[Le Caire] Attaques solidaires d’un commissariat et d’un tribunal

Égypte : un adolescent tué lors d’affrontements avec la police

Un adolescent a été tué lundi soir [4 juillet] au Caire lors d’affrontements entre la police et des familles qui avaient pris d’assaut un commissariat pour libérer des prisonniers arrêtés pour trafic de drogue, a-t-on appris mardi auprès des services de sécurité.

Des policiers et des militaires avaient arrêté dimanche une cinquantaine de personnes au cours d’un raid contre un réseau de trafic de drogue dans le bidonville de Ezbet Abou Qarn.

Lundi, les familles de détenus ont essayé de prendre d’assaut le commissariat où les prisonniers étaient retenus, ce qui a provoqué de violents affrontements avec les forces de sécurité et la mort d’un jeune homme âgé de 18 ans.

L’armée est ensuite intervenue pour restaurer le calme, a déclaré à l’AFP un responsable des services de sécurité.

Cette affaire a coïncidé avec d’autres heurts lundi au Caire, suite à la libération sous caution par un tribunal de sept policiers accusés d’avoir tué des manifestants à Suez (nord-est) lors de la révolte de janvier et février.

Le procès de ces policiers jugés pour la mort de 17 manifestants a été renvoyé au 14 septembre. Sept autres policiers sensés comparaître dans la même affaire sont actuellement en fuite et doivent être jugés par contumace.

Des membres des familles de victimes ont tenté de prendre d’assaut la salle d’audience du Caire où le procès se tenait, et ont momentanément bloqué l’autoroute entre le Caire et Suez.

Les relations entre la population et la police se sont fortement dégradées depuis le soulèvement contre le régime de l’ancien président Hosni Moubarak en janvier et février, au cours duquel la répression a été principalement menée par les policiers, tandis que l’armée se tenait publiquement en retrait.

Leur presse (Agence Faut Payer), 5 juillet 2011.

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[Grèce] Appel urgent à de l’argent pour les personnes arrêtées lors de la grève générale du 28-29 juin

Les personnes arrêtées lors de la manifestation de la grève générale du 28 et 29 juin ont besoin de notre soutient. Il est urgent que 3000 Euros soient collectés pour un manifestant, afin qu’il n’aille pas en prison. L’argent doit être collecté avant jeudi 7 juillet au soir. Une initiative de solidarité avec les manifestants arrêtés a lancé un appel à tous le monde pour un soutient financier. Vous pouvez contacter directement l’initiative.

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Vous pouvez aussi offrir de l’argent pour la caution par le compte paypal d’Occupied London — si vous le faites, s’il vous plait, envoyez un mail à l’adresse de l’initiative de solidarité cité précédemment.

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Aujourd’hui (04/07) toutes les personnes arrêtées lors de la manif du 29 juin ont été libérées sous des conditions restrictives. Un manifestant qui a été accusé de crimes est contraint de donner 70’000 Euros de caution ! Il y a extrême urgence de lever cette caution énorme avant le lundi 11 juillet ; autrement notre compagnon sera enfermé en prison.

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Traduit de l’anglais (Occupied London) – Contra Info, 4 juillet 2011.

 

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Camp féministe du 9 au 17 juillet près de Toulouse

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Collectif Libertaire Anti-Sexiste.

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Évasion : pour prendre moins cher, faites vous interpeller dans un Pôle emploi

 

 

Balancé (par un agent du Pôle ?), son arrestation à Policemploi plaide pour sa volonté d’insertion…

 

Interpellé au Pôle emploi de Bruay après sept semaines de cavale

Détenu au centre de détention de Loos depuis 2008, Michel Boulinguez avait bénéficié d’une permission de sortie. Mais le 5 avril, date de son retour, cet Harnésien de 26 ans n’a pas repris le chemin de la prison (notre édition du 31 mai). Plus de sept semaines plus tard, ce sont les policiers bruaysiens qui l’ont retrouvé et l’ont interpellé le 26 mai au Pôle emploi de Bruay-La Buissière. Celui qui était considéré comme évadé avait été dénoncé de manière anonyme. Le parquet ayant souligné que c’était la troisième évasion de l’Harnésien avait demandé son jugement en comparution immédiate le 27 mai mais celui-ci avait demandé le report pour préparer sa défense.

La troisième évasion

Incarcéré à Béthune, il a été jugé dernièrement et a expliqué en avoir « assez de la prison, je voulais m’en sortir dehors sans faire de conneries ». Ce qui l’a peut-être poussé, c’est qu’un aménagement de sa peine était envisagé jusqu’à ce que son beau-frère, prêt à l’héberger, ne change d’avis une semaine avant… Reconnaissant que les faits sont « simples et les explications compréhensibles », même s’il s’agit de la troisième évasion, le procureur a requis un an de prison dont six mois avec sursis et mise à l’épreuve. Une réquisition moins lourde que celle prévue par le code pénal mais le procureur a retenu que l’interpellation avait eu lieu au Pôle emploi, preuve de la volonté de se réinsérer.

Pour Me Kathy Lavogez, avocate de la défense, les faits ne sont pas si simples qu’ils en ont l’air. Oui, le casier judiciaire de son client est chargé. Au sujet d’une peine prononcée, l’avocate explique qu’il s’est dénoncé à la place d’un autre : « Je peux le dire, l’affaire est jugée, la peine exécutée. Comme il était le plus jeune, c’est lui qui s’est accusé. » Elle poursuit en expliquant qu’en 2008 il a été condamné à un an de prison mais en a vu cinq tomber avec la révocation des sursis. Tout ça pour justifier, peut-être, cette évasion qu’il comptait mettre à profit. « Il est sorti de prison avec son gros classeur, tout ce qu’il a fait en prison, les formations, les suivis psychologiques, son travail en détention (…). Il s’est dit qu’en arrivant avec un travail ou une formation ça serait plus facile d’être entendu pour obtenir un aménagement de peine. » Le tribunal a entendu ces arguments et a écarté la peine plancher. Les juges béthunois ont tout de même condamné Michel Boulinguez à six mois de prison ferme.

Leur presse (La Voix du Nord), 5 juillet 2011.

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« MEDEF 44 et Nantilus » contre « le Reste du monde » : Victoire nette du populo dans la première manche du match contre la Barge des privilégiés, ce soir à Nantes

Bonsoir,

Le patronat nantais et les défigurateurs du paysage ont subi ce soir lundi 4 juillet 2011 une quadruple défaite :

1 – Leur inauguration ce soir lundi 4 juillet a tourné court : De nombreux patrons ont dû entrer ou sortir sous les quolibets moqueurs des manifestants (près de deux centaines de participants), et le seul événement intéressant de leur morne soirée à thème de riches, et bien, c’était nous.

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Et le pire, pour la bourgeoisie sarkozyste, c’est que la police déployée en force n’ait évidemment pas osé nous charger, paralysée par notre bonne humeur tranquille, notre bar festif et notre musique. (Il se dit cependant qu’un bateau de la police nationale aurait débarqué directement et discrètement un VIP sur la barge sans passer par l’entrée terrestre du public, peut-être le préfet himself, exfiltré depuis son bureau douillet par nos glorieux pandores. Espérons qu’il n’a pas eu le mal de mer.)

2 – Ces gens-là s’en souviendront (1) : D’abord les invités du patronat nantais, car il n’est pas difficile de prévoir ce qui se dira lors du prochain bureau exécutif du MEDEF 44 :

« Si c’est ainsi, nous préférerions faire comme d’habitude pour nos agapes de privilégiés : se retrouver discrètement à la sortie sud de Nantes, à l’hôtellerie luxueuse de l’Abbaye de Villeneuve, ou bien com’d’hab’ à l’Ermitage à la Baule, mais jamais, plus jamais sur la barge Nantilus, c’est trop risqué et trop ridicule. On aurait dû laisser cette inauguration fatale au Téléthon ou aux Foulées de l’Erdre, cela aurait été moins politiquement provoquant que le Medef ».

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Ces gens-là s’en souviendront (2) : Ensuite, les actionnaires du Nantilus, parce qu’en deux heures, nous avons ruiné (bien malencontreusement sans le vouloir 🙂 leur investissement en communication publique, parce que nous avons prouvé que cette barge de riches ne peut fonctionner que sous la protection massive de la police (dès lors que nous de le déciderons), et que les clients n’ont aucun autre accès que les sorties de passerelles, et surtout pas d’autres sortie morale que leur sens du ridicule, faculté si rare dès lors qu’on a un revenu dépassant 3000 euros par mois.

Conclusion : Cap ailleurs ! Cette « barge de bargeots » (sic) doit être déplacée dans un endroit plus reculé et moins « tape à l’oeil » qui ne polluerait pas le paysage urbain.

 

3 – Quant à l’esthétique, excusez messieurs les investisseurs, mais lorsque nous avons vu le « cul » de la barge, avec ses quatre massives passerelles, tout le monde a poussé un cri d’horreur. Et personne n’a souhaité, au grand jamais, même complètement bourré, aller y boire un verre, sauf à déroger à tout honneur de Nantes-la-belle-et-la-rebelle.

 

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4 – Deux cents manifestants, c’est très peu, mais c’est assez pour être efficace ensemble, et c’est même beaucoup (merci à nous tous), c’est énorme, quand on songe que l’appel n’a circulé sur internet que depuis 3 ou 4 jours, qu’il n’a pas été envoyé dans la presse locale ni relayé par plusieurs appareils bureaucratiques subventionnés, et que pour autant :

a.. les présents et présentes représentaient toute la palette large des opinions possibles à gauche, comme ainsi dire de Bayrou à Bakounine dans une bonne entente (nous disons cela à l’intention des RG de la DCRI qui ne comprennent toujours pas cette énigme), certains manifestants étant venus en groupes par collectifs de famille, de voisinage ou bien de travail entre collègues, et que nous sommes tous heureux d’avoir réussi ce bon tour aux privilégiés locaux, sous le magnifique soleil rasant de Nantes à 19 heures, que le bar « à prix libre » a été autofinancé, et, pire encore, que nous sommes prêts à recommencer, ce qui ne pourra fonctionner que si nous tous redistribuons chacun et chacune les prochaines invitations par internet, quitte à les renforcer par un coup de fil personnel à nos ami/e/s, ou alors en les incitant à se faire inscrire d’ores et déjà sur la liste internet « Nantes en luttes », en écrivant à : Liste Nantes-En-Luttes.

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Merci de faire passer ce message.

AVEC UN ÉNORME MERCI À LA CHORALE « LES VOIX DE GARAGE » QUI A INTERPRÉTÉ MAGNIFIQUEMENT « MERCI PATRON » DES CHARLOTS (c’était vraiment de circonstance !) ainsi que plusieurs chansons ouvrières, dont des chants de la Commune et des chansons antifascistes espagnoles et italiennes.

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Lucky, 5 juillet 2011.

 

Nantes : une manifestation accueille les participants à l’université d’été du Medef 44

Environ 70 manifestants se sont rassemblés ce lundi 4 juillet, devant la barge Nantilus à Nantes, où se tient l’université d’été du Medef de Loire-Atlantique. Les manifestants, qui ont répondu à l’appel d’un collectif, ont accroché des banderoles hostiles au capitalisme. Le rassemblement a été animé par les chants d’une chorale.

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Leur presse (Ouest-France), 4 juillet 2011.

 

« Barge », la fête inaugurale du MEDEF 44 sur le Nantilus, le lundi 4 juillet !
Mais nous aussi, nous serons de la Fête

C’était l’un des plus beaux panoramas du monde : Là où l’appel du large s’ouvre enfin après la Petite-Hollande, encadré par les lignes harmonieuses des rives fluviales en aval, enfin dégagées des comblements de l’amont.

C’est ce site incomparable que la bourgeoisie nantaise s’est honteusement appropriée ce printemps 2011, avec l’arrimage d’une sorte de ponton flottant, plus qu’encombrant et vraiment peu gracieux, destiné à accueillir les fêtes privées et les plaisirs endogames des privilégiés locaux. C’est vrai qu’il était tentant de souiller un si beau paysage urbain, et un site aussi convoité, en face des palais négriers du Quai de la Fosse, juste en bas des Machines de l’Île, là où travaillaient autrefois des milliers d’ouvriers des constructions navales (que la mémoire locale est fortement invitée à oublier).

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L’harmonie brisée d’une ligne de « river side » exceptionnelle en Europe.

Un ponton ? Une sorte de barge de luxe sottement arrimée au bord, singeant maladroitement l’esthétique des paquebots avec un goût de nouveaux riches. Méga-Véranda ou maxi-verrue ? Qu’importe la laideur, car on n’y est bien qu’à l’intérieur, dont le point de vue sur Nantes est effectivement époustouflant. Tant pis pour les autres qui n’auront jamais le ticket d’entrée. C’est bien dans l’esprit du temps sarkozyste : Je vous enfume avec mon 4×4, je vous snobe avec mes Rolex et je m’impose avec mes balcons arrogants sur le voisinage. Tant pis pour le bien public commun. Et malheur aux prolos, aux citoyens ordinaires, aux promeneurs, aux enfants et aux poètes.

