bloc, qui est une technique et non un groupe constitué de manière permanente comme souvent on le pense. “C’est appropriable par tout le monde”, souligne Barnabé, militant parisien. (…) Depuis Poitiers, où elle a été vivement critiquée, la police est à l’affût du moindre événement qui pourrait donner lieu à des actions d’éclat des autonomes. À ce titre, elle a porté une grande attention à la manifestation anticarcérale qui devait être organisée dimanche 8 novembre à Paris. »

Prêtez une attention toute particulière au paragraphe ci-dessus. Nous allons enfin savoir qui sont les autonomes, comment ils communiquent entre eux, comment ils se donnent des rendez-vous, se renseignent pour s’équiper, etc. Tous ceux qui s’intéressent à l’espionnage connaissent la fameuse technique dite « boîte aux lettres morte » : il s’agit d’un emplacement permettant à des agents secrets d’échanger des messages ou des objets sans avoir besoin de se rencontrer physiquement. Eh bien, voici dévoilé où se trouve la boîte aux lettres morte des autonomes : c’est tout simplement la « une » du quotidien Le Monde ! Qu’est-ce qu’ils sont forts, ces services secrets autonomes : ils ont infiltré les colonnes du plus grand quotidien de France. Ils y font passer en douce leurs messages (rendez-vous à la manif anticarcérale organisée demain dimanche 8 novembre à Paris ; apportez le matériel — fumigènes, des cocktails, des barres —, chacun amène son truc, ça servira ou pas, mais n’oubliez pas de bien planquer votre matos dans des caches le long de l’itinéraire prévu. C’est appropriable par tout le monde : les nouveaux-venus sont invités à participer à la fiesta ! il va y avoir de l’adrénaline !)

Vraiment, avec des autonomes services secrets aussi farceurs, on n’a pas fini de s’amuser, et l’on se dit que finalement, cette société de surveillance et de criminalisation a tout de même ses bons côtés.

Arsène Lupin – Relectures, 8 novembre 2009.

Initialement publié sur le Jura Libertaire old school.

 

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De Tarnac à Poitiers, dans la nébuleuse autonome

Le Black Bloc ou « la stratégie de la disparition »

« Il faut bien faire quelque chose, n’importe quoi », ont écrit de façon provocante en 2003 les rédacteurs anonymes de l’Appel, pour hâter l’effondrement d’un monde qu’ils jugent insupportable. Sur la base de cette théorie du chaos, familière à une partie du milieu autonome, mais vivement contestée par d’autres, des vitres de magasins volent en éclats, des voitures particulières flambent, du mobilier urbain est détruit. « J’ai tellement de haine accumulée contre le système qu’il faut l’éradiquer, c’est comme une thérapie », lâche tout de go Pascal, qui demande l’anonymat. C’est un autonome qui a déjà pas mal bourlingué et possède, en la matière, des « états de service » sérieux, notamment à Strasbourg, le 3 avril, et à Poitiers, le 10 octobre.

Il y a un minimum de préparation lors de certaines manifestations. Mais il n’y a pas de concertation globale : « Ça, c’est un fantasme de flic. » « T’apprends que tel groupe va bouger, bon, tu te dis qu’il va y a voir du monde, mais on ne sait jamais ce que font les autres, raconte-t-il. Chacun vient avec son truc, on prévient ou pas. » Son truc ? Du matériel, tels que des fumigènes, des cocktails, des barres, que chacun a pris soin de disposer à l’avance dans des caches le long de l’itinéraire prévu. « Il sert, ou pas. Ça dépend de l’ambiance. Il y a un côté adrénaline. C’est politique, mais il faut être honnête, on y trouve un certain charme. »

Pascal a fait du Black Bloc, qui est une technique et non un groupe constitué de manière permanente comme souvent on le pense. « C’est appropriable par tout le monde », souligne Barnabé, militant parisien. La « méthode » passe d’abord par une tenue : vêtements noirs, masques et cagoules, pour éviter l’identification, gants pour ne pas laisser d’empreinte ADN, et une tenue de rechange pour pouvoir s’évanouir dans la nature. Pascal appelle cela « la stratégie de disparition ». Un habitant de Poitiers en a été le témoin, lorsqu’il a ouvert la porte de sa cour à un groupe. « Ils avaient des plans de la ville, une carte Michelin, et souhaitaient rejoindre des véhicules qu’ils avaient laissés sur des parkings autour du centre-ville, se souvient cet habitant. Ils ont ensuite sorti de leurs sacs à dos des vêtements de rechange. Les garçons ont enfilé des chemises blanches Ralph Lauren, et puis ils s’en sont allés chacun avec une fille, en couple. En partant, ils m’ont dit très courtoisement merci. »

Parfois, les actions peuvent déboucher sur des alliances ponctuelles. À Strasbourg, des autonomes se sont entendus avec des jeunes du quartier populaire du Neuhof. Pascal, à nouveau : « On a passé un deal avec la cité : ils nous ont dit comment éviter les flics et, en échange, ils nous ont demandé d’aller récupérer leurs scoots au commissariat, ce qui a été fait. » Le lien avec les cités est souvent un projet caressé. Au lendemain des émeutes de banlieue, en 2005, des autonomes ont assuré y avoir participé, ce qui reste invérifiable.

Pour un haut responsable policier, parler de terrorisme à propos de ces petits groupes n’est pas approprié. Lui emploie le terme de « subversion violente ». Les modus operandi sont désormais bien connu des forces de l’ordre qui éprouvent néanmoins des difficultés à appréhender un fonctionnement en « groupes affinitaires ». Depuis Poitiers, où elle a été vivement critiquée, la police est à l’affût du moindre événement qui pourrait donner lieu à des actions d’éclat des autonomes. À ce titre, elle a porté une grande attention à la manifestation anticarcérale qui devait être organisée dimanche 8 novembre à Paris.

Les actions « émeutières » représentent la forme la plus exacerbée des actions d’autonomes. Quoique spectaculaires, elles sont encore bien en deçà de la violence de leurs aînés dans les années 1970. Difficile de savoir ce que va produire l’affaire de Tarnac. « C’est souvent un événement répressif qui lance le processus de radicalisation qu’emprunte l’ensemble des groupes, les faisant entrer dans un cycle provocation-répression-violence », souligne l’universitaire Isabelle Sommier, auteur de plusieurs ouvrages sur la violence révolutionnaire.

La plupart du temps, la violence est de papier, contenue dans les écrits. Ou s’exprime parfois dans des tags, comme « À gouvernement nihiliste, jeunesse terroriste », ou encore « Contribution à la guerre en cours », repérés à Poitiers. Plus récemment, des graffitis ont été tracés, dans la nuit du 3 au 4 novembre, à Paris, aux domiciles de trois hauts cadres, tous en relation avec l’administration pénitentiaire. X « gagne du fric en exploitant les prisonniers », Y « travaille à emprisonner les pauvres ». « À bas toutes les prisons et ceux qui en profitent », revendiquent leurs auteurs sur un site Internet.

 

L’archipel des autonomes

Ce sont des silhouettes entraperçues au milieu de bris de vitrines, lors d’une manifestation à Poitiers, de heurts et de barricades enflammées, au sommet anti-OTAN de Strasbourg, ou d’opérations policières, comme à Tarnac, un dossier dans lequel, depuis un an, neuf personnes sont poursuivies, suspectées par la justice de sabotages de voies ferrées. Ils surgissent de manière sporadique à la « une » des journaux, le plus souvent à la façon « Black Bloc », vêtus de noir. Des autonomes, dit-on ?

Les autonomes n’existent pas. C’est en tout cas ce qu’ils opposent lorsqu’on les rencontre : les étiqueter, c’est déjà « un travail de flicage », contestent-ils. Ils n’existent pas, et pourtant comme le dit l’un d’entre eux : « On va nous voir de plus en plus. En face, il y a des gens trop sûrs d’eux et qui n’ont de prise sur rien. »

Tous les casseurs ne sont pas des autonomes et tous les autonomes ne sont pas des casseurs, mais certains le revendiquent. Ils expliquent alors que la casse n’est pas « gratuite » mais ciblée : des banques qui incarnent le capitalisme, des entreprises privées qui construisent des prisons ou en gèrent la restauration, des agences pour l’emploi, des directions du travail. « Jamais le petit commerce », ou ce qui n’a pas de sens, affirment-ils.

La règle connaît des exceptions. À Strasbourg, le 3 avril, une pharmacie a été incendiée. À Poitiers, le 10 octobre, un manifestant qui tentait de s’attaquer à l’enseigne Vertbaudet (vêtements pour enfants) en a été dissuadé par d’autres autonomes.

Les autonomes, les « totos », sont loin d’être d’accord sur tout et de former un ensemble homogène. Cette nébuleuse compterait un millier de personnes en France.

Impossible de les rattacher à une organisation structurée, de type parti ou syndicat, c’est une forme qu’ils rejettent. Difficile de les situer : ils haïssent la droite, la gauche et méprisent l’extrême gauche, ils refusent le label « ultragauche » qui pourrait leur correspondre le mieux. Mais son utilisation par Michèle Alliot-Marie, alors ministre de l’Intérieur, à propos de l’affaire Tarnac, a remisé cette appellation au rang de procédé policier. Tout comme celle, honnie, d’« anarcho-autonomes ». « C’est devenu synonyme de terroriste comme les salafistes », explique Chloé, 33 ans, installée dans le Nord de la France et qui a pris ses distances avec le milieu autonome.

Un autre militant, Barnabé, 31 ans, bien actif, lui, en région parisienne, trouve aussi que « le terme résonne comme salafiste, et finit par signifier quelque chose d’inquiétant ». « Il s’agit de nous désigner comme des corps étrangers à la population », dit-il. Nos interlocuteurs, cités par leur seul prénom, ont tous choisi un pseudonyme. Un anonymat qu’ils utilisent également dans leur vie militante.

La plupart des autonomes sont jeunes, très souvent étudiants. « Ils étaient lycéens en 2006 au moment du mouvement contre le CPE (contrat première embauche), puis, en 2007, lors de la LRU (loi relative aux libertés et responsabilités des universités), ce qui a favorisé une radicalité », souligne Jean-François Chazerans, professeur de philosophie au lycée Victor-Hugo de Poitiers et animateur d’un collectif antirépression, qui a pu observer dans sa ville le parcours de quelques-uns de ses élèves.

