Rassemblement de soutien aux prisonniers à Valence le 7 mars

Quelques nouvelles concernant la prison de Valence.

À la fin du mois de janvier, une détenue est décédée.
L’administration pénitentiaire parle de suicide, mais en réalité une fois de plus la prison tue.

Comme à leur habitude, les matons se plaignent de leurs conditions de travail. Ils invoquent la découverte de téléphones portables pour demander aux ERIS de venir faire une fouille complète de l’établissement.

D’autre part, deux personnes soupçonnées par la police d’avoir effectué des projections dans l’enceinte pénitentiaire passent prochainement en procès.

Quant aux travaux concernant le futur centre pénitentiaire, ils avancent inexorablement

Dans ce contexte gris, nous relayons l’initiative d’organiser un rassemblement chaque premier samedi du mois devant la prison, avec pour volonté

• de soutenir les prisonniers et prisonnières,

• de faire connaître la réalité carcérale, c’est-à-dire la torture de l’enfermement et les agissements de l’administration pénitentiaire,

• et de créer des liens de solidarité entre l’intérieur et l’extérieur de la prison.

Rendez-vous le samedi 7 mars à 10h00 devant la maison d’arrêt.

Infos Anti-autoritaires en Cévennes à l’Assaut des Montagnes !, 26 février 2015

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Nantes, capitale des mutilations policières

Communiqué de l’assemblée des blessés suite à la manifestation du 21 février à Nantes

La manifestation de ce samedi 21 février à Nantes contre les violences policières, sociales et économiques ainsi que la semaine de résistances qui l’a précédé sont des réussites. Bien qu’un important dispositif policier quadrillait la ville, ce sont plus de 3000 personnes qui ont défilé dans des rues qui avaient été interdites lors des précédentes manifestations et l’année dernière.

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Des manifestations ont aussi eu lieu à Toulouse, Le Havre, Calais, Montreuil, etc. À chaque fois, les manifestants ont fait face à d’importants dispositifs policiers. À Montreuil, les manifestants ont été encerclé, bloqués pendant des heures et finalement fouillés.

Faut-il le répéter, ce ne sont pas les manifestants mais la police qui détermine le niveau de violence d’une manifestation. Il est normal que la colère s’exprime alors que les morts et les mutilations causées par les forces de l’ordre se multiplient. Il est normal que la colère s’exprime quand nous subissons au quotidien la violence de l’économie, la dépossession des territoires où nous vivons.

Alors même que nous avons été des milliers à défiler contre les violences d’État, la police a encore tiré sur la foule à hauteur de tête avec des Lanceurs de Balles de Défense. Dans la capitale des mutilations policières, les forces de l’ordre continuent de blesser en toute impunité, y compris en s’attaquant délibérément aux journalistes chargés de couvrir la manifestation.

À ces violences s’ajoute une justice implacable qui distribue des peines expéditives et disproportionnées aux manifestants jugés. Un prévenu, blessé par un tir de flashball, a été condamné en comparution immédiate le 23 février. En plus d’une peine de prison il devra payer une amende aux policiers qui lui ont tiré dessus. D’un côté la justice frappe ceux qui luttent, de l’autre elle blanchit les policiers violents.

Nous continuerons de nous organiser pour que ces violences cessent.

Nous appelons les blessés par la police à nous contacter.

L’assemblée des blessés, 24 février 2015

 

Ci-dessous, le texte lu en début de manifestation

Nantes n’est pas simplement la capitale de la culture et de l’écologie mais aussi celle du Flash-Ball : elle détient le triste record de personnes mutilées. Quatre exactement.

Ce 21 février 2015, un an après la manifestation contre l’aéroport de NDDL, où trois personnes avaient été mutilées par la police suite à des tirs de Flash-Ball, nous sommes venus le rappeler.

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Cette manifestation s’inscrit dans une semaine de mobilisation contre le Flash-Ball, contre les violences policières à laquelle participe « l’assemblée des blessées, des familles, des collectifs contre les violences policières ».

Cette assemblée s’est réunie une première fois à Montreuil début novembre 2014. Elle réunit des blessés et mutilés, suite à des tirs de Flash-Ball par la police, venus de toute la France.

Parmi eux  :

• Davy, blessé aux abords du stade de la Beaujoire en 2014  ;
• Yann, blessé lors de l’évacuation d’un squat à Toulouse en 2014  ;
• Emmanuel, Damien et Quentin blessés pendant la manifestation contre l’aéroport de NDDL le 22 février 2014 à Nantes  ;
• Casti, blessé aux abords du stade de la Mosson à Montpellier en 2012  ;
• Ayoub, blessé pendant une intervention policière à Audincourt en 2011  ;
• Geoffrey, blessé lors d’un blocage de lycée contre la réforme des retraites en 2010 à Montreuil  ;
• Joachim, blessé lors d’un rassemblement suite à une expulsion de squat en 2009 à Montreuil  ;
• Clément, blessé pendant la fête de la musique à Paris en 2009  ;
• Pierre, blessé dans une manifestation lycéenne contre la loi LRU à Nantes en 2007.

Depuis 2005, depuis que le Flash-Ball existe, on compte trente six mutilés ou blessés graves (recensés !)

Parmi eux, deux enfants de moins de dix ans  :

• Nassuir, 9 ans, blessé pendant une intervention policière à Mayotte en 2011,
• Daranka, 8 ans, blessé lors d’une intervention policière à Corbeil-Essonnes, en 2011.

Et un mort par Flash-Ball, Mostefa, assassiné pendant une intervention policière à Marseille en 2010.

Pour toutes ces histoires la justice a été saisie.

On compte seulement une condamnation d’un policier contre 37 classements sans suite, non-lieux ou relaxes.

1 contre 37, L’impunité policière est la règle.

Notons qu’après une plainte déposée devant le Tribunal administratif, la responsabilité d’un préfet a été reconnue et l’État condamné à verser des indemnités. D’autres plaintes ont été déposées collectivement et sont en cours.

Face à cette impunité, «l’assemblée des blessés, des familles, et des collectifs contre les violences policières» a pour objectif de :

• Soutenir les personnes blessées par la police.
• Partager et diffuser nos expériences en matière médicale, juridique, médiatique et politique.
• Lancer des initiatives communes.
• Se soutenir mutuellement lors des procès.
• Participer aux luttes en cours.

Pour nous, qu’est-ce que le Flash-Ball et sa nouvelle version, le lanceur de balle de défense (LBD 40)?

Une arme de terreur.

Sa devise est «en blesser un pour terroriser tous les autres».

Une arme mutilante.

Si le Flash-Ball tue rarement, il mutile très souvent. C’est en tant que tel qu’il doit-être interdit.

Une arme punitive.

Dans bien des cas, le Flash-Ball est utilisé comme une arme punitive.

Une punition extrajudiciaire infligée par la police à ceux qui se révoltent, à ceux qui osent emprunter d’autres formes de vie, etc.

Enfin, on peut finir par ce que le Flash-Ball n’est pas, contrairement à ce que disent les fabricants d’armes et la préfecture :

• Le Flash-Ball ne se substitue pas à l’arme de service.
• Il ne réduit pas le nombre de personnes tuées par la police.
• Les policiers continuent d’utiliser leurs armes de service.

Les policiers continuent de tuer : de 2000 à 2014, on compte 127 personnes tuées par la police.

Là encore, l’impunité est la règle.

Le Flash-Ball ne se substitue pas à l’arme de service mais bien plutôt à la matraque. En ce sens, il augmente considérablement la violence de la police.

Cette violence (la mort de Rémi Fraisse, les événements de Ferguson entre autres) l’avait remise sur le devant de la scène.

Les attentats de ce début d’année risquent de recouvrir une légitime défiance envers des institutions de plus en plus violentes et faire passer les victimes de la police pour des dégâts collatéraux de la guerre au terrorisme.

Ces derniers mois, combien de manifestations interdites, combien d’arrestations préventives ?

L’État français a beau se présenter comme « le grand défenseur des libertés publiques », il ne se passe pas un jour sans qu’il les remette en cause.

Habitants des banlieues, manifestants, grévistes, zadistes, lycéens, étudiants, migrants, supporters de football “Ultras” : nous sommes de plus en plus nombreux à subir la violence de la police et l’impunité qui l’accompagne.

Nous ne nous laisserons pas gouverner par la peur.

C’est ensemble que nous allons faire face à la militarisation de la police et sa violence, aux mensonges de la préfecture relayés par les médias, au mépris des politiques, à l’impunité quasi-systématique accordée aux policiers par la justice.

Nous le prouvons aujourd’hui par notre présence.

Des collectifs et des blessés au Flash-Ball sont venus de toutes la France pour manifester à Nantes où Pierre, Quentin, Damien, Emmanuel, Davy ont été mutilés par la police.

Face aux armes de la police, 26 février 2015

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[La Mangouste] Cette force c’est celle d’être ensemble et de savoir pourquoi on est là

Expulsion de la Mangouste, maison occupée dans le quartier de Lille Grand Palais

La Mangouste était notre maison pendant deux mois et demi. Nous avons ouvert ce lieu à huit pour y vivre ensemble et organiser des activités. Entre autres : des projections de films, des repas collectifs, des bars, et notamment un concert de soutien à la caisse anti-carcérale qui est en train de se monter à Lille. En peu de temps, la Mangouste a rassemblé plein de motivations et de gens différents. Il faut dire qu’on s’est donné à fond pour rendre cette baraque, vide depuis 6 ans, vivante et accueillante.

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Dans un quartier où on chasse les pauvres pour installer les riches et jeunes branchés, à deux pas des lieux de culture officiels que sont la Gare saint Sauveur et la Maison du hip-hop, la Mangouste faisait tâche. Une énorme banderole sur laquelle on pouvait lire « vide depuis trop longtemps, occupée maintenant » était déployée pile à la sortie du périph, en plein cœur du « centre administratif » et juste en face de la gendarmerie. Ça la fout mal quand on se prétend la « ville de la solidarité ». On a fait le choix d’être particulièrement visibles et d’essayer de tisser des liens avec les habitants du quartier, notamment des cités alentours, probablement futures cibles de la gentrification en cours. On ne s’attendait donc pas vraiment à ce qu’ils nous laissent tranquilles. D’autant que le proprio de notre baraque est l’Institut Pasteur dont le président Jacques Richir est adjoint au maire, administrateur de l’Opéra de Lille, de la fac catho et des hôpitaux universitaires. Autrement dit quelqu’un qui a le bras très très long. On n’a pas été déçu : deux déploiements de keufs aussi disproportionnés qu’inconséquents jusqu’ici. Le premier a rassemblé huissiers, RG, bac et tout le toutim mais n’a apparemment pas obtenu l’autorisation d’essayer d’entrer. Les mêmes charognards sont revenus quelques semaines plus tard, accompagnés cette fois de serruriers et du sésame leur permettant de passer à l’action : utiliser la force pour obtenir nos identités. Sauf que ces bouffons ont été tenus en échec par nos barricades, la solidarité des copains et des habitants du tiéquar. Pour le dire vite, ils se sont acharnés pendant plus de 2 heures pour ne réussir finalement qu’à se prendre de la pisse sur la tronche. Petite victoire bien savoureuse. On a aussi vu passer 5 ou 6 fois les huissiers plus quelques RG qui zonaient ces derniers jours.

Aujourd’hui ils sont revenus pour l’expulsion. Cette fois ils n’ont pas lésiné sur les moyens et n’ont pas trouvé plus glorieux que de se pointer à 6h du mat’ à 150, en mode GIPN, débarquement par la fenêtre du 1er étage, gros gun braqués sur nos tronches endormies et « montrez vos mains bien en évidence ». Le quartier était bouclé pendant 1 heure, pas moyen au moindre badaud de passer sa tête pour voir ce qui se tramait. La presse parlera quelques heures plus tard d’une expulsion sans heurts. Tu m’étonnes… C’est vrai qu’on n’a pas trop fait les malins sur le coup, même si, face à ce déploiement surréaliste, on avait pour nous la satisfaction de mesurer notre force, et en ce qui nous concerne, sans mitraillette en bandoulière.

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Cette force c’est celle d’être ensemble et de savoir pourquoi on est là. Occuper des maisons c’est un moyen de vivre collectivement, simplement, en faisant ce qu’il nous plaît et sans payer de loyer.

Occuper des maisons c’est prendre acte de la supercherie de la politique d’habitat social, que l’on pense aux 6000 logements vides à Lille, aux temps d’attente pour un dossier HLM ou au fait que le PACT (premier bailleur social à Lille) est un proprio qui, comme tous les autres, nous expulse quand nous habitons ses maisons vides. Occuper des maisons c’est avoir des espaces pour se rencontrer, discuter, apprendre à se servir de ses mains et faire la fête en se passant du label ville de Lille, ce vernis culturel à deux balles qui ne tient que par ses subventions et ses vigiles. Occuper des maisons c’est se réapproprier notre rapport au temps et à l’argent collectivement et loin du travail. Occuper des maisons, c’est accepter d’être parfois confrontés aux keufs et se dire qu’ils n’auront pas le dernier mot.

Une expulsion, une ouverture ! Ce n’est pas parce qu’ils nous expulsent qu’ils gagnent. Ce n’est pas parce qu’on n’est plus à la Mangouste qu’on ne sera pas ailleurs, prêts à assumer en acte cette évidence que sur le chemin de nos désirs, les keufs seront toujours un obstacle. À bon entendeur…

La Mangouste, Lille, le 26 février 2015

 

Lille : neuf squatteurs qui occupaient le café de l’Institut Pasteur délogés ce jeudi matin

Ce jeudi matin, à 6 h, d’importantes forces de police, dont des CRS, ont investi l’ancien café propriété de l’Institut Pasteur, boulevard Louis-XIV. Neuf squatteurs ont été évacués sans opposer de résistance.

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Évacuation du squat, boulevard Louis-XIV à Lille.

Les CRS sont intervenus, ce jeudi matin, pour déloger les squatteurs qui avaient pris possession d’un ancien café, situé à l’angle des boulevards Louis-XIV et du Maréchal-Vaillant à Lille. Ce bâtiment avait été acquis par l’Institut Pasteur. Considéré comme insalubre, l’immeuble devait être démoli.

Il y a plusieurs semaines, les occupants avaient déployé une banderole « Vide depuis trop longtemps, occupé maintenant ». Ils ont été délogés, ce jeudi matin, sans opposer de résistance, en présence d’un huissier de justice, sur décision préfectorale en application d’un jugement du tribunal.

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Expulsés malgré la trêve hivernale

Neuf personnes ont été sorties du bâtiment. Trois ont été amenées au commissariat pour vérifications d’identité.

Cette expulsion a été réalisée malgré la trêve hivernale, qui s’achève le 31 mars. Depuis la loi Alur, les squatteurs peuvent également en bénéficier. Sauf, précise cette même loi, décision contraire d’un juge. Ce qui semble avoir été le cas, pour le café du boulevard Louis-XIV.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (lavoixdunord.fr, 26 février 2015)

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AMI/E QUAND TU TOMBES, UN/E AMI/E SORT DE L’OMBRE À TA PLACE

LE SILENCE DES BOTTES ET LE BRUIT DES PANTOUFLES

Aujourd’hui, le bruit des pantoufles assourdit ; le silence des bottes ne fait plus peur.
Hier, c’était la guerre des gangs, police contre gauchistes ; gauchistes contre gauchistes.
Demain, naît l’Anarchiste, celle/celui qu’on renomme, au choix : ultra-gauche, anarcho-autonome.

Aidé/es par les médias sur papier ou par l’araignée, ces mouvances brouillent la vue et l’ouïe des habitantEs de la planète, refusant de reconnaître la révolte qui gronde :

• Les banques valsent avec éclats
• L’argent brûle
• Qui travaille n’a plus de prix
• Les aliments rockent dans les super-pas-chers
• Les prisons sont privées
• Les télés refont le monde…

Trop lourdes, leurs boots ont fait place aux baskets, les grenades lacrymos aux flash-balls.

Mais c’est trop tard :
Elles/ils ne nous arrêteront pas, car nous sommes cent, et plus, sans peur.
Nous bougeons, arrivons, venons.
Bien-sûrE, c’est pas une fête la garde-à-vue dans des comicos pourris, cernéEs de débiles.
Ni la préventive, qui n’est pas pour tousTes l’antichambre de la gloire littéraire.

Nous sommes ici, et maintenant : et comme ils/elles dirent dans la « résistance » louée aujourd’hui par les journaux, écrans de télévision, et autres :

AMI/E QUAND TU TOMBES, UN/E AMI/E SORT DE L’OMBRE À TA PLACE

internationale inconnue

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[Le Geai du Rousset travaille] « On est des citoyens d’abord et surtout des contribuables responsables »

Le Rousset – Mobilisation des opposants au Center Parcs qui dénoncent « une opération financière »
« Du chantage à l’emploi »

La Commission nationale du débat public débute en avril et durera trois mois. Et les opposants au Center Parcs sont très déterminés.

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Près d’une trentaine de personnes environ ont assisté à la réunion d’information publique organisée vendredi soir, à Charolles, par le collectif du Geai du Rousset, opposé à l’implantation d’un Center Parcs.

Ce projet est une grosse arnaque. C’est de la grande finance. Ce n’est ni du tourisme, ni un projet industriel. » Denis Cherel, habitant du Rousset et porte-parole du collectif du Geai du Rousset, ne veut pas être pris pour un pigeon. Déterminé à faire capoter l’implantation du Center Parcs au Rousset, il n’hésite pas à voler dans les plumes de la direction de Pierre et Vacances. « Leur stratégie est scandaleuse. Leur unique projet, c’est de faire un investissement immobilier en générant de l’optimisation fiscale grâce à la loi Censi-Bouvard, via la vente des cottages sur laquelle ils recherchent de grosses marges financières », avance ce professeur exerçant à Charolles. Et ce qui le fait sortir de sa bulle, c’est que cette opération serait orchestrée, selon lui, avec l’assentiment et l’argent des collectivités publiques. « Pierre et Vacances va récolter les dividendes et en cas de problème, c’est nous tous avec l’argent de la collectivité qui allons payer et gérer la maintenance. »

Au cœur des affirmations du collectif, le témoignage d’un économiste qui s’exprimait en décembre dernier dans un sujet diffusé dans le 7-9 de France Inter. Reportage qui soulignait que « l’activité de Center Parcs avait été en baisse au niveau national de 1,3 % en France en 2014, tandis qu’elle était en hausse sur la même année et sur la même durée de 2,5 % en Hollande et en Allemagne ». Conclusion pour les 70 membres du collectif du Geai du Rousset : la pérennité du site n’est pas assurée et les 300 emplois qui vont avec promis par Pierre et Vacances, non plus.

