Conférence-débat « Marx, le Capital et les crises économiques » le 23 juillet à Lille

Chaque jour, la « crise économique » du système capitaliste est invoquée pour justifier les politiques de rigueur, de restriction, de casse des acquis sociaux et du service public, de fermetures d’usines, comme si c’était une fatalité et qu’il n’y avait pas d’autre alternative. Qu’est-ce que les communistes répondent à cela ? Comment le marxisme permet-il d’analyser la crise capitaliste ?

Dans le cadre de sa rencontre estivale de formation militante, l’Initiative communiste-ouvrière organise le samedi 23 juillet à 19h00 une réunion publique sur le thème :

Marx, le Capital et les crises économiques

Le sujet sera présenté par Nicolas Dessaux et suivi d’un débat.

Ça se passe au Café citoyen, 7 place du Vieux Marché aux chevaux, à Lille (Métro République). Prière de consommer, c’est ça qui fait vivre le café, un espace de discussion bien utile à Lille.

Initiative communiste-ouvrière.

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Attentat contre un bureau de recrutement de l’Armée canadienne – nuit du 1er au 2 juillet 2010

La revendication de l’attentat à Trois-Rivières

Voici une copie de la revendication reçue par courriel par La Presse, vendredi matin, à la suite de l’attentat contre un bureau de recrutement de l’armée canadienne à Trois-Rivières. La lettre est signée par le groupe « Résistance internationaliste ».

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La nuit dernière, une charge explosive non improvisée a été activée au Centre de recrutement de l’Armée canadienne à Trois-Rivière (deux appels d’évacuation ont été logés). Résistance internationaliste [Anciennement IRI (Initiative de résistance internationaliste)] sort à nouveau de l’ombre pour joindre l’historique opposition populaire aux pratiques et aux idéaux militaristes de l’État canadien et pour s’assurer que les pouvoirs politique, économique et militaire ne poursuivent impunément l’entreprise d’endoctrinement justifiant leur aventure impérialiste.

Le gouvernement canadien ne se contente pas de nous soumettre à l’oligarchie marchande et de lui livrer nos ressources, il réclame qu’on aille lui asservir d’autres peuples. Subir les effets et les dangers de l’exportation gazière ne suffit pas, il faudrait qu’on aille sécuriser un trajet de pipeline (TAPI) en territoire afghan.

Être les otages dociles des sinistres pétrolières n’est pas satisfaisant, il faudrait joindre la marine canadienne pour aller couvrir leur pillage au Delta du Niger. Demeurer les lucratifs cobayes des machinations de l’industrie pharmaceutique n’est pas assez, il faudrait aller protéger l’approvisionnement mondial d’opium que garantit le narco-régime de Karzaï.

Hostile aux prétentions militaires insufflées par Washington, la population est la cible permanente d’une propagande abjecte où l’occupation étrangère de l’Afghanistan est travestie en mission civilisatrice. Les apôtres des « valeurs démocratiques » et les « sauveurs » des femmes afghanes sont les soldats d’une armée qui donne la torture en sous-traitance et qui cache les crimes sexuels endémiques à tous les échelons de sa hiérarchie, vraisemblablement dans le but de garder les agresseurs sexuels en opération à l’étranger (projet de loi S-3). « Nos soldats » sont les mêmes qui, hier, ont écrasé le peuple métis, maté à mainte reprises des mobilisations ouvrières, mitraillé l’opposition québécoise opposée à la conscription, imposé la Loi des mesures de guerre, assiégé une communauté amérindienne pour un terrain de golf, renversé un gouvernement haïtien démocratiquement élu, et qui demain, nous imposeront les diktats du marché et la soumission fiscale.

Les dirigeants des banques et des multinationales peuvent empocher des fortunes à l’abri du fisc, mais c’est à nous qu’on impose le financement de l’expansion impérialiste. Des blindés à 5 milliards de dollars, des avions à 8 milliards, des navires de guerre à 50 milliards et des soldats à 500 milles par année, c’est une majorité de travailleurs et travailleuses privés d’assurance chômage, c’est le quart des ménages qui peine à se payer un toit, c’est la vieillesse avec des rentes de misère, c’est une multitude d’enfants qui souffre toujours d’insécurité alimentaire.

Cette opération contre le centres d’enrôlement est notre résistance au bourrage de crâne et au racolage intensif par l’armée d’une jeunesse confrontée au vide d’une société avilissante. Nous ne pouvons pas laisser à l’État le monopole de la violence et de sa mise en scène (orgie répressive au G-20, fourniture d’« explosifs » aux jeunes manipulés de Toronto, menaces « fondamentalistes » de l’agent Gilles Breault).

Quant aux soldats de l’Armée canadienne, que ce soit bien clair, ce ne sont aucunement « les nôtres », ils appartiennent à celle à qui ils prêtent bêtement allégeance, sa Majesté Élisabeth II.

CONTRE LA GUERRE IMPÉRIALISTE :

RÉSISTANCE INTERNATIONALISTE (RI)

Leur presse (Cyberpresse), 2 juillet 2010.

 

 

Trois-Rivières (Canada) : attaque explosive contre un centre de recrutement de l’armée

L’attentat qui a endommagé le centre de recrutement des Forces armées canadiennes dans la nuit de vendredi sur la rue Saint-Georges, au centre-ville de Trois-Rivières, a été revendiqué par la Résistance internationaliste, un groupe qui s’oppose aux « pratiques et aux idéaux militaristes de l’État canadien ».

 

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L’organisation a envoyé un communiqué à différents médias pour revendiquer l’attentat. « Cette opération contre le centre d’enrôlement est notre résistance au bourrage de crâne et au racolage intensif par l’armée d’une jeunesse confrontée au vide d’une société avilissante. Nous ne pouvons pas laisser à l’État le monopole de la violence et de sa mise en scène », peut-on lire dans le communiqué.

Plus tôt aujourd’hui, la Sûreté du Québec a confirmé qu’un appel à la bombe a été fait au service 911 dans les minutes qui ont précédé l’explosion.

La déflagration n’a fait aucun blessé, mais les dommages seraient considérables même si la structure de l’immeuble n’avait pas été affectée. Sous la force de l’explosion, plusieurs portes vitrées des bureaux du centre de l’édifice ont volé en éclats.

À leur arrivée, les policiers pouvaient encore n’apercevoir de la fumée, mais aucune flamme. Un homme qui a été témoin de l’explosion était encore sous le choc plusieurs heures après l’événement. « J’ai entendu l’explosion ; ça a sauté sec et fort ! Je suis resté paralysé une trentaine de secondes. Ça venait vraiment du portique, le verre est parti de partout », a-t-il dit, ébranlé.

Leur presse (TVA Nouvelles), 2 juillet 2010.

 

(…) En 2006, un groupe portant un nom similaire, « Initiative de résistance internationaliste », avait revendiqué l’incendie criminel de la voiture de Carol Montreuil, le vice-président de l’Institut canadien des produits pétroliers. L’attentat avait été commis en août devant le domicile de M. Montreuil à Lorraine, au nord de Montréal.

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Le même groupe s’était également proclamé responsable d’une attaque à la bombe contre un pylône d’Hydro-Québec en décembre 2004 dans les Cantons de l’Est, près de la frontière américaine. (…)

Leur presse (La Presse canadienne), 2 juillet 2010.

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Berlin : 1000 personnes à la manif pour Carlo

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Samedi soir a eu lieu à Berlin une manif non-autorisée en mémoire de Carlo Giuliani. Environ 400 personnes se sont rassemblées à la Lausitzer Platz à 21h30. Les flics ont proposé de discuter avec « l’organisateur » pour règler « quelques détails », mais des rires moqueurs étaient la seule réaction. Vers 22h, un cortège bien noir d’un millier de personnes passe par la place et les personnes présentes le rejoignent. Par la suite, les flics ont essayé de disperser la manif et vers minuit, ils l’ont réussi.

Traduit de l’allemand (Indy Linksunten) – Le Réveil, 17 juillet 2011.

 

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German police detains 33 leftist activists as clashes leave 34 officers injured

Police say hundreds of leftist activists clashed with security forces in Germany’s capital, throwing stones and bottles and setting off fireworks that left 34 officers with minor injuries.

Berlin police said Sunday about 500 officers and a helicopter were deployed to keep the unauthorized rally in check.

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It said 33 activists were detained during the running battles late Saturday in the city’s Kreuzberg neighbourhood.

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German leftist groups had called for the rally to commemorate the 10th anniversary of a protester’s death, Carlo Giuliani, who was shot by a paramilitary policeman on the sidelines of a G-8 summit in Genoa in July 2001.

Leur presse (The Associated Press), 17 juillet 2011.

 

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[No Tav] Marta, Salvatore, Roberto et Gianluca remis en liberté

Les quatre No Tav qui étaient arrêtés le 3 juillet pendant le long dimanche de résistance à la Maddalena ont été tous remis en liberté. Le Tribunale della Libertà a considéré excessive la détention ferme preventive en la remplaçant avec des mesures de contrôle judiciaire : l’arrêt forcé à domicile pour Gianluca Ferrari, Salvatore Soru et Roberto Nadalini et l’obligation de résidence pour Marta Bifani.

Tous libres, toutes libres !

Indymedia Paris, 17 juillet 2011.

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[Tunisie] Commissariats de police attaqués à Tunis et Menzel Bourguiba

Tunisie : des postes de police attaqués

Des postes de police à Tunis et à Menzel Bourguiba (65 km au nord de la capitale) ont été attaqués la nuit dernière, et au moins quatre personnes ont été gravement blessées, a-t-on appris de sources concordantes.

À Tunis, dans la cité populaire d’Intilaka, 300 à 400 personnes, dont certains armés de pierres et de cocktails molotov, ont tenté de pénétrer dans le principal poste de police et les affrontements ont duré plusieurs heures. « Ils sont venus exprès pour incendier le poste, certains avaient des sabres, d’autres ont jeté des cocktails molotov », a déclaré à l’AFP un agent sous couvert de l’anonymat.

Des pneus incendiés, des pierres et des restes de barricades jonchaient la route devant le poste de police, a constaté l’AFP. Dans l’enceinte du poste, des traces de cocktail molotov et des vitres brisées témoignaient de la tentative d’assaut.

À peu près à la même heure, des attaques contre la police et des magasins se sont produites à Menzel Bourguiba, ville industrielle au nord de Tunis, a indiqué à l’AFP le porte-parole du ministère de l’Intérieur Mohamed Hichem Moueddeb. Quatre personnes ont été gravement blessées et transférées à Tunis, a-t-il ajouté, précisant qu’il ne s’agissait pas de policiers.

Leur presse (Agence Faut Payer), 17 juillet 2011.

 

Tunisie – Folle nuit à Menzel Bourguiba … et ailleurs !

La nuit du samedi 16 juillet était chaude à Menzel Bourguiba (63 kilomètres au nord de Tunis) où l’on a incendié totalement le siège du district de la police et tous les véhicules à l’intérieur. Des véhicules neufs, nous précise un riverain.

Le poste de la police de circulation et celui de la garde nationale ont été, par ailleurs, saccagés sans être brûlés. Idem pour le bureau local de la CNAM et celui de l’Emploi.

Dimanche matin, les habitants de Menzel Bourguiba se sont réveillés avec une grosse inquiétude. Les commerces sont fermés et tout le monde craint cette insécurité qui se ressent dans l’air.

L’armée est, certes, venue à la rescousse, mais on a peur, partout, de nouveaux débordements.

À noter que les camions de l’armée ont été remarqués dans plusieurs quartiers du Grand Tunis dès le samedi soir.

Menzel Bourguiba n’est pas la seule à avoir connu une chaude nuit. D’autres quartiers de Tunis ont été le théâtre, samedi, d’affrontements entre la police et des manifestants sortis de nulle part et ce notamment à Cité Ettadhamen et Cité Ettahrir.