Ceux-là se sont structurés pendant les années Sarkozy, d’abord contre un ministre de l’Intérieur honni, puis contre le même, devenu président de la République, qui, pour eux, incarne plus que d’autres l’ordre policier. Dans les jours qui ont suivi son élection, plusieurs voitures ont été incendiées, dont l’une devant le Fouquet’s, le restaurant où le chef de l’État avait fêté sa victoire… « La clique au pouvoir est en train de foutre en l’air tout ce qui peut faire encore la matière d’une existence digne d’être vécue », justifie Barnabé. « Tant que la droite sera au pouvoir, ça ne peut que monter », juge de son côté Sébastien Schifres, doctorant en sciences politiques et militant.

« Lors de chaque mouvement étudiant, les totos font des recrues, pas les jeunes socialistes », relève Chloé. Plus âgés, les autonomes comptent dans leurs rangs des diplômés brillants. Principal mis en examen dans l’affaire Tarnac, Julien Coupat a été doctorant à l’École des hautes études en sciences sociales après une grande école de commerce. Il pratique plusieurs langues étrangères. Il est loin d’être une exception. Certains sont issus de familles aisées, les plus nombreux plutôt de classes moyennes.

Les villes universitaires, comme Rennes, Rouen, Grenoble, Toulouse ou Lyon, ont supplanté Paris chez les autonomes. « Aujourd’hui, il existe chez eux une recherche sur les concepts beaucoup plus importante qu’il y a dix ans », témoigne Oreste Scalzone, qui fut l’une des grandes figures de l’autonomie italienne dans les années 1970. « C’est peut-être lié à la présence d’étudiants en philo qui ont fait Erasmus (le programme européen d’échanges universitaires) », poursuit cet homme très respecté dans le milieu et qui se dit admiratif du niveau de leur discussion. Le père d’un militant autonome de Montreuil confirme : « La rhétorique est très importante. Pour rédiger un communiqué, ils se mettent à trente. Et puis ils votent. »

Être autonomes, pour ces jeunes, « c’est exactement le contraire de ce que la plupart des étudiants entendent par l’expression “devenir autonomes”. Alors que pour ceux-ci, il s’agit en général de trouver un emploi et un appartement, il s’agit pour les premiers de parvenir à vivre sans se lier ni à un patron ni à un propriétaire », souligne Rémy Piperaud, dans un mémoire universitaire intitulé « Radiographie du mouvement autonome », soutenu cette année à la faculté de sciences politiques de Versailles – Saint-Quentin. « Ils cherchent d’abord à devenir autonomes par rapport à l’État et au capitalisme, écrit le chercheur. Ce qui différencie en premier lieu les militants de l’ultragauche de la plupart des militants d’extrême gauche, c’est le fait d’essayer dès à présent de combler le fossé qui sépare leur société idéale de la réalité sociale (…). Ils veulent construire le communisme et l’anarchie ici et maintenant. »

Les autonomes n’attendent pas d’entraîner une majorité pour mettre en pratique leur projet. Ils créent des « îlots de communisme », en misant sur le fait qu’ils finiront par se multiplier et submerger la société.

Le squat est l’un de ces îlots. Le 16 octobre, à Montreuil, dans un garage désaffecté près d’une église, une quarantaine de jeunes ont ainsi tenté d’investir, en vain, les lieux. Depuis des années, la ville de Seine-Saint-Denis attire des autonomes qui ont, tour à tour, élu domicile dans divers endroits, dont une ancienne clinique, occupée boulevard de Chanzy et évacuée cet été.

À sa façon, Tarnac est un autre îlot. C’est une ferme — et non un squat — en zone rurale, comme il en existe dans les Cévennes et en Ariège, où l’on s’écarte de la société marchande en faisant de l’autoproduction. « Une forme d’encerclement des villes par les campagnes », s’amuse un ancien mao qui les fréquente. Une « utopie pirate », une de ces « zones d’autonomie temporaire » échappant aux « arpenteurs de l’État », comme le théorisait Hakim Bey, très lu à la fin des années 1990 dans le milieu.

Ces îlots rassemblent chacun 30 à 40 personnes, parfois moins. Il ne s’agit pas d’un mouvement, plutôt d’un archipel, d’un réseau de groupes affinitaires. Les membres de ces groupes vivent ensemble, participent ensemble à des actions ponctuelles et se soudent petit à petit, renforcés par l’adversité et la crainte permanente des infiltrations policières. « Les communautés autonomes tendent à prendre la forme de véritables tribus, note Rémy Piperaud. En faisant tout pour constituer des contre-sociétés totales, les autonomes se rapprochent les uns des autres au fur et à mesure qu’ils s’éloignent de la société extérieure. »

Quand ils parlent d’eux, ils disent « nous », pas « je ». « C’est le “nous” des gens qui pensent qu’il y a nécessité à reprendre les choses en main plutôt que de se prendre les ruines de ce monde sur la gueule », soutient Barnabé, le militant parisien, convaincu comme d’autres que l’effondrement du système est proche. Ce « nous » agit comme un rempart vis-à-vis de l’extérieur. Lorsqu’on demande à discuter avec un autonome, il vient rarement seul. À Poitiers, après deux mois de négociations et plusieurs intermédiaires, Le Monde en rencontrera six autour d’une table, après qu’ils ont débattu entre eux du principe du rendez-vous. À une question sur la signification de tags, la réponse fusera : « Le collectif n’en pense rien. »

Leur défiance, voire leur haine des médias, est grande. Sur leur échelle de détestation, les journalistes, considérés comme instruments de contrôle social et de propagande, se glissent entre « les flics » et « les sociologues ». C’est peut-être la raison pour laquelle, à Poitiers, certains ont brisé les vitres d’un local de La Nouvelle République du Centre-Ouest. Sur ce point, l’affaire Tarnac a produit chez eux des réactions contrastées. « C’est la prison ou les médias », professe Sébastien Schifres à ses camarades, partisan de s’exprimer auprès des journalistes, quand d’autres ont vu leur animosité envers les « journaflics » décupler. Avec l’entrée en scène de l’antiterrorisme, « les gens prennent de plus en plus de précautions », constate Chloé. Déjà, le téléphone portable, source potentielle de localisation et d’écoute, ne faisait plus partie de leur attirail.

Les autonomes ont en commun d’être anticapitalistes, de rejeter l’État, l’idéologie du travail et du salariat, la société de consommation, et de le signifier par leur mode de vie et par leurs actions. Parce qu’ils ne veulent pas s’inscrire dans une société marchande, ils bricolent et sont hyperactifs. D’un côté, ils échangent, troquent, mutualisent, font de la récupération, sont capables de retaper entièrement une maison, se repassent des adresses des points de chute en France, et à l’étranger ; de l’autre, ils profitent, aussi, des opportunités comme celles que leur offrent les résidences secondaires au ski ou à la mer de certains parents. « Ils sont à la fois dans la frugalité et dans l’excès », note un père. Ils sont très itinérants. Chez eux, la littérature américaine de l’errance liée à la crise des années 1930 reste une référence.

Ils prennent ce qu’il y a à prendre : les ressources familiales ou le RMI. Ils pratiquent les « auto-réductions », c’est-à-dire le prix qu’ils estiment devoir payer mais aussi le vol dans les rayons. Se servent dans les poubelles des magasins et des particuliers. Fabriquent ce qu’ils n’ont pas, comme, il y a peu, des billets SNCF. L’un d’eux nous indiquera avoir eu, à l’étranger, maille à partir avec la justice pour possession de faux euros. « C’était pour faire vivre le squat et aller à des concerts punk-rock. »

Il existe aussi des antagonismes politiques forts et de vraies haines. Diverses chapelles coexistent, débattent, s’engueulent, se font la guerre parfois. Les « mouvementistes » s’impliquent plus que les autres dans les luttes des mal-logés, des sans-papiers et autour des conditions de vie des détenus. Les « insurrectionnalistes » mettent l’accent sur la théorie du chaos et les vertus de l’émeute. « Moi, je vis là-dedans, dans l’insurrection permanente », explique Pascal qui était, entre autres, présent à Poitiers et à Strasbourg. « Nous, ce qu’on veut, c’est qu’il y ait un mouvement unitaire, que les gens viennent et que cela débouche sur une révolte. »

À l’intérieur de ces deux grandes familles, certains sont plutôt «lutte de classes», d’autres plutôt « autonomie désirante ». Des nuances difficiles à saisir pour le non-initié. « C’est un chaudron compliqué », plaisante Oreste Scalzone. Dans ce paysage touffu, Julien Coupat et ses amis sont désignés comme des « tiqquniens », du nom de la revue Tiqqun aujourd’hui disparue, ou des « appelistes », en référence à l’Appel, un texte collectif anonyme prônant l’insurrection, paru en 2003. Un groupe qui, jusqu’à l’affaire Tarnac, a pu être contesté dans le milieu pour le caractère élitiste, prophétique et comminatoire de ses écrits. Le tag latin « Omnia sunt communia » (« Tout est commun ») remarqué sur le baptistère de Poitiers, entraîne ce commentaire amusé d’un autonome : « C’est forcément un tiqqunien pour écrire un truc comme ça ! » La citation est érudite : elle se réfère à … Thomas Müntzer, un dissident luthérien qui guida sous cette bannière la révolte des paysans allemands au XVIe siècle.

Leur presse (Isabelle Mandraud & Caroline Monnot, Le Monde), 7 novembre 2009.

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[Rudolf Rocker] La Tragédie de l’Espagne

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Sur « l’affaire Rocker » en Allemagne.

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[Rudolf Rocker] De la doctrine à l’action : l’anarchosyndicalisme des origines à nos jours

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Sur « l’affaire Rocker » en Allemagne.

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Karl Marx et le centenaire de l’AIT (28 septembre 1964)

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Tract situationniste pour le centenaire de l’A.I.T.

« Ce mouvement, patronné par M. Bernstein et G. Debord entre autres, dont les préoccupations sont en quelque sorte comparables, avec cent ans de retard, à celles des jeunes hégéliens, et surtout du Marx des Manuscrits de 44… C’est dire que leur programme vise et suppose possible la Révolution. » (Arts, 9 juin 1965.)

Internationale situationniste no 10, mars 1966.

 

« Voici le portrait de notre fondateur. »

Lettre de Guy Debord à Mustapha Khayati, 1er décembre 1964.

 

Tract célébrant la fondation à Londres, le 28 septembre 1864, de l’Association internationale des travailleurs (Première Internationale).