« Chantage à l’emploi »

« Pierre et Vacances fait du chantage à l’emploi. Et ça marche forcément en période de crise. La vérité, c’est que la collectivité publique, donc notre argent, va financer à hauteur de 81 millions d’euros en tout ce projet, soit 15 millions d’euros de la Région et du Département au départ, plus un emprunt de 66 millions d’euros. Et on ne sera remboursé qu’au bout de 20 ans à raison d’un loyer annuel de 4,2 millions d’euros sur 16 ans puisque le protocole prévoit que Pierre et Vacances n’aura à payer qu’au bout de la quatrième année. C’est donc une somme énorme qui est avancée par le contribuable sans que nous n’ayons aucune garantie sur la viabilité économique de ce projet, compte tenu de la baisse d’activité réelle des Center Parcs en France », détaillent encore, d’une seule voix, le porte-parole Denis Cherel et Dominique Cornet, membre du collectif du Geai du Rousset.

Durcissement du conflit encore peu probable

Lundi dernier, les partisans du Center Parcs étaient pourtant réunis au Rousset autour d’un mot d’ordre : créer de l’emploi non délocalisable et faire travailler les entreprises locales.

Avec comme promesse, deux champs captants déjà trouvés dans la Loire pour acheminer l’eau en toute sécurité sur le futur site tout en épargnant les usagers locaux d’une hausse du prix de l’eau malgré le coût des travaux. Encore un sujet de discorde entre partisans et opposants. « C’est faux. L’eau va forcément augmenter pour les locaux. Sans compter la nécessité pour les communes du Rousset et de Marizy de se doter d’une station d’épuration de très haute qualité. Elles devront aussi moderniser tout leur système d’assainissement. Qui paiera sur le long terme ? Sans parler des conséquences écologiques avec l’Arconce, qui prend sa source en amont de l’étang du Rousset et qui va être impactée », s’interrogent les membres du Geai du Rousset.

Des questions en suspens qui devront nécessairement trouver des réponses concrètes avant l’été puisque la Commission nationale de débat public s’arrêtera fin juin.

En attendant, les travaux du Center Parcs pourraient commencer dès début 2016 au Rousset. Sauf en cas de durcissement du conflit comme cela s’est vu récemment en Isère. « On n’en est pas là et on ne le souhaite pas. On est des citoyens d’abord et surtout des contribuables responsables. Pas des fous ni des idéologues », se défend Denis Cherel.

Leur presse (LeJSL.com, Charles-Édouard Bride, 16 février 2015)

 

Cluny
Ils disent non au Center Parcs

Samedi soir, les membres du collectif Geai du Rousset, opposés à la construction d’un Center Parcs sur la commune du Rousset, étaient réunis au café Les Hirondelles, à Cluny.

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Les membres du Geai du Rousset ont mis en place une pétition.

Avant même la réunion, la vingtaine de personnes, réunie samedi soir à l’invitation du groupe libertaire de Saône-et-Loire au café Les Hirondelles, avait une idée bien arrêtée concernant la construction d’un Center Parcs au Rousset, commune rurale située à une trentaine de kilomètres de Cluny.

Qu’importe, ils ont écouté attentivement la demi-douzaine de membres du collectif Geai du Rousset, venue expliquer tout le mal qu’ils pensaient de ce futur site touristique, où devraient être construits près de 400 chalets et un “Aquamundo”, une vaste bulle tropicale hébergeant une « énorme piscine ». Un investissement total estimé à 170 millions d’euros.

« On n’en veut pas ! »

Habitant du Rousset « depuis plus de 30 ans », Chantal, membre de ce collectif créé en mai dernier, qui regroupe aujourd’hui plus de 70 personnes, s’est montrée claire : « Ce projet, on n’en veut pas ».

S’appuyant sur des données chiffrées, elle a dénoncé « un gaspillage d’argent public ». « Au total, le conseil général et la Région devront débourser près de 80 millions d’euros pour financer les équipements et les travaux de voirie, a-t-elle commenté. Cet argent investi au service de la multinationale Pierre et Vacances le sera au détriment d’autres projets et d’emplois utiles à la collectivité. »

L’argument de la création de 300 emplois a été rapidement balayé. « 60 % seront des emplois à temps partiel, a pesté Michel, membre du collectif. Sans oublier qu’ils reposent sur une fréquentation aléatoire du Center Parcs ». Enfin, l’impact de cette construction sur l’environnement a été dénoncé. « Ils vont détruire le paysage, a ajouté Michel. Sans compter les besoins insensés en eau potable et une consommation d’énergie délirante. »

Après le collectif, une association, “Pro-Geai du Rousset (sans Center Parcs)”, a été créée afin de « peser auprès des pouvoirs publics ». Après deux heures de discussion, certains participants ont avancé l’idée « d’occuper le site », à l’image de ce qui s’est passé à Roybon, dans l’Isère, où Pierre et Vacances souhaite construire un autre Center Parcs.

Une réunion publique du collectif se tiendra le 7 mars, à 16 heures, salle Justice de Paix.

Leur presse (LeJSL.com, Adrien Wagnon, 16 février 2015)

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[Ce que nous voulons] L’insurrection, dans les pensées, et dans les actes

Lettre ouverte à Isabelle Alonso et aux Chiennes de garde

À force (!) d’aboyer, vous êtes aphones : on ne vous entend plus.

À moins de ne fréquenter que des cafés littéraires à la mode, des plateaux télé branchés, qui pourrait valider vos efforts pathétiques pour exister ?

Acheter, ou même, voler, un de vos livres relève de l’insanité pure, quand, ici et maintenant, des arbres sont massacrés à seule fin de vous plaire : vous, celleux qui ont soif de notoriété et de gloire factice, voire virtuelle.

Ainsi, dans l’éventail de vos vains efforts pour « l’égalité » entre les deux genres : féminin, masculin,  dans votre dernière élucubration publiée, vous portez ce débat néo-féministe à forte connotation sectaire dans l’écrit et sa grammaire.

Ayant pour compagnon/es des chien/es que nous respectons, nous voulons vous signaler, d’abord, que vos copines Chiennes-de-garde de combats d’arrière-garde ont pour nous les mêmes relents nauséabonds que l’interjection qui organisa une riposte de la droite sarkosiste : « Pétain a laissé ses chiens ».

Quel besoin des animaux pour exprimer des ressentis humains ?

Nous voulons ici vous donner la libre conscience de votre ridicule :

Les anarchistes et libertaires des pays où sont pratiquées des grammaires « sexistes » (le masculin qui remporte…) publient depuis des années des textes réfléchis autant pour leur contenant que leur contenu : ille/s, celleux … les exemples ne manquent pas, mais nous savons, à votre crédit, que vous n’y avez/aurez pas accès.

Car, pour nous, ce que vous représentez, ainsi que : où vous vous présentez, ce n’est pas notre monde, ni aujourd’hui, ni, surtout, demain.

Ceci n’est qu’un avertissement : car pendant que vous pétez dans la soie ou le coton, nous chions au milieu du salon. Ce que nous voulons ? L’insurrection, dans les pensées, et dans les actes.

Cyniques anarchistes

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Rapport sur des interventions policières lors du « Karnaval des gueux » à Montpellier le 17 février 2015

France, Montpellier : flics anti-émeute et BAC attaquent Carnaval de Gueux

Cette entrée de Facebook ne dit rien sur ce qui est arrivé, et celui-ci même moins : “Il n’y a pas eu d’incidents majeurs, contrairement aux années précédentes lors du traditionnel Carnaval des Gueux, qui a commencé hier soir pour s’achever en début de nuit, dans l’Écusson, à Montpellier. Plusieurs centaines de personnes ont défilé dans les rues. Selon le Codis 34, seuls 5 secours à personnes ont été effectuées par les pompiers et les médecins du Smur pour des alcoolisations importantes. D’importantes forces de sécurité — policiers de la Sécurité publique, police municipale et gendarmes mobiles — ont été mobilisées. Les policiers ont eu à intervenir, mais pour des motifs bénins. Le bilan dressé par la police et la préfecture sera connu dans la matinée.”

Ceci est, sans surprise venant des médias, menteurs professionnels des conneries merdeux (pour reprendre la terminologie marxiste).

Ce carnaval, d’abord initié par des anarcho-situs il y a environ 15 ans, coïncide avec le carnaval officiel. Mais l’officiel a pris fin à 21 heures (17 février), alors que l’autre s’est poursuivit dans la nuit avec beaucoup de gens faisant des graffitis. “Je suis Charlie Bauer” était un des favoris. La fête s’est terminée à l’extérieur de la cathédrale Saint-Pierre, un mémorial dédié au catholicisme, dominant, presque écrasant, au-dessus de la foule comme une pierre tombale gigantesque. Ici, à environ 2h00, une centaine de personnes ont dansé, bu, fumé et bavardé. Un feu de joie a été allumé sur la place devant les portes principales de la cathédrale, avec une planche de bois à travers celui-ci équilibrée sur des chariots renversés, où les gens marchaient dans le feu brûlant en dessous. Principalement des jeunes arrachant un certain sens de la joie hors de ce monde mourant ont été  observées avec ressentiment par le BAC (la plus psychotique de la police, mise en place par le gouvernement du Parti socialiste de Jospin dans les années 1990), en attendant le moment où ils pourraient compenser leur ennui par ce rappel d’un savoir-vivre qui leur manque. Une bouteille ou deux ont été jetés vers les flics chargeant la foule et tentent d’interpeller les lanceurs de bouteilles, qui – avec l’aide des gueux – réussissent à s’échapper.

Finalement, la BAC a attaqué, frappé avec leurs matraques, puis courageusement se replier derrière les flics anti-émeute avec leurs boucliers et des chiens alsaciens qui s’avançaient assez lentement pour dégager la place. Un homme avec des béquilles tentant lentement de fuir les flics a été poussé sur les escaliers, trébuchant et a reçu des coups de pieds par les flics avant d’être tiré vers le haut par des amis. L’ensemble de l’espace a été envahi par les flics, avec une seule sortie, où la foule – de plus en plus faible – a été repoussée. Les flics sont restés encore pendant une courte période donnant la possibilité d’improviser des barricades purement symboliques qui étaient évidemment aussi facile à détruire qu’un jeu de Lego. Puis, ils ont chargé, cette fois utilisant des gaz lacrymogènes directement sur les visages des personnes, frappant indistinctement, poussant les gens au sol. Trois arrestations… “Les policiers ont eu à intervenir, mais pour des motifs bénins.”

Dialectical Delinquents, 18 février 2015

 

Le Karnaval des Gueux, dégradations et affrontements avec la police

18/02/2015 – 18h30 Montpellier (Lengadoc-info.com) – Comme chaque année, les rues de Montpellier ont accueilli hier soir le Karnaval des gueux, la grande fête annuelle des anarchistes montpelliérains et comme chaque année, les participants n’ont pas dérogé à la tradition des dégradations en tous genres et des affrontements avec les forces de l’ordre.

Le défilé en lui même s’est déroulé sans heurt, si l’on excepte les poubelles incendiées et les tags anti-policiers qui ont recouvert les murs du centre-ville.

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Slogans et symboles anarchistes et anti-policiers ont recouvert les murs de l’Écusson.

Un peu après 1 heure du matin, les premiers débordements ont eu lieu sur la place de la cathédrale Saint Pierre entre les participants et la BAC (Brigade Anti Criminalité) avant que cette dernière ne soit remplacée par les CRS qui ont procédé à l’évacuation de la place.

Si le nombre de participants semble en baisse par rapport aux éditions précédentes (vacances universitaires oblige), les forces de l’ordre étaient présentes en nombre dans les rues du centre-ville.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Lengadoc-info.com, 18 février 2015)

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[Metaltemple, Fumel] « … Si nous devons disparaître »

Les salariés menacent de faire sauter leur usine

Les salariés de l’usine Metaltemple de Fumel (Lot-et-Garonne), en grève depuis cinq jours, brandissent la menace de faire exploser des bouteilles de gaz dans l’entreprise s’ils n’obtiennent pas des indemnités satisfaisantes dans le cadre d’un futur plan social. « Aujourd’hui, nous n’avons plus rien à perdre. C’est pour cela que nous avons placé autour du bâtiment qui abrite une machine de Watt une dizaine de bonbonnes de gaz reliées entre elles et prêtes à exploser. Cette machine à vapeur de 1850, classée à l’inventaire des monuments historiques, disparaîtra si nous devons disparaître », a assuré à un correspondant de l’AFP Claude Garimbay, délégué CGT de Metaltemple.

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Le tribunal de commerce de Chambéry (Savoie), où se trouve le siège du groupe dont l’actionnaire principal est un ressortissant italien, Gianpiero Colla, doit se prononcer lundi sur une offre de reprise qui ne garderait que 29 salariés sur les 136 actuels. Si cette offre est rejetée, le tribunal pourrait prononcer la liquidation de cet ancien fleuron de l’industrie métallurgique française, basé à Fumel depuis 1847 et qui a employé directement ou indirectement jusqu’à 5500 personnes après-guerre, sous la bannière de Pont-à-Mousson, puis de Saint-Gobain. L’entreprise est en redressement judiciaire depuis novembre 2013 et 80 postes ont déjà été supprimés dans le cadre d’un Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE).

Rassemblée vendredi après-midi devant la mairie de Fumel, une centaine de salariés sont venus crier leur colère au député-maire UMP de la ville, Jean-Louis Costes : « Nous lui demandons de mettre la main à la poche pour aider les familles des salariés qui vont se retrouver sans rien. Et à travers lui nous interpellons l’ensemble des élus, les pouvoirs publics et les services de l’État ainsi que l’actuel actionnaire. Ils doivent tous se mobiliser pour proposer un plan social qui soit à la hauteur de la casse sociale à venir », a indiqué José Gonzalez, porte-parole de l’intersyndicale, qui réclame la mise en place d’indemnités supra-légales.

Leur presse (LeFigaro.fr avec l’Agence Faut Payer, 20 février 2015)

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[Toulouse] Le 21 février nous reprenons la rue

Retour des manifestants anti-Sivens samedi à Toulouse

24 heures avant la grande manifestation nationale des «zadistes» à Toulouse, l’inquiétude grandit en centre-ville, loin des revendications récurrentes des contestataires.

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Les manifestations du mois de novembre, à Toulouse, furent un moment de victoire pour beaucoup de gens, malgré les arrestations, les blessures et les gaz, la rue nous a appartenu, le 21 nous la reprendrons… | VOIR LA VIDÉO

Les «zadistes» sont de retour. Demain, tous ceux qui estiment avoir une «zone à défendre», les anti-Sivens bien sûr, mais également les opposants à la future Technopole d’Agen ou à l’Aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), se sont donné rendez-vous derrière la place du Capitole, à partir de 14 heures, dans un square Charles-de-Gaulle qui s’annonce plein comme un œuf.

Combien seront-ils seulement à se rassembler, ces «zadistes» qui auront convergé depuis plusieurs points de France, d’Albi, d’Agen, de Pau, mais aussi de Montpellier ou de Marseille ? Le rassemblement est déclaré en préfecture, et, pour la première fois, la manifestation devant s’ensuivre n’a pas été interdite, même si celle-ci sera fortement encadrée par les forces de police (lire par ailleurs).

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Quelques conseils juridiques | VOIR LE TRACT

Les «zadistes» reviennent à Toulouse pour deux raisons officielles majeures : la lutte contre le «monde des bétonneurs», mais aussi celle contre les «violences policières», un point sur lequel la préfecture n’aurait pas été alertée (lire également par ailleurs). Elsa, dont la main avait été atteinte par une grenade policière lancée dans une caravane le 7 octobre 2014 (soit 19 jours avant la mort de Rémi Fraisse), fait spécialement le déplacement depuis Marseille. Elle et ses amis sont signataires de l’appel à la manifestation de demain. Où ils haranguent clairement : «Il est essentiel de rappeler que c’est l’État qui se place en agresseur de par la violence sociale qu’il impose et la répression systématique qu’il met en place. N’oublions pas que souvent des lacrymogènes pleuvent avant les pavés…»

Centre-ville à éviter

Le ton est donné. Tant les promeneurs du samedi après-midi que les commerçants, lassés par les manifs à répétition de l’automne dernier (lire ci-contre), redoutent le retour des «zadistes». Hier, bon nombre de commerçants commençaient déjà à se protéger d’éventuelles échauffourées en installant des panneaux ou des rideaux protecteurs, sur l’ensemble du parcours prévu de la manif [Rue d’Alsace-Lorraine, boulevard de Strasbourg, Monument-aux-Morts, rue de Metz, rue du Languedoc, place du Salin]. «On n’est pas à l’abri d’un défilé musclé en centre-ville», confie ce propriétaire de boutique de prêt-à-porter de la rue d’Alsace-Lorraine. Un centre-ville toulousain où il ne fera sans doute pas bon circuler demain après-midi. Avec en filigrane la menace éventuelle d’un nouvel arrêt du métro, cela avait été plusieurs fois le cas en novembre.

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Vers une nouvelle course-poursuite provocation demain entre «zadistes» et forces de l’ordre ?

«On vient avant tout pour faire écho à la grande manif de Nantes de l’an passé, en pensant aussi à l’actualité récente», glisse Camille. Outre une première décision d’expulsion des «zadistes» du 10 février, ceux-ci ont pris comme un camouflet la nouvelle décision du tribunal d’instance d’Albi de lundi dernier de les chasser de la «métairie», lieu emblématique de cette zone du Testet/Sivens, qu’ils occuperont du reste dès le lendemain de la manif de Toulouse. Toujours pour dire «non» au barrage de Sivens.

Le mois de novembre dans le rétroviseur des Toulousains…

Demain, les «zadistes» manifesteront pour dénoncer les violences policières, dès 14 heures, à la sortie de la station de métro «Capitole» (ligne A). Des manifestations aux revendications similaires avaient déjà eu lieu l’automne dernier dans le centre-ville toulousain pour dénoncer ces violences policières survenues sur le chantier du barrage de Sivens, violences qui avaient causé la mort du militant Rémi Fraisse. Ces manifestations, souvenons-nous, avaient causé des dégâts importants, provoquant l’arrêt total du métro et des bus pendant plusieurs heures. Des perturbations qui avaient touché Toulouse durant trois samedis de suite (les 8, 15 et 22), au grand dam des commerçants, qui s’estiment aujourd’hui encore lésés par le manque à gagner subi à quelques semaines des fêtes de fin d’année. Notons qu’au lendemain de leur manifestation prévue ce samedi, les «zadistes» se rassembleront sur la zone du Testet, dès dimanche matin «pour la construction d’un chantier et pour poursuivre nos rencontres», précisent-ils dans un communiqué.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Xavier Hurtevent et P.M., LaDepeche.fr, 20 février 2015)

 

Forte mobilisation policière attendue

Selon la préfecture, «un dispositif policier important» est attendu, demain, dans les rues de Toulouse pour encadrer la manifestation des «zadistes», prévue dès 14 heures, autour du square Charles-de-Gaulle, derrière le Capitole.

