[Journaflics] De Tarnac à Poitiers, dans l’autonomie du journalisme nébuleux – 8 novembre 2009

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1307451787.jpgUn article du Monde sur les « autonomes »

Le Monde consacre la une de son édition datée d’aujourd’hui à un dossier intitulé « De Tarnac à Poitiers, dans la nébuleuse autonome ». Rédigée par Isabelle Mandraud et Caroline Monnot, cette enquête revient, entre autres, sur le phénomène des « black-blocs », la menace de l’ultra-gauche et l’affaire Julien Coupat. En lisant cet article, nous avons eu de sérieuses raisons de penser qu’il marque une nouvelle étape dans la confusion que fait depuis longtemps Le Monde entre ses lecteurs et des pigeons.

« Ce sont des silhouettes entraperçues au milieu de bris de vitrines, lors d’une manifestation à Poitiers, de heurts et de barricades enflammées, au sommet anti-OTAN de Strasbourg, ou d’opérations policières, comme à Tarnac, un dossier dans lequel, depuis un an, neuf personnes sont poursuivies, suspectées par la justice de sabotages de voies ferrées. Ils surgissent de manière sporadique à la “une” des journaux, le plus souvent à la façon “Black Bloc”, vêtus de noir. Des autonomes, dit-on ? Les autonomes n’existent pas. C’est en tout cas ce qu’ils opposent lorsqu’on les rencontre : les étiqueter, c’est déjà un “travail de flicage”, contestent-ils. Ils n’existent pas, et pourtant comme le dit l’un d’entre eux : “On va nous voir de plus en plus. En face, il y a des gens trop sûrs d’eux et qui n’ont de prise sur rien.” »

Ce n’est pas tous les jours que des journalistes annoncent dès l’introduction de leur article qu’ils vont informer leurs lecteurs sur un phénomène qui, selon les principaux intéressés, n’existe pas. L’aveu mérite d’être relevé : nous, le journal Le Monde, inexplicable fer de lance de la presse française de qualité, nous tenons à prévenir notre aimable clientèle que nous tenons pour un sujet de première importance, digne de faire la « une » de notre édition du week-end, « quelques silhouettes entraperçues », à savoir des « autonomes qui n’existent pas », mais que pourtant, on va « voir de plus en plus ». Ah bon ? Comment ? Par quel miracle, des fantômes indéfinis et sans nom vont-ils devenir plus visibles ? L’article a le mérite de fournir (probablement involontairement) un début de réponse : où va-t-on les voir, ces inexistants invisibles ? Eh bien ! ils vont surgir « de manière sporadique à la “une” des journaux ».

C’est rassurant, à deux titres. D’abord, parce que cela confère à ces fantômes un trait qui permet de les identifier. Ensuite, parce que tant que les autonomes déclareront être ceux qui n’existent pas, ils représenteront effectivement un danger majeur pour toute la population. Qu’on en juge ! La police débarque chez vous un matin, pour vous arrêter, parce qu’ils pensent que vous êtes un autonome. Pour vous défendre, vous dites : « Mais non, enfin, je ne suis pas un autonome ! » — « Ah Ah ! répondra l’inspecteur : vous venez de passer aux aveux ! Car c’est justement à ça qu’on vous reconnaît : les autonomes sont ceux qui disent qu’ils ne le sont pas ! » Grâce à la finesse d’analyses comme celles d’Isabelle Mandraud et Caroline Monnot, il devient presque légitime d’arrêter toute la population, puisque :

— Soit vous dites que vous êtes un autonome, donc vous revendiquez que vous l’êtes.

— Soit vous dites que nous n’êtes pas un autonome, donc c’est bien la preuve que vous l’êtes.

La police et les médias viennent de découvrir (certes avec 2700 ans de retard), tous les usages répressifs que l’on pouvait faire du célèbre paradoxe du menteur (parfois attribué à Épiménide le Crétois : « Un homme disait qu’il était en train de mentir. Ce que l’homme disait est-il vrai ou faux ? »).

« Les “totos” sont loin d’être d’accord sur tout »

À un tel degré de performance, le travail de terrorisme journalistique pourrait s’arrêter. Mais nous n’en sommes pourtant qu’au tout début. Faute d’essayer de comprendre qui sont ces autonomes qui n’existent pas, on va désormais prouver aux braves lecteurs du Monde pourquoi ils n’existent pas — ou plutôt, prouver que l’on a conscience au moins de ne pas savoir de quoi l’on parle :

« Tous les casseurs ne sont pas des autonomes et tous les autonomes ne sont pas des casseurs, mais certains le revendiquent (…) Les autonomes, les “totos”, sont loin d’être d’accord sur tout et de former un ensemble homogène. Cette nébuleuse compterait un millier de personnes en France. Impossible de les rattacher à une organisation structurée, de type parti ou syndicat, c’est une forme qu’ils rejettent. Difficile de les situer : ils haïssent la droite, la gauche et méprisent l’extrême-gauche, ils refusent le label “ultragauche” qui pourrait leur correspondre le mieux. »

Mais pour définir une chose, pour conclure à la choséité de ce dont on parle, il faut trouver un point nécessairement commun à tous les objets que l’on classe dans un même ensemble. Quel est donc le point commun de nos autonomes ? Merveilleux syllogisme de nos journalistes : le point commun des autonomes, c’est qu’ils n’ont pas de point commun ! Ce qui donne, en quelques lignes, une liste d’attributs que l’on peut s’amuser à dresser ainsi :

— Les autonomes ne sont pas des casseurs.