Et plus c’est gros, plus ça marche ! Car pour inaugurer ce machin,
c’est le MEDEF qui invite (54 euros la soirée quand même).

Ce sera le lundi 4 juillet, sous le titre parfaitement cynique de « Jouons collectif »
http://www.medef-44.fr/evenements/jules-verne-de-lentreprise
http://www.medef-44.fr/programme-23e-jules-verne-de-lentreporise-4-juillet-2011.html

Pour cette charmante soirée, il y aura bien entendu le gratin du patronat nantais, la présence du Préfet et de quelques élus, sans oublier la caution inévitable d’un bureaucrate de la CFDT, et l’apport indispensable de Jean Blaise himself pour la culture touristiquée, sans oublier, pour le supplément d’âme, un philosophe télégénique, Vincent Cespedes [Vincent Cespedes ? Voici comment l’un de ses livres était analysé par le journal Le Monde.  LA CERISE SUR LE BÉTON, violences urbaines et libéralisme sauvage, de Vincent Cespedes. Article paru dans l’édition du Monde du 03.05.02, par Jean Birnbaum : Curieux mélange de néologismes en cascade, de rhétorique antiaméricaine et de prose crypto-ésotérique, ce pamphlet rédigé par un jeune enseignant en philosophie laisse une étrange impression. Dénonçant « l’incitation médiatique à la sauvagerie urbaine » et l’absurdité d’un « Système » qu’il rebaptise « l’empire mondialo-cannibalo », il mobilise en les reformulant bon nombre d’arguments de la nébuleuse dite « antiglobalisation ». Mais dans le même mouvement, il n’hésite pas à reprendre à son compte nombre d’idées traditionnelles du conservatisme répressif le plus ardent, comme celle de « l’impunité » totale dont bénéficieraient les délinquants en France. Bien plus, il fait de l’insécurité le produit d’un « complot absolu » et d’« une imbattable politique de dépolitisation et d’américanisation », auxquels participeraient des médias « écroués par le néo-totalitarisme » et rongés, entre autres maux, par un « antiracisme pro-bordéliste gauchisant »…], presque aussi beau gosse que BHL, pour faire croire qu’on peut être de gauche sans déranger personne.

Jules Verne, réveille toi, nous aussi, nous serons de la Fête.

Le lundi 4 juillet 2011 à partir de 17 heures, il serait heureux de réunir tous les narquois et les narquoises de Nantes face au ponton du Nantilus, pour observer le ballet des arrivants, pour huer tous les affreux, pour partager sur place l’apéro des manants, pour illustrer le génie de la France d’en bas, pour montrer que n’est pas encore morte Nantes-la-belle-et-la-rebelle

(Faites passer ce message à vos amis d’ici lundi…)

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Retour sur les grèves générales en Grèce – 28-29 juin 2011

Manifestations violemment attaquées par la police pendant le vote du nouveau plan d’austérité

Un nouveau plan d’austérité a été présenté par le gouvernement socialiste grec (PASSOK) mardi, mercredi et jeudi dernier. Il comprend des nouvelles diminutions des salaires, des nouvelles augmentations des taxes et des privatisations des services publics (eau, électricité, grands ports, etc, etc…). N’était pas ça d’ailleurs le plan dès le début ? D’arriver au point où la Grèce n’aurait aucune autre solution que de vendre à moindre prix ses plus importantes ressources.

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Le nouveau plan d’austérité a été exigé, sous forme de chantage, par la fameuse Troïka  (Union Européenne, FMI et Banque Centrale Européenne) afin de donner la prochaine partie du prêt.

Le chantage a été adopté de la part du gouvernement : le vice-président Theodoros Pagalos a souligné dans un entretien au journal espagnol El Mundo que si ce nouveau plan ne passe pas, le pays va droit vers la faillite, la police ne pourrait plus protéger les banques suite à la rage du peuple, et les tanks de l’armée devront sortir dans les rues !

Plan d’austérité ou tanks ! Par ailleurs, la démocratie n’a pas d’impasses !

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Une grève générale de 48 heures a été appelée par les grands syndicats pour le 28 et 29 juin, la première depuis très longtemps. Le mouvement des Indignés, qui existe depuis le 25 mai, et qui a réussi à rassembler des masses énormes dans les places partout dans le pays, appelé également à la participation à la grève et à un siège du parlement pendant les heures du vote. Le mot « pacifique » n’apparait pas à leur dernier communiqué.

Les manifestants ont du faire face à une répression policière sans précédent. Une guerre chimique a été lancée les deux jours afin de disperser les masses pendant plusieurs heures. Des attaques très violentes et sans pitiés sont observables dans de nombreuses vidéos.

Une image vaut mille mots, donc ne bavardons plus…

Voir les images et les vidéos

Le gouvernement grec a finalement voté ce plan monstrueux. La classe gouvernante a gagné cette bataille… Mais c’était une victoire à la Pyrrhus. De plus en plus le gouvernement se décrédibilise dans les yeux de la société grecque. De plus en plus de gens en Grèce comprennent qu’ils ne vivent pas dans un pays démocratique. Comme c’est écrit sur les murs d’Athènes :

Quand l’injustice devient une loi, la résistance devient un devoir.

La situation semble se calmer pour l’instant. Des nouvelles batailles vont arriver. Le peuple grec sera prêt à les donner, armé de solidarité, de détermination et de maturité prévenante des luttes de ces dernières années.

Une grande partie de la société a compris que le pays est déjà en faillite et que les « plans de sauvetage » sont conçus et appliqués que pour aider les banques.

Une grande partie de la société est prête à vivre sans le luxe du monde capitaliste et à faire tous les sacrifices nécessaires pour le détruire et à en construire un nouveau.

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Et l’Europe ?

L’Europe vit toujours dans sa boule capitaliste (sauf quelques exceptions). Exactement comme le faisait la Grèce ces dernières années, pendant la période de l’insertion à la zone euro et la réalisation des Jeux Olympiques (2004).

Mais l’Europe ne reste pas là. C’est elle qui impose les politiques d’austérité et qui divise les peuples entre productifs et paresseux. C’est elle qui cache le fait que la crise en Grèce est une conséquence du capitalisme.

La Grèce aura besoin de l’aide de l’Europe. Non pas une nouvelle aide financière qui ne sert à rien au final (et qui poussera encore plus le pays dans la flaque), mais d’une vraie solidarité. D’une solidarité venant de la rue et qui quand le temps viendra, soutiendra les luttes qui se passent en Grèce et aidera à les propager dans d’autres pays.

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Et pour commencer dès aujourd’hui, nous vous invitons à diffuser ces images le plus largement possible pour aller à l’encontre de la propagande de l’État grec.

Il en va de même pour l’article « La crise grecque au-delà de la mythologie », qui démonte  les préjugés véhiculés par l’Union Européenne sur la Grèce.

P.-S. : Pour avoir un suivi détaillé des événements de ces 48 heures, voir le site Contra Info : Mardi 28 juin 2011 ; Mercredi 29 juin 2011.

Nouvelles Hors Les Murs, 4 juillet 2011.

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[Notre-Dame-des-Landes] Concert de soutien aux inculpés du Canet

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[Dordogne] Le village Kon’Kret déménage…

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Vendredi 1er juillet…

8H30, ça frappe sec à la porte… « Police ouvrez… »

Deux squatteureuses, prennent leur temps pour répondre… « Alors, ouvrez. »

« On est à poil… deux minutes, on va pas vous faire le plaisir de nous matter dans notre pelage naturel… »

Dehors, une fine équipe, une vingtaine de keufs, de différentes compositions, gilet par balle et tenue estivale…

… Un peu déçus. « À la perqu’iz on nous avait promis plus de monde… »

Un ventripotent, costumé comme il se doit, carte à la main pour justifier de son identité, mâchant nerveusement un chewing-gum, nous déverse sa frustration des accueils précédents… visiblement la digestion n’a pas été simple…

Serrurier, dépanneuse, entreprise de déménagement, entreprise plomberie façade, une dizaine de personnes de la ville de Périgueux…

Tous dans l’attente des ordres de môssieur, qui prend son pied dans ses propos autoritaires… tout le monde obéit… même si ça sourit… pas nous… on prend le temps et on fait vent… on écoute d’une oreille…

Des mots échangés lui donnent le ton… pas d’autorité sur nous… « Ça fait peur des pauvres qui se rebiffent et qui n’ont pas peur de toi, l’assisté… »

On récupère nos affaires, tranquillement et on s’asseoit pour regarder ce spectacle… le comico est tellement énervé qu’il aide les collabos de déménageurs à retirer nos meubles de haut standing…

Ça s’agite, ça pose des questions… ça filme, ça prend des photos…

Toute une matinée pour nous vider…

Ils nous disent au revoir, on leur dit à bientôt…

VK
Liste de discussion francophone relative aux squats, 4 juillet 2011.

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[Val Susa] Résistance

Grosse manifestation à Val Susa ce dimanche avec près de 50’000 personnes. Nombreux affrontements (plusieurs blessés parmis les policiers). Les affrontements et guérilla à travers la montagne se poursuivent.

Forum anarchiste, 3 juillet 2011.

 

Infos (en italien) en direct sur Radio Blackout (radio libre de Turin et sa région).

 

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3 juillet : le chantier du TGV Lyon-Turin pris d’assaut

En attendant les récits de témoins directs de la grande manifestation du 3 juillet 2011 en val de Suse, voici quelques premières infos qui apparaissent dans les médias italiens, qu’ils soient indépendants (comme Radio Onda Rossa et Radio Black Out) ou bourgeois (photos et vidéos sur le site du quotidien turinois La Stampa et des autres grands quotidiens nationaux).

Depuis des années, une très forte opposition populaire repousse le démarrage du chantier du TGV Lyon-Turin (TAV) côté italien. En 2005 déjà, le forage de la première galerie avait été stoppé par une mobilisation impressionnante et notamment par la célèbre « bataille de Venaus » (1.2). Aujourd’hui les travaux sont censés commencer à nouveau, de maniére imminente, sur le site de la Maddalena, qui a été occupé par un campement « NO TAV » pendant un mois, puis évacué par la police lundi 27 juin 2011.

Une semaine plus tard, dimanche 3 juillet, le mouvement avait appelé à une manifestation nationale et internationale pour « assiéger le chantier ». Mission accomplie. 60.000 à 70.000 personnes (6000 à 7000 selon la police) ont conflué en 3 cortèges, sous le ronron permanent des hélicoptères, jusqu’au terrain du campement de juin, ainsi réoccupé. Des centaines de personnes se sont ensuite attaquées aux clôtures du site du chantier, défendues par 900 policiers. Les autorités parlent de 800 « antagonistes radicaux » lié.e.s au mouvement des centres sociaux, et de 300 « étrangers, venus de France, d’Espagne, d’Allemagne et d’Autriche », aux méthodes qualifiées tantôt de « para-militaires », tantôt de « para-terroristes ». Les affrontements ont duré 6 heures, sur au moins trois « fronts », parfois raides et boisés. La clôture a été percée à plusieurs endroits mais la police est toujours parvenue à repousser les assaillant.e.s. Lance-pierres et gros pétards d’un côté, lacrymos et flashball de l’autre : en fin de journée la police annoncera près de 200 blessés dans ses rangs, et les NO TAV 233. Du côté des manifestant.e.s, on parle d’intoxications aux lacrymos, et surtout de grenades lacrymogènes tirées non pas en l’air ou vers le sol, mais à hauteur de visage comme de véritables projectiles. De nombreuses personnes ont ainsi été blessées au thorax, à l’épaule ou au bras, comme le correspondant italien d’Al-Jazeera, qui a été brièvement hospitalisé. 5 manifestant.e.s italien.ne.s ont été arrêté.e.s lors des contrôles de police qui filtraient les sentiers environnants en fin d’après-midi.

Du fait des affrontements, les travaux ont été interrompus. Mais le ministre du Transport, ancien membre du parti néo-fasciste MSI, a déclaré : « Ce n’est pas un groupe restreint de violents et de délinquants, arrivés sur le chantier de la Maddalena depuis toute l’Italie et depuis l’étranger, qui fera changer d’avis le gouvernement, qui entend réaliser la ligne TGV dans le respect des accords et des engagements internationaux. Le Lyon-Turin est un projet qui génère développement, croissance et emploi, et qui est par conséquent prioritaire. » La carte de la division entre bon.ne.s et mauvais.es manifestant.es est évidemment jouée sans modération par tous les partis politiques, et est reprise à la une des grands quotidiens. Le président de la République, ancien membre du parti communiste italien, s’est lui-même fendu d’un communiqué où il affirme : « J’applaudis les forces de l’ordre et exprime ma solidarité envers elles, qui comptent un grand nombre de blessés. Tout le monde en Val de Suse, par des comportements clairs, doit se préoccuper d’isoler toujours plus les professionnels de la violence. » Les journalistes sont sur le même registre, et nous donnent une nouvelle fois des exemples édifiants de ce qu’ils défendent comme étant leur « objectivité ». Ainsi, le scribouillard de la Repubblica, journal associé au centre-gauche, écrit que les « jeunes » qui se sont lancé.e.s à l’attaque des clôtures du chantier « se fichent probablement du TGV, ils cherchent seulement l’affrontement ». Bien sûr, le terme « black blocs » ressort à tout va.

