[Merde In France] Àbaléta

http://juralib.noblogs.org/files/2015/01/0311.jpgEn France, le culte de l’autorité, l’amour du commandement et l’habitude de se laisser commander ont détruit dans la société, aussi bien que dans la majorité des individus, tout sentiment de liberté, toute foi dans l’ordre spontané et vivant que la liberté seule peut créer. Parlez-leur de la liberté, et ils crieront aussitôt à l’anarchie ; car il leur semble que du moment que cette discipline, toujours oppressive et violente, de l’État, cessera d’agir, toute la société doit s’entredéchirer et crouler. Là gît le secret de l’étonnant esclavage que la société française endure depuis qu’elle a fait sa grande révolution. Robespierre et les Jacobins lui ont légué le culte de la discipline de l’État.

Mikhail Bakounine, L’Empire knouto-germanique et la révolution sociale (septembre 1870)

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[Sud-Algérien] « Nous sommes pauvres, malades, nous ne voulons pas d’hôpitaux de logements, du travail, de l’argent, nous voulons seulement qu’ils ferment leurs puits et qu’ils partent ! »

« La bourgade maudite d’In Salah »

C’est ainsi que la mission colonisatrice Foureau-Lamy est partie à l’assaut d’In Salah il y a plus d’un siècle après l’effondrement du repaire des pirates, la Régence, plusieurs décennies plus tôt.

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Les gendarmes face aux opposants au gaz de schiste d’In Salah

Aujourd’hui, Alger est toujours aux mains des mêmes spécimens avec la cervelle en moins. La malédiction est donc à son apogée. Avec tout l’argent généré par le sous-sol saharien, il y avait de quoi faire la fortune de tous les Deys allongés sur leur divan en réservant quelques miettes pour vaincre l’hostilité du désert et préserver l’hospitalité de ses habitants. À défaut d’en faire un paradis, les vampires ont multiplié des enfers à ciel ouvert avant même l’existence du gaz de schiste. Au moindre soupir, ils exhibent illico la « main étrangère », pendant que le petit peuple à la conscience constamment torturée se fait hara-kiri en se demandant où est passée la sienne, « la main de Fatma ». Certes pour n’importe quel observateur blasé, la perfide main est visible aux quatre points cardinaux de l’Algérie. Sûrement pas avec la complicité de la bourgade d’In Salah. Ses prestigieuses marques s’exhibent avec fierté autour de la poule aux œufs d’or noir et les 2% du territoire où végètent les 80 % de la populace. Contrairement aux colons, les nouveaux envahisseurs sont accueillis sur un tapis rouge par des potentats autoproclamés qui crient au loup quand les moutons résistent à l’anesthésie. La bourgade a fini par vieillir en bourgade. Elle ne se bat plus pour sa liberté, mais pour sa survie. Un manifestant a lancé à la caméra : « Nous sommes pauvres, malades, nous ne voulons pas d’hôpitaux de logements, du travail, de l’argent, nous voulons seulement qu’ils ferment leurs puits et qu’ils partent ! » Sait-il au moins qu’il y a des gens qui font des procès en Amérique contre les pompeurs du schiste et deviennent millionnaires. Comme cette femme qui a eu le réflexe d’analyser l’eau de son puits avant et après, une preuve irréfutable pour le juge. Mais en Algérie, le juge n’est élu que par Dieu et ses saints, les femmes ne font au mieux que des analyses de sang et le sous-sol appartient au mirage appelé Nation représentée par le Club des Pins et la Résidence de Zeralda. Dès l’annonce du PDG par intérim que les forages d’exploration ne seront pas interrompus, le « comité des 22 » meneur de la contestation s’est scindé en deux (El Watan, 9 février 2015). Le noyau dur probablement bien infiltré par la Pieuvre d’Alger consciemment ou inconsciemment, s’est fissuré dès le froncement des sourcils du Pouvoir. Bienvenue aux bonnes questions : Pour ou contre le gaz de schiste ? Ses dangers sont-ils réels ou surfaits ? Suis-je manipulé par les pros ou les antis ? Suis-je un vrai Algérien ou un vrai harki ? Vais-je sauver mes enfants en obéissant ou les condamner à la guerre civile, à la famine en m’opposant ?… On rappelle le cas de cette universitaire de Tizi-Ouzou qui avait critiqué les autorités locales au micro d’Al Maghribia. Menacée, elle a expliqué sur Facebook sa « trahison » : « … si j’étais seule, j’irais jusqu’au bout, mais j’ai un mari et un petit garçon à protéger… » Méthode infaillible d’après la psychologie contemporaine et les spécialistes du renseignement, section la torture : viser le faible pour faire tomber le fort. Les cobayes d’In Salah dont les pieds reposent sur les braises depuis belle lurette ne se posent pas ce genre de questions. Leur revendication n’a aucune chance d’aboutir lorsqu’on sait qu’ils se battent contre le duo : Sonatrach-Total.

En 1978, l’Exterminator a contaminé les réserves d’eau de l’une des plus grandes et des plus fertiles oasis du Sud, Ouargla, avec l’effondrement de son puits pétrolier bien conventionnel. Des hydrologues du monde entier ont été sollicités en vain. D’après ceux de l’Unesco, ce désastre écologique menace la nappe profonde, une réserve vitale pour l’Algérie et les pays voisins. Avec ce genre de calamités, cratères et radiations, plus ça dure plus ça s’empire et moins on en parle. En 1998, « forcés » d’en parler Total a déclaré « C’est de l’histoire ancienne » et Sonatrach par la voix de son directeur adjoint de la communication a conclu : « Je ne suis pas autorisé à parler au nom de la Sonatrach, mais quand la Sonatrach estimera opportun de réagir, la Sonatrach réagira… » Traduction : Sonatrah s’appartient et possède l’Algérie, ses puits et ses serfs. Sur Google on peut lire que la Banque mondiale avait voulu s’engager, mais a refusé de verser l’argent directement à la Sonatrach craignant son détournement. Que dire de plus sur la réputation sulfureuse et toxique de l’Unique l’Omniprésente Compagnie. Contrairement aux monarchies arabes, dans son dictionnaire maison, le pot-de-vin à deux chiffres n’a rien à voir avec la part du butin réservé à l’émir. « Pourquoi In Salah ne serait pas comme Dubaï, avec une forêt de gratte-ciel alors qu’elle fournit le pays en gaz ? Pourquoi nos routes sont-elles défoncées, les délestages en plein été ? Pourquoi notre eau, l’eau que nous buvons est salée à nous rendre hypertendus ? Pourquoi In Salah ne ressemble pas aux grandes villes pétrolières de par le monde ? Pourquoi notre hôpital n’a pas de spécialistes ? Pourquoi nos femmes meurent pendant le trajet vers Adrar ? Pourquoi y a-t-il un cimetière à Adrar réservé aux gens de In Salah qui meurent dans les hôpitaux de la ville ?… » [El Watan, 10 février 2015] Dans ces amères interrogations de l’enseignant-photographe du Collectif, beaucoup d’Algériens se reconnaîtront avec résignation et soulagement. Quand on a commencé à exploiter le gaz de la bourgade maudite dans les années 50, Dubaï n’était qu’un bourg de pêcheurs de perles ignoré du monde, d’après Wikipédia. Il est devenu l’un des principaux pôles mondiaux des affaires, du tourisme de luxe, du sport, du commerce… Le «génie» de la Compagnie nationale c’est d’avoir initié les pots-de-vin à deux chiffres qui tuent illico les affaires dans l’œil sans perte ni tracas. Pour « cuire » le festin, on a démoli la maison (version Ibn Khadoun) et pris la précaution d’éliminer les témoins sous les ruines. Pas besoin de faire la liste de ce que le deuxième chiffre du pot-de-vin coûte à la masse. La camelote, l’arnaque, le vol, la mauvaise foi, les mirages du navire rempli de gravats, des Japonais qui ne savent plus construire des autoroutes, ces accidents causés à 80 % par des voitures neuves … la pollution omniprésente, le cancer incurable, le terrorisme chronique, l’oxygène des poubelles et les produits ratés que la Chine au lieu de jeter, envoie au port d’Alger pour les recycler dans les poumons et les estomacs des bougnoules. Sans oublier les sempiternels classements internationaux en compagnie du trio Soudan-Somalie-Yémen. Quant à Total, il suffit de taper sur le clavier scandale et de lire la presse française pour s’apercevoir que c’est vraiment la totale. Même en France, accusé de pollution, il gagne ses procès. Total est le 3e plus gros émetteur de CO² et la République française en est si fière qu’elle oublie de lui demander une taxe exceptionnelle contrairement aux USA, à l’Angleterre et la Chine. Pourtant, c’est « la première entreprise française et le champion des profits et le roi des dividendes ». Elle réalise 90 % de son chiffre d’affaires à l’étranger.

Depuis 2010, le patron de Total a vu son salaire grimper de 13%, 3 millions d’euros, 185 ans de SMIC bruts. Pour ce traitement de nabab, Total a ses astuces. Par exemple de 2002 à 2005, les investissements ont augmenté de 22% alors que les profits de 106% pendant que les travailleurs ont vu leur salaire diminué de 8%. Elle est impliquée depuis des décennies dans le désastre au sud du Nigeria. « … Entre 9 et 13 millions de barils y ont été déversés depuis 50 ans … loin des caméras, 30 millions d’habitants du delta du Niger, région pauvre quadrillée d’oléoducs et parsemée de puits, ont vu leurs ressources se dégrader au fil des ans … une épaisse nappe de mazout lèche le sable … il y a 20 ans, il y avait du poisson… la terre n’est plus fertile à cause du pétrole. Nous inhalons cette chose, nous l’inhalons chaque jour et cela nous rend malades… Il y a des centaines de sites contaminés… » [Dans le delta du Niger, la pollution pétrolière est quotidienne (AFP, 2 juillet 2010)] D’après les Amis de la Terre : « la situation est dramatique, qu’il s’agisse d’environnement ou de dialogue avec les populations impactées par les activités de Shell, ENI et Total ». Tellement dramatique qu’en avril 2012, des milliers de militants et sympathisants d’Amnesty International de plus de 16 pays se sont mobilisés pour aider le Nigeria et le Niger. La pollution écologique ouvre la voie à d’autres pollutions. Au Nigeria, des milliers de personnes trouent les pipelines pour voler du pétrole brut qu’ils raffinent avant de le vendre. D’après le blog environnement du Guardian : « il y a de plus en plus de preuves que les vols les plus importants ne viennent pas des villageois et des agriculteurs du delta, mais des rackets sophistiqués, venant de gangs organisés au cœur du gouvernement local et même national et de l’armée qui volent et déversent le pétrole à grande échelle… » En Somalie, on a vu de paisibles pêcheurs se transformer en Shebabs parce que leur mer a été polluée et l’Algérie qui a à peine une génération d’indépendance se réveille en plein terrorisme de masse pour finir avec Aqmi et Compagnie en Seigneurs du Sahel… D’après le Monde.fr (5 août 2011), le vaste système de corruption mis en place par Saddam Hussein, le scandale « Pétrole contre nourriture », on retrouve le PDG de Total, des ministres français et des cadres de l’ONU. Total a fui les USA en « laissant des plumes » expression de son PDG. Chassé de Pologne, interdit de gaz de schiste en France et sur tout le territoire européen, il voit son eldorado dans la maudite bourgade. Sous le titre : « Quand les anciens « cobayes » veulent un statut de citoyens » on peut lire sur El Watan : « Début 2000, les experts de la compagnie In Salah Gaz (BP, Sonatrach, Statoil) nous annonçaient qu’ils allaient faire du stockage de monoxyde de carbone … prétendant que la compagnie avait tous les moyens, la technologie, l’imagerie satellite, la 3D et la 4D. En dépit des mises en garde des experts algériens quant au risque de pollution de l’aquifère, la compagnie persistait qu’il n’y avait aucun risque. Nous, on s’est dit qu’il s’agit d’abord de Sonatrach, entreprise nationale, qui maîtrise la technologie et qui plus est a un partenaire étranger qui a de l’expérience. Après dix ans, on apprend qu’il y a eu une fuite importante de CO²… » On parle ici d’énergie dite conventionnelle qui a pompé au Sahara toute sa beauté multimillénaire. On a cru longtemps que les touristes l’avaient déserté à cause du terrorisme, le voilà effacé de la « planète bleue » avant de libérer son schiste. Pendant qu’on inaugurait le gaz d’In Salah, à 250 km, à Reggane, explosa la première bombe atomique 4 fois celle d’Hiroshima et des déchets nucléaires magnifiant le soleil pour l’éternité : « Sauf qu’hier c’était le colonisateur et aujourd’hui c’est l’État qui veut se remplir les poches au risque de nous exterminer. » L’Algérie est un pays à 90% aride 70% hyperaride, le Sahara abrite dans ses profondeurs abyssales dit-on les réserves aquatiques les plus importantes au monde et quand on y parle d’eau, c’est pour dénoncer sa pénurie ou sa contamination par les pétroliers. Pour se suicider, le sudiste n’a qu’à étancher sa soif. Pour se justifier face à la Bourgade, la Sonatrach parle de ses experts en gaz de schiste bio, étant donné son pedigree et les casseroles de son « casier judiciaire », la raison exige des preuves. Un seul moyen pour convaincre les ignares têtus. Que les génies de notre « boîte de Pandore » aillent fissa confirmer le miracle en décrochant le prix Nobel en la matière. Ils sauveront ainsi le monde d’une pénurie énergétique. Une revanche vis-à-vis de la France qui avoue par la voix de son ex-ministre de l’écologie, Delphine Batho, n’avoir aucune expertise que celle des USA : « 3 milliards de m³ d’eau polluée à l’air libre, des nappes phréatiques empoisonnées par le mercure jusqu’au manque d’eau et la provocation de séismes… » [LePoint.fr, 3/03/11]

Dans le site français « Stop Gaz de Schiste ! (Ni ici Ni ailleurs) » (21 décembre 2012) on peut lire : « … quelle que soit la technique utilisée pour libérer les minuscules concentrations de gaz et de pétrole, la roche-mère doit être fracturée et les fissures gardées ouvertes, à l’aide de particules injectées par un liquide porteur. Les risques de remontée à la surface des contaminants naturellement présents dans la roche (métaux lourds, arsenic, éléments radioactifs, etc.) restent donc inchangés. De même, ni la fracturation au méthane, ni la fracturation pneumatique, ni la fracturation par arc électrique, ni la fracturation au CO², techniques extrêmement complexes en soi, ne permettront d’éviter les fuites de méthane et n’inverseront la tendance à l’aggravation de l’effet de serre … le Président avoue la responsabilité de l’ancienne métropole d’avoir instauré en Algérie un système colonial « profondément injuste et brutal », dans la réalité, la France considère toujours ses ex-colonies comme des laboratoires pour les sales besognes impossibles à mener sur le territoire national. Les Algériens peuvent remercier les dirigeants français et algériens qui s’entendent sans vergogne pour envisager ces projets au mépris de leur avenir. Mais nous considérons que leur avenir est aussi le nôtre. Les collectifs français en lutte contre l’exploitation et l’exploration des gaz et pétrole de schiste se joignent aux Algériens et à tous les Maghrébins ; Ni ci ni ailleurs, ni chez vous ni chez nous ! Ni aujourd’hui, ni demain ! NON, c’est NON, quelle que soit la technique ! » Ni ici ni ailleurs parce que des études européennes sur le pic de pollution en Corse à Paris et à Londres ont démontré qu’ici c’est ailleurs et ailleurs c’est ici. On a trouvé des particules fines (cancérigènes) véhiculées par le vent du Sahara. De mars 2002 à décembre 2004 à Barcelone, des chercheurs du Creal, centre espagnol en épidémiologie environnementale, ont constaté une augmentation de 8,4% de la mortalité quotidienne quand souffle le vent du Sahara chargé de poussière. Qui pourra nous chiffrer cette augmentation concernant la population d’In Salah et des 40 millions d’Algériens ? Sans parler de la Méditerranée, « véritable réceptacle de toutes les pollutions ». Les Européens reconnaissent avoir sous-estimé la pollution du Sahara et en bons capitalistes, ils avouent qu’elle coûte cher. On estime que 25 villes européennes économiseraient 31,5 milliards d’euros par an si elle suivait les recommandations de l’OMS pour diminuer la pollution. La Cour européenne de justice menace la France de 100 millions d’euros si elle ne réduit pas avant 2025 ses particules cancérigènes. Que représente cette somme face aux milliards par an engrangés par Total ? Que représente cette somme face aux avoirs des caïds de Sonatrach en Suisse ? Le philosophe et psychanalyste Cornelius Castoriadis, mort avant la crise économique de 2008, dans Une société en dérive parle de l’Occident comme d’une démocratie sans démocrates, que dire quand on n’a ni démocratie ni démocrates. Le duo Total-Sonatrach fonctionne bien, il ne reste qu’à l’imiter : un duo « Bourgade-Ni Ici Ni Ailleurs ». Les chiffres le confirment : ici c’est ailleurs. Ils vont hurler aux harkis, et ils ont raison. La pire trahison n’est-elle pas celle que les Algériens se sont faites à eux-mêmes en les subissant ? On le sent, il y a un avant et après In Salah, les colons ont été de bons prophètes : elle est maudite. Maudite pour maudite, dans l’impossibilité de vaincre, il ne reste aux gueux de la bourgade qu’à copier leurs frères Syriens. Se déplacer avec femmes enfants et bêtes vers le Nord de préférence le plus près du Club des Pins pour dresser les tentes. En Afrique, les Pygmées ont résisté à l’esclavage et à la colonisation, mais ils sont en train de disparaître avec leur forêt… Si dans le doute, il faut s’abstenir ; pour le gaz de schiste, on craint de ne jamais pouvoir méditer sur ce proverbe faute de survivant. Ferhat Abbas rappelle [Ferhat Abbas, Une autre Algérie (Benjamin Stora-Zakya Daoud)] : «Un vieux Kabyle qui faisait grief à Amirouche de la triste « nuit rouge » de la Soummam : « Nous avons raison de châtier les traîtres, répondit Amirouche. Dieu est avec nous. » Et le vieillard de répliquer : « Si tu continues dans cette voie, il ne restera en Algérie que toi et Dieu. » Parlant du désastre de la forêt amazonienne, un vieil indien a murmuré à un journaliste : « Quand ils arracheront le dernier arbre, ils se rendront compte qu’ils ne peuvent pas manger l’argent. »

Presse antiémeute (Mimi Massiva, LeMatindz.net, 12 février 2015)

 

Gaz de schiste : Alerte maximale à In Salah !

Des milliers de personnes ont pris part dans la matinée de ce jeudi 12 février 2015 au grand rassemblement tenu sur la “Place de la résistance”, devant le siège de la daïra, à l’appel du collectif citoyen anti-gaz de schiste d’In Salah.

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Deux résolutions phares ont été prises à l’issue de ce conclave. La première consiste au “lancement d’une pétition pour l’instauration d’un moratoire sur les opérations de forage de gaz de schiste”, a-t-on appris de sources locales. La seconde prévoit “le déplacement de tous les habitants d’In Salah sur le lieu des forages, à Gour Lahmar, à une trentaine kilomètres de la ville”. Si ce moratoire n’est pas décidé d’ici dimanche, “les 40’000 habitants que compte In Salah” rejoindront les quelques dizaines de concitoyens qui y manifestent depuis quelques jours déjà.

Les pouvoirs publics, de leur côté, semblent loin d’être prêt à faire machine arrière et à renoncer aux “forages-pilotes” de cet hydrocarbure non conventionnel. Preuve en est, d’après nos sources, le renforcement du dispositif sécuritaire au niveau des champs gaziers de la région. “Hier, il y a eu un renfort de gendarmes, la mobilisation de deux avions (militaires) et des chiens policiers (brigade canine, ndlr). Ce matin, des policiers anti-émeute ont été déployés sur la route menant vers les puits gazier”, affirme un citoyen d’In Salah. Un autre activiste souligne, pour sa part, que des “escarmouches ont eu lieu hier soir entre les gendarmes et les manifestants et la situation a failli dégénérer. La sagesse de quelques citoyens a pu heureusement calmer les esprits”. Au champ de gaz conventionnel de Hassi Moumène, “des éléments et des engins lourds de l’armée ont été déployés”, ajoutent nos sources.