La légende est tirée de La Philosophie dans le boudoir de Sade.

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[Rudolf Rocker] Marx et l’anarchisme

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Sur « l’affaire Rocker » en Allemagne.

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[Corbeil-Essonnes] Nouveaux incidents entre jeunes et CRS lundi soir

 

Des fauteurs de troubles ont brièvement pris à partie des CRS, lundi soir, vers 21 heures, à la cité des Tarterêts où une enfant de 9 ans avait été gravement blessée la veille, en marge d’échauffourées. Des jeunes encapuchonnés ont jeté des pierres en direction des forces de l’ordre qui ont répliqué par des gaz lacrymogènes.

Ces incidents se sont produits dans le bas des Tarterêts, à l’opposé de l’endroit où s’étaient déroulées les violences de la veille.

Deux groupes d’une trentaine de jeunes — Les incidents ont été provoqués par « deux groupes d’une trentaine de jeunes » qui ont visé les forces de l’ordre avec divers projectiles dont des cocktails molotov et « ont exhibé des armes sans doute réelles », selon une source policière. Ces échanges ont été brefs mais la situation restait tendue en milieu de soirée dans ce quartier sensible qui avait jusqu’alors présenté un visage habituel toute la journée.

La fillette blessée était toujours dans le coma ce mardi matin. Elle a été touchée à la tête par un projectile sans qu’il soit possible de déterminer s’il s’agit d’une balle de caoutchouc ou d’une pierre ni si l’auteur du jet est un policier. Les parents accusent les forces de l’ordre.

L’enfant a été blessée alors que des policiers et des pompiers, intervenant dans le quartier pour des incendies de véhicules, avaient été violemment pris à partie par une trentaine de jeunes. L’enquête est menée par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), « la police des polices », et la Sûreté départementale de l’Essonne.

Leur presse (Ouest-France.fr), 7 juin 2011.

 

(…) Hier matin, une équipe de journalistes de TF1 a été prise pour cible dans la cité. Alors qu’ils réalisaient un reportage dans une voiture non siglée, ils ont été visés par cinq tirs d’arme à feu. « Personne n’a été blessé, l’équipe a eu la bonne réaction en décidant de s’en aller sur le champ », explique le directeur des rédactions de TF1, Antoine Guélaud. Quelques minutes plus tard, c’est un caméraman de Télessonne, une chaîne locale, qui a été caillassé.

Leur presse (Le Parisien.fr), 7 juin 2011.

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[Rudolf Rocker] Le système des soviets ou la dictature du prolétariat ?

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Sur « l’affaire Rocker » en Allemagne.

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Déploiement policier sans précédent à Notre-Dame-des-Landes

(…) Des forages sont prévus entre aujourd’hui et jeudi à NDDL. Depuis dimanche soir, il y a un appel à rassemblement et à campement sur place. ACIPA et squatters (plus ou moins) main dans la main, pour une fois. (…)

6 juin 2011, 20h30.

Nouvelles des actions contre les forages


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Communiqué ACIPA (collectif d’orgas bureaucrates contre l’aéroport) :

Les forages sont en cours à Notre-Dame-des-Landes avec un déploiement policier jamais vu jusqu’alors.

Les engins ont pénétré de force dans la parcelle en défonçant la haie à la pelleteuse. Celle-ci était encadrée d’un impressionnant convoi de camions militaires. Le tout sous la surveillance d’un hélicoptère.

On se croirait en guerre !

Des interpellations ont eu lieu. Bien que du bétail soit présente dans le pré, des grenades lacrymogènes ont été lancées à de nombreuses reprises  sur les manifestants, obligés par les forces de l’ordre à se replier dans un champ de maïs.

Par solidarité et soutien avec les habitants du lieu, les personnes qui le peuvent sont appelées à converger vers la Rolandière à Notre-Dame-des-Landes. Prévoir des protections respiratoires et du jus de citron pour neutraliser l’effet des gaz.

La Rolandière se situe sur la route entre Vigneux et Notre-Dame-des-Landes, entre le carrefour des Ardillères et la route des Fosses Noires.

Publié sur le Facebook de l’ACIPA le 6 juin en fin de matinée.

 

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Futur aéroport de Nantes : gendarmes et manifestants s’opposent sur le site

Des affrontements répétés ont eu lieu lundi entre près de 200 gendarmes et une centaine de manifestants opposés au futur aéroport de Nantes, à Notre-Dame-des-Landes, a constaté l’AFP.

Les manifestants, qui occupaient depuis dimanche un champ où devaient avoir lieu des forages pour les équipements de l’aéroport, ont été délogés en début de matinée puis maintenus à distance à l’aide de grandes quantités de gaz lacrymogène par les gendarmes en tenue anti-émeutes.

Ces derniers ont ensuite occupé le champ avec une dizaine de camions, aidés de deux chiens et survolés par un hélicoptère.

Les manifestants, repoussés dans les champs voisins, restaient néanmoins au contact et des charges sporadiques avec des gaz avaient encore lieu dans la matinée, tandis que deux foreuses commençaient les forages.

Deux personnes ont été interpellées lors des affrontements.

Le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, à 30 kilomètres au nord de Nantes, soutenu par les collectivités locales (régions Pays de la Loire et Bretagne, conseil général de Loire-Atlantique, Nantes Métropole), suscite une opposition forte de la part des agriculteurs locaux mais aussi des militants écologistes ou anarchistes.

La réalisation et la concession de cet ouvrage ont été attribuées par l’État au groupe Vinci pour 55 ans en décembre 2010. Le futur aéroport est prévu pour 2017.

Leur presse (Agence Faut Payer), 6 juin 2011.

 

Vidéos : Ouest-France ; Presse-Océan ; Nouvel Obs.

 

À Notre-Dame-des-Landes, les anti-aéroport improvisent un barrage aux forages

Dimanche soir, les militants anti-aéroport ont investi le futur site de la tour de contrôle, au lieu-dit la Rolandière, entre Notre-Dame-des-Landes et Vigneux-de-Bretagne. Les squatteurs de la zone aéroportuaire, soutenus par l’Acipa, ont monté des barricades de fortune et improvisé un campement « de la résistance », comme ils le définissent. La gendarmerie a bien effectué quelques passages, mais n’a pas bloqué l’initiative. Combien étaient-ils à y passer cette première nuit ? Difficile à dire. Ce rassemblement vise à empêcher une série de forages pour l’implantation de la tour de contrôle. L’Acipa croit savoir que le début des forages est prévu ce lundi matin, pour plusieurs jours. Les anti-aéroport entendent bien faire barrage de leur corps. Dans ce contexte, un affrontement avec les forces de l’ordre semble inévitable ce lundi matin.

Leur presse (Ouest-France), 5 juin 2011.

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« Si vous vous croyez du génie » (décembre 1955)

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En octobre 1955, l’écrivain Alexander Trocchi, rédacteur en chef de la revue d’avant-garde anglo-américaine Merlin, éditée à Paris, démissionne de son poste et adhère publiquement à l’Internationale lettriste.

En décembre, l’I.L. appose sur les murs de Paris deux papillons, en français et en anglais.

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Pratcoustals réoccupé

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1306834526.jpgPratcoustals (30) réoccupé samedi dernier sans heurts. Nous y sommes toujours, nombreux-ses et motivé-es.

Soutien bienvenu, n’hésitez pas à venir passer du temps, amener de la bouffe, des clopes, des briquets, du matériel ou tout autre (des chaussettes sèches…).

Faites gaffe quand même, patrouilles de gendarmes régulières sur la montée de Pratcoustals et contrôles routiers réguliers autour.

(Adresse : Le Vigan, direction Aulas, dans Aulas, après la fontaine, prendre à gauche la route qui passe devant le centre de postcure.)

À bientôt festifs et rageurs !!

Contact

Liste francophone de diffusion d’infos relatives aux squats, 6 juin 2011.

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[Berne] La manif anti-rép a pu défiler sans autorisation

Plus de 180 dénonciations après une manifestation non-autorisée

La police a porté plainte pour émeute contre plus de 180 participants à une manifestation non-autorisée samedi soir à Berne. Les protestataires, pour la plupart issus de la gauche autonome, se sont livrés à une bataille de rue avec les forces de l’ordre.

Les manifestants cagoulés pour la plupart, se sont rassemblés en fin d’après-midi aux abords de la gare de Berne et se sont ensuite dirigés vers le centre-ville. La police a dans un premier temps fait preuve de retenue, selon ses propres affirmations.

Ensuite, lorsque les contestataires ont procédé à des sprayages et à des dommages à la propriété, les forces de l’ordre ont ordonné aux participants de se disperser, a indiqué dimanche la police cantonale bernoise dans un communiqué.

Versions contradictoires — Les manifestants ont répondu à cette demande par des tirs de bouteilles et de projectiles. Des boules en acier ont aussi été lancées sur la police au moyen de frondes. Celle-ci a riposté à l’aide de gaz irritants et de balles en caoutchouc. Personne n’a été blessé.

Selon le point de vue des manifestants sur le site Indymedia.ch, c’est la police qui est à l’origine de l’agression. Les participants ont été encerclés, estiment-ils.

Arsenal de projectiles — Après le retour au calme, la police a emmené au poste plus de 180 participants, jeunes pour la plupart. Leur identité y a été contrôlée. Vingt-cinq d’entre eux étaient encore mineurs, le plus jeune était âgé de quinze ans. Les protestataires étaient originaires de différents cantons suisses ainsi que de France et d’Allemagne.

La police a saisi tout un arsenal de projectiles, parmi lesquels des frondes de haute puissance, des couteaux et des sprays au poivre. Les participants ont ensuite été remis en liberté. Chacun d’entre eux fait l’objet d’une plainte pour émeute. Plusieurs doivent aussi répondre d’autres infractions.

Selon ses organisateurs, la manifestation anti-répression était dirigée contre le monopole de la puissance de la police en général et contre la police bernoise. Celle-ci a récemment blessé une employée lors d’une intervention au centre culturel de la Reitschule.

Leur presse (ats), 6 juin 2011.

 

La manif anti-rép a pu défiler sans autorisation

D’après les photos, entre 100 et 200 personnes ont manifesté à Berne contre la répression. Les flics ont gardé une certaine distance et la manif a donc pu marcher sans qu’une autorisation n’ait été demandée, ni le parcours communiqué aux autorités, ce qui peut certainement être considéré comme une victoire. Selon la presse bourgeoise, la manif avait été organisée par le Secours rouge international. Sur les photos, on voit pourtant surtout du rouge et du noir et une banderole de l’Anarchist Black Cross.