Mais les journaux concèdent parfois ce que plusieurs témoins racontent : le retour en fin de journée dans les villages de ces « jeunes violents », applaudi.e.s par les habitant.e.s sur leur passage. Le principal syndicat italien « de classe et de combat », l’USB, fort de 250.000 adhérent.e.s, a déclaré son « soutien inconditionnel à la révolte populaire du Val de Suse ». Des leaders informels du mouvement NO TAV ont déclaré que « les black blocs sont au Parlement », que le siège avait réussi et que la journée avait été une victoire. « Ils savent maintenant que ça va continuer comme ça, qu’ils subiront d’autres actions, moins grosses mais continuelles. » Tandis que croîtront à la fois la mobilisation, à la fois les coûts du projet, « ils ne tiendront pas la pression ». « Le TGV ne se fera jamais. »

Indymedia Grenoble, 4 juillet 2011.

 

Notav Lyon-Turin : manifestation du 3 juillet dans le Val Susa

Merci aux Français qu’on a vu sur les sentiers du Val Susa pour cette manifestation du 3 juillet.

La zone du chan­tier à été bou­clée avec bar­riè­res, bar­be­lés, blocs de ciment… et res­sem­ble plus un check-point pales­ti­nien.

En fait ce sont trois mani­fes­ta­tions qui ont démarré de Chiomonte, Exil, Giaglione. Il y avait 70.000 per­son­nes selon les orga­ni­sa­teurs. La police a fermé l’auto­route pour soi-disant des rai­sons de sécu­rité : plutôt par peur que les mani­fes­tants puis­sent lancer des pier­res depuis le viaduc (mais on verra que sont les poli­ciers eux-mêmes sur le viaduc qui ont lancé des gre­na­des lacry­mo­gè­nes et même des pier­res).

Un groupe des mani­fes­tants a réoc­cupé La Maddalena en situa­tion stable et avec peu de ten­sion.

Actuellement il y a trois fronts de « gué­rillas ». D’autres avec des détours dans les mon­ta­gnes ont encer­clé la zone des chan­tiers. Énormément de gre­na­des lacry­mo­gè­nes ont été lan­cées à hau­teur d’homme ou depuis l’héli­co­ptère, et aussi le canon à eau a été mis en action contre les mani­fes­tants. La riposte s’est faite avec des fusées signa­lé­ti­ques, des pétards arti­sa­naux (« bombe Carta »), des fron­des… Les cama­ra­des se sont reliés dans le bois pour char­ger et res­pi­rer.

La police dit qu’elle a eu 50 bles­sés (on ima­gine des éraflures), et il y en a eu un parmi les ouvriers. Au moins un cama­rade a été blessé sérieu­se­ment à la cuisse par un lacrymo, deux par des fla­sh­balls (un a le nez cassé, l’autre un bout de menton déta­ché) et beau­coup d’autres ont été plus légè­re­ment bles­sés.

La police n’arri­vant pas à conte­nir tout les fronts, elle a com­mencé à lancer des pier­res du viaduc, et elle a même allumé un feu dans le bois pour faire sortir les mani­fes­tants…

Rebellyon, 4 juillet 2011.

 

Triple cortège à la Val di Susa : une journée mémorable de résistance populaire

Aujourd’hui était une journée très attendue par le mouvement d’opposition à la ligne haute vitesse Turin-Lyon. La coordination des mouvements NO-TAV réunis à Bussoleno le 29 juin avait parié sur une journée de résistance pour ce dimanche 3 juillet. Encore une fois une mobilisation hors de toute prévision a investi la vallée. Depuis la matinée des dizaines de milliers de solidaires (environs 70.000) provenant de toute l’Italie, ont rejoint les habitants de la Val di Susa pour leur donner main-fort. Des défilés très hétérogènes se sont déroulés dans la vallée pendant la matinée.

À remarquer encore une fois la capacité admirable du mouvement NO-TAV d’agréger des sujets avec des sensibilités politiques et des tactiques de lutte très différentes (bergers, familles, habitants, élus locaux, écologistes, autonomes, anarchistes…) sous le même mot d’ordre : défendre la vallée.

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Vers 11h, pendant que les cortèges défilent, des groupes de manifestants — souvent sous la guide des habitants de la vallée pour lesquels les chemins grimpant dans la forêt sont familiers — ont commencé à défoncer les barrières de protection de certains chantiers en bloquant les travaux. En particulier vers midi les résistants réinvestissent le « presidio » de la Maddalena qui avait été exproprié manu militari par les forces de l’ordre lundi passé. Tout en s’engageant à garder en sécurité le cortège principal qui se dirigeait à la centrale électrique de Chiaromonte, les affrontements continuent pendant tout l’après-midi. Les forces de l’ordre se sont distinguées, comme d’habitude, par leur lâcheté : lacrymos tirés depuis des hélicoptères, charges avec décapeuses, balles en caoutchoucs dans la gueule, hydrants et incendies pilotés contre les manifestants, qui pourtant ne se sont pas laissés intimider. Heureusement le territoire est très difficilement contrôlable car il est pratiquement impossible de charger pour les forces de l’ordre à cause des nombreux chemins et la possibilité de se cacher dans la forêt.

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Côté partisans, la vallée étant riche en cailloux, nombreux d’entre eux commencent à pleuvoir sur les flics, les résistants s’auto-organisent pour se donner la relève réciproquement car au bout de quelques heures la bataille devient épuisante. Des extincteurs remplis de vernis colorent joyeusement les sbires, des billes en fer et des bouteilles remplies d’ammoniaque atteignent les flics. Les habitants restés à la maison applaudissent souvent les actions des manifestants en exposant des drapeaux NO-TAV aux fenêtres. La journée se poursuit entre reculs et avancements, sabotages en petits groupes et charges massives contre les forces de la part de plusieurs centaines de manifestants. Le bilan est d’une dizaine de manifestants blessés dont un gravement et au moins 5 arrestations au moment où on écrit.

Vers 18h les porcs, frustrés par leur impuissance, s’adonnent à une chasse à l’homme furieuse et à des charges contre des blocs dans lesquels sont présents des enfants. Les forces de l’ordre, selon une vieille habitude, gonflent le nombre de blessés dans leurs rangs pour justifier la répression en parlant d’une centaine d’agents touchés.

Le bureau de presse de la Police (et donc les médias bourgeois) essayent de diviser les manifestants entre méchants et gentils, ressortant vieilles fantaisies de black-blocs et infiltrations criminelles mais c’est une tactique médiatique qui commence à s’user et à la quelle le mouvement NO-TAV a toujours su répondre compact et solidaire.

Comme ils le répètent depuis une vingtaine d’année les habitants de la val di Susa… A SARA DURA !!!

Vidéos : (1) (2) (3) (4)

Le Réveil, 3 juillet 2011.

 

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TGV Lyon-Turin : chantier pris d’assaut au Val de Suse, nombreux blessés légers

Au moins trente policiers, deux manifestants et un ouvrier ont été légèrement blessés dans l’assaut lancé dimanche par des opposants à un chantier du tunnel de la ligne à grande vitesse Lyon-Turin dans le Val de Suse (nord de l’Italie), a-t-on appris de sources policières.

Des échauffourées se poursuivaient entre les manifestants et les très nombreuses forces de police déployées.

Cocktails Molotov, blocs de pierre, bouteilles remplies d’ammoniaque étaient lancés sur les forces de l’ordre qui répliquaient avec des coktails molotovs et des jets d’eau.

Cinq manifestants ont été arrêtés. La police a dénoncé la présence de quelque 2.000 militants d’extrême gauche, dont 800 de son aile italienne la plus radicale et 300 venus de France, d’Espagne, d’Autriche et d’Allemagne.

Elle a dénoncé la présence de « black blocks », manifestants violents masqués.

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La France et l’Italie ont signé en 2001 un accord pour la construction de la ligne de TGV Lyon-Turin, jugée stratégique pour le réseau européen. Elle raccourcira le trajet entre Paris et Milan à 4 heures contre 7 actuellement, mais elle suscite une forte opposition dans le Val de Suse.

Le chantier de Chiomonte, dans la zone dite de la Maddalena, pour creuser une descenderie, a commencé début juillet.

Un flot impressionnant de manifestants « No Tav » (« non à la grande vitesse »), opposants à cette ligne ferroviaire, venus de plusieurs directions, avaient rejoint dans le calme dès dimanche matin ce site.

Les organisateurs parlent de dizaines de milliers de participants.

Peu après 12H00 (10H00 GMT), les premiers cocktails molotov et grenades lacrymogènes volaient entre policiers et petits groupes retranchés dans la forêt sur les flancs de la vallée.

Puis de nombreux manifestants déterminés ont conflué vers le site, cherchant à le prendre d’assaut de divers côtés, notamment par l’arrière situé en altitude.

Certains ont ouvert une brèche dans une première clôture. Ils se trouvaient face à la clôture du chantier proprement dit, protégée par des policiers anti-émeute.

Par mesure de sécurité, la police a demandé aux maîtres d’œuvre du chantier de l’interrompre provisoirement.

La grande majorité des « No Tav », accompagnés de 23 maires de la région, et parfois de leurs enfants, est restée très pacifique. Des organisateurs ont invité les familles à rebrousser chemin.

Le leader du mouvement, Alberto Perino, avait promis que ce serait une manifestation pacifique « à mains nues et à mains propres ».

L’humoriste et militant politique Beppe Grillo, présent dans le cortège, a lancé aux protestataires : « vous faites une révolution extraordinaire, vous êtes tous des héros ».

Dans le quotidien Reppublica, le maire de gauche de Turin, Piero Fassino, a au contraire évoqué le risque d’une « régression culturelle » si la manifestation devait apparaître comme le refus de « toute infrastructure moderne ».

Leur presse (Var Matin), 3 juillet 2011.

 

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Manifestations contre la ligne TGV Lyon-Turin : heurts dans le Val de Suse

Des heurts entre manifestants et policiers ont éclaté dimanche dans le Val de Suse dans le nord de l’Italie où plusieurs milliers de personnes manifestaient contre le projet de ligne TGV entre Lyon et Turin. Quelque 45 policiers et carabinieri italiens ont été blessés et cinq personnes interpellées, selon les médias italiens.

Les travaux du côté italien ont été suspendus par les manifestations avant et après les Jeux olympiques d’hiver de Turin en 2006. Les protestations ont repris cette semaine après l’ouverture d’un nouveau site de travaux à Chaumont, une commune du Piémont.

Nombre des habitants de la région située entre Turin et la frontière française estiment que cette ligne ferroviaire à grande vitesse entre la France et l’Italie va défigurer la région. Ils dénoncent le percement d’un tunnel qui risque selon eux de provoquer le dégagement de matériaux comme le plomb ou l’uranium.

Leur presse (AP), 3 juillet 2011.

 

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Plus de 180 blessés dans la manifestation contre la ligne TGV Lyon-Turin

Plus de 180 personnes, pour la plupart des policiers, ont été blessées dimanche dans les Alpes italiennes lors d’un rassemblement des adversaires du projet de liaison ferrée à grande vitesse entre l’Italie et la France, qui a dégénéré en affrontements.

La manifestation, qui se déroulait sur le versant transalpin du Val de Suse, dans les environs de Turin, a vu notamment des militants bombarder la police à l’aide de pierres et de pétards. Au moins 188 policiers ont été blessés lors des heurts, tandis que des protestataires et un ouvrier ont été également touchés.

La police a arrêté au moins cinq personnes et a tenté de disperser des centaines de manifestants réunis à proximité du site en construction à l’aide de grenades lacrymogènes. Certains opposants au TGV ont néanmoins réussi à franchir les barrières. De nombreux chefs de file des partis politiques italiens ont pris leurs distances avec les violences, tout comme des groupes écologiques.

La plupart des 6.000 manifestants avaient pourtant défilé dans le calme pour dire leur opposition au percement d’un tunnel susceptible, selon eux, de nuire à l’environnement. Des heurts similaires s’étaient produits cette semaine au même endroit.

D’après la police, un grand nombre de personnes impliquées dans les heurts étaient des casseurs et venaient, pour certains, de l’étranger. En 2001, Paris et Rome avaient convenu de construire une liaison ferroviaire à grande vitesse d’un montant de 15 milliards d’euros entre les deux pays. Les habitants de la vallée piémontaise sont farouchement hostiles à ce projet, défendu par le gouvernement et les autorités locales italiennes.

Leur presse (20 Minutes), 3 juillet 2011.

 

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Les opposants manifestent en ce moment en vallée de Suze

Des milliers d’opposants au percement d’un tunnel d’une ligne à grande vitesse Lyon-Turin ont commmencé à se rassembler aux premières heures de dimanche dans le Val de Suse (nord de l’Italie) pour exprimer à nouveau leur colère. Les forces de l’ordre étaient déployés en force, craignant de possibles débordements, de la part de petits groupes radicaux comme les « black blocks », d’une grande marche que les organisations veulent pacifique.