D’autres quartiers de Tunis, en revanche, continuent à vivre les nuits d’été d’une manière ordinaire avec des restaurants et cafés pleins à craquer et des familles sorties se balader et se rafraîchir.

Leur presse (Business News), 17 juillet 2011.

 

En Tunisie, policiers et manifestants s’affrontent

Les échauffourées continuent d’être le lot quotidien de la capitale tunisienne. Cette nuit, un commissariat a été incendié. La police a procédé à des tirs de sommation.

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Scène de vie quotidienne cette semaine à Tunis, où les manifestants n'ont pas cessé leurs revendications

Un commissariat de la banlieue de Tunis incendié. Et c’est la police qui procède à des tirs de sommation. Le but : éloigner le groupe incendiaire, formé d’environ 200 personnes.

La scène s’est passée cette nuit, dans la banlieue est de Tunis, dans le district d’Intilaka précisément. Un hélicoptère de la police a même été dépêché sur place, selon un correspondant de Reuters sur place.

Les émeutiers protestaient eux contre le tir de grenades lacrymogènes, vendredi, dans une mosquée du centre-ville pour disperser une manifestation.

Leur presse (Agence Faut Payer), 17 juillet 2011.

 

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Une nuit agitée, aussi par les rumeurs

La violente répression dont les forces de l’ordre ont été les auteurs, vendredi 15, à l’occasion du premier jour du sit-in annoncé d’Al Kasba 3, a déclenché de vives réactions un peu partout dans le pays. Des incidents ont ainsi éclaté à Menzel Bourguiba où un poste de police a été incendié, selon Mosaïque FM. La situation a échappé à la police, ce qui a poussé l’armée à intervenir.

D’autre part, un hélicoptère sillonne le ciel étoilé de la zone allant de la cité Ibn Khaldoun à la cité Ettadhamen, en passant par El Intilaka, et El Omrane Supérieur. Le métro n° 5, direction Intilaka, annonçait terminus à la station « Les jasmins », et ce, à partir de 22h00. Des témoins revenant d’un mariage à la cité Intilaka en voiture nous ont déclaré avoir été surpris par des bombes lacrymogènes balancées à tout-va. D’autres ont dû quitter la salle des fêtes précipitamment : l’odeur des lacrymos avait envahi la pièce. Un poste de police aurait été incendié à El Intilaka. Cependant, rien n’est encore clair à l’heure où nous publions.

Des incidents se sont, également, déclarés à Jbeniana, dans le gouvernorat de Sfax où un poste de la Garde nationale aurait été incendié.

Beaucoup de rumeurs ont circulé et circulent sur la toile, notamment sur Facebook et Twitter, comme la mort ou le lynchage de policier à Menzel Bourguiba, le rassemblement, au Bardo, de « camions-pression » transportant de l’eau chaude pour calmer les ardeurs du côté des cités Ettadhamen et Intilaka, cartouche, flashbang et grenade à El Manar, ou encore des incidents et des tirs à balle réelle à Hammam-Lif.

Leur presse (Webdo.tn), 17 juillet 2011.

 

Des jeunes mettent le feu à un poste de police à Menzel Bourguiba

Des  groupes de jeunes ont  mis le feu à un poste de  police situé au centre ville de Menzel Bourguiba.

Ces groupes de jeunes  avaient organisé une marche de protestation en direction du poste de police pour protester contre les agressions perpétrées par les forces de l’ordre contre des manifestants vendredi 15 juillet à la Kasbah.

En riposte à cette attaque les policiers ont tiré en l’air pour disperser ces jeunes avant que l’armée n’intervienne.

Leur presse (Mosaïque FM), 16 juillet 2011.

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C’est facile d’attaquer, Une analyse de la lutte anarchiste à Barcelone

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Traduction française de It’s Easy To Attack, par La Mitrailleuse diffusion, Montréal 2011.

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La mort de Mahamadou Marega ente les mains de la police…

… comment la justice s’achemine vers un non lieu ou un procès bidon

Les malformés du Taser

Le 29 novembre dernier à Colombes (Hauts-de-Seine), Mahamadou Marega, 38 ans, menace son proriétaire avec un marteau. À 1h30 il était mort, gisant dans son vomi, entravé dans la cabine de l’ascenseur. Dix policiers de la brigade anticriminalité lui auraient administré « deux bons coups » de matraque, des gaz lacrymos et six décharges de Taser. Soit trois tirs d’un brigadier et d’un gardien de la paix dont l’un n’avait plus le droit d’utiliser le pistolet à impulsions électriques depuis quinze jours.

Plus inquiétant encore, l’affolement que dépeignent les jeunes poulets dépêchés sur place : « Il est devenu hystérique. Son regard avait changé. Il avait l’air d’un fou. (…). Je l’ai gazé (…) Il a foncé sur moi », raconte l’un d’eux. La panique monte : « J’étais démuni, avec ma matraque (…). J’ai appuyé sur la détente. Comme il n’avait pas réagi à cette décharge, j’ai rallumé mon Taser. (…) J’ai gardé mon doigt sur la détente jusqu’à tant qu’il laisse ses bras aller derrière. » Un autre flic ne se souvient même plus de ce qu’il a « fait du Taser ». Enfin, Marega est « maîtrisé », puis porté dans l’ascenseur : « Il ne gueulait plus… ». Et pour cause.

Dans un premier temps, les experts ont conclu à « une insuffisance respiratoire massive par inhalation de gaz dans un contexte de plusieurs contacts par tir de Taser ». Une seconde expertise attribue la mort à la drépanocytose — maladie des globules rouges — dont le malheureux était porteur sans le savoir, comme la plupart de ceux qui en sont atteints. Le mal, latent, peut se muer en crise mortelle lors d’un fort stress.

Reçus par le juge d’instruction, le 8 juin, les proches de Marega et leur avocate ont tenté d’en savoir plus. En vain. Et, le 8 juillet, la juge a refusé à Me Canu-Bernard la plupart des investigations qu’elle réclamait, dont la confrontation des policiers en sa présence.

Dommage, cela aurait permis de comprendre pourquoi le Taser est laissé aux mains des flics inexpérimentés. Et de se demander s’il ne serait pas prudent d’interdire une arme qui se révèle fatale aux « drépanocytaires ». Soit 50 millions de personnes dans le monde.

Leur presse (Dominique Simonnot, Le Canard enchaîné), 13 juillet 2011.

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[Milan] Une lettre de Mattia et Federico

 

Mattia et Federico étaient incarcérés suite à leur arrestation le 15 juin, pour transport d’engin incendiaire (voir ici le tract de solidarité La fascination du diable qui se fume une cigarette, traduit par les soins des Brèves du désordre, même si de nombreux copieurs/colleurs ne le signalent pas). Ils ont été libérés le 8 juillet dernier, le premier de la prison de Vigevano, et le second de celle de Cremona. Voilà ci-dessous une lettre d’eux, sortie il y a quelques jours.

Milan : une lettre de Mattia et Federico

La nuit du 14 au 15 juin, nous avons été arrêtés par une patrouille, avec son bord un flic et deux militaires [les militaires patrouillent dans les rues des grandes villes italiennes depuis 2008], qui constatent du « matériel suspect » dans notre sac. Nous sommes alors transférés au commissariat de Lambrate (Milan), menacés par un agent zélé, avant que ne soit effectuée une perquisition au domicile de l’un de nous, lors de laquelle sont retrouvés des pétards et un bidon d’essence.

Nous sommes donc tous deux incarcérés sous l’accusation de « port et transport d’explosifs en public », sur la base de la loi 895 (loi sur les armes de guerre). Le juge de la détention et des libertés [GIP] tente une comparution immédiate, ce qui renvoie en fait le procès à octobre. Le 8 juillet, nous avons été remis en liberté suite à une nouvelle audience concernant la préventive.

Malgré tout ce qui est arrivé, nous souhaitons affirmer quelques vérités de base auxquelles nous, tous les deux, comme individualités anarchistes, tenons. Il s’agit de paroles privées de tout absolu conceptuel, elles représentent ces exigences instinctives de libération qui secouent quotidiennement notre existence.

Avant tout, la tension révolutionnaire et subversive qui stimule nos esprits et meut nos corps, nous porte en permanence à défier les opinions communes stériles, et à nous affronter à la stupide « cohabitation civile », où nous sommes dégradés à l’état d’atomes qui ne sont qu’associés dans des rapports de production, de consommation, de distraction, de divertissement et d’endoctrinement, selon les rythmes inhumains de cette société marchande. Classées dans l’anonymat des catégories sociales, perroquets mécaniques de paroles vides, désespérément agrippées aux petites sécurités quotidiennes, nos vies ne sont rien d’autre qu’un cauchemar éveillé dont nous tentons de nous réveiller.

C’est pour cela qu’il y aura toujours des individus prêts à se risquer sur le chemin insidieux de la turbulence émancipatrice. Les actes de révolte, poussés par une raison de libération individuelle et collective, renforcent le sentier sur le lequel nous cheminons.

Solidarité avec tous les individus en révolte.

« La masse en perdition ne se compose jamais d’hommes, parce que l’homme commence à partir du moment où la foule, tombe de l’humain, disparaît. » — Albert Caraco, Bréviaire du chaos.

Mattia et Fede

Traduit de l’italien (Informa-Azione) – Brèves du désordre, 12 juillet 2011.

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Camping No-Tav en Val de Suse du 15 au 30 juillet 2011

PROGRAMME ET INFOS 12e CAMPING NO-TAV EN VAL DE SUSE… WORK IN PROGRESS
Du 15 au 30 juillet à Chiomonte, rassemblement permanent à la centrale électrique

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VENDREDI 15, 18h Massimo Zucchetti  (prof. Polytechnique Turin) : Leçon sur le gas CS lacrymogènes et cancérigènes. 22h « BATTITURA  SONORA CANTIERE » avec « SAMBA BAND ».

SAMEDI 16, 14H00 Nettoyage sentier. 17h30 Assemblée présentation du camping. 22h « Terraferma », Concert de musique populaire.

DIMANCHE 17, 10h Promenade et pique-nique au Rassemblement permanent de Clarea.

LUNDI 18, 10h Tentes au Rassemblement permanent de Clarea. 21h30 Luca Giunti (garde forestier, photographe, naturaliste) présente « La valle viva » : un conte en image sur les animaux, les plantes et les hommes qui partagent un environnement charmant et difficile.

MERCREDI 20, 21h « La lutte no-TAV et Turin, que faire après la manifestation aux flambeaux du 8 juillet ? » avec une intervention des signataires de l’appel pour la manifestation  Giorgio Airaudo, Marco Revelli, Michele Curto et Massimo Zucchetti.

JEUDI 21, 21h « Kurdistan, Le pays qui n’existe pas » avec Antonio Olivieri, de l’Association « Vers le Kurdistan », projection de matériel vidéo sur les manifestations  du Newroz 2011, film Printemps en Kurdistan, de Stefano Savona [sur la résistence du PKK dans les Monts Qandil].

VENDREDI 22 ENCERCLEMENT…

CAMPING LIBRE – DÎNERS POPULAIRES À PRIX LIBRE – ZONE DE DÉBATS – ZONE DE CONCERTS – LUTTE

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Traduit de l’italien – plus d’infos sur www.notav.info.

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Kasserine (Tunisie) : mutinerie à la prison, et incendies de comicos en solidarité

Kasserine : deux morts suite à un incendie provoqué par une tentative d’évasion

Aujourd’hui, vers 9h, un incendie s’est déclaré à la prison civile de Kasserine, selon la TAP. Cet incendie, provoqué par une tentative d’évasion, a fait, d’après un premier bilan, deux morts, et 19 intoxiqués dont cinq ont été mis sous oxygène, leur état étant jugé assez critique, en plus d’autres blessés légers.

