[Urgence notre police assassine] Vérité et justice pour Bilal (3)

Joué-lès-Tours : la version de la police contredite par plusieurs témoins

Terrorisme ou bavure policière ? Deux versions se contredisent à la suite de la mort de Bertrand Nzohabonayo, le 20 décembre. Le parquet antiterroriste de Paris est saisi, la famille de Bertrand Nzohabonayo envisage toutes les voies juridiques possibles.

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Bertrand Nzohabonayo – alias Bilal – était-il le terroriste qui nous a été décrit ? Une semaine après les faits qui ont abouti au décès du jeune homme, après avoir blessé trois policiers à coups de couteau au commissariat de Joué-lès-Tours le 20 décembre 2014, deux versions se contredisent. Bertrand Nzohabonayo s’est-il lui-même rendu au commissariat ou a-t-il été escorté par les policiers ? Avait-il en tête de commettre un attentat, ou la situation a-t-elle dégénéré après qu’il eut été sommé de s’expliquer sur une altercation qui aurait eu lieu la veille entre des jeunes de Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire) et un policier ayant déjà été condamné pour des faits de violence policière ? Le parquet antiterroriste de Paris privilégie la piste terroriste, la famille de Bertrand Nzohabonayo envisage toutes les voies juridiques possibles.

Samedi 20 décembre, selon la version relayée dans un communiqué du ministère de l’intérieur, il est environ 14 heures lorsqu’un individu armé d’un couteau débarque seul dans le commissariat de Joué-lès-Tours. Il blesse trois policiers dont l’agent de l’accueil au visage. Les agents ripostent avec leur arme de service, ils l’abattent. Une dépêche de l’AFP, envoyée à 16h14, reprend ce récit : « Le ministre de l’Intérieur condamne l’agression brutale d’un policier à l’arme blanche au commissariat de Joué-lès-Tours, peut-on lire. Bernard Cazeneuve salue le sang-froid et le professionnalisme des policiers présents, qui ont fait usage de leur arme administrative. »

La version de la police selon laquelle Bertrand Nzohabonayo serait venu de sa propre initiative au commissariat pour attaquer le personnel à coups de couteau aux cris de « Allah Akbar » est contestée par plusieurs témoins. D’après un article du Point (accessible sur abonnement), le cabinet de Bernard Cazeneuve maintient que « le jeune Bilal s’est rendu à l’antenne de police de sa propre initiative afin de s’en prendre aux forces de l’ordre ». Plusieurs témoins, dont une personne interrogée face caméra par une équipe de l’AFP, disent pourtant l’inverse. « J’ai vu les quatre policiers prendre le monsieur pour le rentrer à l’intérieur, ils lui ont dit calmez-vous et le monsieur il a commencé à crier « Ah » et à se débattre », raconte un des témoins […].

Jusqu’à présent, la version présentée par la police faisait également état d’une scène qui se serait déroulée « au commissariat de Joué-lès-Tours », donc à l’intérieur. Sur les réseaux sociaux circule pourtant une photo où l’on peut apercevoir Bertrand Nzohabonayo, le corps gisant sur les marches du commissariat, entouré de plusieurs policiers.

Selon Ghyslain Vedeux, responsable du conseil représentatif des associations noires d’Indre-et-Loire (CRAN), l’affaire serait en fait liée à une altercation qui a eu lieu le 19 décembre. « Cette affaire pourrait découler de l’histoire d’un policier qui s’est battu avec des jeunes la veille des faits, et qui aurait porté le premier coup, déclare-t-il à Mediapart. Selon plusieurs témoignages, il s’est fait taper dessus. » Le responsable du CRAN s’interroge sur de potentiels liens avec le décès du lendemain. Des membres de l’équipe du policier impliqué dans l’altercation auraient interpellé Bertrand Nzohabonayo afin de le questionner sur l’identité des auteurs des coups : « Les témoins sont formels, c’est bien l’équipe du gardien de la paix impliqué dans l’altercation la veille qui a interpellé Bertrand le lendemain. » Plusieurs personnes s’étonnent par ailleurs que le gardien de la paix impliqué dans l’altercation n’ait pas déposé plainte après l’agression.

Le jeune Bertrand ne se trouvait pas à Joué-lès-Tours le jour de cette altercation. Une équipe de France 3 a reconstitué les faits et affirme qu’il était à Paris, où il accompagnait sa mère qui devait s’envoler pour le Rwanda. « Bilal » ne serait revenu à Tours qu’en fin de matinée le 20 décembre et aurait retrouvé sa sœur autour de midi. Il serait sorti en début d’après-midi pour se rendre dans un kebab situé à proximité du commissariat de police de Joué-lès-Tours. Sur sa route, il aurait été interpellé par des policiers souhaitant connaître l’identité des jeunes de la bagarre de la veille. L’interpellation de Bertrand Nzohabonayo tourne au vinaigre, deux policiers sont blessés et Bertrand est abattu par un agent de police.

Le gardien de la paix impliqué dans l’altercation de la veille est par ailleurs connu dans le quartier pour des faits de violence policière. En juin 2014, il avait été condamné à 1500 euros d’amende […] pour « des faits de violence en plusieurs phases » et un « usage disproportionné » de sa bombe lacrymogène. La scène, qui avait été filmée en août 2013, témoigne d’une rare violence. En plus de multiples coups de matraque, dont un qui vise le visage de la victime, le policier tient des propos à la limite du racisme : « Toujours les mêmes, ils me cassent les couilles. » Pendant de longues minutes, la femme prise à partie reste au sol, inerte, avant d’être traitée de « salope » et de « conasse » […].

D’après un article de La Nouvelle République, le gardien de la paix récemment condamné a été entendu dans le cadre de nouvelles auditions menées le vendredi 26 décembre par la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire. La section antiterroriste du parquet de Paris a affirmé ne négliger aucun élément tout en restant « sur la qualification terroriste ». « À ce stade, il n’y a pas de lien entre les deux affaires », a indiqué la porte-parole du parquet Agnès Thibault-Lecuivre.

La chronologie de l’emballement politique

Pour bien comprendre comment la piste du terroriste et de la radicalisation a été privilégiée, il faut se pencher sur la chronologie des faits et des réactions politiques. Dans la foulée des événements qui ont mené au drame, le ministre de l’intérieur décide de se rendre sur les lieux. Entre-temps, on apprend que Bertrand Nzohabonayo est « connu des services de police pour des faits de droit commun ». À 17h47, le même jour, une nouvelle dépêche de l’AFP informe que la section antiterroriste du parquet de Paris est chargée d’une enquête ouverte « des chefs de tentative d’assassinat et d’association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste ». Une demi-heure plus tard, soit près de quatre heures après les coups de feu qui ont tué Bertrand Nzohabonayo, une source proche de l’enquête affirme que l’agresseur, originaire du Burundi, a crié « Allah Akbar (Dieu est grand en arabe) du moment où il est entré jusqu’à son dernier souffle ». De premiers liens entre les actes de Bertrand Nzohabonayo et l’organisation de l’État islamique en Syrie et en Irak commencent à être pointés par des sources identifiées comme « proches de l’enquête ».

Aussitôt sur les lieux, Bernard Cazeneuve a souligné de la part des policiers « une très grande maîtrise, une très grande compétence, un très grand sang-froid ». Dans un second communiqué, le ministère de l’intérieur réaffirme son soutien aux policiers et condamne une nouvelle fois « cet acte odieux » en prenant le soin de préciser que l’individu tombé sous les balles de la police « ne s’était jamais signalé par des activités à caractère terroriste ». « Le gouvernement est déterminé à combattre toutes les formes de terrorisme qui menacent la sécurité », peut-on lire dans le dernier paragraphe du communiqué qui ne laisse déjà plus beaucoup de place à un scénario autre que terroriste.

Plus tard dans la soirée, Manuel Valls affiche dans un tweet son soutien aux policiers de Tours. « Ceux qui s’en prennent à eux devront faire face à la sévérité de l’État », déclare-t-il. C’est seulement le 21 décembre, soit le lendemain des faits, qu’il est fait mention du profil Facebook de l’agresseur, sur lequel ce dernier aurait affiché le drapeau du groupe djihadiste État islamique le jeudi, soit deux jours avant les événements.

En l’espace d’un week-end, l’implacable mécanique médiatique est en marche. Entre le chauffard de Dijon qui aurait foncé sur plusieurs passants dans le centre-ville en hurlant « Allah Akbar », et l’affaire de Joué-lès-Tours, plusieurs personnalités politiques réagissent. Le président (PS) du conseil général de l’Essonne, Jérôme Guedj, affirme « qu’il y a manifestement l’importation des conflits en Syrie, en Irak sur le territoire national ». Le vice-président du Front national, Florian Philippot exhorte l’exécutif à sortir de sa timidité : « Le pouvoir a de telles pudeurs vis-à-vis de l’islamisme radical qu’il n’ose même pas le nommer. »

Le lundi 22 décembre, soit 48 heures après les faits, alors que François Hollande appelle à une « extrême vigilance », Manuel Valls monte en gamme en affirmant que « jamais nous n’avons connu un aussi grand danger en matière de terrorisme ». « Ce qui nous inquiète, affirme-t-il en marge d’un de ses déplacements à Montpellier, ce sont les phénomènes de très grande radicalisation, très rapide. C’est peut-être le cas pour ce garçon qui a agi comme vous le savez à Joué-lès-Tours. » En parallèle, le frère de Bertrand, Brice Nzohabonayo, a été arrêté au Burundi par les services de renseignement qui déclarent être seuls à l’origine de l’interpellation.

L’avocat de la famille Jérémie Assous préfère attendre les résultats de l’enquête, surtout concernant les bandes de vidéosurveillance du commissariat. « On exercera toutes les voies de droit qui nous sont ouvertes, déclare-t-il. À ce stade il paraît indispensable que les services judiciaires s’expriment sur le contenu des bandes de vidéosurveillance de l’extérieur et de l’intérieur du commissariat pour mettre un terme à cette rumeur. S’ils refusent, ça ne fera que conforter les réserves que les uns et les autres émettent sur la version des policiers. »

Yannick Sanchez, Mediapart, 27 décembre 2014

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[Free Party] Rassemblement 10 janvier 2015 à Lons-le-Saunier (Jura) comme dans le maximum de nos villes !

Le 10.01.15 à Lons-le-Saunier aura lieu un rassemblement pacifique afin de revendiquer le droit à la fête libre, et de mettre fin à la répression que subit le mouvement FREE PARTY ses dernières années.

• Augmentation du seuil de participants de nos soirées

• Restitution du matériel saisi

• Arrêt des saisies

• Abrogation de la législation d’exception sur les free party

• La mise à disposition d’endroits pour nos fêtes

• Une écoute et une attitude respectueuse des municipalités quand nous présentons nos projets

• Le respect du cadre légal par les forces de l’ordre – halte aux saisies abusives !

Puis après ce rassemblement aura lieu une soirée tekno légale et autorisée dans le Jura avec plusieurs sounds systèmes de la région Franche-Comté.

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VOIR LE COMPTE RENDU

Communiqué le 27 décembre 2014 par un correspondant du JL

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[Les figures de la confusion] Yves Calvi, Éric Dénécé et les fascistes ukrainiens de Notre-Dame-des-Landes

Les figures de la confusion
Yves Calvi, Éric Dénécé et les fascistes ukrainiens de Notre-Dame-des-Landes

Le 8 décembre dernier, l’éditorialiste Yves Calvi interviewait sur RTL un certain Éric Dénécé sur les Zad. Ce prétendu spécialiste du renseignement y a tenu des propos pour le moins étonnants, sans jamais être repris par le journaliste…

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ÉCOUTER L’ÉMISSION

Comme c’est fréquent chez lui quand il s’agit de tenter de comprendre un mouvement social, Yves Calvi n’a pas fait dans la demi-mesure pour qualifier les zadistes lors de cette épisode de « 3 minutes pour comprendre » : « terreur verte », « terrorisme vert », « djihadisme vert »… Les poncifs repris par les partisans des grands projets inutiles, et notamment de la FNSEA contre leurs opposants ne font pas peur à notre journaliste. Mais les propos les plus déconcertants ont encore été tenus par son invité, Éric Dénécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R) un de ces multiples think tanks confidentiels et réactionnaires qui fleurissent depuis le début des années 2000 sur les questions internationales.

Tour à tour Dénécé a expliqué à l’antenne de RTL que :

• Les zadistes sont des drogués violents, comparables aux islamistes (même si, il le dit plus loin, ce ne sont pas encore des « terroristes »… ouf !) : « Très rapidement, viennent s’agréger à ces penseurs (…) des structures de plus en plus conspirationnistes, violentes ou usant largement de substances qui ne les amènent pas à réfléchir notamment et qui depuis quelques temps sont dans un phénomène de radicalisation extrêmement préoccupant, extrêmement violent et en tous points comparable au phénomène de radicalisation qu’on trouve dans l’islam. » [On note qu’il parle de l’islam en général, et non du seul islam politique. Dans un numéro de « C Dans l’Air » animé par Yves Calvi le 22 août 2006, Dénécé expliquait déjà que « Dans tous les échanges Orient-Occident qui ont eu lieu depuis le haut Moyen-Âge, l’islam a toujours agressé l’Occident avant le contraire. »]

• Les écologistes sont prêts à faire sauter la planète pour défendre leur cause : « les écologistes radicaux dès les années 1970 avaient essayé de voler une bombe nucléaire et de la faire sauter dans une faille tectonique pour obliger les États-Unis à abandonner le nucléaire et à revenir à des conditions de vie beaucoup plus proches de ce que eux espéraient. »

• La Zad de Notre-Dame-des-Landes servirait de terrain d’entraînement à des fascistes venus d’Ukraine : « C’est aussi une nébuleuse internationale parce que les hommes du groupe Pora noir, c’est-à-dire les milices d’extrême-droite qui sont à l’origine de la révolution Maïdan en Ukraine sont venus s’entraîner à Notre-Dame-des-Landes. »

• Et malheureusement les femmes s’y mettent aussi : « Malheureusement, au sein de ces mêmes groupes, on voit des individus de tous âges, et de plus en plus des deux sexes, se radicaliser et rentrer dans des actions violentes extrêmement préoccupantes. »

Évidemment, Eric Dénécé n’a pas cité ses sources, et Calvi ne les lui a pas demandées. Pourtant, on a beau chercher, aucune trace sur le web, y compris complotiste, de cette tentative de vol de bombe nucléaire ou de ce groupe ukrainien à Notre-Dame-des-Landes [Recherches effectuées en français, anglais et allemand].

De prétendus fascistes ukrainiens bien peu convaincants

Par ailleurs, la nature extrême droitière de Pora noir est tout à fait sujette à caution. Il s’agit d’une scission se définissant comme une ONG luttant pour les droits humains du mouvement de jeunesse Pora! (Il est temps !), lui-même actif pendant ce qu’on a appelé la révolution orange en 2004 et inspiré du mouvement serbe Otpor. Depuis 2006, Pora noir a changé de nom et s’appelle désormais Opora. Si Pora! a été très actif en 2004 lors des manifestations qui se sont déroulées également sur la place Maïdan de Kiev, Il semble que son héritier Opora n’ait pas été à la pointe du mouvement de fin 2013, encore moins à son origine, même si ses militants y ont activement pris part [Mais évidemment, Opora ayant reçu des financements de la National Endowment for Democraty (Ned), il n’en faut pas plus aux conspirationnistes pour en déduire qu’il aurait à lui seul le pouvoir de faire descendre comme par enchantement des centaines de milliers de personnes dans la rue.]. Dès lors, de quoi parle Éric Dénécé exactement ? De 2004, de 2013 ? De Pora!, Pora noir ou Opora ? Ou bien de tout autre chose ? Sachant que la contestation du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes n’a vraiment monté en intensité qu’à partir de 2008 avec le début de l’occupation de la Zad et surtout depuis 2012 en réaction à la multiplication des mesures répressives, le moins que l’on puisse dire est que son propos est confus.

Mais où donc Éric Dénécé puise-t-il ses sources ?

Pora noir, milice d’extrême droite ? D’après un spécialiste de l’extrême droite en Europe de l’Est que nous avons pu interroger, c’est doublement faux et aujourd’hui Opora, le mouvement issu de Pora noir, milite en faveur d’élections transparentes, contre la corruption et pour la promotion et la défense des droits humains. Il fait partie d’un réseau est-européen d’ONG ayant pour objectif de promouvoir des élections démocratiques dans les pays de cette aire géographique.

On peut cependant se douter d’où provient une telle affimation faisant de Pora noir une milice fasciste : la version française de Wikipedia (au contraire des versions anglaise et allemande pourtant plus complètes) affirme de manière non sourcée, que Pora! (pas Pora noir) aurait été financé par Georges Soros, la National Endowment For Democracy (Ned) et l’ambassadeur du Canada, une accusation qui suffit bien souvent dans la complosphère à faire d’une organisation un mouvement d’extrême droite. Les trois sources en français donnant cette information que nous avons trouvées sont le World socialist Website affilié à la 4e Internationale dans un article de décembre 2004 mais mêlant les sources de financement supposées de plusieurs groupes, un obscur centre de recherche sur le terrorisme en février 2014, ainsi que de manière indirecte – puisqu’il cite Pora! parmi d’autres mouvements similaires comme Otpor – le démographe soralien Nicolas Bourgoin en janvier 2014. Aucun de ces sites ne fournit la moindre source permettant de vérifier de ces informations. Seul point confirmé par le site de la Ned, que nous sommes allés consulter nous-mêmes : Pora! a effectivement reçu 40’000 dollars de cette organisation en 2005 pour entre autres développer des syndicats étudiants, et Opora 36’370 dollars en 2009 pour organiser une campagne de mobilisation non partisane des électeurs en 2010 [Voir ici et . La Ned est une organisation privée à but non lucratif largement financée de son propre aveu par le Congrès des États-Unis et ayant pour objectif de promouvoir la démocratie à travers le monde. Elle fait l’objet de beaucoup de fantasmes chez les conspirationnistes, alors même qu’elle est beaucoup plus transparente sur ses sources de financement et sur ses actions que la plupart des médias et organisations complotistes.].

Par ailleurs, une autre scission de Pora!, le parti Pora jaune (mais toujours pas Pora noir), aurait fait une alliance électorale avec un parti classé à l’extrême droite, l’Assemblée nationale ukrainienne – Autodéfense ukrainienne (UNA-UNSO), d’après la version anglaise de Wikipedia citant une source ukrainienne. Seul le Wikipedia français parle de jeunes de Pora noir ayant rejoint ce même mouvement, mais de manière peu sourcée [L’article de Café Babel cité par Wikipedia et signalé comme non relu par la rédaction du site, ne parle que d’un cas particulier de militante de Pora noir envisageant de rejoindre l’UNA-UNSO en 2005, soit rien qui permette de tirer une conclusion générale sur ce point.]. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas l’existence de quelques transfuges qui permettrait de classer pour autant Pora noir à l’extrême droite car sinon, la quasi totalité du champ politique et syndical français devrait l’être également pour avoir « fourni » des transfuges au Front national. De plus, notre spécialiste des réseaux d’extrême droite à l’Est nous nous précise que l’UNA-UNSO ayant eu ses propres terrains d’entraînement militaire, venir « s’entraîner » dans les ZAD françaises aurait été vraiment comique ! Éric Dénécé s’informerait-il sur la plus mauvaise version de l’article Wikipedia consacré à Pora! ?