Fin novembre, l’un des derniers rassemblements avait mobilisé pas moins de 400 policiers et gendarmes mobiles. Au cours de cette manifestation, seize personnes avaient été interpellées pour des dégradations en tout genre. Certains ont écopé d’une peine de prison ferme.

Demain, un hélicoptère de la gendarmerie, prêt à décoller en cas débordement, viendra se greffer au vaste service de sécurité déployé tout autour de la ville. Avec les CRS et les gendarmes mobiles, des effectifs de la brigade anticriminalité (BAC), de la compagnie de sécurisation et d’intervention (CSI) viendront compléter le dispositif. Des modes d’intervention spécifiques sont prévus pour parer à tous débordements et faire face à tout début d’incidents.

Hier matin, les services de la préfecture ont enregistré le dépôt de déclaration de manifestation émanant du collectif des «zadistes». Ce nouveau rassemblement intervient alors que la justice tarnaise vient d’ordonner l’évacuation partielle d’un terrain occupé par les anti-Sivens, où un projet de construction de barrage cristallise toujours de fortes tensions. Ces manifestants se rassemblent également demain pour afficher leur soutien à toutes les «zones à défendre», en France.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (F. Ab., LaDepeche.fr, 20 février 2015)

 

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Olivier Delcayrou

«Le contexte est très différent de novembre»

Olivier Delcayrou, directeur de cabinet du Préfet de Région, revient sur le dispositif mis en place à l’occasion de cette manifestation. Les forces de l’ordre seront vigilantes mais l’inquiétude est moindre qu’au mois de novembre.

La manifestation prévue demain à Toulouse est-elle interdite par les services de la Préfecture ?

Les organisateurs de cette manifestation ont fait une déclaration auprès de nos services avec un parcours en centre-ville depuis le square De Gaulle, derrière le Capitole, jusqu’à la place du Salin, en passant par la rue Alsace-Lorraine, le boulevard de Strasbourg, le monument aux Morts, la rue de Metz et la rue du Languedoc. Ces personnes se sont engagées, nous n’avions pas de raison de l’interdire.

Doit-on craindre, comme certains commerçants, des débordements similaires à ceux que nous avons connus au mois de novembre ?

Le contexte pour nous est totalement différent. D’une part parce qu’il y a cette déclaration et d’autre part parce que c’est un appel de soutien aux ZAD uniquement. Nous n’avons pas identifié de velléités de manifestation contre les violences policières comme au mois de novembre.

Le dispositif policier sera-t-il pour autant plus léger ?

Il y aura un dispositif important mais je ne peux pas vous donner de chiffres à ce sujet. Nous serons vigilants. Le dispositif sera déployé tout au long du parcours pour assurer à la fois la sécurité des manifestants et celle des nombreux passants qui risquent d’être présents ce samedi en centre-ville. Il y aura du monde sur le terrain. Le Préfet lui aussi sera présent en salle de commandement.

À cet égard, invitez-vous les Toulousains à ne pas se rendre dans le centre-ville ce samedi ?

Non pas du tout, comme je vous l’ai dit, le contexte est différent de celui de novembre.

Combien de manifestants sont attendus ?

Il est difficile aujourd’hui (N.D.L.R., hier), de savoir s’il y aura beaucoup de personnes. Le chiffre de la participation est difficile à évaluer.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (propos recueillis par Claire Lagadic, LaDepeche.fr, 20 février 2015)

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[ZAD des Chambarans] Communiqué du 17 février 2015

Communiqué du 17 février 2015

Bonjour,

Ici la neige fond, mais la motivation ne diminue pas. Les constructions se complexifient autant que la surveillance et les contrôles des forces de gendarmerie. L’agence « Alternative Sécurité » fidèle à son poste continue de nous imposer sa présence qui n’a d’éblouissante que la lumière de ses phares.

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Coucher de soleil sur la forêt des Chambarans

Lorsqu’ils ne bloquent pas les routes, en procédant à des fouilles, aidés de leurs chiens renifleurs, les gendarmes se baladent, niant le droit à la circulation, afin de constater, au même titre que l’huissier, que nous sommes toujours là, et que nous ne bougerons pas.

Après un week-end voulu violent par les anti-zadistes et répressif par les arrêtés préfectoraux et municipaux bloquant les accès à la ZAD Roybon ; après une semaine de réflexions avec les gens des environs et de travaux d’avenir de notre côté, nous nous étonnons de l’engouement soudain de nos opposants pour cette violence physique.

Une coïncidence des calendriers avec des prochaines élections départementales (ex-cantonales) où seront élus les futurs conseillers généraux, si importants à notre quotidien, notamment lorsqu’il s’agit de voter les subventions aux grandes entreprises… Une coïncidence aussi sans doute avec les récentes attaques des pro-barrages sur le site de Sivens et le rapprochement, sur les réseaux sociaux, des pro-barrages et des pro-Center Parcs (surtout anti-zadiste)…

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Capture d’écran du groupe FaceBook « Oui au Center Parcs »

L’heure est donc à l’abus de pouvoir autour de la ZAD Roybon. Notamment avec l’annulation, à Viriville, de la location d’une salle des fêtes à l’organisation du Carnaval des Grenouilles, dans le cadre de la journée mondiale pour les zones humides.

Cette annulation s’est faite quelques jours à peine avant la tenue de l’événement, via une annonce sur les différents sites de la mairie. Considérée comme une action d’opposition au projet de Center Parcs, cette manifestation pédagogique et ludique devait porter sur la question des zones humides de la région en général.

Nous apportons notre soutien aux organisateurs et nous nous indignons de ce coup porté à la liberté de réunion, d’association et d’expression. Nous tenons à rappeler que l’association Vivre en Chambaran n’avait, elle, pas eu les mêmes problèmes pour organiser sa réunion anti-zadistes dans une salle communale de Roybon. Deux poids, deux mesures et un même faux semblant de démocratie…

Nous continuons cependant à recevoir autant de visiteurs, comme hier après-midi, où 7 véhicules occupés par des curieux sont venus faire demi-tour dans le champ du voisin de la Barricade Sud. Surpris par notre superbe Château Fort de Camp à Gnole, ils ont demandé en passant ce que c’était que ce « bordel »… ?

Nous vous invitons vous aussi à venir contempler nos constructions et participer à cette nouvelle expérience de vie qui tend la main à une autonomie qui, nous l’espérons fleurira avec le printemps…

À bientôt dans les bois…

Les Mutines et les Lutins de la forêt des Chambaran

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[Se défendre de la police] Depuis la mort de Rémi Fraisse, combien de manifestations interdites, combien d’arrestations préventives ? (2)

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[La police travaille à Romans-sur-Isère] Justice pour Elyès

Mort d’Elyès — 14 ans — à Romans-sur-Isère : Appel à une marche blanche

Elyès — 14 ans — est décédé suite à une course poursuite, dimanche dernier dans l’accident d’une voiture volée qu’il conduisait alors qu’il était traqué par la BAC.

Cet événement a provoqué la réaction de la population du quartier de la Monnaie, à Romans-sur-Isère.

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Lundi soir à la Monnaie

La contestation a débuté vers 19 heures quand des groupes d’habitant-e-s ont commencé à se rassembler dans le quartier de la Monnaie, d’où était originaire l’adolescent décédé, et où quelque 50 CRS avaient été déployés, appuyé par le Groupe d’Intervention Départemental (GID). C’est alors que plusieurs dizaines de personnes ont tenté d’organiser une expédition au commissariat de police, dans le centre-ville. Une cinquantaine d’entre eux a tenté de pénétrer dans le commissariat, et l’un d’elles/eux a été interpellé.

C’est sans rappeler, que depuis plusieurs semaines la maire de Romans a fait appel au préfet pour qu’il sécurise ce quartier dit « sensible ».

Comme par exemple, des unités de CRS se postent régulièrement aux abords du secteur, dans un but de flicage de la population.

Puis, la menace présente du tout sécuritaire qui se profile à l’horizon, par l’installation de nouvelles caméras de surveillance un peu partout dans la ville et dans les quartiers de l’agglomération.

Les jeunes en colère sont ensuite repartis vers leur quartier, brisant au passage une quinzaine de vitrines. La soirée a ensuite été distinguée d’incidents, jusqu’aux environs de 2 heures du matin, dans le quartier de la Monnaie, où au moins quatre voitures ont été incendiées, ainsi qu’une dizaine de poubelles-conteneurs.

Les flics ont répliqué notamment avec des gaz lacrymogènes et des flash-balls.

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Ibidem

Dans la mesure où, madame la maire, Marie-Hélène Thoraval (dit de centre-droit voire d’X-droite dans ses méthodes), applique une politique autocratique et tyrannique vis-à-vis de sa population depuis le début de son mandat, printemps 2014.

En conséquence, les Romanais-es voient les subventions dédiés à la culture, aux MJC, aux maisons de quartiers diminuées de 40 à 60%, par ricochets, ou supprimées.

Comme la fermeture de la Maison de la Nature et de son parc, pour faire un futur lieu commercial de ce patrimoine collectif exceptionnel. Cette décision va priver les Romanais-es de 500 m de quais de l’Isère.

Malgré que, près de 600 personnes se sont réunies le samedi 6 décembre pour protester contre la baisse des aides, auparavant accordées par la mairie de Romans-sur-Isère. Les manifestants sont venus avec des “bouteilles à la maire”, contenant un message pour l’édile romanaise. En tout, les organisateurs en ont récolté près de 2000.

En outre, ces habitant-e-s luttent contre le projet de construction du Center Parcs sur le plateau des Chambarans.

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Ibidem

Appel au calme du grand-père d’Elyès :

Elyès vivait chez son grand-père depuis une dizaine d’années. Il a appelé les jeunes du quartier au respect et à la retenue, en mémoire de son petit-fils.

Il demande aux jeunes de ne pas mettre d’huile sur le feu. Il participera lui aussi à la marche blanche. Elyès devrait être prochainement inhumé en Algérie, le pays d’origine de ses parents.

Une marche blanche en hommage à la victime est organisée demain [18 février] à 14h30 au départ de la gare de Romans. Elle partira de la place Hector Berlioz et sillonnera le quartier avant une halte devant le lieu de l’accident.

Et samedi 21 février départ du carnaval à Romans, et rappelons qu’en 1580 il se termina dans le sang.

La lutte continue…

Rebellyon, 17 février 2015

 

Romans-sur-Isère
Plus de 300 personnes marchent pour Elyès à la Monnaie

Un cortège de plus de 300 personnes s’est réuni ce mercredi à 14h30 au départ de la place Hector-Berlioz, au cœur du quartier de la Monnaie, à Romans-sur-Isère.

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Une marche blanche organisée par la famille et les proches d’Elyès, 14 ans, décédé dimanche dans un accident, alors qu’il roulait à bord d’une voiture volée. La foule a sillonné le quartier et s’est réunie devant les lieux du drame, où ses proches ont déposé quelques fleurs, et pris la parole en sa mémoire.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (LeDauphine.com, 18 février 2015)

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[Samedi 28 février à Montoison, près de Valence (Drôme)] Concert de soutien aux prisonnier-e-s et à leurs proches

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Reçu le 16 février 2015

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[Grèce] Syriza travaille

Grèce : le gouvernement Syriza propose un ex-ministre de droite à la Présidence de la République

Athènes – L’ex-ministre conservateur Prokopis Pavlopoulos sera le candidat du nouveau gouvernement de gauche radicale à la présidence de la République grecque, a annoncé mardi le Premier ministre Alexis Tsipras.

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7 décembre 2008, Athènes, Grèce – Un officier de police pointe son arme en direction des manifestants alors qu’un autre simule l’action de tirer lors du 3e jour d’émeutes après la mort du jeune Grigoropoulos.

L’élection du président par les 300 députés du Parlement grec est prévue mercredi à 17h30 GMT.

Nous avons besoin d’un président qui ait une sensibilité démocratique, un sentiment élevé de conscience nationale et qui soit accepté par le plus grand nombre au Parlement, a commenté M. Tsipras lors d’un discours devant son groupe parlementaire, Syriza.

La réputation de M. Pavlopoulos au sein de la droite a été doublement entachée fin 2008, lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, par des émeutes dans toute la Grèce qui ont duré plus d’un mois, après la mort d’un lycéen de 15 ans tué par un policier à Athènes. Mais ses soutiens louent sa finesse diplomatique.

Leur presse (Romandie.com) via Des nouvelles du front, 18 février 2015

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[Appel pour le procès de Clichy-sous-Bois] Rencontres à Rennes, du 16 au 20 mars 2015

APPEL À LA SEMAINE DE RENNES

27 octobre 2005, Clichy-sous-Bois. Coursés par cinq « gardiens de la paix » pour un vol imaginaire, Zyed Benna et Bouna Traoré meurent dans le transformateur où ils pensaient trouver refuge. Un de leur ami sera grièvement brûlé.

Du 16 au 20 mars 2015 se tiendra à Rennes le procès de deux policiers (sur deux équipages) impliqués dans la poursuite des deux jeunes, inculpés pour « non-assistance à personne en danger » – un flic qui, selon ses propres mots, « ne donne pas cher de leur peau s’ils sont rentrés sur le site EDF » et la standardiste qui a reçu ce message radio.

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VOIR LE TRACT

La faiblesse des charges retenues, la longueur de la procédure et le faible nombre de policiers à se retrouver devant le tribunal parlent d’eux-mêmes : ce n’est pas dans les tribunaux que s’établissent justice et vérité.

Pour autant, l’action de la police n’aura pas été vouée à l’impunité. Dès le soir de la mort de Zyed et Bouna, c’est Clichy-sous-Bois qui s’embrase. Puis la France entière, de proche en proche, de ville en ville. La réaction dépassera comme jamais les frontières d’un quartier. Ce sont des milliers de jeunes qui saisiront l’occasion de prendre leur revanche sur les coups de pressions quotidiens des policiers, cette même pression que fuyaient Bouna et Zyed en ce soir d’octobre 2005.

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VOIR LE TRACT

Les incendies de 2005 marqueront une génération entière, bien au-delà de ceux qui y ont participé activement. En témoigneront, l’année suivante, la forme profondément offensive du mouvement anti-CPE et un rappel systématique à leur mémoire, d’Athènes à Ferguson, et encore hier pendant le mouvement ayant suivi la mort de Rémi Fraisse.

« La police est la police de la République. Elle assure l’ordre de la République. Si elle ne le faisait pas, quel ordre lui succéderait ? Celui des mafias ou des intégristes. »
N. Sarkozy, tribune dans Le Monde, 6 novembre 2005.

S’il n’y a pas grand chose à attendre de la justice en général et de ce procès en particulier, il y a par contre à saisir l’occasion d’invoquer à nouveau le souvenir d’octobre et novembre 2005. Et il est d’autant plus pressant de le faire dans la France post-attentats, où la police est plus que jamais présentée comme la seule alternative à la « barbarie ».

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Les dernières lois sécuritaires votées et celles qui se préparent élargissent encore le pouvoir de la police, en espérant prolonger de quelques années l’ordre qu’elle défend. Un ordre si mal assuré, dont le maintien est si hystérique qu’il en arrive à reposer sur le « traitement » d’ennemis intérieurs âgés de huit ans. Le monde de la police c’est la paranoïa, l’angoisse de la menace – extérieure et intérieure – qui vient masquer et justifier sa propre violence : ici on ne décapite pas, mais on décide d’envoyer des drones abattre les familles des terroristes ; ici, on n’oblige pas les femmes à porter le niqab, mais on n’accepte que les musulmans prêts à se moquer de leur prophète et les musulmanes qui ne portent pas le voile. La meilleure façon de se défaire de la police, c’est de faire exister d’autres mondes.

Il y a bien des voies pour cela. Réagir quand l’action policière va jusqu’à la mort en est une. À chaud, comme en novembre 2005, comme à l’automne 2014, après la mort de Rémi Fraisse, tué par un gendarme mobile dans le Tarn. Mais pas seulement, et c’est l’enjeu des rencontres prévues à l’occasion du procès de Rennes.

Ne pas oublier, d’abord. Ne pas laisser les années et la rotation des gros titres enterrer nos morts. Rappeler que quelle que soit l’issue de ce procès, qui débouchera sans doute sur une relaxe ou une peine symbolique, nous serons toujours nombreux à croire en la vérité des proches plutôt qu’à celle d’une institution qui ne fait que cautionner les exactions qu’elle commet.

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Saisir chaque occasion pour mettre en discussion l’existence de la police : il y a eu les occupations, les rassemblements et les émeutes pour Rémi Fraisse, il y a la semaine contre les violences policières à Nantes du 16 au 21 février. Il y en aura d’autres qui suivront cette semaine du 16 au 20 mars à Rennes. Se rencontrer et s’appuyer sur ce qui existe déjà pour échanger sur ce qu’est la police, sur les moyens de faire avec, de faire contre, de faire sans. Faire se croiser les expériences des ZAD, d’auto-organisation dans les quartiers, d’auto-défense juridique et pratique.

Reprendre la parole, arriver à réfléchir ensemble et sortir du régime de l’émotion après des semaines de glaciation de la pensée sous les discours unanimistes et républicains.

MANIFESTATION MERCREDI 18 MARS À 15H, AU DÉPART DE LA CITÉ JUDICIAIRE

Dix ans après l’incendie, 10 février 2015

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[L’histoire du terrorisme est écrite par l’État] Le marché de la vidéoprotection dans le Boulonnais

La vidéoprotection tisse sa toile dans les communes du Boulonnais

Souriez (ou pas), vous êtes de plus en plus filmé quand vous vaquez à vos occupations dans le Boulonnais. Vingt ans après l’apparition des premières caméras sur le secteur, même les plus petites communes s’équipent en systèmes de vidéoprotection. Focus sur trois cas de figure.

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Les avant-gardistes

Dans le Boulonnais, Saint-Léonard fut la première commune à ouvrir ses rues à la vidéoprotection, il y a plus de 20 ans. Pas étonnant qu’elle soit aujourd’hui l’une des mieux équipées, avec vingt caméras sur son territoire. Elles sont situées « essentiellement autour des bâtiments publics et sur les voies piétonnes un peu isolées, pour éviter les histoires, explique le maire, Jean-Loup Lesaffre. À chaque fois qu’on réalise un nouvel équipement, on y implante une nouvelle caméra. On en a une ou deux en projet. » Il y en aura par exemple au niveau de la coulée verte qui devrait être aménagée en 2015-2016.