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Les circonstances de cet incendie n’ont pas encore été révélées, alors que les citoyens de la ville ont vite fait d’accourir vers la prison pour s’enquérir des leurs parmi les prisonniers et surtout demander leur libération.

Des unités de l’Armée nationale, avec leurs véhicules, ont rapidement pris position autour de la prison afin de parer à tout imprévu et empêcher une quelconque tentative d’invasion des lieux par les proches des prisonniers qui ont tout de même attaquer les militaires par des jets de pierres.

Rappelons que depuis le début de la Révolution, plusieurs incendies ont été provoqués dans différentes prisons de la république, dont celle de Kasserine de laquelle pas moins de 522 prisonniers se sont évadés, et ce, le 29 avril dernier.

(Mise à jour) : Nous venons d’apprendre que le nombre des victimes est passé à deux dans l’incendie, provoqué par une tentative d’évasion.

Leur presse (webdo.tn), 5 juillet 2011.

 

Tunisie : incendie à la prison de Kasserine, un mort et 24 blessés

Un incendie allumé par des détenus qui tentaient de s’échapper de la prison de Kasserine (centre ouest de la Tunisie) a fait un mort et 24 blessés, a-t-on appris mardi de source gouvernementale.

Un détenu a été tué et 24 autres intoxiqués par les fumées, a annoncé cette source, précisant que l’incendie avait été déclenché mardi matin par des détenus ayant mis le feu à leurs matelas, dans une tentative d’évasion.

Selon l’agence de presse tunisienne TAP, les blessés ont été transférés à l’hôpital régional de Kasserine et cinq d’entre eux ont été placés sous assistance respiratoire.

Plusieurs familles et proches se sont rassemblés devant la prison pour réclamer des nouvelles, et ont jeté des pierres sur les militaires qui avaient encerclé le bâtiment, a ajouté la TAP.

Fin avril, plusieurs détenus s’étaient échappés de cette même prison après avoir allumé un incendie dans une des cellules.

Leur presse (Agence Faut Payer), 5 juillet 2011.

 

Tunisie : deux morts dans l’incendie d’une prison à Kasserine (centre-ouest)

Deux détenus sont morts asphyxiés et plusieurs autres ont été grièvement blessés dans un incendie survenu mardi dans une prison de Kasserine, une ville du centre-ouest tunisien, selon l’agence de presse officielle TAP, qui évoque une tentative d’évasion.

D’après l’agence, qui se réfère à une source de la direction générale des établissements pénitentiaires, le drame a été provoqué par des détenus qui ont mis le feu à des matelas dans une tentative d’évasion.

Une source médicale à l’hôpital de Kasserine a fait état de 17 blessés, dont cinq dans un état grave qui ont été placés sous respiration artificielle.

L’intervention des équipes de la protection civile appuyées par les forces de l’ordre et l’armée a permis de maîtriser la situation. Des blindés militaires et des unités sécuritaires ont été déployés tout autour de la prison pour contenir la foule des proches des détenus venus s’enquérir du sort de ces derniers, a ajouté la TAP.

Depuis la chute à la mi-janvier du régime de l’ancien président Zine el Abidine ben Ali, qui a engendré un vide sécuritaire, des évasions massives se sont succédé dans plusieurs régions du pays dans des circonstances similaires. Elles ont engendré une soixantaine de morts, tandis que des milliers de prisonniers ont pu prendre la fuite. Bon nombre se sont soit rendus d’eux-mêmes, soit ont été rattrapés par les forces de sécurité et l’armée.

Leur presse (AP), 5 juillet 2011.

 

Tunisie : bâtiments des forces de l’ordre incendiés à Haidra

Deux postes des forces de l’ordre ont été incendiés par des manifestants mercredi soir à Haidra (centre ouest) et des ordinateurs dérobés à la municipalité, a annoncé jeudi le ministère de l’Intérieur, qui n’a pas fait état de blessés.

200 personnes, ivres pour la plupart, ont brûlé deux postes de police et de garde nationale (gendarmerie) et volé des ordinateurs à la municipalité, a déclaré le porte-parole de l’Intérieur Mohamed Hichem Moueddeb lors du point de presse du gouvernement. Haidra compte quelque 3000 habitants et fait partie du gouvernorat de Kasserine.

Selon M. Moueddeb, ces actions auraient été menées pour protester contre la mort de deux détenus la veille lors d’un incendie à la prison de Kasserine. Des prisonniers avaient mis le feu à leurs matelas pour s’évader, selon le ministère, faisant deux morts et 24 blessés.

Les forces de maintien de l’ordre ne sont pas responsables des morts dans la prison, a fait valoir le porte-parole, en assurant que les assaillants seraient déférés devant la justice.

Il a assuré que la réaction des policiers à Haidra avait été mesurée, afin de ne pas compromettre la réconciliation entre forces de l’ordre et citoyens.

M. Moueddeb, haut responsable policier, a récemment remplacé Néji Ziiri, un ex-journaliste, au poste de porte-parole du ministère de l’Intérieur.

Leur presse (Agence Faut Payer), 7 juillet 2011.

 

Tunisie. Le calme revenu à Hydra après une nuit de violence

Après une nuit de violence et de feu, les agents de la Sécurité nationale ont pu maîtriser la situation à Hydra (gouvernorat de Kasserine, centre-ouest).

Poste de police, poste de la Garde nationale, Centre de développement régional, locaux municipaux ont été pris pour cible par au moins une trentaine de personnes. Ils protestaient contre la mort d’un enfant de la ville, Achraf Ben Faouzi Messaoud, 24 ans, dans l’hôpital de Kasserine, à la suite de graves brûlures contractées, deux jours plus tôt, à la prison de la ville où il était incarcéré.

L’information a été rendue publique aujourd’hui par le colonel Hichem Meddeb, représentant du ministère de l’Intérieur.

Leur presse (Kapitalis), 7 juillet 2011.

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Qu’a-t-on le droit de lire dans un centre de rétention ?

Mon ami H. n’a pas de papiers. Il vit en France depuis plusieurs années, il effectue toutes les basses œuvres sous-payées que le patronat veut bien lui refourguer. H. est un nom d’emprunt, mon ami doit en changer après tout passage par un centre de rétention administrative (CRA). Comme d’autres dans son cas à Toulouse, il se brûle régulièrement les phalanges pour tromper les prises d’empreintes et éviter d’être expulsé. Il a été arrêté il y a dix jours et a été interné pour la seconde fois au centre de rétention administratif de Cornebarrieu, près de Toulouse.

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Je suis allé le voir, ce mercredi 6 juillet dans l’après-midi avec deux autres ami(e)s. Comme il l’avait demandé, nous lui avons apporté quelques bouquins. Le Graal de fer, une terrible aventure de Merlin, et Feu au centre de rétention, des sans-papiers témoignent, un recueil de récits de migrants ayant participé aux luttes qui précédèrent l’incendie du CRA de Vincennes en juin 2008 [Éditions Libertalia, 2008. Les bénéfices de ce livre sont entièrement reversés en soutien aux inculpés de l’incendie du CRA de Vincennes.].

C’est vrai que, en le prenant dans la bibliothèque, on s’était bien demandés si les flics de la police de l’air et des frontières (PAF) n’allaient pas nous faire des ennuis.

Sur la route, dans la voiture, on discutait du statut de ce type d’établissement. « Une zone d’exception », a dit l’un, un « camp », a dit l’autre, une « prison pour étrangers », a dit la dernière. Les CRA n’apparaissent pas sur la plupart des cartes, celui-là n’est pas indiqué une seule fois sur la route alambiquée qui y mène. Il nous semble évident que cet éloignement du monde normal a été pensé. Il est quasiment impossible d’y venir en transports en commun. Le CRA a été construit en bout de piste de l’aéroport Blagnac, « pour maximiser les temps de trajet des fourgons cellulaires », explique la directrice de cabinet du préfet [Anne-Gaëlle Baudouin-Clerc, directrice de cabinet du préfet, Ibid.]. Il est conçu pour accueillir plus de 126 personnes, dont des familles avec enfants. Même pour le bâtir, l’État s’est aménagé un espace d’exception à l’intérieur du droit. Édifié en zone non constructible, classé en catégorie « gêne forte » du plan d’exposition au bruit [La Dépêche, 13 novembre 2009], le préfet avait contourné l’interdiction en classant d’abord le camp en équipement hôtelier puis en en équipement aéroportuaire. Des dommages sonores interdits à l’encontre d’un corps légal sont devenus légitimes parce qu’ils étaient appliqués sur des corps sans papiers.

Construit en 2006, ce CRA était un prototype d’un nouveau genre, ultrasécuritaire, rationalisé, rentable et exportable. Il est doté d’un fonctionnaire pour un retenu, de 103 caméras et de badges électroniques pour accéder aux différentes zones [Rapport de visite du contrôleur général des lieux de privation de liberté, CRA Cornebarrieu, 17-20 mars 2009].

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Nous sonnons, une caméra nous interroge, semble réfléchir, puis nous ouvre la grande grille automatique. On s’attend presque à voir Jabba le Hutt [personnage de fiction de l’univers de Star Wars, ndlr]. À l’entrée, un policier de la PAF vérifie nos identités, nous fouille et nous passe au détecteur de métaux. Puis il inspecte les livres. Il bloque vaguement sur Feu au centre de rétention, vérifie qu’il n’y a rien de caché dedans puis nous amène jusqu’au parloir où il nous enferme avec H. pour trente minutes. Au bout d’un quart d’heure, une policière ouvre la porte et nous demande le livre, expliquant qu’elle doit vérifier s’il est bien conforme et ne risque pas d’« inciter à l’émeute ».

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1310779931.pngJ’explique qu’il s’agit de récits, que les sans-papiers de Vincennes n’ont pas eu besoin de ce livre pour se révolter, je demande si elle a peur des idées et, c’est vrai, de manière insolente, cynique et subversive, m’exclame : « Mais on est en démocratie non ? ma bonne dame ! » « Oui, on est en démocratie, c’est justement pour ça que je dois contrôler ! », nous répond la fonctionnaire. C’est bien plus clair qu’un livre de Michel Foucault ou de Giorgio Agamben, c’est technique et efficace, clair et concis ; matérialiste et sans langue de bois.

Nous profitons de notre second quart d’heure avec H. pour discuter. Il nous dit que, là aussi, il y a quelques mois, des Tunisiens ont fait exploser les lumières et mis le feu. Que les policiers blancs travaillent principalement à l’accueil et qu’à l’intérieur, ce sont des Noirs et les Arabes qui sont chargés de l’encadrement. Que s’il n’est pas expulsé, il ira en Angleterre ou en Belgique parce qu’en France, à la troisième fois, c’est la prison. Puis la policière ouvre la porte et nous demande de partir. H. lui demande le livre, il insiste pour l’avoir et hausse un peu le ton. Un flic s’interpose, le repousse et l’enferme. La policière reprend la parole. Le ton monte des deux côtés, puis un autre spectacle commence.

La jeune policière confisque le livre car le commandant l’a jugé « de nature à inciter à l’émeute ». J’explique qu’il y a un numéro ISBN, que la censure d’État ne l’avait jusque-là pas interdit. En l’énonçant, je prends conscience que l’État aménage l’espace et le temps en autorisant ou en interdisant certains de nos gestes. En plein centre-ville, on peut acheter ce livre, dans un centre de rétention on ne peut pas le donner. H. n’est d’ailleurs par inculpé pour un délit, il est « retenu » parce qu’on lui refuse des papiers, le droit de vivre librement en France et d’y travailler pour la même paye qu’un Français. Là, il n’a pas le droit de recevoir ce livre. Il lui est interdit de lire les témoignages d’autres sans-papiers. Les agents de l’État cherchent à prévenir les révoltes en empêchant la libre information mais aussi en interdisant certains gestes. Donner ce livre trahit une rencontre et de la communication entre des dominés, des prémices d’organisation que les dominants ne peuvent supporter. Ils valident ainsi l’idée que les révoltes ne sont pas des formes de résistance à l’oppression mais bien plutôt des émotions collectives de foules manipulées depuis l’extérieur. « Incitation à l’émeute », ça impose l’idée que le révolté est manipulé et manipulable, qu’il évolue béatement entre la bêtise et la bestialité. Le fait d’interdire ce livre à mon ami révèle comment l’État fonde sa loi sur des programmes d’exception qu’il applique aux sans droits. L’État moderne se découvre à l’entrée du camp. L’humanisme dont il parle si fort lui permet avant tout de déshumaniser en silence.