Nos tentatives pour joindre le chargé de communication de la Gendarmerie nationale n’ont pas abouti. Celui de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), quant à lui, nous a dit en milieu d’après midi qu’il nous rappellerait lorsqu’il aura contacté ses subalternes à In Salah. À l’heure où nous mettons sous presse, il n’a toujours pas rappelé.

Presse antiémeute (Yacine Omar, Algerie-Focus.com, 12 février 2015)

 

In Salah : Un grand rassemblement des anti-gaz de schiste demain

Un appel à un grand rassemblement demain, jeudi 12 février 2015 à 10h, sur la “Place de la résistance”, sise en face du siège de la daïra, a été lancé aujourd’hui par le comité citoyen contre le gaz de schiste d’In Salah.

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Les rédacteurs de l’appel, qui ne sont autres que le groupe dit “des 22″, invitent ainsi leurs concitoyens à venir “se concerter et décider des actions à mener en réponse à la hogra dont nous sommes victimes de la part de l’État”, apprend-on de source sûre. “Les citoyens d’In Salah s’indignent face au mépris qu’affichent les pouvoirs publics à leur encontre. Aucune suite n’a été donnée à notre demande d’installation d’une commission de suivi et de surveillance des opérations de forage de gaz de schiste. Le président de la République n’a pas daigné, lui aussi, répondre à nos nombreuses sollicitations qui lui ont été transmises à travers son représentant personnel (le DGSN, Abdelghani Hamel, ndlr) ou par le biais des mille et un émissaires du gouvernement envoyés sur place depuis le début du mouvement d’opposition au gaz de schiste”, explique-t-on.

D’après nos sources, les meneurs du mouvement estiment donc qu’il est plus que jamais temps “de répondre, d’une seule voix, aux provocations répétées et à la tergiversation délibérée de l’État qui s’entête à poursuivre son projet d’exploitation de ce gaz non conventionnel en Algérie, faisant fi de l’opposition citoyenne et pacifique à In Salah et ailleurs”. Des délégations issues d’autres communes, notamment de celle d’In Ghar, sont également attendues à ce grand meeting, à l’issue duquel seront arrêtées les actions à mener dans les jours à venir.

Presse antiémeute (Yacine Omar, Algerie-Focus.com, 11 février 2015)

 

Gaz de schiste : La tension monte à In Salah

Depuis les dernières déclarations du PDG par intérim de Sonatrach, Saïd Sahnoune, qui a affirmé le maintien des forages expérimentaux de gaz de schiste, la tension est montée d’un cran chez les manifestants d’In Salah qui expriment leur opposition à ce projet depuis fin décembre dernier. Depuis, ces derniers multiplient les actions de protestation tant au niveau de la ville qu’à proximité des lieux de forage.

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Ce mercredi 11 février, plusieurs dizaines de manifestants se sont rassemblés devant les puits-pilotes de gaz de schiste dans le bassin d’Ahnet, à une trentaine de kilomètres de la ville d’In Salah, où un autre groupe de citoyen poursuit toujours le sit-in permanent entamé le 1er janvier dernier devant le siège de la daïra. Des sources locales concordantes affirment également que “des chemins menant aux champs gaziers de la région, y compris ceux de gaz conventionnel, comme celui de Hassi Moumène, ont été fermés”. “Les citoyens empêchent ainsi tout véhicule transportant de matériels ou équipements soupçonnés d’être destinés à la fracturation hydraulique de gagner sa destination finale”, affirme-t-on.

Mieux encore, des délégations des protestataires se sont rendues sur les lieux de forage où elles ont averti les responsables des firmes étrangères présentes sur place quant à toute velléité de procéder à la fracturation dans le deuxième puits d’Ahnet. “Les manifestants ont sommés les responsables de ces sociétés de transmettre le message à leurs directions respectives, basées à Hassi Messaoud ou à Alger, et d’assumer les conséquences éventuelles au cas où elles s’aventureraient dans une telle entreprise destructrice”, ajoute-t-on.

D’après les mêmes sources, d’importants dispositifs sécuritaires ont été déployés au niveau des bases d’exploitation gazière de la région. Ce dispositifs, précise-t-on, sont composés d’”éléments et de véhicules anti-émeutes de la Gendarmerie nationale, qui sont sur leur garde et prêts à intervenir si l’ordre leur sera donné”.

Presse antiémeute (Yacine Omar, Algerie-Focus.com, 11 février 2015)

 

Poursuite des forages de gaz de schiste
Les manifestants d’In Salah répondent au PDG de Sonatrach

La protestation antigaz de schiste prend l’allure d’un combat frontal entre une population organisée et hautement consciente des implications écologiques de l’industrie pétrolière et gazière et le gouvernement.

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Les citoyens d’In Salah sont à leur quarantième jour de manifestation antigaz de schiste

En réaction au maintien des forages d’exploration des hydrocarbures non conventionnels annoncé par Saïd Sahnoun, PDG par intérim de la compagnie nationale des hydrocarbures, dimanche à Alger, lors d’une conférence de presse, la population d’In Salah a décidé de déplacer son sit-in tenu place Somoud sur le site des forages dits expérimentaux.

C’est carrément un mur humain qui a été constitué, hier vers midi, devant le forage Dar Lahmar. Sous une pluie fine, qui s’est accentuée au fur et à mesure que la journée avançait, des autobus, des véhicules utilitaires et de tourisme ont transporté hommes, femmes et enfants vers les puits de gaz de schiste décriés depuis 40 jours en vain.

La protestation antigaz de schiste dans la capitale du Tidikelt, du gaz et désormais du schiste, prend l’allure d’un combat frontal entre une population organisée et hautement consciente des implications écologiques de l’industrie pétrolière et gazière conventionnelle et non conventionnelle, dont son territoire est le terrain d’expérimentation et d’exploitation depuis 2009, selon les dernières déclarations officielles.

Des annonces contradictoires se sont succédées depuis le début de cette contestation citoyenne qui a migré d’In Salah à Ouargla, de plus en plus mobilisée et seule face à Sonatrach. À In Salah, les réactions sont unanimes aux derniers propos de Saïd Sahnoun, qui annonçait dimanche « le maintien des forages de puits-pilotes dans l’Ahnet ».

« Nous sommes sur le point d’achever cet ouvrage, c’est une question de quelques jours. Dès que nous terminerons, l’appareil (de forage) sera transporté vers un autre site d’exploration pour lequel il est programmé », a affirmé M. Sahnoun, qui a omis de donner le nom du deuxième site d’exploration, sans doute pour éviter une nouvelle polémique. Réagissant aux propos du PDG de Sonatrach, le président de l’association Shems d’In Salah décrit « une nouvelle opération de maquillage pour embellir un singe qui n’en sera pas plus beau, c’est tout simplement l’esthétique de l’horreur qui a commencé parce que nous avons osé réagir ».

Emboîtant le pas à In Salah qui a donné une leçon de savoir et de savoir-faire écologique au pays grâce à sept associations de l’environnement pour 45’000 habitants, Ouargla a pu imposer son mode de contestation désormais permanent avec une kheïma en plein souk El Hedjar, où s’organisent chaque jour des débats à ciel ouvert où des citoyens bravent le froid et la pression des autorités pour venir écouter des experts prêcher contre « le danger qui guette les eaux souterraines du Sud, son sol et son ciel ».

Presse antiémeute (Houria Alioua, ElWatan.com, 10 février 2015)

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[Sud-Tunisien] Ministres, dégage !

À Médenine, la délégation ministérielle est dégagée

Lors de sa visite à Médenine, jeudi 12 février 2015, la délégation gouvernementale composée essentiellement du ministre des Finances, Slim Chaker, et du ministre du Développement et de l’Investissement, Yassine Brahim, a été accueillie par des cris de protestation.

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Ainsi, les deux ministres avaient essuyé les sifflets et les « Dégage ! » d’une foule en colère. Les deux hommes et leurs compagnons avaient même été empêchés d’accès à l’un des établissements publics de la ville par les protestataires qui étaient accrochés aux barreaux de son portail d’entrée en scandant des slogans tels que « Travail, liberté et dignité ! » .

On rappelle que le gouvernement a dépêché une équipe ministérielle dans le sud-est du pays après de violentes émeutes déclenchées à Dhehiba dont le bilan fait un mort et plusieurs blessés. On fait également remarquer que lors de son passage radio ce matin sur Express Fm, M. Chaker avait déclaré qu’ à Dhehiba l’accueil était agréable.

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VOIR LA VIDÉO

Presse antiémeute (BusinessNews, 12 février 2015)

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[ZAD des Chambarans] Des spéculateurs avides d’argent public pour prospérer, soutenus par des élus qui tentent de passer en force en employant la violence, et à coups d’opérations de propagande, devraient être sanctionnés, et le projet de Center-Parcs de Roybon, purement et simplement abandonné

http://juralib.noblogs.org/files/2015/01/0311.jpgLe collectif grenoblois de soutien à la Zad des Chambarans tiens à alerter largement de la gravité des agressions dont les manifestants du week-end des 7 et 8 février ont été la cible à Roybon et dans ses environs.

Alors que la population était invitée à rejoindre la ZAD pour une marche suivie d’un pique-nique et de deux jours d’échanges sur le site occupé, quelques « pro-Center-Parcs » se sont livrés à une série d’actes graves et délictueux : barrages routiers empêchant les manifestants de rejoindre la ZAD, insultes et intimidations (notamment à l’aide d’une tronçonneuse), et pour finir, un passage à tabac et l’incendie de deux véhicules.

Ces méfaits sont le résultat de mois de dénigrement orchestrés politiquement et médiatiquement contre les opposants au Center-Parcs. Alors que des élus de tous bords favorables au projet bénéficient de pleines pages pour diffamer les opposants, les agressions de ce week-end n’ont fait l’objet que de minces entrefilets.

Nous constatons que confrontés à une opposition déterminée mais pacifique à ce projet, des élus se livrent à une campagne de dénigrement et de manipulation des populations locales. Celle-ci a donné libre-cours ce week-end à des pratiques que l’on peut qualifier de fascisantes. Des appels au meurtre à l’encontre des occupants de la ZAD circulent déjà sur internet. Nous exhortons solennellement les médias à faire leur travail honnêtement, et les responsables politiques à cesser ce jeu malsain.

Le collectif grenoblois de soutien à la Zad des Chambarans continuera sans relâche de combattre ce projet de « Center-Parcs » autorisé en dépit d’un rapport d’enquête négatif et retoqué par le tribunal administratif. Des spéculateurs avides d’argent public pour prospérer, soutenus par des élus qui tentent de passer en force en employant la violence, et à coups d’opérations de propagande, devraient être sanctionnés, et le projet de Center-Parcs de Roybon, purement et simplement abandonné.

Collectif grenoblois de soutien à la Zad des Chambarans
à Grenoble, le 12 février 2015

Permanence les mercredis 20h-22h
14, place St Bruno – 38000 Grenoble
Pour tous contacts

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À/ et/ Nous ? Les athéEs…

À/ et/ Nous ? Les athéEs…

Alors, c’est bien vrai ? Personne pour se souvenir de cette fière foule, droite et debout, pour dire au Pape de l’époque qu’il n’était pas le bienvenu ?

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René Binamé : Odeur de sainteté (espace autogéré de Lausanne, 3 mars 2006) | VOIR LA VIDÉO

Après une campagne réussie pour l’apostasie : où nombre de baptiséEs contre leur gré, sont alléEs voir leur évêque, leurs familles, pour leur expliquer : À chier, du Pape, du catholicisme, de votre religion bêtisante et culpabilisatrice.

On était agresséEs à tous les coins des rues de la capitale, et même dans les provinces, par des cantiques cuculs bêlés par des jeunesses déjà repentantes
— qui baisaient coupables dans les ruelles sombres —.
Leurs guitares désaccordées, leurs « propres-sur-elleux » plutôt glauques, prémices de cette morale bien française qu’on a pu revoir, hystériques, contre le mariage pour toutes/tous…

On savait que notre État étatique était amnésique : trente ans voire plus pour se « repentir » des exactions de l’armée française en Algérie ; ben, oui, après tout, les « événements » ne sont devenus : guerre d’Algérie, que quand tout fût consommé…
Sans causer, bien-sûr/e, des saloperies d’après Deuxième Guerre mondiale, des fortunes faites sur le dos des mortEs : pour la France !

AthéEs, Anarchistes … on nous oublie
Mais plus pour longtemps.

Et merci à … Bakounine.

MERDE À LA FRANCE, MERDE À CELLEUX QUI LA GOUVERNENT…
on est là, debout, athéEs…
… car illes se croient debout, illes sont à genoux
PAS NOUS !

A. H. – 12 février 2015

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[Les nouveaux métiers en tension] Devenez apostat

Les nouveaux métiers en tension : devenez apostat

On ne naît pas anarcho-syndicaliste (ou ce que vous voulez), on le devient… Par contre, certain(e)-e-s naissent pratiquement catholiques malgré eux à quelques semaines ou mois. Malgré eux, ils le restent à l’âge adulte … par paresse ? Après tout, on a d’autres chats (noirs) à fouetter, d’autres priorités que de s’user avec des histoires de curés. Certes, mais alors qu’on détourne pudiquement le regard de l’Église, on lui laisse le champ libre pour utiliser son nom dans les combats les plus douteux. Dernier exemple en date, la « marche pour la vie » dont je ne saurais trop vous conseiller le site internet. On y lit le soutien de nombreux évêques et du Pape, des associations familiales catholiques déversant le discours habituel anti-IVG, anti-homosexualité, sexiste et toute la panoplie patriarcale classique assaisonnée aux louanges faites au gouvernement espagnol. On y ressort sans sourciller certains vieux slogans franquistes — « viva España ! » — ; on a pas eu droit à « viva la muerte », pour des pro-life, ça brouille le message. Enfin, on y remercie les députés qui luttent à l’assemblée par leurs amendements contre l’IVG (tiens, une certaine Mme Dalloz chère aux Haut-Jurassiens dont le nom figure entre ceux de Maréchal-Le Pen  et de Bompard). Bref, la « collaboration » entre élus et Église n’est plus à démontrer mais elle bat son plein … au nom des millions d’individu-e-s baptisées par l’Église.

Car si le catholicisme semble marquer le pas, du moins sous nos latitudes et en ce qui concerne « la pratique », son influence demeure oppressante. L’épistémè judéo-chrétienne n’a de cesse, dans le sillage de Paul l’hystérique Tarsiote s’emmêlant les crayons sur le chemin de Damas puis de Constantin l’empereur (vite) converti, de nous enseigner l’obéissance au Prince, à l’ordre et à l’autorité. Des lors, la légitimation et la justification de la condition des dominés lui assure la reconnaissance (méritée il est vrai) des dominants. Si cette Église sait se montrer arrangeante avec les puissants, on sait en revanche qu’elle est  impitoyable avec les indomptables et les sans-grade, y compris dans ses propres rangs. C’est ainsi que l’Église préfère les pauvres et les insoumis : à genoux.

Que pouvait-on attendre d’autre d’une Église qui a toujours su choisir avec discernement ce qu’elle encourage (les Croisades, les conquistadors, les massacres des Communards, des siècles d’absolutisme monarchique, la boue des tranchées, les pires bassesses de la collaboration, le franquisme, la dictature de Pinochet, de Videla — suivez mon regard — et de tant d’autres…) et ce qu’elle a invariablement condamné avec la plus extrême fermeté : l’homosexualité, le féminisme, la contraception, l’avortement, la volonté d’émancipation des opprimés, la connaissance et les livres, les révolutions, exception faite de la « révolution nationale » ?

Certes, les registres de baptême ne trompent personne, ils sont aussi pleins que les églises sont vides, mais c’est une question de principe. Si vous êtes dans ce cas et qu’il vous est insupportable de compter au nombre de ceux qui garnissent les effectifs officiels des catholiques et servent par la même occasion de caution involontaire aux basses besognes des lobbyistes de l’ordre moral, commencez par le commencement : demandez à être rayés des listes des baptisés (démarche d’apostasie). Vous trouverez tous les renseignements sur différents sites : apostasiepourtous.fr ; panthèresroses.org ou athéisme.free.fr

FACHOS HORS DE NOS VIES !

Raphaël, CNT 39 – Le Chaboteur n°7, février 2014

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[ZAD du Testet] S’ils nous dégagent, on revient !

http://juralib.noblogs.org/files/2015/02/13.gifS’ils nous dégagent, on revient ! Appel à réoccupation potentielle de la ZAD du Testet

Ami-e d’ici ou d’ailleurs, le projet initial de barrage de Sivens semble prendre la voie de l’abandon. Mais cette victoire n’est que très partielle car d’autres ouvrages hydrauliques ont été proposés par le ministère de l’Écologie pour le site de Sivens. Les choix se sont appuyés plus sur les pressions diverses et une stratégie politicienne que sur le travail d’analyse et des arguments rationnels. Les solutions privilégiant un progrès social et humain ont été balayées pour laisser place uniquement aux solutions pseudo-techniques, s’intégrant comme à l’accoutumée dans la logique capitaliste d’un système dévastateur.

La vallée du Tescou reste une Zone À Défendre !

Les politicien-ne-s aidé-e-s par des réactionnaires de tous bords préparent l’opinion publique à une expulsion. Mercredi 28 janvier, un huissier a constaté l’occupation des parcelles du site pour entamer une procédure d’expulsion qui devrait aboutir début février. Notre occupation est expérimentale de nouveaux modes de vie, de nouvelles pratiques, elle est aussi une force de proposition. Si notre occupation peut-être adaptée au nouveau contexte, elle reste nécessaire et légitime.

Venez nombreuses et nombreux renforcer l’occupation. Soyons créatifs, responsables, respectueux et construisons un monde à cette image !

Nous ne défendons pas le Vivant, nous sommes le Vivant qui se défend ! Résistons !

En cas d’expulsion, nous vous appelons toutes et tous à venir participer à la réoccupation et à la reconstruction de la ZAD du Testet, un mois jour pour jour après le début de l’expulsion.

Préparons-nous, tenons-nous prêt-e-s ! S’ils ne servent pas ici, les préparatifs serviront à une autre ZAD.

On est là pour changer la donne, pas question qu’on abandonne !

S’ils nous dégagent, on revient !

Tant qu’il y aura des bouilles, 29 janvier 2015

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[Sud-Tunisien] « Une révolution des affamés et une étincelle pour une nouvelle révolution »

Ben Guerdane : de nouveaux affrontements entre des protestataires et les forces de l’ordre

Les affrontements ont repris entre les protestataires et les agents de la sécurité à Ben Guerdane, mercredi 11 février, a rapporté notre correspondant dans la région.

Selon des témoins oculaires, les protestataires ont assailli de pierres les agents de la sécurités au niveau de la place du Maghreb Arabe ce qui les a conduit à utiliser le gaz lacrymogène pour disperser les manifestants.

D’autre part, les agents de la municipalité ont entamé un sit in de protestation devant le siège de la municipalité pour dénoncer l’agression de deux de leurs collègues par les agents de sécurité lors des altercations.

Presse antiémeute (ShemsFM.net, 11 février 2015)

 

Violences dans le sud de la Tunisie

Le gouvernement tunisien a dépêché mercredi deux ministres dans le sud du pays, région pivot de la contrebande avec la Libye agitée par des tensions sociales ayant fait un mort. Le ministre des Finances Slim Chaker et celui du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale Yassine Brahim sont attendus dans les gouvernorats de Tataouine et de Médenine, a indiqué à l’AFP le responsable de la communication du gouvernement, Mofdi Mseddi.

C’est à Dehiba, dans le gouvernorat de Tataouine à la frontière libyenne, qu’un jeune homme a été tué dimanche lors d’affrontements avec la police. Les violences avaient été déclenchées par la saisie d’essence de contrebande mais s’inscrivent dans le cadre d’une contestation plus large. Le Sud, qui vit largement de divers trafics avec la Libye et se dit délaissé depuis des dizaines d’années par les autorités tunisiennes, réclame notamment des créations d’emplois. « Le conseil des ministres a chargé les ministres de se rendre sur les lieux pour s’enquérir de la situation et des revendications sociales », a dit M. Mseddi, en ajoutant que MM. Chaker et Brahim s’entretiendraient avec « les principaux acteurs, notamment la société civile ».