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Selon Indymedia suisse allemand, la manif a quand même fini par se faire encercler par les flics. Elle a pu marcher de la Heiliggeistkirche (à côté de la gare) jusqu’à la vieille ville où elle a été encerclée par les flics dans une petite ruelle. On ne sait pour l’instant pas combien de personnes se trouvent dedans, des gens dans les alentours auraient également été arrêtés et des balles en caoutchouc utilisées. Parallèlement, quelques migrants seraient en train de manifester devant la Heiliggeistkirche.

Le Réveil, 4 juin 2011.

 

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Berne : une centaine de manifestants s’opposent à la police

Des échauffourées ont opposé samedi après-midi dans la vieille ville de Berne des manifestants conviés à un rassemblement non autorisé sous la bannière « anti-répression » et la police cantonale bernoise.

Une douzaine de manifestants ont terminé au poste.

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Le directeur de la Sécurité Reto Nause

Une centaine de personnes, selon un chiffre communiqué samedi soir par la police cantonale bernoise, auraient au total participé à ce rassemblement.

La police est intervenue quand les manifestants ont commencé d’endommager sur leur passage des voitures et ont procédé à du sprayage dans la partie inférieure de la vieille ville.

Les protestataires ont ensuite tiré, selon la police, des boules en acier et des bouteilles sur les forces de l’ordre, lesquelles ont riposté à l’aide de gaz irritants et de balles en caoutchouc.

La police a indiqué samedi soir n’avoir aucun blessé dans ses rangs. Elle estime qu’il en est de même du côté des manifestants.

L’appel à cette manifestation aurait été lancé sur internet.

Leur presse (ATS), 4 juin 2011.

 

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[Journaflics] Black blocs : plongée dans l’ultragauche anti-G8

Pendant plusieurs jours, notre journaliste a côtoyé incognito les militants de l’ultragauche qui avaient prévu d’intervenir durant le G8 de Deauville.

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Samedi 21 mai. La rue est à eux — Le village « alternatif » a été installé dans un camping désaffecté de la forêt de Montgeon, au Havre (Seine-Maritime). Autour de moi, les « black blocs » s’équipent avant le combat : lunettes de plongée ou de ski pour protéger les yeux en cas de jet de bombes lacrymogène, flacon de sérum physiologique dans la poche, pull à capuche noire, keffieh. Certains ont un masque à gaz et l’un d’eux enfile même un gilet pare-balles.

Comme les autres, j’ai du jus de citron sur moi pour asperger mon foulard en cas de charge des forces de police. L’acidité réduit l’effet des lacrymo et aide à mieux respirer. Pour ne pas se faire repérer après les manifestations, les black blocs portent des vestes réversibles et ont de quoi se changer dans leur sac à dos, notamment des vêtements de couleurs vives pour contraster avec leur uniforme d’action. Parmi les 200 militants altermondialistes du camp autogéré, je repère une quarantaine de black blocs, dont à peine cinq filles, plutôt suiveuses que meneuses.

« Avant de partir, notez bien le numéro de la legal team ! » entend-t-on crier à répétition. Un marqueur passe de main en main et nous nous tatouons à l’intérieur du bras le numéro de portable d’un membre de l’équipe juridique du camp en lien avec un avocat. Utile en cas d’arrestation. Quatre black blocs portent tant bien que mal une grande table peinte en rouge, taguée d’un message anarchiste et qui peut se transformer en bouclier, si besoin. Nous nous élançons dans la forêt d’un pas pressé. Un des membres de la medical team du groupe nous guide. Arrivés à hauteur de la manifestation, qui rassemble près de 5000 altermondialistes, les black blocs se regroupent au niveau de la CNT, un syndicat anarchiste. Au passage, quelques boules de peinture sont jetées sur la douane, symbole de la force répressive de l’État. « Vous, les barjos, vous allez vous calmer ! » tente un syndicaliste du service d’ordre de la CGT, qui se voit répondre : « Police syndicale, milice du capital ! » Le ton monte. Arrivé à la fin du parcours, un black bloc donne de grands coups de pied dans la vitrine d’une banque. D’autres le rejoignent. Pour les black blocs, le chantier du tramway offre une tranchée de pierres à jeter. En deux temps, trois mouvements, ils renversent quatre poubelles qu’ils enfument. La rue est à eux, et la visibilité des « BACeux », les policiers de la brigade anticriminalité, en civil, amoindrie. Quatre vitrines de banques et de mutuelles sont pulvérisées. Au loin, j’aperçois une rangée de CRS, et je me rends compte que, si les policiers chargent, ce sera le carnage, car nous nous engouffrons en masse dans un cul-de-sac.

Les forces de l’ordre ont bien saisi la technique anglaise du kettling, consistant à coincer tous les manifestants dans une souricière. Le service d’ordre de la CGT forme une barrière humaine pour empêcher les black blocs de se réfugier à l’intérieur. Alors qu’un policier de la BAC tente d’embarquer quelqu’un, une foule d’une centaine de personnes se rue sur lui, et quelques-unes lui lancent des pavés. L’agent et ses collègues battent en retraite. Applaudissements. Les black blocs se félicitent de ce « mouvement de solidarité ».

Dimanche 22 mai. Des léninistes, des anarchistes — J’apprends que cinq jeunes du village alternatif ont été arrêtés pour dégradation de biens et violence pendant la nuit. La legal team est sur le qui-vive. Elle est en contact avec l’avocat Antoine Mary, habitué des affaires impliquant des militants engagés. Les quelques 12’000 policiers et militaires prévus dans la région pour endiguer ce « contre-G8 » me donnent l’impression de surestimer les forces tactiques de leurs adversaires.

Les Allemands, qui avaient fait leurs preuves à Strasbourg (Bas-Rhin) lors du contre-sommet de l’Otan de 2009, sont absents. Leur « sens de l’organisation » est d’ailleurs regretté au Havre par les black blocs français et d’Europe de l’Est. Les militants, ici, sont peu nombreux et je comprends pourquoi : les altermondialistes ont conseillé des actions décentralisées à la fin de l’année 2010, pour déjouer les pièges de la police. Du coup, la quarantaine de black blocs présents n’atteint pas le seuil de la « masse critique » permettant les actions d’ampleur. La plupart ont une petite vingtaine d’années, de la gouaille, et ne se prennent pas la tête pour élaborer leurs tactiques.

Certains sont des red skins, avec des chaussures type Dr. Martens, pantalon noir et bretelles. J’ai beau savoir qu’ils sont antifascistes — « antifaf », comme ils disent —, donc antiskinhead, leurs crânes rasés leur donnent un air agressif. Entre eux, les black blocs discutent des différents squats politiques dans lesquels ils ont vécu, de leurs petits boulots, des astuces pour toucher des aides. Certains sont étudiants ; les autres, sans emploi fixe, veulent « faire du social ». Ce sont avant tout des militants surréactifs : ils vadrouillent en Europe au gré des manifestations altermondialistes. Issus de la mouvance anarcho-autonome pour la plupart, ils ont une vraie conscience politique, même s’ils estiment qu’aucun parti ne les représente. Certains se revendiquent léninistes ; d’autres, anarchistes. Ils s’informent sur tous les sujets de justice sociale. Dans leur optique, casser est une technique d’action conçue pour faire passer un message, leurs cibles évoluant selon le thème des manifestations. Ce faisant, ils ne nient pas le plaisir qu’ils prennent à détruire les biens de multinationales et même de l’État, qui, à leurs yeux, ne leur apporte rien.

Lundi 23 mai. « Anticapitalista ! » — Dans l’ensemble, la cohabitation fonctionne plutôt bien dans le camp entre les black blocs, qui s’interdisent de boire de l’alcool avant leurs actions, les hippies et les punks, défoncés à longueur de journée. L’assemblée générale décide de faire partir la « commission action » en repérage au pont de Normandie, en prévision de la manifestation du jeudi suivant avec les syndicats, « au plus près de Deauville ».

Ce matin-là, les black blocs, qui plaisantent entre eux, ne me paraissent pas si dangereux. Ils semblent juste plus révoltés que les autres jeunes de leur âge. Une vingtaine de personnes s’en va gaiement en direction de la gare. Je les entends crier : « Anticapitalista ! » On m’explique que des agents de la BAC ont à nouveau embarqué un membre du camp, exceptionnellement isolé, les black blocs se déplaçant toujours en groupe pour éviter les arrestations. Les jeunes ont accouru en direction des policiers pour tenter de récupérer leur « camarade ». Cette fois, l’action de solidarité a échoué, le bloc n’étant pas assez fourni ni compact. Les agents ont sorti les matraques télescopiques et embarqué un deuxième jeune, puis Ben [Son prénom a été modifié], accusé d’avoir craché sur un policier alors qu’il se tenait à l’écart du mouvement. Les autres se sont carapatés comme des lapins. Le soir, quand je reviens au camp, je vois sur les panneaux d’affichage que des formations « bloc » et « clown bloc » sont prévues cette nuit-là. Déguisées, les personnes soutenant les black blocs mais refusant l’affrontement direct avec la police s’occupent de faire diversion avec leur nez rouge.

Mardi 24 mai. Des RG dans le camp ? — Des hélicoptères survolent le camp et des voitures de la BAC sont postées à l’entrée. Les black blocs aperçoivent un appareil d’écoute à distance, ils tentent une action d’intimidation et font reculer les policiers. Le déploiement des forces de l’ordre est démesuré : près de 4000 au Havre, pour la vingtaine de black blocs restant. J’entends des rumeurs de RG infiltrés dans le camp. Je ne sais pas si la paranoïa ambiante est justifiée ou non, tout ce que je crains, c’est qu’on me prenne, moi, pour un flic, « bras armé du capitalisme ». Je n’ose pas imaginer ce qui m’arriverait s’ils découvraient que je suis journaliste pour un « média de masse » considéré comme « diffuseur de la pensée capitaliste ». Ben est relâché.