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« Vous incitez à la haine ! » nous hurlent les deux agents de la PAF. L’un de nous rit, l’autre gueule, la troisième s’indigne pathétiquement : « Quoi, c’est nous qui incitons à la haine ? » « Oui, et ce livre dégrade la fonction publique ! », assure un autre uniforme. Sur ce, la policière énonce l’argument imparable : « Et si on venait chez vous et qu’on vous apportait un livre intitulé “Feu à M.R.”, vous seriez content ? » Nous éclatons d’abord de rire puis perdons notre temps en considérations révoltées. Nous nous faisons chaudement raccompagner jusqu’à la sortie, puis un dernier fonctionnaire, parmi ceux qu’avait attirés la scène, se lâche sur mon pote : « C’est les communistes comme toi qu’il faut purger ! » Né à la fin de la guerre froide, je n’ai encore jamais entendu ces mots-là prononcés par un être vivant et je découvre par la même occasion que mon ami est communiste. Ce coquin de rouge me l’a bien caché !

Le camp n’est pas un lieu, pas un moment, c’est l’une des expressions les plus contemporaines de ce qu’Hannah Arendt appelait « la banalité du mal ». Là où le droit bourgeois se démasque, où l’État est nu et assume pleinement son rôle de gardien, là où la démocratie se dévoile comme machine de guerre sociale.

Mathieu Rigouste

Libération, 14 juillet 2011.

 

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[Berlin] Poste de police attaqué en mémoire de Carlo

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Le 13 juillet, un poste de police a été attaqué avec des engins pyrotechniques. Un slogan en mémoire de Carlo Giuliani, assassiné par les porcs lors de la manifestation contre le G 8 à Gênes le 20 juillet 2001, a été sprayé sur le mur du poste. Le poste de police dans le nord de Berlin-Est du Landeskriminalamt LKA. Les deux entrées ont été détruites avec des engins pyrotechniques. Une manifestation non-autorisée en mémoire de Carlo aura lieu samedi [16 juillet] à Kreuzberg, et c’est tout sauf sûr qu’elle se déroule dans le calme…

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Le Réveil, 15 juillet 2011.

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CQFD n° 91 (été 2011) en kiosques

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[No Border] 14 Juillet à Calais

 

Hier, jour de la prise de la Bastille, une bannière a été déployée sur la route principale de la parade clamant « La Bastille est tombée, mais pas l’Europe Forteresse ». Et chaque soir à Calais, les activistes No Borders tiennent un banquet de nourriture et musique libre pour les migrant-e-s et tou-te-s les arrivant-e-s dans un espace ouvert près de la mairie.

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La bannière a été déployée depuis un bâtiment de la rue Royale, la principale rue de divertissement sur la route de la parade du 14 Juillet. La police a mis beaucoup de temps à penser comment l’enlever, et a finalement appelé les pompiers.

 

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Une fois de plus la vie d’été est encore difficile, comme les associations de charité financées par l’État ne donnent pas de nourriture pour leurs vacances annuelles. Il est difficile de cuisiner pour soi-même quand la police visite les squats tous les jours et détruit les équipements de cuisine, la nourriture et l’eau. De fait, les gens deviennent largement dépendants de la nourriture humanitaire, et maintenant cela est réduit à un repas pas vraiment nutritif par jour. Si tu es dans les cellules de police quand la nourriture est servie, tu as perdu ta chance d’avoir un repas, et le chemin de retour à Calais est long et fatiguant.

L’année dernière, malgré notre manque d’accès à des cuisines appropriées, nous avons réalisé une cuisine mobile pour les jungles et préparé collectivement des repas sur un feu à (la maintenant expulsée) Africa House. Cette année nous avons coordonnée une opération collective de cuisine populaire d’activistes, qui vont rester sur Calais par rotation. Dans les conditions de Calais, cuisiner et partager la nourriture (et la musique et la camaraderie) ensemble n’est pas un acte « humanitaire » mais une forme directe de résistance et de solidarité.

Depuis le 6 juillet, sur un site près de la mairie, un collectif suédois concocte un petit déjeuner et un repas chaud chaque jour pour compléter le repas donné par les associations de charité. La musique apporte un peu de divertissement et un léger soulagement face à la répression. Bien que cela soit une distribution « non autorisée », ce que la maire a menacé de perturber par la force l’année dernière, la police nous a simplement non subtilement observé depuis une voiture banalisée.

La nourriture provient largement des dons et de ce que les Français appelle « récupérations ». Mais davantage de fournitures et de fonds sont toujours nécessaires. Nous allons aussi avoir besoin d’aide pour transporter la nourriture et l’approvisionnement durant les deux prochains mois — si vous avez un véhicule et un peu de temps libre, mettez-vous en contact s’il vous plait !

Feu à toutes les prisons !

Texte traduit (et allégé) à partir de www.indymedia.org.uk/en/201… Plus d’infos : calaismigrantsolidarity.word…

Indymedia Lille, 15 juillet 2011.

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Gênes 2001/2011 : C’est vous les morts

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« Personne ne pourra mettre en acte des initiatives spontanées, de n’importe quel type, car les rendez-vous pour discuter et organiser la désobéissance civile ont été publics. (…) Suivre les indications des Tute Bianche. (…) Toute initiative doit être coordonnée avec les Tute Bianche. Il ne devra y avoir aucun jet de projectiles d’aucune sorte qui ne soit décidé par les Tute Bianche. (…) Pendant le cortège aucune initiative personnelle ou de groupe ne doit être mise en acte. Merci de signaler tout événement aux Tute Bianche. »

Désobéissance civile, instructions ; tract distribué à l’occasion du cortège contre Tebio à Gênes, 25 mai 2000.

Il y a deux types de personnes : il y a celui qui peut uniquement compter sur ses propres bras pour survivre, et, au contraire, celui qui vit grâce à la sueur des autres ; il y a celui qui a un rôle qui l’élève et ne parle jamais en son nom, et celui qui est un numéro dans un engrenage qui le domine et qui n’a plus de nom ; il y a celui qui lutte quotidiennement pour vivre et celui qui, dans ce jeu de rôles, est né directeur. Il y a de l’exploitation et du privilège, de la main-d’œuvre et du corrompu. Vie pratique d’un côté, spectacle de l’autre. Il ne suffit pas de déclarer la guerre à l’ordre social pour échapper à une dynamique enracinée dans la civilisation. Pour sortir de la pantomime il faut bien autre chose que des mots, car c’est un cancer qui s’infiltre jusqu’à ceux qui nous entourent.

Il y a dix ans, une petite élite privilégiée est venue à Gênes dans l’intention de décider du sort des autres. Huit singes de cour enfermés dans leur palais, des vautours « de mouvement » dans les rues. Tous les deux faisant des proclamations et des apparitions à la télévision, tous deux séparés de leurs sujets par des gardes et des services d’ordre. L’un et l’autre ont essayé d’affirmer leur hégémonie sur la volonté des individus.

Les contradictions inhérentes au système capitaliste dans lequel nous vivons, les conditions précaires de vie dictées par la globalisation, le profit et l’autoritarisme — déjà contestés à Gênes en juillet 2001 et incarnés par les huit singes de cour — de ces dernières années n’ont rien fait d’autre qu’aggraver l’existence d’une masse de gens plus ou moins conscients de leur état ​​d’esclavage. La transformation des universités publiques en entreprises, les contrats précaires et les emplois temporaires, les licenciements, les pactes sociaux et de concertation pour redéfinir en faveur des patrons les termes du chantage travailliste, les grandes œuvres et les privatisations : quelques pièces d’un grand plan pour enrichir les cadres au détriment de la population ; le spectre des crises financières et territoriales pour créer un état ​​d’urgence permanent, une structure stable de guerre interne qui va au-delà des frontières de la fiction démocratique, et l’aliénation médiatique-structurelle des rapports sociaux, cependant, n’ont pas réussi jusqu’à présent à apaiser définitivement les esprits, en rencontrant au contraire des nouvelles poches de résistance. Ces dernières années, de Rosarno à Rome, de l’INSSE à Fincantieri, en passant par les mouvements étudiants et des actions directes contre les géants de l’économie mondiale, un dangereux vent de revanche, également inspiré par les turbulences sur les rives de la Méditerranée, a réchauffé de nouveau la péninsule.

Dans le même temps semble s’être consommée la montée et le déclin des grands symboles de la récupération des luttes politiques. Après avoir bien profité de leur contrôle de sièges dans les conseils municipaux et ensuite dans le parlement, après avoir joui d’un statut privilégié dans le microcosme de la contestation, en termes d’espaces et de contrôle social, les vautours semblent être en difficulté, peut-être ne sont-ils plus en mesure de dompter une nouvelle génération d’abstentionnistes inadaptés, une base de main d’œuvre qui piaffe à l’intérieur de ses cages. Les choix de ces politiciens, à la radicalité bien mesurée, ne seraient-ils pas dictés, comme toujours, par la nécessité de ne pas tomber de cheval, plutôt que par une réelle urgence de vie ? Tout ce que nous pouvons espérer maintenant, c’est que cette nouvelle génération de poulains rebelles, devenus des étalons, n’écoutent que leur cœur et leur tête, se déplaçant avec le vent, hostiles à chaque calcul, médiation et injonction de qui se met sur un plan supérieur.

Les événements du Juillet génois ont montré principalement la fausseté des singes et des vautours. D’une part la farce annoncée d’un sommet aussi cher qu’inutile, de l’autre, la farce d’une bataille livrée uniquement avec des boucliers en plastique et des parcours convenus. Et au milieu ? Du sang. Un fleuve de sang avec, sur un côté, ceux qui ont réprimé et, de l’autre, ceux qui ont envoyé les gens à l’abattoir. Mais il y a dix ans, traversant les Alpes pour descendre à Gênes, fourmillant au milieu des maisons et des rues étroites, une horde de barbares est également arrivée, concrètement déterminée à mettre fin à l’empire du roi de l’argent. Il y a dix ans, au delà de tout calcul politique, une dérive d’exclus a traversé les portes de Gênes, prêts à tout faire pour démonter à la racine les bases du privilège et pour reconquérir un espace et un temps dignes de notre présence au monde.

Depuis 2001, les singes ont trouvé la rédemption par le sacrifice des brebis galeuses que leur ont désignées les vautours ; ces derniers, qui se sont fait subtiliser le contrôle de la place par le vent, ont obtenu qu’un simple rôle de victimes. Mais pour les chiens errants, le feu et les larmes du Juillet génois, qui peut être considéré, dans le sillage de Seattle, comme une effective révolte occidentale de l’ère post-industrielle, ont représenté une victoire de la vie. Une victoire qui comme la vie peut être aussi brève qu’intense, mais qui pour cette raison aussi est digne d’être vécue. Digne comme toute tension qui finit par s’exprimer, digne comme les passions auxquelles on se laisse aller, digne comme une digne mort, sur un champ de bataille.

