[Milan] Une lettre de Mattia et Federico

 

Mattia et Federico étaient incarcérés suite à leur arrestation le 15 juin, pour transport d’engin incendiaire (voir ici le tract de solidarité La fascination du diable qui se fume une cigarette, traduit par les soins des Brèves du désordre, même si de nombreux copieurs/colleurs ne le signalent pas). Ils ont été libérés le 8 juillet dernier, le premier de la prison de Vigevano, et le second de celle de Cremona. Voilà ci-dessous une lettre d’eux, sortie il y a quelques jours.

Milan : une lettre de Mattia et Federico

La nuit du 14 au 15 juin, nous avons été arrêtés par une patrouille, avec son bord un flic et deux militaires [les militaires patrouillent dans les rues des grandes villes italiennes depuis 2008], qui constatent du « matériel suspect » dans notre sac. Nous sommes alors transférés au commissariat de Lambrate (Milan), menacés par un agent zélé, avant que ne soit effectuée une perquisition au domicile de l’un de nous, lors de laquelle sont retrouvés des pétards et un bidon d’essence.

Nous sommes donc tous deux incarcérés sous l’accusation de « port et transport d’explosifs en public », sur la base de la loi 895 (loi sur les armes de guerre). Le juge de la détention et des libertés [GIP] tente une comparution immédiate, ce qui renvoie en fait le procès à octobre. Le 8 juillet, nous avons été remis en liberté suite à une nouvelle audience concernant la préventive.

Malgré tout ce qui est arrivé, nous souhaitons affirmer quelques vérités de base auxquelles nous, tous les deux, comme individualités anarchistes, tenons. Il s’agit de paroles privées de tout absolu conceptuel, elles représentent ces exigences instinctives de libération qui secouent quotidiennement notre existence.

Avant tout, la tension révolutionnaire et subversive qui stimule nos esprits et meut nos corps, nous porte en permanence à défier les opinions communes stériles, et à nous affronter à la stupide « cohabitation civile », où nous sommes dégradés à l’état d’atomes qui ne sont qu’associés dans des rapports de production, de consommation, de distraction, de divertissement et d’endoctrinement, selon les rythmes inhumains de cette société marchande. Classées dans l’anonymat des catégories sociales, perroquets mécaniques de paroles vides, désespérément agrippées aux petites sécurités quotidiennes, nos vies ne sont rien d’autre qu’un cauchemar éveillé dont nous tentons de nous réveiller.

C’est pour cela qu’il y aura toujours des individus prêts à se risquer sur le chemin insidieux de la turbulence émancipatrice. Les actes de révolte, poussés par une raison de libération individuelle et collective, renforcent le sentier sur le lequel nous cheminons.

Solidarité avec tous les individus en révolte.

« La masse en perdition ne se compose jamais d’hommes, parce que l’homme commence à partir du moment où la foule, tombe de l’humain, disparaît. » — Albert Caraco, Bréviaire du chaos.

Mattia et Fede

Traduit de l’italien (Informa-Azione) – Brèves du désordre, 12 juillet 2011.

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