Équihen-Plage fut la deuxième commune à suivre. Christian Fourcroy, le maire, avait choisi cette option après une série de dégradations, « pour protéger les biens de la commune ». Et à l’écouter, ça a marché. Aujourd’hui, on voit des caméras partout : au cimetière, au stade et même aux abords de l’église. À l’entrée du camping, ce sera pour bientôt.

Les converties

Boulogne a mis du temps à se décider face aux réticences dogmatiques de Frédéric Cuvillier. Elle a fini par se convertir à la vidéoprotection sous l’aire de sa maire intérimaire Mireille Hingrez-Céréda. Désormais, huit caméras équipent le centre-ville, ce qui en fait la commune la moins bien pourvue du secteur (une caméra pour 5350 habitants). Dix autres seront bientôt installées.

Wimille et Desvres feront également bientôt partie du clan. Pour répondre à la demande des riverains, une première caméra surveillera bientôt le quartier de la Colonne à Wimille. Quant à Gérard Pécron, le maire de Desvres, il était contre la vidéo au départ, mais les gendarmes l’ont convaincu et il a fini par changer d’avis pour lutter contre les dégradations récurrentes. On ne sait pas encore combien de caméras seront installées, mais le centre-ville sera bientôt équipé aux abords de l’hôtel communautaire, de l’église et de la mairie.

Les résistantes

D’autres mairies opposent une farouche résistance à la vidéoprotection, à l’instar de Saint-Étienne-au-Mont. « Ça se passe bien, je ne vois pas ce que ça nous apporterait, clame la maire, Brigitte Passebosc. On subit bien sûr quelques incivilités mais dans les communes où il y a de la vidéosurveillance, la délinquance n’a pas cessé. » L’élue évoque aussi « une question d’éthique ». « On est déjà suivis partout ! On n’envisage pas de rentrer dans le système, c’est une question de principe. Je préfère travailler sur l’éducation à la citoyenneté. Sans oublier que la vidéosurveillance a un coût, et ce n’est pas notre priorité. »

Sans y être hostile, le maire d’Isques, Bertrand Dumaine, n’envisage pas pour l’instant d’avoir recours à la vidéo. « Le besoin ne s’en fait pas ressentir. Je n’ai pas reçu de demandes en ce sens et nous n’avons pas de lieux qui posent problème. » C’est le cas aussi de nombreuses communes rurales comme Hesdigneul, Wissant, Ambleteuse, Audinghem…

Publié par des larbins de la maison Poulaga (lavoixdunord.fr, 16 février 2015)

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[Se défendre de la police] Depuis la mort de Rémi Fraisse, combien de manifestations interdites, combien d’arrestations préventives ?

Le droit de manifester aboli par la préfecture ?

Deux personnes ont été arrêtées et placées en garde-à-vue après la manifestation. Nous exigeons leur libération immédiate.

Nous étions 200 environ à manifester contre les violences policières ce samedi 14 février à Montreuil.

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Au départ, devant le lycée Jean Jaurès, le père de Geoffrey a lu un texte rappelant qu’ici-même son fils avait été gravement blessé au visage et à l’œil suite à un tir de flashball lors du mouvement contre la réforme des retraites. Ensuite, le Collectif huit juillet a rappelé que cette marche s’inscrivait dans une semaine de lutte contre le flashball et les violences policières, initiée par l’Assemblée des blessés, des familles et des collectifs contre les violences policières. D’autres personnes ayant perdu un proche tué par la police s’étaient également jointes à cette initiative.

Vers 15h, le cortège s’est joyeusement ébranlé scandant à tue-tête « Mais que fait la police ? Ça crève les yeux ! ». Il n’a pas fallu attendre 300 mètres pour que la police nous bloque et nous encercle à l’intérieur d’une nasse pendant plus de trois heures. Sur ordre de la préfecture, la manifestation était interdite. À l’interdiction s’est ajoutée l’humiliation, quand trois heures plus tard, chaque manifestant a pu sortir de la nasse moyennant une fouille au corps. Malgré cette démonstration de force nous avons tenu, et c’est là, encadrés par des dizaines de gardes mobiles que nous avons partagé le goûter prévu à cette occasion et que différentes personnes ont témoigné au micro et pris la parole publiquement à propos des violences et de l’impunité policières.

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Depuis la mort de Rémi Fraisse, combien de manifestations interdites, combien d’arrestations préventives ? L’État français a beau se présenter comme le grand défenseur des libertés publiques, il ne se passe pas un jour sans qu’il les remette en cause. Une fois encore, ce samedi 14 février, la possibilité de manifester a été remise en cause.

Cette manifestation posait visiblement problème. Parce qu’elle était portée par les premiers concernés, ceux qui dans leur corps, dans leur famille, dans leur entourage ont subi la violence policière. Parce qu’elle avait lieu dans une ville populaire où, à l’exemple de tant d’autres, cette violence se répète impunément. Parce qu’à rebours des grands appels à l’unité nationale, elle témoignait de la légitime défiance envers des institutions de plus en plus violentes.

Nous continuerons à raconter nos histoires, à les rendre visibles dans les villes et les quartiers où nous vivons. Nous continuerons à nous rencontrer et à nous organiser pour faire face aux violences policières. Nous ne nous laisserons pas gouverner par la peur.

Collectif huit juillet et les proches de Geoffrey, 16 février 2015

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[L’histoire du terrorisme est écrite par l’État] La police travaille à Elbeuf

http://juralib.noblogs.org/files/2015/01/0311.jpgPoursuivi pour apologie de terrorisme au tribunal correctionnel de Rouen

Ambiance

Quand l’exception devient la norme, alors ce qui était la norme devient l’exception. Quand le délire devient courant, ce qui lui y échappe se fait rare. C’est pourtant ce qui s’est passé ce 10 février au tribunal correctionnel de Rouen, où Franz Petermann, un jeune Elbeuvien de 24 ans, est poursuivi pour « outrage à une personne dépositaire de l’autorité publique », « menace de mort à l’encontre d’un dépositaire de l’autorité publique » et surtout « apologie directe et publique d’un acte de terrorisme.

La nouvelle norme en terme de lutte contre « l’apologie d’acte de terrorisme », c’est la généralisation de cette tendance qui consiste aussi bien à condamner n’importe quelle provocation débile et parfois alcoolisée, qu’à auditionner des enfants pour des paroles confuses. Le terrain avait déjà été préparé par la loi du 14 novembre 2014 sur « la lutte contre le terrorisme » qui inscrit l’apologie d’acte de terrorisme au code pénal alors qu’elle était auparavant sanctionnée par la loi de 1881 sur la liberté de la presse. Ce qui était un délit de presse devient alors un délit de droit commun : la comparution immédiate et le placement en détention provisoire sont dorénavant possible. Tendance renforcée encore par la circulaire du 12 janvier de la ministre de la justice Christiane Taubira qui demande aux parquets de faire preuve de réactivité, de vigueur et de fermeté face à « l’apologie du terrorisme ». Apparemment, les procureurs et les juges auraient bien reçu le message.

Stationnement gênant

Les choses ne se présentaient donc pas très bien pour Franz Petermann. Au départ, l’affaire est d’une banalité confondante. Il s’agit d’une dispute entre un conducteur et un policier. Le 13 janvier dernier, cet habitant de Saint-Pierre-lès-Elbeuf dépose sa femme devant la CAF d’Elbeuf (Seine-Maritime) et il l’attend dans sa voiture en compagnie de leur plus jeune fils âgé de 2 ans, sans prendre le temps de se garer convenablement. Mais le hasard veut qu’il se trouve à proximité du commissariat d’Elbeuf, qui comme tous les commissariats de France a reçu des consignes très strictes concernant le plan Vigipirate. Un jeune policier à la nuque rasée et à la moustache affûtée, équipée d’un gilet pare-balle et d’une mitraillette prend son travail au sérieux et veille à la sécurité de la rue de la Prairie. Il lui fait signe de se déplacer, en vain. Secondé par un collègue, et toujours équipé de sa mitraillette « qui n’est pas une Kalachnikov » tient-il à préciser au procès, il vient alors lui demander expressément de « dégager ». Le jeune homme estimant que sa femme va arriver exprime son refus. Le policier décide alors de le contrôler. La tension monte. Un « Je ne bougerai pas connard ! » serait lancé. Les policiers le sortent alors énergiquement de la voiture, à l’arrière de laquelle se trouve toujours son fils. Ça monte d’un cran encore. Il s’énerve. Ses propos méritent l’interpellation estiment nos gardiens de la paix. Il est menotté et emmené en GAV, auditionné puis placé en détention pour apologie d’acte de terrorisme en attendant son jugement.

Entreprise terroriste

Il faut dire qu’entre-temps les policiers ont eu le temps de se rendre compte qu’ils n’avaient pas à faire à un « client » ordinaire. En effet, Franz Petermann est sous contrôle judiciaire et mis en examen pour « association de malfaiteurs en vue d’une entreprise terroriste » depuis novembre 2014 – c’est d’ailleurs dans ce commissariat d’Elbeuf qu’il doit se rendre toutes les semaines pour son contrôle judiciaire, raison pour laquelle le prévenu laisse entendre qu’il aurait été reconnu dès le départ par les policiers. En effet, le 4 novembre à 6 heures du matin, les hommes du RAID et de la DGSI ont débarqué à son domicile où il vit avec sa femme et ses deux enfants. Le grand jeu donc : porte défoncée, policiers masqués, mitraillette au poing encore. Sa femme et sa belle sœur sont arrêtées en même temps que lui. Puis son frère qui se rend de lui-même au commissariat quand il apprend qu’il est également recherché. Âgés de 22 à 26 ans, ils sont soupçonnés d’appartenir à une filière jihadiste et d’organiser leur départ en Syrie au motif qu’ils sont en contact avec des Elbeuviens qui sont sur place, dont un certain Maxime Hauchard, originaire de Bosc-Roger-en-Roumois à 12 km de Saint-Pierre-lès-Elbeuf, reconnu sur une vidéo de Daesh qui met en scène la décapitation de 18 otages syriens et d’un américain. 12 km ! Il existe des proximités géographiques moins embarrassantes.

La suite est faussement classique : ils sont transférés au siège de la DGSI à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) pour un GAV anti-terroriste de 96 heures. Le frère et les deux jeunes femmes sont relâchés sans poursuite et seul Franz Petermann est mis en examen et placé sous contrôle judiciaire. Pour Xavier Nogueras, habitué à de telles affaires puisqu’il défend nombre de présumés terroristes, depuis mai 2014, les vidéos des premières décapitations et l’affaire Nemmouche, la norme absolue en matière d’anti-terrorisme c’est le placement systématique en détention. Être suspecté de terrorisme suffit pour être emprisonné. Et tant pis si « l’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » s’applique aussi bien aux Nemmouche, Kouachi et consorts, qu’à ceux qui partent en Syrie pour revenir déçus et « repentis » cinq semaines plus tard et se « prendre entre quatre et sept ans de prison » déplore-t-il, comme elle s’applique aussi à celui qui poste un commentaire un peu trop favorable à Daesh sur le net. Un tel contrôle judiciaire est purement exceptionnel, presque incompréhensible : un « miracle ». Prévenu de cette apparente irrégularité le juge des libertés ne modifie pas le régime de contrôle judiciaire puisqu’il a été scrupuleusement respecté. Pour l’avocat, c’est bien la preuve que la DGSI ne dispose d’aucun élément sérieux. Les agents de la DGSI, peu habitués à de tels aveux, auraient laissé filer pendant la garde à vue qu’ils étaient en présence de véritables « bébés » comparés aux dossiers qu’ils suivent habituellement. Être musulmans convertis, voisins et amis sur Facebook, envoyer en Syrie quelques pulls pour l’hiver et un peu d’argent, et parler au téléphone avec des gens sur place ne suffit pas à faire une filière jihadiste, même avec la meilleure volonté du monde. « Un type d’Elbeuf qui part en Syrie, c’est un peu comme s’il partait sur la Lune, ça attire la curiosité » nous lâche son frère. L’idée d’aller en Syrie leur est en tout cas absolument étrangère assure son avocat.

Le procès

Il n’en fallait pas beaucoup plus pourtant pour qu’un journal local s’empresse de titrer : « Près de Rouen, le terroriste présumé menace de tuer des policiers à la Kalachnikov ». En cause, les propos qui lui valent cette seconde arrestation. C’est après avoir passé près d’un mois en prison qu’il est jugé ce 10 février. Une grande partie du procès s’est attardé sur ce qui a réellement été dit à cette occasion. Personne ne conteste l’outrage, c’est l’apologie qui fait débat. La juge, qui ne manque pas de rappeler à plusieurs reprises que le prévenu est mis en examen pour «  entreprise terroriste », présente le désaccord. Pour les policiers, Franz Petermann aurait dit quelque chose comme : « Nous sommes nombreux, nous aussi on a des kalach, le sang va encore couler, ça ne vous a pas suffi ? » Dans ce cas-là la, référence aux attentats récents seraient explicites et l’outrage, la menace de mort et peut-être l’apologie constitués. Pour Franz Petermann qui parlait déjà de méprise lors de sa garde à vue, il s’agit d’une déformation et d’une interprétation. S’il reconnaît les injures du début, il se serait contenté de dire par la suite : « Pose ta Kalach, on va voir [au sens de discuter] après. Vous ne croyez pas que le sang a assez coulé comme ça ? » S’il y a bien une référence aux assassinats récents, il y aurait une tentative d’apaisement par rapport au contexte actuel.

Dès le début de son témoignage, Franz Petermann, apparaît comme un jeune homme lucide. Il déclare immédiatement que ce qu’il a dit était purement stupide, motivé par une colère non contrôlée et vite retombée (ce que confirme les PV de GAV), et il présente ses excuses aux deux policiers tout en précisant qu’il condamne les propos qui lui sont attribués et qu’il n’a rien contre les policiers, ni contre aucune institution de la République. Il ajoute que lui aussi a été choqué par les attentats récents. Il raconte alors que c’est la violence traumatisante de l’interpellation par le RAID en novembre 2014 qui lui a fait perdre son calme devant le Famas du policier d’Elbeuf. Depuis que son beau-père s’est tiré une balle dans la tête, il reconnaît avoir un problème avec la vue des armes.

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Devant tant de bonne foi apparente, on se dit presque que les choses devraient en rester là. Il n’y aurait qu’à se serrer la main et chacun repartirait de son côté. Mais il faut jouer la scène jusqu’au bout. Les deux parties prennent le temps d’exposer leur version mais le témoignage d’un policier assermenté lors d’un procès est rarement mis en doute. Et certainement pas par un présumé terroriste. La juge, dont la fonction est alors de trancher le différend et de fixer grâce à un pouvoir quasi surnaturel le contenu de la vérité, reconnaît alors que ce qui a réellement été dit ce jour-là est conforme à ce que disent les policiers.

Le procureur rétorque à Franz Petermann, qui l’avait apostrophé à ce sujet, que lui « ne perd jamais son calme ». Après une longue digression sur l’étymologie du mot « apologie », il considère qu’il y a bien ici apologie d’acte terroriste même s’il reconnaît le vide législatif pour définir une telle apologie. Il faut donc s’appuyer sur la jurisprudence. Mais il convoque des cas où l’apologie a été manifestement publique comme des publications dans des journaux. On comprend alors que la gravité de l’apologie dépend de sa proximité temporelle avec un acte terroriste. Pour finir, il concède que la législation anti-terroriste est dure mais elle est à la hauteur de « la menace que constitue le terrorisme pour le ciment social ». Il demande quatre mois de prison ferme, ce qui semble peu compte tenu de ses réquisitions.

Puis c’est au tour de l’avocat des parties civiles qui disserte longuement sur la nécessité d’une force publique en citant l’article 12 de la Déclaration des droits de l’Homme : « La garantie des droits de l’Homme et du Citoyen nécessite une force publique : cette force est donc instituée pour l’avantage de tous ». En conséquence de quoi, le jeune policier était légitiment autorisé à demander à Franz Petermann de déplacer son automobile. Elle demande 2000€ de dommage pour chacun des policiers.

Pour Xavier Nogueras, l’avocat de la défense, l’apologie d’acte terroriste n’est pas constituée quelle que soit la version des propos retenue. Pour qu’il y ait apologie il faut que les propos soient publics comme le dit la loi elle-même, il faudrait crier : « Allez en Syrie » ou «vive la décapitation ». Ce n’est pas le cas ici.

Résolution

Au final, la juge ne cède pas à la tonalité ambiante et se range à l’avis de l’avocat de la défense. Franz Petermann est condamné à quatre mois de prison dont trois avec sursis pour outrage et menace de mort mais il est relaxé pour l’apologie. Il doit aussi verser 900€ à chaque policier. Hasard des chiffres, il a déjà fait un mois de prison en détention provisoire. Il est libéré et peut retrouver ses proches venus le soutenir. Pas d’apologie car les propos n’étaient pas publics, mais de simples intimidations. Un outrage quoi. Le jugement est important estime l’avocat. Il fera jurisprudence. Bon nombre de condamnés de ses dernières semaines, dont les propos n’étaient pas plus publics que ceux de Franz Petermann, auraient pu en bénéficier.

La magie de l’apologie d’acte terroriste, c’est le parfum de terrorisme qui l’accompagne. Une fois le jugement rendu, le décalage entre ce dont on accusait M. Petermann et la réalité redevient criant. On se retrouve alors dans la triste banalité de cette 14e chambre du tribunal correctionnel de Rouen, habituée à ce genre de petites affaires. La condamnation pour outrage est assortie de la petite leçon de morale habituelle : « Il faudra garder son calme à l’avenir, monsieur ». Normal.

Face aux armes de la police, 16 février 2015

 

Stationnement gênant

Le « terrorisme » à Saint-Pierre-lès-Elbeuf.

Franz Petermann, 24 ans, habite la commune de Saint-Pierre-lès-Elbeuf en Seine-Maritime. Le 13 janvier dernier, il conduit sa femme à un rendez-vous de la Caisse d’Allocation Familiale d’Elbeuf. Son fils de deux ans est assis à l’arrière du véhicule. M. Petermann stationne sur la chaussée en attendant le retour de son épouse. Mais un drôle de hasard veut que le commissariat de la ville jouxte la Caisse d’Allocation Familiale. Plan vigipirate oblige, un jeune policier muni d’une mitraillette et d’un gilet pare-balle fait signe au conducteur. On ne stationne pas rue de la Prairie. M. Petermann ne réagit pas et le policier, secondé d’un collègue, vient alors expressément lui intimer de « dégager ». Le jeune homme explique que sa femme va arriver d’une minute à l’autre et refuse de s’exécuter. Les policiers décident alors de contrôler son identité et la tension monte. Un « je ne bougerai pas connard » aurait fusé. Les policiers agrippent le conducteur et le sortent énergiquement de la voiture, son fils toujours assis à l’arrière. M. Petermann perd son calme et prend à partie verbalement les agents de police. Ses propos justifient son interpellation. Il est menotté et mis en garde-à-vue pour « outrage à une personne dépositaire de l’autorité publique », « menace de mort à l’encontre d’un dépositaire de l’autorité publique » et surtout « apologie directe et publique d’un acte de terrorisme ». Le jeune homme atterrit en prison.