Mardi, une large partie du Sud a observé une grève générale. À Ben Guerdane, près du principal poste-frontière avec la Libye de Ras Jedir, des heurts sporadiques ont opposé de jeunes manifestants à la police. Les syndicats de ces régions, outre des emplois et des investissements, réclament la suppression d’une taxe de sortie du territoire tunisien imposée aux étrangers non résidents depuis octobre et qui nuit, selon les habitants, au commerce avec la Libye.

Presse antiémeute (lexpressiondz.com, 11 février 2015)

 

Tunisie : le sud du pays paralysé par un vaste mouvement de grève

En Tunisie, un mouvement de grève a bloqué l’essentiel des administrations et des services publics du sud du pays ce mardi 10 février. Des heurts entre policiers et manifestants le week-end dernier, qui ont fait un mort, ont poussé les principaux syndicats à initier cette grève. Ces affrontements ont été causés par des saisies d’essence de contrebande dans cette zone frontalière avec la Libye.

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Les forces de l’ordre tunisiennes sécurisent le sud du pays, à la frontière libyenne, où ont éclaté des heurts entre la police et des manifestants provoquant ce mouvement de grève, ici le 9 février 2015.

Le mouvement de grève a été largement suivi dans les localités du sud du pays, selon la Confédération générale tunisienne du travail. Les services de transport n’étaient pas disponibles et les commerces étaient fermés, assure cette organisation. Seuls les hôpitaux et les pharmacies restaient ouverts.

Cette grève permet à la population de protester contre l’emploi d’armes envers les citoyens lors des divers mouvements ou manifestations, fréquents dans cette zone frontalière avec la Libye. Les grévistes réclament une enquête sur les événements qui ont débouché sur le décès d’une personne civile le week-end dernier.

Autre revendication : les syndicats demandent la suppression d’une taxe de passage évaluée à près de 30 dinars (environ 13 euros). « Or, souligne un syndicaliste joint par RFI, les commerçants du sud du pays passent plusieurs fois par jour le poste frontière, cela représente un poids financier. »

Sur ce point, le gouvernement tunisien semble vouloir lâcher du lest : « La suppression de cette taxe est à l’étude », assurent les autorités. Toutefois, le gouvernement compte maintenir la vigilance tout en trouvant un équilibre. Le commerce informel coûte chaque année près de 600 millions d’euros à la Tunisie.

Publié par le savoir-faire français (RFI.fr, 10 février 2015)

 

Tunisie : grogne dans le sud, l’UGTT somme le gouvernement d’agir

Selon l’Union régionale du travail (UGTT), la plupart des commerces de la région de Tataouine, en Tunisie, étaient en grève, ce mardi, à la suite de heurts entre policiers et manifestants qui protestaient contre la saisie par les forces de l’ordre d’essence de contrebande. L’UGTT appelle le gouvernement à agir.

Nouvelle grogne dans le sud de la Tunisie ! Selon l’Union régionale du travail (UGTT), la plupart des commerces de la région de Tataouine étaient en grève, ce mardi 10 février 2015. Cela fait suite à des heurts entre policiers et manifestants, dimanche, qui protestaient contre la saisie par les forces de l’ordre d’essence de contrebande. À l’exception, en effet, des services d’urgence, des pharmacies et de boulangeries, l’essentiel des commerces et bureaux de la région de Tataouine sont restés fermés, précise l’Union régionale du travail.

De même, la ville de Ben Guerdane, dans la région de Médenine près du poste frontière de Ras Jedir, n’a pas été épargnée par la grogne. Elle a aussi été paralysée. Les syndicats dans ces deux régions réclament des créations d’emplois, la suppression d’une taxe de sortie du territoire tunisien, l’assouplissement des contrôles douaniers sur les transports des marchandises et une enquête sur le « recours excessif » à la force par la police, lors de manifestations, dimanche, où notamment une personne a péri.

L’UGTT dénonce la récupération du mouvement par les contrebandiers

Dehiba est le deuxième grand point de passage vers la Libye après celui de Ras Jedir. Malgré la fermeture des frontières entre la Tunisie et la Libye, de nombreux trafics de contrebande du pétrole libyen sont à noter entre le sud tunisien et la Libye. Selon un rapport publié en décembre 2013 par la Banque mondiale, le commerce informel, qu’il soit avec la Libye à l’est ou l’Algérie à l’ouest, coûte à la Tunisie, chaque année, au moins 1,2 milliard de dinars, soit un peu moins de 600 millions d’euros. Selon la Banque Mondiale, près de 328’000 tonnes de produits de contrebande passent notamment par le poste de Ras Jedir chaque année et 20% de la population active de Ben Guerdane vit exclusivement de ce commerce, qui « représente plus de la moitié des échanges bilatéraux avec la Libye ».

Toutefois, l’UGTT tout en affirmant son soutien aux mouvements sociaux et aux « revendications légitimes des manifestants, a dénoncé l’instrumentalisation de ces mouvements par les contrebandiers qui veulent récupérer les manifestations à leur profit ». L’organisation a affirmé « le droit des habitants de Dhehiba, gouvernorat de Tataouine, et Ben Guerdene gouvernorat de Medenine, à la manifestation pacifique, à l’emploi, au développement régional et à la justice sociale, en pressant le gouvernement de prendre des mesures urgentes pour ces régions marginalisées. »

La centrale syndicale a sommé les autorités d’interdire la chevrotine et appelé à l’ouverture d’une enquête pour élucider les dessous et les dépassements commis dans cette affaire et à l’activation des accords internationaux pour la protection des frontières et des droits des travailleurs.

Presse antiémeute (Assanatou Baldé, Afrik.com, 10 février 2015)

 

Grève générale à Ben Guerdane mais les affrontements reprennent

Les différentes activités économiques, commerciales et éducatives ont été totalement paralysées, mardi, dans la délégation de Ben Guerdane (Gouvernorat de Médenine), à l’exception des laboratoires d’analyse médicale, des pharmacies, du service des urgences et de celui des dialyses.

Cette situation est la conséquence de la grève générale observée à l’appel de l’Union locale du travail (ULT) de Ben Guerdane, avec le soutien de l’Union locale de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (ULICA) et de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (ULAP).

Elle entre dans le cadre du mouvement de protestation qui se poursuit dans la région, pour la deuxième semaine consécutive, afin de revendiquer le développement et l’annulation de la taxe sur le départ des Libyens qui quittent le pays.

Le responsable du poste-frontière du côté libyen a démenti les rumeurs concernant la fermeture du passage, même provisoirement, alors que, du côté tunisien, le trafic se poursuit, normalement, avec, tout de même une certaine lenteur.

Une marche populaire pacifique a été, en outre, organisée avec la participation d’un nombre important de citoyens. Ils ont scandé des slogans appelant à annuler de la taxe de 30 dinars (pour les Libyens), à faciliter les procédures douanières et à considérer le poste-frontière comme un complément pour le développement et non un substitut.

Ils ont, aussi, appelé à réactiver les projets publics et privés en suspens dans la zone et à équiper l’hôpital régional d’un scanner. Toutefois, malgré le caractère pacifique de la marche, des participants se sont dirigés vers la place du Grand Maghreb arabe de la ville, ont brûlé des pneus et lancé des pierres, faisant déraper la situation vers des affrontements avec les forces de l’ordre qui ont fait usage de bombes de gaz lacrymogène, pour éloigner les manifestants.

D’après l’ULT, la grève a réalisé un taux de succès de 99 pc, sans qu’il y ait, toutefois, aucune réponse aux revendications des protestataires. Le président de l’ULICA, Lazhar Débir, a considéré que « les décisions du conseil ministériel et de la cellule de crise sont de la poudre aux yeux, surtout qu’elles demeurent encore dans l’expectative, et non des décisions audacieuses et claires ».

Il a adressé au gouvernement une demande portant sur « l’adoption d’une loi qui permette de prélever une partie des revenus des postes-frontières à dépenser pour le développement local des zones les abritant ».

En parallèle, les protestataires indiquent qu’ils sont attachés à la poursuite de leur mouvement, le considérant comme « une révolution des affamés et une étincelle pour une nouvelle révolution qui cherche à rendre à la zone ses richesses spoliées et sa part du développement et des recettes du passage frontalier de Ras Jédir ».

Les députés de la région à l’assemblée des représentants du peuple, ont participé à la marche et au rassemblement, et ont commencé des négociations avec les parties libyennes, dans une réunion qui aurait dû avoir lieu, dans la nuit du lundi à mardi, mais qui avait été reportée sine die.

Presse antiémeute (DirectInfo avec TAP, 10 février 2015)

 

Ben Guerdane : 16 détenus libérés

Le secrétaire général du Syndicat de la sécurité nationale de Ben Guerdane, Salah Mansouri, a annoncé, dans la soirée du lundi 9 février 2015, la libération de 16 manifestants arrêtés, et ce suite aux diverses protestations dont la ville a été témoin.

Salah Mansouri ajoute dans sa déclaration que cette libération s’est effectuée suite à la signature d’un engagement par chacun des détenus.

Presse antiémeute (DirectInfo, 10 février 2015)

 

Tunisie : Heurts dans le Sud après une saisie d’essence de contrebande

Des affrontements ont opposé hier des habitants aux forces de l’ordre à Dehiba, dans le sud de la Tunisie, à la frontière avec la Libye, après la saisie d’essence de contrebande, a indiqué le ministère de l’Intérieur.

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« Remerciements spécial au gouvernement tunisien pour sa générosité et ce qu’il a envoyé, comme grande quantité de balles réelles, de chevrotine et lacrymogène aux habitants désarmés de Dhiba »

La police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les protestataires qui ont, eux, jeté des pierres et des cocktails Molotov sur les forces de l’ordre, a affirmé le porte-parole du ministère, Mohamed Ali Aroui.

Les heurts à Dehiba, point de passage entre la Tunisie et la Libye, ont commencé samedi et ont repris hier après une accalmie. Les protestataires avaient déjà, la veille, lancé des cocktails Molotov sur le poste de la Garde nationale (gendarmerie), selon M. A. Aroui. Le porte-parole du ministère de la Défense, Belhassen Oueslati, a indiqué que l’armée s’est positionnée devant la mairie, la poste et la sous-préfecture pour éviter qu’elles ne soient visées par les violences.

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« Le prestige de l’État »

Le Sud tunisien vit largement du commerce, formel ou informel, avec la Libye. La région est un haut lieu de contrebande de carburant en provenance de Libye, un trafic lucratif sans lequel la population locale dit ne pas pouvoir survivre.

Publié par le savoir-faire français (Agence Faut Payer via ElWatan.com, 9 février 2015)

 

Tunis : Les gros bonnets de la contrebande et le terrorisme derrière les heurts de Dehiba !

Dehiba, point de passage entre la Tunisie et la Libye était le théâtre d’affrontements ayant opposé hier des habitants aux forces de l’ordre après la saisie d’essence de contrebande.

http://juralib.noblogs.org/files/2015/02/151.jpgLes heurts ont commencé samedi et ont repris hier après une accalmie. Les protestataires avaient déjà, la veille, lancé des cocktails molotov contre le poste de la Garde nationale. Bilan : une personne a trouvé la mort et 14 autres ont été blessées suite au recours à l’usage des balles réelles.

Ce recours à la force continue à alimenter la polémique bien que le ministère de l’Intérieur l’ait justifié par la recrudescence des actes commis contre certains points sensibles. Plusieurs formations politiques et différentes composantes de la société civile ont déjà dénoncé l’usage des armes à feu tout en mettant en garde contre les répercussions de ce genre d’actions sur la stabilité de pays.

Une polémique qui a poussé le ministère de l’Intérieur à défendre mordicus sa position en disant qu’il est prêt à se soumettre à toute commission d’enquête « quelle qu’elle soit » sur les événements de Dhehiba. Mohamed Ali Aroui au nom de son département a annoncé qu’une enquête judiciaire ainsi qu’une autre administrative seront ouvertes pour déterminer les responsabilités dans le meurtre du jeune homme.

L’usage des balles réelles est légitime

En dépit de la gravité de la situation dans cette région, considérée comme une plaque tournante du commerce informel, le recours à l’usage des balles réelles est justifié par plusieurs experts. C’est le cas de Mokhtar Ben Nasr, membre du Centre tunisien des études de la sécurité globale qui a estimé dans un entretien téléphonique avec « AfricanManager » que l’utilisation de balles réelles est légale dans le but d’assurer la stabilité du pays.

Un avis partagé par l‏’expert en sécurité stratégique, Ali Zeramdini qui a affirmé que l’usage des balles réelles est en conformité avec la loi, dès lors que des points sécuritaires « sensibles » sont visés. « Attaquer les locaux de la police des frontières est un acte dangereux étant donné qu’il s’agit d’une centrale où sont déposées les armes lourdes, les moyens des communications, et où sont assurés les services principalement au niveau des frontières », a-t-il expliqué.

Des mafias de contrebande derrière le drame

Pour l’expert en sécurité stratégique, les incidents sont le fait de provocations et le problème est loin d’être lié au développement de la région et à l’emploi. C’est tout simplement des mafias de la contrebande qui sont en train d’ameuter la rue pour réaliser leurs desseins.

« Une revue de la chronique des événements démontre que les bonnets de la contrebande sont derrière ces incidents », a-t-il dit ajoutant que « les citoyens étaient exploités pour provoquer la tension dans le Sud tunisien, et c’est bien calculé. Car, elle vient à un moment où la situation en Libye est de plus en plus détériorée. D’où, une étroite connexion directe entre le terrorisme et la contrebande. »

Ligne maritime pour gérer la crise

Pour plusieurs experts, la gravité de la situation commande, au delà de mesures annoncées hier par la cellule de crise en charge du suivi de la situation sécuritaire dans le pays, une prise de conscience globale de la part de tous les intervenants.

Parmi ces mesures, figure l’ouverture d’une enquête sur les circonstances de la mort de l’un des manifestants et l’examen de la possibilité de réviser la taxe de sortie du sol tunisien imposée aux Libyens.

Sur le plan sécuritaire, ces experts ont jugé utile d’appliquer la loi qui est le seul garant de la stabilité du pays qui a réussi à achever son processus transitionnel en mettant en place un gouvernement permanent.

Au niveau économique, la mise en place « d’une ligne maritime directe » est une solution idoine pour organiser les circuits de l’importation. Une démarche d’autant plus essentielle qu’elle va certainement obliger les importateurs à respecter la loi et par la suite ils seraient appelés à payer les taxes dont les bénéfices seraient importants pour la trésorerie de l’État tunisien.

Des suggestions qui sont certes importantes, mais qui viennent à un moment où un climat délétère règne dans la région de Tataouine qui sera demain le théâtre d’une grève générale décrétée par l’Union régionale du travail de Tataouine, l’Union régionale des agriculteurs et l’Union régionale de l’industrie, du commerce et de l’Artisanat.

Presse antiémeute (Wiem Thebti, AfricanManager, 9 février 2015)

 

Heurts entre protestataires et forces de l’ordre à Ben Guerdane

Un jeune a été blessé aux yeux, à la suite des heurts qui ont éclaté, dimanche à Ben Guerdane (Médenine), entre les forces de l’ordre et des protestataires. Selon un témoin oculaire, le blessé a été transporté en urgence à l’une des cliniques privées de Zarzis.

Un mouvement de protestation est organisé, depuis une semaine, à Ben Guerdane pour protester contre la décision des autorités sécuritaires d’interdire le transit des marchandises en provenance de Libye et revendiquer la suppression de la taxe de sortie du sol tunisien imposée aux libyens.

Tout en dénonçant le mutisme du gouvernement vis-à-vis de leurs revendications, plusieurs habitants de Ben Guerdane se sont rassemblés, ce matin, à proximité du siège de la municipalité, où ils ont installé une tente, en prévision de la grève générale qui aura lieu, mardi prochain, à l’appel de l’union régionale du travail et des sections régionales de l’Union tunisienne pour l’industrie, le commerce et l’artisanat (UTICA) et de l’Union tunisienne pour l’agriculture et la pêche (UTAP).

Ce mouvement de protestation a affecté considérablement l’activité commerciale à Ben Guerdane et le transit des marchandises des deux côtés tunisien et libyen, à la suite de l’immobilisation des camions libyens acheminant des marchandises tunisiennes vers la Libye.

Presse antiémeute (DirectInfo avec TAP, 8 février 2015)

 

Affrontements à Dhiba entre manifestants et forces de l’ordre : Un mort et deux blessés

Des accrochages ont eu lieu, depuis ce samedi 7 février, entre les forces de l’ordre et des manifestants, dans la ville de Dhiba, située au sud de la Tunisie, à proximité de la frontière tuniso-libyenne et à 130 kilomètres de Tataouine.

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Dimanche 8 février 2015 à Dhiba, à Tatatouine. Dans une vidéo partagée ce dimanche, 8 février 2015, un homme crie face aux soldats qui veulent l’empêcher de filmer les affrontements avec les forces de l’ordre à Dhiba à Tataouine : « C’est mon droit d’accéder à l’information ! La constitution me le garantie ! » Voici la transcription de la vidéo, partagée par la page facebook Dehibat 24 -« Regardez les hommes, … c’est mon droit ! C’est mon droit de filmer. C’est le droit du citoyen d’accéder à l’information ! C’est mon droit qui est garanti par la constitution ! » -« Écoute ! » interpelle le soldat l’homme à la caméra -« T’es sérieux en disant ça ? » répond le soldat. -« Oui, je le dis ! » -« Tu vas enflammer la situation ! » -« C’est mon droit dans la constitution, l’accès à l’information ! C’est mon droit C’est mon droit ! » -« D’accord, d’accord. Il a raison », abandonne le soldat. -« Les médias ne sont pas venus ici. Nous nous devenons médias. Les médias ne sont pas venus, ne nous connaissent pas ! On n’appartient pas à la Tunisie ? Chaque chose qui se passe à la Marsa ou à Rades, ils courent (la couvrir), mais nous, on n’est pas considérés comme des Tunisiens ! Les médias ne viennent pas ! Alors c’est nous qui devenons les médias ! Nous ne faisons que payer les impôts … […] Monde, regarde, un citoyen est ciblé par des balles réelles, de la chevrotine, des bombes à gaz… Ils ne respectent ni petit, ni grand, ni malade. Ça c’est la Tunisie, le peuple les a élus, des élections saluées par le monde entier. Après, ils récompensent le citoyen tunisien avec des balles, des bombes à gaz et de la chevrotine ! ça c’est la Tunisie ! ça c’est la Tunisie démocratique. » | VOIR LA VIDÉO

Suite au jugement contre 23 personnes qui ont participé, en 2012, à un sit-in organisé devant une société pétrolière, à Beni Mhira, des habitants ont observé un sit-in, vendredi, 6 février.

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Dhiba

Un autre a eu lieu samedi, 7 février, pour des demandes « d’emploi et de développement, » nous confie Fathi Ameur, l’un des manifestants.

Lors du rassemblement du samedi, devant la délégation de Dhiba, des heurts ont eu lieu avec des agents et un poste de la garde nationale a été incendié par les manifestants, vers 14h, nous indique M. Ameur.

« Le député de la circonscription de Tataouine, Taieb Madani, a annoncé le même jour la mise en place d’une cellule de crise constituée de membres de la société civile, » rapporte radio Tatouine, chose inutile commente M. Ameur.

« Pourquoi font-ils leur cellule de crise dans la ville de Tatouine et pas à Dhiba ? » s’étonne-t-il, « C’est là que ça se passe », s’insurge-t-il.

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Saber Malyen

Un mort et deux blessés

Les heurts ont repris ce dimanche 8 février. Un homme, Saber Malyen a été tué par balle et deux autres, Houcine (blessé à l’épaule) et Samir Ben Zayed, agressé physiquement, sont hospitalisés.

« Il y a eu usage de balles réelles et de la chevrotine (rach) contre les manifestants. Des dizaines de personnes sont aussi à l’hôpital à cause de l’usage intensif de bombes de gaz lacrymogène », poursuit Fathi Ameur.