Mercredi 25 mai. « Flic suicidé, à moitié pardonné ! » — Les occupants du camp débattent de la précarité. Les black blocs sont bien placés pour en parler, ils sont tous fauchés, et passent leur temps à se taxer des cigarettes roulées. Alors que j’imaginais une organisation parfaitement huilée, je me rends compte que les black blocs se greffent simplement aux villages altermondialistes, et voyagent en stop, le plus souvent. Ben se fait de nouveau arrêter. En l’apprenant, une quarantaine de personnes du camp se dirigent vers le commissariat, criant : « Justice partout, police nulle part ! » et « Stop au harcèlement psychologique ». D’après la rumeur, Ben pourrait être relâché s’il « donnait » celui qui a craché sur un agent. Le procureur Nachbar sort devant le commissariat pour entamer la discussion. Il est accueilli au cri de : « Un flic, une balle ; un proc, une rafale ! » Un autre de leur slogan favori ? « Flic suicidé, à moitié pardonné ! »

Jeudi 26 mai. Rendez-vous au G 20 — Les forces de l’ordre contrôlent toujours les voitures qui sortent du campement. Ben est finalement relâché sans être jugé, alors que personne ne s’est rendu. La pression policière a été efficace, puisque la plupart des black blocs quittent Le Havre avant même les manifestations prévues à la plage et au pont de Normandie. Le sommet du G 8 s’ouvre sans encombre, alors que les black blocs sont déjà passés à l’étape suivante : le contre-G 20 prévu à Cannes (Alpes-Maritimes), en novembre prochain. Cette fois, ils ont bien l’intention de reprendre la main.

« Black blocs » : le terme désigne, à l’origine, le bloc que les militants forment tactiquement. Les premiers black blocs sont apparus à Berlin-Ouest, dans les années 1980, en réaction aux évacuations de squats politiques par les forces de l’ordre. Partisans de la violence pour mettre à bas le système capitaliste, ces anarchistes issus de la mouvance autonome interviennent en marge des manifestations organisées à l’occasion des grands conclaves internationaux. Ils ont essaimé en Europe, notamment en Italie et en Suisse.

Leur presse (Antoine Marnet, L’Express), 5 juin 2011.

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[Rudolf Rocker] Anarcho-Syndikalismus

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Outre cette brochure PDF allemande qui a déclenché « l’affaire Rocker » (et qui est désormais interdite en Allemagne), le Jura Libertaire met également en ligne quelques textes PDF du même auteur en français : Le système des soviets ou la dictature du prolétariat ? ; La Tragédie de l’Espagne ; De la doctrine à l’action, l’anarchosyndicalisme des origines à nos jours ; ainsi que — en dépit de son contenu — Marx et l’anarchisme.

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Échauffourées à Corbeil : les parents de l’enfant blessée accusent la police

 

L’enfant de 9 ans, grièvement blessée dimanche soir lors d’affrontements entre jeunes et forces de l’ordre dans le quartier des Tarterêts, à Corbeil-Essonnes (Essonne), se trouve dans le coma, ont annoncé ce lundi matin ses parents.

La famille met en cause la police, et se dit persuadée que la fillette a été blessée par un tir de flashball, et non par une pierre. Aucun lien n’a été établi « en l’état actuel des informations » entre « un tir policier » et la blessure de la petite Daranca Gimo assure de son côté un porte-parole de la police.

Daranca a été blessée à la tempe droite dimanche soir peu avant 20 heures par un projectile alors que de violentes échauffourées opposaient les forces de l’ordre et une trentaine de jeunes du quartier réputé sensible des Tarterêts, qui venaient de mettre le feu à deux voitures.

Enquête de la police des polices — Une enquête est en cours pour connaître les circonstances exactes du drame. « Le parquet d’Évry a cosaisi l’IGPN (la police des polices) et la Sûreté départementale de l’Essonne afin d’apporter toute la lumière, tant sur les circonstances de cette embuscade que sur l’origine des blessures de la fillette », souligne Pascal Garibian, porte-parole de la DGPN (Direction générale de la police nationale). « Le Directeur départemental de la sécurité publique, Jean-Claude Borel-Garin, est en relation constante avec la famille. Notamment pour apporter à cette famille le soutien de la police de l’Essonne », ajoute-t-il.

Le père envisage de porter plainte — « Ça ne pouvait pas être autre chose qu’une balle de flashball », estime le père de la fillette, absent au moment des faits, mais pour qui le projectile « n’était pas une pierre », comme l’affirmait dimanche soir une source policière. « Le médecin a parlé de quelque chose de rond », a ajouté le père de Daranca, qui envisage de porter plainte. Selon les déclarations des parents, l’enfant se trouvait avec sa mère et trois autres enfants dans un parc situé à proximité de leur immeuble lorsque les heurts ont éclaté. La mère et les quatre enfants ont cherché à rejoindre au plus vite leur appartement. « On courait pour traverser la route lorsque ma fille s’est écroulée à côté de moi », confie la mère de Daranca.

Les policiers ont crié aux parents « de rentrer leurs enfants » — Les policiers affirment avoir demandé aux familles présentes dimanche soir de « rentrer les enfants », avant la blessure d’une fillette placée dans le coma. Le télégramme d’intervention des forces de l’ordre que s’est procuré l’AFP, daté de lundi peu avant 2 heures, environ six heures après les faits, rapporte que les policiers ont été « pris à partie par une trentaine d’individus capuchés venant en courant dans leur direction en jetant des projectiles à savoir des pierres et des bouteilles de verre ».

Toujours selon ce télégramme, ils intervenaient en assistance des sapeurs-pompiers venus pour des « feux de véhicules ». « Afin de repousser les assaillants qui continuent de leur jeter des projectiles », explique le rapport des policiers présents sur place, « les effectifs locaux constatent » la présence « de jeunes enfants qui jouent sur le haut du quartier » et « crient aux adultes » de les « rentrer pour leur sécurité ». Alors qu’un autre équipage de police est « pris à partie » par des « individus hostiles », les mêmes policiers locaux, raconte le télégramme, voient arriver vers eux un homme « portant à bout de bras une fillette (…) blessée à la tête suite à un jet de projectile ».

Ce même télégramme rédigé dans un style administratif, le plus souvent au présent, précise qu’une « trace de sang de la victime a été relevée » au sol non loin de là. « Une fois le quartier sécurisé », conclut le rapport, « un homme se présente aux policiers ayant été victime d’un tir de flashball », sans préciser de qui et comment, et cette personne « est transportée au CH (Centre hospitalier) d’Évry pour être soignée ».

Leur presse (Le Parisien.fr), 6 juin 2011.

 

Corbeil : une fillette grièvement blessée lors de violences urbaines

Une enfant de 9 ans, prise au milieu d’un affrontement entre jeunes et policiers, hier soir aux Tarterêts, a été atteinte à la tête par un projectile. La victime a été hospitalisée dans un état grave.

Une fillette a été transportée d’urgence à l’hôpital Necker à Paris dimanche soir, dans un état jugé très sérieux. Âgée de 9 ans, elle a été touchée à la tête par un projectile, alors que de violentes émeutes opposaient des jeunes du quartier des Tarterêts à des policiers.

Le drame a eu lieu juste avant 20 heures. Tout commence par plusieurs feux de véhicules. Trois voitures partent en fumée. Les hommes de la BST, la brigade de sûreté territoriale de Corbeil (ex-Utec), sont appelés sur place pour sécuriser l’intervention des sapeurs-pompiers. Sept agents descendent de leurs véhicules.

Soldats du feu et policiers sont très rapidement pris à partie. Côté jeunes, une trentaine de personnes font pleuvoir des projectiles sur les policiers et les sapeurs-pompiers depuis la rue Léon-Blum. Des bouteilles ainsi que des pierres sont notamment lancées. Les forces de l’ordre répliquent avec des tirs de gaz lacrymogène.

L’enfant aurait été touchée par une pierre — « Ils n’ont pas utilisé de flash-ball, commente une source proche de l’enquête. Le flash-ball ne s’utilise qu’à courte distance. Là, ils se sont servis de ce qu’on appelle des LBD, pour lanceur de balles de défense. Ça tire plus loin, mais c’est surtout beaucoup plus précis. »

Au moment où les affrontements se calment, une fillette blessée, inconsciente, est amenée par ses parents aux policiers, alors qu’elle a reçu un projectile en pleine tête. Toujours de source proche de l’enquête, ses parents auraient indiqué qu’elle avait été touchée par une pierre. Un élément à vérifier car, sur place, plusieurs témoins assuraient à l’inverse que ce sont d’abord des jeunes du quartier qui ont découvert l’enfant inanimée.

Vers minuit, les hommes de la police technique et scientifique s’attelaient à prélever des indices pour connaître l’origine du projectile, dans le cadre d’une enquête ouverte par le parquet d’Évry et confiée à la sûreté départementale de l’Essonne. « Les faits plaident en faveur de nos collègues, précise Claude Carillo, secrétaire départemental du syndicat de gardiens de la paix Alliance. S’il s’était agi d’un tir de flash-ball, la plaie aurait été saignante. Or, cela n’a pas été le cas. La fillette a reçu le coup en pleine tempe. »

Pour ce policier, la situation dans le quartier des Tarterêts est sans cesse plus tendue entre les jeunes habitants de la cité et les forces de l’ordre. « C’est un état de siège permanent. Nous sommes clairement dans une guerre de territoires, estime Claude Carillo. Nous touchons à l’économie souterraine, alors, en face, les délinquants considèrent qu’il faut faire mal à l’envahisseur. » Bruno Piriou, élu PC de Corbeil, parle, lui aussi, d’état de siège, mais « il faut que cela s’arrête, soupire-t-il. Quelle que soit son origine, la blessure grave de cette enfant est inadmissible, comme l’a été celle d’un policier la semaine dernière. »

Leur presse (Marie d’Ornellas et Nicolas Jacquard, Le Parisien.fr), 6 juin 2011.

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« Affaire Rudolf Rocker » en Allemagne

Depuis quelque temps, « l’ayant droit » de l’œuvre de R. Rocker fait pression — quand il ne les attaque pas directement en justice — sur les sites/groupes qui mettent en ligne des textes de Rocker.

Rudolf Rocker doit-il disparaître ?
Déclaration de l’Institut für Syndikalismusforschung (Institut de recherche sur le syndicalisme révolutionnaire)

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1307352970.jpgL’Institut für Syndikalismusforschung a pour vocation principale d’étudier et de suivre les mouvements syndicalistes révolutionnaires dans le monde germanophone. Depuis 2007, grâce à un travail assidu et désintéressé, et grâce à la collaboration d’historiens et de chercheurs solidaires du projet, nous avons constitué une importante base de données — et en constante progression — concernant l’histoire du mouvement syndicaliste de langue allemande.