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Lundi dernier, des échauffourées intenses s’étaient produites entre une partie des « No Tav » (« non à la grande vitesse »), opposants à cette ligne ferroviaire, et la police qui avait démantelé leur camp à Chiomonte, dans la zone de la Maddalena, là où se trouve le chantier. 25 policiers et 4 manifestants avaient été légèrement blessés.

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Comme objectif de cette nouvelle marche qui partait de deux communes de la vallée, les « No Tav » ont le projet d’investir le chantier, qui prévoit le creusement d’une descenderie, mais non de le prendre d’assaut. Le leader des « No Tav », Alberto Perino, a assuré que ce serait une manifestation « à mains nues et à mains propres contre ceux qui n’ont ni les mains nues ni les mains propres ». 23 maires de la région qui s’opposent au projet pour des raisons surtout environnementales participent aux cortèges, pour en garantir en même temps le caractère civique et pacifique.

La France et l’Italie ont signé en 2001 un accord pour la construction de la ligne de TGV Lyon-Turin, jugée stratégique pour le réseau européen. Elle raccourcira le trajet entre Paris et Milan à 4 heures contre 7 actuellement, mais elle suscite une forte opposition dans le Val de Suse. Le creusement de l’ouvrage principal, un tunnel de 58 km de long dont 12 km en Italie, doit démarrer en 2013 pour une mise en service vers 2023.

Leur presse (Agence Faut Payer), 3 juillet 2011.

Publié dans Aménagement du territoire - Urbanisme, La liberté est le crime qui contient tous les crimes | Marqué avec , | 3 commentaires

Réflexions intempestives après les tambourinades

 

Bonjour,

Les acteurs du mouvement des indignés d’Espagne considèrent leur mouvement comme étant une révolution pacifique.

Les révolutions politiques sont celles qui changent les régimes politiques. Les révolutions sociales sont celles qui transforment les structures sociales.

Mais si nous analysons les revendications qui sont portées par le mouvement, elles se résument à demander une réforme électorale, le maintient des services publics, une pénalisation contre la corruption et un contrôle de l’escroquerie financière. Ces mesures impliquent plus de pouvoir étatique et un plus grand développement économique (plus de capitalisme).

Ce sont des propositions de réformes et non une révolution. Ce sont des propositions qui s’intègrent dans le Système et qui ne cherchent pas à subvertir l’ordre établi et ne désirent pas changer de système.

On cherche plutôt à ouvrir des voies vers la collaboration institutionnalisée, à partager les conséquences de la crise économique avec la classe dominante d’une manière équilibrée. On en appelle à un simple civisme.

On ne cherche pas à remettre en question la condition du salarié, celle d’électeur, d’automobiliste et d’endetté. On ne cherche pas à remettre en question l’existence du capitalisme, de la banque, du travail aliéné, de la société de consommation, de la logique de croissance, de l’État. On ne cherche pas à décoloniser la vie quotidienne, à critiquer le modèle urbain ou élaborer un modèle alternatif en harmonie avec le territoire. On ne cherche pas à remettre en question le Travail et la Marchandise.

On ne cherche pas à changer le monde, ni à abolir le système, mais seulement « réaliser la démocratie ». On veut dialoguer et participer.

Et très souvent sont considérés comme l’ennemi non pas le Système, mais plutôt les « anti-système » qui pourraient s’infiltrer où avec lesquels on pourrait les confondre.

Ces revendications pourraient très bien être portées par un programme politique que des Montbourg, Royal, Mélanchon, Hulot ou Joly pourraient très bien défendre.

Vous trouverez ci-dessous la traduction d’un texte qui ne partage pas du tout l’enthousiasme que l’on a souvent pu entendre et lire ici et là sur ce mouvement.

 

Réflexions intempestives après les tambourinades

Lorsque les excès de la domination génèrent des protestations dont la réalité est certifiée par les médias, il en résulte une illusion de conscience, un réveil apparent qui semble annoncer la réapparition de la question sociale et le retour du sujet destiné à devenir l’acteur du nouveau changement historique. Cependant, après avoir constaté le caractère banal et frivole des revendications principales et avoir entendu les grossières répétitions des idéologies progressistes, nos doutes s’évanouissent face à ce qui est réellement advenu durant cette contestation tolérée, qui n’est rien d’autre que la dépouille du sujet. La question sociale n’est jamais envisagée en profondeur, alors que tous les cadavres enfermés dans les placards des idéologies sortent en promenade. Malgré la part de vérité qu’elle peut contenir, une contestation qui flotte dans des eaux stagnantes, polluées des restes décomposés d’autres pseudo-troubles antérieurs n’est pas le lieu le plus propice à la reformulation d’un projet de changement réel. Bien que cette contestation se soit dotée de mécanismes horizontaux de prise de décisions, bien qu’elle se soit constituée en assemblée, ceux qui y prennent la parole sont en majorité des imposteurs ou des apprentis imposteurs. La raison se sent impuissante devant la vague de lieux communs ressortis des poubelles de l’Histoire : non seulement la domination capitaliste – le système – n’a pas reculé d’un iota mais mieux, en manipulant ses victimes, elle a créé une fausse opposition civile pour dissiper les feux de la révolte. Il ne pouvait en être autrement. La classe ouvrière a été irrémédiablement battue il y a trente ans, laissant seulement des ruines – que le syndicalisme minoritaire ne réussit pas et ne réussira jamais à faire revivre – coexistant avec un ghetto de jeunes militants et de réfractaires, réduit et partiellement paralysé. Rien d’utile avec quoi recommencer ce que Hegel appelait « le rude travail de l’intelligence » afin d’éclairer les nouvelles générations, qui, lorsqu’elles essaieront de saisir le concept, n’attraperont que sa parodie.

Dans toutes les nouvelles protestations spectaculaires, deux traits communs sont toujours présents : d’abord, une grande quantité d’amis suspects qui, à travers les médias officiels, vantent, réargumentent et justifient une protestation proprement vidée de sa substance, et qui élaguent avec fermeté ses pousses radicales ; ensuite une volonté obsessionnelle de ne pas se trouver d’ennemis, ni dans les forces de l’ordre, ni dans les partis, ni dans l’État, ni même dans l’économie, puisque toutes les propositions, de quelque importance qu’elles soient et aussi étranges soient-elles, s’intègrent dans le système (que le système décide de les incorporer est un autre affaire). De là le pacifisme maladif, son revers ludico-festif, l’ambiguïté face aux élections et la préférence pour des mesures qui impliquent plus de pouvoir étatique ou un plus grand développement économique (plus de capitalisme) : autant de traits qui déterminent une idéologie spécifique, le citoyennisme, reflet exact d’une manière de penser dans le vide qui s’enracine sans problèmes dans le terrain fertile de la contestation futile. Une chose au moins doit être claire : la protestation citoyenniste ne remet pas en question le système, ne cherche pas à subvertir l’ordre établi ni ne désire en mettre un autre à sa place. Ce qu’elle veut, c’est participer, elle ne revendique donc aucune manière de vivre (et de produire) radicalement opposée à celle existante. Son programme, dans le cas où elle en établirait un, n’irait pas au-delà des réformes destinées à ouvrir des voies à la collaboration institutionnalisée et à partager les conséquences de la crise économique avec la classe dominante mais d’une manière plus équilibrée. C’est un simple appel au civisme adressé à la domination. Il n’est pas question de vouloir changer la condition de salarié, d’électeur, d’automobiliste et d’endetté, mais de la préserver – si cela est possible – avec un emploi stable, des réformes électorales, des mesures de surveillance des banques et un salaire suffisant. La condition prolétaire subsiste, mais dissimulée sous une condition supposée citoyenne. Le combat pour son abolition n’est plus un conflit acharné entre classes pour le contrôle et la gestion des moyens de production et de l’espace social comme il le fut par le passé, mais l’exercice tranquille d’un droit politique dans le cadre d’un État accessible et neutre.

La « citoyenneté » existe-t-elle réellement ? Est-elle une nouvelle classe » ? Ce sont des questions auxquelles nous devrions répondre en ayant présente à l’esprit une vérité indubitable : ni le prolétariat industriel résiduel, ni son héritier contemporain, la masse salariée, ne sont intrinsèquement révolutionnaires, que ce soit objectivement ou subjectivement. La force productive principale est la connaissance, non le travail manuel ; par ailleurs, du côté du sujet, les luttes simplement revendicatives ne détruisent pas le capitalisme, mais elles le modernisent grâce à la bureaucratie du travail qu’elles ont générée. L’appareil syndical et politique dissout la conscience de classe et facilite l’intégration et la soumission. De plus, la croissance de la production est fondamentalement destructive, si bien que le travailleur ne peut se soustraire aux conséquences de son propre travail et encore moins vouloir l’autogérer. Liée à une étape de développement capitaliste déjà terminée, la classe ouvrière a cessé de jouer un rôle historique. Ses succédanés actuels ne peuvent pas en jouer un autre sans condamner la fonction qu’ils exercent dans le système et sans affirmer la nécessité de s’en séparer, mais cela est impossible sans conscience et sans morale. La fin du prolétariat en tant que classe laisse à l’abandon le terrain de la lutte sociale, sans sujet, à la merci des classes moyennes que le système lui-même fragmente, disperse et exclut comme il le fait avec les classes laborieuses, où ce n’est pas l’ancienne théorie révolutionnaire du prolétariat qui fleurit à nouveau, mais plutôt l’idéologie citoyenniste moderne, brandie comme arme antiradicale et outil de cooptation pour tous les petits partis, groupuscules, réseaux et listes électorales qui abondent dans les manifestations de la postmodernité, en les infiltrant, en les banalisant et en les corrompant. De la même façon que cela s’est produit lorsque la lutte des classes existait, le gauchisme contribue à la modernisation syndicale et politique du capitalisme, à cela près qu’il le faisait alors au nom du prolétariat et qu’il le fait aujourd’hui au nom d’un principe totalement abstrait, la « citoyenneté ». Le recours à la citoyenneté, c’est-à-dire à tous les habitants soumis à l’État, est purement rhétorique, comme autrefois le recours au « peuple ». La citoyenneté n’existe pas : c’est une entité irréelle qu’on trouve dans la mentalité progressiste et qui sert de sujet postiche, de référent pour tout. Malgré son inexistence, on la trouve partout : du discours du pouvoir elle est passée dans le langage militant de la rue. Elle est d’une grande utilité pour ceux qui, comme les gauchistes, s’efforcent de devenir visibles et influents dans les manifestations générationnelles en les infestant d’une idéologie populiste, d’un sectarisme manipulateur et d’un ouvriérisme résigné, afin que les radicaux présents fassent comme eux ou se dégoûtent et se retirent. Elle n’y parvient pas du premier coup, si bien que le système impulse son élan grâce à ses importants moyens virtuels, lançant d’obscurs appels et déchaînant des processus autoréprimés, qui, offrant aux participants quelques jours ou quelques semaines de gloire publique tolérée, leur donnent la sensation d’être pour un temps les maîtres de la danse, comme à Tahrir ou encore comme à la Sorbonne en 68. L’opération peut échapper à leur contrôle, mais qui peut craindre le système des conduites dérivées de l’« éducation à la citoyenneté » encouragée dans les manifestations, qui se propage comme une nouvelle mode dans la jeunesse « sans futur » des classes moyennes et ses alliés circonstanciels ? Comment avoir peur de l’hédonisme des nouvelles beuveries géantes, de la non-violence fanatique, de la gesticulation enthousiaste, du consensus mutilateur, de la joyeuse casserolade, de la communication par Twitter… ? Ces comportements sont présentés comme des pratiques innovantes de la liberté, même si ce type de liberté abonde dans les sociétés d’esclaves et n’est guère utile dans les assauts contre les palais d’Hiver. Mais qui veut, et, pis encore, qui peut assaillir aujourd’hui un centre de pouvoir ? L’unique chose que demandent les manifestations est le dialogue et la participation.

Nous sommes plongés dans un processus très dur d’adaptation à la crise mené à son terme par l’État selon les lignes directrices qu’indiquent « les marchés », un ajustement violent qui laisse des victimes partout : les travailleurs, les retraités, les fonctionnaires, les employés du secteur public, les immigrants et… la jeunesse déclassée. Si la majorité de la population a encore un présent à peu près assuré, il est certain que les jeunes – dont près de la moitié sont au chômage – ont un avenir hypothéqué : c’est pourquoi ils protestent, mais non pas contre le système qui les a marginalisés, mais contre ceux qu’ils considèrent comme responsables, les politiciens qui gouvernent, les syndicalistes qui se taisent et les banquiers qui spéculent. Ils en veulent d’autres. Les manifestations marquent le début d’une période confuse où un tiers de la société civile va se mobiliser d’une manière ou d’une autre en marge des institutions, mais non pas contre celles-ci. Cette partie de la jeunesse se sent mal représentée dans une démocratie qui « ne l’est pas », puisqu’elle n’y participe pas : c’est pourquoi elle espère la réformer. Elle ne veut pas détruire le pouvoir séparé, mais plutôt séparer les pouvoirs constitués. Pour la classe moyenne précarisée qui s’approprie le concept bourgeois de démocratie, Montesquieu n’est pas mort, mais il conviendrait de rappeler que Franco ne l’est pas non plus, que la démocratie qui fut « si difficile à obtenir » et qu’elle revendique provient d’un pacte de reconversion de l’appareil politico-répressif de la dictature, consolidée à partir des égouts secrets et des cloaques de l’État.