Ma petite entreprise terroriste

Cette banale histoire de stationnement pourrait à première vue paraître grotesque. Elle ne l’est pourtant pas. M. Petermann n’est pas un citoyen comme les autres : depuis trois mois, il est présumé innocent d’« association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Le 4 novembre 2014, les policiers de l’antiterrorisme avaient jugé opportun de débarquer chez lui à 6 heures du matin en défonçant la porte d’entrée. Des hommes cagoulés et armés l’avaient sorti du lit ainsi que sa femme et ses deux enfants. Il se retrouve en garde-à-vue dans les locaux de la DGSI, ainsi que sa femme, son frère et sa belle-sœur. Après 96 heures de GAV, ils ressortent tous libres. Lui seul est mis en examen pour les contacts qu’il aurait entretenu avec un Elbeuvien parti en Syrie. Ne serait-il pas l’instigateur d’une « filière jihadiste » ? Pour son frère, la réalité est plus banale : « un type d’Elbeuf qui part en Syrie, c’est un peu comme s’il partait sur la Lune, ça attire la curiosité ». Quoi qu’il en soit sa remise immédiate en liberté étonnera plus d’un spécialiste des affaires de terrorisme ; pour son avocat, c’est bien la preuve que la DGSI ne dispose en réalité d’aucun élément contre lui. M. Petermann est cependant astreint à un contrôle judiciaire, il doit pointer chaque semaine … au commissariat d’Elbeuf.

Le procès

Mardi 10 février, Franz Petermann comparaissait devant le tribunal correctionnel de Rouen pour les délits d’outrage, de menaces de mort et d’apologie de terrorisme. Rappelons qu’il était emprisonné depuis un mois, non pas pour son implication supposée dans une entreprise terroriste mais suite au malheureux problème de stationnement évoqué précédemment.

Le jour de l’audience, le Paris-Normandie donnait le ton : « Près de Rouen, le terroriste présumé menace de tuer des policiers à la Kalachnikov ». Ce sera le cœur des débats : qu’a dont dit M. Petermann, au moment où les policiers le sortaient de sa voiture par la force ? Selon ces derniers, il aurait proféré : « Nous sommes nombreux, nous aussi on a des kalach, le sang va encore couler, ça ne vous a pas suffi ? ». Outrage, menace de mort et apologie d’actes de terrorisme. Si Franz ne conteste pas l’outrage et a reconnu s’être emporté dès la garde-à-vue, il dénonce une déformation volontaire de ses propos. Il reconnaît les injures mais précise qu’il avait harangué les policiers en leur disant : « Pose ta Kalash, on va voir après. Vous ne croyez pas que le sang a assez coulé comme ça ? ». Ce qui apparaît certes comme une invitation à s’empoigner mais aussi comme une condamnation du terrorisme.

À la barre, Franz Petermann, se présente calme et lucide. Il reconnaît avoir tenu des propos stupides, s’être emporté et présente ses excuses aux deux policiers. Il condamne les propos qui lui sont attribués et assure qu’il n’a rien contre les policiers ni contre aucune institution de la République. Il explique aussi le traumatisme qu’a produit chez lui son arrestation deux mois auparavant par les hommes cagoulés du RAID. Et depuis que son beau-père s’est tiré une balle dans tête, il reconnaît ressentir un malaise à la vue des armes. C’est ce qui l’a révolté en voyant les policiers d’Elbeuf lui dire de « dégager » leur FAMAS à la main.

Le procureur fait son travail et assure que lui, il « ne perd jamais son calme ». Après une longue digression sur l’étymologie du mot « apologie », il considère qu’il y a bien eu apologie d’actes terroristes. Mais au vu du vide législatif quant à la définition même de l’apologie, il invoque la jurisprudence. Mais les quelques cas qu’il cite concernent des apologies manifestées publiquement, ce qui n’était pas le cas ce jour-là. On comprend alors que la qualification et la gravité de l’apologie dépendent de sa proximité temporelle avec un acte terroriste. Pour conclure, il concède que la législation anti-terroriste est très répressive mais qu’elle se doit d’être à la hauteur de « la menace que constitue le terrorisme pour le ciment social ». Il requiert quatre mois de prison ferme.

Puis c’est au tour de l’avocat des parties civiles qui disserte longuement sur la nécessité d’une force publique. Il invoque l’article 12 de la Déclaration des droits de l’Homme : « La garantie des droits de l’Homme et du Citoyen nécessite une force publique : cette force est donc instituée pour l’avantage de tous ». En conséquence de quoi, le jeune policier était légitiment autorisé à demander à Franz Petermann de déplacer son automobile. 2000€ de dommages et intérêts sont demandés pour chacun des policiers.

Xavier Nogueras, l’avocat de la défense, démontre que l’apologie d’actes de terrorisme n’est pas constituée, quelque soit la version des propos retenue. Selon la loi, pour qu’il y ait apologie il faut que les propos soient tenus publiquement. Son client n’ayant pas harangué la foule aux cris de : « Allez en Syrie » ou « vive la décapitation » mais s’étant simplement disputé avec un policier, le délit ne peut-être constitué.

Résolution

Pendant toute l’audience, le ton est grave et les visages sont inquiets. On est certes dans la 14e chambre du tribunal correctionnel de Rouen et il ne s’agit évidemment à la base que d’un problème de stationnement mais M. Petermann n’est pas un prévenu comme un autre. Il n’a peut-être jamais été reconnu coupable de terrorisme mais peut-être le sera-t-il un jour ? Et même si ce n’est pas ce qui est jugé ce mardi, ne peut-on pas raisonnablement imaginer que ses insultes à l’encontre d’un policier puissent être l’apologie de ce qu’il n’a pas encore fait ? De plus, il comparait détenu, certainement pas pour terrorisme car les juges n’ont pas estimé que cela était nécessaire. Mais ce ne peut pas non plus être sans raison, ni même pour un simple outrage à agent. L’œuf ou la poule.

Ce sera finalement à la juge de prendre sur elle la lourdeur des débats. Pendant l’audience, elle a régulièrement insisté sur la mise en examen pour terrorisme de M. Petermann, mais la dispute privée qui a suivie l’incident de stationnement ne l’a pas convaincue. Elle abandonne le délit d’apologie d’actes de terrorisme. Finalement, M. Petermann a beaucoup de chance : il est simplement coupable d’avoir insulté deux policiers qui après lui avoir demandé de « dégager » l’ont sorti violemment de son véhicule devant son fils de deux ans et l’ont contrôlé. Pour cela, il n’aura écopé que de quatre mois de prison dont trois avec sursis et doit payer 1800 euros de dommages et intérêts pour les policiers bafoués. Le mois de prison ferme prononcé correspond au temps qu’il a effectué en détention provisoire, il peut donc quitter le tribunal libre et retrouver les siens. M. Petermann n’aura jamais fait de prison pour sa petite entreprise terroriste mais il y aura passé un mois pour s’être disputé avec deux policiers armés. Après avoir rendu sa décision, la juge donnera la morale de l’histoire : « Monsieur, il faudra garder son calme à l’avenir ».

LundiMatin #11, 16 février 2015

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La police travaille à Romans-sur-Isère

Romans-sur-Isère
La Monnaie sous tension après la mort d’un adolescent

Comme on pouvait le craindre, le quartier de la Monnaie, où un adolescent de 14 ans s’est tué au volant d’une voiture volée ce matin en fuyant les policiers, est sous tension ce soir.

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Une demi-compagnie de CRS, soit une quarantaine d’hommes, a été déployée en prévention, et le GID a été appelé en renfort. En début de soirée, plusieurs poubelles ont été incendiées et placées en travers des routes. Les forces de l’ordre ont dû faire usage de bombes lacrymogènes et vers 21 heures, la tension semblait être un peu retombée.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (LeDauphine.com, 15 février 2015)

 

Un adolescent de 14 ans se tue dans la Drôme en essayant de fuir la police

Un garçon de 14 ans au volant d’une voiture s’est tué, dans la matinée du dimanche 15 février à Romans-sur-Isère dans la Drôme, alors qu’il tentait d’échapper à un contrôle de police.

Selon un communiqué commun du parquet et de la préfecture, une patrouille a croisé le véhicule vers 9 heures. Deux adolescents étaient à bord. Tandis que les officiers effectuaient un demi-tour pour les prendre en chasse, le conducteur de la voiture incriminée a accéléré et grillé un stop. Il a ensuite perdu le contrôle de la voiture et a percuté un platane « à très vive allure ».

UN QUARTIER OÙ S’ÉTAIT DÉROULÉ UN DRAME SIMILAIRE EN 2008

Inconscient, il a été transporté à l’hôpital, où il a succombé à ses blessures une heure et demi plus tard. Le jeune passager, qui a tenté de prendre la fuite après la collision, a été interpellé et conduit également à l’hôpital. Une enquête pour déterminer les circonstances de l’accident a été confiée à la Sûreté départementale de Valence.

Dans la soirée de dimanche, le quartier de la Monnaie, où se sont déroulés les faits, était sous haute surveillance policière. En 2008, le quartier avait été le lieu d’affrontements après la mort d’un jeune de 15 ans dans une course-poursuite avec la police.

Une demi-compagnie de CRS, soit une quarantaine d’hommes, a été déployée, selon les informations du Dauphiné libéré. Des poubelles ont été incendiées et placées en travers des routes, en début de soirée. Les forces de l’ordre ont dû faire usage de bombes lacrymogènes.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (LeMonde.fr avec l’Agence Faut Payer, 16 février 2015)

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[Do It Yourself] S’opposer aux compteurs Linky dans le laboratoire grenoblois

Voici une synthèse de lecture à propos de la production et l’implantation des compteurs « communicants » d’ERDF. N’hésitez pas à apporter des précisions à ce texte.

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Indymedia Grenoble, 9 février 2015

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[Il est temps de reprendre l’initiative] « L’esprit du 11 janvier » ou les guerres françaises à l’ombre de Charlie

http://juralib.noblogs.org/files/2015/01/0311.jpg« L’esprit du 11 janvier » ou les guerres françaises à l’ombre de Charlie

La conférence de presse de François Hollande du 5 février 2015 a été l’occasion pour le Président de la République de donner sa lecture de « l’esprit du 11 janvier ». Cette étrange expression reprise en boucle par tous les médias lourds vise à asséner l’idée d’une « unité nationale » devenue possible et nécessaire d’une part, souhaitable et souhaitée par les citoyens français d’autre part. Depuis un mois, la méthode Coué et son principe « la répétition fixe la notion » sont devenus le leitmotiv du gouvernement et des médias : la France est en guerre, cette guerre exige des interventions militaires extérieures et des mesures de surveillance intérieures, celles-ci imposent une « unité nationale », elles exigent également une offensive idéologique confiée à l’école de la république pour repérer ceux « qui ne sont pas Charlie », etc. Tel est le contenu (sans cesse répété pour qu’il soit fixé dans toutes les consciences) de « l’esprit du 11 janvier » que François Hollande veut « prolonger » [« Cet esprit-là, je dois le prolonger avec le gouvernement » déclare le chef de l’État lors de sa conférence de presse, dépêche AFP du 5 février 2015]. L’esprit du 11 janvier pour Hollande est un esprit guerrier.

PRÉPARER L’OPINION À DE NOUVELLES GUERRES EN AFRIQUE

La France n’a pas attendu les derniers attentats pour s’engager dans de nouvelles stratégies guerrières en Afrique notamment. Ceux-ci constituent cependant une aubaine politique formidable pour le gouvernement afin de légitimer sa stratégie guerrière. « L’esprit du mois de janvier 2015, c’est l’unité de la République » [Ibid.] rappelle-t-il dans sa conférence de presse. Tous ceux qui s’opposeraient aux mesures militaires internes ou externes sont ainsi assignés à l’extérieur de la République. L’imposition d’un consensus sur les guerres présentes et à venir, telle est l’origine de l’instrumentalisation de l’émotion suscitée par les attentats du mois dernier.

http://juralib.noblogs.org/files/2015/02/046.jpgLa séquence historique actuelle est celle du redoublement de la concurrence pour le contrôle des matières premières stratégiques : entre grandes puissances impérialistes d’une part et entre celles-ci et les pays émergents d’autre part. Cette concurrence est encore renforcée par les progrès technologiques permettant la découverte et l’exploitation de nouveaux gisements. L’ensemble du continent africain est de ce fait l’objet de nouvelles découvertes pétro-gazières et en minerais stratégiques. L’ONG OXFAM utilise l’expression pertinente de « malédiction des ressources » pour désigner les conséquences de « la découverte de nouveaux gisements de fer, de pétrole, de gaz, d’or et de charbon – pour une valeur estimée à 11 milliards de dollars rien qu’en Guinée, au Ghana, au Libéria, en Tanzanie et au Mozambique » [Winnie Byanyima, directrice générale d’Oxfam, La lutte contre la « malédiction des ressources » en Afrique a atteint un tournant]

Dans les pays où la France est engagée militairement, la situation est identique. Au Mali, les découvertes nouvelles concernent essentiellement l’or, l’uranium, le pétrole et le gaz. C’est en fait toute la région du Sahel qui devient un « nouvel eldorado » pour les multinationales occidentales :

« Le français Total et l’algérien Sonatrach sont sur le pont de plusieurs projets au Sahel. Les deux groupes pétroliers se jouent des coudes pour avoir le plus de projets au Mali et au Niger, apprend-on auprès d’un ancien cadre de Sonatrach. En fait, les découvertes récentes de richesses minières, dans le bassin de Taoudéni large de 1,5 million de kilomètres carrés, partagé entre le Mali, l’Algérie, la Mauritanie et le Niger, provoquent un vif intérêt pour cette région, naguère sans importance. En effet, les dernières informations rapportées par des médias et attribuées à Jean-François Arrighi de Casanova, directeur Afrique du Nord de Total, font état d’immenses découvertes gazières freinant la progression du puits vers la zone pétrolière, en Mauritanie. » [Le Sahel, nouvel Eldorado de l’or noir ?]

C’est ce contexte qui explique la fin des opérations Serval [L’opération Serval est officiellement lancée en janvier 2013 pour protéger Bamako des « djihadistes ». Elle prend fin en juillet 2014. Les forces militaires qui l’ont mené sont intégrées dans l’opération Barkhane. Toujours l’éradication des « groupes djihadistes ».], Sabre [L’opération Sabre est le nom de code de l’intervention du « Commandement des Opérations Spéciales » (COS) déclenchée en août 2012 dans plusieurs pays du Sahel (Mauritanie, Niger, Burkina). Officiellement l’objectif est encore et ressources.] et Épervier [L’opération Épervier est la plus ancienne. Déclenchée en février 1986 AU Tchad officiellement pour s’opposer à « l’agression libyenne » contre ce pays.] et leur remplacement par l’opération Barkhane lancée le premier août 2014. Il ne s’agit pas d’un simple changement de nom mais du passage d’opérations légalement temporaires à une intervention durable s’étendant désormais sur l’ensemble du Sahel. Désormais ce sont 3000 soldats qui sont en permanence présents au Sahel.

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La situation n’est guère différente pour la Centrafrique, autre pays où nos soldats se « battent pour la liberté et les droits de l’homme ». Il a suffi qu’Areva annonce la suspension de la mine de Bakouma au nord-est de la République Centrafricaine, pour que se multiplient les analyses déniant toutes bases économiques à l’intervention militaire française. Les dirigeants d’Areva précisent pourtant eux-mêmes qu’il s’agit d’une suspension « d’un ou deux ans » liée à la baisse des coûts de l’uranium sur le marché mondial suite à la catastrophe Fukushima au Japon. L’Observatoire du nucléaire souligne pour sa part qu’« il va y avoir très probablement des problèmes d’approvisionnement assez importants (…) on a d’abord exploité les gisements les plus faciles à exploiter et les plus riches et donc maintenant, plus ça va et plus c’est difficile et plus il faut d’efforts pour sortir de l’uranium » [Stéphane Lhomme, cité in L’extraction d’Uranium]. Si des exploitations de mines peuvent ainsi être momentanément gelées compte tenu des fluctuations mondiales, le contrôle de ces gisements exploitables dans l’avenir reste stratégiquement essentiel. C’est de nouveau ce soubassement économique couplé à la place géostratégique de la Centrafrique qui explique l’opération Sangaris qui dure depuis décembre 2013 avec 1600 soldats français qui « resteront « aussi longtemps que nécessaire » [François Hollande, dépêche AFP du 7 décembre 2013].

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Avec 3000 soldats au Sahel et 1600 en Centrafrique, la France est effectivement en guerre en Afrique mais celle-ci est une guerre pour les richesses pétro-gazières et pour les minerais stratégiques. C’est la poursuite de cet « esprit de guerre » à laquelle nous invite François Hollande en l’appelant « esprit du 11 janvier ».

L’ESPRIT DE GUERRE AU MOYEN-ORIENT

L’Afrique ne remplace pas le Moyen Orient quant aux enjeux en matières premières, elle s’y ajoute. Les nouvelles découvertes de gisements de pétrole, de gaz et de minerais stratégiques en Afrique, élargissent à l’ensemble du continent l’enjeu déjà analysé pour l’Afrique australe par le spécialiste des ressources en matières premières Gérard A Montifroy :

« On est tenté de faire un parallèle entre le Sud de l’Afrique et le Moyen-Orient, le premier représentant, pour les matières premières minérales stratégiques, ce que le second constitue pour le pétrole ; les problèmes politiques internes qui agitent la partie sud de l’Afrique pourraient être comparés aux problèmes palestinien et chiite qui secouent aujourd’hui la péninsule Arabo-Persique. » [Gérard A Montifroy, L’Europe entre défis économiques et mythes culturels, in Odile Wattel de Croizant et Gérard A Montifroy, (Coord.), l’Âge de l’homme, Lausanne, 2007, p.38]

En Afrique australe, cela s’est traduit, entre autres choses, par le génocide au Rwanda et la déstabilisation permanente et meurtrière du Congo, au Sahel et en Afrique Centrale. Les mêmes causes débouchent sur de nouvelles guerres dans d’autres endroits du continent. Ces causes sont également à l’origine des guerres qui perdurent au Moyen Orient dans lesquelles la France est particulièrement active. De nouveau, la lutte contre le « djihadisme » couvre la poursuite de la guerre pour le gaz et le pétrole.