L’Institut entretient, pour cette raison, des correspondances fructueuses avec de nombreux historiens, écrivains et institutions de recherche. Mais tous les chercheurs ne sont pas solidaires de notre projet. Le 1er juin 2011, tous les textes d’un des plus grands penseurs anarcho-syndicalistes, Rudolf Rocker (1873-1958), ont dû être supprimés de notre base de données. Un certain Heiner Becker se dit, en effet, investi de tous les droits sur l’œuvre littéraire de Rudolf Rocker. Il est malheureux qu’au lieu de nous contacter directement, il ait laissé au procureur de Münster et à un bureau d’avocats le soin de le faire à sa place. Nous avons donc cédé à la mise en demeure qui nous a été adressée, car nous n’avons pas voulu remplir les poches d’un esprit borné — ce que nous aurions été, alors, obligés de faire.

Quoi qu’il en soit, nous estimons que le procédé employé par Heiner Becker est indigne et inacceptable. Nous ne comprenons pas comment il est possible que, en raison des droits qu’une seule et unique personne aurait sur l’œuvre littéraire de Rudolf Rocker, celle-ci doive rester hors de la connaissance du public. Pour nous, il est scandaleux que ce soi-disant « ayant droit » n’ait même pas été capable, depuis 1999, d’éditer un seul livre de Rocker — et donc encore moins de faire connaître l’intégralité de ses œuvres. Par contre, il semble bien qu’il soit tout à fait en mesure d’empêcher celles et ceux qui voudraient le faire. Nous espérons que toutes les personnes qui ont une certaine connaissance de ce thème, les institutions de recherche et les descendants de Rudolf Rocker seront informés de cette action qui contribue à reléguer dans l’oubli le souvenir de Rocker et qu’ils en tireront les conséquences qui s’imposent. Nous nous déclarons solidaires de toutes celles et de tous ceux qui sont sous le coup d’une plainte en lien avec la publication de textes de Rocker.

Rudolf Rocker appartient à l’humanité progressiste et non pas à quelque plaignant privé.

Institut für Syndikalismusforschung, Brême, juin 2011.

Sonderseite Rudolf Rocker

 

A warning to all publishers of Rudolf Rocker texts

Heiner M. Becker recently pressed charges against one or more persons suspected to be contributors of a German language syndicalist site, syndikalismus.tk. That site provided a PDF file with Rudolf Rockers Anarcho-syndicalism, a well know text that was not published in German beforehand.

Heiner M. Becker claims to be the exclusive owner of all Rudolf Rocker copyrights, given to him by his friend Fermin Rocker, Rudolf Rockers son, who died in 2004. Becker re-edited the German language version of Rockers Nationalism and Culture some 12 years ago. He was awarded a loan of more than EUR 10,000 for that project on behalf of German FAU members — a loan that he had not repaid by the end of 2010.

Heiner M. Becker once was considered to be a member of the anarchist community. He has been well known in England, were he was a regular contributor to THE RAVEN – anarchist quarterly and other publications of FREEDOM PRESS as well as in France where he had friends in the Anarchist Federation. In the 90th he was one of those to acquiring estates of anarchists for the International Institute of Social History in Amsterdam. By this he is supposed to have become one of the worlds biggest contemporary private collectors of anarchist books and iconography.

Heiner M. Becker seized to have relations with the anarchist community years ago. Nowadays he is a member and the treasurer of a local party-like middle-class political grouping in his hometown. His publishing house, « Bibliothek Thélème » has not publish anything for years.

It is not known yet why he started filing against other suspected publishers of Rudolf Rocker texts without even trying to get in contact with them beforehand. But it is not unlikely that he will not only try to file against publishers of German language Rocker texts, but against those in other languages too, once the national copyright laws are favourable for him. So this should be dealt with as a warning to the community.

For most anarcho-syndicalists it will be a matter of course, that the ideas and publications of Rudolf Rocker are the heritage of the global anarcho-syndicalist movement. And not the playing field of the doutable aspirations of whatever salesman.

Libcom, 14 mars 2011.

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Manifestation antifasciste Mercredi 8 juin à Rennes

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Roazhon antifa, 1er juin 2011.

 

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La Nuit du Cinéma (13 octobre 1952)

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Tract édité par l’Internationale lettriste à l’occasion de la première projection intégrale du film de Guy Debord Hurlements en faveur de Sade, le 13 octobre 1952.

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D’un compagnon à Vienne

… Une occupation de plus

Sur Vienne, Autriche, quatre jours que s’organise un camp de solidarité aux multiples luttes en cours

Tentes sur une des grosse place de la ville, débats, bouffe, réflexions collectives, bibliozines de rues, projections, concerts… Les premiers jours étaient tournés vers un citoyennisme ambigu, réformiste et populaire, depuis deux jours, les conversations sont plus ancrées dans l’acte, du devenir des luttes aux actions envisageables…

Vienne est une ville froide, loin des traditions orales et des occupations anodines, ici le dialogue est compliqué mais les langues se délient, prennent confiance et réapprennent a suggérer, à penser, à oser l’ensemble…

Les cartons couvrent le goudron, la pluie nous réveille, les liens se renforcent, les journées sont remplies…

Et si les nerfs se tendent c’est que le « be peaceful » n’est plus d’actualité, que les violences démocratiques nous usent, que les conséquences de nos vies sont conscientes, les yeux ne se referment pas… Nous ne sommes pas nombreux et la situation actuelle du pays nous contraint à constater que l’esprit révolutionnaire, ici, est plus proche du compte épargne que des pavés. Mais nous sommes motivés, euphoriques, aussi, à l’idée de nous réapproprier ce qui nous a toujours appartenu.

D’un point de vue extérieur ce n’est pas grand chose, une poignée de radicaux qui festoient sur la place publique, qui discutent leur point de vue et s’échangent des bons plans… Mais lorsqu’on connaît un peu l’indifférence banale que le confort cultive… Lorsqu’on vit là, sur cet îlot de complainte généreuse, d’aisance matérielle aux hypocrisies souriantes, on sait que c’est beaucoup.

Les regards fourmillent sur le sol tagué, des : « police kill you, stay peacefull ! » Aux yeux de tous, des abris maladroits, des sourires contagieux et des envies qui se gueulent… Des frustrations qui s’expriment, un début.

Du 8 au 9 juin, la ville accueille « the World Economic Forum », une aubaine pour se synchroniser sur un envisageable épanouissement de la lutte…

C’est un petit pays qui dort, qui attend le chômage, la répression d’une économie sauvage et la violence policière pour se réveiller… Aidons-le !!!

Que la paisibilité fournie par les marchands de rêves soit sabotée, que les répercussions de notre luxe mésestimé s’abattent aussi sur l’Europe forteresse…

Courage et solidarité !

Si le soleil ne se lève pas, nous le remorquerons !

Le blog du camp

Paix !

1er juin 2011.

 

… Une occupation de plus, celle de nos esprits

Ici, Vienne, le camp s’est rendu mobile… de Karlplatz au campus universitaire.

Malheureusement, un choix qui nous a coûté beaucoup… Le campus, certes a une infrastructure qui nous offre depuis quelques jours un confort sécurisant mais aussi un isolement incontrôlé. Les égos ont aussi fait des siennes, des prises de pouvoir involontaires, des monopoles de paroles, des ordres et des blâmes mal placés. La radicalité s’est ici changée en sectarisme, la certitude est devenu intolérance, le respect de la différence, encore, vanté par ceux qui la tuent. Certains ont donc quitté l’assemblée, ressemblant plus aujourd’hui à une organisation close détenant la vérité qu’à une quelconque main tendue. Il est important que chez vous, vous fassiez la révolution dans vos révolutions, que les idoles se consument, que les prophètes la ferment, que les petits chefs soient hués avant le trône… Il nous faut déconstruire nos orgueils pour déconstruire les pyramides qui siègent dans nos crânes… Nous avons besoin de constructions concrètes, pas de reproductions imbéciles masquées par un drapeau noir petit bourgeois, nous sommes dans l’ombre et nous ne perdons pas l’espoir, la dissolution des ambitions populaires ont donné vie à des groupes affinitaires qui, nous l’espérons, nàattendront d’aucun homme, d’aucune femme, d’aucune autorité les permissions requises pour habiter nos espérances… Le désir reste vivace, ce n’est pas la première des désillusions, pas la dernière, le pouvoir est un ennemi invisible, là, en nous, pensons l’avenir en le bâillonnant…

Force à tous ceux qui luttent, gardent leur force dans l’obscurité du présent…

Paix et Courage !

4 juin 2011.

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[Val-d’Oise et Essonne] Deux interpellations de Kurdes tournent à une révolte

Plusieurs blessés dont un entre la vie et la mort
Val-d’Oise et Essonne : deux interpellations de Kurdes tournent à une révolte

La confédération des associations kurdes en France (FEYKA) appelle toutes les associations kurdes en France à protester demain dimanche 5 juin.

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Ce matin (4 juin) à Arnouville (Val d’Oise) et à Évry (Essonne), des policiers sont intervenus dans deux centres culturels pour interpeller des militants kurdes pendant des réunions publiques.

Cela a dégénéré en raison de l’intervention d’autres Kurdes qui se sont opposés aux arrestations. Les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes et de tirs de flash-ball.

De nombreux policiers ont été appelés en renfort. Des jeunes Kurdes ont rejoint leurs camarades et des heurts avec la police ont eu lieu. Cela a duré pendant plusieurs heures.

Dix Kurdes sont blessés dont un très grièvement et sont transportés à l’hôpital de Gonesse. La personne est entre la vie et la mort.

6 personnes ont été interpellées.

La Confédération des associations kurdes en France (FEYKA) a appelé toutes les associations kurdes en France à protester demain [dimanche 5 juin].

Mille Babords, 4 juin 2011.

 

Val d’Oise, Essonne : émeutes après des interpellations de Kurdes

Des échauffourées ont éclaté samedi dans un quartier situé à la limite d’Arnouville, Gonesse et Villiers-le-Bel, dans le Val-d’Oise. D’après les éléments recueillis sur place, il s’agirait d’une interpellation qui aurait mal tourné. Onze personnes de la communauté kurde ont été blessées et transportées à l’hôpital de Gonesse, selon le maire PS de cette ville, Jean-Pierre Blazy.

Des évènements de même nature se sont produits au même moment dans l’Essonne, à Évry.