Les deux principaux mouvements d’extrême droite présents à Maïdan fin 2013 étaient Svoboda (Liberté) [Il est à noter que la complosphère pro-russe a beaucoup glosé sur la présence de Svoboda au gouvernement provisoire qui a suivi la destitution de Ianoukovitch. Pourtant, ses scores électoraux ont été très faibles aux élections suivantes : 1,16 % des suffrages aux présidentielles et 4,7 % aux législatives.] et Pravyï Sektor (Secteur droit), associés à d’autres mouvements moins importants : Tryzub (Trident), l’Assemblée nationale ukrainienne – Autodéfense ukrainienne (UNA-UNSO), les Patriotes d’Ukraine, l’Assemblée sociale-nationale et le Marteau blanc [Plusieurs d’entre eux, dont l’UNA-UNSO, se sont fondus dans Pravyï Sektor en mai 2014.]. Par ailleurs, ils n’étaient pas à l’origine d’un mouvement qui était le fruit d’un mécontentement populaire extrêmement large mais il s’y sont greffés, et étaient loin d’y être majoritaires. Les occupants de Maïdan allaient de groupes libertaires autogestionnaires, y compris féministes, à ces mouvements d’extrême droite, en passant par toutes les couleurs du spectre politique, avec une majorité de citoyens non encartés. L’occupation de la place a d’ailleurs été caractérisée par une grande capacité d’auto-organisation, impliquant massivement ces derniers. Les militants fascistes en tant que tels étaient quelques centaines tout au plus, quand les manifestations ont rassemblé entre 250’000 et 500’000 personnes, avec des aspirations extrêmement hétérogènes [Sur l’organisation de la place Maïdan, le rôle de différentes composantes et ses contradictions, on peut lire et écouter en anglais ces témoignages, ou en français cet entretien avec un syndicaliste révolutionnaire ukrainien.].

Quant à imaginer des militants fascistes ukrainiens s’entraînant à Notre-Dame-des-Landes, c’est assez ubuesque quand on compare les niveaux de violence atteints par ces deux mouvements et surtout par leur répression. Si une organisation comme Pravyï Sektor s’est très vite formée en organisation paramilitaire [Elle a néanmoins indiqué en mars dernier vouloir se transformer en parti politique classique, bien que plusieurs de ses leaders aient été vus en tenue de combat aux côtés de l’armée ukrainienne depuis.], on doute que ce soit au milieu des champs de Loire-Atlantique qu’elle ait acquis cette capacité. De plus, des militants antifascistes sont présents sur cette Zad et, s’ils ont à plusieurs reprises du en chasser des activistes d’extrême droite, ces derniers étaient tous bien français. Les militants étrangers présents sur les Zad sont quant à eux issus de la gauche radicale ou des mouvements anarchistes, ou sont des individus luttant eux-mêmes dans leurs pays contre des projets similaires. Au contraire, le conflit ukrainien sert depuis quelques mois de terrain d’entraînement à quelques nationalistes français en mal d’aventure [Côté ukrainien, des français comme le mercenaire Gaston Besson servent dans le bataillon Azov, qui a deux symboles nazis (la rune Wolfsangel et le Soleil noir) pour insigne et est accusé par Amnesty International de crimes de guerre, tandis que côté pro-russe, ce sont les volontaires d’Unité continentale qui prétendent représenter la France au Donbass.].

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Exemple de soutien fasciste aux zadistes.

Ajoutons à cela qu’en avril 2013, des graffitis néo-nazis ont recouvert des panneaux anti-aéroport à Orvault dans la banlieue nantaise et qu’en juin de la même année un représentant des exploitants concernés par le projet a vu sa ferme recouverte de croix celtiques et autres croix gammées, assorties de la menace « Vires tes m…, où on brûle ta ferme », preuves s’il en était besoin que les fascistes ne sont pas les amis des zadistes [Le blog du collectif Mouton Noir rappelle ces faits, également relatés dans la presse locale, par exemple ici.].

Éric Dénécé : un CV chargé

Il est toujours amusant de voir le conspirationnisme ou l’extrême droite être dénoncés par des gens comme Éric Dénécé. En effet, le moins que l’on puisse dire est que l’homme n’a pas trop de leçons à donner en la matière : dès 2002, il faisait la promotion de Thierry Meyssan et de son best-seller complotiste sur le 11-Septembre L’Effroyable Imposture dans l’émission de Calvi « C dans l’air » [L’émission, à laquelle Meyssan était également invité, a été intégralement mise en ligne sur Dailymotion par l’association complotiste ReOpen911 : dailymotion.com/video/x78liw_thierry-meyssan-c-dans-l-air-1-3_news ; dailymotion.com/video/x78lps_thierry-meyssan-c-dans-l-air-2-3_news ; dailymotion.com/video/x78mi4_thierry-meyssan-c-dans-l-air-3-3_news], tandis que dans un éditorial récent, c’est à au moins une source conspirationniste qu’il a fait appel pour défendre la version pro-Poutine de la crise ukrainienne [Ahmed Bensaada, qui est aussi édité par le CF2R. Par ailleurs, dans cet article, Dénécé cite plusieurs mouvements fascistes ukrainiens mais pas Pora noir. Dans un autre éditorial, il a pris le parti du régime de Bachar Al-Assad dans l’affaire des armes chimiques en citant entre autres Alain Corvez, ex-officier des renseignements français dont les analyses sont très populaires dans la complosphère et la fachosphère.]. Par ailleurs, son Centre français de recherche sur le renseignement a déjà convié à ses dîners-débats [Dont la liste complète se trouve ici] notamment Aymeric Chauprade [Aujourd’hui cadre du FN, il est aussi connu pour défendre la théorie du complot concernant les attentats du 11 septembre 2001.] ou Alexandre Del Valle, parmi d’autres « experts » issus des milieux militaires, de l’entreprise privée ou des personnalités médiatiques comme Mohamed Sifaoui [Ce journaliste algérien aux méthodes de travail controversées critique l’islam politique et a témoigné pour Charlie Hebdo dans le procès dit des caricatures. Il a également soutenu Robert Redeker. Bien qu’il se dise opposant au régime algérien, il dispose de relais dans les médias du pays. Personnage ambivalent, il a du faire face à des menaces islamistes et s’est également vivement opposé à Riposte laïque, tout en ayant également fait la promotion sur son blog de films du leader néerlandais d’extrême droite Geert Wilders, qu’il critique par ailleurs. Voir sa fiche Wikipedia.] ou Antoine Sfeir.

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Éric Dénécé donne une conférence pour le think tank d’extrême droite Le Cercle Aristote le 23 fevrier 2013. À l’arrière plan, Pierre-Yves Rougeyron, l’organisateur. (Capture d’écran Dailymotion/Cercle Aristote)

Dans son CV, Dénécé se flatte en outre d’avoir « opéré » aux côtés de la guérilla anti-communiste au Cambodge ou d’avoir défendu les intérêts de Total en Birmanie contre la guérilla Karen opposée à la Junte [Total a été accusé à plusieurs reprises de graves violations des droits humains en Birmanie, et notamment de recours au travail forcé, avec le soutien de la dictature militaire. Pour rappel, voir ici, ou encore .]. Ex-Officier-analyste à la direction de l’Évaluation et de la Documentation stratégique du Secrétariat général de la défense nationale, il a depuis pantouflé dans le secteur privé et travaille aujourd’hui sur un projet de parc d’attraction consacré au monde de l’espionnage.

Éric Dénécé, bien que moins connu que d’autres spécialistes des questions internationales, semble tout de même être considéré comme un « bon client » par les médias dominants, dans lesquels il est régulièrement invité. Interrogé en 2007 par le journaliste Thomas Deltombe sur cette question, il a admis avoir une vraie stratégie de communication à destination des médias : il faut, lui a-t-il expliqué, « être disponible » quand on vous appelle, « avoir un titre ronflant qui crédibilise », savoir « faire des phrases courtes, pour permettre aux journalistes de vous couper au montage » [Thomas Deltombe rend compte de cet entretien dans l’ouvrage collectif Au nom du 11 septembre… – Les démocraties à l’épreuve de l’antiterrorisme, coordonné par Didier Bigo, Laurent Bonelli et Thomas Deltombe et paru aux éditions La Découverte en 2008. Son article peut être consulté sur le site indigéniste Les Mots Sont Importants.]. Nul doute que dans ses conditions, ce ne sont pas ses propos fantaisistes sur les Zad qui vont dissuader Yves Calvi ou d’autres de ses collègues de continuer à l’inviter…

Ornella Guyet, Confusionnisme.info, 20 décembre 2014

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[Nik la police] Toulouse-Ouagadougou, maintien de l’ordre à la française

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Décoration murale à Toulouse, le 1er novembre 2014

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[Devant, et sur les flancs] « La ZAD est un moyen de faire face au capitalisme, à l’industrie des flux, aux avant-postes de la métropole, auxquels nous opposons nos forces, en mettant en pratique notre idée du commun, la fusion de la vie collective et de la lutte politique »

Devant, et sur les flancs
Lettre un peu péremptoire mais amicale au mouvement zadiste

« Les classes moyennes […] ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservatrices ; bien plus, elles sont réactionnaires : elles cherchent à faire tourner à l’envers la roue de l’histoire. Si elles sont révolutionnaires, c’est en considération de leur passage imminent au prolétariat : elles défendent alors leurs intérêts futurs et non leurs intérêts actuels ; elles abandonnent leur propre point de vue pour se placer à celui du prolétariat. »

(Manifeste du Parti communiste, 1848)

« Il réfléchit et commence à comprendre. »

(Kashima Paradise,1973)

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Après avoir annoncé d’une seule voix la création d’un « nouveau Sivens » à Roybon, dernièrement la presse a tenté de comprendre qui étaient ces zadistes de Chambaran. Qui sont-ils, d’où viennent-ils, que veulent-ils ? Malgré le regain de tension avec certains habitants, elle s’est peu penchée sur une autre question, non moins cruciale : qui sont les « pro » ? Qui sont ces locaux qui soutiennent les chantiers du Center Parcs à Roybon, du barrage à Sivens, ou de la LGV Lyon-Turin du côté de la Maurienne ?, pour ne prendre que des exemples médiatiques et récents. Ce que les journalistes ne font pas, faisons-le nous-mêmes : essayons de comprendre.

Allons-y. Hypothèse n°1 : ce sont tous des fascistes, des mafieux, des ripous ? Non, on conviendra que c’est un petit peu plus compliqué. Alors prenons les choses autrement, commençons par nous demander ce qu’ils ne sont pas, et par définir les forces en présence dans le conflit des nouvelles ZAD. Ce texte propose de profiter du répit relatif dont nous disposons, suite à la mort d’un camarade, et grâce aux demi-victoires juridiques des écologistes et des légalistes, pour forger notre analyse et notre discours politique. Car d’autres ne nous attendront pas pour parler à notre place.

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1. Le Parti du Progrès progresse partout.

Revenons un instant dans les années 80 : après une phase de grandes luttes sociales, le reflux politique impose de trouver de nouvelles formes de subversion. À la marge du système, des militants et des artistes ouvrent des brèches dans les grandes villes en voie de désindustrialisation, où les bâtiments vides ne manquent pas : c’est l’expansion du mouvement des squats politiques et culturels. C’est aussi le début d’un processus qui portera, 20 ans plus tard, à l’implantation d’une nouvelle bourgeoisie dans les faubourgs. Le modèle de la gentrification des quartiers populaires est bien connu aujourd’hui, et peut être résumé comme ça :

Squat et modes de vie alternatifs > Abandon des luttes sociales et populaires, prédominance de la culture, de l’écologie et de la technologie attirant la petite bourgeoisie > Flambée immobilière et embourgeoisement.

Ces forces sont hétérogènes, le phénomène n’est pas linéaire, et les groupes sociaux qui y participent sont parfois concurrents, voire opposés. Mais chaque phase est sous-tendue par un même fil rouge, une même idéologie (d’après moi, celle de la cybernétique, de la gouvernance, c’est-à-dire de l’organisation optimale du corps social, sous des formes différentes telles que l’ingénierie sociale, ou l’écologie). Résultat du processus : l’émergence d’un nouveau groupe social à fort capital immatériel, qui engage une guerre de classe dans l’espace, puis l’emporte à la fois géographiquement et politiquement.

Cette classe sociale qui émerge puis s’impose (à Grenoble, nous l’appelons parfois ironiquement celle des « écotechs »), c’est ce que nous pourrions définir comme « le nouveau Parti du Progrès », ou plus précisément « la nouvelle avant-garde du P.d.P. ». Elle se nourrit de culture (de gauche, libérale), d’écologie (soft) et de (high) technologie, de préférence au sein de la métropole. Elle est individualiste, mais dit le contraire, et sait défendre ses intérêts de classe. Son progrès est celui de la croissance verte et du capitalisme 3.0, celui qui assure la continuité du système et ne réserve au peuple que chômage et consommation factice. Elle a déjà gagné beaucoup de terrain dans les grandes villes, et repoussé les pauvres dans les campagnes rurbaines.

Imaginons un instant – pure fiction – qu’une partie de cette avant-garde, déjà un peu à l’étroit en ville, commence à s’étendre au-delà des métropoles, et que certains conflits – au hasard, par exemple, les nouvelles luttes locales et parmi elles les ZAD – leur serve d’avant-poste pour s’implanter dans les territoires périphériques.

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2. Prospective zadiste

Imaginons. Comme les salles de spectacle et les casabio ont fleuri en ville sur les pas des gentrifieurs, les réseaux de petits agronomes bio et de néo-ruraux entreprenants apparaissent dans certains territoires périphériques, mais stratégiques (comme dans les quartiers populaires, l’avant-garde choisit les zones où le potentiel de fructification de son capital est le plus fort), et transforment les structures économiques et sociales locales. La chose est banale, et déjà en cours. Des héritiers gentrifiés, chassés des villes, des écotechs attirés par l’image du retour à la terre et les prix du foncier, parsèment pour le moment ces zones périphériques. Ils sont d’ailleurs généralement mal accueillis, même après des années, par les communautés post-agricoles auprès desquelles ils s’installent. C’est la guerre de basse intensité entre purin d’ortie et agro-chimie.

Ces gentrifieurs des champs sont plutôt sensibles à l’écologie, mais aussi au développement personnel, entretiennent parfois des rapports fétichistes à la nature, sont empreints de libéralisme postmoderne (chacun fait ce qu’il veut, tout dépend du point de vue), et votent volontiers pour une démocratie plus efficace. Mais surtout : ils ont renoncé à la lutte politique antagoniste, sauf par procuration. Ce qui est pratique, puisque ça permet d’être à la fois zadiste et au hammam.

Les ZAD sont les avant-postes par lesquels ces catégories pourraient acquérir enfin une légitimité locale. Même si leur position dans les ZAD est secondaire, restreinte soit à une partie de la contestation légale (que nous leur laissons bêtement), soit au soutien indirect via internet – moi aussi, je suis zadiste ! – elles pourraient en tirer profit, et obtenir une position dominante après le conflit. Par exemple, simple hypothèse, en gagnant des recours juridiques, et en s’emparant du leadership politique, aidés par le manque de discours de notre côté. Elles pourraient même avoir intérêt à ce que l’occupation ne dure pas trop.

Ces manipulateurs prolongeraient ainsi leur guerre de classe dans l’espace pour préserver et préparer, en marge des métropoles dont ils sont issus et dont ils tirent leur richesse (télétravail, laboratoires sociaux et économiques), leur futur cadre de vie.

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3. Ce qui nous attend, et ce que nous voulons

Que la petite bourgeoisie s’allie un temps au peuple dont elle est issue pour se forger une position dominante, n’est pas une première. Mais revenons à nos moutons : ce petit détour permet à présent de répondre à notre question initiale : qui sont les « pro » ? C’est par opposition à cette partie du mouvement que nous avons définie ensemble comme la nouvelle avant-garde du P.d.P., que nous pouvons définir l’alliance hétérogène des « pro », à Roybon, à Sivens, ou en Maurienne : vieux souteneurs de l’industrie, agriculteurs forcés à l’intensif depuis 50 ans et ne voyant plus d’autre voie, commerçants sans plan B, suivis d’une partie de leur main-d’œuvre prolétaire, et des partis qui les représentent ; ils forment l’arrière-garde du Parti du Progrès, ceux qui ont nourri la France d’après-guerre, mais qui ont loupé le virage des années 80, de l’innovation et de l’information.

Ils ne sont pas fascistes, même si la xénophobie les traverse allègrement ; même pas forcément de droite, mais certainement tous productivistes. Laissés pour compte de la mondialisation, pas rentables, tout aussi sous perfusion de subventions étatiques que les allocataires RSA qu’ils montrent du doigt, ils vomissent les réformes sociétales et les taxes. Et s’ils se mobilisent, c’est parce qu’ils sentent bien que, derrière les zadistes, les peluts, les anti-tout, il y a le nouveau modèle des dominants, intellos, verts et technophiles, avec un vrai projet de société, leur relève en quelque sorte, qui va s’approprier leur territoire. Ce sont ces « extérieurs » qui représentent une menace réelle pour les pro.

Avant et arrière-gardes, ces deux composantes encerclent les ZAD, et tout en l’ignorant, forment deux appendices du même animal : le Parti du Progrès, alias le capitalisme nouvelle vague. Nous, les anarchistes, les militants, les zadistes, nous sommes, pour l’instant, les mercenaires aveugles (et gratos) du P.d.P. On défriche, on ouvre une brèche, et on la tient un temps, comme dans les villes depuis 20 ans. Et contrairement à ce que nous laisse supposer la situation aujourd’hui, « pro » et « anti » peuvent très rapidement s’entendre sur plusieurs points :

• un point technique d’abord : les écotechs expliqueront aux pécores qu’il faut opter pour un projet alternatif et durable ; qu’il faut plus de zones compensatoires, plus de CNDP ; ils négocieront via la FRAPNA, la FNSEA ou d’autres (tiens, c’est le cas en ce moment même, sous l’égide du gouvernement), et s’entendront sur un modus vivendi. Souvenons-nous que EELV a soutenu le TAV jusqu’en 2011, puis changé de camp pour réclamer, depuis, une autoroute maritime à la place d’une autoroute ferroviaire. Techniquement, tout devient possible.

• pragmatique : les zadistes sont encombrants et ingouvernables. Bref, pro et anti diront bientôt, et à l’unisson : « foutez le camp, on est chez nous », ou des variantes de gauche : « maintenant, il faut laisser place à la démocratie ». S. Royal, dans le Monde du 22/12/14 : « Quand une solution sera trouvée, il faudra que les occupants partent ». Nous sommes prévenus.

On sait ce qui nous attend. À ce moment là, on sera seuls contre les réacs, les flics et les légalistes. Once again. Inutile de patienter poliment, de se forger une image médiatique de gentils jeunes, ou d’adorateurs des merveilles de Gaïa, on ne se fera balayer que plus rapidement. Si on rentre sur le champ de bataille de l’opinion publique, c’est toujours par tactique, non pour la gagner. Entre un front et l’autre, notre position est courageuse, mais glissante. Pour rester offensive, elle doit chercher la stratégie qui nous permette de gagner la bataille politique, derrière la bataille géographique. La ligne de crête que l’on doit voir dès maintenant dans le brouillard, entre pro et anti, c’est celle où l’on assume nos ambitions : la ZAD est un moyen de faire face au capitalisme, à l’industrie des flux, aux avant-postes de la métropole, auxquels nous opposons nos forces, en mettant en pratique notre idée du commun, la fusion de la vie collective et de la lutte politique. Chacun peut nous rejoindre, mais qu’ils sachent que nous ne serons ni les sauveurs de la France périphérique, ni les larbins des bourgeois métropolitains.

Pierrette Rigaux
Grenoble, décembre 2014.
Vos remarques amicales

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[Urgence notre police assassine] Vérité et justice pour Bilal (2)

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Joué-lès-Tours : des témoignages mettent à mal la version policière

Une semaine après les faits, des témoignages mettent à mal la version policière du drame survenu au commissariat de Joué-lès-Tours, samedi 20 décembre.

Bertrand Nzohabonayo, après avoir blessé trois policiers à coups de couteau, a été tué dans le commissariat. Selon la version de la police, le jeune homme se serait volontairement présenté au commissariat avec un couteau à la main. Il aurait porté un coup au visage du policier d’accueil et aurait crié « Allah Akbar ». Le ministre de l’intérieur et le procureur de la République de Paris ont insisté sur le caractère « radical » de Bertrand Nzohabonayo, qui aurait fait siennes les thèses de l’organisation de l’État islamique.