« Ce n’est pas une histoire de contrebande ou de taxe de 30 dinars, ça n’a rien à voir avec ça. Nous voulons du travail, c’est tout. On en a marre de la pauvreté, du chômage, des problèmes d’infrastructure, de santé… »

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« Place du martyr Saber Melyen »

Le bureau régional de l’UGTT à Tatouine a publié un communiqué, hier, appelant au calme et à l’écoute des revendications des manifestants. Après les affrontements, aujourd’hui, les forces de l’ordre se sont retirés. Actuellement, l’armée est intervenue pour sauvegarder les institutions publiques.

Presse antiémeute (Lilia Weslaty, Webdo, 8 février 2015)

Publié dans L'insurrection tunisienne et ses suites | Marqué avec , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Commentaires fermés sur [Sud-Tunisien] « Une révolution des affamés et une étincelle pour une nouvelle révolution »

[Chambard dans les Chambarans] 9. Une fissure dans le consensus

http://juralib.noblogs.org/files/2014/11/03.pngUne fissure dans le consensus

Notre époque serait marquée par le fait que les conflits relèvent aussi de la procédure judiciaire substituant à la colère une autre conception de la bataille. Le conflit qui oppose les promoteurs du projet de construction d’un Center Parcs à Roybon dans les Chambarans avec l’association « Pour les Chambaran Sans Center Parcs » s’est traduit par quelques demandes de recours gracieux qui ont poussé la société Pierre & Vacances à annoncer une suspension de 6 à 18 mois de son projet.

Suite à ces recours, le Conseil Général qui soutient le projet a confié une médiation impartiale à la très consensuelle Karen Simian (un fois à droite, un autre à gauche), ancienne présidente de l’association qui gérait jusque là l’Office du tourisme Mandrin-Chambaran.

Cette médiation devrait malgré tout permettre de faire comprendre aux récalcitrants combien l’idée de développer le tourisme dans les Chambarans est une idée géniale.

Nous apprenions, quelques jours plus tard, que l’association présidée par madame Simian devait revoir son activité et devenir un simple comité des fêtes qui continuerait à organiser par exemple la Fête de la forêt et les Cordiales, afin de laisser la gestion de l’Office du tourisme à une Société Publique Locale, ce qui permettra aussi aux communautés de communes Bièvre Toutes Aures et Pays de Chambaran de gérer la taxe de séjour.

Comme le disait sans ambages un ancien bénévole de l’Office du tourisme à ceux qui, embarrassés, essayaient d’expliquer pourquoi ce changement de statut : « Vous voulez récupérer la manne financière de Center Parcs. C’est tout ! » [Nous apprenions cette mission de médiation, dans le Dauphiné Libéré du 17 octobre 2010 et le changement de statut de l’association qui gérait l’Office du tourisme, dans le Dauphiné Libéré du 21 octobre 2010. Madame Simian qui est suppléante du conseiller général UMP, monsieur Vette, s’est présentée sur la liste PS aux régionales. Monsieur Vallini probablement pour la remercier lui a confié personnellement cette mission de médiation. Il faut toujours savoir retourner sa veste du bon côté, mais il faut être vigilant et ne pas froisser ses anciens amis politiques… À moins qu’il s’agisse d’une stratégie commune et concertée. Laissons ce genre de politique aux politiciens. / Quant au tourisme, personne, pas même les opposants officiels, ne saurait le critiquer. Au tourisme « Center Parcs », ceux-là préfèrent le tourisme doux probablement labélisé écolo-éthique. Rodolphe Christin nous dit dans son « Manuel de l’antitourisme » : « Pour l’instant, la prétendue éthique des nouvelles pratiques touristiques permet de soigner la mauvaise conscience diffuse et le souci de distinction du touriste […]. Le « consom’acteur » reste malgré tout un consommateur, il continue à être défini par la consommation, donc par son porte-monnaie chéri. »]

Il est plus rare de voir que parmi ceux qui s’opposeraient à un même projet, on utilise cette manière procédurière afin d’éviter que soient rendues publiques certaines divergences dans la manière d’aborder les problèmes, les débats et les perspectives.

L’analyse et le contenu de ce texte ont pris leur forme définitive ici suite à une menace de me poursuivre en justice pour avoir souhaité publier une correspondance qui n’avait à mon avis aucun caractère privé, mais qui selon la justice reste, malgré tout, répréhensible.

Me faisait-on quelques révélations et confidences compromettantes ? Chères lectrices et chers lecteurs, vous n’en saurez rien !

Sans jamais dévoiler l’identité de mon correspondant, je livrerai ici avec les quelques contorsions d’usage qui m’éviteraient les désagréments judiciaires, l’analyse qui malgré tout reste la mienne et que je développais aussi dans cet échange de courriels où j’apportais quelques éléments de réflexion sur ce qui m’anime et qui va notamment à l’encontre du rôle que joue la FRAPNA, en m’appuyant uniquement sur des informations déjà publiées.

Pour cela je ferai un petit rappel assez rapide de notre histoire sociale – ou du moins de ce qu’elle a représenté dans l’esprit des vaincus – qui permettra aux lecteurs de comprendre à quoi je fais allusion :

La société industrielle, sous la conduite de la bourgeoisie, avait dès le début organisé le monde en deux classes distinctes. La bourgeoisie voulait tirer profit du prolétariat afin de s’enrichir davantage. La classe ouvrière naissante s’organisait alors pour défendre ses intérêts. Elle s’organisa si bien qu’elle pensait faire bientôt table rase de ce passé qui lui était défavorable. À ce moment là, les choses paraissaient claires à tout le monde et en général l’ouvrier considérait le bourgeois comme un oppresseur et un privilégié.

Une ligne de front bien définie séparait ces deux mondes. Il y avait un « nous » et un « eux », des victimes et des persécuteurs, comme il y avait des vainqueurs et des perdants ou des respectés et des réprouvés.

La partition ami-ennemi s’inscrivait dans ce que l’on nommait la lutte des classes. Après quelques révolutions trahies, la bourgeoisie tira les leçons de ce qui était à son désavantage, et la ligne de partage devint moins déchiffrable.

En 1966 les provos d’Amsterdam disaient même ceci :

« Le prolétariat s’est assujetti à ses chefs politiques, à son poste de T.V., au moment où il s’est amalgamé à sa vieille ennemie, la bourgeoisie et il constitue avec elle une immense masse grise ».

Les luttes sociales et les oppositions à des projets contestés qui se sont multipliés depuis se trouvent aujourd’hui perverties par cette « masse grise » ; ce qui a pour corollaire une pacification des conflits, à l’avantage bien évidemment des décideurs puisque les conflits d’intérêts persistent malgré tout entre ceux qui soutiennent et dirigent l’économie de marché, et ceux qui la subissent et la condamnent (voilà qui pourrait redéfinir la ligne de partage et de front).

Des mécanismes régulateurs de conflits ont été mis en place permettant surtout d’intégrer en permanence une représentation subventionnée (ou financée) de la protection sociale et environnementale au sein même des mécanismes.

Les syndicats par exemple jouent ce rôle pour le social, et la FRAPNA, parmi d’autres associations joue le même rôle pour l’environnemental.

Monsieur Meneu, président de la FRAPNA nous disait dans le Mémorial de l’Isère du 1er octobre 2010 que sa « Fédération, indépendante de tout parti politique, tire sa crédibilité de la légitimité de ce travail ingrat et non rémunéré [c’est moi qui souligne] au service de la protection des espaces naturels, travail essentiel à l’émergence d’une vraie conscience partagée [c’est encore moi qui souligne], ce qui est malheureusement encore loin d’être le cas ».

La FRAPNA, selon le Conseil général de l’Isère, perçoit une subvention d’un montant de 255’033 euros. Nous sommes évidemment très loin de ce que pourrait gagner une entreprise « à but lucratif » de la taille de la FRAPNA. Mais cette subvention est l’une des dix plus importantes parmi les 2943 que le CGI a versées aux associations en 2009 [Vous pouvez retrouver ces données à partir de la page isere.fr/632-association.htm en accédant à la liste des associations auxquelles le Conseil général a accordé une subvention]. Et il est certainement inenvisageable pour la FRAPNA d’y renoncer, sous peine de remettre en cause son fonctionnement actuel.

Par conséquent, malgré toutes les explications et les arguments que l’on serait en mesure d’avancer, elle ne pourrait se permettre de refuser un arrangement suggéré par le Conseil général. Lorsqu’un président du Conseil général porte un projet qui a bien évidemment des retombées économiques, mais aussi environnementales, la FRAPNA est obligée de composer avec le fait qu’il pourrait lui supprimer cette subvention. Elle ne pourra s’opposer de manière répétée à la volonté des aménageurs sous peine de voir le Conseil général chercher un autre expert en environnement plus conciliant. Cela va de soi !

Les entreprises et les pouvoirs publics ont besoin des syndicats et des associations qui donnent l’illusion à la société que les problèmes sont pris en compte, masquant ainsi les responsabilités de ceux qui ont la préoccupation principale de faire du chiffre, et évitant une remise en question réelle de la continuelle course au profit : la subvention contre la subversion.

Et l’émergence d’une vraie conscience partagée à laquelle aspire monsieur Meneu trouve évidemment ses limites dans cette continuelle course au profit de plus en plus incontrôlable qui reste la base fondamentale de notre société industrielle, mais aussi la cause fondamentale du délabrement général de la société et de son habitat.

Nous nous voyons dépossédés par ces experts et ces « représentants » qui se chargent de régler nos affaires. Quand des oppositions voient le jour et engagent un conflit, la plupart de ces derniers se préoccupent plus de la répercussion médiatique que des progrès réels du mouvement ou de tirer la critique vers le haut en proposant eux-mêmes une analyse et un projet conséquent. 260 adhérents d’une association n’ont jamais fait 260 personnes prêtes à empêcher un chantier par leur présence.

Les « représentants » d’associations contre un projet qui favorisent l’image de leur opposition autant que la leur à travers le filtre médiatique révèlent souvent le manque d’analyse et de contenu.

Lorsque le président de la nouvelle association contre Center Parcs affirme qu’« il ne fait aucun doute que nous allons arrêter ce projet », cela ressemble davantage – que l’avenir lui donne raison ou pas – au « on va gagner » des supporters du GF38 avant un match ou d’une candidate PS durant un meeting de campagne présidentielle, qu’à une analyse de la situation réelle. Je fais allusion à l’article qui est paru dans le Dauphiné Libéré du 14 septembre 2010 consacré à « Ces grands projets qui font débat en Isère » et à « pourquoi l’émergence de nouveaux projets suscite quasi systématiquement la contestation ? ». Le DL (ou le Daubé) remet d’ailleurs les pendules à l’heure sur-le-champ : le bandeau au-dessus du titre nous retrace les différentes contestations qu’il y a eues à Grenoble ces dernières années (le stade, la place de Verdun, le cinéma Nef-Chavant et Minatec) et nous rappelle, sans rien dire de plus, que tous ces projets ont bel et bien été réalisés. Et certains malgré les recours juridiques…

Lorsque Le Dauphiné met en exergue cette réalité, ne pensez surtout pas qu’il s’agisse d’une préoccupation déontologique et constante du journal, il sait simplement où ses intérêts se trouvent.

La juxtaposition de critiques partielles faites par ces « représentants de la protection » toujours plus spécialisés et professionnalisés (et par conséquent technicisés) soit dans l’environnement (comme la FRAPNA), soit dans le social (comme les syndicats) ou encore dans la procédure (comme certaines associations et certains avocats) renforce ce constat d’insuffisance et de dépossession que je dénonce.

Ainsi ils dicteront leur conduite spécifique de retenue sans jamais remettre en question la cause fondamentale : non pas le type de développement, mais le développement lui-même. Monsieur Meneu reconnaissait lui-même lors de la réunion publique du 14 septembre 2009 à Roybon qu’« il n’appartient pas à la FRAPNA de porter un jugement sur le contexte, sur le type de développement que [les décideurs ont] souhaité ».

Et pourquoi la FRAPNA ne pourrait-elle pas porter un jugement sur le développement ? Tout simplement parce que si elle le faisait, alors elle outrepasserait la simple fonction technicienne que le système lui donne la possibilité d’exercer. Malgré toutes les réglementations en vigueur, le développement est la source du profit qu’il est impossible de remettre en question. L’histoire sociale nous le confirme. La masse grise et indistincte constitue un rempart à tout changement radical pourtant nécessaire pour trouver la sortie à ce désastre et à l’inhumanité dans lesquels nous baignons. Il est difficile de prendre conscience qu’il nous faut trouver un « en-commun » en dehors de la masse grise qui administre les ravages.

Il est difficile aussi de réagir vis-à-vis de ceux qui intègrent cette fatalité de l’économisme et du « développementalisme ». Aux heures les plus sombres, chacun veille à sauver sa peau, à tout prix.

En 1986, l’ancien déporté Primo Lévi nous disait [Dans son livre « Les naufragés et les rescapés »] ceci à propos de la vie dans les camps de concentration :

« […] tous, à l’exception de ceux qui avaient déjà traversé une expérience analogue, s’attendaient à trouver un monde effrayant mais déchiffrable, conforme à ce modèle simple que nous portons ataviquement en nous : « nous » à l’intérieur, et l’ennemi au-dehors, séparés par une frontière nette, géographique. L’arrivée dans le camp était, au contraire, un choc, à cause de la surprise qui lui était associée. Le monde dans lequel on se sentait précipité était effrayant, mais il était aussi indéchiffrable : il n’était conforme à aucun modèle, l’ennemi était tout autour mais aussi dedans, le « nous » perdait ses frontières, les adversaires n’étaient pas deux, on ne distinguait pas une ligne de séparation unique, elles étaient nombreuses et confuses, innombrables peut-être, une entre chacun et chacun. On entrait en espérant au moins la solidarité des compagnons de malheur, mais les alliés espérés, sauf des cas spéciaux, étaient absents ; il y avait à leur place mille monades scellées, et entre celles-ci une lutte désespérée, dissimulée et continuelle. Cette brusque révélation, qui se manifestait dès les premières heures de la captivité, souvent sous la forme d’une agression concentrique de la part de ceux en qui on avait espéré reconnaître les futurs alliés, était si rude qu’elle suffisait à faire s’effondrer aussitôt la capacité de résistance. »

Primo Levi nous précise ce qu’il entend par zone grise :

« C’est une zone grise, aux contours mal définis, qui sépare et relie à la fois les deux camps des maîtres et des esclaves. Elle possède une structure interne incroyablement compliquée, et accueille en elle ce qui suffit pour confondre notre besoin de juger. »

Pour le pouvoir en place qui cherche à administrer ces camps « les collaborateurs venus du camp adverse, les anciens ennemis, sont peu sûrs par essence : ils ont trahi une fois et peuvent trahir encore. Les reléguer dans les tâches marginales n’est pas suffisant, le meilleur moyen de les lier est […] de les compromettre le plus possible : ils auront ainsi contracté avec leurs mandants le lien de complicité et ne pourront plus retourner en arrière. »

Je ne dis pas, bien entendu, que les conditions d’existence dans les camps sont transposables à notre société. Mais quelques similitudes entre la gestion des camps et celle de la société actuelle sont troublantes et nous sautent à la figure : la gestion par la peur, par la collaboration et la compromission à plusieurs niveaux a trouvé sa place dans la société moderne. Aujourd’hui, la peur de la catastrophe, la peur du chômage et des « crises sanitaires » qui se succèdent, la peur de l’autre et de l’étranger, etc. nous intiment de nous en remettre à un État « protecteur » qui soumet encore plus le monde au système technocratique et qui laisse libre cours à la circulation marchande aux conséquences si désastreuses.

La FRAPNA a choisi de participer et de collaborer à cette mascarade mise en place par les administrateurs et les entrepreneurs : les décideurs la compromettent dans cette gestion du désastre.

Il parait nécessaire qu’une critique et un mouvement se détachent et dénoncent cette zone grise. Pour ce qui concerne la FRAPNA, il suffirait qu’elle – et avec elle bien sûr toutes les associations et l’ensemble des syndicats qui gèrent le désastre – décide de ne plus jouer le jeu et prépare sa reconversion afin de s’ouvrir à de nouvelles perspectives. Sans cela leurs discours et rapports d’expertises ne seront que des sophismes ; et elle trouvera face à elle, ceux qui ont pris conscience de son véritable rôle dans le monde actuel, et qui le condamnent.

Dans l’immédiat, il est important de prendre conscience que lors d’un conflit déclaré une ligne de partage, aussi floue soit-elle, apparaît entre promoteurs et détracteurs d’un projet, et qu’il faut prendre parti surtout lorsque les promoteurs sollicitent le soutien de la FRAPNA. Monsieur Christian Pichoud vice-président en charge de l’économie touristique au Conseil général de l’Isère affirmait dans « Le Center Parcs isérois menacé ? » [Article du Dauphiné Libéré du 1er octobre 2010] : « L’élaboration du dossier s’est faite avec des associations environnementales, comme la Frapna qui n’ont pas émis d’objection ».

Monsieur Meneu a, par sa mise au point dans le Mémorial, répondu aux promoteurs qui, le même jour dans Le Dauphiné, espéraient sa caution. Mais la posture technicienne indépendante de la FRAPNA, au-dessus de la mêlée, ne légitime son rôle qu’en dépossédant de leurs propres jugements et aspirations ceux qui combattent le projet et qui par conséquent, la plupart du temps, reprendront, tels des perroquets, les arguments techniques qu’elle leur aura donnés.

L’appareil technicien participe ainsi à imposer à la société un cadre critique et de réflexion acceptable et donc négociable en dehors duquel toutes « valeurs » ou « données » non techniciennes se trouveront rejetés.

La FRAPNA a le mérite d’avoir dénoncé l’aberration des mesures compensatoires. Elle ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin : il est totalement illusoire de croire en une émergence d’une vraie conscience partagée avec les promoteurs et porteurs de projets dans une société industrielle basée sur le profit et par conséquent sur le développement forcé. Il y a forcément un conflit d’intérêt. Il y a presque vingt ans on nous disait déjà : « L’écologie a prétendu être une science de la gestion rationnelle des ressources naturelles, elle s’est accomplie comme dernière idéologie scientifique du monde marchand. » [« Le Miroir aux alouettes » paru dans la revue Des Fissures dans le consensus, n°4 – février 1992]

Les provos officiels dénonçaient la pollution et prônaient l’usage de la bicyclette, le repeuplement du centre-ville et la démocratisation de la société. L’histoire se répéterait-elle ? Comme les actuels écologistes officiels à Grenoble, les provos officiels avaient accepté de participer à la gestion de leur ville. Ils avaient d’ailleurs un élu à la municipalité d’Amsterdam. Mais en 1966 les acteurs de cette agitation réformiste qui avaient pris en compte cette immense masse grise que représentait pour eux leur société n’avaient certainement pas pensé que, peu de temps après et pour quelques années, une nouvelle ligne de front allait se dessiner…

Pour conclure, nous pourrions dire aujourd’hui – comme l’ont proclamé les plus lucides et conscients des années 60-70, qui avaient réussi à proposer des idées nouvelles : « Soyons réalistes, demandons l’impossible ! »

Car l’unique perspective possible aujourd’hui serait, non pas de demander quoi que ce soit à l’appareil dominant, exclusivement occupé à se maintenir, mais de démanteler cette société qui veut supprimer toute perspective possible.

Henri Mora, le 10 novembre 2010

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[Égypte] Principes de contre-insurrection

Principes de contre-insurrection

Le 25 janvier 2011 débutait une insurrection sans précédent en Égypte qui provoqua, comme on le sait, la chute de Moubarak, au pouvoir depuis trente ans. Insurrection qui se vit assez rapidement matée par une coalition éclectique constituée par tout ce qui pouvait exister de conservateur dans le pays. Dans les mois qui suivirent, les Frères musulmans qui avaient participé aux manifestations comme à l’occupation de la place Tahrir et qui s’étaient révélés des forces indispensables à l’affrontement des militaires (souvenons-nous de la bataille des dromadaires) désertèrent les rues pour s’allier au SCAF (Supreme Council of Army Forces), gouvernant par défaut, et à une coalition démocratique mise en place afin d’assurer une « transition ordonnée » ainsi que l’avaient appelée de leurs vœux l’armée égyptienne, et Hilary Clinton. Comme on le sait, cette « transition démocratique » ne s’est pas si bien passé que cela pour toute la clique de militaires et de bourgeois tenant les rênes du pays comme de son économie. Grâce à leur candidat, les Frères musulmans (ikhwan en égyptien) triomphèrent lors des élections présidentielles de juin 2012, premières élections mises en place depuis la chute de Moubarak. Déjà fragilisé par des projets économiques mettant à mal les intérêts des militaires, le nouveau gouvernement se heurte un an plus tard à des mouvements de protestation de masse, qui donnèrent lieu aux bains de sang que l’on sait en juin et juillet 2013 lors de l’intervention répressive de l’armée et au coup d’État du 3 juillet. De nouvelles élections ont lieu au cours de l’année 2014. Dans un climat de terreur, de dépression et de fatigue, un autre militaire se fait élire, toujours en place aujourd’hui.