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« Deux personnes ont été interpellées à Évry et une à Arnouville dans le cadre d’une enquête préliminaire, ouverte par la parquet de Paris, et confiée à la sous-direction anti-terroriste (SDAT) », a annoncé dans la soirée une source judiciaire, sans préciser leur identité.

Voitures caillassées, poubelles incendiées — Tout aurait commencé dans la matinée, vers 10 heures, lorsque des policiers ont effectué une perquisition au Centre culturel d’Arnouville « Le Refuge », 11 rue Jean-Jaurès, près de la gare d’Arnouville-Villiers-le-Bel-Gonesse, et interpellé deux ressortissants kurdes. Les forces de l’ordre auraient été empêchées d’intervenir par d’autres membres de la communauté et l’arrestation aurait dégénéré. Dans la rue, les voitures des policiers été caillassées et des poubelles incendiées en début d’après-midi. Des magasins ont baissé le rideau. Un subit accès de violence qui a nécessité le déploiement d’un important dispositif de sécurité.

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De nombreux CRS casqués et équipés de gilets pare-balles ont été appelés en renfort pour contenir les débordements. Environ quarante voitures de police, des camions de pompiers et un hélicoptère de de la sécurité civile ont été déployés sur place, alors que d’autres ressortissants kurdes, parmi lesquels de nombreux jeunes, arrivaient pour prêter main forte à leur compatriotes. L’accalmie n’est intervenue qu’après plusieurs heures de heurts. Vers 15h45, le plus gros du dispositif de sécurité a pu être levé.

« C’était très impressionnant, raconte une habitante du quartier dont le pavillon se situe à proximité du centre. Quand les violences ont commencé les policiers étaient peu nombreux, il y avait une cinquantaine de manifestants tout au plus, et à la fin ils étaient au moins deux cents ! » Cette habitante a constaté les dégâts. « Le quartier est dans un état pitoyable, la poubelle de mon voisin s’est retrouvée de l’autre côté de la rue et ma cour était jonchée de cailloux. Le gaz lacrymogène est entré jusque chez moi, j’ai dû déplacer mes enfants à l’étage… Plusieurs voitures de policiers et de particuliers ont été caillassées, c’était vraiment inquiètant, ça m’a fait penser à ce qui s’est passé à Villiers-le-Bel, de l’autre côté de la gare, il y a trois ans. »

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« Des gaz lacrymogènes en présence des enfants » — Contacté par leparisien.fr, Daniel Auguste, élu délégué au commerce et à l’artisanat à Villiers-le-Bel, confirme les circonstances de la descente de police. « Ils venaient chercher deux personnes au moment où il y avait un cours de danse folklorique pour les enfants. L’ambiance était très tendue, la police a utilisé des gaz lacrymogènes en présence des enfants et ça a dégénéré. Après ça, il y a eu des commerces saccagés, des feux allumés un peu partout… Les forces de l’ordre ont déployé un dispositif très conséquent. Je n’ai pas vu une présence policière aussi importante depuis 2007, même s’ils ne sont quand même pas aussi nombreux qu’à cette époque… »

Dans un communiqué diffusé samedi, le Parti communiste estime que « la France se couvre de honte en utilisant contre ces hommes les mêmes pratiques que celles qu’ils ont fuies en quittant la Turquie ». Il demande la libération immédiate des militants kurdes et l’arrêt des violences sur leurs soutiens. Selon le PCF et le président de la Maison culturelle kurde d’Arnouville, l’homme interpellé samedi dans cette ville est Nedim Seven, membre actif du PKK, considéré comme un groupe « terroriste » par de nombreux pays. Les sources policières et judiciaires n’avaient pas pu confirmer l’information samedi soir.

Nedim Seven « s’est déjà vu refuser l’autorisation d’entrer à l’Assemblée nationale lundi dernier pour participer à un colloque », a ajouté le PCF dans un communiqué. Le président de la Maison culturelle kurde d’Arnouville, Maxime Tosun, présent lors de l’interpellation, décrit son association comme « culturelle et folklorique ». « Quand les policiers sont entrés, a-t-il ajouté, ils nous ont demandé de nous mettre par terre. Il y a avait des femmes et des enfants. Une femme a reçu un coup de matraque. »

À Évry aussi, des interpellations dégénèrent — À Évry, peu après 14 heures, une cinquantaine de personnes se sont attaqué aux policiers, place des Miroirs, dans le quartier des Pyramides. À l’aide de pierres, de morceaux de fer ou de bois, ces hommes âgés d’une quarantaine d’années ont caillassé les agents présents sur place. Vers 15 heures, les manifestants, qui s’étaient déplacés devant le restaurant McDonald’s situé près du centre commercial Évry II, ont de nouveau lancé des projectiles sur les policiers. Ceux-ci ont riposté avec des tirs de flash-ball et de grenades lacrymogènes. Aucun blessé n’est à déplorer dans les rangs des fonctionnaires. Un individu a été interpellé. Les forces de l’ordre ont sécurisé les abords de l’hôtel de police.

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Trois personnes ont été très légèrement blessées dans ces heurts, selon l’AFP, mais ont refusé d’être prises en charge par les pompiers. Le cortège, qui a atteint une centaine de personnes, s’est ensuite dissous dans le calme.

Là aussi, comme dans le Val d’oise, c’est l’interpellation par la police de deux personnes d’origine kurde qui serait à l’origine de ces échauffourées.

Leur presse (Le Parisien.fr), 4 juin 2011.

 

Violences en Ile-de-France suite à des interpellations dans la communauté kurde

Des heurts entre membres de la communauté et forces de l’ordre ont eu lieu à Arnouville (Val d’Oise) et à Évry (Essonne).

Dix personnes ont été interpellées samedi à Arnouville (Val-d’Oise), lors d’affrontements entre membres de la communauté kurde et forces de l’ordre, après une perquisition et l’interpellation d’un homme à la Maison culturelle kurde, a-t-on appris de sources concordantes.

Samedi vers 11 h 35, une perquisition a été menée dans ce centre culturel situé près de la gare RER d’Arnouville-Gonesse-Villiers-le-Bel. S’y tenait une réunion à laquelle participaient une quarantaine de personnes, a indiqué une source judiciaire. Un homme d’origine kurde a été interpellé lors de cette perquisition, a-t-on ajouté sans en préciser le motif. D’autres personnes se sont alors jointes au groupe, qui a atteint entre 100 et 200 personnes. Des voitures de police ont été caillassées et un policier légèrement blessé, a ajouté cette source, en précisant que dix personnes avaient été interpellées à la suite de ces incidents. Du mobilier urbain a également été brûlé et des ordures déversées dans la rue. Un important dispositif policier a été déployé, incluant des renforts du département voisin de la Seine-Saint-Denis, a précisé une source proche du dossier. Le calme est revenu vers 16 heures.

Deux personnes d’origine kurde ont également été interpellées samedi vers 14 h 30, dans le quartier des Pyramides à Évry, où des échauffourées se sont aussi produites mais sans donner lieu à d’autres interpellations et sans que le motif de leur arrestation ait pu être précisé. Une cinquantaine de personnes se sont alors rassemblées et ont envoyé des projectiles sur les forces de l’ordre, qui ont engagé des renforts. Vers 15 heures, les manifestants, qui s’étaient déplacés devant le restaurant McDonald’s situé près du centre commercial Évry-II, ont de nouveau lancé des projectiles sur les policiers, lesquels ont fait usage de flashballs et de grenades lacrymogènes. Trois personnes ont été très légèrement blessées mais ont refusé d’être prises en charge par les pompiers. Le cortège, qui a atteint une centaine de personnes, s’est ensuite dissous dans le calme.

Leur presse (Agence Faut Payer), 4 juin 2011.

 

Heurts violents à la gare de Villiers-le-Bel

Une cinquantaine de policiers casqués et armés de flash-balls, déployée ce samedi à la gare RER de la ville du Val-d’Oise. Les forces de l’ordre étaient semble-t-il venues arrêter des sans-papiers kurdes.

Des heurts violents opposent ce samedi après-midi des individus et des policiers dans le quartier de la gare de Villiers-le-Bel (95). Les commerces de l’avenue Pierre Sémard, qui mène à la station RER D de la ville, ont baissé leur grille. La gare est fermée au trafic des voyageurs, les trains ne s’y arrêtent plus. Des individus ont mis le feu à des pneus au milieu de la chaussée.

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Vers 13 heures, des sirènes de police ont retenti. À 14h30, des policiers, environ une cinquantaine, casqués, équipés de boucliers et de protection au torse, faisaient usage de flash-balls pour neutraliser un groupe de personnes dont on ignore le nombre. Ils ont commencé à procéder à des arrestations. Un hélicoptère, probablement de la police, survole la gare. D’après de premiers témoignages, ces heurts auraient éclaté après que des policiers sont venus arrêter des sans-papiers d’origine kurde regroupés dans un bâtiment associatif proche de la gare.

Leur presse (Chaker Nouri, BondyBlog), 4 juin 2011.

 

Affrontements à Villiers-le-Bel : « une émeute de bourgeois ! »

La communauté kurde d’Arnouville-lès-Gonesse, composée en grande partie de commerçants et qui a ses habitudes dans le quartier de la gare RER, s’est rebellée samedi contre la police. Des jeunes, étrangers à ces heurts, ont assisté à la bagarre en spectateurs.

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Après plusieurs heures d’affrontements, samedi après-midi, entre la police et des membres de la communauté kurde, le quartier de la gare de Villiers-le-Bel a retrouvé peu à peu son calme. Mais on sent que la situation peut dégénérer à tout moment, et pour cause. « Nous n’acceptons pas la manière de faire de la police, la France est sous le diktat de la Turquie », affirme Ogour, un jeune Kurde résident dans la zone pavillonnaire d’Arnouville-lès-Gonesse, localité voisine de Villiers-le-Bel.

Hasard ou pas, il y a actuellement des élections en Turquie et beaucoup pensent que les échauffourées de samedi leur sont liées. « On veut nous provoquer en nous humiliant », accuse Levent, un commerçant du quartier la gare. « Des dizaines de nos frères sont en garde à vue ou blessés (suite aux affrontements d’hier, ndlr), nous sommes des pacifiques, mais on ne peut laisser faire cette injustice », réagit avec force Shouaib, étudiant en mathématiques.