Les manifestations se déroulent dans un milieu considéré comme quasi naturel par ceux qui y participent : le milieu urbain. Cependant, il s’agit d’un espace créé et organisé par le capital, le plus approprié pour accommoder et développer son monde. Les métropoles et les conurbations sont les éléments fondamentaux de l’espace de la marchandise, une scène neutralisée et formatée qui fonctionne comme une usine, où la communication directe, et par conséquent la conscience et la révolte, sont presque impossibles. Toute révolte véritable se doit de lutter pour libérer l’espace des signes du pouvoir et l’ouvrir à la rencontre au profit de la décolonisation de la vie quotidienne ; elle doit être une révolte contre la société urbaine. La question sociale est essentiellement une question urbaine, de sorte que le rejet du capitalisme implique celui de la conurbation, son contenant adéquat. Le point d’inflexion dans le conditionnement consumériste et politique peut se produire dans ces dortoirs formatés que l’on appelle des quartiers, si les assemblées qui réussissent à se former durant les crises deviennent des contre-institutions à partir desquelles on puisse critiquer le modèle urbain métropolitain et élaborer un modèle alternatif en harmonie avec le territoire. Dans les assemblées de quartier représentatives peut émerger un sujet autonome, une nouvelle classe qui résiste à la problématique citoyenniste provenant des places centrales en projetant et en déployant la question urbaine (autonomie du quartier, autogestion logistique, contact réel avec la campagne, occupation d’espaces publics, récupération du savoir artisan, anti-consommation, lutte contre les plans urbains et les infrastructures, etc.). Rien de cela ne peut être déduit des manifestations, qui semblent se trouver à l’aise en respirant l’air pollué de l’atmosphère urbaine, qu’elles ont transformée en agora citoyenne, lieu dans lequel les inconsistances citoyennistes ont carte blanche. Il en va ainsi parce que la mentalité de la classe moyenne dirige la mobilisation et que l’initiative appartient à ses représentants. C’est pourquoi la crise sociale ne se manifeste que comme crise politique, comme crise du système politique, comme moment politique des recettes citoyennistes.

Le citoyennisme est l’idéologie la mieux adaptée aux conurbations, puisqu’il n’a pas réellement besoin d’un espace public pour se reproduire, mais de quelque chose qui lui ressemble, une espèce d’espace formel et symbolique dans lequel représenter un débat apparent. Pour qu’un débat réel puisse avoir lieu, il est nécessaire qu’il y ait un public réel, une communauté de lutte. Mais une communauté de ce genre – un sujet collectif – est tout l’opposé d’une assemblée citoyenne, un agglomérat volatil d’individualités mutilées qui imite les gestes du débat direct sans conclure pour autant dans la direction requise, puisqu’elle évite soigneusement le risque en fuyant le combat. Ses batailles ne sont que des bruits et son héroïsme n’est que son costume de scène. Une communauté de lutte – une force sociale historique – peut se former seulement à partir d’une volonté consciente de séparation, d’un effort de désertion issu d’une opposition résolue au système capitaliste ou, ce qui est la même chose, de la mise en question profonde du mode de vie industriel, c’est-à-dire de la rupture avec la société urbaine. Chômage des jeunes ou réduction budgétaire, le point de départ n’a pas d’importance si les esprits s’échauffent et conduisent au même point ; le plus important est d’acquérir l’autonomie suffisante pour s’écarter des lignes établies en allant au fond de la question – la liberté – sans médiateurs « responsables » ni tuteurs vigilants. Et cela ne s’obtient qu’en marquant clairement ses distances avec le camp de la domination et en s’engageant dans une lutte longue et ardue contre celui-ci.

Miquel Amorós – 14 juin 2011

Indymedia Grenoble, 3 juillet 2011.

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Champigny : le commissariat encore visé

Le commissariat de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) a été de nouveau visé par une attaque la nuit dernière après avoir été la cible de plusieurs jeunes samedi, a-t-on appris auprès de la préfecture, confirmant une information de BFM TV.

Aux alentours de 1h30, quatre engins incendiaires ont été lancés en direction du parking du commissariat de la ville dont certaines cités sont des points chauds du trafic de cannabis. L’attaque n’a fait aucun blessé mais a «légèrement endommagé » un véhicule administratif, d’après la même source. Les fauteurs de trouble ont réussi à prendre la fuite sans être interpellés.

Samedi soir, ce commissariat a été l’objet d’une première attaque qui a conduit à l’interpellation de neuf personnes et sur laquelle les versions diffèrent. D’après une source policière, l’offensive aurait été menée par une vingtaine de jeunes armés de mortiers (gros pétards), de barres de fer et différents projectiles, qui entendaient protester contre le déploiement récent d’une des brigades spécialisées de terrain (BST) qui ont succédé en août 2010 aux unités territoriales de quartier (Uteq).

La préfecture, elle, parle d’une « simple provocation de gamins » munis de feux d’artifice et de pétards et assure que tout lien avec la BST reste « entièrement » à établir. « On peut en revanche penser qu’il pourrait y avoir un lien entre les interpellations et l’attaque de dimanche soir », a dit un porte-parole de la préfecture du Val-de-Marne qui a ajouté que ces incidents n’étaient pas traités de manière « anodine ». « On fera tout ce qu’il faut pour que cela cesse », a ajouté cette source.

Leur presse (Agence Faut Payer), 4 juillet 2011.

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Les contes du père Chatel

 

À la veille des grandes vacances, une opération ministérielle promet un livre d’été à tous les élèves de CM1. Un progrès aux terribles relents réactionnaires.

Une opération nommée « Un livre pour l’été », initiée par Luc Chatel propose à chaque enfant de repartir avec un livre à lire pour les grandes vacances : Cette année : un recueil de contes de Charles Perrault. L’année passée : les Fables de La Fontaine. Comment ne pas applaudir des deux mains à une telle opération permettant à des élèves d’avoir un livre bien à eux ?

Certes, mais quand on y regarde de plus près, il y a de quoi s’inquiéter si ce n’est carrément de protester contre les caractères à la fois anti-pédagogiques et libéraux de cette opération.

Premièrement le fait d’avoir choisi de conserver le texte original (et non une version adaptée de ces contes) rend la lecture totalement hors de portée pour des élèves qui sont lecteurs depuis moins de trois ans. En effet qu’est-ce qu’un enfant de 9 ans pourrait retenir, par exemple, du début de Peau D’âne :

« Il est des gens de qui l’esprit guindé,
Sous un front jamais déridé,
Ne souffre, n’approuve et n’estime
Que le pompeux et le sublime ;
Pour moi, j’ose poser en fait
Qu’en de certains moments l’esprit le plus parfait
Peut aimer sans rougir jusqu’aux Marionnettes ; »

Mais passe encore. Même si de nombreuses réécritures à la portée des élèves sont aussi dans le domaine public, certains passages de ce livre sont peut-être exploitables en classe, bien que le livre, rappelons-le, soit destiné avant tout à donner envie de lire aux élèves pendant les vacances. Et l’utilisation du rapport entre le texte et les illustrations permettra certainement aux élèves de s’y retrouver…

Les illustrations ? Parlons-en ! Là encore, dans un élan irrésistible de modernité, les conseils du ministre ont décidé d’utiliser des « images d’Épinal » pour décorer l’ouvrage. On propose donc aux élèves un texte incompréhensible, décoré d’images totalement rétrogrades. À moins que l’enfant lambda de CM1 n’ait un haut souci de la valeur patrimoniale de ces éléments, on peut sérieusement douter que les chères « têtes blondes » à qui est destiné ce recueil, s’éclatent en feuilletant ces pages. En réalité, comme on travaille avec eux toute l’année et qu’on n’a pas attendu notre cher Ministre pour tenter de leur donner le goût de lire, on sait déjà qu’à part pour les enfants qui ont déjà le goût de lire, ce livre ne servira guère à autre chose qu’à caler un lit branlant.

Ces aberrations amènent donc forcément à se poser la question de qui a voulu contenter le ministre avec cette opération ? Et on voit bien qu’il n’y a que les associations les plus réactionnaires et anti-pédagogiques pour applaudir à une telle supercherie…

Ajoutons à tout ça, que chaque enseignant du CM2 « s’engage à exploiter à la rentrée » le livre avec ces nouveaux élèves, grâce à des fichiers pédagogiques déjà prêts (ben oui, pour une fois il fera bosser les gosses au lieu de faire de la garderie) une nouvelle fois au mépris de toute liberté pédagogique.

Le tableau est complet quand en retournant le livre on identifie le logo de la fondation Total. Effectivement, c’est une nouveauté, le matériel pédagogique proposé par le ministère permet désormais aux pires crapules capitalistes de diminuer leurs impôts en finançant gracieusement les apprentissages des élèves de l’école publique. À quand les « mallettes éducation à l’environnement financées par Areva ou les ateliers « développement durables » créés par Carrefour ou Leclerc ? On croit rêver mais on se rappelle amèrement qu’on plaignait, il y a quelques années, les petits Américains qui apprenaient à lire sur les logos de Coca ou McDonald dans des manuels financés par ces firmes. Les vautours capitalistes hexagonaux semblent donc, eux aussi, décidés à investir le champ pédagogique.

Bref, si la base du projet est louable, sa réalisation est bien en parfaite adéquation avec la politique actuelle du gouvernement : d’une part la forme est la plus rétrograde et anti-éducative possible, flâtant au passage tous les réactionnaires adeptes du dressage scolaire, et d’autre part, le recours à un financement privé montre que le système scolaire est tellement exsangue financièrement qu’il ne peut même pas payer un livre à une classe d’âge.

Face à cette situation il est plus que nécessaire de réclamer des moyens financiers et humains en vue d’instaurer une éducation permettant à tous, élèves et enseignants, de mettre en place des pratiques éducatives émancipatrices. L’éducation, et a fortiori le goût de la lecture, ne peuvent se concevoir sous la contrainte. Au passage, on rappellera l’excellent travail réalisé par l’éditeur associatif « Lire c’est partir », qui depuis plus de 15 ans, sans subventions, met à la disposition des classes des ouvrages historiques ou contemporains de littératures de jeunesse pour moins d’un euro. Le très bon travail qu’ils ont réalisé a sûrement plus contribué au goût pour la lecture de nombreuses classes d’âge, que ne pourront le faire toutes les subventions que les pires crapules financières pourront attribuer au système scolaire, pour se dédouaner de la pression dramatique qu’ils font peser sur les finances publiques.

Enfin, pour l’anecdote, à la lecture de passages du communiqué ministériel, « La lecture est au cœur de l’École et le plaisir de lire se découvre avec son professeur », l’auteur des contes en question doit se retourner dans sa tombe. En effet, ironie de l’histoire, Charles Perrault, jeune élève au collège de Beauvais à Paris, avait décidé avec un de ses camarades de quitter l’établissement et de ne plus y retourner après une dispute avec son professeur de philosophie. Il s’était alors consacré à la lecture puis à l’écriture…

Fédération CNT des Travailleur-euses de l’Éducation, 30 juin 2011.

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[Avignon] Compte rendu du rassemblement et de l’audience du 27 juin

 

Ce lundi (27 juin), G. devait être jugé par le tribunal correctionnel d’Avignon pour « vol de matériel sur un chantier » et pour avoir refusé de se soumettre aux « relevés signalétiques » (empreintes digitales et photos anthropométriques).

Une trentaine de joyeux trublions étaient venus soutenir l’accusé mais sont restés bloqués sur le trottoir du tribunal par un cordon de bleus. Après plusieurs vaines tentatives pour tout de même tenter d’entrer, et ne pas rester les bras croisés en risquant une insolation, ces derniers auront occupé la matinée en criant des slogans contre les flics et la justice, distribuant des tracts sur le boulevard en bloquant quelque peu la circulation dans un concert de klaxons. Cela leur aura tout de même coûté une bonne rasade de lacrymos dans la gueule…

À l’intérieur, l’affaire fut vite expédiée. Après délibération, le juge requiert 200 heures de Travail d’Intérêt Général pour le vol et 200 d’amende pour le refus donner les signalétiques.

Infos Anti-autoritaires en Cévennes à l’Assaut des Montagnes !, 3 juillet 2011.

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Soirée antirépression le 9 juillet à Tours

 

En soutien aux différent-e-s militant-e-s poursuivies pour leurs idées qui ont eu l’outrecuidance de les mettre en action.

Les Déboulonneurs passent en procès le 5 juillet, les défendeuses-eurs des arbres sont persécutées par l’huissier avec une note de 3000€, les Quatre prévenu-e-s de Tours sont toujours en procès, des militant-e-s poursuivis par la police depuis la Gay-Pride… Les raisons pour se mobiliser sont nombreuses.

Lutter et faire la fête n’étant pas incompatible, nous allons donc faire une fête le samedi 9 juillet 2011 à 19h avec Djette Haya Waska Hi Cool, Dj SAF (reggae-soul-funk), les Smashing Crew (dub-dubstep), les Frottis de l’espace (love-grind-core) et Ojo Jimo (musique brésilienne) à la salle Paul Bert à Tours.