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Il y a deux semaines, nous étions le 25 janvier, Il s’agissait, cette année, du quatrième anniversaire de cette révolution incroyable mais défaite. Signe de cette défaite, les rues autour de la place Tahrir sont demeurées désertes. Dans les quartiers plus éloignés, l’ambiance était celle d’un jour férié un peu morne, du genre de ceux dont on a oublié l’origine, de ceux dont l’institution même vise à recouvrir l’essence et la vitalité de l’événement originel – comme un 1er mai français. Quelques vendeurs promènent leur charrette de fruits et légumes, des enfants jouent au foot, les adultes les surveillent du coin de l’œil, depuis la terrasse d’un café ou l’intérieur de leur maison.

Quant aux révolutionnaires : à la suite de débats véhéments au cours de la semaine précédente, ils ont renoncé à sortir et à manifester. Ils se terrent donc tristement chez eux, ou dans leurs différents locaux. Cette décision a été prise dans la perspective d’une énorme manifestation des pro-Sissi, organisée par le gouvernement afin de célébrer et commémorer les événements à l’origine de l’époque nouvelle, autrement dit afin de glorifier le régime. Malheureusement, deux jours avant le fameux 25 janvier, Al-Sissi annonce l’annulation des festivités, au prétexte du deuil national de sept jours qu’il a lui même décrété à la suite de la mort du roi d’Arabie saoudite. Ces lâches manœuvres de politique retors ont eu pour effet ce que visait effectivement le pouvoir en place : un 25 janvier où il ne se passe rien.

Pour être tout à fait exact, quelques petites choses ont eu lieu : le syndicat de journalistes situé au nord de la place Tahrir ayant tout de même appelé à un rassemblement, une quarantaine de personnes se sont réunies avant de voir leur cortège bloqué par les forces de l’ordre et dispersé en un instant. Une vingtaine de Frères musulmans ont trouvé la mort, dans un quartier pauvre et sans grand renom du Caire, la Matareya, lors d’une manifestation rassemblant environ 450 personnes, sans que cela provoque un grand remous national.

La veille, un événement d’une autre envergure – si l’on compare les traitements médiatiques et l’activité des réseaux sociaux – a eu lieu : une jeune militante de l’Alliance populaire socialiste, un collectif formé pendant la révolution, est abattue d’une balle dans le dos alors qu’elle participait à un rassemblement parti de la place Talaat Harb et visant la commémoration des martyrs de la révolution. La photo de Shaima el-Sabbagh s’effondrant, la tête ensanglantée et retenue dans sa chute par l’un de ses camarades, fait le tour du monde. Dès le 24 au soir, l’Égypte s’agite sur Facebook, Twitter et ses réseaux de journaux indépendants. Le 25, elle laisse les places vides.

L’Occident, comme a son habitude, fait de Shaima el-Sabbagh une martyre de la violence démesurée d’une junte autoritaire ayant trahi la révolution. Cependant, une telle analyse ne rend compte ni de l’intelligence du pouvoir en place, ni des stratégies efficaces dont il use pour justifier ses actes, ni du silence assourdissant de la presse « critique » lorsqu’Al-Sissi rencontre Hollande puis Merkel. Et, pour cause, ces stratégies sont les mêmes que celles employées par la contre-insurrection occidentale, tirant sur les mêmes cordes, celle de la lutte contre le terrorisme (et son corollaire, la valorisation de la police), celle de la légitimité, et celle de la guerre civile. Ce sont de telles stratégies qui étaient à l’œuvre au cours des derniers événements ici relatés, menant à l’étouffement et la sclérose de la voie spécifiquement révolutionnaire de l’insurrection égyptienne et à la désertion de la place Tahrir. Le pouvoir fait certes un usage massif de la violence, dans l’intention de répandre la peur dans le cœur de tout citoyen, mais il ne le fait pas sans distinction ni orientation.

1. Terreur

La logique de terreur, on l’aura compris, est un des outils principaux de la répression massive mise en place par le gouvernement pour éviter tout rassemblement, toute réappropriation des rues. Une des premières mesures prises par l’armée après le coup d’État a ainsi été de permettre l’usage de la « force meurtrière » à l’encontre des manifestants ainsi que de rendre plus arbitraire encore la décision d’autorisation des manifestations – celles-ci pouvant être interdites si elle représentent une « menace pour la sécurité ». Le corollaire de cette mesure étant des peines de prison démesurées pour tout participant à une manifestation interdite (de 3 ans à 15 ans d’enfermement – la peine de mort a même été proposée pour punir les plus gros fauteurs de troubles).

La mort de Shaima el-Sabbagh, la veille de l’anniversaire en question, relève clairement de cette même logique. Celle-ci meurt d’une balle dans le dos tiré par un policier situé de l’autre côté de la place sur laquelle se sont rendus des membres de l’Alliance populaire socialiste avec une banderole sur laquelle on peut lire le nom de leur parti et une couronne de fleurs destinée à rendre hommage aux martyrs de la révolution, chose somme toute assez conventionnelle.

Le pouvoir a beau se défendre en accusant un voyou armé (baltagy) ou un ikhwan fanatique (le ministre de la Santé a affirmé que l’analyse de la balle ne pouvait prouver si elle avait tirée par un civil ou un policier), pour tous, il est clair que « c’est le ministre de l’Intérieur qui a assassiné Shaima », afin que sa mort serve d’avertissement à tous ceux qui tenteraient d’enfreindre le lendemain l’interdiction de manifestation décrétée par le gouvernement.

Tout ceci montre bien que le gouvernement n’a qu’une peur : que des gens se retrouvent dans la rue, se rencontrent véritablement (plutôt que sur les réseaux sociaux) une nouvelle fois et reprennent possession de ce qu’ils avaient si durement conquis en 2011.

Des efforts logistiques spectaculaires sont déployés à cet effet. La station de métro de la place Tahrir est ainsi fermée depuis 2011 sans que l’on sache quand elle sera rouverte. Des portes en acier ainsi que des feux tricolores malheureusement constamment rouges et munis de caméras de surveillance ont été installés sur la plupart des rues permettant l’accès à la place et aux ministères situés aux alentours sud de celle-ci. Le 25 janvier, des tanks ont été déployés sur toute la place, gardant ses entrées, derrière des barbelés. Il en avait été de même lors de la manifestation des salafistes et des Frères musulmans le 19 novembre dernier. On le sait moins, mais des snipers sont également souvent postés aux sommets des bâtiments officiels situés sur la place ou à ses alentours, prêts à tirer à balle réelles sur les manifestants.

Cet usage massif de la violence n’a pas été institué sans étape ni sans discours idéologique le justifiant. Il a fallu pour ça une intense propagande à la gloire de la lutte antiterroriste. Ce terme de terroriste a d’abord servi à l’armée pour désigner le conflit que dès 2013 elle engage contre les Frères musulmans et autres salafistes du pays, quand bien même c’est le coup d’État du SCAF et l’interdiction du parti des Frères musulmans qui a mené au basculement des ikhwan dans l’illégalité. L’armée s’est fabriqué les ennemis intérieurs dont elle avait besoin pour justifier ses exactions. On ne peut pas dire que les Frères ne l’y ont pas aidée, assumant immédiatement cette étiquette, passant très vite à une lutte plus violente — attentats contre la police et l’armée, au Caire comme dans le désert du Sinaï. Progressivement, au prétexte de la protection de l’État et du régime, l’armée a étendu la catégorie de « terroriste » à d’autres groupes protestataires en Égypte, par exemple, le mouvement des jeunes du 2 avril, récemment déclaré « organisation terroriste ». Cette étiquette présentent deux avantages pour l’armée et le pouvoir en place : la mise en place d’un état d’exception juridique absolument incroyable et l’étouffement des particularités des groupes identifiés comme terroristes.

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2. Légitimité

Cette guerre contre le terrorisme qui paralyse tant de révolutionnaires en Égypte n’est cependant pas le seul artifice dont le pouvoir en place se drape pour conserver sa position et prévenir toute offensive, qu’elle soit islamiste ou révolutionnaire. L’armée mène aussi une guerre à la mémoire révolutionnaire, s’efforçant de se réapproprier consciencieusement ce qui avait été vécu dans les rues et sur les places.

Ainsi, l’armée, depuis 2011, s’est constamment efforcée de ne jamais apparaître comme l’ennemie des manifestations de la place Tahrir, étendues progressivement au pays entier. Dès les premières semaines, elle qualifie les revendications du peuple de « légitimes », et s’affirme comme un acteur de la « transition » exigée par le peuple. Lors du coup d’État, c’est encore parce qu’elle est au service du peuple qu’elle agit : ayant entendu son refus du gouvernement des Frères musulmans, elle s’autorise à déloger le président en place. Les militaires se présentent comme le bras armé des manifestants et du peuple égyptien dans son ensemble. Elle est l’arche sainte de la nation, la gardienne de la révolution. Toute la légitimité du pouvoir en place, bien qu’il soit structurellement identique à celui de Moubarak, lui vient de la révolution. Il en fait le moment extraordinaire de communion du peuple, de proclamation d’un accord commun et unanime sur le changement de régime et, par conséquent, de constitution du nouveau pouvoir, bref, un contrat social en bonne et due forme, renvoyant à un consensus primordial et inquestionnable. Dès lors, la révolution devient un mythe, c’est-à-dire un récit d’un temps révolu et inaccessible parce que situé dans une autre temporalité, expliquant le sens du monde, dans la mesure où un tel mythe est nécessaire au pouvoir pour expliquer sa constitution. Or, au mythe, on ne rend jamais qu’un devoir de mémoire. Ainsi, on rend férié le jour anniversaire de la révolution, mais également, avant chaque micro-événement, pièce de théâtre, concert, conférence, on fait une minute de silence pour les martyrs de cette révolution, comme si ces morts étaient ce qui aujourd’hui permet le fonctionnement des institutions.

Il est donc normal que le pouvoir fasse du 25 janvier un jour férié dédié à la célébration du régime en place, héritier direct et légitime de la révolution populaire de 2011. Il est aussi tout à fait logique qu’il contrôle les allées et venues sur Tahrir en un tel jour : il n’est pas question que n’importe qui vienne voler au peuple égyptien sa révolution, et surtout pas des ikhwan machiavéliques et manipulateurs. C’est le premier objectif : clore la révolution afin que l’on n’ait plus à la vivre mais simplement à s’en souvenir.

Le deuxième objectif est de conférer à la révolution une valeur si générale et universelle que plus personne depuis sa situation particulière ne puisse jamais s’en ressaisir. Objectif lui aussi atteint le 25 janvier dernier. En effet, si l’on a fermé Tahrir, on n’a pas empêché pour autant que des manifestations aient lieu dans d’autres quartiers du Caire, la Matareya par exemple. Le 25 janvier, il y eut une vingtaine de morts dans ce quartier où environ 450 personnes s’étaient rassemblées, à quoi s’ajoute une centaine d’arrestations. Or, on a pu remarquer que dans les média occidentaux et même dans les média égyptiens dits indépendants, c’est-à-dire ne participant au mouvement général de propagande nationaliste et antiterroriste, ces événements étaient bien moins relayés que le meurtre d’une militante de gauche dans les rues du centre ville du Caire. Alors que de nombreuses photos de Shaima el-Sabbagh ont directement circulé sur les réseaux sociaux, les morts de la Matareya n’ont attiré que peu de commentaires, ou même de journalistes. Il n’est pas question ici d’incriminer les journalistes ou bien les fortes émotions qu’a provoqué la mort de Shaima el-Sabbagh, mais bien de pointer une curieuse centralité qui, malheureusement, fait le jeu du pouvoir.

3. Centralité

L’Égypte est un des pays les plus centralisés de la planète, d’abord autour du Nil, puis aujourd’hui de sa capitale, qui abrite plus de 20 millions d’habitants. Cette centralisation est telle que les habitants de Haute-Égypte n’appelle pas Le Caire « al-Qahira » comme tous les cairotes, mais « Misr », ce qui signifie tout simplement Égypte. La ville elle-même subit un sort identique : ainsi le quartier de la place Tahrir s’appelle « centre ville » ou « centre du pays » selon la traduction choisie. Ainsi, ceux qui se révoltent contre le système en place ont toutes les raisons de se diriger place Tahrir puisque c’est là que se situent la plupart des institutions qu’ils cherchent à destituer. Or cela donne au pouvoir l’opportunité de faire la sourde oreille, et de faire semblant de comprendre que les manifestants choisissent cette place pour se placer sur le niveau national, s’adresser à tout le pays d’une voix claire, unie et légitime. Sont ainsi disqualifiées toutes les voix un peu trop situées, toutes les tentatives politiques un peu trop spécifiques à une certaine forme de vie. Tahrir impose une forme d’uniformisation de la contestation, uniformisation qui condamne par avance ladite contestation à servir, tranquillement, l’avancée de la contre-insurrection.

Tout ceci place les révolutionnaires dans la réaction et la dénonciation des mensonges du gouvernement plutôt que dans l’affirmation positive d’une forme politique spécifique et située. La révolution pour laquelle ils se battent ne dépasse donc pas le stade du signifiant mythique, mais vide. Pourtant, les révolutionnaires défaits mènent pied à pied une lutte symbolique de réappropriation de la révolution. Des collectifs, tels 3askar Kazaboun (armée = menteurs), ont été créés, dont le but est de réunir et de diffuser des vidéos démontrant le mensonge sur lequel tente de s’édifier le pouvoir en place. L’agression par la police des manifestants de l’Alliance populaire socialiste le samedi 24 janvier se comprend au sein de cette même guerre : déterminés à déposer une gerbe de fleurs sur la place Tahrir en hommage aux martyrs de « leur » révolution, ces activistes se déclaraient ouvertement hostiles à la commémoration officielle et, donc, ennemis du régime. De la même façon, des révolutionnaires expliquent que s’ils refusaient de descendre dans les rues le 25 janvier, c’était essentiellement parce qu’ils y voyaient un dispositif théorique, médiatique et spatial tel qu’ils ne pourraient que se faire « voler » leur manifestation, ou bien en étant étiquetés libéraux-démocrates, ou bien en étiquetés terroristes. La troisième voie qu’ils cherchent, la ligne proprement révolutionnaire, peine à exister tant sont liées en Égypte les notions de démocratie et de terrorisme, le second n’étant que le dehors de la première, qu’elle ne sait nommer autrement.

Que signifient donc les évènements des dernières semaines ? La victoire de la contre-insurrection en Égypte est totale. Quatre ans après, il n’y a autour de Tahrir que des rues vides et des échoppes fermées. Les seuls à arpenter les rues sont les flics en civil, qui indiquent aux rares passants la direction de fausses manifestations. Il ne reste de l’insurrection que la lutte pour un symbole, un mythe que l’on ne peut plus toucher, tellement on l’a sacralisé. Un tel succès de la réaction peut dérouter plus d’un révolutionnaire, et mène fatalement à l’abandon de ce symbole à une force unifiée, universelle, à la hauteur de ce genre de divinisation. Peut-être que, tout simplement, cette révolution mythique est devenue un enfer, un enchaînement glacial de meurtres sordides et de répression rusée – un enfer qu’il ne sert plus à rien de défendre.

Lundi Matin #10, 9 février 2015

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[Reclaim The Fields] Feuille de chou, début 2015

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Mailing, 9 février 2015

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Au sujet des grands chantiers inutiles et nocifs, de celles et ceux qui y travaillent, et de la nécessité de s’organiser pour refuser d’y participer

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Indymedia Grenoble, 6 février 2015

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Appel à solidarité avec les migrants de Calais

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Mailing, 10 février 2015

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[ZAD des Chambarans] Clôture de l’Open Barrikad

http://juralib.noblogs.org/files/2015/01/0311.jpgCommuniqué du 9 février 2015
Clôture de l’Open Barrikad

Bonjour,

Depuis l’intervention du Député de l’Isère, Jean-Pierre Barbier, lors des questions d’actualité au gouvernement à l’Assemblée nationale, en début de semaine dernière, la tension est montée en flèche entre les pro-Center Parcs et les opposants au projet.

Pour preuve, dès le lendemain soir, se tenait une réunion d’urgence, réunissant des membres de l’association Vivre en Chambaran et quelques élus municipaux. Lors de cette réunion, des Roybonnais favorables au projet de Center Parcs qui voyaient notre session « Open Barikad » comme de la provocation, ont décidé de mener des actions en vue d’empêcher le rassemblement.

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Certains d’entre nous ont aperçu un véhicule de gendarmerie, vide de ses occupants, stationné devant les portes de la salle où avait lieu cette réunion. Ces derniers n’ont nié, ni leur présence à la réunion, ni les menaces qui y ont été proférées à notre encontre.

Deux jours plus tard, soit le jeudi 5 février 2015, à 20h45 environ, la guérite d’accueil principale de la ZAD, située au croisement de la RD20F et du chemin forestier qui longe la maison de la Marquise, a été incendiée. Cette construction équipée de couchage abrite habituellement plusieurs personnes. Elle était heureusement vide au moment de l’incident.

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Samedi 7 février

7h30 : Un petit groupe rejoint Roybon à pied pour y accueillir les participants à l’Open Barrikad. Sur place, ils sont accueillis par une quarantaine de manifestants, décidés à empêcher la tenue du rassemblement et l’arrivée du matériel de construction sur la zone.

Sous le regard des gendarmes, une longue discussion tendue commence. Elle se prolongera jusqu’aux environs de midi, nous permettant de pouvoir faire entendre nos arguments aux moins agressifs de nos opposants.

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Nous avions cependant la chance de compter parmi eux Serge Perraud, étrangement muet.

Des barricades et des cagoules … des insultes et du refus de dialogue… Il était très intéressant de voir à quel point ce que nos opposants nous reprochent leur va comme un gant !

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10h30 : Les nombreuses personnes venues nous rejoindre sont montées à pied du bourg de Roybon jusqu’à la ZAD, laissant sur un parking leurs véhicules chargés de matériel en tout genre. Un arrêté préfectoral bloquait, du 6 au 9 février à midi, la RD20F menant à la MaquiZAD, les autres accès étant filtrés par les pro-Center Parcs, créant ainsi des tensions avec de nombreux usagers de la route.

14h : Après un pique-nique partagé et un café chaud bien mérités, les énergies créatrices se sont dispersées sur la Zone pour continuer les constructions en cours et en commencer de nouvelles, comme par exemple le « Senteur ZAD ».

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Dans l’après-midi, un groupe de quatre individus menaçants s’est présenté à la barricade sud de la ZAD, équipé de masses et de tronçonneuses. Le nombre de personnes présentes derrière la barricade les a fait rebrousser chemin sans qu’il y ait altercation. Après quelques insultes échangées et quelques menaces, une discussion houleuse mais correcte a eu lieu avec les quatre hommes, ne menant cependant à aucune entente finale.

Ces personnes étaient déjà présentes sur le barrage du centre de Roybon quelques heures auparavant et faisaient partie d’un groupe plus échauffé que les autres.

La journée de samedi s’est terminée sans incident et dans la bonne humeur sur le site de la Zone à Défendre de Roybon. Cependant, garés non loin de l’étang de Dionay, deux véhicules de copains et participants à l’Open Barrikad ont été incendiés au cours de la soirée. Nous comptons également des pneus dégonflés ou crevés à Roybon et dans les villages alentours.

Les forces de gendarmerie déclarent que rien ne permet d’établir de relation entre l’incendie de ces véhicules et la présence de leurs propriétaires sur la ZAD. De la même manière, rien ne permettrait aux enquêteurs d’affirmer que l’incendie de la guérite de la MaquiZAD soit criminel.