— Les casseurs ne sont pas des autonomes.

— Les autonomes ne forment pas un ensemble, on ne peut les rattacher à aucune caractéristique précise.

— On ne saurait non plus les rattacher à un quelconque discours politique précis.

Mais alors, au juste, de qui et de quoi nous parle-t-on ? Patience ! Un début de réponse se trouve dans le paragraphe qui suit :

« La plupart des autonomes sont jeunes, très souvent étudiants. “Ils étaient lycéens en 2006 au moment du mouvement contre le CPE, puis, en 2007, lors de la LRU, ce qui a favorisé une radicalité”, souligne Jean-François Chazerans, professeur de philosophie au lycée Victor-Hugo de Poitiers et animateur d’un collectif antirépression, qui a pu observer dans sa ville le parcours de quelques-uns de ses élèves. »

Stupéfiante découverte : cette mouvance qui menace l’ordre public en France, ce serait donc les élèves de Jean-François Chazerans, prof de philo dans un lycée de Poitiers ? Sérieusement ? S’il en faut aussi peu pour menacer les bases de la République qu’une année d’initiation en Terminale aux textes les plus simplissimes de Platon, Descartes, Rousseau, Sartre et Freud, on est saisi d’effroi devant les pieds d’argile de ladite République…

Bref, les autonomes ne sont pas structurés, nous a-t-on dit plus haut. C’est d’ailleurs à ça qu’on les reconnaît. Ils ne sont pas structurés et ils n’ont pas un discours politique facile à identifier. Mais, à présent, l’article fait un virage à 180 degrés, et on lit avec étonnement :

« Ceux-là se sont structurés pendant les années Sarkozy, d’abord contre un ministre de l’Intérieur honni, puis contre le même, devenu président de la République, qui, pour eux, incarne plus que d’autres l’ordre policier. Dans les jours qui ont suivi son élection, plusieurs voitures ont été incendiées, dont l’une devant le Fouquet’s, le restaurant où le chef de l’État avait fêté sa victoire… “La clique au pouvoir est en train de foutre en l’air tout ce qui peut faire encore la matière d’une existence digne d’être vécue”, justifie Barnabé. “Tant que la droite sera au pouvoir, ça ne peut que monter”, juge de son côté Sébastien Schifres, doctorant en sciences politiques et militant. »

Mais alors, ils sont donc structurés ? Et leur discours politique est identifiable (ils n’aiment pas Sarkozy !) — le lecteur est un peu perdu, et ce n’est pas la déclaration de Sébastien Schifres qui va le rassurer : « ça ne peut que monter » — ah bon ? ça ne peut que monter, mais quoi, ça ?

« Pour rédiger un communiqué, ils se mettent à trente »

Quelques éclaircissements vont pourtant nous être donnés. Si l’on ne comprend rien à cet article, à ces autonomes, à qui ils sont, à ce qu’ils font, à ce qu’ils pensent… c’est peut-être tout simplement lié à leur méthode de travail. En effet, la teneur assez hermétique de leurs revendications trouve peut-être son origine dans la façon dont ils écrivent leurs communiqués :

« Le père d’un militant autonome de Montreuil confirme : “La rhétorique est très importante. Pour rédiger un communiqué, ils se mettent à trente. Et puis ils votent.” »

Ici, tout s’éclaire — en une phrase, les journalistes ont trahi l’identité de leurs autonomes. Relisez bien : « Pour rédiger un communiqué, ils se mettent à trente. » La clé de l’énigme ne vous saute pas aux yeux ? Le chiffre 30, cela ne vous dit rien ? Réfléchissez…

Mais enfin, 30, c’est le nombre moyen d’élèves dans une classe de lycée ! J’avais donc mille fois raison de supposer que ces dangereux terroristes étaient bel et bien les élèves de Monsieur Chazerans, prof de philo dans un lycée de Poitiers !