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Expositions, tables de presse (Fakir, Déboulonneurs, Circled A (distro anarkopunk), les Quatre prévenus de Tours, la Niche (librairie libertaire).

Entrée et bouffe à prix libre.

Invitons nos ami-e-s et soyons nombreux-ses.

Contact

Liste de discussion du réseau Résistons Ensemble, 4 juillet 2011.

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Des fafs lyonnais tendent un violent guet-apens pour obtenir des infos sur les antifascistes

 

Le samedi 2 juillet, à l’aube, une jeune femme, identifiée par ses agresseurs comme proche de militant-e-s du Collectif de vigilance 69, a été sauvagement agressée en rentrant à son domicile.

Un véri­ta­ble piège, une action pré­pa­rée, atten­dait la jeune femme à l’entrée de son immeuble. En effet, trois hommes guet­taient la vic­time dans la cage d’esca­lier de son domi­cile, à 6 heures du matin. Après l’avoir pous­sée dans les esca­liers puis rouée de coups, les agres­seurs ont pro­cédé à un vio­lent inter­ro­ga­toire, cher­chant à sou­ti­rer des infor­ma­tions sur les milieux anti­fas­cis­tes.

De par leur tenue ves­ti­men­taire et leurs dis­cours, il ne fait aucun doute que ces indi­vi­dus appar­tien­nent aux mou­van­ces d’extrême-droite.

Cette agres­sion s’ajoute à une liste déjà trop longue de vio­len­ces graves per­pé­trées à Lyon. Les vic­ti­mes font les frais d’une stra­té­gie cal­cu­lée d’ins­tal­la­tion d’une ambiance de peur sur le ter­ri­toire lyon­nais.

Plus que jamais déter­miné, le Collectif de vigi­lance 69 pour­sui­vra ses actions contre toutes les mou­van­ces de l’extrême-droite, contre la bana­li­sa­tion de ses idées et contre la vio­lence de ces dif­fé­ren­tes com­po­san­tes.

Collectif 69 de vigi­lance contre l’extrême-droite, 4 juillet 2011 / Rebellyon.

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[Suisse] Trois détenus s’évadent à Porrentruy

Trois détenus se sont évadés de la prison de Porrentruy (JU) dimanche vers 12h40. Ils ont enfermé leur gardien dans une cellule avant de prendre la fuite. Les polices jurassienne et française ainsi que les gardes-frontière ont été mobilisés pour les retrouver.

L’évasion a eu lieu après le repas de midi. Lors du retour en cellule, deux détenus ont agressé leur geôlier avant de l’enfermer. Ils ont ensuite libéré un autre détenu.

Avant de prendre la fuite, les trois hommes se sont encore changés pour mettre des habits civils, a indiqué dimanche la police jurassienne. Le gardien a cassé la fenêtre de la cellule afin de donner l’alerte. Une patrouille de la gendarmerie est arrivée sur place peu après pour le libérer.

Dangerosité difficile à prévoir

L’alarme générale a alors été déclenchée. Un hélicoptère et trois chiens ont été déployés pour soutenir les opérations de recherche.

Les trois évadés étaient en détention préventive. L’un dans le cadre d’un brigandage et les deux autres pour des cambriolages.

La procureure du Ministère public jurassien Valérie Cortat souligne que la dangerosité d’un détenu est difficile à prédire. Toutefois, « le brigandage étant un délit qui implique le recours à la force, on ne peut exclure un certain risque » pour la population.

Nombreuses évasions

La semaine passée a été marquée par l’évasion lundi d’un dangereux détenu de la prison de Gorgier (NE) à l’occasion d’une sortie en plein air à Provence (VD). Épuisé et affamé, il s’est rendu vendredi aux Rasses (VD) après cinq jours de cavale.

Un autre détenu s’est évadé mercredi du secteur ouvert de la Colonie des Établissements de la plaine de l’Orbe (VD). L’homme de 36 ans n’est pas considéré comme dangereux, selon le service pénitentiaire vaudois.

Leur presse (ats/lan), 3 juillet 2011.

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[Val-de-Marne] Vingt personnes attaquent le commissariat de Champigny

Val-de-Marne : Vingt personnes attaquent un commissariat

Un groupe d’une vingtaine de personnes a attaqué samedi soir un commissariat à Champigny-sur-Marne dans le Val-de-Marne. Depuis neuf personnes, âgés entre 15 et 20 ans, ont été interpellées dans cette affaire.

Ces jeunes protestaient contre la mise en place d’une patrouille de police à Champigny-sur-Marne, chargée de lutter contre les divers trafics, selon une source policière. Tous originaires de la commune, ils s’en sont pris samedi soir vers 22h30 à un commissariat, « en mesure de représailles », selon cette même source.

Munis de mortiers, de barres de fer et de « divers projectiles », ces personnes ont attaqué le commissariat de Champigny s’en prenant au locaux et aux fonctionnaires de police présents. Aucun policier n’aurait été blessé.

Neuf personnes, âgées de 15 à 20 ans, ont été interpellées et placées en garde à vue samedi soir après l’arrivée de renforts. Ces personnes sont gardées à vue au commissariat de Champigny, qui a été chargé de l’enquête.

Leur presse (France Soir), 3 juillet 2011.

 

Des jeunes arrêtés pour avoir chahuté près d’un commissariat

Neuf jeunes gens ont été arrêtés samedi après des tirs de feux d’artifice près d’un commissariat à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) et un incident avec des policiers venus les disperser, a-t-on appris dimanche.

Personne n’a été blessé et la préfecture du Val-de-Marne a récusé l’idée d’une attaque du commissariat.

« C’est une petite provocation, pas une attaque », a dit à Reuters Patrick Dallennes, directeur de cabinet du préfet. « Il n’y a pas eu de jet de projectile sur le commissariat, il n’y a pas eu de dégradation et il n’y a aucun blessé. »

Des jeunes gens ont allumé des pétards et des feux d’artifice à quelques mètres du commissariat, situé dans la cité du Bois l’Abbé, samedi vers 22h30. Quand des policiers sont venus disperser le groupe d’une vingtaine de jeunes qui s’était formé, certains ont lancé quelques petites fusées dans leur direction.

Neuf jeunes âgés de 13 à 21 ans et habitant le quartier ont été placés en garde à vue.

Les personnes interpellées étaient en possession de barres de fer, de gros boulons et de feux d’artifice, a-t-on précisé à la Préfecture de police.

Leur presse (Reuters), 3 juillet 2011.

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Manifest (novembre 1958)

Lettre de Guy Debord et Constant à Asger Jorn

Amsterdam, 12 novembre 1958

Tout va bien ici.

Envoie au plus tôt à Paris le manifeste des Allemands — et en général les publications qu’ils préparent.

Nos salutations les plus amicales et situationnistes.

Guy, Constant

 

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Manifest

1. Es gibt heute eine zukunftsträchtige, künstlerische Aufrüstung im Gegensatz zur moralischen Aufrüstung. Europa steht vor einer großen Revolution, vor einem einzigartigen kulturellen Putsch.

2. Die Kunst ist die letzte Domäne der Freiheit und wird sie mit allen Mitteln verteidigen.

3. Wir wagen es, unsere Stimme gegen den ungeheuren Koloß des technisierten Apparates zu erheben. Wir sind gegen das folgerichtige Denken, das zur kulturellen Verödung geführt hat. Das automatische funktionelle Denken hat zur sturen Gedankenlosigkeit geführt, zum Akademismus, zur Atombombe.

4. Die Erneuerung der Welt, jenseits van Demokratie und Kommunismus, kommt nur durch die Erneuerung des Individualismus, nicht durch das kollektive Denken.

5. Wer Kultur schaffen will, muß Kultur zerstören.

6. Begriffe wie: Kultur, Wahrheit, Ewigkeit interessieren uns Künstler nicht, wir müssen unser Leben fristen. Die materielle und geistige Situation der Kunst ist so trostlos, daß man von den Malern nicht verlangen kann, daß sie verbindlich malen. Verbindlich malen sollen die Arrivierten.

7. Grundlagenforschung ist rein wissenschaftlich und angewandte Forschung ist rein technisch. Die künstlerische Forschung ist frei und hat mit Wissenschaft und Technik nichts zu tun. Wir sind dagegen, daß man heute die Kunst verwissenschaftlichen will und sie zu einem Instrument der technischen Verblödung machen will. Kunst beruht auf einem Instinkt, auf den schöpferischen Urkräften. Diese wilden ungebundenen Kräfte drängen zum Ärger aller intellektuellen Spekulanten stets zu neuen unerwarteten Formen.

8. Kunst ist ein dröhnender Gongschlag, sein Nachklang ist das Geschrei der Epigonen, das im Ieeren Raum verhallt. Die Übertragung ins Technische tötet die künstlerische Potenz.

9. Kunst hat mit Wahrheit nichts zu tun. Das Wahre liegt zwischen den Dingen. Wer objektiv sein will, ist einseitig, wer einseitig ist, ist pedantisch und langweilig.

10. Wir sind umfassend.

11. Es ist alles vorbei, die müde Generation, die zornige. Jetzt ist die kitschige Generation an der Reihe. WIR FORDERN DEN KITSCH, DEN DRECK, DEN URSCHLAMM, DIE WÜSTE. Die Kunst ist der Misthaufen, auf dem der Kitsch wächst. Kitsch ist die Tochter der Kunst, die Tochter ist jung und duftet, die Mutter ist ein uraltes stinkendes Weib. Wir wollen nur eins: Den Kitsch verbreiten.

12. Wir fordern den IRRTUM. Die Konstruktivisten und die Kommunisten haben den Irrtum abgeschafft und leben in der ewigen Wahrheit. Wir sind gegen die Wahrheit, gegen das Glück, gegen die Zufriedenheit, gegen das gute Gewissen, gegen den fetten Bauch, gegen die HARMONIE. Der Irrtum ist die herrlichste Fähigkeit des Menschen! Wozu ist der Mensch da? Den vergangenen ihm nicht mehr gemäßen Irrtümern einen neuen Irrtum hinzuzufügen.

13. Statt eines abstrakten Idealismus fordern wir einen ehrlichen Nihilismus. Die größten Verbrechen der Menschheit werden unter dem Namen Wahrheit, Ehrlichkeit, Fortschritt, bessere Zukunft begangen.

14. Die abstrakte Malerei ist leerer Ästhetizismus geworden, ein Tummelplatz für Denkfaule, die einen bequemen Vorwand suchen, längst vergangene Wahrheiten wiederzukäuen.

15. Die abstrakte Malerei ist ein HUNDERTFACH ABGELUTSCHTER KAUGUMMI, der unter der Tischkante klebt. Heute versuchen die Konstruktivisten und die Strukturmaler, diesen längst verdorrten Kaugummi noch einmal abzuschlecken.

16. Durch die Abstraktion ist der vierdimensionale Raum selbstverständlich geworden. Die Malerei der Zukunft wird POLYDIMENSIONAL sein. Unendliche Dimensionen stehen uns bevor.

17. Die Kunsthistoriker machen aus jeder notwendigen geistigen Revolution ein intellektuelles Tischgespräch. Wir werden der OBJEKTIVEN UNVERBINDLICHKEIT EINE MILITANTE DIKTATUR DES GEISTES ENTGEGENSETZEN.

18. Wir können nichts dafür, daß wir gut malen. Wir bemühen uns auch noch in diesem Sinn. Wir sind arrogant und exzentrisch. Wir spotten jeder Beschreibung.

19. WIR SIND DIE DRITTE TACHISTISCHE WELLE.
WIR SIND DIE DRITTE DADAISTISCHE WELLE.
WIR SIND DIE DRITTE FUTURISTISCHE WELLE.
WIR SIND DIE DRITTE SURREALISTISCHE WELLE.

20. WIR SIND DIE DRITTE WELLE. Wir sind ein Meer von Wellen (SITUATIONISMUS).

21. Die Welt kann nur durch uns enttrümmert werden.
WIR SIND DIE MALER DER ZUKUNFT!

Gruppe Spur: H. Prem, H.P. Zimmer, E. Eisch, H. Sturm, L. Fischer, A. Jorn, D. Rempt, G. Britt, G. Stadler

 

Manifeste

1. Il existe aujourd’hui un réarmement artistique lourd d’avenir, contraire au réarmement moral. L’Europe est au bord d’une grande révolution, d’un putsch culturel inouï.

2. L’art est le dernier domaine de la liberté et il la défendra par tous les moyens.

3. Nous n’hésitons pas à élever la voix contre le monstrueux colosse de l’appareil technicisé. Nous sommes contre la pensée logique, qui a conduit à une dévastation culturelle. La pensée automatique fonctionnelle a conduit à l’abrutissement, à l’académisme, à la bombe atomique.

4. Le renouvellement du monde, au-delà de la démocratie et du communisme, ne pourra advenir qu’à travers le renouvellement de l’individu, et non par la pensée collective.

5. Celui qui veut bâtir la culture doit détruire la culture.

6. Des concepts comme ceux de culture, de vérité, d’éternité, nous les artistes, ne nous intéressent pas ; nous devons gagner notre croûte. La situation matérielle et spirituelle de l’art est à ce point désespérée qu’on ne peut exiger des peintres qu’ils peignent avec conviction. Peindre avec conviction, c’est pour les arrivistes.