Les heurts se sont produits à quelques centaines de mètres des quartiers populaires de Villiers-le-Bel. Mais ils ne ressemblent en rien aux émeutes qui ont frappé la ville en novembre 2007. D’une part, les incidents se sont déroulés dans une zone pavillonnaire, d’autre part, ils impliquent une population de propriétaires et de commerçants. Très peu intégrés dans la société civile, renfermés comme peut l’être la communauté chinoise du 13e arrondissement de Paris, les Kurdes vivent en quasi autarcie et s’intéressent bien plus aux affaires politiques turques qu’aux élections présidentielles de 2012 en France. « On ne fait pas de bruit. On veut juste qu’on nous laisse tranquilles », martèle Levent. Un cri repris en chœur par les commerçants de la gare de Villiers-le-Bel.

Appelée « la petite Istanbul », l’avenue Pierre Semard, qui traverse le quartier de la gare, est composée en grande partie de commerces chaldéens (chrétiens) et kurdes (musulmans), avec un dénominateur commun : la langue turque… et la haine des Turcs. Tout ce petit monde vit depuis prés de dix ans en parfaite harmonie : coiffeur, bar, restauration rapide, mais sans vraiment se fréquenter.

« Les Kurdes je les aime bien. Mais ils sont en train de casser le business en exportant nos problèmes en France », affirme Sabbah, un jeune commerçant d’origine chaldéenne, mécontent d’avoir dû fermer sa boutique pendant plusieurs heures samedi. « On a eu peur. Des tirs de flashs-balls, des jets de pierres. C’était l’Intifada », raconte, encore apeurée, Virginie, une coiffeuse d’origine chaldéenne.

Ceux qui n’appartiennent pas aux communautés chaldéenne et kurde ont du parfois du mal à faire la différence entre les émeutes de samedi et celles de 2007. « J’en ai marre, je vais vendre ma boutique. C’est plus possible. Je ne sais pas encore pourquoi je reste », affirme Nathalie, une commerçante du quartier. D’autres sont fatalistes : « Je ferme quelques heures et je viens de rouvrir ma boucherie. Regarde ce qui se passe en Libye. Il n’y a pas mort d’homme », dit avec le sourire Mohamed, le boucher du quartier.

Pour une fois, les jeunes de Villiers-le-Bel sont spectateurs : « Et dites aux médias que c’est une émeute de gosses de riches et de fils à papa… Et c’est pas à Villiers, c’est chez les bourgeois à Arnouville… »

Leur presse (Chaker Nouri, BondyBlog), 5 juin 2011.

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Finis les pieds plats (29 octobre 1952)

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Finis les pieds plats

Cinéaste sous-Mack Sennett, acteur sous-Max Linder, Stavisky des larmes des filles-mères abandonnées et des petits orphelins d’Auteuil, vous êtes, Chaplin, l’escroc aux sentiments, le maître chanteur de la souffrance.

Il fallait au Cinématographe ses Delly. Vous lui avez donné vos œuvres et vos bonnes œuvres.

Parce que vous disiez être le faible et l’opprimé, s’attaquer à vous c’était attaquer le faible et l’opprimé, mais derrière votre baguette de jonc, certains sentaient déjà la matraque du flic.

Vous êtes « celui-qui-tend-l’autre-joue-et-l’autre-fesse » mais nous qui sommes jeunes et beaux, répondons Révolution lorsqu’on nous dit souffrance.

Max du Veuzit aux pieds plats, nous ne croyons pas aux «persécutions absurdes» dont vous seriez victime. En français Service d’Immigration se dit Agence de Publicité. Une conférence de Presse comme celle que vous avez tenue à Cherbourg pourrait lancer n’importe quel navet. Ne craignez donc rien pour le succès de Limelight.

Allez vous coucher, fasciste larvé, gagnez beaucoup d’argent, soyez mondain (très réussi votre plat ventre devant la petite Élisabeth), mourez vite, nous vous ferons des obsèques de première classe.

Que votre dernier film soit vraiment le dernier.

Les feux de la rampe ont fait fondre le fard du soi-disant mime génial et l’on ne voit plus qu’un vieillard sinistre et intéressé.

Go home Mister Chaplin.

L’Internationale lettriste : Serge Berna, Jean-L. Brau, Guy-Ernest Debord, Gil J Wolman

 

Fondée « arbitrairement » à Bruxelles en juin 1952 par Guy Debord et Gil J Wolman, l’Internationale lettriste se manifeste publiquement à Paris le 29 octobre en attaquant au Ritz la conférence de presse tenue par Charlie Chaplin pour la promotion de son film Limelight. Seuls Jean-Louis Brau et Gil J Wolman purent pénétrer dans la salle de la conférence de presse et y jeter les tracts. Guy Debord et Serge Berna furent arrêtés par la police (qui les prenait pour des admirateurs) en essayant de s’introduire frauduleusement par les cuisines du Ritz.

 

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[Égypte] Un poste de police incendié

Un commissariat de la police égyptienne a été incendié vendredi dans le centre du Caire par des émeutiers qui protestaient contre la mort en garde à vue d’un chauffeur de minibus. Selon les manifestants, Mohamed Saïd, qui était âgé de 40 ans, est mort après avoir été arrêté lors d’un accrochage avec des policiers provoqué par un contrôle de permis de conduire. Les causes de son décès n’ont pas été établies avec certitude, mais sa famille a affirmé qu’il avait été torturé par des policiers.

Le rassemblement organisé autour du poste de police en présence de 200 personnes environ a dégénéré en émeute. La police a dû faire usage de gaz lacrymogènes et tirer des coups de feu en l’air pour disperser la foule. L’incendie a été maîtrisé.

Leur presse (Europe1.fr), 3 juin 2011.

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Le propre du travail c’est d’être forcé…

En se baladant à Grenoble au cours du week end, on peut constater que les devantures de plusieurs agences d’intérim ont été copieusement recouvertes d’affiches contre le travail. Plus particulièrement l’agence Crit située pres du lycée Mounier, l’agence Randstad dans le quartier de la Capuche (boîtes d’intérim qui se font notoirement du blé sur le dos des sans-papier-es), l’agence du Trident dans le quartier saintBruno, l’agence Synergie cours Berriat et le Pôle emploi près d’Alsace-Lorraine. Celui-ci avait déjà été recouvert de tags disant « Je ne veux pas d’un monde où la garantie de ne pas mourir de faim s’échange avec le risque de mourir d’ennui », « Plutôt chômeuse que contrôleuse », « Mort au travail », « Bim bam boum ».

Ci-dessous une partie du texte présent sur les affiches :

Travaille, consomme, crève ! Trois mots qui résument à merveille le mal de notre société, mal que l’on nous appelle à glorifier. L’idéologie du travail a la dent longue, et nous appelle à « manager » notre vie selon la misère salariale vécue au quotidien. Vivre, avec pour espérance première de pouvoir rogner quelques os à la fin du mois, est devenu CAPITAL ! Au petit matin, lorsque le réveil vient nous arracher à nos rêves, l’argent est devenu la seule carotte pour justifier de s’envoler vers une nouvelles journée d’humiliation. Il faudrait se rendre productif pour le monde des affaires, et continuer à gérer notre petite vie selon la besogne qui nous a été attribuée. Elle nous permettra de nous sociabiliser, d’obtenir un prêt pour notre habitat, d’occuper nos journées, de tenir des discussions en famille. Choses qu’il paraîtrait impossible de réaliser sans un boulot. Et peu importe qu’il soit abrutissant, humiliant, répétitif, inutile, injuste… tant que ça paye, c’est le principal. Travailler pour travailler, sans plus pouvoir percevoir le sens de son labeur, est devenu monnaie courante. La valeur travail opresse les travailleurs / travailleuses et celles et ceux qui ne travaillent pas, tant elle est devenue la norme à atteindre pour être reconnu-e au sein de la collectivité. En seront banni-es celles et ceux qui ne contribuent pas, les « profiteurs / profiteuses ». Et ce, même si le jeu est tronqué d’avance pour celles et ceux qui ont pioché les mauvaises cartes (raciales, sexuelles et autres…) leur fermant les portes du monde merveilleux de l’emploi. Il serait stupide de glorifier une époque passée où le travail aurait été soit-disant plus plaisant. Mais force est de constater que les raisons qui nous poussent à nous mettre en activité ont perdu de leur intérêt dans cette société post-industrielle. L’individu-e n’a même plus le mérite de pouvoir se réaliser dans ses œuvres, on lui demande simplement d’être rentable. Travailler plus pour consommer plus, consommer plus et donc travailler plus. Difficile de sortir du cercle. L’insoutenable est devenu tolérable à grand renfort de marchandises en abondance. On se ruine la vie à travailler plus car il faut se ruiner à consommer biens, loisirs, culture, vacances, bagnoles, objets multimédias et relations en tout genre. Et si par malheur nous ne nous conformons pas à l’univers salarial, le péril de la vie dans la rue nous menace. Ou encore le péril de la prison pour celles et ceux qui auraient l’audace de défier le monde marchand. Se crever au travail est encore le lot du plus grand nombre. Bien que les boulots les plus éreintants et les plus dégradants soient plus souvent confiés aux travailleurs et travailleuses étrangèr-es, avec ou sans papiers, ici ou ailleurs, nombreux sont celles et ceux qui s’atellent encore aux tâches les plus abjectes. Le progrès devait nous apporter du temps libre, il n’aura permis que l’extension de nouveaux marchés en repoussant toujours un peu plus loin les limites entre celles et ceux qui vivent dans l’aisance et celles et ceux qui ont les mains dans la merde. Et quand le travail ne tue pas de maux et de sueur, il tue d’ennui celles et ceux qui font semblant d’entrer dans le moule en attendant que la cloche sonne. Car au-delà de la souffrance physique, c’est l’être moral qui est le plus atteint. Celui que l’on dépossède chaque jour de ses rêves, de ses envies et de ses choix et qui mourra sans avoir goûté les saveurs de la vie et de l’épanouissement.

Pour toutes ses raisons, nous serons toujours contre le travail imposé par les dominant-es, le travail abrutissant, le travail des exclus, le travail aliénant, le travail de destruction de soi et des autres, le travail productiviste, le travail hiérarchisé… et nous ne cesserons de lutter pour une activité non marchande, épanouissante, utile au « bien commun » et non profitable aux quelques un-es qui tentent de se satisfaire au mépris de ce même « bien commun ».

Indymedia Grenoble, 31 mai 2011.

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