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La France a été partie prenante de la guerre en Afghanistan de 2001 à décembre 2014 avec un contingent comptant jusqu’à 4000 hommes au plus fort de l’engagement français. La situation géostratégique du pays (aux frontières de la Chine et de l’Iran, sur les routes des pipelines de la région) n’est pas la seule raison de la guerre. Le New York Times du 14 juin 2010 dévoilait l’ampleur des gisements encore inexploités de pétrole, de gaz et surtout de lithium. « Une note interne du Pentagone, par exemple, stipule que l’Afghanistan pourrait devenir l’ « Arabie Saoudite du lithium », une matière première essentielle à la fabrication de batteries pour ordinateurs portables et BlackBerry ». [James Risen, U.S. Identifies Vast Mineral Riches in Afghanistan, New York Times du 14 juin 2010] À ceux qui pensent que nous étions en Afghanistan pour « lutter contre l’obscurantisme », il n’est pas inutile de rappeler les propos du Président de la République Fédérale Allemande le 22 mai 2010 concernant les raisons de la guerre :

« À mon avis, la société dans son ensemble est en train d’accepter progressivement (…) que, dans le doute et en cas de nécessité, un engagement militaire peut être nécessaire pour protéger nos intérêts, par exemple la liberté des voies commerciales, par exemple en empêchant l’instabilité dans des régions entières qui aurait des effets négatifs sur nos échanges, nos emplois et nos revenus. » [Le Monde du 31 mai 2010]

Pour avoir imprudemment rendu public les réels buts de guerre en Afghanistan, le Président allemand Horst Köhler est contraint à la démission. En Irak, les annonces de nouveaux gisements de pétrole se succèdent. En janvier 2013, un nouveau gisement dans la province de Missane près de la frontière irakienne est évalué à un milliard de barils [Irak : Découverte d’un important gisement pétrolier dans le sud]. En octobre 2013 [Total : découverte importante d’hydrocarbures en Irak, Le Figaro du 30 octobre 2013], le groupe pétrolier Total annonce la découverte d’un nouveau gisement de pétrole et de gaz dans le Kurdistan irakien. Total est installé dans cette région depuis 2012 avec l’accord des autorités de la région autonome et sans l’accord de Bagdad. En décembre 2014 [Anne Feitz, Total réalise une découverte au Kurdistan irakien, Les Échos du 2 décembre 2014], le même groupe annonce la découverte d’un autre gisement dans la même province. Quant à la Syrie, le journal Le Figaro résume comme suit son importance pour les multinationales du pétrole et du gaz : « Plus que ses réserves de pétrole et de gaz, c’est la position géostratégique du pays qui lui permet de jouer un rôle clé dans le transit de l’énergie dans la région. » [Hayat Gazzane, La Syrie, pays de de transit énergétique, Le Figaro du 5 septembre 2013]

Et nous qui pensions, conformément à « l’esprit du 11 janvier » interprété par Hollande, que nos soldats nous défendaient là-bas contre le « djihadisme ». « L’esprit du 11 janvier » a permis à Hollande d’avoir un blanc-seing pour la poursuite de la guerre en Irak le 13 janvier 2015 dans la même séance que celle consacrée aux attentats. À l’Assemblée nationale, ce sont 488 députés avec seulement 13 abstentions (essentiellement du Front de Gauche) et un seul contre. Au Sénat, ils sont 327 sénateurs sur 346 à approuver la guerre, les autres s’abstenant ou ne prenant pas part au vote. Quel beau consensus guerrier !

Au Moyen-Orient comme en Afrique les guerres en cours restent des guerres pour le pétrole et pour les minerais quoiqu’en dise François Hollande.

LA GUERRE INTÉRIEURE DE VALLS

Si Hollande bombe le torse pour les guerres à l’extérieur du territoire, Valls s’attache lui à préparer l’arrière par un discours sur la « guerre intérieure ». Dans un langage digne des plus éminents jésuites, Valls s’oppose à l’adoption de « mesures d’exception » mais se déclare favorable à des « mesures exceptionnelles ». Quant à ces mesures exceptionnelles qui ne sont pas d’exception, le premier ministre en a donné une liste non définitive : déploiement de 10’000 soldats en France, renforcement des moyens de sécurité intérieure, échange européen sur les passagers aériens, nouveau fichier pour les « personnes condamnées à des faits de terrorisme ou ayant intégré des groupes de combat terroristes », quartiers spécifiques en prison pour les détenus jugés « radicalisés », création d’une unité de renseignement au sein de la Protection Judiciaire de la jeunesse (PJJ), facilitation des écoutes téléphoniques par le futur projet de loi sur le renseignement. Toutes ces mesures ne sont, bien sûr, déployées que pour nous protéger car nous sommes vraiment en « guerre intérieure ».

Le discours sur la « guerre intérieure » dans un contexte d’émotion de masse instrumentalisée vise à imposer une vision binaire des débats dans laquelle une des options est « républicaine » et l’autre est « anti-française », « antirépublicaine », anti-démocratique », etc. : pour ou contre Charlie devenant pour Charlie ou pour les « djihadistes », pour ou contre la guerre devenant pour la guerre ou pour les « djihadistes », pour ou contre les restrictions aux libertés devenant pour la sécurité ou contre la sécurité, etc. Cette imposition médiatique et politique d’une binarité des positions tend à produire une chasse au suspect et un encouragement à la délation.

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Il n’est pas étonnant dans ce contexte que nous ayons eu ces dernières semaines une banalisation de la délation : des enfants dénoncés par des enseignants, des proviseurs et d’autres personnels de l’Éducation nationale convoqués pour audition dans un commissariat de police ; des agents municipaux dénoncés pour la même raison par un supérieur hiérarchique comme à Lille, avec comme résultat une mise à pied ; un délégué syndical dénoncé par des salariés avec en conséquence une procédure de licenciement, etc. À chaque fois l’accusation est identique : « apologie du terrorisme ». L’encouragement de la délation s’est même drapé du discours de la prévention. Il s’agirait de prévenir la radicalisation en en détectant les signes précoces. Changer d’habitudes alimentaires, changer de manière de se vêtir, ne pas écouter de musique, etc., autant de signes devant nous alerter.

L’absence de réaction massive à ces pratiques de délation et à cette « prévention » souligne que l’accoutumance au mal est largement enclenchée. C’est ainsi que l’on s’habitue petit à petit à l’oppression.

Il est temps de réagir avant que, de renoncement en renoncement, un seuil qualitatif ne soit franchi. Le fascisme surgit rarement brusquement. Il est généralement précédé d’un processus long dans lequel des libertés démocratiques sont rognées de plus en plus et des répressions de plus en plus importantes sont développées pour « assurer notre sécurité ». Le fascisme lui-même continue de se légitimer par l’impératif de sécurité. Comme le disait Joseph Goebbels, ministre du Reich à l’éducation du peuple et à la propagande : « Vous n’avez rien à craindre si vous n’avez rien à cacher ». Nous n’en sommes bien sûr pas là mais l’opération Charlie a réellement affaibli nos anticorps démocratiques. Il est temps de reprendre l’initiative.

Blog Révolution africaine de Saïd Bouamama, 7 février 2015

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La fin du 
Réseau Voltaire

La fin du 
Réseau Voltaire

Comment un réseau d’information et de lutte anti-fasciste, de dénonciation de tous les intégrismes, peut-il basculer au point de faire alliance avec un négateur des chambres à gaz, au point de cautionner les pires régimes religieux autoritaires ?
Trois ex-membres de la direction du Réseau Voltaire, qu’ils viennent de quitter, retracent minutieusement l’histoire d’une dérive. (La rédaction d’Amnistia.net – 30 mars 2005)

[Ce texte, publié en 2005 par Amnistia, est republié aujourd’hui, à l’heure où ces pages d’histoire semblent de moins en moins indifférentes, le nouveau Réseau Voltaire étant devenu entre-temps une officine de propagande au service de toutes les dictatures, à commencer par la Syrie de Bachar el-Assad, dont il se voudrait le premier soldat. Les informations contenues dans le témoignage reproduit ci-dessous suivant lesquelles ce nouveau Réseau Voltaire n’est rien de plus qu’une officine de désinformation gouvernementale sont évidemment très utiles pour recalculer la politique de la France dans le dossier syrien, qui d’un côté prétend soutenir (inefficacement) l’opposition démocrate et de l’autre soutien très effectivement Bachar el-Assad, lui assurant non seulement la non intervention dont il a vitalement besoin, mais aussi la production de la rhétorique, dont s’est chargé Meyssan, et qui sera parvenue à bloquer la communauté internationale, au prix de millions de réfugiés et de plusieurs centaines de milliers de morts. (Paris s’éveille, 19 janvier 2015)]

Le 26 février 2005, au terme d’une Assemblée générale à participation restreinte, convoquée dans des conditions sujettes à caution, les signataires de ce texte ont quitté le Conseil d’administration du Réseau Voltaire tandis qu’y faisait son entrée Claude Karnoouh, chercheur au CNRS, pour lequel « les chambres à gaz n’ont pas existé ». [Claude Karnoouh : « Je crois qu’effectivement les chambres à gaz n’ont pas existé ; un certain nombre de vérités de l’histoire officielle ont fini par être révisées ». Le Monde, 30 juin 1981.] C’est aujourd’hui également un participant des activités de la « nouvelle droite » d’Alain de Benoist. Simultanément, Marc Boureau d’Argonne, présenté à l’Assemblée générale comme « un ami du président de la République », accédait également aux instances de l’association…

Que s’est-il passé pour que le Réseau Voltaire soit devenu une officine complaisante tout à la fois envers les intégristes musulmans, les militants de la Serbie de Milosevic, les faurissoniens et les « rouges-bruns », en même temps qu’il se rallie avec enthousiasme à la politique de l’Élysée ? [Comme on peut le constater en conclusion de l’éditorial de la revue Voltaire, dont le n°1 est en vente : « Nous soutenons donc la France, la Fédération de Russie et la Chine » (…) « sur le champ de bataille, nous reconnaissons notre camp et choisissons nos frères d’armes. » Le même numéro tresse des lauriers à Jacques Chirac, en particulier pour un discours contre « L’impérialisme sous-culturel », prononcé à Hanoï, dans le cadre de la Ve rencontre Asie-Europe, en octobre 2004, que la revue compare au fameux « discours de Phnom Penh » du général de Gaulle (page 98). À la page suivante sont dénoncées les tentatives de soulever le « problème birman » lors de cette rencontre, « pour saboter la conférence, trop anti-états-unienne », selon Voltaire] Comment Thierry Meyssan, qui a été un militant ardent et reconnu contre l’extrême droite [Thierry Meyssan a entre autres été le président du Comité de vigilance contre l’extrême droite. On lui doit surtout l’enquête sur le DPS (ainsi que se nommait le service d’ordre du Front national), puis il été à l’origine d’une commission d’enquête parlementaire qui avait provoqué la scission de ce parti entre les fidèles de Bruno Mégret et ceux de Jean-Marie Le Pen. Cette scission avait empêché la Commission parlementaire de statuer, l’objet même de son enquête s’étant auto-dissous avant la fin de ses travaux. L’enquête du Réseau Voltaire sur le DPS avait permis de révéler l’existence de la très discrète DPSD, ainsi que fut rebaptisée la sécurité militaire à l’arrivée de François Mitterrand en 1981, réussissant par ce subterfuge à se faire complètement oublier, y compris de la littérature spécialisée. Jusqu’à ce que Thierry Meyssan découvre que le patron du DPS frontiste était un agent “DPSD” étatique. C’est en cherchant ce que cela pouvait signifier que Thierry Meyssan avait mis à jour le principal service secret de l’État, celui qui contrôle les autres. Antérieurement, on doit à Thierry Meyssan aussi bien un important travail de dévoilement des réalités contemporaines de l’Opus Dei (publiés à l’origine dans le journal Maintenant) que d’avoir su mobiliser la gauche contre diverses entreprises vaticanes. Le Comité de vigilance anti-fasciste avait également été l’organisateur d’une grande manifestation contre le Front national à Strasbourg.], a-t-il pu rompre avec les valeurs essentielles qui ont fait son engagement depuis des années et, du même coup, comble du comble, décider de « donner raison » a posteriori, à ceux qui, depuis la parution de son livre L’effroyable imposture, lui ont collé l’étiquette de « négationniste » ?

Confusion dommageable

Nous avons toujours pensé que la confusion induite par ce rapprochement était dommageable : quoi qu’on puisse penser de l’attentat du 11 septembre, celui-ci n’a rien à voir, ni de près ni de loin, avec la Shoah. Utiliser le terme de « négationnisme » pour relier deux évènements aussi dissemblables concourt à banaliser la notion même de négationnisme. Il n’y a rien de commun en effet entre le fait de contester la version officielle de l’attentat du 11 septembre, qui laisse de nombreuses questions dans l’ombre, et la tentative antisémite de réhabilitation du nazisme à laquelle ont procédé les négationnistes dès la fin des années 70. La réalité de chaque génocide est combattue par des négationnistes, toujours en défense des auteurs de ces crimes comme de leurs intentions : c’est le cas de l’Arménie, du Rwanda, du Cambodge, et l’emploi de ce terme pour qualifier Thierry Meyssan et ses publications sur le Pentagone, était scandaleusement abusif. Nous le pensons encore, même s’il s’avère aujourd’hui que Thierry Meyssan s’est associé à un authentique négationniste de la Shoah. [Ces dernières années, certains d’entre nous ont souvent souligné la médiocrité voire la bassesse des articles calomnieux publiés sur Thierry Meyssan et ses livres, où le terme « négationniste » a été employé à tort, ABUSANT d’insinuations, sans fournir d’éléments probants, au contraire. Ceux qui formulaient de telles assertions considéreront peut-être avoir eu raison plus tôt, et pourront tirer gloire d’avoir eu du nez. À moins qu’ils n’aient été mieux informés que nous-mêmes sur les accointances (à l’origine discrètes) de Thierry Meyssan avec d’actuels analystes de la politique étrangère de l’État, dont il s’avère que le principal d’entre eux, Claude Karnoouh, s’est distingué au procès de Robert Faurisson en déclarant qu’il ne « croyait » pas dans l’existence des chambres à gaz – ce que savaient, peut-être, ceux qui emploieront les premiers ce qualificatif totalement déplacé dans son contexte. Ainsi, il pourrait ne pas s’agir d’une “effroyable coïncidence”…]

Un syllogisme insupportable

Pour les signataires de ce texte, les désaccords sont devenus nets au cours des derniers mois, et ils se sont cristallisés lors des récentes réunions du conseil d’administration, des assemblées qui se tenaient trop rarement. Le premier indice inquiétant est apparu, il y a plus d’un an, sous la forme d’un « lapsus » du secrétaire général du réseau, Jean-Claude Ramos. Il avait alors déclaré que la campagne contre Thierry Meyssan devait être attribuée au « lobby juif ». Cela avait suscité plusieurs réactions, dont celle de Michel Sitbon, trésorier du Réseau Voltaire et membre de son conseil d’administration depuis l’origine, qui avait dénoncé le recours à ce concept, issu du registre antisémite classique, aussi rance que dépourvu de pertinence. Il s’étonnait aussi que l’on s’expose aussi inconsidérément à donner raison aux accusations d’antisémitisme proférées, par exemple, par Alain Lipietz, en vertu d’un syllogisme insupportable suivant lequel émettre des doutes quant à la nature de l’attentat du 11 septembre revenait à critiquer la politique américaine, ce qui serait contre les intérêts d’Israël, et donc antisémite… Thierry Meyssan, tout en rendant hommage au trésorier pour son intervention, avait alors considéré qu’il ne s’agissait que d’une maladresse d’expression de Jean-Claude Ramos. Nous pouvons maintenant prendre la mesure de combien ce dérapage loin d’être une simple « maladresse », était en fait un indice révélateur du cours nouveau qui s’imposait déjà à Voltaire, à notre insu.

Mission en Chine

Lors d’un conseil d’administration plus récent, le 16 décembre 2004, une série d’affrontements se sont produits, à partir de deux interventions aussi scandaleuses que spontanées. Il était alors question des orientations stratégiques proposées en vue de l’assemblée générale des adhérents. La première de ces interventions, d’Alain Benajam, concernait les relations que cet homme d’affaires développe en Chine. Celui-ci avait alors raconté qu’il revenait d’une mission en Chine, où il avait été au nom du Réseau Voltaire, carte de visite grâce à laquelle il disait avoir été reçu à bras ouverts par des officiels chinois, avec lesquels il négociait par ailleurs les prestations de son entreprise de « services postaux ». Selon lui, « faire du business » et faire avancer la cause du Réseau Voltaire auprès des autorités chinoises – ce qui désignait en l’espèce les services secrets, selon ses propres dires –, était possible d’un même mouvement. Un débat contradictoire s’en est suivi, entre autres sur la question de savoir si le Réseau Voltaire pouvait rechercher ou accepter des financements de puissances étrangères, d’États. Certains défendaient l’idée que « l’argent est le nerf de la guerre », tandis que de notre côté nous martelions l’idée que « la fin ne saurait justifier les moyens ».

L’âme d’une « nouvelle résistance »…

La seconde intervention a provoqué un affrontement tout aussi net que la précédente. Elle émanait de Bruno Drweski, et concernait la question des alliances du Réseau Voltaire avec les « forces anti-impérialistes », dans le contexte international actuel. Bruno Drweski défendait la nécessité d’unifier toutes les résistances face à l’hégémonie américaine, comme c’est le cas selon lui en Irak. Il ira alors jusqu’à déclarer que quiconque n’aurait pas conscience de cette urgence d’une « mobilisation anti-impérialiste » serait aussi égaré qu’un partisan des accords de « Munich », en 1938… Il s’agirait ni plus ni moins que de capituler pur et simplement devant un danger comparable au nazisme… Selon cette logique, Georges W. Bush incarnerait un nouvel Hitler, et le Réseau Voltaire serait l’âme d’une « nouvelle résistance »… Nous avons exprimé un point de vue très différent : Gilles Alfonsi a insisté sur le fait que cette « vision » faisait de plus bon marché de la nécessité de « choisir ses alliés » et de ne pas en rabattre sur les valeurs essentielles. Thierry Meyssan a conclu en admettant qu’une réflexion devait être menée sur « les critères » pour conclure des « alliances ».

Une réunion rigoureusement arrangée…

Sur les deux points, Gilles Alfonsi, au nom du Parti communiste, a exprimé son opposition totale, qu’il a confirmée dans une lettre à Thierry Meyssan dès le 29 décembre.