Chazerans ou pas, essayez tout de même d’écrire un communiqué à trente. Si vous arrivez encore à faire entendre un discours cohérent, vous êtes assurément assez doué pour renverser le vieux monde. Ensuite, votez votre texte (mais votez sur quoi ? Le contenu du communiqué ? Mais alors, cela veut dire qu’on le rédige à nouveau — c’est peut-être cette procédure compliquée qui explique que Le Monde n’ait pas pu se procurer un seul communiqué pour étayer son enquête…)

« Une forme d’encerclement des villes par les campagnes »

« À sa façon, Tarnac est un autre îlot. C’est une ferme — et non un squat — en zone rurale, comme il en existe dans les Cévennes et en Ariège, où l’on s’écarte de la société marchande en faisant de l’autoproduction. “Une forme d’encerclement des villes par les campagnes”, s’amuse un ancien mao qui les fréquente. Une “utopie pirate”, une de ces “zones d’autonomie temporaire” échappant aux “arpenteurs de l’État”, comme le théorisait Hakim Bey, très lu à la fin des années 1990 dans le milieu. »

S’il est surprenant de lire que les campagnes de France ne sont désormais plus sous l’autorité de l’État, il est amusant d’apprendre que le militantisme radical consiste aujourd’hui à encercler les villes par les campagnes. Car, jusqu’à preuve du contraire, toutes les villes du monde ayant toujours été encerclées par des campagnes (à l’exception de quelques rares exemples de campagnes encerclées par les villes — à savoir les jardins publics !), on se demande pourquoi l’insurrection tarde tant à venir.

Cela étant dit, que les fermiers et tous ceux qui vivent à la campagne pardonnent au Monde, les voici transformés par nos journalistes apprentis-sorciers en pirates, corsaires, flibustiers écumeurs des réseaux de subversion rhizomique ! Mais enfin, nous aurons au moins appris quelque chose, le concept de « Zone Autonome Temporaire », qui intriguait nombre d’esprits rationnels pour la bonne raison qu’il ne signifiait rien de précis, vient de nous être expliqué avec précision, les T.A.Z., ce sont en fait les Zones de revitalisation rurale, ces ensembles de communes reconnues comme fragiles et bénéficiant à ce titre d’aides fiscales !

« Le collectif n’en pense rien »

Ici, il faut marquer une pause et se demander : par quelles méthodes, sans doute fort élaborées, par quelles techniques d’infiltration et d’investigation dont elles doivent avoir le secret, Isabelle Mandraud et Caroline Monnot ont pu se procurer autant d’informations sensibles ? Nos journalistes du Monde lèvent un coin de voile :

« On demande à discuter avec un autonome, il vient rarement seul. À Poitiers, après deux mois de négociations et plusieurs intermédiaires, Le Monde en rencontrera six autour d’une table, après qu’ils ont débattu entre eux du principe du rendez-vous. À une question sur la signification de tags, la réponse fusera : “Le collectif n’en pense rien.” »

Ce qui a du donner, concrètement, quelque chose comme ça :

— Allô, je suis bien chez les autonomes ?

— Non, nous n’existons pas.

— Ah ! parfait, c’est bien vous que je cherchais ! Nous voudrions faire une enquête sur vous pour le journal Le Monde

— Attendez, je dois consulter mes 29 collègues et demander à mon ancien prof de philo ce qu’il en pense et je vous rappelle, d’accord ?

Deux mois plus tard :

— Allô ? Oui, c’est nous les autonomes, euh… vous nous aviez téléphoné il y a deux mois pour faire une enquête…

— Ah, euh… ah oui, ça y est ! Alors vous êtes d’accord pour répondre à nos questions ?

— Non, nous acceptons de vous rencontrer mais nous ne répondrons pas à vos questions. Nos conditions sont les suivantes — et pas d’embrouilles, sinon on disparaîtra dans la nature sans laisser de traces — donc on veut…

— Quoi ? Un hélicoptère ? — des armes ? — de l’argent ?

— Euh, non, le collectif veut qu’on discute autour d’une table. Vous entendez, pas d’embrouilles, hein ? Pas de canapé, pas de bar, pas de resto, pas de pique-nique, on exige d’être assis autour d’une table !

— Bon… bon… c’est louche de s’asseoir à une table pour une interview, mais enfin, puisque ce sont vos conditions, on accepte.

Bref, après cette rencontre si difficilement négociée, les journalistes repartiront avec des précieuses révélations pour alimenter leur article. Notamment :

« Les “insurrectionnalistes” mettent l’accent sur la théorie du chaos et les vertus de l’émeute. “Moi, je vis là-dedans, dans l’insurrection permanente”, explique Pascal qui était, entre autres, présent à Poitiers et à Strasbourg. “Nous, ce qu’on veut, c’est qu’il y ait un mouvement unitaire, que les gens viennent et que cela débouche sur une révolte.” »