C’est une tout autre version qui est suggérée par de nouveaux témoignages. Selon un témoin rencontré par France 3 Région Centre, une altercation entre deux jeunes du quartier et un policier serait en fait à l’origine de l’affaire. Une bagarre aurait eu lieu vendredi 19 décembre, c’est-à-dire à la veille des faits. Bertrand Nzohabonayo ne se trouvait pas à Joué-lès-Tours le jour de cette altercation. Mais le lendemain, il se serait rendu dans un fast-food à proximité du commissariat de police et aurait alors été interpellé par des policiers désireux de connaître l’identité des deux jeunes de la bagarre de la veille. L’interpellation de Bertrand Nzohabonayo aurait mal tourné, deux policiers sont blessés et Bertrand est tué par un agent de police.

Selon Ghyslain Vedeux, un représentant du Conseil représentatif des associations noires d’Indre-et-Loire interrogé par France 3, le policier qui s’est battu avec les deux jeunes, le 19 décembre, avait été « condamné il y a un an pour des violences policières ».

Leur presse (Mediapart, 26 décembre 2014)

 

Affaire de Joué-lès-Tours : « il y a eu une altercation avant entre deux jeunes et l’un des policiers »

Les premiers éléments de l’enquête privilégient la piste de l’islamisme radical pour expliquer les motivations de Bertrand Nzohabonayo, l’agresseur du commissariat de Joué-lès-Tours. Depuis samedi dernier, nous avons enquêté pour comprendre si ses motivations étaient uniquement religieuses.

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Ce témoin était présent au moment de l’altercation entre les deux jeunes et le policier en civil, la veille de l’agression présumée des policiers au commissariat.

Des doutes planent dans l’affaire de Joué-lès-Tours. De nouveaux témoignages pourraient suggérer une autre version des faits, qui ne concorde pas vraiment avec celle des forces de l’ordre.

La sœur de Bertrand, Eunice Nzohabonayo s’est exprimée pour la première fois depuis les faits, mardi 22 décembre, après sa garde à vue. Elle tient à comprendre ce qu’il s’est passé avant. « Je veux que les policiers écoutent les gens qui disent qu’il y aurait pu avoir une altercation avant ».

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Le reportage de France 3 Centre, avec des témoignages qui proposent une nouvelle version des faits dans l’affaire de Joué-lès-Tours | VOIR LA VIDÉO

Originaire du Burundi, où le frère Brice a été arrêté samedi dernier, la famille Nzohabonayo est de confession catholique. Pour sa famille, Bertrand était un jeune homme très calme. Depuis les faits, c’est l’incompréhension pour le père de Bertrand, revenu du Burundi. « Comment mon fils Bertrand s’est retrouvé au commissariat de police de Joué-lès-Tours alors qu’il savait qu’il n’allait pas s’en sortir ? », s’interroge Vénérand Nzohabonayo. La famille, qui va se constituer partie civile dans la semaine, ne croit pas à la radicalisation de Bertrand.

Au départ de l’affaire, une altercation

Selon un témoin qui préfère garder l’anonymat, une altercation entre deux jeunes du quartier et un policier serait à l’origine de l’affaire. Une bagarre qui aurait eu lieu vendredi 19 décembre, c’est-à-dire à la veille des faits. « J’étais au fond du bus et arrivé à l’arrêt Rotière, il y avait un embouteillage. Je suis allé près du chauffeur et là j’ai vu un agent de police en sang, avec l’arcade ouverte ». Bertrand ne se trouvait pas à Joué-lès-Tours le jour de cette altercation. Il est à Paris, où il accompagne sa mère qui doit prendre un avion pour le Rwanda à Roissy. Il reviendra en covoiturage le lendemain de l’altercation.

Selon nos sources, le 20 décembre, Bertrand retrouve sa sœur autour de midi. Il serait sorti en début d’après-midi pour manger un morceau. Le kebab dans lequel il se rend se trouve à proximité du commissariat de police de Joué-lès-Tours. Sur sa route, il aurait été interpellé par des policiers désireux de connaître l’identité des deux jeunes de la bagarre de la veille. L’interpellation de Bertrand Nzohabonayo tourne mal, deux policiers sont blessés et Bertrand est abattu par un agent de police.

Un policier de Joué-lès-Tours dérape en août 2013

Ghyslain Vedeux, représentant du Conseil Représentatif des Associations Noires d’Indre-et-Loire est formel, le policier qui s’est battu avec les deux jeunes, le 19 décembre, est « celui qui a été condamné il y a un an pour des violences policières ».

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VOIR LA VIDÉO

En août 2013, une interpellation musclée à Joué-lès-Tours avait fait réagir. Un policier avait utilisé sa matraque contre une femme, avant de faire usage de sa bombe lacrymogène. En juin 2014, le tribunal a infligé au policier une amende de 1500 euros dans cette affaire, lui reprochant une garde à vue irrégulière ainsi qu’un usage excessif de la force par l’utilisation de gaz lacrymogène lors de l’interpellation.

L’enquête privilégie la piste de « l’islamisme radical »

Cette nouvelle version des faits, décrite par des témoins, s’oppose à celle des policiers. Selon des sources policières, le jeune homme se serait volontairement présenté au commissariat de Joué-lès-Tours avec un couteau à la main, samedi 20 décembre à 14h. Il aurait porté un coup au visage du policier d’accueil. « Pour « justifier » son acte de folie, le ministre de l’Intérieur et le Procureur de la République de Paris ont insisté sur le caractère « radical » de Bertrand Nzohabonayo qui aurait fait siennes les thèses de DAESH », indique Le Point dans un article publié ce jeudi matin.

Dans un communiqué de presse de Bernard Cazeneuve, datant du jour de l’agression, le ministre de l’Intérieur « condamne l’agression brutale d’un policier à l’arme blanche ». Plus tard dans l’après-midi, devant le commissariat de Joué-lès-Tours, il indique aux médias que Bertrand « était connu pour des faits de délinquance mais qu’il n’était pas connu pour des actes terroristes ».

Lundi 22 décembre, le procureur de la République de Paris a donné une conférence de presse où il a expliqué que Bertrand Nzohabonayo « se serait converti à l’islam et se serait radicalisé vers l’âge de 16-17 ans, un an après son frère Brice, dont il était très proche » avant d’ajouter des éléments sur le testament religieux retrouvé lors de la perquisition des domiciles de la sœur et de la mère. Il faut rappeler que Bertrand Nzohabonayo a publié jeudi 18 décembre sur son profil Facebook une photo du drapeau de l’organisation État islamique.

Leur presse (france3-regions.francetvinfo.fr, 25 décembre 2014 | mis à jour le 26 décembre)

 

La sœur de l’agresseur présumé de Joué-lès-Tours : « J’aimerais savoir ce qu’il s’est passé avant le commissariat »

Pour la première fois depuis les faits, la sœur de Bertrand Nzohabonayo s’est exprimée devant les caméras de France 2. Elle cherche à comprendre ce qui a déclenché cette colère chez son frère au commissariat de Joué-lès-Tours, samedi 20 décembre.

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Intégralité de l’interview | VOIR LA VIDÉO

Eunice est la sœur de Bertrand Nzhohabonayo, l’homme de 20 ans abattu samedi 20 décembre après qu’il est agressé au couteau trois policiers. C’est chez elle, ou chez sa mère, que logeait le jeune homme lorsqu’il était à Joué-lès-Tours. Placée en garde à vue juste après les faits, elle a été interrogée par les enquêteurs, puis libérée, lundi 22 décembre.

« Je voudrais juste savoir ce qu’il s’est passé avant le commissariat. J’aimerais que les policiers écoutent les gens qui étaient autour, qui disent qu’il y a eu une altercation avant. J’attends la vidéo de surveillance pour savoir ce qu’il s’est vraiment passé et si c’était vraiment nécessaire de le neutraliser avec quatre coups de feu. »

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Le reportage diffusé sur France 2 à 13h ce mardi 23 décembre | VOIR LA VIDÉO

« Bertrand avait des antécédents judiciaires, il s’est présenté plusieurs fois au commissariat tout seul sans aucune agressivité. »

Leur presse (france3-regions.francetvinfo.fr, 23 décembre 2014 | mis à jour le 25 décembre)

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ZAD nulle part (ou partout) ?

ZAD nulle part (ou partout) ?

Nous nous investissons depuis quelques temps sur la ZAD des Chambarans, voire avons participé à son émergence, troisième version officielle de cette forme de lutte dite « récente ».

En tant qu’acteurs et actrices de ces luttes et en tant qu’anarchistes, nous avons eu envie de partager quelques réflexions sur leur évolution, ainsi que quelques critiques et espoirs que nous percevons dans les dynamiques actuelles.

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Sur la ZAD de Roybon, dans la forêt de Chambaran, le 20 décembre 2014

Comme à peu près tous les termes nous définissant, zad-istes, anarchistes, terroristes, gauchistes, écologistes…, ce sont les médias et autres ennemi-e-s politiques qui officialisent ou popularisent les mots qui sont supposés dire qui nous sommes.

Même si ce mouvement est le plus populaire du moment, il paraît néanmoins important de rappeler que tout n’est pas né au Testet ou à Notre-Dame-des-Landes. Nous avons parfois l’impression d’entendre cette idée dans la voix de certain-e-s de nos camarades en nous demandant si cela dénote plus un manque de référentiel et d’information ou plutôt une envie de se détacher de l’histoire politique, en souhaitant repartir sur des pratiques « neuves ».

L’occupation d’espaces agricoles ou ruraux contre l’expansion marchande et capitaliste, les confrontations avec les forces répressives de l’État, la vie en campement dans la forêt à 1000, les occupations, tout ça n’est que stratégie de lutte, et plus ou moins antédiluvien. Il y a eu moult expériences similaires à des ZAD, du Larzac à l’occupation du Parc Mistral à Grenoble, sans compter les expériences ailleurs, le quartier de la Punta à Valencia, la forêt de Khimki vers Moscou, le village de Skouries en Grèce, enfin, la liste serait trop longue.

Bien entendu, il n’est pas ici question de dévaloriser les mouvements actuels, d’autant plus qu’ils développent des contextes intéressants et rencontrent quelques succès, mais plutôt de rejeter ce qui, selon nous, crée une nouvelle intelligentsia militante.

Nous n’avons pas besoin d’élite et, s’il est sûr que la transmission et l’échange d’expérience sont des éléments fondamentaux du front social, ils nécessitent un cadre d’autant plus fort que nous devons fuir comme la peste la hiérarchie et les rapports de pouvoirs qui entourent le monde du militantisme.

Si ces mouvements nous semblent intéressants, c’est par les liens qu’ils créent malgré la confusion que le système est parvenu à insérer dans les rangs des exclu-e-s et des résistant-e-s à ce monde, d’autant plus que bien peu de luttes sociales arrivent à communiquer de manière large et à se visibiliser.

Si la culture politique, les notions de lutte des classes et l’autodéfinition activiste apparaissent aujourd’hui comme des valeurs désuètes, éculées, voire ridicules, nous sommes néanmoins surpris-e-s d’avoir l’impression de retrouver aussi ce phénomène au sein même du mouvement dit des « ZADs ».

Car, par essence, le mouvement mélange des luttes locales d’opposants qui résistent contre des projets capitalistes, avec une légitimité d’habitant-e-s locaux, qui vont faire appel ou recevoir l’aide de collectifs organisés de grandes villes proches (comme à NDDL ou  au Chefresne) et parfois aussi de hordes de rupturistes qui se greffent hors sol à ces dynamiques. Le tout accentué par la médiatisation intense que cette lutte connaît.

Il n’est bien sûr, ici, pas question de railler ou de regretter ces légions d’exclu-e-s de ce monde, qui ont, au moins, le bon sens de vouloir déserter le monde actuel et de renforcer numériquement ces combats, en créant un rapport de force souvent salutaire. Mais ce phénomène se heurte obligatoirement à l’hostilité locale des réactionnaires, fascistes et autres identitaires dans ces zones de luttes, qui vont assimiler les « zad-istes » à des envahisseurs barbares et appuyer sur le côté « bon à rien vivant au crochet de la société » des gueux-se-s errant-e-s.

Là encore, nous ne saurons défendre ces positions pétainistes ou poujadistes, mais regretter que, jusqu’alors, nous nous soyons révélé-e-s inaptes à opposer une réponse que nous estimons politisée à ces discours fascistes.

Entre la constitutions d’une horde ambulante élitiste (j’étais à NDDL, Sivens … alors, je connais / sais) ou des penchants pacifistes (les gens nous aiment pas mais nous sommes gentil-le-s) ou une passion insurrectionnaliste paranoïaque (je vais m’entraîner à faire des high kick contre les platanes), il y a peu de réponses raisonnables et tout-e un chacun-e a vite fait de montrer que son but véritable est de vivre en tribu nomade, en omettant le plus possible de remettre en cause les privilèges et rapports de domination.

Car si l’on évoque la stratégie à longueur de lutte, il faut d’abord commencer par établir une analyse politique un tant soit peu cohérente et sérieuse. Et surtout vouloir le faire.

Oui, une partie des voisin-e-s des ZADs du Testet ou des Chambarans, entre autres, sont fascistes, réacs ou traditionalistes. Ils et elles n’ont aucune passion à  l’idée de voir arriver par chez eux-elles, peut-être pour des années, une centaine de zonard-e-s, traveller-euse-s, punks…, tout ce beau monde leur expliquant qu’ils et elles n’ont rien compris à l’analyse de la situation. Même si c’est pourtant la vérité.

À côté de cela, ces voisin-e-s  réagissent de la manière la plus dégueulasses et néfaste qui soit en constituant des milices et en adoptant un discours que nous ne pouvons laisser passer.

Pourtant, une bonne majorité du mouvement tente de se grimer en petits enfants idéaux (je suis zadiste et j’assume…) , l’autre se dit que lui ou elle va aller voir les méchant-e-s et les persuader de leur erreur politique (là où 250 potes ont raté juste avant), les derniers se terrent dans la forêt et attendent l’Armageddon.

Personne ou presque n’a le réflexe d’analyser cette situation et réagir en conséquence, si nous étions un peu plus grandiloquent-e-s, nous évoquerions presque l’Espagne de 1936, mais bon, restons pragmatiques.

En tout cas, nous estimons avoir jusqu’alors respecté les différences politiques voire l’apolitisme de certain-e-s camarades ZAD-istes, être passé-e-s outre l’évocation d’un « ZAD-isme » que nous ne saurions comprendre, et avons même laissé couler les allusions à notre volonté supposée de transformer la communication de la ZAD en « fanzine anarchiste ».

Nous n’avons pas besoin de la ZAD pour communiquer, ni de la Marquise pour faire salon, ne voulons pas devenir les leaders leadeuses d’un courant médiatique écolo réformiste, voire fuyons les médias et avons, depuis bien longtemps, créé les nôtres. Il en est de même en ce qui concerne les lieux. Nous ne prétendons pas avoir une quelconque aura et réussi à créer une utopie anarchiste, nous ne sommes pas grand-chose mais tenons les murs et les arbres, et cela ne date pas d’hier.

Nous appelons nos ami-e-s ZAD-istes à ne pas se conforter dans le mouvement actuel, à errer de ZAD en ZAD tels des soldats sans armée et sans front. Et à reprendre une analyse politique déterminée et ferme du contexte actuel. Nous avons besoin de rigueur politique, de choix réfléchis et de nous sentir fort-e-s et soutenu-e-s parce que nous étions trop peu depuis une dizaine d’années, mais aujourd’hui, alors que notre nombre est plus appréciable, l’ennemi reste démesuré et semble encore plus fort que jamais.

Si pour notre part, nous assumons beaucoup plus le terme d’anarchistes que celui de ZAD-iste, c’est parce qu’il définit une analyse politique des rapports sociaux, qu’il implique une critique en acte des rapports de domination, d’oppression et de violence auxquels nous sommes confrontés, même au sein de notre camp.

En tant qu’anarchistes, nous ne voulons pas briller par notre « pureté » militante mais donner quelques moyens à nos rêves et percevoir la réalité de ce qui nous habite et de ce qui nous entoure.

Nous ne sentons pas cette même ferme volonté sur la ZAD.

Nous sommes néanmoins fermement décidé-e-s à participer à ce combat, mais avons besoin de bases collectives et affinitaires, de poser des mots et des envies communes.

Ce qui ne passe pas obligatoirement par 1522 réunions, une conférence ou un pacte.

Contrairement à des camarades croisé-e-s par ci par là, nous ne sommes pas en cursus universitaire, nous ne sommes pas là pour nous former, mais pour rencontrer des camarades, vivre ensemble si cela nous semble opportun, parce que nous n’avons pas « d’ailleurs », parce que nous continuerons à lutter partout où nous sommes.

Mais nous ne voulons pas, cependant, faire semblant d’être d’accord, ni occulter nos éventuels antagonismes.

Les mouvements sont fait pour mourir, pas la lutte, ancrons-nous dans cette vaste aventure !

Nous ne combattrons, malheureusement, pas le fascisme et le capitalisme avec des réformes et des bisoux. Nous ne choisissons pas les modes d’action, c’est le pouvoir qui pose les jalons de nos confrontations, et nous n’avons d’autres choix que de gagner.

Que vive la révolte et la lutte sociale.

Quelques anarchistes de vers Grenoble – 26 décembre 2014

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Fourche et Champ libre, réseau de compagnonnage agricole

Fourche et Champ libre, réseau de compagnonnage agricole

Fourche et Champ Libre est un réseau de fermes qui  accueille toute personne désireuse d’apprendre l’agriculture, partager l’histoire de ces lieux et leurs pratiques politiques. Il s’appuie sur la rencontre entre des personnes souhaitant concrètement être accompagnées (ou souhaitant un complément de formation) dans l’apprentissage de pratiques agricoles et des individus/collectifs déjà installés en agriculture.

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TÉLÉCHARGER LE FLYER

Extrait des principes de compagnonnage :

Entre autres offensives, une des propositions pour enrayer le modèle dévastateur d’agriculture industrielle pourrait impliquer des échanges locaux et régionaux, basés sur des modes de productions agro-écologiques adaptés aux besoins alimentaires  décidés par les habitant∙e∙s d’un territoire. Dans une logique globale des luttes pour renverser l’actuelle tendance, il devient urgent de reprendre les champs et de s’y installer sur la base d’une terre travaillée, partagée et habitée.

Le modèle de formation agricole institutionnel n’est pas adapté pour satisfaire l’exigence de nombreuses installations. C’est un modèle qui vise surtout à formater de futurs « chefs d’entreprises agricoles », qui défend l’idée que le seul atout de l’agriculture réside dans l’insertion sur le marché, le productivisme et la rentabilité.

Nous pensons qu’il existe un grand déficit de partage de connaissances et de pratiques émancipatrices.  Favoriser les processus d’installation paysanne implique d’interroger et sûrement de re-valoriser  les modes de vie et les savoir-faire paysans,  notamment dans tout ce qu’ils comportent de conscience politique et de pratiques de luttes, de solidarités et de résistances collectives au système capitaliste.

Nous avons besoin que des fermes ou lieux existants aient envie de partager leur savoir-faire, les techniques de base de production, mais également partager leurs expériences et leurs imaginaires politiques.

Le réseau de compagnonnage veut participer à la réappropriation de ces savoirs et pratiques nécessaires à l’installation de nouveaux paysan∙n∙e∙s. Il se veut être un outil de réflexion, d’échanges et d’actions autour des questions d’accès à la terre, des pratiques agricoles, des modes d’organisation de la production, de  l’utilisation et  l’échange de semences libres, de la possibilité de se constituer en fermes collectives.