Michel Sitbon partageait totalement ce point de vue, ajoutant que l’analyse de la situation mondiale proposée par Drweski [Bruno Drweski, qui était de longue date pour plusieurs d’entre nous un militant pro-serbe, adepte des rhétoriques les plus caricaturales sur la « révolution mondiale », a adressé plusieurs messages internet à Gilles Alfonsi dans la même période, mails qui dessinent une orientation politique. Extrait d’un mail du 19 décembre : « Tu émets des doutes sur des alliances politiques douteuses et tu as tout à fait raison, mais en politique on fait avec ce qui existe, sinon c’est de l’idéalisme. Si on a une vision de classe, on est avec le peuple tel qu’il est (communiste, laïciste, chrétien ou musulman). Les combattants vietnamiens ou algériens etc., n’étaient pas totalement “purs” côté droits de l’homme, islamisme ultra, etc. Et nous avons fait alliance avec eux. (…) Nous avions un patrimoine : internationalisme prolétarien, souveraineté populaire, politique de classe contre classe, socialisation des moyens de production et d’échange, planification rationnelle, centralisme démocratique, socialisme scientifique, rôle d’avant-garde du parti… »] lui semblait particulièrement insuffisante, aboutissant à ce que le Réseau Voltaire se retrouve piégé dans la logique même qu’il prétendait dénoncer.

Michel Sitbon ne pouvait qu’approuver la réaction de Gilles Alfonsi au nom du PCF quant à l’éventualité d’« alliances », telles que celles proposées par Alain Benajam, avec le Parti communiste chinois ou avec les services de l’État, une telle chose étant simplement inacceptable. Les problèmes soulevés méritaient en tout cas une réflexion approfondie, à laquelle Michel Sitbon appelait.

Entre le 16 décembre 2004 et le 26 février 2005, date de l’Assemblée générale du Réseau Voltaire, Thierry Meyssan n’a pas cru bon de provoquer une nouvelle réunion, ni de rencontrer les membres de son Conseil d’administration. Il a convoqué l’Assemblée générale, le 22 février, par mail, au milieu des vacances scolaires. La convocation était accompagnée de propositions de motions destinées à être adoptées à l’AG. Plusieurs adhérents (dont des membres du Conseil d’administration sortants) semblent ne pas avoir été conviés à cette réunion, donnant l’impression que la composition de la salle devait être rigoureusement arrangée. Hormis les deux opposants déclarés (Gilles Alfonsi et Michel Sitbon), n’étaient présents que les membres du futur Conseil d’administration, qui s’auto-éliront en fin de journée, après les départs prévisibles de Gilles Alfonsi et de Michel Sitbon.

La « guerre des civilisations »

C’est dans une salle du CISP Maurice Ravel, dans le douzième arrondissement de Paris, qu’une vingtaine de personnes se sont donc retrouvées [Entre autres, Jean-Luc Guilhem, représentant Combat face au sida au Conseil d’administration du Réseau Voltaire n’avait pas été invité] en cette fin glacée de février. L’invitation avait été envoyée par internet à un nombre de gens indéterminé, le logiciel du serveur n’en rendant pas compte… Sept destinataires seulement en avaient accusé réception. Thierry Meyssan indiqua néanmoins que le nombre de participants pour commencer les travaux était atteint, les statuts ne prévoyant pas de quorum minimum.

Après une très courte introduction de Thierry Meyssan, Michel Sitbon a exprimé longuement ses critiques de la ligne politique du Réseau Voltaire. Il a dénoncé la nature spéculaire du discours développé par le nouveau Réseau Voltaire, discours prétendant critiquer la logique guerrière américaine pour en fait la reprendre à son compte, la « guerre des civilisations » n’étant plus dénoncée comme une théorie absurde, mais assumée comme une « nécessité ». Il a mis en garde contre le fait que les stratèges impérialistes français, auprès desquels, manifestement, le nouveau Réseau Voltaire n’hésite pas à chercher son inspiration, n’étaient pas moins redoutables que leurs homologues d’outre-Atlantique. Il a souligné le fait que ces duettistes jouent d’une fausse opposition depuis les origines de la Ve république, et qu’ils ont périodiquement besoin du mythe de cette opposition pour justifier de leurs mobilisations militaro-diplomatiques.

Un jeu dans lequel le Réseau Voltaire se laisse instrumentaliser sans avoir conscience des tenants et des aboutissants, ni des intentions réelles de l’État sur lequel il accepte de s’aligner très inconsidérément. Il a rappelé ce qu’on peut savoir aujourd’hui du précédent historique invoqué par Voltaire, lorsque le général De Gaulle prétendait s’opposer de la même façon à « l’impérialisme » américain, alors que, comme on le sait aujourd’hui, les politiques étrangères américaine et française étaient rigoureusement coordonnées. Michel Sitbon suggérait qu’on réfléchisse à deux fois à ce précédent avant de tomber dans le même « panneau » proposé par le néo-gaulliste Chirac.

Il s’étonnait de plus qu’on puisse s’égarer ainsi, particulièrement à partir de l’analyse de l’attentat du 11 septembre comme étant un artifice de propagande destiné à donner consistance à un fantasmatique « conflit de civilisations ». Comment, en partant d’une telle prémisse, en arriver à promouvoir la « résistance à l’Empire » exactement dans les termes où cet Empire semble souhaiter voir poser le problème ? Au bout du compte, puisque Ben Laden manquerait de consistance, c’est Thierry Meyssan qui s’amuse à remplir la fonction de gentil animateur de « l’autre camp » dans cette prétendue « guerre de civilisations ».

L’axe Paris-Berlin-Moscou-Pékin

L’appel à la constitution d’un « axe Paris-Berlin-Moscou-Pékin » pour faire face à l’« état de guerre » que les États-Unis – « alliés aux Anglais et aux Australiens » dans la nouvelle vulgate du Réseau Voltaire –, auraient instauré entre eux et le reste du monde, est non seulement délirant mais totalement en phase avec le discours de Samuel Huntington, le fameux théoricien de la dite « guerre des civilisations », que le Réseau Voltaire prétend dénoncer. Le terme « en phase » est même faible. Nous sommes dans « l’identique » quand il apparaît qu’au « nouveau Réseau Voltaire », on va jusqu’à s’imaginer qu’il y aurait effectivement « deux » civilisations différentes d’un côté et de l’autre de l’Atlantique…

Quittant la présidence de la tribune pour participer au débat, Thierry Meyssan a répondu en substance qu’à la veille de la troisième guerre mondiale, comme dans toute guerre, il n’y a que deux camps et qu’il faut choisir.

Gilles Alfonsi a alors lu, au nom du Parti communiste, sa déclaration de rupture soulignant notamment que la modification des statuts envisagée comme les orientations stratégiques proposées étaient inacceptables. Désaccord total sur la question des financements du Réseau Voltaire comme sur la nécessité de nouer des alliances : « Le Parti communiste ne cautionnera jamais de rapprochements avec des intégristes islamiques, des antisémites ou des baasistes sous le prétexte de faire la peau aux GI’s en Irak. »

« Critiquer Israël est pire que violer une petite fille »…

Thierry Meyssan n’a pas jugé bon de répondre à cette déclaration, de même qu’il répondit plutôt sommairement (et très incomplètement) aux objections de Michel Sitbon, interrompant les débats au prétexte qu’il était l’heure de projeter le film prévu au programme de cette Assemblée générale, film qui devait tenir lieu de « réponse ».

Le documentaire diffusé « en avant-première », produit par une « association indépendante », était intitulé État de guerre, et réalisé par Francesco Condemi et Béatrice Pignède [Béatrice Pignède a notamment réalisé avec Daniel Schneidermann le film documentaire Kosovo, des journalistes dans la guerre, et avec Francesco Condemi le film documentaire L’Irak d’une guerre à l’autre. État de guerre est actuellement sur les écrans, au cinéma Entrepôt, à Paris.], qui prétendaient répondre à la question : « Sommes-nous dans une période comparable à l’entrée dans les deux guerres mondiales ? ». Dès le début de la projection, on a pu assister à l’assimilation entre l’impérialisme américain et la montée de l’hitlérisme par effet sonore et montage de bandes d’actualités parodiant celles de 1938. Puis, ce sont des interviews de Thierry Meyssan, du général Pierre-Marie Gallois (qui écrit régulièrement dans la revue Éléments d’Alain de Benoist et qui fut préfacier en France du secrétaire général du PC russe, Ziouganov [Le général Gallois, dont l’œuvre est abondante, fait figure de géostratège, essentiel à la pensée militaire française depuis les temps lointains des débuts du programme d’armement nucléaires français. Aujourd’hui en « retraite », il n’en déploie pas moins un important travail idéologique, profitant de toute occasion pour intervenir dans les débats, dans un sens toujours aussi obstinément militariste. Les innombrables joujous rhétoriques du général Gallois auront servi, et servent encore, de justification à une politique militariste qui, entre autres exploits, aura coûté indubitablement cher au budget de la nation. Le général Gallois est particulièrement expert à présenter les intentions les plus délirantes de la voix la plus douce et de la façon la plus « raisonnable », ce qui apparaît dans ce film comme à travers l’ensemble de son œuvre.]), d’Annie Lacroix-Riz (historienne) [On doit à Annie Lacroix-Riz, en particulier, un important travail sur les aspects économiques de la collaboration], et de Dieudonné, l’amuseur public bien connu, qu’on entend dire dans ce film que « critiquer Israël est pire que violer une petite fille ».

Résumant l’esprit du film comme celui de l’ensemble des intervenants, Annie Lacroix-Riz, qu’on a connue mieux inspirée, déclare avec aplomb que « les gens ne se rendent pas compte (parce qu’ils sont mal informés), mais la guerre aura lieu sur le sol européen très bientôt ». Pour elle, il ne fait aucun doute que c’est comme si c’était fait… 
D’ailleurs le titre du film se cale sur son propos.

Tandis que Gilles Alfonsi quittait la salle, le Parti communiste ayant annoncé son départ du Réseau Voltaire, Michel Sitbon s’est employé, seul, tout au long de l’après-midi à dénoncer la stratégie proposée, demandant la dissolution de l’association. Sur l’ensemble des votes, il fut le seul à refuser l’orientation proposée, les présents (en l’absence de nombreux adhérents dont on peut se demander s’ils avaient été prévenus) ayant tout voté comme un seul homme.

À l’ombre des services secrets français

À l’occasion de son dernier « rapport moral » de trésorier de l’association, Michel Sitbon pouvait rappeler qu’il avait accepté ce poste dès le premier jour de la création de l’association, pour garantir la transparence de son financement. Indépendamment du fait qu’il quittait l’association et qu’il en souhaitait la dissolution, ce qu’il avait réaffirmé tout au long de la journée, il se devait de rendre spécifiquement son mandat de trésorier en raison du fait qu’il était dans l’incapacité de garantir la transparence du financement de l’association. Suggérant sous forme de boutade que l’association finirait peut-être par aller chercher des chèques au quai d’Orsay, son propos avait été dénoncé comme diffamatoire par Jean-Claude Ramos. Michel Sitbon pouvait, dans son rapport moral de trésorier, souligner le fait qu’Alain Benajam avait fait état de ses relations avec les services chinois et de possibilités de financement de l’association, éventualité qu’il disait lui-même avoir déjà discuté avec ceux-ci.

Mis en cause Alain Benajam répondit en confirmant qu’il avait été envoyé « par les services secrets français auprès des services secrets chinois », et ce au nom du Réseau Voltaire. Il contestait que ces derniers lui ait offert un quelconque financement, mais précisait que c’était de son initiative qu’une telle possibilité avait été évoquée.

La transparence du financement

Dans son « rapport moral », Michel Sitbon avait bien précisé qu’il importait peu que cette transaction ait été consommée ou non. Dès lors qu’une telle éventualité avait pu être évoquée, de plus avec de tels interlocuteurs, et dès lors qu’il était simplement fait état de relations de cette nature avec ce type de « services », il n’était pas possible de garantir la transparence du financement de l’association. Il est évident que ce genre de choses se font d’ordinaire plus discrètement, et rien ne garantirait le futur trésorier que de telles transactions ne se déroulent, que ce soit avec l’association ou avec les éditions Thomas Paine de Thierry Meyssan, jumelées de fait au Réseau Voltaire.

Pour conclure la journée, avant de partir et après avoir démissionné de son mandat de trésorier, Michel Sitbon proposait une ultime motion en faveur de la dissolution pure et simple des services secrets, ceci en raison de leur nature non seulement criminelle, ainsi que c’est attesté au moins par le génocide rwandais, mais de plus en raison de leur incompatibilité avec l’existence d’une démocratie, leur vocation principale consistant à empêcher tout contrôle démocratique sur la politique de l’État. Cette motion ne fut même pas soumise aux votes, Bruno Drweski allant jusqu’à déclarer, au passage, qu’il n’est pas partisan de la démocratie, et ce dans aucun pays, « pas avant la révolution mondiale ».

Un verrouillage total du fonctionnement

Au terme de cette Assemblée générale, de nouveaux statuts étaient adoptés qui instituaient un collège dit de « membres fondateurs » (dont la plupart s’avèreront être des adhérents de fraîche date), qui se réserve la moitié des sièges du Conseil d’Administration. Le président étant doté de pleins pouvoirs en cas de siège à pourvoir… Un verrouillage total du fonctionnement de l’association, une présidentialisation instituée sous prétexte de prévenir des infiltrations extérieures, le tout voté par petite une vingtaine de participants triés sur le volet parmi lesquels plusieurs employés de Thierry Meyssan, ainsi que Claude Karnoouh ou Marc Boureau d’Argonne…

Un ami du président de la République…

Nous avons cherché sur la toile les pédigrés de quelques personnes dont les noms avaient circulé lors des débats et lors de l’élection du nouveau Conseil d’administration, en particulier ceux de Marc Boureau d’Argonne et de Claude Karnoouh. Ayant constaté que Karnoouh et Drewski [C’est depuis l’Assemblée générale du 26 février 2005 que nous avons constaté que Bruno Drweski, membre du CA sortant, n’est pas seulement un militant pro-serbe et un communiste « raide », mais un proche de Claude Karnoouh, qu’il côtoie dans le cadre de leurs activités professionnelles (CNRS, INALCO) et avec lequel il anime la revue La nouvelle alternative, dont il est le rédacteur en chef.] s’épaulaient tout au long de l’AG, on a voulu en savoir plus sur Bruno Drewski aussi.

Participant à l’Assemblée générale d’un Réseau Voltaire en plein reniement idéologique, Marc Boureau d’Argonne a été présenté par Alain Benajam, comme étant « un ami du président de la République, auquel il a parlé de nous, Réseau Voltaire, et le président de la République lui a dit qu’il nous trouvait bien sympathiques, mais qu’il ne voulait rien avoir à faire avec nous ». À l’actif de cet intercesseur au nom si évocateur, un livre récent sur une mission diplomatique auprès de Saddam Hussein pendant la première guerre du Golfe, publié chez l’éditeur ultra-catholique d’extrême droite François-Xavier de Guibert, dont le catalogue comprend entre autres choses un livre de défense de Maurice Papon.

Le chercheur négationniste

Autre participant à l’Assemblée générale, Claude Karnoouh, chercheur au CNRS et à l’Inalco, spécialiste de l’Europe de l’Est, et particulièrement de la paysannerie roumaine. En marge du procès de Robert Faurisson de 1981, Claude Karnoouh déclarait ne pas croire en l’existence des chambres à gaz… Pour lui, il n’y a « que dans les pays totalitaires qu’une vérité est éternelle ». Il s’expliquait longuement, à l’époque, dans un livre collectif publié aux éditions de la Différence, Intolérable intolérance. [Intolérable intolérance, édition de la Différence, 1981. Les autres auteurs sont : Jean-Gabriel Cohn-Bendit, Vincent Monteil, Éric Delcroix et Jean-Louis Tristani. Ce texte est disponible sur le net, notamment sur des sites négationnistes.] Dans ce texte intitulé « De l’intolérance et quelques considérations subjectives sur le nationalisme – Mémoire adressé à mes amis sur les raisons de mon témoignage lors du procès du professeur Robert Faurisson », il expliquait que ce n’est pas seulement l’existence des chambres à gaz en elles-mêmes qu’il contestait, mais bien le fait même d’une extermination des juifs, et, a fortiori la décision de procéder à une telle extermination. Selon Karnoouh, il s’agirait d’une invention du NKVD (la police politique de Staline) qui aurait forgé tous les témoignages sur Auschwitz et sur ce qui ne s’appelait pas encore Shoah, afin de faire oublier le goulag ! [L’auteur, éminent « savant » contemporain, semblait oublier, en 1981, que le « goulag » était un concept très récent, imposé par Soljenitsyne au milieu des années 70, et qu’à la libération des camps, en 1944-45, on ne disposait même pas encore du témoignage de Kravtchenko, qu’il suffira à la propagande stalinienne de diffamer pour que cela ne pose jamais de problème à la patrie du socialisme.] Il dénonce dans le même mouvement la complicité du sionisme international, intéressé selon lui au même « mensonge » pour imposer la création de l’État d’Israël [Là encore, l’auteur fait mine d’ignorer que les étapes décisives pour le mouvement sioniste se joueront surtout en 1917, avec la déclaration Balfour, puis avec l’implantation progressive du « foyer juif » entre deux-guerres, au point où, en 1948, la création de l’État d’Israël sera plus une « régularisation », l’aboutissement d’implantations sionistes bien antérieures à la Shoah, implantations qui devront très peu à Auschwitz, quoi qu’ait pu extrapoler Roger Garaudy lorsqu’il développera ultérieurement cette thèse de Claude Karnoouh dans Les mythes fondateurs de la politique israélienne, dernier avatar notable de l’offensive négationniste.]

On trouve dans ce texte touffu de Karnoouh ces lignes caractéristiques :

« Quant à moi, je ne saisis pas la différence qu’il y aurait entre les souffrances dues aux chambres à gaz, vraies ou fausses (c’est par ailleurs un moyen légal d’exécution aux U.S.A.), et l’incommensurable répétitivité de la déchéance physique due au travail esclave. Comment les sionistes ont-ils le cynisme de surévaluer la mort par les gaz (si elle eut lieu) par rapport au sort effroyable de ceux qui s’épuisaient journellement dans les souterrains de Dora, dans les carrières, ou à construire des routes stratégiques ? »

Depuis 1981, Claude Karnoouh n’a plus déserté les rangs de l’extrême droite. Participant régulier à des colloques et des revues d’Alain de Benoist, il en est un des contributeurs les plus titrés et des plus constants. Le 19 janvier 2005, il participait au colloque annuel du GRECE. Il vient d’ailleurs d’être salué dans la revue Éléments par Alain de Benoist lui-même qui souligne que « Claude Karnoouh réconcilie Heidegger et Adorno »…

À la mi-mars 2005, Thierry Meyssan, qui se targue d’être l’un des meilleurs experts de l’extrême droite en France, indique au téléphone qu’il ne connaissait pas les écrits de monsieur Karnoouh. Après lecture du texte en question, il ose soutenir que cette analyse du chercheur au CNRS ne serait « pas négationniste » – même s’il veut bien reconnaître que Karnoouh aurait « quelques défauts »… !