Ici, une explication s’impose pour les non-scientifiques. En effet, nous venons d’apprendre les insurrectionnalistes (ceux qui disaient plus haut collectivement qu’ils « ne pensaient rien ») mettent toutefois l’accent sur leur goût pour la théorie du chaos. Tout le monde n’étant pas familier avec cette complexe théorie physique, nous nous permettons de renvoyer nos lecteurs vers l’article de Wikipédia sur le sujet. Après s’être dégrossi, notre lecteur se demandera sans doute quel est le rapport de la théorie du chaos avec les vertus de l’émeute et de l’insurrection ? Cela reste un mystère cabalistique dont on trouvera peut-être la clé dans une formule hébraïque ou latine :

« À l’intérieur de ces deux grandes familles, certains sont plutôt “lutte de classes”, d’autres plutôt “autonomie désirante”. Des nuances difficiles à saisir pour le non-initié. (…) Le tag latin “Omnia sunt communia” (“Tout est commun”) remarqué sur le baptistère de Poitiers, entraîne ce commentaire amusé d’un autonome : “C’est forcément un tiqqunien pour écrire un truc comme ça !” La citation est érudite : elle se réfère à… Thomas Müntzer, un dissident luthérien qui guida sous cette bannière la révolte des paysans allemands au XVIe siècle. »

Astrophysiciens, latinistes, philosophes… ces autonomes sont des génies prodigieusement doués. Des intelligences supérieures. C’est peut-être ce qui leur permet de faire de telles actions-commando dignes des meilleurs services secrets, et de disparaître ensuite dans la nature sans laisser de traces (alors que quiconque a un peu fréquenté les anarchistes savent qu’ils seraient relativement mal à l’aise dans ce genre d’opération militaire. Et ils risqueraient de laisser des traces : papier à cigarettes OCB, autocollants ou tracts…). C’est sans doute leur grande polyvalence dans les exercices de haut-vol scientifiques qui explique que nos autonomes n’ont pas besoin de beaucoup se préparer pour leurs opérations coup-de-poing :

« Il y a un minimum de préparation lors de certaines manifestations. Mais il n’y a pas de concertation globale : “Ça, c’est un fantasme de flic.” “T’apprends que tel groupe va bouger, bon, tu te dis qu’il va y avoir du monde, mais on ne sait jamais ce que font les autres, raconte-t-il. Chacun vient avec son truc, on prévient ou pas.” Son truc ? Du matériel, tels que des fumigènes, des cocktails, des barres, que chacun a pris soin de disposer à l’avance dans des caches le long de l’itinéraire prévu. “Il sert, ou pas. Ça dépend de l’ambiance. Il y a un côté adrénaline. C’est politique, mais il faut être honnête, on y trouve un certain charme.” Pascal a fait du Black Bloc, qui est une technique et non un groupe constitué de manière permanente comme souvent on le pense. “C’est appropriable par tout le monde”, souligne Barnabé, militant parisien. (…) Depuis Poitiers, où elle a été vivement critiquée, la police est à l’affût du moindre événement qui pourrait donner lieu à des actions d’éclat des autonomes. À ce titre, elle a porté une grande attention à la manifestation anticarcérale qui devait être organisée dimanche 8 novembre à Paris. »

Prêtez une attention toute particulière au paragraphe ci-dessus. Nous allons enfin savoir qui sont les autonomes, comment ils communiquent entre eux, comment ils se donnent des rendez-vous, se renseignent pour s’équiper, etc. Tous ceux qui s’intéressent à l’espionnage connaissent la fameuse technique dite « boîte aux lettres morte » : il s’agit d’un emplacement permettant à des agents secrets d’échanger des messages ou des objets sans avoir besoin de se rencontrer physiquement. Eh bien, voici dévoilé où se trouve la boîte aux lettres morte des autonomes : c’est tout simplement la « une » du quotidien Le Monde ! Qu’est-ce qu’ils sont forts, ces services secrets autonomes : ils ont infiltré les colonnes du plus grand quotidien de France. Ils y font passer en douce leurs messages (rendez-vous à la manif anticarcérale organisée demain dimanche 8 novembre à Paris ; apportez le matériel — fumigènes, des cocktails, des barres —, chacun amène son truc, ça servira ou pas, mais n’oubliez pas de bien planquer votre matos dans des caches le long de l’itinéraire prévu. C’est appropriable par tout le monde : les nouveaux-venus sont invités à participer à la fiesta ! il va y avoir de l’adrénaline !)

Vraiment, avec des autonomes services secrets aussi farceurs, on n’a pas fini de s’amuser, et l’on se dit que finalement, cette société de surveillance et de criminalisation a tout de même ses bons côtés.

Arsène Lupin – Relectures, 8 novembre 2009.

Initialement publié sur le Jura Libertaire old school.