S’investir dans ce réseau, c’est donner une place aux initiatives d’installations hors normes en agriculture (ce qui comprend bien sûr les projets vivriers). C’est aussi soutenir la création d’un outil d’émancipation collective et de nouvelles fermes de résistances.

Fourche et Champ libre : c’est quoi ? Comment ça marche ?

• Ce réseau s’adresse à toute personne désirant se former à l’agriculture d’une manière alternative, qu’elle ait de l’expérience ou non.

• C’est un réseau de lieux expérimentant des modes de vie émancipateurs, basés sur l’agriculture paysanne.

• Apprendre au travers de ce réseau c’est avant tout une rencontre et un échange avec des personnes résistant de par leurs modes de vie et leurs pratiques de lutte au modèle agro-industriel et au système capitaliste.

• Si la rencontre est fructueuse, la forme et la durée du compagnonnage sont à définir entre les habitant∙e∙s d’un lieu et le∙la compagnon∙ne en fonction des attentes de chacun∙e.

• C’est un outil de réflexions et d’actions pour permettre et encourager l’installation paysanne (collectifs, associations de paysan∙ne∙s).

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[Toulouse] L’occupation du Mirail expulsée

Université Toulouse-2 : les forces de l’ordre évacuent les zadistes

Les forces de l’ordre ont évacué dans le calme mardi matin quelque 25 militants encore ensommeillés sur le site de l’Université Toulouse-2 qu’ils occupaient depuis plusieurs semaines.

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Un important déploiement de CRS et des policiers en civil étaient en train de pousser les jeunes à partir lors de discussions parfois un peu tendues, mais environ deux heures plus tard, photographes et cameramen avaient été invités à quitter les lieux, juste avant que les occupants ne se résolvent à partir avec leurs sacs. Les autorités appliquaient une décision de justice en référé obtenue par l’université auprès du tribunal administratif, après l’occupation de plusieurs salles de bâtiments et l’installation de baraquement de fortune dans les allées de l’UT2J .

Une fin d’occupation obtenue il y a deux semaines

« La fin de cette occupation avait été obtenue il y a déjà deux semaines », a rappelé à l’AFP le président de l’UT2J Jean-Michel Minovez. Mais il voulait initialement donner « un délai raisonnable », « quatre, cinq jours » aux occupants pour partir d’eux-mêmes, avait-il indiqué le 9 décembre. Finalement, a-t-il dit mardi, « j’ai demandé une intervention des forces de l’ordre pour que cela se fasse ». Les jeunes, essentiellement des gauchistes et anarchistes selon lui, ont quitté les lieux dans le calme accompagnés d’une meute de chiens qui vivaient avec eux. Ils n’ont voulu faire aucun commentaire. Ils ont laissé derrière eux tentes, baraques en bois, tables, linge accroché sur des cordes et des dizaines de tags sur les murs des bâtisses et dans les salles qu’ils avaient occupées et qu’il faudra remettre en état d’ici la reprise des cours le 5 janvier, a expliqué M. Minovez.

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150’000 € de dommages selon le président

Il y a eu aussi beaucoup de matériel cassé. En tout, a-t-il estimé au micro de France 3, il y a 150’000 € de dommages. Au départ, un mouvement d’étudiants s’était insurgé contre la dégradation des conditions d’études à l’université et avait reçu le soutien de leur direction. Mais très vite M. Minovez avait dénoncé l’intrusion « d’éléments extérieurs » sur le campus, parfois « agressifs » et affirmé que les étudiants se faisaient « manipuler par des gens de la mouvance anarchiste ».

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Agence Faut Payer via MidLibre.fr, 23 décembre 2014)

 

Université Toulouse II : voyage au cœur du « Miraillistan »

Un micro-blog dénonce avec humour le squat de jeunes anarchistes au sein de l’université Toulouse-II-Jean-Jaurès (anciennement Le Mirail). Ces derniers ont déjà causé 100.000 euros de dégâts.

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« Nik la police ! », « Un flic = une balle ! », « À l’abordage, camarade ! ». C’est un enseignant-chercheur géographe de l’université de Toulouse-2 Jean Jaurès (anciennement Le Mirail) qui, le premier a fait la publicité sur Twitter d’un tumblr (micro-blog), « voyage au Miraillistan » critiquant l’occupation longue de plus d’un mois des anarchistes « Zadistes » (pour zone à défendre).

Outre la désorganisation des cours dans certains départements, principalement en lettres, philosophie et géographie, des dégradations ont été commises sur les murs. Et du matériel a été volé ou cassé : des vidéoprojecteurs, des ordinateurs, du câblage, etc. Le président de l’université confiait en fin de semaine dernière au Figaro qu’il comptait déjà plus de 100’000 euros de dégâts…

Parsemé de photos des dizaines de tags laissés par les « Zadistes », ces jeunes anarchistes, le tumblr adopte un ton résolument sarcastique … et drôle au sujet des squatteurs : « Le Miraillistan est un petit État du Moyen-Occitan, oublié de tous. Il fait partie des PMA (les Pays les Moins Avancés). Les hivers y sont rudes (les habitants, rustiques, ne connaissent pas le chauffage), et les étés torrides. Actuellement, loin du regard des médias, une terrible guerre civile ravage ce pays pourtant déjà bien défavorisé. En exclusivité pour vous, Nit-Nit, notre envoyé spécial, est allé enquêter au Miraillistan. » Les Zadistes « veulent interdire l’accès à l’éducation, par le blocage du campus, pour enrôler de force les étudiants dans des AG (Assemblées de Gavage), sortes de prêches intégristes où l’on inculque aux fidèles la haine du système ».

La direction de l’université compte sur les vacances

L’auteur de ce blog anonyme dénonce aussi des « complicités au cœur du régime » et l’immobilisme de la direction de l’université. « L’ancrage territorial des J-Zadistes tient au fait que l’insurrection est soutenue en sous-main par une partie des tribus du Miraillistan, y compris des tribus soutenant le régime actuel. » Une « intervention armée des forces de l’ONU (Office de Nettoyage des Universités) semble difficile, car il n’existe pas de consensus au sein des tribus du Miraillistan pour en appeler au Conseil de Sécurité. »

De fait, le tribunal administratif, saisi en référé, il y a deux semaines par l’université a ordonné l’évacuation sans délai des occupants. Mais le président a pour le moment écarté une intervention des forces de l’ordre… En fin de semaine dernière, Jean-Michel Minovez, expliquait au Figaro qu’il comptait sur les vacances, suivies d’examens à la rentrée, en janvier, pour affaiblir le mouvement, « faute de spectateurs ». La moitié des Zadistes aurait ainsi déjà quitté l’université, expliquait-il, n’excluant pas néanmoins de faire appel aux forces de l’ordre si le mouvement persistait. Certains des jeunes anarchistes irréductibles rencontrés par Le Figaro affirmaient cependant qu’ils comptaient occuper l’université, y compris à Noël.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Marie-Estelle Pech, etudiant.LeFigaro.fr, 22 décembre 2014)

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[De Bello Punico] Serait-ce le devenir des comicos partout ?

Sidi Bouzid : des protestataires brûlent le siège de la délégation régionale d’agriculture

Un groupe de protestataires mécontentes des résultats du scrutin présidentiel ont procédé, mercredi à l’aube à l’incendie de quelques bureau régionaux appartenant à la délégation de l’agriculture à Sidi Bouzid.

Par ailleurs, 5 jeunes ayant participé à un grabuge à Regueb dans le même gouvernorat ont été arrêté selon notre correspondant dans la région.

Presse antiémeute (ShemsFM.net, 24 décembre 2014)

 

Kébili : libération des personnes arrêtées lors des émeutes à Douz et Souk Lahad

Une réunion s’est tenue, mercredi 24 décembre 2014, entre le gouverneur de Kébili, les autorités sécuritaires régionales et le comité du festival international du désert à Douz.

Suite à cette réunion il a été décidé de maintenir la 47e édition du festival qui débutera demain 25 décembre jusqu’au dimanche 28 du même mois. Selon notre correspondant dans la région d’important renforts sécuritaires des gouvernorats voisins ont été acheminés vers la délégation de Douz pour garantir les meilleures conditions pour cette nouvelle édition du festival du désert.

Dans le même contexte, les personnes arrêtées suite aux manifestations qui ont suivi les résultats préliminaires du second tour de l’élection présidentielle ont été relâchées. À rappeler que durant l’émeute les manifestants ont incendié les locaux de Nidaa Tounes, le siège de la Garde Nationale et le siège de délégation.

Presse antiémeute (ShemsFM.net, 24 décembre 2014)

 

Kébili : le poste de la Garde nationale, le siège de la délégation et le local de Nidaa Tounes incendiés

Les mouvements de protestation violents ont repris, mercredi 24 décembre 2014, au niveau de la délégation de Souk Lahad, relevant du gouvernorat de Kébili, et ce suite à la proclamation des résultats de l’élection présidentielle, donnant Béji Caïd Essebsi vainqueur.

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Un groupe de jeunes a organisé une manifestation qui a sillonné les artères de la ville, avant que la situation ne dégénère. Les manifestants se sont en effet, attaqués au poste de la Garde nationale, au siège de la délégation et au local de Nidaa Tounes, qui ont été incendiés et pillés, selon la TAP.

Des unités de l’Armée nationale sont intervenues dans la région, pour mettre fin à la situation de chaos et protéger les institutions publiques et privées. À noter que les forces de l’ordre, s’étaient retirées, en attendant l’arrivée de l’Armée. À rappeler également, que les troubles ont commencé durant la soirée de mardi [23 décembre], où des routes ont été bloquées et des pneus brûlés. La police avait été obligée de disperser les manifestants avec des tirs de lacrymogènes.

Il faut savoir que le président de la République sortant, avait tenu mardi soir, un meeting où il a remis en doute les résultats des élections. Il avait appelé au lancement du mouvement ou « mouvance » du peuple des citoyens, pour s’opposer dans toutes les régions au retour de l’ancien régime.

Presse antiémeute (Business News, 24 décembre 2014)

 

Bizerte : Un véhicule de police pris pour cible

Plusieurs personnes ont attaqué au cocktail Molotov un véhicule de police dans la délégation d’El Alia au gouvernorat de Bizerte, a indiqué une source sécuritaire à l’agence TAP .

À l’aube de ce mercredi, un groupe de sept individus a pris pour cible le véhicule de police lors d’une ronde policière avant de prendre la fuite. Aucune victime n’est à déplorer mais les dégâts matériels sont importants.

Une enquête a été ouverte.

Presse antiémeute (Tunisie Numérique, 24 décembre 2014)

 

Une vague de violence envahit El Hamma, Jomna et Le Kram après l’annonce des résultats de la présidentielle

De nombreuses émeutes ont éclaté dans nombre de régions et de villes après l’annonce des résultats des élections annonçant la victoire de Béji Caïd Essebsi.

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Le Kram

Le bilan des dégâts à la ville d’El Hamma à Gabès est le plus lourd de tout le pays. Seize agents de sécurité ont été blessés, les postes de Police et de la Garde nationale ainsi que le district de sûreté ont été incendiés, déclare le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Mohamed Ali Aroui, lundi 23 décembre dans la soirée sur les ondes de Mosaïque Fm.

« Que des citoyens soient mécontents ou critiques à l’égard des résultats des élections parce que leur candidat a perdu c’est tout à fait compréhensible, mais que ces protestations dégénèrent en violence cela devient inadmissible » a-t-il dit en substance.

À la localité de Jomna relevant de la délégation de Kébili Sud, un groupe de jeunes a barré dans la journée du lundi 22 décembre 2014 la route reliant les deux délégations de Kébili et Douz avec des pneus brûlés, selon une dépêche de la TAP.

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Ibidem

Le quartier populaire de 5 décembre au Kram, connu pour être le fief des LPR, était dans la nuit du lundi au mardi 23 décembre 2014 le siège de violents affrontements entre la police et des dizaines de « protestataires ». Des gaz lacrymogènes avaient été tirés pour disperser les foules, a-t-on appris.

Presse antiémeute (Business News, 23 décembre 2014)

 

El-Hamma : Reprise des attaques des pro-Marzouki contre les forces de l’ordre

Les affrontements ont repris, ce lundi, à El-Hamma, gouvernorat de Gabès (sud-est) : les familles de jeunes arrêtés, dimanche soir, exigent leur libération.

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Des habitants d’El-Hamma ont protesté ce lundi 22 décembre 2014 pour demander la libération des 14 jeunes arrêtés, hier soir, pour avoir brûlé des pneus, attaqué les postes de police et menacé d’occuper les bureaux de l’Isie où se déroulaient les opérations de dépouillement des votes.

Ces jeunes protestaient contre la proclamation des résultats des sondages relatifs au 2e tour de la présidentielle, qui donnaient Moncef Marzouki perdant.

La police a eu recours au gaz lacrymogène, mais les manifestants ont répondu par des jets de pierres et les heurts se sont poursuivis.

Deux postes de police ont été brûlés. Ce qui a contraint les agents de l’ordre à se retirer de la ville. La veille, l’un de leur collègue avait été blessé et a été transporté à l’hôpital.

Presse antiémeute (Kapitalis, 22 décembre 2014)

 

Médenine : la police utilise le gaz lacrymogène pour disperser des protestataires

Des jeunes de Ben Guerdane ont organisé une marche protestataire suite à ‘le recours à la force contre les habitants d’El Hamma à Gabès’.

Selon notre correspondant dans la région, des altercations ont eu lieu entre les protestataires et les forces de sécurité à la place Le Maghreb ce qui a contrait les forces de l’ordre à recourir au gaz lacrymogène pour les disperser.

Presse antiémeute (ShemsFM.net, 22 décembre 2014)

 

El Hamma : Les postes de police et de la Garde nationale incendiés

Des violences ont éclaté, ce lundi 22 décembre, dans la délégation d’El Hamma, du gouvernorat de Gabès, et ce, après une nuit de tensions qui a prévalu, hier, dimanche 21 décembre.

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Le ministère de l’Intérieur condamne l’assaut

Le ministère de l’Intérieur condamne, dans un communiqué publié, ce lundi 22 décembre, sur sa page Facebook, « les attaques gratuites contre les postes de police et de la Garde nationale à El Hamma et le fait qu’ils aient été les cibles d’incendies prémédités. »

L’Intérieur dénonce également les tentatives « d’assaut du District de Sûreté alors que le ministère n’a aucun rapport avec les résultats des élections ».

Le ministère prévient les habitants d’El Hamma que « les unités de sécurité agiront face à toute perturbation nuisant à l’ordre public, selon la loi ».

La radio locale Oasis FM, rapportait, ce matin du lundi 22 décembre que « des affrontements ont éclaté entre des habitants d’El Hamma et les forces de l’ordre et que les postes de police et de la Garde nationale ont été incendiés ».

Violents affrontements depuis dimanche soir

Selon Oasis FM, les forces de sécurité se sont déployés vers le District de Sûreté afin de le protéger, et l’Armée nationale s’est déployée, de son côté, afin de protéger les commerces.

Dimanche 21 décembre, des habitants d’El Hamma avaient violemment manifesté leur désaccord après la publication des résultats d’instituts de sondages donnant Beji Caid Essebsi comme vainqueur de l’élection présidentielle.

D’après Haythem Wardeni, un jeune d’El Hamma, les forces de l’ordre et la garde nationale ont jeté des bombes de gaz lacrymogène et ont tiré avec de la chevrotine sur les manifestants.

« Vers deux heures du matin, (ce lundi 22 décembre), la police a arrêté plusieurs manifestants dans leurs maisons. Ils auraient été transférés à Gabès. C’est pour cela que les affrontements se sont intensifiés. Le poste de police a été attaqué vers midi. Mais en ce qui concerne les élections, beaucoup ne reconnaissent pas ces résultats avec Béji vainqueur des présidentielles. »

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Des observateurs de l’association ATIDE menacés

Dimanche soir, vers 20h30, « le coordinateur d’ATIDE à Gabès a appelé les forces de l’ordre à intervenir d’urgence pour assurer la protection des 43 observateurs gravement menacés par des membres des Ligues de Protection de la Révolution », selon ATIDE.

D’après M. Naceur Rdissi de ATIDE « il y a eu des agressions ce dimanche matin, 21 décembre, notamment à Bouatouch à El Hamma et les forces de l’ordre sont intervenu et il y a eu des arrestations ».

Presse antiémeute (Chaabane Maher, Webdo, 22 décembre 2014)

 

(…) Tard dans la soirée [du 22 décembre], des manifestants pro-Marzouki ont également saccagé et incendié le bureau de Nidaa Tounes à Mareth, gouvernorat de Gabès (sud-est). (…)

Presse antiémeute (Kapitalis, 23 décembre 2014)

 

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Douz : 4 agents de police blessés après les heurts qui ont suivi l’annonce des résultats préliminaires de la présidentielle

Quatre agents des forces de l’ordre ont été blessés, lundi 22 décembre 2014, suite aux heurts entre les habitants de la délégation de Douz, gouvernorat de Kébili, et les forces de police après l’annonce des résultats préliminaires du second tour de l’élection présidentielle.

Selon une source sécuritaire les agents blessés ont été transportés d’urgence à l’hôpital pour y être soignés. De son côté le correspondant de ShemsFM a annoncé que les protestations sont toujours en cours.

Presse antiémeute (ShemsFM.net, 22 décembre 2014)

 

Le local de Nidaa Tounes à Tataouine incendié

Des manifestants ont incendié, lundi 22 décembre 2014, le local du parti Nidaa Tounes à Tataouine nord, et en protestation contre la proclamation des résultats du second tour de l’élection présidentielle, affirme la TAP.

Les protestataires se sont également attaqués au poste de police et de douane dans la région, mettant le feu à des pneus avec lesquels ils ont bloqué l’artère principale de la ville. Une situation d’extrême tension a lieu en ce moment, selon la TAP.

Presse antiémeute (Business News, 22 décembre 2014)

 

Marzouki en visite éclair à Kasserine et annule son déplacement à Thala

Le candidat au second tour des élections présidentielles, Moncef Marzouki, se rend ce mercredi après-midi en visite éclair dans le gouvernorat de Kasserine pour « saluer les citoyens de la capitale des martyrs » à l’occasion de la commémoration des événements précurseurs de la Révolution de la liberté et de la dignité.

Selon la Coordination de sa campagne électorale dans la région, citée par Attounsia, Marzouki aura des « rencontres spontanées avec les citoyens dans les cafés et les rues sans préparation préalable et ne tiendra aucun meeting populaire.

D’autre part, Attounsia a appris que Marzouki a annulé l’étape de Thala pour des raisons de sécurité, suite à des informations selon lesquelles « un groupe de délinquants projette de perturber la visite qu’il compter effectuer dans cette délégation ».

Presse antiémeute (African Manager, 17 décembre 2014)

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[Vivre avec Center Parcs] Mutadis travaille

Un des fondateurs du mouvement Écologie humaine aide Center Parcs à bétonner

Pierre et Vacances a commandé une étude au cabinet de conseil Mutadis pour son projet de Center Parcs dans le Jura à Poligny. Ce cabinet est dirigé par Gilles Hériard Dubreuil, un des fondateurs du « courant Écologie humaine », et sert à faire accepter des risques ou des projets d’infrastructure aux populations.

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Photo ZAD Roybon

Qui a dit que Center Parcs n’était pas développement durable ? Le groupe choisit « les sites les moins sensibles en matière de biodiversité », utilise les énergies renouvelables, prône l’utilisation de matériaux éco-responsables et va même jusqu’à promouvoir les produits bio et locaux dans ses restaurants, affirme son site internet. Et pour son projet à Poligny, dans le Jura, il va même jusqu’à consulter les acteurs locaux !

C’est l’objet d’une étude commandée au cabinet de conseil Mutadis pour étudier « les conditions et les moyens d’une contribution effective du projet de centre de loisirs Center Parc de Poligny au développement durable de son territoire d’implantation », indique le document descriptif de l’enquête. Celle-ci consiste à interroger les acteurs locaux sur le projet, sachant que « la diffusion des conclusions du processus reste sous le contrôle du commanditaire ».