Les origines de la dérive

Tous ces épisodes récents ont fonctionné comme un révélateur qui, du coup, nous conduit à porter sur la trajectoire du Réseau Voltaire et de son président au cours des dernières années un regard nouveau. Depuis quand le vers était-il dans le fruit ?

À la lumière des derniers événements, nous datons approximativement le début de la dérive à 1999 ou 2000, ce qui correspond, en politique intérieure, à l’affaire Colonna en Corse, accusé du meurtre du Préfet Erignac, et, en politique étrangère, à la guerre du Kosovo. C’est aussi la période où Jean-Louis Arajol, un ancien syndicaliste policier, dirigeant du SGP, membre à ce titre du CA du Réseau Voltaire, décidait de rejoindre Charles Pasqua. Le Réseau Voltaire crut alors bon de lui souhaiter « bon vent », ce qui avait déjà semblé scandaleux à certains membres du CA. C’est donc très probablement avant les attentats de 2001, dès le déclenchement de la guerre du Kosovo, lorsque Thierry Meyssan a réorienté les recherches du Réseau Voltaire vers la politique étrangère, qu’a débuté, selon nous, l’évolution que nous constatons définitivement acquise en février 2005. Il semble bien que c’est dans le cadre de ses investigations sur les Balkans que Thierry Meyssan a rencontré Bruno Drewski, et vraisemblablement aussi Claude Karnoouh, déjà largement en contact avec ce dernier.

On peut ensuite revoir les évènements liés aux attentats du 11 septembre, à la lumière de ce que nous découvrons aujourd’hui. Le livre de Thierry Meyssan figure au catalogue des éditions Carnot au côté de nombre de livres manifestement fantaisistes, mais aussi et surtout au côté de Bernard Lugan, maître de conférences à l’Université de Lyon III, auteur de nombreux articles dans la presse d’extrême droite et propagandiste de la nécessité de l’apartheid. Il a présidé une thèse dans laquelle le Protocole des Sages de Sion est donné comme authentique. En 1990, il publiait un Manifeste pour la défense des libertés universitaires pour venir en aide à son collègue Bernard Notin sanctionné pour négationnisme.

Un instrument de la diplomatie parallèle

Il apparaît évident, avec ce que l’on sait maintenant, que la publication des thèses de Thierry Meyssan aura été, dès le départ, instrumentalisée par la diplomatie française pour déployer une « ligne » diplomatique de type « gauchiste » aussi bien dans le monde arabe qu’en Amérique latine. S’articulent autour de cette entreprise aussi bien des alliances avec des islamistes que des relais en particulier dans certains partis communistes du Moyen-Orient qui expérimentent depuis longtemps cette politique d’alliance avec les forces islamistes.

Le naufrage du Réseau Voltaire sera probablement son dernier service rendu à la connaissance du monde qui nous environne : on sait maintenant comment une association se fait infiltrer et retourner. On voit même comment un individu peut se faire instrumentaliser, comment un travail peut changer d’orientation, par les subtils leviers de la manipulation étatique. Il faut comprendre que le Réseau Voltaire a semblé un enjeu d’une réelle importance pour que se mobilisent des Karnoouh ou des Boureau d’Argonne, du haut de leurs Olympes intellectuelles ou étatiques.

Thierry Meyssan sera certainement apparu comme quelqu’un qu’il vaut mieux avoir avec soi que contre soi. Un adversaire encombrant se sera transformé en un agent de premier ordre, sorte d’ambassadeur spécial pour la diplomatie parallèle dont l’Élysée raffole. De ce point de vue, il est tout à fait révélateur de constater que le discours « gaulliste » de Chirac peut être associé d’aussi près avec ce que l’extrême droite et le militarisme contiennent de pire dans notre pays. Nous ne pouvons que nous consoler moyennement d’avoir dû, pour mettre à jour ces ultimes turpitudes, perdre quelqu’un que certains d’entre nous ont longtemps considéré comme un compagnon.

Mais aucune considération ne pourra justifier la captation de ce que fut le Réseau Voltaire au bénéfice du parti adverse, et l’abus qui aura ainsi été fait de notre confiance et de celle du public. Nous avons besoin de « réseaux voltaires » dans la forme démocratique où il a existé un temps, assurant les fonctions d’une agence de presse alternative, exigeante et courageuse. Tout le contraire de ce « nouveau Réseau Voltaire » devenu une officine de propagande militariste, chargé de défendre la « mission de la France » telle qu’on la comprend à l’extrême droite nationaliste, dans un gaullisme habilement maquillé de tiers-mondisme, composant aujourd’hui aussi bien avec l’islamisme qu’avec les impérialismes russe et chinois. Le plus inacceptable étant, bien sûr, la compromission avec les services secrets français, responsables, il y a à peine dix ans du génocide des Tutsis du Rwanda qu’il semblerait que Thierry Meyssan ait aussi oublié.

Par respect pour l’œuvre passée nous demandons la dissolution du Réseau Voltaire et appelons chacun à s’en retirer.

Michel Sitbon, 
Gilles Alfonsi, 
et Jean-Luc Guilhem

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Réseau Voltaire

Week-end de la folie ordinaire organisé par Utopsy les 7 et 8 mars 2015

WEEK-END DE LA FOLIE ORDINAIRE
organisé par Utopsy

samedi 7 mars et dimanche 8 mars 2015 de 14h à 20h
au Lieu Dit, 6 rue Sorbier, Paris 20e
ENTRÉE LIBRE

À écouter en direct sur Radio Colifata

Reprenant le détournement de la semaine d’information sur la santé mentale opérée par le collectif Artaud à Reims, Utopsy lance le week-end de la folie ordinaire les 7 et 8 mars, au Lieu Dit.

Ce week-end a pour ambition de fédérer des collectifs de soins, d’accompagnement, de culture, de citoyenneté, des collectifs militants quel qu’en soit le domaine, autour de pratiques inventives œuvrant à construire des espaces d’hospitalité. Nous pensons que les pratiques micropolitiques qui tendent à travailler, transformer, subvertir les dispositifs asservissants de la normativité néolibérale nécessitent d’être partagées.

Nous refusons que nos pratiques, nos métiers, nos personnes soient uniformément pliés et vidés de leur sens par les exigences de la concurrence dans tous les domaines de la vie. Nous nous opposons aux procédures homogénéisantes, totalisantes, préétablies se présentant comme naturelles et immuables. Nous voulons confronter les tentatives, aussi infimes soient-elles, qui partent de la rencontre avec le réel pour chercher des voies d’émancipation et d’accueil pour tous les êtres humains.

Dans ce moment où la confusion règne, tant dans les discours que dans les actes politiques, où les mots de la révolution, de liberté, ainsi que les pratiques traditionnelles de la contestation sont confisqués par les forces réactionnaires, nous souhaitons mettre en forme, dans le temps présent, de nouveaux rapports de force à partir du terrain et créer de nouvelles formes pour penser le monde. Il s’agirait de viser l’émergence de processus émancipateurs qui seraient distincts des mots positifs du management ainsi que de l’idéalisation d’âges d’or passés, tout en assumant leurs liens à l’histoire des luttes précédentes : tel pourrait être un des enjeux — nécessairement préliminaire — de ce week-end.

Un peu partout, de nombreuses expériences existent qui entendent soutenir la vie vivante : création collective d’un journal, d’une revue, d’une radio, d’un espace de parole, de formation, de partage de la vie quotidienne… Émergence d’un temps où l’on prend juste le temps… Bidouillages divers ou trucs variés qui modifient quelque chose de l’ambiance… Partager ces pratiques en nous rencontrant, en confrontant ces formes alternatives, en échangeant pour inventer un autre rapport aux normes du temps présent ouvrira potentiellement à de nouveaux communs là où nous sommes.

Avec la participation de l’association Humapsy, du collectif Encore Heureux, de la radio La Colifata, de la revue « Jef Klak », de la revue « Les Nouveaux Cahiers pour la Folie », du collectif Artaud, de La Case de Santé à Toulouse, de l’association La Main à l’Oreille, du café associatif « La Commune », du collectif Zones d’attraction, de l’association « les alentours », de l’atelier journal « Et tout et tout » d’Asnières, du journal « Ode aux dindons », de l’association Lizières et de musiciens pour un concert improvisé le samedi à 19h

UTOPSY

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[Tou-te-s à Toulouse le samedi 21 février !] Soutenir des modes de vie dignes et sobres sans questionner le système répressif qui les détruit est au mieux naïf et au pire complice de toutes les oppressions ; de même, critiquer le bras armé de l’État sans affirmer au nom de quoi cette critique s’opère – la revendication de l’autonomie des lieux et des vies singulières qui les habitent – peut être source de confusion et donc dangereux

Appel des occupant-e-s de la ZAD du Testet et du Collectif Tant Qu’il Y aura des Bouilles

Nous, habitant-e-s de la vallée du Tescou à Sivens et le collectif Tant Qu’il Y aura des Bouilles, appelons à rejoindre la grande manifestation nationale à Toulouse le 21 février en soutien aux ZAD et contre la répression policière.

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Dans cet événement convergent deux aspects essentiels de notre lutte qui s’articulent de façon complémentaire. En effet, soutenir des modes de vie dignes et sobres sans questionner le système répressif qui les détruit est au mieux naïf et au pire complice de toutes les oppressions. De même, critiquer le bras armé de l’État sans affirmer au nom de quoi cette critique s’opère – la revendication de l’autonomie des lieux et des vies singulières qui les habitent – peut être source de confusion et donc dangereux (l’expansion du capitalisme néolibéral se fait en parallèle de la dislocation des États).

« Ceux qui la vendent, c’est qu’ils n’ont pas de mère » (Major Moises, 2001)

Les Zones À Défendre sont avant tout des territoires où convergent des individus qui s’opposent à la marchandisation et au saccage de la Terre Mère – que ce soit une forêt, un bocage ou des terres agricoles – et à l’uniformisation des espaces qui détruit tous les lieux en tant que lieux porteurs d’expériences spécifiques. Elles sont aussi un terrain d’expérimentation d’une vie en collectif, de pensées et de pratiques communes, qui – sans nier les différences entre les individus – remettent en cause l’égoïsme et le narcissisme propres au Moi moderne.

Face à nos luttes légitimes, justes et dignes, l’État utilise la violence et un arsenal militaire démesuré, allant jusqu’à tuer, pour perpétuer le règle de la croissance. Il n’hésite pas à récupérer à sa cause un drame national pour créer artificiellement un ennemi intérieur et étendre les lois sécuritaires. De la même manière que, sous Vichy, les résistant-e-s maquisards étaient considéré-e-s par l’État français comme des terroristes, nous serions la nouvelle cible à abattre. Demain, tou-te-s terroristes ?

Pour nous opposer à tous les Projets Nuisibles et Imposés et à leur monde, réunissons-nous le 21 février à Toulouse dans une ambiance joyeuse, festive et conviviale. Toutes les actions décentralisées et ciblées, respectueuses des êtres humains, sont les bienvenues !

Place à la créativité ! Nous comptons sur nos soutiens toulousains et régionaux pour organiser l’accueil des manifestant-e-s venu-e-s d’ici et d’ailleurs (hébergement, informations pratiques etc.). Alors que le monde contemporain oublie l’Histoire et n’envisage le futur qu’avec cynisme et fatalisme, nous avons la féroce et chaleureuse ambition de rouvrir le champ des possibles et l’espérance en un futur pouvant accueillir des vies dignes et humaines pour nous et nos enfants.

Tou-te-s à Toulouse le samedi 21 février !

ZAD partout, tout le temps !

Information Anti Autoritaire Toulouse et Alentours (IAATA), 11 février 2015

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[ZAD des Chambarans] À Roybon, après le week-end des 7 et 8 février

http://juralib.noblogs.org/files/2015/01/0311.jpgAprès le week-end des 7 et 8 février. À Roybon

Quelques questions

Dimanche 8 février. 7 heures. Radio France Isère. Compte rendu de la journée du samedi, à Roybon, où les adversaires et les partisans du Center Parcs avaient prévu de manifester. « Les deux camps voulaient montrer leurs muscles ». Annonce de la journée du dimanche : « Les routes d’accès à la ZAD seront bloquées par des « pro-Center Parcs ». Ils ont installé sept barrages filtrants sur les petits chemins menant au chantier. Une opération autorisée par la préfecture de l’Isère. » Vous avez bien lu et vous pouvez entendre en allant sur le site Internet de la radio. L’annonce n’a pas été répétée dans la journée, du moins je ne l’ai pas entendue, mais elle n’a pas, non plus, été démentie : le Préfet autorise les milices.

Dimanche 8 février. Dauphiné Libéré. Un arrêté municipal « interdisant la circulation et le stationnement sur huit rues et chemins de la commune » a été pris pour interdire l’accès à la ZAD de Roybon. Qui a pris cet arrêté ? Le maire ? Les adjoints ? Le conseil municipal ? Qui en a averti la population ? Qui a chargé « les soutiens au projet de d’installation d’un Center Parcs dans la forêt de Chambaran » de s’organiser en supplétifs de la police ? Des barrages leur permettaient d’arrêter les « indésirables ». Ainsi une automobiliste, suspecte puisque sa voiture était immatriculée en Ardèche, a dû montrer ses papiers avant de pouvoir aller soigner ses chevaux. Ils lui ont signifié qu’elle avait deux heures pour s’acquitter de sa tâche. Voiture et conductrice ont par ailleurs été filmées. Un opposant au Center Parcs n’a pu franchir un barrage tenu par un ancien conseiller municipal. Les renards ont été contents : il allait les chasser ! Voiture et occupants d’un véhicule, ont été photographiés, à la demande – dixit le milicien — des renseignements généraux ! Les nombreuses forces de l’ordre semblaient accepter la concurrence. Ordre de la préfecture ?

Beaucoup d’inquiétude

Depuis des semaines, ceux qui se qualifient de responsables traitent zadistes et simples opposants, d’extérieurs, d’étrangers, d’anarchistes, de terroristes, se vautrant dans l’illégalité… Comment des esprits faibles n’en seraient-ils pas perturbés ?

Jeudi 5 février la cabane marquant l’entrée de la ZAD a été incendiée. Deux cocktails Molotov seraient à l’origine de cet attentat. Inquiète, vendredi, j’ai téléphoné aux trois élus, les plus proches de Roybon, leur demandant de désavouer cet acte. Je suis une citoyenne de leur secteur. J’ai laissé un message en milieu de journée. J’ai rappelé le soir. Deux personnes étaient alors à leur domicile elles m’ont dit les avertir. Je n’ai pas eu de retour. Sans doute ont-ils des obligations importantes. Sans doute préparent-ils les futures élections. Sans doute aussi ne se sentent-ils pas concernés par les violences. Elles n’étaient que verbales jusque là, elles sont devenues effectives. Deux voitures, dans la nuit de samedi à dimanche, ont été incendiées au barrage de Dionay. Ces incendies seraient-ils le fait de  la personne qui écrit sur sa page « FaceBook » : « Il n’y a que le feu pour détruire cette vermine ».

Des pages sur Internet résonnent d’appels au meurtre. « Faut les défoncer, ces merdes. » « La pelle à neige en pleine gueule ! » Deux personnes ont été agressées et blessées au visage. D’autres ont été menacées. Des pneus ont été dégonflés ou crevés à Roybon et alentours. Est-ce la façon de « les emmerder un peu » comme le dit le président de l’association « Vivre en Chambaran », dans des propos rapportés par le Dauphiné Libéré ?

À entendre certains habitants de Roybon, empêchés de rentrer chez eux faute de papiers d’identité, ne pouvant recevoir du matériel transporté dans un camion bloqué, ne se déplaçant dans leur propre village qu’en montrant patte blanche … on constate une exaspération certaine. Les opposants les plus déterminés au Center Parcs, opposants d’ici ou d’ailleurs, n’accepteront pas éternellement ce djihadisme brun. Ils peuvent eux aussi s’organiser. Est-ce ce que veulent les apprentis sorciers qui ont dressé les habitants les uns contre les autres ? Des batailles rangées ?

Dans un petit livre, Matin brun — tiré à deux millions d’exemplaires ! — Frank Pavloff, qui vit actuellement en Isère, montre dans une fable, la montée du nazisme en Allemagne. Deux amis, nullement politisés, occupés de leur travail, de leur famille, heureux de se retrouver le soir autour d’une bière, discutent tranquillement. Ils ont accepté sans problèmes de se séparer de leur chien, puis de leur chat — à éliminer parce qu’ils ne sont pas bruns ! D’acceptations en compromissions, ils se retrouvent dans un régime fasciste. Nous n’en sommes pas là. Mais quand une commune, et certains de ses habitants, s’autorisent à bloquer la circulation sans raison impérieuse et sans aucun contrôle, on a toutes les raisons de s’inquiéter.

« Nous sommes tous Charlie ! »

Une réunion devait se tenir dans un village proche de Roybon avec film, débats, promenades … ce samedi 14 février. Appelé à l’initiative d’un collectif de citoyens, « Le Carnaval des grenouilles et autres sales bêtes » devait parler des zones humides. Cinq jours avant cette fête, l’adjoint au maire, chargé de la location des salles, a annulé son accord : peur d’être « instrumentalisé à des fins anti-Center Parcs ». Devant un tel ridicule on pourrait rire. Pas après les protestations d’amour de la démocratie, de respect de la liberté d’expression, qui ont succédé aux assassinats du mois de janvier. « Tous Charlie ! » Vraiment ?

Le préfet de l’Isère s’en va

Il a été mis à la retraite. Est-ce son manque de discernement dans l’autorisation de la création d’un Center Parcs ? Sa gestion désastreuse des tensions qui se sont manifestées ces dernières semaines entre partisans et adversaires de ce centre de tourisme ? La violence qui a coûté l’œil à un pompier lors d’une manifestation très violemment réprimée ? De toutes façons il s’en va et je ne pense pas que beaucoup d’Isérois le regrettent et le plaignent. D’autant que, devenu préfet « hors cadre », si ses attributions restent mystérieuses, son traitement doit bien représenter le salaire de plusieurs travailleurs payés au minimum légal.

Ce départ est-il, de la part du pouvoir, un signe d’apaisement ? Il serait temps en effet que cessent diffamations, stigmatisations, agressions. Ceux qui se croient représentatifs parce qu’ils ont été élus, feraient bien d’agir avec un peu plus de responsabilité avant que ne survienne un drame.

À Roybon, le 12 février 2015
Michelle Pistone

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