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Dimanche 8 février

9h : Deux copains partis à pied raccompagner un convoi de quatre véhicules jusqu’au barrage des pro-Center Parcs, au niveau de l’impasse de l’Aiguenoire Haut, se sont fait attaquer sur le chemin du retour. Trois individus, partis du barrage en 4×4, ont d’abord essayé de leur rouler dessus, l’un des deux piétons se retrouvant sur le capot du véhicule.

Pendant l’affrontement, un des deux copains a été roué de coups et laissé au sol inconscient, après que le plus virulent des pro-Center Parcs l’ait tiré sur plusieurs mètres par les cheveux en le menaçant de le mettre dans son coffre.

10h : Pendant ce temps, sur la ZAD Roybon, les constructions reprenaient après une nuit de fête aux quatre coins du site. Pourtant, face à cette action violente et à notre isolement géographique dû au blocage des routes, un groupe d’une vingtaine de participants à l’Open Barrikad est descendu à la rencontre des pro-Center Parcs, motivés par le vin chaud que ces derniers semblaient détenir à leur barrage.

À leur arrivée sur place, les participants à cette mission d’ouverture des barrages de pro-Center Parcs n’ont trouvé personne. Repartant en direction de la ZAD, ils ont rapidement vu arriver plusieurs véhicules de gendarmerie, suivis de peu par un retour de véhicules de nos opposants venus pour reprendre le barrage abandonné peu avant.

Les abandonnant à leurs chants patriotiques, les participants à cet Open Barrikad s’en sont retournés à leurs occupations de constructions et de partage dans la forêt des Chambaran.

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Durant toute la journée, nous avons cherché à continuer nos festivités dans le calme, le respect et la convivialité. Aucun incident n’a été à déplorer sur la zone durant cette première session Open Barrikad. Les sourires des enfants, comme la force de ces hommes et de ces femmes unis autour de projets communs, ne nous laisseront avec le temps que de bons souvenirs et une envie de créer d’autres rassemblements.

Aujourd’hui, nous craignons que l’ambiance pacifique qui régnait jusqu’aux manifestations de violence gratuite de nos opposants ne soit détériorée. Par leur actes, ils ont prouvé que la violence que l’on cherche à nous attribuer n’est que le fruit de leur manque de compréhension et d’une agressivité soutenue par la présence du maire du village lui-même.

Nous reconnaissons toutefois que nous n’étions pas préparés à un tel blocus, et nous excusons auprès de tout ceux qui n’ont pu arriver jusqu’à la ZAD. Nous ferons en sorte d’éviter ce genre de situation pour les prochains rassemblements sur la ZAD Roybon.

Nous espérons cependant que nos soutiens et opposants finiront par faire en sorte que ces différences qui nous séparent deviennent une force commune pour un avenir allant dans une même direction.

À bientôt dans les bois !!

Les Mutins et les Lutines de la forêt des Chambarans…

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Résistons Ensemble n° 138 – février 2015

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Résistons Ensemble

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[Paris, dimanche 15 février] Soirée de soutien au camarade Aleksandr Kolchenko

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Paris Luttes Info, 10 février 2015

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[Sud-Algérien] « La wilaya, la Tanmira, In Salah hia Dahia »

In Salah. Des gerboises atomiques au gaz de schiste
Quand les anciens « cobayes » veulent un statut de citoyens

« In Salah, sorrate Al Djazaïr (In Salah, nombril et cordon ombilical de l’Algérie). » Mohamed Didi, 45 ans, cultive avec amour les sept hectares qui lui sont octroyés à Barqa Sahel, la sebkha située au sud d’In Salah.

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Des cultures maraîchères, céréalières, des oliviers, trois cents palmiers Aggaz, espèce endémique, fierté de la région, tout lui réussit en ces contrées qui furent autrefois partie intégrante de cette mer intérieure aujourd’hui disparue comme le furent d’ailleurs les forêts de chênes et de pins entourant In Salah (il y a plusieurs millions d’années) et dont il ne subsiste aujourd’hui que des amas de bois pétrifié à In Ghar. Anxieux, Didi implore Dieu et Ses Saints : « Je suis en première ligne en cas de contamination (de la nappe). »

Il est à 18 kilomètres des puits-test de gaz de schiste forés à Gour Mahmoud, dans ce bassin de l’Ahnet tout proche. « Pourvu que cette malédiction (gaz de schiste) ne pollue pas les hommes et la nappe. Regardez, dit-il en exhumant un conduit goutte-à-goutte de sous le sable, je n’ai même pas besoin de pompe, l’eau jaillit d’elle-même. À 2 m de profondeur de l’eau salée, à 11 m de l’eau douce en débit faible et à 38 m de l’eau à volonté. » Sous les pieds de Didi, l’Albien, la plus grande réserve d’eau douce au monde avec ses 50’000 milliards de mètres cubes.

Gour Mahmoud : à 35 km au sud d’In Salah. Mardi 20 janvier. Au point kilométrique de cette nationale 1 débaptisée Route de l’unité africaine, une piste quelconque bifurque vers les fameux puits au trésor enfermé dans le schiste de la roche mère. Rien ne présage l’existence des forages décriés, si ce n’est la valse des camions-citernes transportant de l’eau ou ces semi-remorques Mercedes acheminant du matériel et  des produits de forage importés d’Italie et fonçant vers les puits dans un nuage de poussière.

Des panneaux anodins, montés sur de vulgaires madriers, indiquent sommairement la direction, et par abréviations, les noms et numéros de districts comme pour AHT 1 et 2 (puits Ahnet) ou GMD (pour Gour Mahmoud). Un camionneur, employé d’une filiale de Schlumberger, la multinationale américaine des services pétroliers (spécialisée entre autres dans la fracturation hydraulique),  nous dépose non loin des forages.

Dans sa remorque, quelque 30 tonnes de ciment et des fûts de produits chimiques. Le site reçoit quelque 20 chargements du genre par semaine. En ville, les caravanes de semi-remorques qui y transitent,  acheminant des containers de matériels, alimentent les supputations et la rumeur. Ici et là, on ne parle que de ces « additifs » dangereux pour la nappe, de ces produits chimiques que Schlumberger, Haliburton, Total, Partex … et autres grandes compagnies useraient durant la phase de la fracturation hydraulique. Sur site, un premier puits test est déjà réalisé.

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La tête de puits à haute pression, le séparateur de boue-gaz et la torche allumée le confirment aisément. Un container et des caissons portant la marque Schlumberger et la mention « produits dangereux » trônent non loin des bourbiers, les bassins de décantation, recueillant les eaux de forage. Vides ou presque. À quelques centaines de mètres de là, le second puits est en cours de réalisation. « Vous n’avez pas d’autorisation, vous ne devez pas être ici », s’emporte un  agent de sécurité. Les journalistes sont persona non grata. La plateforme de forage de l’ENTP (filiale de Sonatrach spécialisée dans les travaux de forage) est installée.

À pied d’œuvre. Les militaires qui couvent le site observent de leurs roulottes, presque indifférents, le remue-ménage. Les responsables du chantier exigent eux aussi un sauf-conduit express avant toute déclaration à la presse. Le forage est encore dans sa phase verticale, précise néanmoins un technicien de l’ENTP, et la foreuse a déjà traversé la première nappe albienne (le complexe terminal situé à 400 m de profondeur) et flirte avec le continental intercalaire, la seconde nappe enfouie à 2000 m de profondeur…

« Après, ça sera le drain  horizontal », explique-t-il. « Il n’y a vraiment aucun risque sur l’aquifère, ajoute-t-il comme pour conjurer la rumeur. Et contrairement à ce qui se dit, les forages horizontaux n’atteignent pas une quinzaine de kilomètres mais à peine 900 m ; ils n’atteindront pas la ville et les produits utilisés durant les fracs ne causent ni la stérilité ni ne provoquent des avortements (…). » Autre prêche dans le désert ?

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« #Insalah Justice expéditive. L’homme attaché au pylône électrique serait charlatan ou il aurait entravé la manif. » (Twitter, 4 février 2015)

Le « Sud » à l’assaut de l’État « pompeur »

Samedi 27 décembre. À la tête d’une délégation officielle, Youcef Yousfi, le ministre de l’Énergie, allume la première torche de gaz de schiste dans le bassin de l’Ahnet Gourara. Un petit pas pour l’homme et son État « pompeur », un affront pour le « peuple » d’In Salah.

Le cortège de 4×4 fumés, payés par l’argent du gaz et du pétrole, ne s’arrêtera pas en ville. Un aller-retour simple : aéroport Krim Belkacem/forage de Gour Mahmoud.

Sahat Essoumoud. Il est 20h passées ce mercredi 21 janvier, et la « place de la Résistance », baptisée ainsi par les manifestants antigaz de schiste, est en ébullition. un climat de pré-émeute plombe les lieux et l’ambiance. « Tassiid, tassiid » (escalade, escalade), clament les dizaines de protestataires campant depuis vingt et un jours à même l’esplanade de la daïra d’In Salah. Abdelmalek Sellal, le Premier ministre, venait tout juste de faire son speech à la télé, annonçant la poursuite des forages exploratoires « dans l’Ahnet », pulvérisant les attentes des populations du Sud quant à un renoncement officiel et définitif à l’aventure du non-conventionnel.

De la désillusion, de l’abattement. De la colère. La placette change de physionomie et le bivouac – une dizaine de tentes dont une expressément réservée à alimenter la blogosphère et les réseaux sociaux – perd de son ambiance bon enfant. Les mots de Sellal ont fait des fracs dans le bloc des « 22 » délégués du Collectif de la société civile d’In Salah, créant un véritable le schisme entre pro et anti-radicalisation du mouvement de protestation.

Le conclave de ce collectif hétéroclite (médecins, enseignants, pétroliers, étudiants, ingénieurs, techniciens, chômeurs, etc.), le météorite ayant carbonisé la vieille garde et les « notabilités » de la région, s’est achevé en queue de poisson. Le lendemain, une nouvelle manifestation, regroupant plusieurs centaines de marcheurs, sillonne le semblant de ville, paralysée depuis plus de trois semaines. Les commerces, les administrations et services publics (exceptés Sonelgaz, hôpital…) ont fermé depuis le début du mois. Par solidarité, par peur et contrainte. Le distributeur de billets de la poste est mis en fonction de temps à autre.

Autrement, c’est à la poste de Fougarat Zoua, à 50 km au nord-est d’In Salah, que certains se déplacent pour retirer de l’argent. Les renforts de police, huit charters remplis de CRS arrivés à In Salah, sont casés dans les nouveaux édifices publics non encore inaugurés. À la nouvelle maison de jeunes, à la station SNVI et autres. « Samidoun, samidoun », « La, la li l’ghaz sakhri, la », « Wihda, wihda watania » (unité nationale), scandent les manifestants escortés par les Patrol de la police.

Après un week-end d’incertitude, de déchirement au sein du groupe de dirigeants du mouvement, de tractations non concluantes menées par l’intermédiaire du chef de daïra et du wali de Tamanrasset, arrivé à In Salah en début de semaine, la mobilisation reprend ses droits. Sans avoir perdu une once de son pacifisme resté un intact. Admirateur de la Grande âme, le Mahatma Gandhi, Mohamed Djouan, président de l’association Shems (pro-développement durable et énergie renouvelable), se dit convaincu que seule la lutte non-violente, « l’ahimsa », a droit de cité à Sahat Essoumoud.

Shems (Sun and power, son pendant web) a défrayé la chronique par sa capacité à mobiliser, elle dont la création, en 2009, coïncidait avec le méga projet allemand Desertec (400 milliards d’euros destinés à fournir l’Europe en électricité à partir de plateformes solaires et éoliennes) et dont la région d’In Salah devrait être un des pivots pour plus de 350 sociétés spécialisées.

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Makach Li Radi / لا للغاز الصخري بعين صالح / DesertBoys (New 2015 !!) | VOIR LA VIDÉO

Raisins de la colère

Dimanche [8 février]. Après la manif’ de « remobilisation » et autour de l’auberge de jeunes à l’architecture recherchée, et dominant la place de la daïra, les figures du mouvement partent en interminables palabres ou donnent des interviews aux nombreux médias nationaux et étrangers peuplant Meidan Echaref (place de la Dignité). Les Abdelkader Bouhafs, Mohamed Azzaoui, Khadir Maghili, Chaouidi Abderrahmane (et autres pétroliers, cadres à  Sonatrach), Mohamed Djouan, Dr Azzi…, les Hassina Zegzag, Fatiha Touni, figures féminines de la protesta … etc. émergent des foules d’hommes et de femmes de tous âges, enfants déscolarisés, jeunes et vieux en sit-in permanent depuis plus de trois semaines.

Sur des tapis déroulés à même le trottoir du bâtiment officiel livré par ses fonctionnaires et  tagué de banderoles. « La wilaya, la Tanmira, In Salah hia Dahia (Nous ne voulons ni le statut de wilaya, ni développement parce qu’In Salah en sera la victime). » Une citerne d’eau alimente une tente de brics et de brocs, la cuisine de campagne. En face, sur la petite Gara servant de placette, d’autres tentes, une dizaine, et des petits groupes de jeunes et vieux issus du chef-lieu ou venus des communes, localités et wilaya alentours : d’Adrar, Ouargla, Igosten, Fougart Zoua, Fougart El Arab, In Ghar…, se relayant jour et nuit.

« Nous avons été mordus une fois, il n’en sera pas question d’une deuxième. » Abdelkrim Ba Aâllal, membre du « groupe des 22 » délégués de la société civile fait référence au captage et la réinjection du CO² effectué en opération pilote par la joint-venture « In Salah Gaz ».

« Début 2000, raconte-t-il, des experts de la compagnie In Salah Gaz (BP, Sonatrach, Statoil) nous annonçaient qu’ils allaient faire du stockage de monoxyde de carbone dans le sous-sol (à Khechba, Tigantour), prétendant que la compagnie avait tous les moyens, la technologie,  l’imagerie satellite, la 3D, la 4D. En dépit des mises en garde des experts algériens quant au risque de pollution de l’aquifère, la compagnie persistait qu’il n’y avait aucun risque. Nous, on s’est dit qu’il s’agit d’abord de Sonatrach, entreprise nationale, qui maîtrise la technologie et qui plus est a un partenaire étranger qui a de l’expérience. Après dix ans, on apprend qu’il y avait une fuite  importante de CO2 et que le réservoir n’était pas aussi isolé et étanche que prétendu. »

Outre un soulèvement progressif des terrains (une surrection de 5 mm/an, atteignant un cumul de 10 à 20 mm, sur une zone de 4×5 km légèrement excentrée par rapport aux puits d’injection), une fuite a été constatée le long d’un puits et a fait l’objet de mesures correctives, notait un rapport d’étude (mai 2013) de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris), institut français. Les mouvements de la surface du sol ont été mis en évidence par surveillance satellitaire, confirmés par modélisation.

Le réservoir d’injection s’étend sur 20×8 km et se trouve à 1880 m de profondeur. Il est équipé de 5 puits de production de gaz naturel et de 3 puits d’injection de CO² au débit de 0,8 -1,2 Mt/an pour une surpression de 10 MPa. La masse totale injectée depuis 2004 est de 3 Mt. « Il est probable, précise le rapport, qu’avant cette montée progressive des terrains, une baisse ait eu lieu dans les années précédentes du fait de l’extraction de gaz, mais nous ne disposons pas d’information sur ce point. Il est également fort probable que ces effets soient sans gravité, car progressifs et répartis sur une grande surface. »

Essais Gerboises, expérimentation gaz de schiste

Mohamed Bourezeg, ancien « pétrolier » à la retraite, ne compte plus les atteintes à l’environnement et à « l’homme d’In Salah » par cette industrie gazière cinquantenaire et ce depuis le « premier puits de gaz foré à In Salah à la fin des années 1950 ». À Hassi Moumen, à 35 km au nord, dans le nouveau champ gazier, ce fut l’autre alerte écologique, l’autre précédent, l’énième en ces terres d’expérimentation et « d’opérations pilote » pour les multinationales.

Sonatrach et ses partenaires auraient procédé à la réinjection de l’eau extraite, par déshydrations, à partir du gaz humide, contaminée par des produits chimiques, dans un réservoir  de 1400 m de profondeur. Contaminer la nappe signifie extermination de la population, rappelle Bourezeg.

« Toutes proportions gardées, cette histoire de gaz de schiste s’inscrit dans la même lignée des bombes atomiques françaises (lesdits essais Gerboises, ndlr), à  Regganne (à 250 km à l’ouest) et In Ekker (au sud). Les déchets nucléaires sont à ce jour abandonnés en pleine nature et les séquelles des explosions  se font encore sentir », rappelle-t-il non sans ironie. « Sauf qu’hier c’était le colonisateur et  aujourd’hui c’est l’État qui veut se remplir les poches au risque de nous exterminer. » Point zéro. Reganne. À 260 km à l’ouest d’In Salah. 13 février 1960, 7h40. À Houmoudia, à 60 km au sud de Reggane, la première bombe atomique française déchire le ciel et les entrailles du Tanzrouft.

Suspendus à une tour de 100 mètres de hauteur, 70 kilotonnes de la bombe au plutonium (4 fois la bombe d’Hiroshima)  irradient — pour 24’000 ans — ces portions du vieux monde. « Les toits des onze grands ksour se sont soulevés et les vétérans racontent que Reggane ressemblait, ce jour-là, à une bouteille tellement la pression et le souffle étaient insupportables », relate Hamel Amar, président de l’association locale 13 Février 60 des victimes des explosions nucléaires. SNP, un sans-nom-patronymique, son père était parmi les « employés » indigènes, cobayes de première, de la « 12e compagnie » qui a installé ses quartiers à Reggane.

Dans l’hôpital de la ville, le Dr Oussidhoum Mustapha, 25 ans de médecine interne, « chouchou » de la population, observe mieux que quiconque les effets des explosions atomiques. « Même si à ce jour, on a pas établi un lien direct, car aucune étude sérieuse sur ceux-ci n’a été initié par les pouvoirs publics. Vous n’avez qu’à consulter le fichier de la commune et vous serez édifié par le nombre d’handicapés physiques et mentaux », indique-t-il. Nombre de maladies,  comme le cancer, restent sous-diagnostiquées pour défaut de moyens. Ironie de l’histoire : l’hôpital ne dispose ni de scanner ni des spécialistes permettant ce diagnostic.

Leur presse (Mohand Aziri, ElWatan.com, 9 février 2015)

 

Mohamed Djouan. Président de l’association Shems
« Nous continuerons jusqu’à ce que notre cause soit entendue »

Comment ce mouvement de protestation a pris forme ? Est-ce spontané ou organisé ?

Je dirais qu’il était presque naturel, spontané. Les habitants d’In Salah étaient choqués par la manière avec laquelle le ministre de l’Énergie, et par-delà le gouvernement, a inauguré fin décembre le premier site d’exploration de gaz de schiste. Aucune considération. C’était un choc qui a fait réagir de suite les habitants d’In Salah, qui manifestent à ce jour de manière pacifique.

Beaucoup pensent et disent que les gens d’In Salah ont dormi toutes ces années et se réveillent maintenant. Non ! Nous avons toujours attiré l’attention des pouvoirs publics sur de nombreuses menaces écologiques et environnementales qui pèsent sur la santé publique. Je fais référence notamment aux émissions de monoxyde de carbone qui proviennent des puits de gaz. Emportées par les vents, et In Salah est connue pour son couloir de vent de sables, ces émissions se retrouvent forcément en zone urbaine.

Je rappelle aussi l’échec des opérations pilotes de réinjection dans le sous-sol de quantités considérables de CO² et la fuite qui a eu lieu et d’eau polluée utilisée dans les forages à Hassi Moumen, notamment, à 35 km au nord. Aucun des ministères, agences et autorités que nous avons interpellés n’a daigné répondre. Et là, brusquement, on sort cette histoire de gaz de schiste.

Le choc était pour nous double. Notre revendication était d’abord l’arrêt de l’exploration, le nettoyage et sécurisation des sites et l’ouverture d’un dialogue national. Ces richesses appartiennent à tous les Algériens et tous ont un avis à donner. Certains disent la « main étrangère » : y a-t-il un drapeau autre que celui de l’Algérie qui flotte ici ? Un vrai patriote n’accuse pas les autres de traîtrise, au contraire il voit des patriotes partout. Les gens d’In Salah sont autant si non davantage patriotes que les autres.