 

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De Tarnac à Poitiers, dans la nébuleuse autonome

Le Black Bloc ou « la stratégie de la disparition »

« Il faut bien faire quelque chose, n’importe quoi », ont écrit de façon provocante en 2003 les rédacteurs anonymes de l’Appel, pour hâter l’effondrement d’un monde qu’ils jugent insupportable. Sur la base de cette théorie du chaos, familière à une partie du milieu autonome, mais vivement contestée par d’autres, des vitres de magasins volent en éclats, des voitures particulières flambent, du mobilier urbain est détruit. « J’ai tellement de haine accumulée contre le système qu’il faut l’éradiquer, c’est comme une thérapie », lâche tout de go Pascal, qui demande l’anonymat. C’est un autonome qui a déjà pas mal bourlingué et possède, en la matière, des « états de service » sérieux, notamment à Strasbourg, le 3 avril, et à Poitiers, le 10 octobre.

Il y a un minimum de préparation lors de certaines manifestations. Mais il n’y a pas de concertation globale : « Ça, c’est un fantasme de flic. » « T’apprends que tel groupe va bouger, bon, tu te dis qu’il va y a voir du monde, mais on ne sait jamais ce que font les autres, raconte-t-il. Chacun vient avec son truc, on prévient ou pas. » Son truc ? Du matériel, tels que des fumigènes, des cocktails, des barres, que chacun a pris soin de disposer à l’avance dans des caches le long de l’itinéraire prévu. « Il sert, ou pas. Ça dépend de l’ambiance. Il y a un côté adrénaline. C’est politique, mais il faut être honnête, on y trouve un certain charme. »

Pascal a fait du Black Bloc, qui est une technique et non un groupe constitué de manière permanente comme souvent on le pense. « C’est appropriable par tout le monde », souligne Barnabé, militant parisien. La « méthode » passe d’abord par une tenue : vêtements noirs, masques et cagoules, pour éviter l’identification, gants pour ne pas laisser d’empreinte ADN, et une tenue de rechange pour pouvoir s’évanouir dans la nature. Pascal appelle cela « la stratégie de disparition ». Un habitant de Poitiers en a été le témoin, lorsqu’il a ouvert la porte de sa cour à un groupe. « Ils avaient des plans de la ville, une carte Michelin, et souhaitaient rejoindre des véhicules qu’ils avaient laissés sur des parkings autour du centre-ville, se souvient cet habitant. Ils ont ensuite sorti de leurs sacs à dos des vêtements de rechange. Les garçons ont enfilé des chemises blanches Ralph Lauren, et puis ils s’en sont allés chacun avec une fille, en couple. En partant, ils m’ont dit très courtoisement merci. »

Parfois, les actions peuvent déboucher sur des alliances ponctuelles. À Strasbourg, des autonomes se sont entendus avec des jeunes du quartier populaire du Neuhof. Pascal, à nouveau : « On a passé un deal avec la cité : ils nous ont dit comment éviter les flics et, en échange, ils nous ont demandé d’aller récupérer leurs scoots au commissariat, ce qui a été fait. » Le lien avec les cités est souvent un projet caressé. Au lendemain des émeutes de banlieue, en 2005, des autonomes ont assuré y avoir participé, ce qui reste invérifiable.

Pour un haut responsable policier, parler de terrorisme à propos de ces petits groupes n’est pas approprié. Lui emploie le terme de « subversion violente ». Les modus operandi sont désormais bien connu des forces de l’ordre qui éprouvent néanmoins des difficultés à appréhender un fonctionnement en « groupes affinitaires ». Depuis Poitiers, où elle a été vivement critiquée, la police est à l’affût du moindre événement qui pourrait donner lieu à des actions d’éclat des autonomes. À ce titre, elle a porté une grande attention à la manifestation anticarcérale qui devait être organisée dimanche 8 novembre à Paris.

Les actions « émeutières » représentent la forme la plus exacerbée des actions d’autonomes. Quoique spectaculaires, elles sont encore bien en deçà de la violence de leurs aînés dans les années 1970. Difficile de savoir ce que va produire l’affaire de Tarnac. « C’est souvent un événement répressif qui lance le processus de radicalisation qu’emprunte l’ensemble des groupes, les faisant entrer dans un cycle provocation-répression-violence », souligne l’universitaire Isabelle Sommier, auteur de plusieurs ouvrages sur la violence révolutionnaire.

La plupart du temps, la violence est de papier, contenue dans les écrits. Ou s’exprime parfois dans des tags, comme « À gouvernement nihiliste, jeunesse terroriste », ou encore « Contribution à la guerre en cours », repérés à Poitiers. Plus récemment, des graffitis ont été tracés, dans la nuit du 3 au 4 novembre, à Paris, aux domiciles de trois hauts cadres, tous en relation avec l’administration pénitentiaire. X « gagne du fric en exploitant les prisonniers », Y « travaille à emprisonner les pauvres ». « À bas toutes les prisons et ceux qui en profitent », revendiquent leurs auteurs sur un site Internet.