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TÉLÉCHARGER LA PRÉSENTATION DE L’ÉTUDE

En clair, « ils veulent rendre leur projet acceptable par les écolos », dénonce Éric Durand, conseiller régional Europe Écologie Les Verts en Franche-Comté. « On a très rapidement compris qu’ils veulent nous enfumer », ajoute Véronique Guislain, de l’association d’opposition au projet de Center Parc à Poligny.

Le cabinet Mutadis explique quant à lui qu’il intervient sur « les problématiques de développement durable et de gouvernance des activités porteuses d’enjeux complexes pour la société. » Son créateur est Gilles Hériard Dubreuil, un des co-fondateurs de « l’écologie humaine », ce mouvement dont Reporterre vous parlait il y a quelques jours. L’un de ses deux autres « co-initiateurs » n’est autre que Tugdual Derville, ex-porte-parole de la Manif Pour Tous (le mouvement d’opposition au mariage homosexuel). Interrogé sur Notre-Dame-des-Landes, cet apprenti penseur de l’écologie n’a pas su se positionner.

Désamorcer les contestations aux projets

Gilles Hériard Dubreuil, quant à lui, s’est fait un nom avec ses travaux autour de l’accident de Tchernobyl : il a coordonné le programme Ethos, étudiant dans quelles conditions les populations alentours pourraient continuer à vivre dans des zones irradiées. Une activité dénoncée par le réseau Sortir du nucléaire, pour qui ce programme était une façon d’instiller l’idée que « les conséquences de Tchernobyl n’étaient pas aussi graves que l’on avait pu le dire. »

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Gilles Hériard Dubreuil

Pour l’association, la spécialité du cabinet Mutadis serait en fait de « développer des stratégies pour désamorcer les risques de manifestations et de refus des populations face à des projets d’activités « à risque ». »

Il semble que les villages touristiques du groupe Pierre et Vacances appartiennent à cette catégorie de projets. Dans la description de sa démarche (il s’agit du même document que celui publié au début de cet article), Mutadis explique qu’il s’agit essentiellement d’effectuer des entretiens avec les acteurs locaux autour du projet de Center Parcs : agriculteurs, élus, associations, professionnels du tourisme, de la construction ou de l’énergie, etc. Le tout est ensuite compilé dans un document de synthèse, remis au commanditaire de l’étude, accompagné de propositions d’actions.

L’association le Pic Noir a carrément refusé de répondre. « Ils sont venus il y a deux mois », se rappelle Véronique Guislain, une des membres de l’association. « Ils nous ont proposé de participer à un audit dont l’objectif serait d’améliorer la pratique de Pierre et Vacances en matière de développement durable. Mais on n’avait pas envie de donner des arguments à Pierre et Vacances ! »

Elle préfère rappeler les raisons de son opposition au projet : peu d’informations sont disponibles, il aura une emprise de 150 hectares sur la forêt de Poligny, les emplois créés seront principalement des postes de femme de ménage à temps partiel, le financement est en grande partie public alors qu’il s’agit d’un projet privé, etc.

Arnaque et consultation de façade

Éric Durand, lui, a accepté de répondre à Mutadis. L’élu écolo s’est dit que ce serait l’occasion de leur donner « un avis différent sur le projet ». La première question a porté sur les conditions pour que le projet de Center Parc soit développement durable. « J’ai répondu que le projet ne respectait aucun des trois piliers : ni social, ni environnemental, ni même économique car Pierre et Vacances propose un modèle de tourisme qui ne correspond pas du tout au climat plutôt froid du Jura, on risque donc d’ici quelques années de se retrouver avec un village vacances vide sur les bras », raconte le conseiller régional de Franche Comté.

Il flaire l’arnaque, car l’audit vise à faire accepter le projet, mais n’envisage pas de le remettre en cause. On « on a beau faire toute la concertation possible, quand un projet est mauvais, il le reste », estime l’élu.

Joint par Reporterre, Gilles Hériard Dubreuil refuse d’expliquer le but de cette consultation.

« Après la mort de Rémi Fraisse au Testet et l’opposition au Center Parc en Isère, ils flippent », analyse Éric Durand. « Ils veulent connaître l’état d’esprit des gens, savoir jusqu’où ils sont prêts à s’opposer, ou au moins comment les collectivités locales vont réagir. » Mais pour en savoir plus il attend la restitution de la consultation de Mutadis, attendue pour la fin décembre ou début janvier.

Dans le même temps, Pierre et Vacances insiste dans ses velléités de consultation de la population locale : le groupe a lui même saisi la Commission nationale du débat public. « C’est encore une stratégie pour faire accepter le projet », dénonce l’association du Pic Noir.

Marie Astier, Reporterre, 23 décembre 2014

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La police assassine

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poteaboris, 19 décembre 2014

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[Urgence notre police assassine] Vérité et justice pour Bilal

Meurtre devant le commissariat à Joué-lès-Tours
Comment justifier le meurtre sous la protection de l’État ?

La mort de ce jeune de 20 ans Bertrand dit Bilal reconverti à l’islam, à Joué-lès-Tours samedi 20 décembre après-midi, tué par des policiers devant le commissariat.

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À l’annonce de cette mort par les médias selon la version des policiers mis en cause, quelques choses sonnent faux dès le départ et rappellent la stratégie d’un scénario bien préparé comme dans l’affaire de Rémy Fraisse, de grands moyens sont déployés de suite, prise de position du ministre de l’Intérieur qui confirme la version des policiers alors même qu’aucune enquête n’est faite.

Est-ce que ça vous rappelle pas un mensonge d’État?

Pression sur la famille et l’entourage de Bilal, notamment la perquisition de l’appartement de la sœur du défunt, les policiers de la brigade antiterroriste seraient parti avec plusieurs sacs.

Des témoins sur place affirment que Bilal ne s’est jamais présenté de son propre chef devant la porte du commissariat, mais bien des policiers qui l’ont traîné de force devant le commissariat, à aucun moment Bilal n’a crié « Allah o Akbar » mais plutôt des cris de douleur.

Des témoins, des proches terrorisés par l’ampleur qu’a pu prendre cette affaire et ne comprend toujours pas pourquoi ? on a envie de faire passer Bilal pour un terroriste, alors qu’il ne l’était pas.

Du déjà vu, criminaliser la victime au plus haut niveau, de façon à justifier le meurtre commis par des policiers sous la protection de l’État.

Devant toutes ces contradictions, la famille doit se constituer partie civile auprès d’un juge et demander à ce qu’une information judiciaire soit ouverte, et d’entendre tous les témoins et exploiter les images des différentes caméras de la ville et commissariat.

Collectif urgence notre police assassine
Amal Bentounsi
Joué-lès-Tours, 21 décembre 2014

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La boîte de Pandore et le fourre-tout de l’antiterrorisme espagnol

Apparemment, au moins sept personnes ont été placées en détention provisoire, alors que les accusations portées sur elles restent « secrètes ».

Parmi les « indices » à charge contre les accusé-e-s, l’usage accablant « de comptes email bénéficiant de mesures de sécurité extrêmes, via le serveur Riseup« … De quoi prouver que ces gens-là sont des terroristes !

Pour celles et ceux qui lisent le catalan :
https://directa.cat/jutge-gomez-bermudez-envia-preso-set-de-persones-detingudes-loperacio-pandora
https://bancexpropiatgracia.wordpress.com/2014/12/19/terroristes-de-la-solidaritat/

Des tags solidaires:
https://twitter.com/AsLLibVallcarca/media

Mailing (Squat!net), 19 décembre 2014

 

La boîte de Pandore et le fourre-tout de l’antiterrorisme espagnol

La matinée du mardi 16 décembre nous a surpris par une vague de perquisitions et d’arrestations. Elle nous a surpris ? Nous ne mentirons pas. Reprenons depuis le début. Le matin du 16 décembre ne NOUS A PAS surpris. La police autonome catalane, les Mossos d’Esquadra, la Guardia Civil et les agents judiciaires de l’Audienca Nacional [L’Audiencia Nacional est un tribunal suprême spécial chargé, entre autres de toutes les enquêtes antiterroristes en Espagne. – Note de Contra Info] sont partis à l’assaut de plus de 10 domiciles et de quelques locaux anarchistes à Barcelone, Sabadell, Manresa et Madrid, avec leur lot de perquisitions, d’arrestations, de confiscation de matériel de propagande et informatique, en plus de profiter de l’occasion pour tout retourner et piller quelques choses aussi, en utilisant tout le corps anti-émeute de la Brigade Mobile des Mossos d’Esquadra, dans la vieille Kasa de la Muntanya, un espace occupé qui vient de fêter ses 25 ans.

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Manifestation de solidarité à Madrid le 16 décembre : “Ni innocents, ni coupables / Solidarité avec les anarchistes arrêté-e-s à Barcelone et à Madrid / Ni murs, ni grilles”

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Le même jour à Barcelone : “Liberté pour les prisonnier-e-s anarchistes / S’il en touche un-e, ils nous touchent tou-te-s”

Selon la presse, qui a comme toujours démontré son rôle de porte-voix policier, l’objectif de ces arrestations est de désarticuler « une organisation criminelle à finalité terroriste et de caractère anarchiste violent ». Bien qu’il soit facile de répéter une fois de plus une phrase tout faite, nous allons le faire : la seule organisation criminelle qui cherche à terroriser les gens de par son caractère violent est l’État et ses tentacules : la presse, l’appareil juridique, ses corps répressifs et ses politiciens, d’où qu’ils proviennent.

Pourquoi cette répression ne nous surprend-t-elle pas ? Parce que nous l’attendions.

Il se s’agit pas de jouer à être des oracles, rien de tout cela, seulement de savoir lire entre les lignes et, parfois de façon littérale, les événements. Comme cela s’est déjà déroulé avec la détention d’autres compagnon-ne-s l’année passée, il y a longtemps que s’orchestrent des vagues comme celle de mardi contre les milieux libertaires et anti-autoritaires. Et si les différentes rafles n’ont jamais été aussi grandes, elles mettaient en évidence un horizon semé de situations de ce genre.

Opération « à l’italienne ».

Depuis deux décennies, le milieu anarchiste de la région voisine qu’est l’Italie vit tous les quelques temps, et de façon toujours plus régulière ces dernières années, des macro-opérations similaires à celle de mardi. Pas seulement du fait de leur aspect de rafles simultanées et de perquisitions dans différentes maisons, mais aussi à cause de l’utilisation de noms faciles à retenir et un certain humour noir, comme dans le cas de la présente opération, surnommée Pandora car dans ce cas, selon ce que la presse a répété de ses sources judiciaires, « c’était une boîte qui, du fait des nombreuses frayeurs que nous avions, il était impossible d’ouvrir ». Par « nombreuses frayeurs », ils se réfèrent à différentes actions ayant eu lieu ces dernières années sur tout le territoire de l’État espagnol. Pour revenir aux opérations italiennes, il suffit de rappeler les noms de quelques-unes de celles de ces dernières années, comme l’Opération Thor, dont le nom renvoyait à l’accusation d’une série d’attaques au marteau contre des distributeurs automatiques et autres bureaux ; l’Opération Ixodidae, qui se réfère au nom technique de la famille des tiques, la façon qu’avaient les fascistes de nommer les communistes et les anarchistes ; ou d’autres comme Ardire, Cervantes, Nottetempo, etc.

En plus de la procédure et de la nomenclature, un facteur qui nous rappelle lui aussi beaucoup le pays voisin est le rôle de la presse, laquelle nous a aussi aidé-e-s à voir ce qui était sur le point d’arriver. Depuis environ 3 ans, voire un peu plus, la presse espagnole a commencé une campagne pour préparer le terrain de manière à ce que des opérations comme celles-ci ne soient pas seulement possibles, mais aussi prévisibles. En pointant du doigt des milieux, et même parfois des espaces précis ou des personnes avec leurs noms et prénoms, des collectifs, etc, elle travaille à construire une image caricaturale et un rien bizarre d’un ennemi intérieur qui, bien que cela soit habituel depuis des décennies, a pris ces dernières années les caractéristiques très spécifiques de « l’anarchiste violent », de « l’insurrectionnaliste », de « l’anti-système qui s’infiltre dans les mouvements sociaux », etc.

Le fiasco chilien

L’année 2010 a été une année glorieuse pour l’État chilien. Sebastián Piñera, de droite, entrepreneur et quatrième fortune du pays, en plus d’être élu président, s’est orchestré une opération policiaire, médiatique et judiciaire contre le milieu anti-autoritaire avec plus d’une dizaine de perquisitions et d’arrestations, connue en tant qu’Opération Salamandre, plus connue comme « Caso bombas » puisqu’elle prenait comme point de départ l’enquête sur une série d’attentats à l’explosif survenus les années précédentes, et la création à travers l’imaginaire policier d’une macro-structure hiérarchique d’un supposé réseau chargé de toutes ces détonations : un cirque qui non seulement a affaibli l’image de l’État, en plus de le tourner en ridicule, mais qui a surtout mis en évidence la grossièreté des procédures d’investigation, qui incluent falsification de preuves, chantage et pression pour obtenir des informations ou des « repentis », hasard, etc. La procès a abouti a la relaxe de toutes les personnes mises en cause, et à une soif de vengeance de la part de l’État chilien contre le milieu et les personnes mêlées à l’enquête.

Un an après la finalisation de cette farce qu’était le « Caso bombas », et à travers une autre opération, de ce côté de l’océan cette fois, les ministères, les juges et les policiers espagnols et chiliens ont travaillé de concert sur un nouveau cas. Mónica Caballero et Francisco Solar, tous deux auparavant poursuivi-e-s dans le « Caso bombas », sont arrêté-e-s à Barcelone, où ils vivaient alors, avec trois autres personnes qui ont plus tard été écartées de l’affaire, sous l’accusation d’avoir posé un engin explosif dans la Basilique du Pilar à Saragosse, la conspiration en vue de réaliser un acte similaire et l’appartenance à une supposée organisation terroriste. Ces compagnon-ne-s sont actuellement en prison préventive, en attente d’un procès dont on ignore la date, et nous ne savons pas non plus en quoi leur procès sera altéré par cette nouvelle vague répressive.

La situation est plus ou moins connue de tous et toutes, et si nous sommes bien sûr-e-s d’une chose, c’est que les récentes arrestations servent à donner corps à une affaire qui ne tient pas debout toute seule.

Un hasard ?

Quelques heures avant les arrestations de mardi, le gouvernement espagnol faisait écho dans ses médias du fait que « les ministères de l’Intérieur d’Espagne et du Chili ouvrent une nouvelle phase de collaboration renforcée dans la lutte contre le terrorisme anarchiste ». Le lundi 15 décembre dernier, le ministre de l’Intérieur espagnol, Jorge Fernández Díaz, a rencontré au Chili le vice-président et ministre de l’Intérieur chilien Rodrigo Peñailillo, dans le Palais de La Moneda, siège du gouvernement à Santiago du Chili. « Dans la lutte contre le terrorisme, le Chili trouvera en l’Espagne une solide alliée », se gargarisait l’Espagnol, tandis qu’il recevait la Grande Croix de l’Ordre du Mérite chilien, « la plus grande décoration de mérite civil du pays », selon la presse, un trophée que l’État chilien octroie en ce cas pour le labeur policier et comme prix pour l’arrestation des compagnon-ne-s Mónica et Francisco l’an passé.

En plus de ces prix et de ces éloges, Fernández le commerçant a vendu un peu de sa marchandise : perfectionnement policier, judiciaire, matériel répressif varié, etc.

Et ce qui reste à venir…

Quel sera le prochain épisode répressif ? Nous l’ignorons. Jusqu’à présent, on ne sait presque rien de comment vont nos compagnons et compagnonnes, de quoi on les accuse exactement, à quelles mesures répressives ils et elles seront soumis-es, si la prison préventive les attend, etc.

Ce qui est sûr, c’est que cette opération n’est pas un fait isolé, mais plutôt qu’elle est un maillon de plus d’une chaîne. Une chaîne répressive parfois brutale et parfois subtile, dans laquelle peuvent rentrer les nouvelles lois (il n’y a qu’à penser à la récente Ley Mordaza [La Loi Mordaza est la nouvelle loi sur la sécurité publique en Espagne, qui limite les ‘droits fondamentaux’, établit des quotas d’immigration, criminalise les occupations d’immeubles et dans la rue, etc. De nombreux rassemblements sont prévus ces jours-ci contre la mise en place de cette loi. – Note de Contra Info]), l’assaut mené contre les sans-papiers par des rafles racistes toujours plus énormes, la brutalité policière, ou encore l’aspiration à gérer la misère et à administrer la répression (qui est ce que fait l’État, après tout) par une partie de la pseudo-gauche (avec Podemos [Podemos (Nous pouvons) est une organisation de gauche issue de la rencontre des politiquards des cendres du mouvement du 15M et de la gauche trotskyste, qui se présente aux élections et prétend représenter l’alternative aux politiques libérales. – Note de Contra Info] en tête) qui se réduit de façon toujours plus évidente à une parodie d’elle-même. Expulsions locatives, matraques, fascistes, durcissements légaux et punitifs en tout genre, jeux de miroirs nationalistes et sociaux-démocrates sont ce que nous dépeint le présent. Il n’y a rien de pire à attendre : le pire n’est jamais parti.

L’éventail des possibilités de l’antiterrorisme espagnol est un fourre-tout. Il est là, bien en vue, pour nous rappeler que pour l’État, lutter signifie terrorisme. Il fonctionne comme un épouvantail. Allons-nous nous laisser effrayer ?

L’État et ses agents disent avoir ouvert la boîte de Pandore. Dans la mythologie grecque, Pandore est l’équivalent de la Ève biblique. Avec la misogynie caractéristique des deux mythologies, Pandore ouvre sa boîte comme Ève mange sa pomme, et libère tous les maux qui s’y trouvaient.

Nous sommes capables de créer notre propre narration et de nous foutre leur mythologie merdique là où ça nous chante. Notre histoire est différente. La « boîte » que cette opération répressive a ouverte nous exhorte à agir, à ne pas baisser la garde, à rester attentif-ves à leurs prochains mouvements. Elle nous fait penser et repenser quel est le monde que nous voulons et quelle est la distance entre ce monde et le leur. Elle nous porte à voir l’urgence d’agir, d’aller de l’avant.

Les compagnonnes et compagnons arrêté-e-s font partie de différents projets, espaces, collectifs, etc., et il est très important que ceux-ci ne retombent pas, que la ruine (dans tous les sens du terme) à laquelle ces situations mènent généralement ne génère pas d’impuissance et de sentiment de paralysie.

Nous disons toujours que « la meilleure solidarité, c’est de continuer la lutte ». D’accord, mais, qu’est-ce que ça veut dire dans la pratique ? On rebat aussi que « s’il touche à une personne, ils nous touchent tou-te-s ». Cela s’est laissé démontrer par les réponses et les manifestations qui ont eu lieu dans différents endroits, ainsi que par la chaleur inconditionnelle des compagnon-ne-s resté-e-s dehors.

Nous pouvons être sûr-e-s d’une chose, et c’est que les compagnonnes et compagnons détenu-e-s peuvent sentir cette chaleur qui passe outre les barreaux et l’isolement, parce que c’est cette même chaleur qu’ils et elles ont su donner lors d’autres occasions.

Barcelone, 18 décembre 2014Contra Info

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Communiqué des mutins et lutines de la ZAD de Roybon

Aujourd’hui, nous nous organisons en vue d’une expulsion car nous savons que les forces bleues vont essayer de débarquer pour nous déloger.

Les copain-e-s et ami-e-s de partout et d’ailleurs sont prêt-e-s à venir nous soutenir car nous ne croyons pas à la magie des fêtes mais à la solidarité des êtres.