Le sang coagulé de Carlo sur le bitume, en face de l’église de piazza Alimonda, les mensonges et les infamies d’une classe intermédiaire de vautours qui, au lieu de désirer la subversion réelle de l’existant visent plutôt des places de pouvoir, c’est la démonstration d’une pensée qu’ils ont appris des patrons de ce monde et qui les y fait y ressembler. Ce n’était pas le sang d’un innocent. Juste avant, il était bouillant de haine et de revanche contre ses bourreaux à venir, un instant plus tard, il était déjà devenu le symbole de la victimisation des opportunistes habituels. Il avait vingt-trois ans, il a déchiré le seuil entre la parodie et la réalité avec un extincteur dans les mains, il était vraiment en guerre. Carlo n’était pas là par hasard, Carlo était un de ceux que les vautours appelaient déjà « infiltrés provocateurs », Carlo était l’un des « habituels casseurs ».

Après dix ans de rubriques nécrologiques, les vautours ont de nouveau décidé de lever la tête pour mettre le point final sur la réécriture de l’histoire. Mais dix ans de mensonges ne sont pas assez pour oublier : si même une seule personne a toujours dans l’esprit la rage de ceux qui se sont battus, si même de nombreux jeunes qui n’étaient pas dans les rues de Gênes en Juillet 2001 veulent la vérité et veulent vivre pendant un moment, dans l’océan de possibilités humaines, ce dont ils ont seulement entendu parler et n’ont vécu que dans leur imagination, eh bien, alors, avant tout, que soit détruite toute forme de spectacularisation et d'(auto-)célébration, que le feu soit mis aux esprits, au nom d’une vie digne.

Mortes sont les victimes qui ne seront pas vengées ; morts sont les carabiniers assassins et leurs commanditaires car il emplissent leurs vies de mort ; morts sont les innocents et tous les indifférents parce qu’ils n’ont pas pris part à la lutte humaine pour la liberté. Carlo vit.

« On le connaissait à peine, parfois on le rencontrait au bar Asinelli. C’était un punk-à-chien, un de ceux qui ne travaillent pas mais qui portent de nombreuses boucles d’oreilles, qui veulent entrer sans payer, un de ceux que les gens respectables appellent “parasite”. Le monde le dégoûtait et n’avait rien à voir avec celui des centres sociaux, il disait qu’on était trop disciplinés. »

Matteo Jade, leader des Tute Bianche génois, directe radio, 20 juillet 2001.

 

On naît flic, on devient rebelle

« C’est moi qui ai frappé Cristiano avec le casque. Je voulais juste que le cortège ne souffre pas de ralentissements, pour mener la protestation, la protestation des précaires, des jeunes qui n’ont pas de contrat stable, directement en face du Sénat »

Manuel De Santis, un étudiant de science politique à l’Université La Sapienza de Rome et appartenant au service d’ordre du réseau Uniriot-Esc, 20 décembre 2010.

Le 14 décembre 2010 à Rome une brèche a été ouverte dans les esprits rebelles d’une nouvelle génération d’inadaptés. Les fissures de liberté refermées par la répression et la diffamation lors du G8 à Gênes, les possibilités qui couvaient dans un nouvel imaginaire de résistance métropolitaine, ont été réouvertes par une nouvelle vague de rage que les sermons des politiciens chevronnés et la dialectique asphyxiante des écrivailleurs et des diplomates de palais a fini par submerger une fois encore. Une nouvelle dérive collective, une explosion vitale de plus de la part d’une jeunesse sans avenir, mûrie auprès des mouvements lycéens et étudiants, bientôt unis au malaise chaque jour plus répandu dans la société.

Dans la gueule de ceux qui ont pris le temps de disserter sur les limitations des conflits existants, comme dix ans avant sur l’inutilité de courir après les rendez-vous fixés par le pouvoir, dans la gueule de ceux qui encore une fois ont pensé qu’ils pouvaient canaliser dans les rangs étroits de la bouffonnerie médiatico-contestataire l’insoutenable et humiliant présent, ont surgi l’imagination et l’exubérance des nouveaux venus. Les paris, comme les enjeux, étaient certes très grands : réussir à généraliser une opposition au départ dirigée contre le seul gouvernement, et montrer clairement que si on ne change pas tout rien ne change. Ça n’était pas si simple. Mais pour qui était à Rome, apparemment, ça a été un jeu d’enfant.

Un jeu d’enfant comme détruire des choses au hasard, une blague pyromane, le jet d’objets et se moquer de l’autorité, retrouvant dans ce qui est inné — dans ce qui naïvement exalte les vies ennuyées, depuis l’enfance, dans le gris de la métropole — une pratique émancipatrice, bien que temporaire, une pratique d’attaque contre la police et l’urbanisme, en tant que symboles éminents de tous les interdits et les contraintes pré-établis. L’assaut au présent, la subversion de la normalité, comme ces étudiants qui, à Londres, le 6 novembre de la même année s’en sont pris au siège du Parti conservateur et à la réforme de l’enseignement supérieur. La brèche ouverte à Rome en 2010, la tendance dans toute l’Italie à cesser de demander la permission et à ne pas tendre l’autre joue lorsque on a une matraque en face, représentent la victoire de la vie, indomptable contre les calculs, les impositions et les opportunismes de la politique de place et de palais.

Mais l’autre côté de la médaille, c’est, encore une fois, un mec qui reste sur l’asphalte le visage ensanglanté. Cette fois-ci il s’agit d’un lycéen de quinze ans, et, cette fois-là encore stoppé net par fourgon de police dans sa spontanéité d’esprit libre, au cours d’un mouvement d’euphorie collective. Mais cette fois, ce ne sont pas les flics qui ont cassé la tête du manifestant, mais le service d’ordre de l’énième tentative de récupération, cette fois dans sa version universitaire, des vautours du mouvement. C’étaient les grands promoteurs du « conflit mimé », ceux qui ont manifestement perçu comme une menace, depuis les assemblées à l’Université La Sapienza des jours précédents, ce qui pour la plupart des personnes présentes dans la rue allait devenir le succès de la manifestation : une masse de jeunes enragés qui sans accords avec la police transforment en arrière-garde les vieilles directions ; les momies étaient seules avec leurs boucliers à établir pour tous, sans leur troupeau, les objectifs et les modalités de la journée.

Mais comme l’enseigne une bonne règle de l’opportunisme politique, quand on ne peut pas vaincre l’adversaire, il faut s’allier avec lui. Donc, pour tous les gens bien-pensants, jeunes et vieilles cariatides de mouvement, journalistes et faiseurs d’opinion gauchistes, les acteurs ne sont enfin plus un petit groupe de vandales irresponsables, mais l’expression légitime de la frustration des jeunes privés de leur avenir. Soudain, la responsabilité des troubles revient à la militarisation de la zone rouge et, pour une fois les défauts sont tous ceux du gouvernement et des flics. Peut-être que cette fois même des pacifistes délateurs, comme à Gênes en 2001, ne réclameraient pas que l’on charge sur les violents plutôt que sur eux.

En d’autres termes, on naît flic, rebelle on le devient ; surtout quand la subversion de la dynamique sociale devient compréhensible, quand une fissure s’ouvre dans la vie quotidienne, et que le passage, d’où on peut émerger sans contrôle, commence à s’élargir. De ce passage, le 14 décembre, à Rome, filles et garçons ont fait irruption dans les rues sans se sentir plus seuls, en assaillant le présent pour n’avoir plus rien à mendier demain. Le passage est ouvert ; on ne réussira pas à le fermer facilement. Dix ans après ce qui a été l’émeute et le massacre du Juillet génois, la crainte est de nouveau en train de changer de camp, et les flics ne dorment peut-être plus d’un sommeil tranquille. Les plaintes, les associations de malfaiteurs, les perquisitions et les arrestations en sont la preuve. Remplissons alors nos sacs à dos d’audace et de rage, choisissons bien nos complices et allons-y ! Pas un pas en arrière, ce n’est que le début de la reconquête de nous-mêmes.

Nous, notre barricade, on l’a choisie depuis longtemps.
Nous ne sommes pas avec les flics.

Traduit de l’italien (Indymedia Liguria), 15 juillet 2011.

 

Une manifestation internationale est organisée pour le 23 juillet 2011 à Gênes. Pour voir le programme et pour trouver plus d’infos sur les dix ans du G8 : liguria.indymedia.org/node/7459

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[No TAV] Solidarité internationale avec les compagnon(e)s arrêtés le 3 juillet

Solidarité internationale aux compagnon(e)s arrêtés le 3 juillet à Val Susa.

Une carte, une lettre, un soutien financier seront les bienvenus.

Tav : No Pasaran
Resistenza !

 

No Tav – Conto corrente solidale per arresti del 3 luglio

E’ attivo un conto corrente per sostenere i prigionieri NOTAV attualmente detenuti al carcere di Torino :

POSTEPAY N 4023600576464517 CHIARA SCHIEPPATI

Per mandare telegrammi, lettere e cartoline (adresses) :

Marta Bifani
Casa circondariale « Lorusso e Cutugno »
via Pianezza 300
10151 Torino

Roberto Nadalin
Casa circondariale « Lorusso e Cutugno »
via Pianezza 300
10151 Torino

Salvatore Soru
Casa circondariale « Lorusso e Cutugno »
via Pianezza 300
10151 Torino

Gianluca Ferrari
Casa circondariale « Lorusso e Cutugno »
via Pianezza 300
10151 Torino

Jeudi 14 juillet 2011.

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45 jours de rétention – 14 juillet de solidarité

45 jours pour te punir de ne pas avoir les bons papiers

Le lundi 18 juillet de nouvelles dispositions de la loi sur l’immigration dite loi Besson entreront en vigueur. Les personnes sans-papiers resteront désormais 45 jours en rétention au lieu de 32 auparavant.

45 jours enfermés, mis à disposition de l’administration pour qu’elle organise l’expulsion. Cela veut dire 45 jours dans l’angoisse de voir son nom affiché sur la liste des vols, dans l’angoisse d’entendre son nom résonner dans les hauts-parleurs, dans l’angoisse de voir les flics débarquer dans sa chambre.

45 jours où lorsque toutes les portes de sortie du labyrinthe juridique se sont refermées les unes après les autres, trop de gens n’entrevoient plus que l’auto-mutilation et la tentative de suicide pour échapper à l’expulsion.

Et si on a « la chance » de ne pas être expulsé, ce sont quand même 45 jours pendant lesquels on ne peut plus voir sa famille et ses amis comme on veut. 45 jours à ne plus pouvoir aller dans les endroits qu’on aime. 45 jours pendant lesquels on perdra peut-être son travail, son logement, ses affaires. 45 jours de volés par des fonctionnaires en uniforme ou en civil.

Dans le quotidien de ces prisons ce sont 45 jours où il faut mendier pour tout : avoir un stylo, avoir un médicament autre qu’un tranquillisant, avoir du feu pour allumer une clope, manger autre chose que la nourriture dégueulasse et parfois périmée du centre.

Mais peut-être aussi 45 jours où la solidarité et les révoltes collectives enrayeront la machine à expulser.

45 jours pour foutre le feu…

De toutes façons un jour de liberté volée, ce sera toujours un jour de trop, c’est ce que nous sommes allés rappeler le jeudi 14 juillet sous les murs du centre de rétention de Vincennes en criant liberté en écho avec les retenus.

Ni rétention ni expulsion, liberté de circulation et d’installation !
Des papiers pour toutes et tous ou plus de papiers du tout !

Fermeture des centres de rétention

Infozone, 14 juillet 2011.

 

Témoignage d’ un retenu du centre de rétention de Vincennes – 14 juillet 2011

« Ici, c’est très dur !

Tout à l’heure, il y avait plein de monde à l’extérieur qui ont crié “Liberté, liberté, liberté !” Nous aussi, on a crié “Liberté, Liberté, Liberté !” Puis, la police est venue. Ils nous ont calmé.

Juste après, il y a un mec, il a mangé des lames et des pièces de 50 cts. Il est tombé par terre. Il a vomi. Ils l’ont emmené à l’infirmerie. Ils lui ont donné un cachet. Ils n’ont pas appelé les pompiers !