 

L’archipel des autonomes

Ce sont des silhouettes entraperçues au milieu de bris de vitrines, lors d’une manifestation à Poitiers, de heurts et de barricades enflammées, au sommet anti-OTAN de Strasbourg, ou d’opérations policières, comme à Tarnac, un dossier dans lequel, depuis un an, neuf personnes sont poursuivies, suspectées par la justice de sabotages de voies ferrées. Ils surgissent de manière sporadique à la « une » des journaux, le plus souvent à la façon « Black Bloc », vêtus de noir. Des autonomes, dit-on ?

Les autonomes n’existent pas. C’est en tout cas ce qu’ils opposent lorsqu’on les rencontre : les étiqueter, c’est déjà « un travail de flicage », contestent-ils. Ils n’existent pas, et pourtant comme le dit l’un d’entre eux : « On va nous voir de plus en plus. En face, il y a des gens trop sûrs d’eux et qui n’ont de prise sur rien. »

Tous les casseurs ne sont pas des autonomes et tous les autonomes ne sont pas des casseurs, mais certains le revendiquent. Ils expliquent alors que la casse n’est pas « gratuite » mais ciblée : des banques qui incarnent le capitalisme, des entreprises privées qui construisent des prisons ou en gèrent la restauration, des agences pour l’emploi, des directions du travail. « Jamais le petit commerce », ou ce qui n’a pas de sens, affirment-ils.

La règle connaît des exceptions. À Strasbourg, le 3 avril, une pharmacie a été incendiée. À Poitiers, le 10 octobre, un manifestant qui tentait de s’attaquer à l’enseigne Vertbaudet (vêtements pour enfants) en a été dissuadé par d’autres autonomes.

Les autonomes, les « totos », sont loin d’être d’accord sur tout et de former un ensemble homogène. Cette nébuleuse compterait un millier de personnes en France.

Impossible de les rattacher à une organisation structurée, de type parti ou syndicat, c’est une forme qu’ils rejettent. Difficile de les situer : ils haïssent la droite, la gauche et méprisent l’extrême gauche, ils refusent le label « ultragauche » qui pourrait leur correspondre le mieux. Mais son utilisation par Michèle Alliot-Marie, alors ministre de l’Intérieur, à propos de l’affaire Tarnac, a remisé cette appellation au rang de procédé policier. Tout comme celle, honnie, d’« anarcho-autonomes ». « C’est devenu synonyme de terroriste comme les salafistes », explique Chloé, 33 ans, installée dans le Nord de la France et qui a pris ses distances avec le milieu autonome.

Un autre militant, Barnabé, 31 ans, bien actif, lui, en région parisienne, trouve aussi que « le terme résonne comme salafiste, et finit par signifier quelque chose d’inquiétant ». « Il s’agit de nous désigner comme des corps étrangers à la population », dit-il. Nos interlocuteurs, cités par leur seul prénom, ont tous choisi un pseudonyme. Un anonymat qu’ils utilisent également dans leur vie militante.

La plupart des autonomes sont jeunes, très souvent étudiants. « Ils étaient lycéens en 2006 au moment du mouvement contre le CPE (contrat première embauche), puis, en 2007, lors de la LRU (loi relative aux libertés et responsabilités des universités), ce qui a favorisé une radicalité », souligne Jean-François Chazerans, professeur de philosophie au lycée Victor-Hugo de Poitiers et animateur d’un collectif antirépression, qui a pu observer dans sa ville le parcours de quelques-uns de ses élèves.

Ceux-là se sont structurés pendant les années Sarkozy, d’abord contre un ministre de l’Intérieur honni, puis contre le même, devenu président de la République, qui, pour eux, incarne plus que d’autres l’ordre policier. Dans les jours qui ont suivi son élection, plusieurs voitures ont été incendiées, dont l’une devant le Fouquet’s, le restaurant où le chef de l’État avait fêté sa victoire… « La clique au pouvoir est en train de foutre en l’air tout ce qui peut faire encore la matière d’une existence digne d’être vécue », justifie Barnabé. « Tant que la droite sera au pouvoir, ça ne peut que monter », juge de son côté Sébastien Schifres, doctorant en sciences politiques et militant.

« Lors de chaque mouvement étudiant, les totos font des recrues, pas les jeunes socialistes », relève Chloé. Plus âgés, les autonomes comptent dans leurs rangs des diplômés brillants. Principal mis en examen dans l’affaire Tarnac, Julien Coupat a été doctorant à l’École des hautes études en sciences sociales après une grande école de commerce. Il pratique plusieurs langues étrangères. Il est loin d’être une exception. Certains sont issus de familles aisées, les plus nombreux plutôt de classes moyennes.