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Aujourd’hui, ce lundi 22 décembre nous avons eu la visite de l’hélikeuftère et d’un drône qui ont tous deux survolé la zone minutieusement.

Nous avons aussi eu la visite des gendarmes et de l’huissier nous demandant si nous comptions être encore là demain. Nous restons déterminé-e-s et conscient-e-s face à cette intimidation.

Pendant ce temps nous recevons beaucoup de soutien de l’extérieur et les constructions avancent rapidement, nous appelons à continuer ces actions d’occupations dans la forêt.

Venez nous aider à échanger dès que possible savoirs et compétences, nous devons multiplier les cabanes, nous vous attendons à la Maquizad afin de rejoindre les lutins et mutines…

Nous nous tenons tous et toutes prêt-e-s !

Ils veulent nous enterrer mais ils ont oublié que nous sommes des graines !

ZAD Roybon,

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[Le concert des bombes lacrymogènes contre les cailloux est à la fois beau à écouter mais difficile à supporter] Ali dégage !

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Petit film de la folle journée de violence à Rio

Libreville, Gabon – La journée du 20 décembre 2014 est tristement rentrée dans l’histoire politique du Gabon à cause des violences à la suite d’une tentative des militants de l’opposition de participer à un meeting interdit par le pouvoir. Gabonactu.com retrace un petit film de cette folle journée pour laquelle, le pouvoir et l’opposition se déchirent sur le bilan.

Au réveil, les habitants des envions du carrefour Rio dans le 3ème arrondissement où devait se tenir le meeting, découvrent un carrefour assiégé. Des policiers et des gendarmes quasiment sur toutes les entrées et sorties. Trois gros camions de transport de troupes sont stationnés au milieu du carrefour. Il y a aussi un camion blindé anti-émeute.

La circulation automobile est encore possible. Vers 11 heures cependant, l’ordre est donné de couper la circulation automobile. Le trafic est détourné vers l’aéroport, Owendo ou le centre ville ou encore Akébé ville et Nkembo. Pour rentrer à Rio, la distance minimale à marcher est d’au moins 500 m. Suffisant pour voir venir des grappes de personnes.

Toute la matinée, policiers, gendarmes et militants de l’opposition jouent au jeu du chat et de la souris. Les jeunes probablement jouant aux éclaireurs vont et reviennent. Les autres ne quittent presque pas le carrefour. Un peu ruinés par le soleil, la fatigue et l’oisiveté, les forces de l’ordre ont quasiment leur armure baissée. Certains déambulent. D’autres se partage le sourire. Il y a beaucoup d’hommes. Peu de femmes.

Vers 13 heures, la place se remplie peu à peu. La nervosité commence. Même les journalistes ne sont plus sentis comme des partenaires mais un peu comme des obstacles. Mais raison gardée, les journalistes ne sont pas priés de vider les lieux.

14 heures. Un petit groupe d’une cinquantaine de jeunes vêtus d’un T-shirt blanc sur lequel ils ont écrit « Ali Dégage » au feutre rouge, un balai brindille à la main et une banderole à bout de bras entonnent l’hymne nationale. Ils ont aussi l’emblème national. Ils répètent ce scénario à plusieurs reprises. Nous sommes à la sortie qui mène vers Venez voir. Le groupe de policiers qui sécurisait ce couloir reçoit le renfort d’un autre groupe. Ils sont désormais une soixantaine. Voir plus.

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Le face à face avec la police est tendu.

Plus loin, un autre groupe jette des bouteilles et des cailloux sur des gendarmes. Ces derniers ripostent par des gaz lacrymogènes.

Les hostilités ont démarré. Le concert des bombes lacrymogènes contre les cailloux est à la fois beau à écouter mais difficile à supporter.

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Deux hélicoptères de l’armée survolent la zone. Ils fournisseurs certainement des renseignements aux troupes au sol. Les forces de l’ordre sont harcelées un peu partout. Ils balancent les lacrymogènes dans toutes les directions. Les habitants de la zone n’ont certainement pas rigolé. Ils ont l’électricité coupée depuis les premières heures de la matinée. La vie est infernale.

Dans ce cafouillage, les leaders de l’opposition tentent de pénétrer à pied le carrefour Rio en venant de Venez voir. Mais la police charge.

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C’est de ce côté que les leaders du front ont tenté de pénétrer à Rio.

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L’avenue menant vers la gare routière.

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Direction PK 5 où il y a eu lieu plusieurs foyers de tension.

Jean Ping équipé d’un masque et d’un gilet pare-balle résiste mais sa garde l’exfiltre. Les autres venus gaillardement un balai brindille à la main étaient déjà partis en vitesse.

Les interpellations ont commencé. Plusieurs foyers de tension sont signalés à plusieurs endroits de la ville. Finalement une pluie aide la police à rétablir l’ordre.

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+100 personnes interpellées. 90 Gabonais. 10 étrangers selon le ministre de l’Intérieur.

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« « Nous avons donc constaté l’incendie de plusieurs véhicules, des casses de Cécado et Gaboprix [supermarchés] à Akébé ville, des actes de vandalisme de certaines stations mobiles et la boucle, c’est ce jeune compatriote qui est décédé », a déclaré à la fin de la journée Sidonie Flore Ouwé, procureure de la République. » Publié par le savoir-faire français (RFI.fr, 21 décembre 2014)

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En ville, les fonctionnaires font la queue devant les guichets automatiques de banque, un communiqué paru dans la presse vendredi invitait les fonctionnaires à passer à la caisse dès samedi. Au palais présidentiel, Ali Bongo et son épouse organisent un arbre de noël au milieu de centaines d’enfants.

La nuit commence à tombée. Rio est libéré. La circulation est rétablie et c’est l’heure du bilan. Une dépouille est présentée au Gros bouquet. Il s’agit de l’étudiant Mboulou Beka, 30 ans. Son corps est ensanglanté. C’est l’unique mort reconnu officiellement. L’opposition dans un communiqué regrette trois décès.

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Le médecin légiste examinant la dépouille dans les locaux du Gros bouquet.

Plusieurs jeunes sont au Gros bouquet dans un coin. Ils sont en état d’arrestation. Les autres sont déjà devant des officiers de police judiciaire. Ils sont entendus sur procès verbal.

Le représentant de l’ONU pour l’Afrique centrale, Aboudoulaye Bathily dont les bureaux sont à Libreville publie un communiqué pour appeler au dialogue. C’est la fin de la journée folle du 20 décembre 2014.

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Les personnes interpellées samedi, en marge de la manifestation de l’opposition.

Presse antiémeute (GabonActu.com, 22 décembre 2014)

 

Gabon : Nouvelles manifestations estudiantines à Libreville après l’arrestation d’un étudiant

Les étudiants de l’Université Omar Bongo de Libreville (UOB) sont une nouvelle fois montés au créneau ce mercredi matin. Après l’arrestation du président de leur mutuelle, Nicolas Ondo, ils sont descendus dans les rues pour manifester à hue et à dire leur colère mais ont été rejoint par des casseurs déterminés à semer le chaos dans la capitale comme constaté sur place par koaci.com.

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Un mini-car incendié par des casseurs.

Des émeutes ont aussitôt éclaté devant l’université où les manifestants ont brûlé un minibus en stationnement, à la suite des heurts avec les forces de l’ordre. Après des accrochages avec la brigade anti-émeutes, les étudiants ont marché jusqu’à Nkembo, scandant des slogans hostiles au pouvoir d’Alice Bongo Ondimba et renversant des bacs à ordures et kiosques du PMUG à leurs passage.

Ces nouvelles manifestations estudiantines sont consécutives à l’arrestation d’un leader de la mutuelle des étudiants, Nicolas Ondo, au palais de justice de Libreville. Il s’y était rendu le matin pour assister au procès de leur compagnon, Firmin Ollo, en détention préventive depuis plusieurs mois.

Le report de l’audience a provoqué l’ire des étudiants, qui exigeaient la libération de leur condisciple. Pour manifester leur indignation, les étudiants ont fait du ramdam au palais de justice. Toute chose qui a amené les autorités judiciaires à procéder à l’attestation d’un de leaders du mouvement.

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Les émeutes ont immédiatement éclaté dans les environs où un important dispositif sécuritaire était visible. Les forces de défense nationale ont usé des gaz lacrymogènes pour disperser les étudiants. Ceux-ci ripostaient par des cocktails molotov lancés par des casseurs ayant saisi l’occasion pour affronter les forces de l’ordre. Des locaux de l’université ont été également incendiés par les casseurs dont certains étaient armés, comme le rapporte nombre de témoignages concordants.

Alors que certains évoquent déjà une manœuvre de l’opposition pour semer la zizanie voire plus et qui orchestrerait ces casseurs pour cette finalité, en début d’après-midi, un calme précaire régnait au campus universitaire et au tribunal de Libreville. Les commerçants des alentours ont fermé leurs magasins, craignant des actes de vandalisme.

Nous apprenons pour finir que des individus, cinq selon les premières informations, ont été arrêtés avec des bidons d’essence.

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Presse antiémeute (J. Moulenda, Koaci.com, 17 décembre 2014)

 

(…) Minitournée africaine plutôt réussie pour le nouveau directeur général de Total, Patrick Pouyanné, et son directeur pour l’Afrique subsaharienne, Guy Maurice, qui étaient au Gabon et en Angola entre le 1er et le 4 décembre. À Libreville, la rencontre entre le patron du groupe pétrolier et le président Ali Bongo Ondimba a été fort diplomatique et a permis de régler définitivement le différend fiscal qui opposait Total aux autorités depuis avril 2013.

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« Chacun a fait des concessions, et nous avons trouvé un terrain d’entente qui clôt le sujet », confie sans plus de détails Guy Maurice, qui avait effectué début novembre une visite pour préparer le terrain. Autrement dit, le groupe français ne paiera pas la totalité des 805 millions de dollars (588 millions d’euros) de redressement fiscal que lui avait infligé le Gabon en février 2014. (…)

Presse totalitaire (economie.jeuneafrique.com, 9 décembre 2014)

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[ZAD partout] Manif du 22 novembre 2014 à Nantes

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VOIR LA VIDÉO

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[Valls kyste my ass] Joyeux Noël Manuel !

Cher Manuel Valls,

Nous avons bien lu tes déclarations dans la presse et te remercions chaleureusement d’avoir décidé, comme tant d’autres, de venir construire sur la ZAD© de Notre-­Dame-des-­Landes. Pour te témoigner notre reconnaissance, nous avons la joie de t’offrir, un peu en avance, ce superbe cadeau : une truelle !

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En effet, nous avons besoin d’énergies indomptées comme les tiennes. Le printemps approchant, la campagne 2015 « Construire en dur sur la ZAD » va débuter. Tu pourras donc participer à nos côtés à la création de l’auberge du Liminbout, à l’édification d’une bergerie, d’une salle polyvalente, d’une nouvelle laiterie, ou encore à la rénovation des halles du non-­marché. Enfin, tu apprendras à apprécier les charmes bucoliques de nos communs forestiers, en entretenant avec nous les bois et les haies du bocage.

En outre, tu pourras mettre toute ta créativité au service de la poursuite des travaux de défense de la zone, par exemple en soudant de nouvelles barricades mobiles, ou encore en améliorant nos fameux « lance­-pierres géants », dont tes services de renseignements, jamais avares de flatteries, ont révélé l’existence. Le futur est entre nos mains Manuel !

Et saches qu’ici, tu pourras enfin quitter ce costume ringard de premier ministre. Laisse tomber ces antiquités mon vieux ! Avec nous, pas besoin de chefs, de représentants, pas besoin de soigner ton image de marque. Fini tout ça : tu pourras enfin passer du spectacle de la politique à une existence politique. Laisse tomber les indices économiques, les cotes de popularité, les évaluations et les crédits : reprends ton destin en main Manuel !

Pour ne rien te cacher, nous avons plus important à faire que de créer une « cellule d’assistance psychologique aux prochains premiers ministres vaincus par la ZAD ». Des mondes ici se tissent, que nous entendons bien défendre, et voir proliférer. Il ne tient qu’à toi de déserter, afin de prendre place au sein de nos redoutables festins !

Jack Attalist & le ZAD think tank – 20 décembre 2014

P.-S. : La truelle est à retirer sur place.

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[Niquer la vidéosurveillance, mode d’emploi] Hourrah pour les 408 !

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Besançon : une caméra de vidéosurveillance sciée et volée aux 408

Depuis environ un mois, à la nuit tombée, le quartier des 408 à Besançon est plongé dans le noir, faute d’éclairage public. Des délinquants ont profité de l’obscurité pour scier le poteau d’une des caméras de vidéosurveillance du quartier.

La police a constaté les faits dans la nuit du mardi 16 au mercredi 17 décembre 2014 : le poteau soutenant l’une des caméras de vidéosurveillance du quartier des 408 a est scié, probablement à la disqueuse. Le poteau est tombé à terre et les délinquants ont volé la caméra qui se trouvait à son extrémité.

Depuis plusieurs mois, le système de vidéosurveillance des 408, qui dérange les trafiquants en tout genre, et notamment les trafiquants de stupéfiants, est régulièrement pris pour cible et dégradé.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (MaCommune.info, 17 décembre 2014)

 

Besançon : acharnement sur les caméras des 408

Incendiées, sciées, dégradées : les caméras de la ville installées dans le quartier des 408, à Besançon, font l’objet d’un rare acharnement.

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Dans la nuit du vendredi 26 au samedi 27 septembre 2014, des individus mal intentionnés ont essayé, en vain, de scier le poteau métallique d’une caméra de vidéosurveillance installée dans le quartier des 408. Mécontents de leur échec, la nuit suivante, ils ont attaqué le poteau à la disqueuse, entaillant le support de la caméra et les fils électriques qu’il contient aux trois quarts.

Finalement, à 20h15 la nuit dernière, du lundi 29 au mardi 30 septembre, les délinquants ont incendié le poteau. Lorsque les pompiers et une patrouille de policiers sont arrivés sur place, ils ont été la cible de jets de projectiles. Aucun n’a été blessé, mais l’intervention de la Brigade anticriminalité (BAC) a été nécessaire pour calmer les esprits.
Et à une heure plus avancée de la nuit, certains individus ont … entièrement scié le poteau de la caméra à l’aide d’une disqueuse, le faisant tomber à terre.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (MaCommune.info, 30 septembre 2014)

 

Besançon : prison pour le vengeur des 408

La vidéosurveillance ayant permis d’identifier, de confondre et de juger six des agresseurs des policiers lors des émeutes de la semaine dernière, ce jeune majeur de Chemaudin a entrepris de scier le mat et les câbles de la caméra.

« Chacun a compris la génèse de cette affaire », tonne le procureur Vukadinovic. « Vendredi soir, dans ce même box, six individus qui ont participé aux émeutes contre des policiers aux 408 ont été jugés et condamnés après avoir été confondus grâce à la vidéosurveillance. Hé bien 24 heures plus tard, on s’en prenait au mat supportant la caméra. Cette affaire est hautement emblématique, symbolique et symptomatique de la tension de haine qui est en train de se développer dans certains quartiers de notre territoire. »

Cette fois, le prévenu est seul dans le box. Tout comme il était étonnamment isolé, dimanche dernier à 0h45 du matin (horaire où habituellement les jeunes sont encore rassemblés dehors), lorsqu’il a été interpellé à proximité du mât supportant le système de vidéo surveillance qui venait d’être scié à proximité de la maison de quartier de la Grette.

Muni d’une disqueuse thermique, B… Z…, 18 ans, venait en effet de tronçonner à 90 % le mât en question, sectionnant les câbles et rendant ainsi aveugle la caméra. Celle-ci avait néanmoins eu le temps d’enregistrer l’image d’un individu vêtu d’un survêtement blanc et noir, encapuchonné et le visage dissimulé par un cache-nez.

« Sans doute des commanditaires »

Ayant persisté dans ses dénégations tout au long de sa garde à vue (allant jusqu’à prétendre que les vêtements qu’il portait, et couverts de limailles de fer, n’étaient pas les siens ou encore qu’il avait deux couches de vêtements te un cache-nez « parce qu’il faisait froid et que je faisais de la moto », laquelle moto n’a jamais été retrouvée), B… Z… reconnaît face aux juges qu’il est bien l’auteur des faits. Comment lui est venue l’idée ? Où s’est-il procuré la disqueuse ? « Je ne dirai rien de plus », se bornera-t-il à répéter tout au long de sa présentation en comparution immédiate.

Le procureur ayant requis « pas moins de 18 mois dont 6 avec sursis et mise à l’épreuve » après avoir rappelé que de tels faits lui font encourir sept ans de prison, la défense, assurée par Me Pedroletti, invite le tribunal à relativiser. « Certes, ces faits sont très désagréables et parfaitement stupides, mais il faut être cohérent », lance-t-elle, « Les peines prononcées vendredi à l’égard des auteurs d’agressions et outrages sur personnes dépositaires de l’autorité n’ont pas excédé huit mois sans mandat de dépôt, or là il s’agit seulement d’atteinte aux biens. »

Trois mois ferme et interdiction de paraître à moins d’1km du quartier

Pensant elle aussi que le jeune majeur, qui habite Chemaudin, a certainement agi sur l’ordre de commanditaires, l’avocate estime qu’il « n’a pas nécessairement mesuré la portée de ses actes » et sollicite une peine avec sursis et mise à l’épreuve.

Le tribunal a in fine condamné B… Z… à 7 mois de prison dont 4 avec sursis et mise à l’épreuve avec mandat de dépôt. À sa sortie de prison, il devra justifier d’un travail ou d’une formation et aura interdiction de se présenter à moins d’un kilomètre de l’avenue Brûlard. Et devra en outre indemniser la victime, la ville de Besançon qui a produit un devis à hauteur de 4.645€.

Presse porte-clefs (Pierre Laurent, EstRepublicain.fr, 17 juin 2014)

Publié dans Aménagement du territoire - Urbanisme, La police travaille, Vidéosurveillance, Violences policières et idéologie sécuritaire | Marqué avec , | Commentaires fermés sur [Niquer la vidéosurveillance, mode d’emploi] Hourrah pour les 408 !

[ZAD du Testet] Déclaration du 17 décembre 2014

Déclaration d’habitantEs de la ZAD du Testet le 17 décembre 2014

Après le meurtre d’un frère le 26 octobre, nous occupantEs de la zone à défendre du Testet, avons œuvré pour ramener la vie et la beauté dans la vallée.

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VOIR LA VIDÉO

ConscientEs des impasses dans lesquelles nous enfonce la classe politique – climat, mort des territoires, éclatement social – nous voulons expérimenter des nouvelles formes de faire et vivre ensemble. Assemblées populaires, éco-construction, jardin collectif, blés paysans en agroforesterie, travail en association avec les animaux, auto-média, chorale, etc. font de la ZAD un lieu d’échange et d’apprentissage œuvrant à se libérer des relations marchandes et de la bureaucratie.

Notre démarche n’est pas centrée sur nous-mêmes mais ouverte vers le territoire, pour preuve toutes les solidarités tissées avec les habitantEs et paysans locaux ou encore la ré-appropriation de l’espace public sur les marchés du coin pour ouvrir le débat.

Nous allons continuer à occuper partager et faire vivre cet espace et le territoire alentour. En 2015, nous organiserons une semaine d’échange de savoir et savoir-faire traditionnels, créerons les conditions pour la réhabilitation de la zone humide, imaginerons et planterons une forêt comestible, et développerons une coopérative d’entre-aide paysanne.

Pour que vive la ZAD du Testet comme Zone d’Autonomie Définitive et comme espace commun porteur d’espoir.

17 décembre 2014 – Des habitantEs de la ZAD du Testet

 

[Jeudi 18 décembre 2014] Actus/Infos

(…) Cet après-midi, des exploitants agricoles sont venus sur la D999. Une myriade de GMs bloquaient l’accès à la vallée du Testet. Un journaliste s’est fait menacé par une dizaine d’énervés, et un photographe indépendant qui s’est fait casser son appareil photo par les mêmes. Maintenant, les GMs sont repartis.