7. La recherche fondamentale est purement scientifique et la recherche appliquée est purement technique. La recherche artistique est libre et n’a rien à voir avec la science et la technique. Nous refusons la scientifisation actuelle de l’art qui voudrait en faire un instrument du décervelage technique. L’art repose sur l’instinct, sur les forces créatrices fondamentales. Ces forces sauvages et déchaînées poussent sans cesse à la création de nouvelles formes inattendues, excitant la colère de tous les spéculateurs intellectuels.

8. L’artiste est un coup de gong tonitruant, son écho est le cri des épigones, qui se perd dans l’espace vide. Le transfert dans le domaine de la technique tue la puissance artistique.

9. L’art n’a rien à voir avec la vérité. Le vrai se tient entre les choses. Celui qui veut être objectif ne voit qu’un côté des choses, celui qui ne voit qu’un côté des choses est pédant et ennuyeux.

10. Notre domaine, c’est la totalité.

11. Tout est fini, la génération fatiguée, la génération en colère. C’est le tour de la génération kitsch. NOUS EXIGEONS LE KITSCH, LA SALETÉ, LA BOUE PREMIÈRE, LE CHAOS. L’art est le tas de fumier sur lequel pousse le kitsch. Le kitsch est la fille de l’art : la fille est jeune et parfumée, la mère est une vieille femme qui pue. Tout ce que nous voulons, c’est diffuser le kitsch.

12. Nous exigeons L’ERREUR. Les constructivistes et les communistes ont supprimé l’erreur et vivent dans la vérité éternelle. Nous sommes contre la vérité, contre le bonheur, contre la satisfaction, contre la bonne conscience, contre la panse bien remplie, contre L’HARMONIE. L’erreur est la plus merveilleuse capacité de l’homme. Pourquoi l’homme est-il là ? Pour ajouter une nouvelle erreur à celles du passé qui ne sont plus faites pour lui.

13. Au lieu d’un idéalisme abstrait, nous exigeons un nihilisme intègre. Les plus grands crimes de l’humanité sont commis au nom de la vérité, de l’honnêteté, du progrès, d’un avenir meilleur.

14. La peninture abstraite est devenue un esthétisme vide, l’arène des esprits paresseux qui recherchent un prétexte commode pour ruminer des vérités dépassées depuis longtemps.

15. La peinture abstraite est un CHEWING-GUM CENT FOIS MASTIQUÉ, collé sous le rebord de la table. Aujourd’hui, les constructivistes et les peintres de structures essaient de se régaler une fois de plus avec ce chewing-gum desséché depuis des lustres.

16. Avec l’abstraction, l’espace quadri-dimensionnel est devenu commun. La peinture de l’avenir sera POLY-DIMENSIONNELLE. Des dimensions infinies s’offrent à nous.

17. Les historiens de l’art font de toute révolution spirituelle nécessaire un bavardage intellectuel. Nous opposerons au NON-ENGAGEMENT OBJECTIF UNE DICTATURE MILITANTE DE L’ESPRIT.

18. Nous n’y pouvons rien si nous peignons bien. Et même, nous nous donnons encore de la peine dans ce but. Nous sommes arrogants et excentriques. Nous défions toute description.

19. NOUS SOMMES LA TROISIÈME VAGUE TACHISTE.
NOUS SOMMES LA TROISIÈME VAGUE DADAÏSTE.
NOUS SOMMES LA TROISIÈME VAGUE FUTURISTE.
NOUS SOMMES LA TROISIÈME VAGUE SURRÉALISTE.

20. NOUS SOMMES LA TROISIÈME VAGUE. Nous sommes une mer de vagues (SITUATIONNISME).

21. Nous seuls pouvons déblayer les décombres du monde.
NOUS SOMMES LES PEINTRES DE L’AVENIR.

Groupe Spur : H. Prem, H.P. Zimmer, E. Eisch, H. Sturm, L. Fischer, A. Jorn, D. Rempt, G. Britt, G. Stadler

 

« Je suis bien d’accord que la signature de Jorn sous le louche manifeste allemand est aussi suspecte et fâcheuse. Il faut dire d’ailleurs qu’il m’avait donné un premier état du texte assez différent. Le manuscrit qu’il avait signé a été changé ensuite — par qui ? — dans un sens plus confusionnel et rétrograde (alors que la première version était déjà partiellement inacceptable). Tout cela était avant la conférence de Munich. Mais le fond du problème est cette “tactique de la porte ouverte” que Jorn et Gallizio essaient d’appliquer partout. Je m’y suis toujours opposé. Je ne vois pas quel renforcement nous apporte ce groupe allemand, et même bien au contraire. Il s’agit d’être vigilant pour le développement des choses à Munich. Comme il paraît de plus en plus qu’ils n’ont fait encore aucun progrès, on pourra envisager peut-être bientôt des exclusions de ce côté-là ? »

Lettre de Guy Debord à Constant, 16 octobre 1959.

Publié dans Avant-gardes, L'IS avant Mai 68 | Marqué avec , , , | Commentaires fermés sur Manifest (novembre 1958)

Révolte populaire au val de Susa

Résistance au Val de Susa : d’un mouvement d’autodéfense à la réappropriation, sur la base de l’auto-organisation

Depuis plus de 20 ans, le Val de Susa est en résistance contre le projet aux profits juteux d’une ligne TGV allant de Lyon à Turin. Le Lyon-Turin est un projet de nouvelle liaison ferroviaire à travers les Alpes, qui prévoit notamment de creuser le plus long tunnel d’Europe (plus de 50 km) dans une montagne contenant des roches riches en amiante et en uranium. C’est aussi quinze ans de travaux et des millions de mètres cube de déblais en Maurienne et dans le Val de Susa, au débouché italien du tunnel. Lancé en 2001, le projet devrait être achevé vers 2023 et coûter la modique somme de 25 milliards d’euros.

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« Dans le val de Susa italien, la résistance est depuis vingt ans massive et populaire. Les habitant.e.s de la vallée organisé.e.s en “comités Notav” (Tav = train à haute vitesse, le Tgv italien) ne se contentent pas de manifs monstre (80’000 personnes à Turin en 2005, encore 50’000 à Susa en mai 2011), illes ont construit des baraques permanentes sur les sites de carottage, où les militant.e.s de tous âges et classes sociales peuvent se retrouver et s’informer dans la convivialité. Parfois rasés par la police ou incendiés, ces “presidio” sont reconstruits illico presto ! »

En effet, les habitants de la vallée s’organisent par de très nombreux « Presidio », c’est-à dire des baraquements permanents où se relaient des groupes de veille et d’autodéfense, coordonnés par radios et talkies-walkies, qui permettent de faire de l’information mais aussi de prévenir des mouvements de la police, de faire la jonction avec les villages et bourgades environnants, et de maintenir une vigilance à long terme qui prend parfois la forme chaleureuse et solidaire de petites fêtes ou repas populaires dans une atmosphère collective de camaraderie et de lutte. Ces Presidio sont situés dans toute la vallée, même jusqu’à Turin, et les flics ne parviennent à les éradiquer.

Ainsi, à chaque offensive policière d’envergure avec des engins de chantier, année après année, les Presidio alertent la population de la vallée qui descend par dizaines de milliers (entre 30 et 80’000 à chaque fois depuis 2004-2005) bloquer les mouvements de flics, saboter les engins de chantier, protéger les zones de chantier, bloquer les routes, occuper des collines, etc. En 2005, les Carabinieri, acculés par centaines au milieu de la population déterminée à les chasser, avait reçu l’autorisation de tirer à balles réelles. Ils ont préféré ne pas user des armes et se sont repliés la tête basse en lignes au milieu de la foule qui leur envoyait crachats, injures et pierres.

Si cette lutte est portée par la population de la vallée organisée en Comités No Tav qui procèdent par Assemblées Populaires dans les villages et les Presidio, elle est souvent soutenue par les habitants de Turin, les groupes radicaux tel Askatasuna (communistes autonomes), écologistes, régionalistes et indépendantistes, anticapitalistes, anarchistes, etc. ; d’où une grande diversité dans le contenu politique des discours portés dans les « Assemblea » et dans les modes d’action qui se complémentarisent : manifs monstres, blocages des routes et grands axes, barricades, occupations de terrains et de bâtiments, Presidio, affrontements directs, sièges, marches aux flambeaux, etc.

Cette année 2011 est un tournant décisif pour l’issue de cette formidable résistance populaire de longue haleine, puisque le début des travaux doit absolument commencer avant le 30 juin, sous peine que les 671 millions d’euros de la communauté européenne pour réaliser la ligne TGV Lyon-Turin ne soient pas versés. Aussi, depuis un mois s’est monté et construit le désormais célèbre Campement de la Maddalena, un Presidio plus grand en mode village autogéré, situé à l’endroit exact où les chantiers doivent effectuer les premiers forages pour le tunnel de la ligne TAV. Politiquement, la Maddalena s’est déclarée République Libre et Indépendante, avec un discours fort pour la réappropriation et l’autonomie de la vallée sous forme de Commune.

L’État italien sait perdre ces près de 700 millions d’euros en cas de non commencement des travaux, les Valsuzains savent pouvoir faire abandonner le projet TAV au bout de 20 ans en tenant les lieux et empêchant les travaux de s’effectuer. Plus de compromission possible, la guerre est totale contre l’État.

Face à l’imminence d’une attaque policière d’envergure, qui mobilisera finalement 3000 hommes ; c’est-à-dire 2000 Carabinieri, Guardi di Finanza et Guarda di Foresteri, Polizia et une brigade des commandos des forces spéciales antiterroristes sur le terrain et 1000 hommes encore en réserve à Turin dont des soldats ; la Repubblica Libere di la Maddalena lance un appel local, national et international à la solidarité et à la résistance directe en rejoignant le campement à partir du 21 juin.

Pour la population sur les lieux, de la Maddalena, de Chiomonte ou Bussoleno (villages voisins), Torino (Turin) et les nombreux français venus en renforts, femmes, hommes, enfants, anciens, retraités, tous formidablement fiers et déterminés, les choses sont claires et tous en ont conscience avec une détermination calme et joyeuse : la bataille s’annonce terrible.

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La République Libre et Indépendante, ou encore, la Commune de La Maddalena

La Commune de la Maddalena, située à 730 mètres d’altitude en flanc de montagne des Alpes, est une sorte de petit village autogestionnaire avec deux cuisines (celle non vegan davantage autogérée par les « no Tav », et celle vegan autogérée par les anarchistes et radicaux), une caravane Media Center qui contient une plate-forme internet Indymedia et autre ainsi qu’une Radio Pirate de résistance — No Tav 88.7 —, une tente Medical Team, une zone de musique et concert avec scène, un parking, une zone atelier et confection de barricades mobiles et boucliers, des sanitaires, une tente d’exposition de photos explicatives et informatives sur le projet TAV avec notamment en exemple la réalisation d’une ligne TAV en Suisse, une grande tente collective pour manger et discuter, deux postes de garde, et une zone camping.

Il n’y a qu’une seule route qui mène vers la Maddalena, depuis Chiomonte, dont partent plusieurs sentiers étroits. La Maddalena surplombe le tunnel de l’autoroute A32 et derrière se trouvent plusieurs sentiers de montagne qui mènent vers les bourgades de San Antonio et de Ramats, à près de 1000 mètres d’altitude.

Du 21 au 26 juin, de nombreuses activités animaient la Commune de la Maddalena : du théâtre politique (à tendance communiste), des concerts anarcho-punk, des chorales anarchistes et communistes, des débats et conférences, les Assemblées quotidiennes à 18h, les repas collectifs, l’atelier des barricades mobiles et des boucliers, des séances de découverte des étoiles et d’astronomie, etc.

Les Assemblées Populaires sont intéressantes : ce ne sont pas des AG typées « à la française » comme on les connaît tant, avec des tours de parole et des temps de parole, des tribunes et des votes, si bureaucratisées et formalisées. Au contraire les Assemblées Valsuzaines n’ont ni tribune, ni tour de parole, ni temps de parole. Si effectivement (et c’était plus qu’avéré) cela favorisait des monopolisations exclusives de la parole par quelques petits-chefs auto-décrétés, d’un autre côté cela permet une transformation radicale sur la prise de décision : on ne cherche pas alors à convaincre à coups de slogans-chocs percutants et finalement assez vides dans une fonction théâtrale et spectaculaire, représentative et figée dans un temps et tour de parole castrateur, mais, réellement, à s’exprimer, le temps que cela prendra pour chacun. D’où un véritable échange. De fait, par la quasi-absence d’applaudissements et de huements, chacun interprète et analyse pour lui-même, refuse ou approuve pour lui-même, ce qui évite tant que possible les phénomènes grégaires. Enfin, tout se décide au consensus, non décrété mais de fait.