En matière de patriotisme, de renoncement à nos droits, de don de soi, on n’a pas de leçon à recevoir. Dans nos revendications, on n’a même pas intégré les aspects liés au développement. Pour vous dire que ce qui nous anime n’est rien d’autre que le souci d’éviter au pays des catastrophes écologiques qui peuvent affecter tous les Algériens.

Le président Bouteflika et son Premier ministre ont affirmé que l’exploitation du gaz de schiste n’est pas à l’ordre du jour du gouvernement, vous n’en êtes pas convaincu ?

Dans ce cas, pourquoi persiste-t-on à forer ? Pourquoi maintenir les forages en cours ? Pourquoi vouloir pousser la population à adopter une attitude négative ? La masse de gens a été très affectée par les propos de Sellal. Notre confiance en l’État est totale et nous continuerons nos actions pacifiques de protestation jusqu’à ce que notre cause soit entendue. Les politiques doivent savoir comment s’adresser à leur peuple. Nous sommes au XXIe siècle, en 2015.

De ce fait ils ne doivent plus traiter les gens comme s’ils étaient au Moyen Âge. Élevez le niveau, SVP ! Celui qui se sait incapable de s’adresser correctement aux Algériens qu’il cède la place. Que les politiques séniles, qui déblatèrent, se cherchent une place dans un musée de cire plutôt que de faire dans la provocation. Nous sommes là. Nous sommes des Algériens. Des Algériens qui ne revendiquent que leur droit. Le cas contraire, s’ils nous considèrent comme des sans-statuts, des sans-grade qu’ils nous le disent une bonne fois pour toutes.

Leur presse (Mohand Aziri, ElWatan.com, 9 février 2015)

 

In Salah : La mobilisation anti-gaz de schiste reprend du souffle

L’entêtement des pouvoirs publics à poursuivre coûte que coûte les forages des puits-pilotes de gaz de schiste ne fait que consolider la détermination des citoyens d’In Salah à maintenir la mobilisation jusqu’au renoncement, du moins temporairement, à l’exploitation de ce gaz non-conventionnel en Algérie.

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Au lendemain de la nouvelle sortie médiatique du PDG par intérim de Sonatrach, Saïd Sahnoune, qui a réitéré la décision de la compagnie nationale de poursuivre les forages du gaz de schiste dans le bassin d’Ahnet, des citoyens d’In Salah, contactés par nos soins, sont unanimes à qualifier d’“irresponsables” les propos de Saïd Sahnoune qui, selon eux, pousse “au pourrissement” au lieu de “prendre en compte les revendications légitimes des citoyens qui se soucient de l’avenir de tout le pays et des générations futures”.

Sur le terrain, la mobilisation citoyenne a été au rendez-vous ce lundi 9 février 2015 à In Salah. Outre le sit-in permanent observé depuis le 1er janvier dernier sur l’esplanade du siège de la daïra, plusieurs centaines de personnes, notamment des élèves et des étudiants, ont battu le pavé à travers les artères principales de la ville pour réitérer, eux aussi, leur “unique revendication” qui consiste en l’“arrêt des forages” et l’“annonce publique par le gouvernement d’un moratoire sur l’exploitation du gaz de schiste à travers tout le pays”, a-t-on appris de sources concordantes.

Une contestation portée aussi par les femmes

Selon nos sources, en début d’après-midi, plusieurs véhicules ont été mobilisés pour transporter des manifestants au bassin d’Ahnet, à une trentaine de kilomètres de la ville, où ils devraient organiser un rassemblement pour “contraindre les exploitants à mettre à l’arrêt les appareils de forage”. Quoique des actions similaires avaient eu lieu la semaine dernière, la nouveauté cette fois c’est “la présence de femmes parmi les citoyens qui ont fait le déplacement”. “Une dizaine de fourgons ont été remplis de femmes avant de prendre la direction de Gor Mahmoud (lieu des forages) où elles manifestent, à côté de leurs frères actuellement”, soulignent nos sources.

Leur presse (Yacine Omar, Algerie-Focus.com, 9 février 2015)

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La Police agresse des Rroms à Villeneuve d’Ascq – Appel à manifestation ce mercredi 11 février à Lille

http://juralib.noblogs.org/files/2015/01/0311.jpgLe comportement scandaleux des policiers de la BAC contre les Rroms du « camp » des 4 Cantons à Villeneuve d’Ascq
RÉAGISSONS MASSIVEMENT

Le dimanche 8 février vers 22 heures, 4 policiers de la Bac en civil sont intervenus dans le « camp Rrom ». Visiblement éméchés ces policiers se sont mis immédiatement à gazer les gens qui s’approchaient surpris d’une telle intrusion. Ils s’en sont pris ensuite aux enfants jusqu’à ce que des adultes les repoussent du camp. Les policiers ont alors sortis leur revolver et ont tirés des coups en l’air. Ils ont ensuite appelés leurs collègues qui sont immédiatement arrivés. Ce sont ces collègues en uniformes qui ont mis fin à l’accident en « engueulant » les policiers de la BAC et en les emmenant avec eux.

Le bilan de ces actes ignobles reste : un enfant étranglé, une personne frappée aux yeux, plusieurs autres brûlées par le gaz, de nombreuses familles et enfants choquées. Ces pratiques barbares ne sont pas dues au hasard. Elles sont le résultat de la politique de désignation des Rroms comme nouveau bouc émissaire de la part du gouvernement actuel et plus particulièrement de Valls. Ce dernier déclarait, en effet, le 14 mars 2013 : « Les occupants des campements ne souhaitent pas s’intégrer dans notre pays pour des raisons culturelles ou parce qu’ils sont entre les mains de réseaux versés dans la mendicité ou la prostitution ».

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Rappelons également que se sont déjà 138 lieux de vie Rroms qui ont été détruits et 13’483 personnes expulsés de leur habitation dont 14 « camps » et 660 personnes pour notre région. Ces expulsions banalisent l’idée que les Rroms sont un problème et sont dangereux alors qu’ils sont en danger. Elles constituent une véritable « politique de la race » désignant une population précise à la vindicte publique.

IL FAUT RÉAGIR MASSIVEMENT ET IMMÉDIATEMENT

Nous exigeons que la clarté soit faite sur ces actes ignobles et que les policiers concernés soient jugés et radiés immédiatement.

« Le monde est dangereux à vivre non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. » Albert Einstein

Manifestation contre les violences de la BAC contre les Rroms
Mercredi 11 février 2015
Place de la République à Lille à 18 h

Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP), Comité des Sans-Papiers 59 (CSP 59) – mailing, 9 février 2015

 

Villeneuve-d’Ascq : intervention policière tendue dans un camp de Roms suite à une agression dans le métro

Depuis ce matin, l’information a fait le tour des réseaux sociaux du monde associatif œuvrant autour des migrants. Le Front uni des immigrations et des quartiers populaires (FUIQP), le Comité des sans-papiers 59 (CSP), et même la CGT, appellent à manifester contre les violences de la BAC commises, dimanche soir, dans un camp de Roms installé aux 4 Cantons. Sauf que l’intervention policière était justifiée et que les forces de l’ordre ont essuyé une réaction vive des familles Roms.

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Ana Maria tient son bébé dans les bras et explique que les policiers sont arrivés dans le camp, dimanche vers 18h30, sans expliquer pourquoi. Cette jeune femme est une des rares adultes de la communauté qui vit dans le camp des 4 Cantons à parler correctement français.

Elle donne sa version des faits : « Ils sont arrivés à cinq, avec des lampes et des bombes de gaz. Je leur ai demandé pourquoi, mais ils se sont mis à fouiller les caravanes sans dire ce qu’ils cherchaient ! » Devant le silence des policiers qui entrent et sortent des caravanes, les familles insistent pour avoir une explication. Et c’est là, selon Ana-Maria, que les fonctionnaires ont aspergé les personnes qui se trouvaient devant eux, adultes et enfants compris.

Ana-Maria montre son bébé : « Il en a reçu ; j’ai voulu l’emmener à l’hôpital, mais ils n’ont pas voulu me laisser partir ! » Un jeune homme se penche et montre un hématome à l’arcade. « Ils l’ont frappé avec un gros tube. Pourquoi ? Ils sont retournés à leur voiture et après d’autres policiers sont arrivés. Il y avait huit voitures. » La jeune femme explique que les policiers ont continué à fouiller sans rien trouver, et ont dit qu’ils allaient revenir. Tout ce qu’elle explique est étrange, en effet. Mais la police donne une version des faits bien différente.

La police donne une version différente des faits

La police affirme avoir été appelée dimanche, à 18h pour une agression sur personne vulnérable dans la station de métro 4 Cantons. Deux Roms auraient dérobé le sac à main d’une personne âgée. Selon les informations que la police a recueillies, les deux individus se seraient dirigés ensuite vers le camp de Roms. Cinq fonctionnaires de police en civil se sont donc rendus sur le site pour interpeller les deux voleurs.

Quelques minutes après leur entrée, les policiers sont pris à parti par les familles et bombardés de projectiles en tous genres. Pour se protéger, les policiers utilisent en effet de la bombe lacrymogène. Ils tirent même deux coups de flash-ball en l’air. Devant la colère des familles Roms, ils retournent à leur véhicule et appellent des renforts. Les recherches reprennent dans des conditions tendues.

L’agression dans le métro a été confirmée par une vidéo de Transpole dans laquelle on voit deux individus dérober le sac à main. Les forces de l’ordre ne les ont pas appréhendés. Une procédure judiciaire a été ouverte pour agression sur personne vulnérable et violences sur les forces de l’ordre.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Cédric Gout, lavoixdunord.fr, 9 février 2015)

 

Villeneuve d’Ascq : Une intervention de police, deux versions

ROMS Dimanche soir, une patrouille de la BAC est intervenue dans le camp de Roms des 4 Cantons. Les versions de la police et des différents témoins s’opposent radicalement sur le déroulement des faits…

Une chose est sûre, une intervention de police a eu lieu, dimanche soir, dans le camp de Roms situé derrière la station de métro 4 Cantons, à Villeneuve d’Ascq. C’est après que cela devient compliqué. Sur le déroulement de cette intervention, deux versions s’opposent plus que radicalement : celle des policiers et celles des Roms.

Dimanche, à 18h15, un effectif de la BAC était dépêché à la station de métro 4 Cantons pour porter secours à une « personne vulnérable » qui venait de se faire agresser. La victime a raconté aux policiers qu’elle venait de se faire arracher son sac à main par deux individus « de type rom ». Elle a expliqué que les deux hommes, vêtus de hauts noirs et de pantalons rouges, se sont réfugiés dans le camp de Roms situé derrière la station. Les policiers se sont alors rapprochés et ont repéré, dans le camp, un individu correspondant au signalement.

Les témoignages divergent

Selon Ana Maria, une médiatrice Rom habitant le camp, « les policiers ont ouvert toutes les caravanes puis ont gazé tout le monde sans explications ». Une version démentie par la police qui affirme que les agents n’ont fait usage de gaz lacrymogène que pour se dégager « d’une foule hostile ». Sur place, lundi matin, plusieurs Roms ont fait état de « coups de feu tirés en l’air ». Encore faux, selon la police, qui parle uniquement de deux tirs de Flash-Ball.

Joint par téléphone, lundi midi, le maire de Villeneuve d’Ascq, Gérard Caudron, a « plutôt tendance à croire la version de la police ». « Il y a quand même une victime hospitalisée », s’insurge-t-il. Selon l’élu, une enquête interne à la police a été ouverte pour tenter de démêler le vrai du faux. À l’Aréas, dont les travailleurs sociaux connaissent ce camp, on a plutôt tendance à croire les Roms. Aucune plainte n’a été déposée par la victime de l’agression et aucun suspect n’a été interpellé.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Mikael Libert, 20minutes.fr, 9 février 2015)

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Fin de printemps à Kiev

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Mailing, 10 février 2015

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[Trois moustachus dans une estafette / Toujours près pour niquer ta fête] Rien n’arrête un peuple qui danse

Ça s’enjaille à Versailles

Samedi 7 janvier, plus de 500 teufeurs remontaient la plus grande artère de Versailles, juste devant le Château, derrière six camions de son. La semaine précédente, des manifestations dans toute la France avaient rassemblé 10000 personnes. On a été voir un peu ce qui se passait de ce côté de la fête, et on a rencontré quelques uns de ces ravers.

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Qu’est-ce que vous venez faire à Versailles ? Pas vraiment une ville de teufeurs non ?

Ouais, en effet. En fait, si on est là, c’est en réponse à une free party qui a dégénéré au nouvel an 2010, à Mesnil-le-Roy, dans les Yvelines. On s’est pris une immense amende sur la gueule, 191’000 euros. C’est le tribunal de Versailles qui a décidé de l’amende, du coup on répond en venant ici.

Que s’est-il passé ce 31 décembre 2010 ?

Y’avait un technival à Mesnil-le-Roy, dans une ancienne champignonnière, une sorte de cave qui a servi pendant longtemps à la culture des champignons. Bien sûr y avait pas d’autorisation. Y’a eu plusieurs problèmes. Déjà, un puits d’aération était bouché, donc le taux de monoxyde de carbone a augmenté super vite. Les pompiers sont arrivés vers 4h pour mettre en place une soufflerie, mais ils l’ont montée à l’envers ! Quand ils s’en sont rendu compte, les flics ont simplement décidé d’évacuer tout le monde. C’était pas complètement absurde comme décision, c’était quand même craignos. Sauf que, trouvant qu’on sortait pas assez vite, ils ont d’abord empêché les gens qui étaient déjà dehors de rentrer pour récupérer leur matos. Ils ont ensuite voulu accélérer le mouvement : ils ont tiré au flashball, sorti les gaz lacrymos, c’était hyper violent. Un mec juste après m’a dit « Je viens de quitter la guerre », les flics étaient déchaînés. Ils ont blessés plus de 100 personnes, un gars a reçu 3 décharges de taser, une fille a été complètement défigurée par les flashballs. L’autre problème est venu par la suite. Cette champignonnière, elle a servi pendant la guerre froide de centre d’écoute et de poste de commandement pour l’OTAN. Du coup ils avaient entreposés leurs chars, qui traînent toujours là bas. Ces chars sont complètement abandonnés, y’a plein de graffs dessus depuis longtemps. Sauf qu’on s’est pris cette énorme amende pour « dégradation de biens publics » ; selon eux, on aurait tagué les chars à ce moment-là. Bref, en gros on se prend une amende pour des graffs qui étaient déjà présents au moment où on est arrivé.

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C’est la deuxième manif en deux semaines, ça fait longtemps qu’on avait pas vu ça, non ?

En fait, la répression qui s’abat sur nous depuis plusieurs années avait fini par verrouiller véritablement le mouvement. Y’a une cellule des RG qui a été crée en 2011 pour ficher et contrôler les organisateurs des free, y’a eu énormément de saisies de matos injustifiées. Les différents crews (hardcore, techno,…) communiquaient presque plus entre eux, ils s’organisaient plus ensemble. Mais là y’a un véritable renouveau avec la manif’ nationale du 31 janvier, on se remet à se coordonner nationalement, les liens se recréent, on fait des choses ensemble, bref, ça reprend carrément de l’ampleur.

C’est quoi pour toi une free ?

Organiser une free, c’est un acte avant tout politique. À la base si ça a commencé, c’est parce qu’on a pas envie de faire la fête dans des boîtes de nuit, on a pas envie d’être parqués, soumis aux lois capitalistes qui nous disent combien on doit payer notre entrée, combien faut lâcher pour les boissons. Ce cadre fermé, ça nous gave. Nous ce qu’on revendique, c’est la liberté d’occuper des espaces, d’y faire des teufs comme on l’entend, d’y expérimenter ce qu’on veut. Dans les free, c’est là que les gens lâchent les barrières imposées, qu’ils créent leur propre vérité. Là quand je regarde autour de moi, je trouve ça putain de beau, ces gens qui parlent, qui se marrent, qui dansent et qui partagent.

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Et comment allez-vous vous démerder avec cette amende ?

Pour nous ce qui compte c’est de continuer. De répondre coup pour coup. Comme tu vois : 191’000 euros d’amende et on est toujours là. On a bloqué les périfs de Rennes et de Paris et on recommencera. Nous notre truc c’est pas la légalité, mais on voudrait bien au moins qu’ils respectent leurs propre loi, qu’ils arrêtent avec leurs mesures d’exception contre le mouvement techno. En vrai, on a essayé de parler avec les politiques mais ils nous ont fait des promesses ridicules qu’ils n’ont même pas tenu. Genre les flics saisissent le matos si il y a plus de 500 personnes à la teuf. Alors que pour les autres mouvements musicaux, le seuil est fixé à 1500. De toutes manières les flics ont bien compris qu’on avait pas envie de se laisser institutionnaliser, c’est ça qui les fait baliser. Rien n’arrête un peuple qui danse.

Lundi Matin #10, 9 février 2015

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[Témoignage] Jours pas tranquilles à Clichy, Gennevilliers, Asnières, Colombes…

Jours pas tranquilles à Clichy, Gennevilliers, Asnières, Colombes…
… un témoignage parmi tant d’autres…

À force de beugler : Aux armes, blottis les unEs contre les autres, confis dans leur compassion ;
À force de vendre des engins de mort et de participer aux massacres qu’illes déplorent ensuite ;
À force de se baffrer de petits fours chimiques fabriqués par des traitReurs,
illes ont oublié un outil simple, qui coûterait moins cher aux con.tribuables : L’AUTOCRITIQUE, sans doute trop … gauchiste, et trop loin de la con.fession catholique ?

Travailleuse sociale, j’ai à ce titre côtoyé des jeunes, entre 16 et 25 ans, qui sur-vivaient principalement dans le quartier du Luth, à Gennevilliers, sous les projecteurs depuis le 7 janvier.
Un « pôle d’insertion », inventé par une fédération socialiste qui a connu des jours meilleurs dans les années 50.
Avec Miloud et Améziane, mes collègues, nous avons passé des heures – non pédagogiques – au commissariat pour tirer nos stagiaires des griffes d’une bac agressive – pléonasme –, dont les sujets émergeaient principalement au FN ; nous y entendions des propos comme : « gardez-les, vos ringards » et ça, c’était la version polie. Bizarrement, on entendait ça, aussi, de la bouche des patrons, à qui on proposait de la main d’œuvre gratuite (à cet effet, nous avons fait une liste noire des propos racistes qui a circulé dans les Missions locales).
(C’était en effet la naissance des sigles cache-misère : ZEP, BAC…)

On avait découvert que des subventions conséquentes arrivaient chez nos patrons socialistes, et comme on en voyait jamais la couleur, on est alléEs dans les bureaux voir ce qu’il en était.
À part souiller l’épaisse moquette rose avec nos baskets bien crades, et déplorer le mauvais goût des tableaux aux murs, aucun résultat tangible après notre visite. Mépris compassionnel, compassion méprisante ?
Alors, on a s’est donné les moyens : on a créé un journal : l’Écho du Port (de Gennevilliers), qui a révélé les talents de reporters et démarcheurs de nos « ringards » ; nous sommes alléEs envahir la mairie de Colombes, où le maire, un écologiste, n’a pas montré d’effroi, contrairement à ses subalternes qui nous bloquaient l’entrée … et a eu l’intelligence sans doute démagogique de nous faire visiter les locaux, et nous a donné une – petite – enveloppe.

Avec cet argent et celui de l’Écho, nous sommes partiEs à la Capitale. Beaucoup des jeunes n’avaient jamais pris le métro, aucunE n’avait vu la Tour Eiffel, même pas de loin, le ciel était trop pollué là-bas…
Mais on a négligé les monuments historiques touristiques :
On a commencé par la Sorbonne, lourdement gardée par des uniformes (fallait montrer ses « papiers »).
Les jeunes ont commencé par raser les murs, impressionnéEs, puis illes se sont lâchéEs dans un amphithéâtre, n’arrivant pas à croire que le pantin en bas qui parlait dans un micro était un prof. Ont quelque peu bousculé des étudiants à pupitre, offusqués par l’intrusion de ces énergumènes bruyants.
Après, on est alléEs voir la rue de Bièvre, où habitait le président. Ills sont tombéEs en arrêt devant les mitraillettes et autres armes lourdes des gardes postés un peu partout aux alentours ; ont essayé sans succès d’engager la conversation.