[15h30] Tout est calme. Mais les GM sont partous aux alentours de la ZAD sous prétexte de manifestation des maïsiculteurs qui eux ne sont pas là. Les GM laissent sortir de la vallée mais ne laissent rentrer que les résidents cadastraux. On espère qu’ils vont se casser ce soir et ne pas revenir. Enfin, on rappelle que les numéros de téléphone INFOZAD sont opérationnels pour avoir des nouvelles ou quoi.

[9h30] La ZAD est bloquée par les GMs. 5 fourgons à Barat. Des fourgons à Lascar. Les pro-barrage, les gros maïsiculteurs de la plaine de Saint-Nauphary, ont prévu de venir sur la D999 à hauteur de la ZAD. On sait que la gendarmerie et la police sont « assez complaisants » avec les façons de faire des exploitants agricoles (ils ont répandu du lisier dans Albi en toute impunité en novembre dernier). Mais la manifestation leur permet de revenir contrôler la zone au motif de la sécurité. Résultat : les habitantEs de la ZAD sont emmerdés toute la journée par la police bien plus que par les pro-barrage à 15h15. (…)

Tant qu’il y aura des bouilles, 18 décembre 2014

 

À Sivens, le quotidien toujours explosif entre pro et anti barrage

DE ZAD EN ZAD (3) « Libération » fait un tour des « zones à défendre », emblématiques de la lutte contre les grands projets d’aménagement. Troisième étape à Sivens, où les tensions restent très vives depuis la mort de Rémi Fraisse.

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Manifestation d’agriculteurs favorables au barrage de Sivens, jeudi.

« Oh, regarde, ils ont monté un truc de pelluts ! » Le « truc » en question, ce sont deux bottes de foin posées au milieu d’un rond-point. Les « pelluts » (prononcer « pélutse »), c’est le sobriquet censément désagréable dont se retrouvent affublés les zadistes opposés au projet de barrage de Sivens : les « chevelus », par extension « hippies », en occitan. Il est 9h30 ce jeudi matin dans la vallée du Tescou. La bruine qui couvre la région n’a pas découragé une cinquantaine d’exploitants agricoles du coin. Avec l’aide de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs, ils ont décidé de manifester pour redire leur soutien à la « retenue » d’eau, ils n’aiment pas le terme de « barrage ».

Les banderoles ne font pas dans la dentelle : « Écolos au pouvoir = Guerre civile », « Zadiste = Jihadiste ». Le programme du jour est bien défini. Opération escargot sur la départementale 999, avant de « casser la croûte » et de filer dans la forêt de Sivens pour passer un « coucou franc » aux zadistes, voire leur « souhaiter un joyeux Noël ». L’opération a été baptisée « Manche de pioche », signe que les intentions ne sont pas si pacifiques.

« Des gens venus d’ailleurs pour souiller la vallée »

Jérôme, fils d’un paysan à la retraite, s’emporte : « Il faut que les zadistes dégagent et ne viennent pas nous emmerder chez nous. » Pour lui, Rémi Fraisse « n’a pas été tué par un gardien de la paix », il a « vu une vidéo qui le montre » [c’est pourtant bien une grenade offensive lancée par les forces de l’ordre qui a provoqué le drame, NDLR]. Et d’ailleurs, « s’il [Rémi Fraisse, NDLR] était resté bien au chaud chez lui, il serait encore en vie ».

Pour ces pro-barrage, les occupants de la ZAD de Sivens sont des « étrangers », « des gens venus d’ailleurs pour souiller la vallée ». « Là-bas, il y a des Brésiliens, des Roumains, des Russes, prétend Jacques, un retraité de Salvagnac. Il faut que le gouvernement les évacue de chez nous. » Il avertit : « On va être de plus en plus dans la démarche de défendre nos droits, et ça pourrait créer du grabuge. »

Dans la vallée, la machine à rumeurs

Ces relations tendues, voire explosives, entre les zadistes et une frange des gens du coin ne sont pas nouvelles. Dans la vallée du Tescou, qui n’a pas une histoire (forcément édifiante) à raconter sur le compte des « pelluts » venus d’ailleurs ? Vols, dégradations, provocations … les rumeurs naissent, circulent, s’amplifient. « Souvent, les pro-barrage ne sont jamais allés sur la ZAD, explique un agriculteur local. Ils ont peur parce qu’ils ne connaissent pas. Et le message politique transmis par le camp d’en face, à savoir pratiquer l’agriculture de manière plus durable, ils ne sont pas prêts à l’entendre. »

Pourtant, tous les exploitants ne soutiennent pas le projet. « Beaucoup, de toute façon, ne pourront pas pomper dans la future retenue d’eau, explique l’un d’entre eux. Moi, j’ai le courage de dire que c’est une connerie. J’aimerais que les silencieux se manifestent. » Une démarche pas évidente à accomplir : « On se croise régulièrement au marché, dans les coopératives. Certains de mes collègues ne m’adressent plus la parole. »

« Personne ne rentre aujourd’hui »

11h30, à l’entrée de la « Zone à défendre » de Sivens. Les occupants sont sur les dents, ils n’ont pas beaucoup dormi. La venue de journalistes, alors que les « pro-barrage » menacent de leur rendre visite, divise. D’interminables palabres s’engagent pour franchir la première barricade. « C’est pas contre vous, mais les médias racontent trop de bêtises », explique un zadiste. D’un checkpoint à l’autre, on donne son avis par talkie-walkie interposé. « Personne ne rentre aujourd’hui », affirme un homme. Deux types cagoulés, casque de fortune sur le crâne, masque à gaz autour du cou, et gourdins de récup’ à la main, viennent prêter main forte.

Une jeune fille soupire. « Depuis le 25 octobre et le décès de Rémi, c’est très dur. Les gens sont fatigués par deux mois d’affrontements avec les gendarmes, on dort dans de mauvaises conditions, on s’engueule. » Elle envisage de partir bientôt, vers la ZAD de Roybon ou la maison de Bure. Après une heure de discussion, la barrière s’ouvre. « C’est rare que ça se passe aussi mal qu’aujourd’hui », rassure notre guide, qui rappelle les consignes. « Pas de photos des lieux de vie, des visages, des véhicules. On vérifiera à la fin. »

Après avoir vécu à Notre-Dame-des-Landes, il est arrivé à Sivens il y a un an. « J’essaye de m’installer un certain temps aux endroits où je passe, ça facilite le travail en commun. » Ces dernières semaines, le « turnover » parmi les habitants a compliqué la donne. Beaucoup de zadistes sont allés à Roybon, d’autres à Sainte-Colombe. Aujourd’hui, une cinquantaine de personnes vivent sur le site : à la « Métairie », une bâtisse de pierre, dans des cabanes en bois, des tentes, des camionnettes…

Un tag « Ici vit Ben Laden »

Plusieurs projets se sont montés, notamment un espace potager, avec des fèves, de l’ail, des oignons. Quelques arbres fruitiers ont été plantés. À plus long terme, l’un des zadistes rêve de créer une « forêt comestible à la place de la pinède dévastée » par les machines du conseil général du Tarn. « On peut essayer, expérimenter, c’est ça qui est bien. »

Un autre habitant assure que les relations avec les riverains se passent « de mieux en mieux ». Certains continuent d’ailleurs d’apporter des denrées alimentaires sur le site. Selon lui, les problèmes ne subsistent qu’avec quelques dizaines de personnes, les « pro-barrage » les plus virulents. Sur la ZAD aussi, les exemples de dérapages du camp d’en face ne manquent pas. Un jeune homme assure ne plus faire de stop dans les environs, car « certaines voitures font des écarts dans le bas-côté ». D’autres racontent des embuscades tendues par des « milices », qui s’attaquent aux véhicules isolés, frappent les conducteurs, cassent les pare-brise, urinent sur les sièges.

Parmi les faits avérés, il y a ce tag sur les murs de la maison de Ben Lefetey, porte-parole du collectif d’opposants : « Ici vit Ben Laden ». Ou cette lettre, envoyée au préfet du Tarn le 8 décembre, évoquant la mobilisation, une semaine plus tôt, d’un groupe de pro-barrage prêts à en découdre : « Ils en ont été dissuadés par l’intervention des gendarmes sur le lieu de leur rassemblement, au rond-point de Ste Cécile d’Avès. »

Quant à l’opération escargot de ce jeudi, elle n’a pas tourné à la confrontation. Les quelque 250 gendarmes déployés pour l’occasion ont évité tout face-à-face. « Un jour, il faudra bien qu’on se parle, dit pourtant un zadiste. Car certains d’entre nous veulent rester ici, et les agriculteurs ne bougeront pas. »

Leur presse (Sylvain Mouillard Envoyé spécial dans la vallée du Tescou, Liberation.fr, 18 décembre 2014)

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Amazon, mode d’emploi

Dans le secret des entrepôts d’Amazon

Derrière l’image présentée aux médias par le géant de la vente en ligne, la réalité vécue par les salariés est tout autre (mercredi décembre 17 à 20 h 50 sur D8)

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Dans l’entrepôt de Lauwin-Planque (Nord), où 1500 employés brassent trois millions de marchandises.

Noël est une période faste pour Amazon, géant de la vente sur Internet. Le choix est vaste et les délais de livraison réduits au minimum. Certains produits sont disponibles en vingt-quatre heures. Pour satisfaire ces acheteurs pressés, le groupe américain a installé plusieurs entrepôts en France.

Après des semaines de négociation, des journalistes d’« En quête d’actualité » ont obtenu l’autorisation de filmer la collecte et la confection des colis dans un de ces centres, situé dans la banlieue lilloise. C’est une atmosphère festive qui semble régner à chaque début de service. Le patron, comme un GO de club de vacances, fait bouger et chanter ses équipes. Un moyen de motiver et d’apporter de la bonne humeur, mais aussi un nécessaire échauffement des pieds et des mains.

Chaque employé est chronométré

Travailler chez Amazon demande en effet d’être en parfaite condition physique. Munis d’un pistolet scanner, les employés partent à la chasse aux produits commandés. Poussant un petit chariot, ils parcourent les allées de l’immense entrepôt pour composer leurs colis. La course est chronométrée. Car chaque salarié doit récupérer un maximum d’articles en un minimum de temps. La direction assure qu’il n’y a pas de sanction s’il ne respecte pas cette cadence. Une affirmation que les journalistes d’« En quête d’actualité » ont voulu vérifier en toute liberté.

Alors que le voyage dans le Nord avait été strictement encadré par les attachées de presse zélées d’Amazon, c’est en caméra cachée qu’a été tourné un autre reportage dans un centre situé près d’Orléans. Et là, les choses se sont révélées moins idylliques que ce que la direction d’Amazon veut bien présenter.

Un rythme infernal

Pour le « coup de feu » des fêtes de fin d’année, l’entreprise américaine recrute des intérimaires. Après une batterie de tests, ceux qui sont jugés aptes intègrent l’équipe sous le contrôle étroit de leurs responsables. Il est fortement recommandé de suivre le rythme infernal qui leur est imposé moyennant 30 cents de plus par heure que le smic. Pour ceux qui sont en deçà des objectifs, leur « mission » est interrompue.

D’autres marchands en ligne tentent des systèmes pour auto­­matiser la préparation des commandes. Mais, en bout de course, ce sont toujours des salariés sous-payés qui emplissent les cartons.

« Achats de Noël : plongée au cœur d’Amazon, le plus grand magasin de France », présenté par Guy Lagache (France, 2014, 100 min.) Mercredi 17 décembre à 20 h 50 sur D8.

Leur presse (Joël Morio , LeMonde.fr, 17 décembre 2014)

 

Chez Amazon, une caméra sème la panique : « Cache les tableaux de productivité ! »

En pleine période de Noël, Amazon, le géant du commerce électronique, se serait certainement bien passé de cette très mauvaise publicité.

Des journalistes du magazine « En quête d’actualité », diffusé mercredi soir sur D8 (à la 49e minute de la vidéo), ont pu infiltrer un entrepôt de l’entreprise et révéler la stratégie des dirigeants. Leur considération pour leurs salariés ou pour le droit du travail apparaît très faible.

Un « check » pour se dire bonjour

Côté pile, Amazon est une entreprise cool, moderne et soucieuse de protéger « sa famille » d’employés. Les salariés s’échauffent chaque matin en musique pour « avoir un esprit famille ».

Face caméra, le patron d’un entrepôt situé dans le Nord, près de Lille, nous fait même croire qu’il « checke » avec le poing tous ses employés chaque matin. Le manager (qui dirigeait auparavant une entreprise en Chine) explique :

« En fait, on s’est mis à faire ça il y a un an pour se dire bonjour. Et puis les employés ont trouvé ça sympa, les Amazoniens ont trouvé ça sympa et l’ont gardé. C’est devenu un peu le signe distinctif et maintenant on se “checke”. »

Les employés épiés par leur scanner

Côté face, Amazon apparaît surtout obsédé par son image. On découvre des salariés sans cesse mis sous pression, des outils (scanners, caméras, vigiles) déployés pour les inciter à être toujours plus productifs, même si officiellement, les « Amazoniens » n’ont pas d’objectif journalier.

En réalité, les scanners qu’ils utilisent servent aussi à mesurer leur productivité et à fixer des objectifs très précis. Un employé doit être au minimum à 75% des objectifs attendus par Amazon, sous peine d’être remercié.

« Les journalistes sont très regardants »

Mais ça, les dirigeants ne l’admettront pas. Lorsque les journalistes de D8 souhaitent regarder les scans de salariés, le manager est pris en flagrant délit. Oubliant la présence des micros, il demande à sa collègue :

« Tu vas aller voir tout le monde de la “outbound” et tu leur demandes de cacher leurs tableaux de productivité. Tous ! Parce que les journalistes sont très regardants. »

Un journaliste de la chaîne s’est ensuite fait embaucher comme intérimaire pour vérifier les coulisses de cette « success story ». Il constate « le flicage permanent » de l’entreprise, une partie du temps de pause des ouvriers grignoté sans scrupule et l’existence de quotas de productivité.

Un employé tout juste embauché doit ainsi atteindre au bout de quatre jours un objectif chiffré. En cas d’échec, il est licencié.

Leur presse (David Perrotin, Rue89.nouvelobs.com, 18 décembre 2014)

 

Une employée d’Amazon raconte « la peur organisée »

TÉMOIGNAGE Une intérimaire du géant de la vente en ligne raconte les conditions de travail dans le site de Montélimar.

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La plateforme d’Amazon de Châlon-sur-Saone, en décembre 2012.

Amélie [Le prénom a été modifié], 30 ans, a travaillé quelques semaines au sein de la plateforme d’Amazon à Montélimar (Drôme). Alors que des grèves pour des hausses de salaires se poursuivent en Allemagne, nous avons décidé de publier son témoignage, saisissant, sur les conditions de travail au sein du numéro 1 mondial de la vente en ligne.

« Les agences d’intérim de Montélimar recrutent en fin d’année des hordes de salariés sur les quatre postes de travail de la plateforme Amazon, implantée il y a trois ans. Vous pouvez y être admis comme « eacher », pour réceptionner les marchandises et les enregistrer informatiquement; « stower », pour les ranger dans les kilomètres d’étagères de l’entrepôt; « picker », pour arpenter les allées et rassembler les produits commandés ; ou « packer », pour les emballer avant expédition.

« C’est en tant que pickeuse que j’ai découvert l’univers d’Amazon. L’univers du code-barres. Tout a un code-barres chez Amazon : les articles, les 350’000 emplacements sur les étagères, les chariots qui servent à déplacer les produits commandés, les gens qui poussent ces chariots, les imprimantes, les voitures. Les scannettes portatives dont chacun est équipé pour lire les codes-barres ont aussi un code-barres. Elles sont reliées au réseau wi-fi, qui peut les localiser dans l’entrepôt. Tout a une réalité physique doublée d’une existence informatique. Les managers qui sont derrière leur ordinateur savent en temps réel, grâce à ces outils, où se trouve un livre, sur quel chariot il a été enregistré, quel intérimaire pousse le chariot, où il se déplace dans l’entrepôt, à quelle heure il s’est mis au travail en scannant son code-barres personnel, quelle a été la durée exacte de sa pause, et combien d’articles il « picke » par heure. Cette productivité personnalisée est évaluée en permanence, et des managers viennent trouver individuellement chaque picker pour lui donner sa performance et le conseiller si celle-ci n’est pas satisfaisante. « Il faut être plus dynamique, tu perds trop de temps en ramenant les articles à ton chariot, tu es à 85 articles par heure », m’a lancé un jour un manager au détour d’un rayon, alors que je n’avais jamais vu cette personne auparavant. Mais les remontrances peuvent aussi prendre une forme numérique. Si vous garez par exemple votre chariot sur un emplacement gênant, le code-barres qui y figure permet de savoir que c’est le vôtre, et vous recevez un message sur l’écran de votre scan : « Merci de garer ton chariot sur les emplacements autorisés. »

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À Sevrey, près de Châlon-sur-Saône, les entrepôts d’Amazon s’étendent à perte de vue. 40’000 mètres carrés et des rayons qui n’en finissent pas.

« Il est temps de picker »

« Aux outils de surveillance, il faut ajouter des centaines de caméras, des agents de sécurité qui arpentent les allées toute la journée, et qui peuvent fouiller les salariés au détecteur de métal à la sortie de l’entrepôt. Enfin, plus diffus, la peur de la délation et le fantasme d’une surveillance sans limites comptent pour beaucoup dans la docilité générale. On ne sait pas de qui exactement il faut se méfier, qui est ami avec les managers ou veut le devenir, on ignore jusqu’où exactement va le pistage informatique… Et, dans le doute, pour aborder la moindre question un tant soit peu polémique, le réflexe est toujours de parler discrètement, et à voix basse.

« « Les salariés qui sont aujourd’hui embauchés en CDI ont commencé comme vous, en intérim. Si vous vous montrez productifs, et que vous avez un bon comportement, vous avez peut-être un avenir chez Amazon. » C’est par ces mots que nous accueille un responsable le premier jour. La productivité est à partir de ce moment-là une obsession, qui ressort dans toutes les conversations. En tant que picker, nous devons rassembler plus d’une centaine d’articles par heure, en arpentant les rayons sur une distance cumulée de 15 à 25 kilomètres selon notre rapidité et selon la dispersion des articles qui défilent sur l’écran de notre scan. Cet objet nous guide parmi les étagères, nous indiquant les coordonnés du prochain article à attraper : l’entrepôt est divisé en zones, subdivisées en allées, elles-mêmes subdivisées en profondeurs d’allée, puis en hauteurs d’étagère. Le parcours est programmé automatiquement de façon rationnelle pour minimiser les distances d’un point à un autre, et aussitôt que les coordonnées d’un livre s’affichent un compte à rebours de quelques secondes défile avec cette phrase : « Il est temps de picker. » Le nombre total d’articles restant à picker, et le temps imparti pour les rassembler tous, apparaît en dessous. Dans l’empressement général, la mise en concurrence joue à plein, sinon parce que le CDI est un sésame à décrocher, au moins parce que le non-renouvellement du contrat d’intérim est une épée de Damoclès au-dessus de chaque tête. Certains, pourtant, à qui j’ai demandé la raison de leur zèle n’invoquent pas toujours d’emblée l’angoisse d’être « éjectés » (même si cette peur est invariablement mentionnée dans ces termes). Ils veulent battre des records, « comme ça, pour la performance », et la reconnaissance qui va avec. Un bon salarié peut être porté aux nues comme étant élu « associate de la semaine » par les managers qui l’applaudissent tous en chœur. Aller aux toilettes qui se situent à l’extrémité de l’entrepôt fait dégringoler votre « prod ». Pousser son collègue pour se saisir en premier d’un chariot la fait grimper. L’idéal (et c’est d’ailleurs la norme) étant d’arriver à l’avance le matin pour préparer scan et chariot et gagner de précieuses minutes qui feront peut-être la différence. C’est aussi cela, « avoir un bon comportement ». À l’embauche, le mail de l’agence d’intérim précisait noir sur blanc : « Il faut arriver un quart d’heure à l’avance, ils aiment bien. »

« Ne vous couchez pas trop tard »

« Avoir un bon comportement, c’est par ailleurs accepter les heures supplémentaires. Au matin du 2 décembre, lorsque nous arrivons à l’entrepôt vers 5h30, l’équipe de nuit, qui finit habituellement bien avant, est encore là. Le discours d’accueil, qu’une manageuse fait quotidiennement pour commencer la journée, nous invite aujourd’hui à rester une demi-heure de plus pour faire face à une augmentation inattendue des commandes : « L’équipe de nuit a fait l’effort, comme vous l’avez vu. Nous vous demandons de le faire aussi, pour que l’équipe suivante n’ait pas une charge de travail insurmontable ! » Dans cette ambiance d’hyperindividualisation, elle évoque soudain l’esprit d’équipe et la solidarité. Ce n’est pourtant pas cela qui fait mouche : les gens restent parce qu’ils tiennent à leur emploi.