Ici, c’est la merde !

La bouffe est toujours donnée à la date limite de péremption. Aujourd’hui, ce midi la bouffe est datée du 14 juillet. Je mange que le pain et le fromage. La bouffe pue ! Si je mange, je vomis. Aujourd’hui, il y avait de la viande, je l’ai mise dans la bouche, puis je l’ai vomie ! Ici, j’ai perdu 7 kg.

Je suis passé devant le juge (JLD), il m’a donné 15 jours. Ma femme a pleuré. Elle est enceinte de 4 mois. Elle a dit au juge qu’elle avait besoin de moi. L’avocat n’a rien dit ! J’étais énervé, j’ai jeté le papier. Le flic m’a donné un coup. En m’énervant, je me suis blessé au bras. En revenant du tribunal, la police m’a mis dans le camion. La police m’a mis des coups.  J’arrivais pas à respirer.  Je saignais, le policier m’a mis un masque. J’ai saigné dessus. Le flic m’a dit : “Si tu mors le masque, je te mets dans la voiture, tu vas voir qu’est-ce qui va t’arriver.”

Ils m’ont ramené à Châtelet. J’ai demandé pourquoi. J’ai compris que c’était parce que j’ai cassé une porte.

L’ASSFAM m’a donné un papier comme quoi la police m’a frappé. Ils l’ont vu. Les policiers m’ont pris comme un chien. Ils m’ont dit : “Ferme ta gueule ! Tu vas voir ce qui va t’arriver !”

J’ai un problème de santé qui me cause des douleurs. À l’infirmerie, on m’a donné des cachets pour dormir. J’ai dit : “Non, je ne veux pas de ce cachet.” Je me réveille la nuit de douleur. J’ai demandé à aller à l’hôpital. On m’a répondu : “Non, tu n’y vas pas. C’est pas toi qui décide.”

Je voulais appeler mon patron car il ne me paye pas. Il dit qu’il n’a pas d’argent. L’ASSFAM m’a dit qu’elle ne peut rien faire. Ma femme a essayé d’appeler, il prétendait être parti en vacances. Après, je n’arrivais plus à le joindre. L’autre association (l’OFII) a bien voulu appeler. Le patron a eu un peu peur. Il m’a donné 100 euros sur les 5000.

J’ai une femme, elle est enceinte de quatre mois. On est pas encore mariés car elle est mineure. Elle est venue me voir, ils m’ont interdit de lui toucher la main. Je suis resté une semaine sans basquettes. Hier , ma femme m’en a ramené.

J’ai demandé l’asile car si je suis expulsé, je vais en prison parce que j’ai pas fait mon service militaire et aussi parce que je suis parti par bateau (sans visa), ce qui est interdit.

Je suis ici, j’ai perdu mon travail. Je suis loin de ma femme. »

Fermeture des centres de rétention

Infozone, 14 juillet 2011.

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[Paris] C’est leur fête nationale : les keufs chargent

QUAND D’AUTRES PICOLENT ET DANSENT LES KEUFS CHARGENT

Ce soir à 02h30 du matin, charge de CRS rue Olivier-Metra (un peu plus bas que la place des Fêtes) et cité des Rigoles. Les keufs rigolent en enfilant leurs gants, ils ont dû bien taper les petits de la cité … et personne ou presque comme d’hab ne réagit … pourquoi alors qu’on sait qu’à certaines dates précises ils attaquent on s’y prépare pas bordel ??? Demain soir ce sera rebelote et on part en vacances ??? Paris devrait bientôt crâmer si on s’y met. Qui sait ce qu’il se passe dans les autres quartiers ?? Ici dans le 20e c’est chaud mais a priori les keufs viennent de partir à Olivier Metra.

Indymedia Paris, 14 juillet 2011.

 

Affrontements aux pétards dans certains quartiers

Une soirée du 13 au 14 juillet plus calme que les années précédentes. Mais marquée par des jets de pétards et des tirs de mortiers, pourtant interdits, qui ont mobilisé les policiers dans plusieurs secteurs : les XIe, XIIIe, XXe, et les environs de la porte de Bagnolet, notamment.

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Quartier Curial (XIXe), dans la nuit de mercredi à jeudi

Dans le XIXe, cité Curial, rues de Cambrai, Mathis et Archereau, des dizaines de jeunes ont affronté les CRS durant près de deux heures tirant des artifices à hauteur d’homme. Un policier aurait d’ailleurs été blessé à une jambe. Place des Fêtes, l’unité de police de quartier aurait reçu des pétards.

« Veille citoyenne » dans le XXe

Dans le XXe, qui avait connu un drame sans précédent l’an passé, avec la mort d’une habitante de la rue de la Réunion, dont l’appartement avait brûlé sous les jets de mortiers, les habitants ont organisé une « veille citoyenne », qu’ils devaient reconduire hier soir. « Une réussite », selon les organisateurs qui ont contribué à désamorcer quatre incidents, avec l’aide des forces de police, installées rue de Belleville, jusqu’aux heures les plus tardives.

De son côté, la préfecture affirme avoir mis l’accent sur la prévention, en occupant plus largement le terrain que les autres années, empêchant « souvent la commission de violences urbaines ». « Les mesures prises les jours précédant cette soirée, ajoute-on à la préfecture, notamment l’enlèvement des poubelles et des épaves de voitures, alliées à une application stricte des textes sur les mortiers, et le transport d’hydrocarbures, ont contribué à conférer une meilleure physionomie à la soirée. » Sur Paris et les trois départements de petite couronne (92, 93 et 94), 328 personnes ont été interpellées, et 220 d’entre elles ont été placées en garde à vue.

Leur presse (Le Parisien), 15 juillet 2011.

 

Plus de trois cents interpellations dans la nuit du 13 juillet

La nuit de mercredi à jeudi, avec le début des festivités du 14 Juillet, a été globalement calme, malgré quelques violences urbaines. Et la nuit dernière, un système de veille classique a été activée.

La préfecture de police de Paris a livré hier un premier bilan des incidents survenus en région parisienne dans la nuit du 13 au 14 juillet : 328 interpellations et 220 mises en garde à vue. « Contrairement aux années précédentes, aucun incident particulier n’a été rapporté sur l’ensemble des bals », fait valoir la préfecture, précisant que les forces de l’ordre sont intervenues « dans de nombreux cas avant les violences urbaines ».

Des incidents épars ont cependant éclaté.

À Paris, des affrontements avec des pétards et des feux d’artifice type mortier ont été signalés dans les XIe, XIIe, XIXe et XXe arrondissements notamment. Dans le XIXe, à proximité de la cité sensible Curial, des groupes de jeunes se sont opposés durant près de trois heures aux CRS, lançant divers projectiles. Un policier aurait été blessé à la jambe.

Dans le Val-de-Marne, moins d’une cinquantaine de voitures ont été incendiées, dont une dizaine à Champigny. Un chiffre en baisse par rapport à l’an dernier. Des feux d’artifice ont été tirés à proximité des commissariats de Choisy-le-Roi et de Boissy-Saint-Léger, sans faire de dégâts ni de blessés.

Dans les Yvelines, une dizaine de voitures ont été incendiées au Val-Fourré à Mantes-la-Jolie. L’interpellation d’un des auteurs présumés a été mouvementée. L’homme a finalement été remis en liberté. Aux Mureaux, la situation a été tendue également avec des affrontements entre jeunes et policiers à la cité de l’Ile-de-France et à la cité Renault. À Limay, des policiers ont été visés par une bouteille d’acide.

Dans le Val-d’Oise, cinq personnes, dont deux mineurs, ont été placées en garde à vue pour dégradation de véhicules à Franconville.

En Seine-et-Marne, un véhicule de police a été la cible de jets de projectiles mercredi vers 22 heures à Champs-sur-Marne. Trois voitures incendiées ont été signalées à Meaux, Lognes et à Brie-Comte-Robert où le propriétaire du véhicule a été légèrement blessé dans l’explosion.

Dans l’Oise, six véhicules ont été incendiés dans le Bassin creillois, et au moins quatre autres à Compiègne.

Leur presse (Le Parisien), 15 juillet 2011.

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Traquenard à Rabat – Rassemblement devant l’ambassade du Maroc à Paris Vendredi 15 juillet 2011

TRAQUENARD À RABAT

Un ami en visite au Maroc, à Rabat le dimanche 10 juillet, a assisté à la manifestation pour la démocratie, la justice sociale, contre la corruption et le despotisme. Des contre-manifestations avec drapeaux nationaux et portraits du roi ont lieu, encadrées par des miliciens du « mouvement de la jeunesse royale ». Notre ami est pris à parti par un des chefs avec qui il aurait eu une altercation. Le lendemain soir, à la sortie d’un cinéma, il est arrêté par une trentaine de miliciens, accompagnés de journalistes marocains. Les interrogatoires sont menés en présence du même chef, qui est aussi interprète, qui fournit plus tard plusieurs dizaines de témoins à l’accusation.

Après deux renvois, notre ami passe en procès dans une semaine. Les plaintes s’accumulent. Il est accusé d’« outrage au drapeau », d’agression sur six personnes et surtout d’être venu au Maroc dans le but de déstabiliser le régime. On va même jusqu’à l’accuser d’être un espion israélien parce qu’il a un nom juif. Dans le contexte d’une monarchie marocaine fragilisée, ces accusations minces et sans fondement viennent à point nommé pour accréditer la thèse d’une déstabilisation venue de l’étranger. L’affaire a déjà pris un tour très médiatique au Maroc.

L’enquête a lieu dans une atmosphère confuse où notre ami subit pressions et menaces sans comprendre toujours ce qui lui arrive (l’audience se déroule en arabe souvent sans traduction).

Nous refusons cette tentative d’écraser notre ami et de l’emprisonner dans les geôles marocaines.

RASSEMBLEMENT DE SOUTIEN VENDREDI 15 JUILLET À 15 HEURES DEVANT L’AMBASSADE MAROCAINE 5, RUE LE TASSE, M° TROCADÉRO

Des amis – jeudi 14 juillet 2011.

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[Maroc] Attaques de l’Office chérifien des phosphates à Khouribga

Maroc : Plus d’une centaine de blessés lors d’affrontements à Khouribga

De nouveaux incidents sont signalés à Khouribga. De violentes confrontations ont eu lieu entre des manifestants demandant à être employés à l’Office Chérifien des Phosphates (OCP) et les forces de l’ordre. Résultat : plus d’une centaine de blessés et de nombreux dégâts matériels selon un responsable de l’AMDH.

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Après les incidents survenus en mars dernier, de nouvelles manifestations ont eu lieu cette semaine à Khouribga, pour réclamer des emplois à l’Office Chérifien des Phosphates (OCP).  Des manifestations qui ont débordées : depuis lundi soir, la ville est témoin de violents affrontements entre les forces de l’ordre et les chômeurs-manifestants de la région. « Des violences ont été signalées mardi et mercredi dans les villages voisins de Khouribga, à Boujniba et Hattane notamment, où les éléments des forces de l’ordre ont dû intervenir pour disperser les manifestations. Deux hélicoptères survolaient aussi le village mais sans intervenir », nous informe Assal Hajaj, président la section Khouribga, de l’Association Marocaine des Droits de l’Homme (AMDH), joint par téléphone.

Les confrontations ont causé jusque là « plus d’une centaine de blessés dans les deux rangs », nous indique la même source avant d’ajouter que « près de 30 personnes ont été arrêtées. Elles sont soupçonnées d’avoir participé à des actes de vandalisme ». 13 personnes d’entre elles ont été présentées hier, jeudi 7 juillet, devant la justice. Les autres devraient comparaître aujourd’hui, estime le responsable de l’AMDH.