Pour relâcher la pression, on a visité l’Institut océanographique : c’est là qu’illes ont commis leur premier acte de délinquance : voler des cassettes, malheureusement vides !
On est alléEs prendre un pot dans une brasserie ; les filles, qui s’étaient changées dans mon placard pédagogique transformé en vestiaire et cabine de maquillage toute la durée du stage, étaient éblouies par toute cette … liberté.
Et pour finir, on est alléEs au ciné, voir … Nikita !
Une journée inoubliable.

Certes, je me suis faite agresser au rasoir par des grands frères. Ils sont venus à trois, de front (j’étais le diable, je devais pas regarder derrière eux). Paraîtrait que, d’après Mahomet, seules les montagnes ne se rencontrent pas. Bon, j’ai un peu … rasé les murs, après, mais je reconnais que je me suis réjouie quand, à la fin de ces neuf mois, une petite équipe a déboulé en scooter et a complètement détruit les lieux du stage, d’immondes préfabriqués en ruine, de toute façon destinés à la casse.

La casse, ce fut aussi Bouzid, mort dans les locaux à poubelles de son immeuble, et tant d’autres, en danger constant.

Miloud, Améziane et moi, on a quitté ces patrons socialistes, oligarchie méprisable pratiquant l’arnaque certainement mieux que ces jeunes.

Et vous, Ouzina, notre poète, que le père voulait envoyer à la cueillette des olives ; Attika styliste en herbe ; Alexia, qu’aucun lycée n’a voulu accepter en seconde, malgré toutes nos démarches ?

Qu’êtes-vous devenuEs ?

9 février 2015

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[La Mangouste] Récit d’une petite victoire face à la police à Lille

Nous avons voulu vous conter cette petite histoire pour qu’elle ne reste pas sans mots. Mais elle n’a rien d’extraordinaire, rien d’exceptionnelle. Des débordements qui surgissent quand des personnes s’organisent pour prendre leur existence en main, il y en a partout et tout le temps dans les moindres interstices du pouvoir.

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Ça fait presque deux mois que nous occupons un bâtiment appartenant à l’Institut Pasteur à Lille, vide depuis plus de 6 ans. Pendant plusieurs semaines, nous avons fait quelques travaux pour nous sentir chez nous en rénovant les chambres : certaines tapisseries d’une autre époque ont été enlevées ou remplacées, certains murs ont été assainis, une cloison a été montée et d’autres petites choses ont été installées. Nous avons aussi aménagé un grand salon avec une cuisine nous permettant de vivre sereinement à plein ! En plus de ça, nous avons maintenant des espaces collectifs permettant d’accueillir plusieurs activités, notamment une salle de cinéma, un bar, une salle de concert et d’autres choses si nous en avons envie.

Nous pouvons donc dire que nous sommes plutôt bien installés et comptons bien y rester le plus longtemps possible. Et pour cela, ce n’est pas la fameuse insalubrité inventée par l’Institut Pasteur qui nous fera partir, mais bien la bleusaille. C’est pourquoi quelques précautions ont été prises pour qu’elle ne puisse rentrer facilement, en témoignent leur deux essais infructueux.

La première fois qu’ils sont venus, c’est de façon illégale le 17 décembre. Cela se déroule en deux temps : un, officieux, où une première équipe de flics est chargée de faire ça rapidement, autant dire qu’elle n’est pas là pour réfléchir. Coup de pied dans une barricade alors que le flic est en équilibre sur une barre métallique au dessus d’une verrière. Il échoue évidemment. On se demande si on va pas retrouver un bleu mort dans nos chiottes 4 mètres plus bas, mais les flics partent rapidement. Alors vient le deuxième temps : les proprios reviennent en grandes pompes dans l’après-midi accompagnés de 40 flics, BACeux, RG, huissiers et compagnies en espérant nous expulser illégalement. Les flics posent le bélier devant la porte pour nous signifier qu’ils en ont des grosses. Malheureusement pour eux, ils ne savent pas par où commencer — il faut dire que le bâtiment est plutôt bien protégé — et après deux heures d’intenses réflexions de leur part, ils repartent bredouilles, n’ayant pas eu l’autorisation d’opérer illégalement sur un carrefour hyper visible, juste à l’entrée de la ville.

Nous sommes plutôt contents de leur échec, mais sommes assez impressionnés du déploiement et de leur réactivité. Il faut dire que le bâtiment est situé à un endroit stratégique pour eux, le Centre de recrutement de la Gendarmerie se trouve à quelques mètres, d’ailleurs les schmidtts sont des vieux habitués du quartier : ce qui est aujourd’hui la Maison de l’emploi était autrefois le commissariat central et les bars du coin sont toujours très mal fréquentés. Nous décidons alors d’utiliser cet atout pour placer une banderole signifiant notre occupation et notre volonté de prendre de la place dans le quartier.

Forcés cette fois de suivre la procédure, les proprios font appel aux huissiers, qui viennent nous rendre visite plusieurs fois. Dès le lendemain du déploiement de keuf infructueux, deux huissiers se pointent pour constater l’occupation et nous demandent nos noms. Costards sur mesure, cheveux gominés, le teint frais, on vient pas du même monde c’est clair. Ils tentent quand même de faire une petite blague quand on leur dit que c’est Bruce Willis qui habite là. Nous on rit pas. Quelques semaines plus tard, le plus puant des deux revient tout seul (même pas peur) prendre en photo la serrure. Toujours le même sourire arrogant. On a à peine le temps de réagir qu’il est déjà parti.

Mardi 27 janvier, les deux mêmes huissiers se repointent. Toujours au top. Par contre cette fois ils ne sont pas tous seuls. Quelques flics les accompagnent, ainsi que deux serruriers, tous se font plutôt discrets. Ils pensent qu’il n’y a personne dans la maison, et ne prennent pas la peine de sonner. Par chance les deux habitants présents à ce moment là les voient et descendent mettre les barricades. Ils remontent et se pointent à une fenêtre pour demander aux huissiers ce qu’ils viennent faire là. Très évasifs, la seule réponse obtenue est « on veut discuter, mais on discute à l’intérieur », comprenez : « on vient prendre vos identités, et si vous nous laissez pas entrer, on entrera tous seuls ». Sur ce, les serruriers commencent à attaquer la porte. Heureusement pour nous, il s’avère assez rapidement que ce sont deux gros branquignoles. Pendant qu’ils essayent l’arrache-serrure, puis le pied-de-biche, le tournevis, la perceuse, etc., les habitants ont le temps d’appeler quelques copains en renfort. Du monde commence à se rassembler sur le carrefour, pendant que la bleusaille arrive plus nombreuse également. Dehors, on décide de s’approcher et de se mettre bien en face de la maison, histoire de mettre la pression aux flics et aux serruriers, qui font de plus en plus d’efforts inutiles. On les traite à mort, les gens du quartier sortent et nous rejoignent. Entre les gosses qui attendaient leur bus, les gens qui sortaient de la Mission locale et les jeunes du quartier, ça fait du monde qui se croise et qui décide de rester juste par solidarité et haine des keufs. Ça crie, ça se moque, pendant ce temps les habitants menacent les serruriers avec une bouteille de pisse. Ils n’y croient pas trop, ils auraient dû. Ils se prennent d’abord quelques gouttes, puis une bouteille entière sur la face, puis une autre. En tout, ça fait quelques litres bien odorants qui atterrissent sur les serruriers et les huissiers, pendant que les flics se reculent bien sagement de la porte. Eux sont pas trop solidaires de leurs potes pour le coup.

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Vu le succès qu’a rencontré l’urine auprès des gens dehors, ça enchaîne direct sur la compote, puis le pain sec, qui atterrissent sur les boucliers de CRS venus protéger les serruriers. Sauf que travailler entourés de flics-parapluies, imbibés de pisse et de bouffe alors qu’il caille à mort et que tu te fais traiter par 50 personnes, ça aide pas à la réflexion. Bref, plus de deux heures plus tard, les serruriers lâchent l’affaire en ayant bien entamé la porte, mais pas assez pour la faire céder. Les coups de masse et de bélier des flics désespérés ne l’ont pas fait bouger. Les serruriers et la BAC se tirent les premiers, les bleus commencent à partir, nous on sent la victoire, on est de plus en plus déchaînés. Ça crie à mort, ça traite les keufs, les habitants craquent un fumigène à la fenêtre, c’est vraiment beau à voir. Des pétards font sursauter les flics, qui font plus trop les malins. On s’apprête à se disperser quand une nouvelle patrouille de BAC débarque pour contrôler des jeunes du quartier. Illico les gens encore présents avancent sur eux, les entourent, leur disent de dégager. Ils appellent du renfort, le contrôle se termine tranquille et ils finissent par tous se barrer rapidement. Nous on rejoint notre case, on tente d’ouvrir notre porte qui est bien abîmée. On ouvre, on visse, on soude, des gens du quartier sont encore là, nous filent un coup de main, viennent tchatcher de la maison, ou juste nous regardent reprendre possession des lieux.

Nous disons petite victoire, cela ne veut pas dire que les flics ont perdu, on a juste gagné du temps. Mais nous n’avons pas gagné que ça. Nous parlons de victoire, parce qu’au moment où les flics sont partis, nous avons tous compris qu’ils partaient en partie grâce à cet aller-retour entre les habitants et les gens dehors. Nous avons aussi gagné une énergie folle, une énergie qui est assez rare, mais qui a duré jusqu’au soir, où même l’ambiance du quartier n’était pas comme d’habitude. Cette énergie a traversé toutes les personnes présentes qui étaient contre la police. Pendant cette émulation, les gens dehors parlaient contre les flics, mais parlaient aussi entre eux, c’était une discussion libérée, libérée dans le sens où l’hétérogénéité des personnes aurait fait que dans une situation normale personne ne se serait parlé. C’est cette situation anormale qu’il faut savoir prolonger, cette énergie qui doit nous aider à multiplier ces situations.

C’était nouveau pour nous de ressentir un vrai soutien du quartier, de voir les gens dans la rue se les peler tout l’aprem pour rester discuter, voir comment ça va se passer. Du coup on a voulu essayer de s’emparer de ça, de rencontrer les gens dans un contexte plus serein, et on a décidé d’organiser une grosse bouffe chez nous une semaine après ces événements.

La Mangouste, Lille, le 8 février 2015

 

Lille : les squatteurs de l’Institut Pasteur invitent les gens du quartier à dîner

Les militants anti-mal logement qui occupent une ancienne brasserie appartenant à l’Institut Pasteur organisent un banquet pour les habitants du quartier.

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Impossible de se tromper. Le programme, tout comme le menu, est sur la porte. Depuis deux mois, un groupe de squatteurs a investi un bâtiment appartenant à l’Institut Pasteur, vide depuis six ans. Insalubre, cette ancienne brasserie doit être rasée et remplacée par un immeuble neuf, explique Pasteur. Les efforts pour expulser les occupants n’ont visiblement pas encore porté leurs fruits.

Les militants anti-mal logement ayant investi les lieux s’en réjouissent. Et remercient même les habitants du quartier qui, assurent-ils sur leur porte, les soutiennent dans leur action. D’où un banquet organisé sur place mardi soir à destination de la population. L’Institut Pasteur rappelle, de son côté, la dangerosité des lieux.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (NordEclair.fr, 5 février 2015)

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[L’histoire du terrorisme est écrite par l’État] Justice pour Ayoub Boutahra

Tir de Flash-ball : quatre ans de douleur pour un Montbéliardais

Le 7 février 2011, Ayoub, un Montbéliardais de 17 ans, perdait un œil suite à un tir policier. Sa famille attend et espère toujours une réponse de la justice.

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Les parents Bouthara sont soutenus par un comité réclamant l’interdiction des flash-ball, dont en, 2006, Nicolas Sarkozy avait dotés la police. Rien qu’en 2014, en France, les tirs ont entraîné des blessures sérieuses chez treize personnes.

« La police est là pour nous protéger. Elle l’a montré encore récemment. Nous le savons et nous y croyons encore. Mais nous voulons aussi, encore et toujours, que justice soit faite. » Dignes et posés, Najat et Otmane Bouthara. Cette année, au regard du contexte — les attentats de Charlie Hebdo — les parents d’Ayoub, 21 ans, n’ont pas voulu d’un défilé dans les rues de la Cité des Princes comme cela se faisait habituellement pour commémorer l’accident ou la bavure dont a été victime leur fils.

Lycéen, Ayoub, un Montbéliardais de 17 ans sans histoire, attendait son bus ce 7 février 2011 près de la place du temple à Audincourt. Importante rixe à ce moment-là. Intervention policière en force. Un des fonctionnaires va alors sortir son flash-ball, visant un manifestant. « Au mauvais endroit, au mauvais moment », Ayoub, qui n’a rien à voir avec l’émeute, comme l’enquête le démontrera, reçoit une balle de cette arme dans l’œil gauche. Il perdra totalement ce dernier.

La voie de la guérison ?

Aujourd’hui, le jeune homme, qui poursuit un BTS commerce à Strasbourg, en est à sa quatrième prothèse. « Le contour de son œil se rétrécit, c’est douloureux et lui pose problème », explique son père, plus ennuyé encore par l’autre séquelle : la souffrance psychologique de son enfant. « Il a des jours avec, d’autres sans. Il ne parle jamais de ça. Et il a du mal à revenir à Montbéliard, où il a l’impression que tout le monde ne voit que sa blessure. » « Il est courageux toutefois, veut s’en sortir », ajoute la maman, toute heureuse que son garçon s’épanouisse actuellement dans un stage qu’il effectue, toujours en Alsace, dans un magasin. « Mais, c’est vrai : il n’a toujours pas surmonté tout cela. »

Pour cette mère mais aussi pour Odile Banet, Djilali El Rhaz et Gérard Delavelle, du comité de soutien, Ayoub — qui jusqu’ici n’a pas souhaité être accompagné par un médecin psychologue — ne peut surtout aller mieux que quand son statut de victime sera totalement reconnu. Donc quand les responsabilités seront actées. « Cela fait quatre ans qu’on attend, c’est long », soupire Otmane Bouthara. Un policier donc a été mis en examen. Trois juges successifs ont instruit ce dossier délicat. En octobre dernier, le parquet de Montbéliard a requis une ordonnance de non-lieu. En clair : il préconise de ne pas poursuivre, « en l’absence de faute pénale » le fonctionnaire. Le juge d’instruction — le quatrième — doit maintenant trancher : lui seul est à même de décider soit d’une ordonnance définitif de non-lieu, soit d’un renvoi devant le tribunal correctionnel. Précisons que dans la majorité des cas (pour l’ensemble des juridictions), le juge suit l’avis du procureur…

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Une question de société

Malgré cela et malgré l’absence de nouvelles depuis octobre, la famille et le comité de soutien continuent à garder espoir. Si la décision est défavorable, ils ont d’ores et déjà décider de porter l’affaire en appel. Par ailleurs, un recours va être déposé devant le tribunal administratif afin d’obtenir des indemnités. « Ce n’est pas tant pour l’argent mais afin que l’État soit condamné à payer pour l’utilisation de cette arme dangereuse », souligne Odile Banet. Il y a eu un précédent : blessé en 2009 à Paris (lors de la fête de la musique !), un jeune homme a reçu quelque 5000 € du tribunal administratif fin 2013.

« On respecte la police mais on ne comprend pas l’utilisation de ces armes », concluent les parents d’Ayoub. « Nos inquiétudes sont d’autant plus vives que certaines communes parlent aujourd’hui, alors que treize personnes ont été sérieusement blessées cette année par des tirs de flash-ball, d’en doter les policiers municipaux », ajoute Odile Banet. Aujourd’hui structuré au niveau national, le comité de soutien et Ayoub seront prochainement entendus par une commission parlementaire présidée par Noël Mamère : elle planche sur le maintien de l’ordre dans les manifestations.

Presse antiémeute (Sophie Dougnac, EstRepublicain.fr, 7 février 2015)

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7. Le Vol parfait

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Le Vol parfait

Par-dessus le monde,
Je voyage et m’inflige le geste parfait,
Pour décoller les restes des mots mal juxtaposés.
Le vol est si long et si noir
Je crache une horde de larmes acides,
Sur le discours des cafardeuses du rez-de-chaussée,
Qui bêlent et se mouchent,
Dans le taudis caverneux de leurs âmes si noires
Je martèle à coups de godillots,
Les bas-fonds de l’humanité pour réveiller les grillons endormis,
Par la berceuse machiavélique des passants sans regards
Je croise et décroise mon bec, mes bras plaqués contre mon corps,
Pour me laisser tomber
Transperçant le vent et le gris de cette atmosphère,
Puis fondre dans un piqué,
Sur l’écho enchanté d’une voix douce et fluide,
Émanant d’une belle qui m’a charmé……
Du prédateur dans cette course folle,
Je suis devenu mouton,
Auprès de ma belle, de nouveau, ma toison devint doux buisson ardent.
La douceur vague d’une caresse subtile,
Ondulante sur l’âme,
Réconforte le vagabond de mes idées noires……

JLR

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Deux journées mouvementées sur la ZAD de Roybon

Deux journées mouvementées sur la ZAD de Roybon

7 Février 2015, 10h30. Du monde malgré le froid pour cette journée de construction sur la ZAD de Roybon dans la forêt de Chambaran. Nous sommes près de 200 à avoir passé les barrages assez tôt pour monter ensemble sur la colline, après quelques débats, parfois tendres, parfois houleux, avec les quelques dizaines d’habitants postés dans le village pour faire entendre leur soutien au projet. Nous sommes rejoints toute la journée par de nombreux sympathisants, venus soutenir cette action, et poursuivre la construction des cabanes et des barricades.

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Ce qui marquera cette journée, c’est l’attitude d’une minorité parmi les « pro », organisés pour faire monter la tension dans le village : barrages sur les routes d’accès à Roybon et à la ZAD, pression et insultes sur les personnes, 4×4 poursuivant des manifestants après leur départ et deux voitures brûlées en fin d’après-midi. Trois individus ont tenté une intimidation à la tronçonneuse devant une barricade. Sans succès. Aujourd’hui 8 février, les barrages étaient de nouveau en place. Dans la journée, les pro-Center Parcs ont attaqué physiquement plusieurs personnes autour de la ZAD.

Les flics, présents depuis hier matin aux barrages des pro, partagent le café avec eux. Ils ont joué leur rôle : ils ont laissé faire. Des témoignages indiquent qu’ils ont également contrôlé des manifestants dans des villages voisins, où des riverains sont heureusement intervenus. Notez bien : gendarmes et pro-Center Parcs sont désormais copains comme cochons. Mais ne nous laissons pas intimider. La minorité qui organise ces blocages fait pression sur les habitants comme sur les zadistes pour avoir gain de cause. Ils prétendent défendre cette forêt, qu’ils viennent pourtant de vendre pour une bouchée de pain. À Roybon comme dans les villages alentour, nous avons rencontré bien des personnes qui avouent ne pas oser manifester leur point de vue, de peur des représailles.

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Et pendant qu’une poignée d’excités joue les durs, ces messieurs de Pierre&Vacances restent bien au chaud. De notre côté, n’oublions pas notre objectif : nous nous opposons au capitalisme, même repeint en vert, et à ses infrastructures logistiques, industrielles ou touristiques. Comme face au TGV Lyon-Turin, à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, à la retenue de Sivens, notre lutte n’est pas un conflit de territoire entre bons et mauvais, locaux ou extérieurs, c’est une lutte politique. C’est l’une des formes de l’opposition à la colonisation par l’économie de tous les domaines et tous les espaces. Ce fameux « or vert » que représente l’intérieur du territoire pour le capitalisme, nous comptons bien le défendre. Les recours juridiques n’y suffiront pas. Plus que jamais, les actions collectives doivent se poursuivre et se multiplier sur la ZAD. Rejoignez-nous.

Nous appelons à témoigner des actions et agressions sur cette adresse.

Lapins et écureuils unis contre Center Parcs – mailing, 8 février 2015

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