« Ce discours d’accueil servi chaque matin à 5h50, au moment de la prise de poste, vise à motiver les troupes, à annoncer le nombre de commandes qu’il faudra préparer pour la journée, à prévenir les erreurs constatées la veille… ou à donner des conseils sur le rythme de vie à avoir lorsqu’on travaille chez Amazon : ne vous couchez pas trop tard, n’hésitez pas à faire une sieste, mettez une lumière forte au réveil pour aider l’organisme à se mettre en route, mangez bien à la pause… Cette dernière injonction est tout à fait paradoxale. Les deux pauses de vingt minutes qui nous sont accordées ne laissent en aucun cas le temps de bien manger. Si vous en avez l’intention, il faut traverser tout l’entrepôt (trois à quatre minutes), passer par le poste de sécurité, rejoindre votre casier pour prendre votre pique-nique et atteindre la salle de pause. Là, il faut en fait choisir entre avaler une bouchée de sandwich et aller aux toilettes, faire les deux étant assez ambitieux puisque vous devez avoir fait le chemin en sens inverse et retrouvé votre chariot lorsque retentit la sonnerie qui annonce la reprise du travail. Une remarque laconique accueille les retardataires : « Jeune fille, en retard ! »

« La pression est énorme, la fatigue difficile à gérer. L’ambiance est à la méfiance. Tout est verrouillé. Avant de signer un contrat de travail, il faut parapher trois pages qui nous engagent à la confidentialité la plus totale. Rien ne doit sortir de l’entrepôt, et raconter quoi que ce soit à des concurrents, bien sûr, mais aussi à vos amis et à votre famille peut vous être reproché. La peur organisée, la surveillance de nos moindres faits et gestes, et la contestation réduite au silence, c’est ce qui se joue chaque jour sous les néons de l’entrepôt d’Amazon, avec, pour principale arme de persuasion, la promesse d’un emploi. »

Leur presse (Liberation.fr, 17 décembre 2013)

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Solidarité avec les barricadiers d’Amiens-Nord ! (2)

Amiens-Nord. Grosses émeutes mais tout petit procès

Trois des émeutiers d’Amiens Nord ont renoncé à leur appel, mercredi. Les autres campent sur leurs dénégations. L’arrêt sera rendu le 7 janvier prochain.

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La journée a commencé par un coup de chaud entre prévenus.

LES FAITS

Sur huit appelants, trois se sont désistés dès le début d’audience, devant la Sixième chambre de la cour d’appel d’Amiens.

Quatre prévenus ont à nouveau nié toute participation aux violences urbaines d’août 2012 à Amiens Nord. Le cinquième n’est poursuivi que pour recel de téléphone en prison.

L’arrêt de la cour sera rendu le 7 janvier.

***

Comme on dit au stade, il ne fallait pas manquer le coup d’envoi, mercredi, devant la cour d’appel d’Amiens. Les secondes les plus excitantes du procès des émeutiers présumés d’Amiens Nord se sont en effet égrenées en début d’audience. Dans le box vitré des accusés devaient cohabiter trois hommes liés par une affaire en cours d’instruction : l’un d’entre eux, soupçonné d’être une balance, s’est fait tirer dessus à la Kalachnikov et l’on suspecte les deux autres de ne pas être étrangers à l’expédition punitive. Évidemment, leur rencontre sentait la poudre. Regards qui se défient, insultes qui fusent et début d’échauffourée : les forces de l’ordre ont dû manu militari plaquer un assaillant au sol.

L’autre sensation suivait de près, quand trois des huit prévenus se désistaient de leur appel. « Ils ont eu peur d’une aggravation de peine », indique Me Houria Zanovello, avocate de deux d’entre eux.

Forte nervosité

Et après ? Après, plus rien, ou presque, sinon quelques signes de forte nervosité entre membres du public. Car sur les quatre jeunes gens accusés d’avoir participé aux violences de la nuit du 13 au 14 août 2012, nul n’a varié : ils nient farouchement, soulignent la faiblesse des témoignages qui les accablent et réclament une relaxe.

La déception est inéluctable ; dès lors qu’ils réfutent, aucune chance d’entendre une réponse à la seule question qui vaille : pourquoi ? Pourquoi, comme le rappelle l’avocate générale Françoise Pieri-Gauthier, Amiens Nord a-t-il été le théâtre d’une « guerre préparée ? Tout sauf une explosion spontanée de violence »  ? Pourquoi une nuit d’enfer où le but de « cent assaillants » était « de se faire du flic », à coups de mortier, de cartouches et de cailloux ? Pourquoi brûler ces lieux « où les esprits peuvent s’élever » (Me Pourchez) : école maternelle, centre de loisirs, collège, salle de sport ? Comme personne n’avoue, personne ne pourra expliquer.

« Tourner la page »

Mme Pieri-Gauthier a demandé hier une confirmation des peines prononcées en mai et juin, sauf pour un appelant qui risque de passer de huit mois à deux ans (l’appel est un jeu à risque).

Quant au dernier, il est vraiment la cinquième roue du carrosse, condamné comme émeutier en tant que mineur mais poursuivi comme majeur uniquement pour usage d’un téléphone portable en prison. Il ne se retrouve dans ce dossier que pour avoir tenté d’influencer des témoins depuis la maison d’arrêt. Sèchement condamné en mai à un an ferme, il aspire à « tourner la page » comme le souligne Me Combes, qui indique que son client est maintenant, en tant qu’animateur pour les scolaires, employé de la ville d’Amiens, laquelle a subi selon son avocate Me Maury « plus d’un million de préjudice en août 2012 ».

Presse porte-clefs (Tony Poulain, Courrier-Picard.fr, 18 décembre 2014)

 

Violences urbaines : les émeutiers mineurs d’Amiens Nord condamnés en appel

Mercredi, s’ouvrait à Amiens le procès en appel de 8 jeunes identifiés comme ayant pris part aux émeutes d’Amiens Nord en août 2012. Ils avaient déjà été condamnés en mai et juin derniers. Parmi les accusés, 3 mineurs dont les peines sont différentes de celles prononcées en première instance.

L’un des 3 prévenus mineurs s’est désisté de cet appel. Il reste donc condamné à sa peine initiale de 30 mois de prison dont 6 avec sursis.

Le deuxième a été condamné à 12 mois ferme. En première instance, il avait écopé de 18 mois d’emprisonnement dont 9 avec sursis et d’une mise à l’épreuve 24 mois. Il n’a pas été placé sous le mandat de dépôt pourtant demandé et devrait donc bénéficier d’un aménagement de peine dans les conditions requises.

Le troisième voit sa peine diminuée : 12 mois dont 6 avec sur sursis.

Presse porte-clefs (Jennifer Alberts, france3-regions.francetvinfo.fr, 18 décembre 2014)

 

Violences urbaines : procès en appel des émeutiers d’Amiens Nord

Le mercredi 17 décembre s’ouvre à Amiens, le procès en appel de huit des émeutiers d’Amiens Nord. Ils ont été condamnés en mai et juin dernier.

Le tribunal correctionnel d’Amiens avait condamné en mai et juin dernier plusieurs prévenus. Le 16 mai, six personnes majeures, âgés de 23 à 28 ans, avaient écopé de peines allant de 12 mois, dont un ferme, à 5 ans d’emprisonnement ferme pour des dégradations et des violences lors des émeutes qui ont embrasé Amiens Nord, en 2012. Quatre prévenus ont été reconnus coupables de complicités de violences volontaires sur les forces de l’ordre, ayant participé à l’achat d’armes, et ont été condamnés à des peines allant de 12 mois, dont un ferme, à trois ans dont deux ferme. Et le 5 juin Le tribunal correctionnel d’Amiens a prononcé vendredi des peines allant de 3 mois à 5 ans de prison ferme à l’encontre de six prévenus qui comparaissaient pour des tirs contre des policiers. Huit des condamnés ont fait appel. Ils seront de nouveau jugés.

Au total, 27 personnes avaient été mises en examen en 2013 dans le cadre des deux procédures. L’une pour dégradations de bâtiments publics et violences sur les agents, l’autre pour tentatives d’assassinat de policiers. Seulement quinze personnes ont été renvoyées devant la justice, les autres ont bénéficié d’un non-lieu.

Dans la nuit du 13 au 14 août 2012, dix-sept policiers avaient été blessés, dont certains par arme à feu, lors de heurts avec une centaine de jeunes d’Amiens-Nord, quelques jours après le classement du quartier en zone de sécurité prioritaire (ZSP). Plusieurs bâtiments publics, dont une école maternelle, avaient été incendiés, suscitant le déplacement dès le 14 août de Manuel Valls, alors ministre de l’intérieur.

Presse porte-clefs (Halima Najibi, france3-regions.francetvinfo.fr, 17 décembre 2014)

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[« À la niche les cognes ! »] La genmerderie d’Aubusson cadenassée et peinturlurée

Une gendarmerie cadenassée et peinturlurée en Creuse

Les militants écologistes avaient appelé au cadenassage de gendarmeries début novembre, après la mort de Rémi Fraisse dans le Tarn : même principe ce week-end à Aubusson avec la peinture en plus.

Dans la nuit de dimanche à lundi, un ou plusieurs individus ont posé une chaîne avec un cadenas sur le portail de la gendarmerie d’Aubusson. Des piliers ont également été détériorés à coups de peinture rouge.

Cette opération en rappelle d’autres. Il y a un mois, les gendarmeries de Royère, de Gentioux, d’Eymoutiers, de Bugeat et de Sornac avaient déjà été cadenassées.

Pourtant Le parquet de Guéret se garde de faire un lien direct avec un mouvement « zadiste ». Il y a un mois des affiches évoquant les événements de Sivens avaient été déposées après ces cadenassages. Le coup de force d’Aubusson n’a pas été revendiqué.

Cette opération est en tout cas prise très au sérieux par le procureur de Guéret. Le magistrat assure avoir les moyens de retrouver les auteurs et rappelle que la condamnation pour dégradation d’un bien d’utilité publique peut aller jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 75’000 € d’amende.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Christophe Poirier, FranceBleu.fr, 8 décembre 2014)

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« Une conception de la vie hos­tile à celle qu’impose la domination »

Un État qui règne au­-dessus du volcan

Face à la domination sociale et au chaos géopolitique mondial, se dresse une jeunesse qui refuse de jouer le jeu du « complexe économico­-industriel ». S’inventent ainsi des solidarités concrètes et d’autres modèles de vie.

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VOIR LA VIDÉO | Naissance de la MaquiZad à Roybon

Le constat est désormais banal : la société-­monde s’abîme dans ses crises. Jamais dans l’histoire une société n’avait imaginé prévoir si précisé­ment l’agenda de son effondrement. De l’ampleur du réchauffement climatique à l’épuisement des ressources naturelles, l’empoisonnement généralisé de la pla­nète, chaque mois amène son lot de dé­tails sur les contours de l’inéluctable. On y avait accoutumé les populations. Les États et leurs supplétifs verts se montraient ras­surants. Ils en faisaient leur affaire : il y aurait encore de beaux jours, moyennant une désagréable mais inévitable période d’adaptation. Des « décroissants » s’en re­mettaient à l’État pour imposer les restric­tions et la rééducation utiles au retour de la joie de vivre. Tout cela a volé en éclats en moins d’une décennie.

Ce qui n’avait pas été calculé, c’est la vi­tesse d’expansion du chaos géopolitique lié à la guerre mondiale pour le contrôle des ressources naturelles (pétrole, ura­nium, terres agricoles…), la somalisation qui court maintenant d’Afrique en Afgha­nistan, et surtout l’ampleur et la rapidité, que la crise financière de 2008 a seule­ment fait entrevoir, de la désintégration sociale précipitée par la mondialisation de l’économie. Ce ne seraient toutefois là qu’inconvénients mineurs pour un sys­tème qui entend gérer ce chaos sans autre ambition que d’y préserver ses intérêts, si ne se développait en même temps la cons­cience que l’activité irrésistible du com­plexe économico-­industriel ne fera qu’ap­profondir le désastre et qu’il n’y a rien à at­tendre d’États, excroissances cancéreuses où se mêlent les castes technocratiques parasitaires, corrompues ou mafieuses, qui affichent leur refus de faire mine d’in­fléchir cette course à la destruction et sont réduites à leur fonction première : l’exer­cice du monopole de la violence.

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ZAD de Roybon, le 4 décembre 2014

Toutes ces questions sont désormais sur la place publique ; le constat devient uni­versel, s’insinue irrémédiablement dans toutes les couches de la société totale déli­quescente. On ne l’en évacuera pas. C’est bien ce qui nourrit l’inquiétude de tous les États, et non la catastrophe rampante.

UN SIÈCLE DE TRAHISONS

La domination, qui touche à la pureté de son concept dans la convergence fusion­nelle de l’État, de l’économie et des mé­dias, fait donner son artillerie lourde, martèle qu’il n’y a plus d’alternative, que les dés sont jetés, qu’il faut s’adapter ou périr, qu’il ne s’agit désormais que de gé­rer la catastrophe, et que ceux dont l’em­ploi est de la provoquer et de l’entretenir sont les mieux qualifiés pour cette tâche. Comme l’assassin qui se flatterait d’être seul habilité à conduire l’autopsie de sa victime. Et ce n’est rien moins qu’une métaphore dans le cas, ici, de Rémi Fraisse tué à 21 ans par un gendarme mo­bile, assuré du maintien de son emploi par un gouvernement socialiste qui célè­bre ainsi un siècle de trahisons ; ailleurs de 43 étudiants mexicains livrés par la police aux tortionnaires des cartels de la drogue ; ou encore des journalistes indé­pendants de la Russie de Poutine.

Les personnels politiques doutent de leur pérennité, ils savent qu’ils règnent sur un volcan (dans cette Chine qui fait l’admiration universelle des tenants du maintien de l’ordre, le budget de la sécu­rité intérieure est supérieur au budget militaire) et qu’il faut absolument muse­ler, rendre invisible ou silencieuse toute opposition un peu sérieuse à l’ordre éta­bli, c’est­-à­-dire qui viendrait à prendre au mot la fiction de sa nécessité.

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Ibidem

Que ces victimes soient surtout des jeu­nes n’étonne que ceux qui ne l’ont jamais été. Cette jeunesse qu’on disait si intégrée à l’ordre marchand et à sa survie dématé­rialisée, dressée à se vendre au plus of­frant, à se détacher de toute solidarité, à se reconnaître dans la monade solitaire de l’utopie capitaliste, commence à com­prendre dialectiquement qu’elle n’aura pas sa place au festin de l’abondance fac­tice, qu’il n’y aura plus vraiment de festin et qu’il était en outre immangeable – ce qu’une part demeurée irréductible de la jeunesse a toujours su et proclamé. Elle accède à la visibilité avec une vigueur qui lui vaut d’être disqualifiée pour sa « vio­lence », au demeurant légitimement dé­fensive et largement symbolique. Dans quel rang imaginerait­-on la faire rentrer ?

Celles des luttes dites « anti­-industriel­les » dirigées contre les projets trop mani­festement absurdes d’éradication de ce que n’avait pas encore ravagé le rouleau compresseur de l’artificialisation de la vie et des faux besoins (des zones naturelles restées en partie préindustrielles), parce qu’elles expriment un sentiment partagé de perte irrémédiable, agrègent d’autant plus vite une myriade d’opposants.

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Si les naïvetés non violentes et partici­patives des opposants de départ prêtent à sourire, on conviendra qu’elles sont vite balayées par le mépris des décideurs et la violence des pouvoirs. On laissera aux Versaillais qui éructent ces jours­-ci leurs appels à la répression la condescendance des assis devant les bigarrures, les cagou­les et les hésitations de cette jeunesse. Les faits sont là : certes encore minoritaire, elle a déjà fait sécession avec la société. Qu’elle la subisse ou la choisisse, elle n’y a aucun avenir, elle n’en veut pas et elle n’a rien à perdre ; sauf éventuellement la vie, on vient de le lui rappeler. Ce qui va de soi pour elle, le refus de l’État, du primat de l’économie sur la vie, de l’artificialité tech­nologique sur l’intensité des rapports hu­mains, la détestation de toute hiérarchie fût­-elle militante, le refus du vedettariat, la solidarité concrète entre tous les oppo­sants quelles que soient leurs pratiques, rien de cela ne peut tromper : il s’agit de la naissance d’une conception de la vie hos­tile à celle qu’impose la domination.

Quand s’affrontent deux conceptions de la vie si antagoniques, s’affirme aussi l’inéluctabilité du conflit central des temps à venir : celui qui va opposer les fa­natiques de l’apocalypse programmée à ceux qui ne se résignent pas à l’idée que l’histoire humaine puisse finir dans leur fosse à lisier.

Jacques Philipponneau et René Riesel, auteurs, se réclament du courant anti-industriel issu de la revue et des Éditions de l’Encyclopédie des nuisancesLe Monde, 5 décembre 2014

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[Intimidation des manifestants] Rendus des procès nantais du 9 décembre

Rendus des procès de mardi 9 décembre

5 personnes étaient convoquées mardi matin suite à la manif du 22 novembre. Quatre d’entre elles s’étaient fait contrôlées et fouillées aux abords de la manif avant son départ ; elles passaient au tribunal pour port d’arme (de la catégorie considérée comme la moins dangereuse). Une autre personne était accusée d’outrage.

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• G. a demandé un report ; il sera jugé le 6 janvier.

• L. (défendu par Me Vallée) s’est pris une amende de 250 euros (pour le port d’un couteau)

• C. (défendu par Me Galau) : le proc demande 1.000 euros d’amende ; dont 500 avec sursis (pour transport dans sa voiture d’un cutter, un couteau suisse et une hachette). Le délibéré sera rendu le 6 janvier.

• K. (sans avocat) a été condamné pour le port d’une hachette à faire 70h de TIG (« travaux d’intérêt général » ; du travail gratuit dans une asso ou autre institution) dans les prochains 18 mois ; s’il ne les fait pas, il encoure 15 jours de prison

• D. (sans avocat) a été condamné à 1 mois de prison avec sursis pour un outrage.

Un rassemblement était appelé devant le tribunal. Quelques personnes ont fait face au froid matinal ; une banderole « non à la répression politique » était déployée devant la passerelle.

Un petit clin d’œil à Mme la juge qui a fait un outrage pendant l’audience, en nommant M. Batard le flic (M. Costard) qui avait porté plainte pour le cri « bande de batards » envers les flics qui interpellaient violemment une personne dans un sit-in…

Les procès liés aux dernières manifs vont s’enchaîner dès la semaine prochaine. Prochaines dates : lundi 15 décembre à 14h, mardi 16 décembre à 9h, puis lundi 19 janvier.

Le CARILA (Comité Anti-Répression Issu de la Lutte Anti-aéroport)
ZAD, 10 décembre 2014

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