Pour rappel, il y avait déjà eu de violents affrontements en mars dernier à Khouribga. La police avait procédé au démantèlement de plusieurs campements de chômeurs qui réclamaient d’être embauchés à l’OCP. Le bilan officiel avait fait état de 120 blessés dont 112 éléments des forces de l’ordre. À l’origine des protestations d’aujourd’hui, des promesses d’embauche qui n’auraient pas été parfaitement respectées par le groupe chérifien.

36’000 demandes d’emploi de Khouribga, pour 5800 postes promis au niveau national

Dans un communiqué rendu public en mai dernier,  le groupe informe de la mise en place d’« un important plan de redynamisation des régions sur lesquelles il opère ». Baptisé OCP Skills, « ce plan concerne 5800 nouveaux emplois pour les besoins industriels et de service au niveau des sites OCP, dans tous les métiers et tous les niveaux. Les recrues seront retenues en toute transparence selon des critères rigoureux. Parmi les nouvelles recrues, une attention particulière sera accordée aux candidats ayant une proximité avec l’OCP, soit en qualité d’enfants de retraités, soit en tant qu’habitants de zones riveraines de ses installations », pouvait-on lire sur le communiqué.

Sur les 5800 promesses d’embauche, l’OCP n’aurait réservé que 2800 pour les habitants de Khouribga et ses environs. Ce quota n’aurait pas satisfait ces derniers qui ont été prés de 36’000 à envoyer leurs candidatures à l’OCP. D’autant plus que « certaines familles ont reçu trois convocations alors que d’autres n’ont rien vu venir », explique Assal Hajaj.

Le CNDH suit le dossier

Le Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH), qui avait effectué une enquête suite aux violences du mois de mars, n’a pas encore diffusé les résultats de celle-ci. Contacté par téléphone, Mohamed Sebbar, secrétaire général du CNDH  nous a assuré que son organisation suit de très prés les événements actuels de Khouribga : « Les nouveaux éléments récoltés vont être inclus à notre enquête. Les résultats du rapport vont être publiés avant la fin du mois. »

Leur presse (yabiladi.com), 8 juillet 2011.

 

Arrestation de huit personnes suite à des actes de vandalisme à Boujniba

Huit personnes ont été arrêtées, jeudi, suite à des actes de vandalisme survenus dans différents quartiers et ruelles de Boujniba (province de Khouribga), apprend-on vendredi auprès des autorités locales.

La même source précise que ces incidents ont fait des blessés et causé des dégâts matériels, qui consistent notamment en la destruction des vitres du pachalik de Boujniba, l’incendie et le pillage d’installations relevant du groupe de l’Office chérifien des phosphates (OCP) et la destruction d’un véhicule et de deux cyclomoteurs appartenant à des agents d’autorité.

Des sources de la province de Khouribga ont imputé ces incidents survenus à Boujniba, Hattane, Khouribga et à Oued Zem, au fait que les protestataires n’aient pas assimilé les critères d’embauche définis par le groupe OCP.

Auparavant, dix autres personnes ont été traduites devant la justice en raison de ces incidents.

Leur presse (Maghreb Arabe Presse), 8 juillet 2011.

 

Khouribga : affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre

Des émeutes ont éclaté à Khouribga depuis le mercredi 6 juillet avec des affrontements violents entre les forces de l’ordre et les manifestants revendiquant un travail à l’OCP.

Contacté par Lakome, des acteurs associatifs disent que les autorités ont arrêté 30 manifestants. Selon les mêmes sources, 9 d’entre eux seront traduit en justice. Les émeutes ont également fait des blessés des deux côtés.

Les affrontements les plus violents auraient eu lieu, selon des témoins sur place, à Hattane, un village dans les environs de Khouribga. Les manifestants y ont attaqué un centre appartenant à l’OCP. Les forces de l’ordre ont intervenu avec les matraques et les bombes lacrymogènes pour disperser les manifestants. Des hélicoptères appartenant à la gendarmerie ont survolé la localité sans intervenir.

Que le début

Toujours selon les mêmes sources, Les protestations ont gagné aussi le village de Boujeniba après que des manifestants ont attaqué des installations et des administrations appartenant à l’OCP.

Nombre d’observateurs locaux assurent que les protestations à Khouribga, qui connaît une présence policière massive, pourraient connaître plus de violence. les manifestants continuant d’affluer.

Promesses non tenues ?

Les causes de ces émeutes trouvent leur origine dans les promesses faites par la direction de l’OCP à ses employés selon lesquels leurs familles auraient la priorité dans l’embauche. Dans les deux jours qui ont précédé, la direction de l’OCP avait annoncé  8000 postes à pourvoir sur le plan national. La direction a reçu à cet effet 36’000 demandes d’emploi. L’annonce des 3000 postes alloués à la région de Khouribga et ses régions a déclenché l’ire de ceux dont la candidature n’a pas été retenue.

Selon des sources locales, le mécontentement des manifestants est aussi consécutif à la campagne référendaire. Les autorités de la ville auraient promis de l’emploi à tout ceux qui voteraient « oui » durant le référendum.

Leur presse (lakome.com), 7 juillet 2011.

 

Nouvelles manifestations pour réclamer des emplois

Les forces de sécurité marocaines ont utilisé ce jeudi matraques, canons à eau et gaz lacrymogènes pour disperser de nouvelles manifestations de chômeurs dans le centre du pays.

Ces incidents se sont déroulés dans la région de Khourigba, riche en phosphates, dont le Maroc détient les plus importantes réserves mondiales.

En mars, des manifestations similaires avaient eu lieu à Khourigba devant le siège de l’Office chérifien des phosphates (OCP). Le responsable local de la principale organisation de défense des droits de l’homme au Maroc, Hadjaj Assal, a rapporté qu’une trentaine de manifestants avaient été arrêtés depuis mardi et que certains d’entre eux étaient passés devant des tribunaux jeudi.

« Les émeutes continuent dans un quartier de Khourigba et dans les villes voisines de Hattan et de Boujniba », a-t-il affirmé à Reuters.

« Elles ont commencé lorsque l’OCP a publié une liste d’attribution d’emplois destinés à quelques centaines de personnes, alors qu’il y avait plus de 30.000 candidats. Ceci a beaucoup déçu les jeunes de la région », a-t-il ajouté.

Leur presse (Reuters), 7 juillet 2011.

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Marseille l’été : son soleil, ses plages, ses touristes en vacances… et ses rafles à la porte d’Aix !

 

Afin d’éviter de heurter la sensibilité du vacancier venu dépenser son argent sur les plages ou rue saintFéréol, plutôt qu’à un des nombreux feux rouges du centre-ville où les pauvres tapent la manche, la prefecture de Marseille a décidé de ne pas se la couler douce cet été.

Hier matin encore (mardi 12 juillet) entre 10 heures et midi, une dizaine de cars de police a  encerclé la porte d’Aix et raflé les Tunisiens qui squattent le rond-point depuis quelques mois.  Dans la foulée, de nombreux Roms arrivants porte d’Aix se sont fait rafler, tandis qu’un de leurs campements (parking des Chanterelles) se faisait expulser au même moment.

Depuis quelques semaines, les rafles se multiplient à la porte d’Aix. Il faut croire que la pref’ profite des départs en vacances pour « nettoyer » la place loin des yeux de nombreux Marseillais qui parfois perturbent leurs opérations… Opérations qui visent d’ailleurs plus à mettre la pression aux « indésirables » pauvres afin qu’ils disparaissent du centre-ville qu’à les expulser pour de bon, tant que la France n’a pas rétabli les accords d’expulsion vers la Tunisie.

Des opérations « coup de pression », afin de précariser et rendre toujours plus rudes les conditions de survie des sans-pap’, afin que d’eux-mêmes ils décident de rentrer au bled (en acceptant les conditions de l’« aide au retour volontaire » dont les démarches ont été facilitées pour l’occasion). Des opérations d’invisibilisation également, pour éradiquer le campement sauvage de pauvres à l’entrée de la ville, qui fait somme toute une bien mauvaise pub à la Phocéenne touris(ta)tique des mois de juillet et d’août !

Mais heureusement la rue a la peau dure et les pauvres continuent (avec ou sans soutien) à niquer ceux qui ont la police !!! Bien qu’elles soient régulières, les rafles de la porte d’Aix ne se font pas sans remous.

Hier, tandis que la police tentait de remplir les cars avec cette foule d’« étrangers de partout », certains raflés, menottés au serre-flex, parvenaient à s’enfuir par les portes des camions restées ouvertes en attendant le reste du « bétail ». Poursuivis par les keufs sur quelques dizaines de mètres, les courageux fuyards ont permis à des dizaines d’autres raflés de s’enfuir également, profitant de ce détournement opportun de l’attention des condés…

Merci à eux !!!!!

Marseille Infos Autonomes, 13 juillet 2011.

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[Poitiers] « Setbon Tomasini hors de nos vies »

La préfecture va riposter aux affiches qui l’attaquent

Une partie du centre-ville de Poitiers a été recouvert d’affiches ciblant la politique du préfet et de son secrétaire général. Ils étudient leur riposte.

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Les affiches ont été collées un peu partout sur le Plateau

Depuis une semaine déjà, une partie du centre-ville de Poitiers a été placardée d’affiches mettant en cause nommément le préfet de région, Bernard Tomasini et son secrétaire général, Jean-Philippe Setbon.

L’affiche, très simple, aux lettres blanches sur fond noir, est essentiellement visible sur le Plateau de Poitiers. Curieusement, une semaine après les faits, elles sont toujours en place, certaines encore intactes, d’autres en partie lacérées.

« Ici, tout le monde sait qui doit être expulsé », proclame l’affiche en invitant les Poitevins à se rebeller. Elle s’achève en affichant en bas les noms du secrétaire général et du préfet suivis de cette exhortation : « Setbon Tomasini hors de nos vies. » Une adresse nominative qui est une première concernant des représentants de l’État. Jusqu’à maintenant, c’est le patron de la police qui avait été la cible directe de tags menaçants.

Un juge saisi ?

Cette affiche qui fait référence à la politique d’expulsion menée par la préfecture intervient quelques jours après la publication d’un dossier consacré dans nos colonnes au cas de familles d’enfants scolarisés à Poitiers. Le secrétaire général de la préfecture, interrogé sur plusieurs cas ayant déclenché une mobilisation importante expliquait sans détours ni langue de bois la politique menée par la préfecture.

Pour Jean-Philippe Setbon il ne fait guère de doute que l’affiche réagit aux propos tenus dans cette interview où il justifiait et assumait les procédures en cours. Il relève au passage que l’affiche, elle, est volontairement anonyme, et ne porte mention d’aucun groupe en revendiquant la paternité.

Pour l’heure, aucune plainte n’a été déposée. Mais l’affiche ne restera pas lettre morte, indique le secrétaire général de la préfecture. « Il y aura une suite, mais nous étudions avec le ministère quelle forme lui donner. » La préfecture peut soit déposer plainte directement ou bien choisir d’écrire au doyen des juges d’instruction de Poitiers en lui adressant une plainte avec constitution de partie civile. La question n’est pas tranchée ; pas plus que la qualification des faits qui seront dénoncés dans la plainte.

L’opération de collage des affiches est passée inaperçue sur le moment. Personne n’a été pris en flagrant délit. Après leur découverte, des relevés d’empreintes ont été effectués sur les affiches par les services de police.

Leur presse (Centre Presse), 13 juillet 2011.

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[Calais] La PAF va devoir peaufiner ses faux témoignages

Communiqué de presse : procès du 12 juillet
La PAF va devoir peaufiner ses faux témoignages

Le 12 juillet 2011, trois de nos camarades comparaissaient pour des faits grotesques d’occupation illégale, rebellion en réunion et refus de prise d’empreintes.