Les villes universitaires, comme Rennes, Rouen, Grenoble, Toulouse ou Lyon, ont supplanté Paris chez les autonomes. « Aujourd’hui, il existe chez eux une recherche sur les concepts beaucoup plus importante qu’il y a dix ans », témoigne Oreste Scalzone, qui fut l’une des grandes figures de l’autonomie italienne dans les années 1970. « C’est peut-être lié à la présence d’étudiants en philo qui ont fait Erasmus (le programme européen d’échanges universitaires) », poursuit cet homme très respecté dans le milieu et qui se dit admiratif du niveau de leur discussion. Le père d’un militant autonome de Montreuil confirme : « La rhétorique est très importante. Pour rédiger un communiqué, ils se mettent à trente. Et puis ils votent. »

Être autonomes, pour ces jeunes, « c’est exactement le contraire de ce que la plupart des étudiants entendent par l’expression “devenir autonomes”. Alors que pour ceux-ci, il s’agit en général de trouver un emploi et un appartement, il s’agit pour les premiers de parvenir à vivre sans se lier ni à un patron ni à un propriétaire », souligne Rémy Piperaud, dans un mémoire universitaire intitulé « Radiographie du mouvement autonome », soutenu cette année à la faculté de sciences politiques de Versailles – Saint-Quentin. « Ils cherchent d’abord à devenir autonomes par rapport à l’État et au capitalisme, écrit le chercheur. Ce qui différencie en premier lieu les militants de l’ultragauche de la plupart des militants d’extrême gauche, c’est le fait d’essayer dès à présent de combler le fossé qui sépare leur société idéale de la réalité sociale (…). Ils veulent construire le communisme et l’anarchie ici et maintenant. »

Les autonomes n’attendent pas d’entraîner une majorité pour mettre en pratique leur projet. Ils créent des « îlots de communisme », en misant sur le fait qu’ils finiront par se multiplier et submerger la société.

Le squat est l’un de ces îlots. Le 16 octobre, à Montreuil, dans un garage désaffecté près d’une église, une quarantaine de jeunes ont ainsi tenté d’investir, en vain, les lieux. Depuis des années, la ville de Seine-Saint-Denis attire des autonomes qui ont, tour à tour, élu domicile dans divers endroits, dont une ancienne clinique, occupée boulevard de Chanzy et évacuée cet été.

À sa façon, Tarnac est un autre îlot. C’est une ferme — et non un squat — en zone rurale, comme il en existe dans les Cévennes et en Ariège, où l’on s’écarte de la société marchande en faisant de l’autoproduction. « Une forme d’encerclement des villes par les campagnes », s’amuse un ancien mao qui les fréquente. Une « utopie pirate », une de ces « zones d’autonomie temporaire » échappant aux « arpenteurs de l’État », comme le théorisait Hakim Bey, très lu à la fin des années 1990 dans le milieu.

Ces îlots rassemblent chacun 30 à 40 personnes, parfois moins. Il ne s’agit pas d’un mouvement, plutôt d’un archipel, d’un réseau de groupes affinitaires. Les membres de ces groupes vivent ensemble, participent ensemble à des actions ponctuelles et se soudent petit à petit, renforcés par l’adversité et la crainte permanente des infiltrations policières. « Les communautés autonomes tendent à prendre la forme de véritables tribus, note Rémy Piperaud. En faisant tout pour constituer des contre-sociétés totales, les autonomes se rapprochent les uns des autres au fur et à mesure qu’ils s’éloignent de la société extérieure. »

Quand ils parlent d’eux, ils disent « nous », pas « je ». « C’est le “nous” des gens qui pensent qu’il y a nécessité à reprendre les choses en main plutôt que de se prendre les ruines de ce monde sur la gueule », soutient Barnabé, le militant parisien, convaincu comme d’autres que l’effondrement du système est proche. Ce « nous » agit comme un rempart vis-à-vis de l’extérieur. Lorsqu’on demande à discuter avec un autonome, il vient rarement seul. À Poitiers, après deux mois de négociations et plusieurs intermédiaires, Le Monde en rencontrera six autour d’une table, après qu’ils ont débattu entre eux du principe du rendez-vous. À une question sur la signification de tags, la réponse fusera : « Le collectif n’en pense rien. »

Leur défiance, voire leur haine des médias, est grande. Sur leur échelle de détestation, les journalistes, considérés comme instruments de contrôle social et de propagande, se glissent entre « les flics » et « les sociologues ». C’est peut-être la raison pour laquelle, à Poitiers, certains ont brisé les vitres d’un local de La Nouvelle République du Centre-Ouest. Sur ce point, l’affaire Tarnac a produit chez eux des réactions contrastées. « C’est la prison ou les médias », professe Sébastien Schifres à ses camarades, partisan de s’exprimer auprès des journalistes, quand d’autres ont vu leur animosité envers les « journaflics » décupler. Avec l’entrée en scène de l’antiterrorisme, « les gens prennent de plus en plus de précautions », constate Chloé. Déjà, le téléphone portable, source potentielle de localisation et d’écoute, ne faisait plus partie de leur attirail.