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Courant avril, alors qu’ils étaient en pleine activité pacifiste de Cop-Watching, nos trois amis avaient été arrêtés dans le principal squat de sans-papiers et demandeurs d’asile du Calaisis. Ce raid policier intervenant quelques jours après la publication sur les sites de Rue89 et des Inrocks de vidéos présentant ces même agents de la PAF agir de manière peu déontologique. Ceux-ci n’ont pas caché leur volonté de se faire justice eux-mêmes : immobilisation violente, coups et noms d’oiseaux volèrent une fois de plus ce jour-là !

Le système judiciaire français étant adapté pour protéger et légaliser au maximum les violences d’état, se défendre face à des déclarations mensongères de policiers assermentés n’est pas chose facile.

Convoqué à 8h30, il fallut cependant attendre jusqu’à 13 heures pour entendre le président énoncer les faits reprochés et donner la version des nombreux policiers ayant soumis de faux témoignages pour l’occasion. Ni les parties civiles (Fréderique Gourdin et Gael Bertaux), ni les quatre témoins policiers trouvés pour l’occasion n’ont pensé opportun de venir s’expliquer de vive voix devant la cour ! Avaient-ils peur de se retrouver face aux  prévenus sans pouvoir utiliser les tonfa ou les lacrymogènes, ou bien peur de voir démonter leurs versions des faits en direct par notre avocate ? Après avoir écouté les réquisitions du procureur qui pour la globalité des faits demandait 3 mois de sursis pour chacun, maître Marie-Hélène Calonne a su relever les nombreuses incohérences des déclarations des policiers, mettre en avant la légitimité de l’action pacifique des activistes, véritables grains de sable dans  le système répressif, et lier ce procès à la diffusion des vidéos et à la saisine du défenseur des droits de l’Homme sur les violences policières à Calais.

Le délibéré tomba à 16 heures en présence de la trentaine de militants restés toute la journée pour soutenir nos camarades. Les trois sont relaxés pour les faits de violences et d’occupation illégale et sont reconnus coupables mais sans peine pour le refus de prise d’empreintes. Le jugement pour les dernières charges ajoutées à la hâte contre deux des trois prévenus lors de l’action contre le CRA de Coquelle quelques jours auparavant (refus de se soumettre à un contrôle d’identité) est reporté au 8 septembre a 13h30.

Ce résultat est évidemment une victoire pour notre mouvement et achève une série de comparutions ridicules. Pour rappel, le 23 juin une militante a été relaxée pour des faits similaires de violence contre agent de la PAF, ce même jour trois de nos amis demandeurs d’asiles soudanais ont eux aussi été relaxés pour des accusations d’occupations illégales et le 29 juin une autre militante a été condamnée à 500€ d’amende (+1€ symbolique pour l’honneur du policier) pour outrage.

Prochain rendez-vous au TGI de Boulogne, jeudi 8 septembre à 13h30 !

Ni la répression, ni les intimidations ne feront plier notre détermination. Nous continuerons à surveiller et dénoncer les méthodes ultra-répressives de la police envers les exilés et à lutter pour la liberté de circulation et d’installation, la fermeture des centres de rétention et la fin des expulsions.

Legal Team NoBorder Calais (contact), 13 juillet 2011.

 

Trois militants No Border relaxés

Nouvelle passe d’armes entre les No Border et la police calaisienne ce mardi. Accusés de violences en réunion sur des gardiens de la paix, trois militants ont été relaxés au bénéfice du doute.

Pas facile de mettre d’accord des policiers et des militants No Border. Les premiers, à Calais, ont pour mission de contrôler l’identité des migrants installés dans la ville, d’empêcher les squats de perdurer et d’arrêter quiconque s’opposerait à ces consignes. Les seconds, pro-liberté de circulation, font le guet devant les entrepôts où se réfugient les étrangers et donnent l’alerte à l’arrivée de la police.

Les No Border filment aussi toutes les interventions policières, ce qui nous avait permis le 10 avril dernier de diffuser une partie de leur production cinématographique dans l’article Harcèlement policier à Calais : les vidéos qui font honte. On pouvait y observer un quotidien fait d’animosité de part et d’autre, malgré une familiarité parfois créée par l’habitude de se côtoyer, et des attitudes scandaleuses de la part de certains policiers envers les migrants ou les militants.

Depuis la diffusion de ces vidéos, nous avons continué à suivre la situation sur place. Pendant une semaine, aucune intervention policière n’a eu lieu. Une fois le bruit médiatique passé, elles ont évidemment repris. Le 21 avril, à 9 heures du matin, la PAF et des CRS débarquent à « l’African House » (une usine désaffectée reconvertie en squat des migrants, évacuée depuis), où des migrants dorment et des No Border attendent.

Ce mardi, trois militants passent devant le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer pour occupation illicite de ce terrain (en réunion) appartenant à l’office HLM de Calais, rébellion en réunion et refus de donner leurs empreintes. Jans et Lauren P. comparaissent, Lauren L. est absente. Ils partagent la jeunesse (entre 20 et 26 ans), l’anglais pour langue maternelle et une détermination sans faille à ne rien dire en garde à vue.

Dans la salle, une vingtaine de leurs camarades en sweats à capuche, venus de Calais, de Lille, de Paris ou d’Angleterre. Arrivés à 8h30, heure de la convocation, ils ont déployé des banderoles devant le Palais de justice. Le mini-tribunal de Boulogne n’a pas l’habitude de cette foule de punks sans chiens et de jeunes rebelles. Les agents de sécurité, responsables d’un glorieux portique, débarrassent les No Border de leurs chaînes et ceintures pour qu’ils arrêtent de sonner en passant.

Le président du tribunal rappelle les faits : Jans et les deux Lauren, « membres de la mouvance No Border », auraient résisté à leur interpellation sur ce terrain squatté. Lauren P. est accusée de s’être jetée sur une gardienne de la paix pour tenter de lui arracher la caméra fixée à son épaule. La justice reproche à Jans d’avoir attaqué à son tour pour défendre son amie, et porté un coup au policier qui la maîtrisait. La jeune fille aurait alors pu charger un autre fonctionnaire. Lauren L., enfin, se serait précipitée sur un de ses collègues.

Un corps-à-corps qui se termine au commissariat, et dont ne subsiste, selon le médecin légiste qui a examiné les policiers, aucune « stigmate lésionnelle visible ». En résumé, le policier dit « aïe », le médecin note « aïe », mais ne peut que se fier à la parole de son patient sans bleus ni bosses. Le patient demande 200 euros de dommages et intérêts.

Les prévenus nient les violences et donnent une autre version. Pour Lauren P., « la police cible les militants qui ont des caméras » :

« J’ai suivi une femme policier qui entrait dans l’entrepôt, en la filmant. Les migrants montaient sur le toit pour s’enfuir, elle a retiré l’échelle. Elle est allée contrôler l’identité d’un premier migrant, puis d’un deuxième. Je la suivais toujours, elle était de plus en plus hostile envers moi, mettait sa main devant, se retournait, m’empêchait de filmer. Je la contournais, à un moment j’ai décidé de m’asseoir. Elle a saisi la caméra, l’a retiré de ma main et a marché dessus. Quatre policiers m’ont alors traînée par terre puis menottée. À l’extérieur, j’ai donné mon passeport, puis attendu quelques minutes avant d’être emmenée au commissariat. »

Lauren P. dit avoir récupéré sa caméra « détruite » et « sans carte mémoire » à sa sortie de garde à vue. Trois plaintes ont déjà été déposées par les deux Lauren contre des policiers qui les auraient malmenées. Jans, lui, aborde la même question :

« Quand la police est arrivée, on a fait ce qu’on fait tous les matins : sifflé pour avertir les gens. Nous sommes là à cause des brutalités policières, c’est pour ça que nous avons des caméras. »

« Oui oui, vous êtes la bonne conscience du monde », ironise le président. Se fiant à la jurisprudence, la procureure demande d’abandonner les poursuites pour occupation illégale et requiert pour chaque prévenu trois mois de sursis pour le reste. Elle écarte « la volonté d’impunité » prêtée aux policiers par les militants, rappelant que Lauren P. « vient importuner, filmer, tourner autour. Ils empêchent les forces de l’ordre d’agir et nuisent à l’interpellation ». Et, un peu fataliste :

« Le conflit entre les No Border et la police ne date pas d’hier, il n’est pas né de l’affaire que vous avez à juger aujourd’hui et il va perdurer dans les mois qui viennent. »

L’avocate de la défense, Marie-Hélène Calonne, plaide le parole contre parole, en soulignant des contradictions dans les récits des policiers, et le « pacifisme » des militants. « On aurait bien aimé savoir ce qu’a filmé la policière, mais pas de chance, sa caméra ne fonctionnait pas ce jour-là. » Elle s’appuie également sur le contexte, connu comme délétère :

« Les vidéos dérangent. Celles qui ont été publiées ne l’ont pas été sur un petit site de n’importe quoi, ou sur Youtube, mais par Rue89 et Les Inrocks, qui ont tous les deux titré “Des vidéos qui font honte”. Effectivement ce sont des vidéos qui font honte à la police et à la façon dont elle travaille. »

Les prévenus sont relaxés au bénéfice du doute pour les faits de rébellion et condamnés pour le refus d’empreinte, mais avec une dispense de peine. Jugement accueilli par une salve d’applaudissements. Le 8 septembre, les deux Lauren repasseront au tribunal pour une action au centre de rétention administrative de Coquelles.

Sur le bureau du tout nouveau Défenseur des droits trône le dossier sur les violences policières à Calais, déposé comme un cadeau de bienvenue par les No Border, avec le soutien de 19 associations et syndicats.

Leur presse (Camille Polloni, Les Inrocks), 13 juillet 2011.

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[Maroc] Prison ferme pour 23 manifestants du 20 février à Khemisset

Actes de vandalisme à Khemisset : des peines d’emprisonnement de 5 mois à 2 ans à l’encontre de 23 émeutiers

La chambre criminelle (1er degré) près l’annexe de la Cour d’appel de Salé a condamné, mardi soir [12 juillet 2011], 23 émeutiers à des peines d’emprisonnement allant de 5 mois à 2 ans pour leur implication dans des actes de vandalisme survenus en février dernier à Khemisset.

Le tribunal a ainsi condamné à 2 ans de prison ferme, dont une année avec sursis, quatre prévenus impliqués dans ces incidents. Il a également prononcé une peine d’emprisonnement d’un an, dont 6 mois avec sursis, à l’encontre de 5 accusés.

La même juridiction a condamné 14 autres prévenus à 5 mois de prison ferme et à une amende de 500 DH chacun.

Ces accusés sont poursuivis pour « atteinte à la sécurité et à l’ordre publics, désobéissance, incendie criminel, destruction de biens d’utilité publique, coups et blessures ».

Lors des actes de violence survenus, en février dernier dans la ville de Khemisset, les mis en cause avaient causé d’importants dégâts matériels dans des agences bancaires et blessé des éléments des forces de l’ordre.

Leur presse (MAP), 13 juillet 2011.

 

Actes de vandalisme à Khémisset : arrestation de 34 personnes dont 20 mineurs

Trente quatre personnes dont 20 mineurs impliqués dans les actes de vandalisme ayant émaillé la manifestation du 20 février ont été arrêtées, mercredi [23 février] à Khémisset, apprend-on auprès des autorités locales.

Ces émeutiers sont impliqués dans les actes de vandalisme ayant causé d’importants dégâts matériels et ciblant notamment deux établissements bancaires et cinq voitures des Forces auxiliaires et des Forces de l’ordre, précise-t-on de même source.

Treize éléments des Forces auxiliaires et des Forces de l’ordre ont été blessés lors de ces actes de violences.

Leur presse (MAP), 24 février 2011.

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FreeParade Paris – 14 juillet 2011

 

Rendez-vous place Gambetta à 13h30 pour une manifestive sonore !

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FreeParade

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