Les autonomes ont en commun d’être anticapitalistes, de rejeter l’État, l’idéologie du travail et du salariat, la société de consommation, et de le signifier par leur mode de vie et par leurs actions. Parce qu’ils ne veulent pas s’inscrire dans une société marchande, ils bricolent et sont hyperactifs. D’un côté, ils échangent, troquent, mutualisent, font de la récupération, sont capables de retaper entièrement une maison, se repassent des adresses des points de chute en France, et à l’étranger ; de l’autre, ils profitent, aussi, des opportunités comme celles que leur offrent les résidences secondaires au ski ou à la mer de certains parents. « Ils sont à la fois dans la frugalité et dans l’excès », note un père. Ils sont très itinérants. Chez eux, la littérature américaine de l’errance liée à la crise des années 1930 reste une référence.

Ils prennent ce qu’il y a à prendre : les ressources familiales ou le RMI. Ils pratiquent les « auto-réductions », c’est-à-dire le prix qu’ils estiment devoir payer mais aussi le vol dans les rayons. Se servent dans les poubelles des magasins et des particuliers. Fabriquent ce qu’ils n’ont pas, comme, il y a peu, des billets SNCF. L’un d’eux nous indiquera avoir eu, à l’étranger, maille à partir avec la justice pour possession de faux euros. « C’était pour faire vivre le squat et aller à des concerts punk-rock. »

Il existe aussi des antagonismes politiques forts et de vraies haines. Diverses chapelles coexistent, débattent, s’engueulent, se font la guerre parfois. Les « mouvementistes » s’impliquent plus que les autres dans les luttes des mal-logés, des sans-papiers et autour des conditions de vie des détenus. Les « insurrectionnalistes » mettent l’accent sur la théorie du chaos et les vertus de l’émeute. « Moi, je vis là-dedans, dans l’insurrection permanente », explique Pascal qui était, entre autres, présent à Poitiers et à Strasbourg. « Nous, ce qu’on veut, c’est qu’il y ait un mouvement unitaire, que les gens viennent et que cela débouche sur une révolte. »

À l’intérieur de ces deux grandes familles, certains sont plutôt «lutte de classes», d’autres plutôt « autonomie désirante ». Des nuances difficiles à saisir pour le non-initié. « C’est un chaudron compliqué », plaisante Oreste Scalzone. Dans ce paysage touffu, Julien Coupat et ses amis sont désignés comme des « tiqquniens », du nom de la revue Tiqqun aujourd’hui disparue, ou des « appelistes », en référence à l’Appel, un texte collectif anonyme prônant l’insurrection, paru en 2003. Un groupe qui, jusqu’à l’affaire Tarnac, a pu être contesté dans le milieu pour le caractère élitiste, prophétique et comminatoire de ses écrits. Le tag latin « Omnia sunt communia » (« Tout est commun ») remarqué sur le baptistère de Poitiers, entraîne ce commentaire amusé d’un autonome : « C’est forcément un tiqqunien pour écrire un truc comme ça ! » La citation est érudite : elle se réfère à … Thomas Müntzer, un dissident luthérien qui guida sous cette bannière la révolte des paysans allemands au XVIe siècle.

Leur presse (Isabelle Mandraud & Caroline Monnot, Le Monde), 7 novembre 2009.

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Une réponse à [Journaflics] De Tarnac à Poitiers, dans l’autonomie du journalisme nébuleux – 8 novembre 2009

  1. Taïeb dit :

    « Il faut bien faire quelque chose, n’importe quoi »
    Cette phrase extraite de « l’Appel » serait la maxime de ses auteurs, et pourquoi pas la devise des « autonomes », comme le suggère clairement l’article qui en fait la citation : « Il faut bien faire quelque chose, n’importe quoi, ont écrit de façon provocante en 2003 les rédacteurs anonymes de l’Appel, pour hâter l’effondrement d’un monde qu’ils jugent insupportable ».
    Resituons la phrase dans son contexte original : « Puis, en marge de cette paralysie, le « il faut bien faire quelque chose, n’importe quoi » des activistes ».
    Cette proposition, dans l’Appel, caractérise la démarche activiste, une forme de subjectivité politique critiquée et pas davantage appréciée que les autres. Plus loin, on lit en effet : « L’activiste se mobilise contre la catastrophe. Mais ne fait que la prolonger. Sa hâte vient consommer le peu de monde qui reste. La réponse activiste à l’urgence demeure elle-même à l’intérieur du régime de l’urgence, sans espoir d’en sortir ou de l’interrompre. » (http://1libertaire.free.fr/Appel01.html)

    Conclusion :
    La grossierté de ce détournement sémantique, de ce mensonge, est assez instructive des mauvaises intentions et de l’infréquentabilité de ses auteurs, pardon, journalistes.

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