S’il y a encore des dérives et des critiques à faire, cela est assez enthousiasmant par rapport aux vieilles assemblées générales bureaucratiques à la française : c’est un début de vraie assemblée qui autonomise et créé un affinitaire collectif. En effet, même si tous et chacun n’ont pas les mêmes objectifs et analyses politiques, il y a une camaraderie de terrain, dans la pratique même et l’effectivité de la lutte. C’est donc par le terrain que l’on est camarade, ceux qui sont là. Cependant, il ne faut pas idéaliser, et il est vrai que les étiquetés « anarcho-insurrectionnalistes » ou « radicaux » ont parfois du mal à avoir autant de poids dans la parole que les « No Tav » en eux-mêmes, ou les Askatasuna.

Si la question de l’« aval » de la population est souvent posée, de « plaire » et ne « pas choquer », à aucun moment se pose la question de la massification, le pourquoi se fond dans le comment qui est toujours la priorité. Ainsi, il n’y a pas de recherche à convaincre. En gros, c’est « voilà, on fait ça et comme ça, pour les raisons que vous connaissez, on résiste de telle manière à tel moment et tel endroit », et à partir de là « communiquer » à la population : à vous de faire de même, de rejoindre les initiatives et d’en créer. On s’auto-organise, on acte, on agit, à vous de prendre position. De fait, par la forme et la pratique, il n’y a pas de distinction préétablie et de principe « par rapport » à « la population » : il n’y a qu’un nous, sans avant-garde ou orga séparée.

C’est pourquoi c’est véritablement toute la vallée et sa population qui est en révolte, sans leader ni représentation séparée, sans organisation spécifique, mais des Comités de Vigilance et d’autodéfense, des Presidio, des Assemblées par villages et par Presidio, etc. Le Ministre de l’Interieur Moroni déclare ainsi que le Val de Susa est à un stade insurrectionnel.

L’organisation de l’autodéfense et les préparatifs de bataille

Durant toute cette semaine, les préparatifs de l’autodéfense pour la bataille qui s’annonce s’activent et s’intensifient : mise en place de plusieurs dizaines de barils remplis « d’huile anti-lacrymogène » dans toute la zone, la consolidation des dizaines de barricades dans tout le secteur, la fabrication de boucliers individuels et collectifs, la distribution de casques, les différents postes de garde (au moins une quinzaine) reliés par radios, les feux d’artifice pour le signal d’alarme lors de l’attaque effective des flics, la confection de pics-hérissons crèves-pneus, des tonneaux d’huile pour les véhicules et flics à pieds, des troncs d’arbre, des rondins, des extincteurs remplis d’huile et de peinture, des barbelés, des poteaux en pointe, des pneus de tracteurs, des bottes de paille, des stocks de boulons comme projectiles, des barricades mobiles, un ballon d’hélium anti-hélicoptère situé sur la zone de camping, des pétards explosifs, des lance-pierres, et bien sûr plusieurs stocks stratégiquement situés de tas incalculables de pierres et parpaings.

Les sentiers de la montagne sont eux-mêmes bloqués par diverses et nombreuses barricades forestières, mais les deux zones principales pour les flics et les plus sécurisées et défendables sont l’autoroute A32 à la sortie du tunnel, et la route et ses différents sentiers reliée à Chiomonte. Les barricades en elles-mêmes sont impressionnantes d’efficacité : des blocs de pierre grillagés dans lesquels sont plantés des barres de fer avec un système de fermeture par câbles avec pointes et pics, voire barbelés.

Ainsi, la Maddalena se retrouve comme le village d’Astérix assiégée par les légions de Carabiniers. Les forces répressives disposent de différents blindés anti-barricades, pelleteuses, bulldozers, fourgons blindés, hélicoptères, etc. C’est donc une bataille de position et défensive qui s’annonce. Et toutes les tactiques et plans de défense sont préparés en fonction de la configuration du terrain qui est fortement à notre avantage puisque en surplomb et hauteur, et sur deux axes précis.

Ce flanc de la montagne de la vallée fut ainsi recouvert de plusieurs dizaines de barricades stratégiquement confectionnées et érigées. L’option de projectiles et outils incendiaires a été rejetée à plusieurs reprises.

Dès que l’offensive policière est lancée, toutes les barricades seront fermées.

La bataille de La Maddalena : lundi 27 juin 2011

Le dimanche 26 juin au soir, avec les camarades, nous nous inquiétons quelque peu de n’être que 150-200 à être sur le campement, et envisageons les divers scénarios possibles. Les No Tav, quant à eux, décident d’une marche aux flambeaux jusqu’à Chiomonte. Nous sommes plusieurs à profiter de ce laps de temps pour dormir quelques heures, avec en tête la confirmation des 9 chances sur 10 de l’attaque policière pour cette nuit.

Nous sommes réveillés par un cri répétés à plusieurs reprises qui résonne dans la vallée : A sara dura ! (Ça va durer !) Nous voyons alors 5000 personnes, flambeaux en main, monter sur la Maddalena en chantant Bella Ciao qui résonne dans les montagnes. C’est le genre de scène qui reste gravée dans la mémoire. S’ensuit une grande Assemblée Populaire à minuit où le discours se radicalise dans les perspectives de réappropriation, d’autonomie communale, de reconquête de la terre, de résistance populaire affirmative et offensive, etc. L’Assemblée se termine par le rappel qu’il y a besoin de monde pour tenir les barricades. L’appel sera entendu, nous serons entre 600 et 1000 à tenir la Maddalena, selon les sources, dont 150-200 « radicaux » prêts au contact et à la confrontation directe.

Lundi 27 juin, 4h30 du matin : les feux d’artifice claquent soudain dans la nuit, les lueurs colorées déchirent le ciel étoilé, à plusieurs reprises. Cette fois, l’alarme est confirmée : les flics marchent par milliers sur nous. Tranquillement, calmement, sereinement, chacun fait la file pour prendre son petit café, s’équipe, resserre ses lacets et va rejoindre sa position sur les barricades. Un hélicoptère des carabiniers nous survole en rase-motte. Chaque groupe se positionne sur la route, les sentiers, les postes de garde, avec l’équipement adéquat selon la configuration du terrain.

Puis c’est l’attente. La terrible attente silencieuse qui précède la bataille. 5h. 5h30. 6h. 6h30. Les camarades de la cuisine viennent nous ravitailler sur les barricades avec des pizzas. Entre 6h45 et 7h, soudain on reçoit par radio que le premier contact visuel avec les flics est établi sur la première barricade dite « La Centrale », 2-300 personnes y vont et font bloc, la plupart des personnes de tout âge sont de la vallée, casquées, avec lunettes anti-gaz, parfois des masques à gaz, etc. Le soleil se lève lentement entre les montagnes.

Autour de 7h, c’est l’attaque. Plusieurs centaines de flics, avec fourgons blindés, en formation tortue, s’en prennent à la première barricade qui résistera près de trois quarts d’heure… le temps que le monstrueux bulldozer arrive et défonce la barricade en moins de 5 minutes. On entend les grenades au loin et voyons les premiers nuages de gaz qui s’intensifieront jusqu’à l’insoutenable au fil des heures.

8h, repli des personnes de la première barricade qui remontent jusqu’à la suivante. Même scénario. Finalement, il est incité à ce que tous se replient directement dans le campement même, et viennent porter main forte au niveau de l’autoroute où les flics sont arrivés également en force, les autres groupes de défense se chargeant de la route. Ce qui est fait. Les barricades sont fermées, les tonneaux d’huile renversés, les pics crève-pneus étalés, les bottes de paille imbibés d’eau placés en travers de la route, les barbelés réajustés, les barricades mobiles prêtes à l’emploi.

Soudain, enfin, on les voit. Leurs casques et boucliers, par plusieurs centaines, brillent au soleil qui se lève rapidement et baye ses rayons sur les flancs de ce qui sera un champ de bataille jusqu’à 10h30-11h.

Ils avancent, en colonnes, prudemment, les fourgons s’alignant par centaines derrière, et bulldozer en tête. Ce dernier défonce deux barricades assez rapidement. Des troncs d’arbres sont renversés au niveau d’un petit sentier. Certains mettent le feu à une barricade quasiment au même endroit. Des pétards et les premières caillasses volent. Réplique. Plusieurs dizaines, puis rapidement plusieurs centaines de palettes lacrymos tombent sur la position, les grenades éclatent dans le ciel. Repli.

Simultanément, les flics attaquent violemment au niveau de l’autoroute, à l’aide de deux énormes grues-pelleteuses qui défoncent avec difficulté les barricades et murets de l’autoroute. Des centaines de pierres volent sur les flics et les machines de mort. En réplique, ce sont de nouveau plusieurs centaines de lacrymos qui s’abattent sur toute la Maddalena : sur les tentes, les chapiteaux, les cuisines, partout. Mais aucune panique, les lacrymos sont noyés dans les bidons prévus à cet effet ou directement renvoyés sur l’ennemi. Tandis que les carabiniers sont bloqués sur les sentiers par les barricades d’arbres et contraints d’emprunter la route avec les fourgons, d’autres flics attaquent sur l’autoroute après avoir finalement dégager les ultimes barricades. Ils empruntent le petit sentier qui remonte sur la route à partir de l’autoroute. Nous sommes en position favorable, en hauteur, et à peine de quelques mètres, tous les projectiles disponibles leurs tombent dessus : extincteurs, parpaings, blocs de pierre, pavés, caillasses, rondins, chaises, tables, bidons d’huile… C’est sûrement à cet endroit que les flics ont pris le plus cher et eurent de blessés. Après une demie heure de résistance acharnée, les flics font jonction derrière la dernière et ultime barricade défoncée en quelques minutes par le bulldozer dont la silhouette surgit monstrueusement et de manière surréaliste des nuages brumeux très denses de gaz lacrymo. La bataille est à son paroxysme, terrible, en face à face, bientôt au corps à corps. Très rapidement, les carabiniers parviennent à être en position de charger et se jettent sur nous. Les premiers tombent sous les matraques, tandis que le reste des premières lignes se replient, couverts par d’autres qui continuent de canarder les flics. Barricades mobiles et boucliers ne tiennent pas longtemps. Repli vers le pied de la montagne derrière la zone de camping où s’est déjà entamée la grande retraite dans la forêt. Le tout dans une brume de gaz quasi opaque.

Retraite. Tandis que les flics procèdent aux premières arrestations et lynchages, la quasi-totalité des camarades parviennent à s’engager dans les voies de retraite dans la montagne. Entre 600 et 1000 personnes remontent pendant ¾h – 1h jusqu’au village de Ramats à 1000 m d’altitude, sous l’œil morbide de l’hélicoptère. En contrebas, nous voyons les flics prendre position sur La Maddalena et se déchaîner à détruire toutes les structures et les tentes. Nous apprenons que les flics font le choix de ne pas nous cueillir au village sur lequel nous débouchons, et simultanément que toute la vallée, une fois encore, est entrée en révolte : barricades et blocages sur toutes les routes et grands axes de la vallée de fait paralysée. Nous voyons en effet des milliers de voitures et poids lourds paralysés. Le peuple de la vallée prend le relai. Après une courte « assemblée », nous redescendons longuement sur Chiomonte en évitant les barrages de carabiniers et de flics. Beaucoup s’écroulent par insolation, épuisement ou manque d’alimentation. Solidaires, des camarades prennent jusqu’à 7 ou 8 personnes dans leurs voitures et pick-up pour descendre sur Chiomonte.

Le long de la route, nous remontons les poids lourds, pour beaucoup français, qui nous demandent ce qui se passe. En leur expliquant la situation et la révolte de la vallée, la plupart affirment leur pleine solidarité, que cette « petite grève sauvage » n’est pas pour leur déplaire si les blocages de route se maintiennent, et qu’ils souhaiteraient juste un ravitaillement en eau et nourriture. Solidarité populaire.

Chiomonte. Tous nous engouffrons dans les supermarchés et épiceries pour enfin boire et manger à notre aise après ces dures heures de combat et de marche sous un soleil de plomb. À nouveau une brève assemblée, puis une sieste collective.

Le soir, à 21h, grande Assemblea à la bourgade de Bussoleno où se rassemblent plus de 6000 personnes, tandis que les blocages de route par la population révoltée tiennent un peu partout (mais remis en cause par les Askatasuna, d’après les camarades sur ces barricades-blocages). En outre, on apprend qu’en solidarité avec le peuple de Val di Susa, des affrontements ont eu lieu à Rome et Milan. La lutte locale prend un impact national avec des collectifs de solidarité active à Turin, Bologne, Rome, Milan, etc.

Les perspectives sont claires : accepter la défaite temporaire sur le terrain même de la Maddalena, mais en aucun cas se résigner. Voici les actions à venir : occupation des entreprises liées au chantier, mise en grève de toutes les boîtes qui touchent au chantier, blocages et barricades des routes et grands axes de marchandise, et, surtout, la grande marche populaire le dimanche 3 juillet pour reprendre la Maddalena à laquelle sont attendus entre 50 et 100’000 personnes. L’armée et les militaires se sont déployés pour renforcer la position des Carabinieri. La vallée entre en révolte insurrectionnelle. D’autant que mercredi 29, une retraitée de 65 ans a été tuée, écrasée sous les roues d’un blindé de carabiniers… 2001-2011 : Policia Assassini.

Mais la tension reste élevée dans la région. L’USB (syndicats de base) du Piémont a lancé la grève immédiatement et indéfiniment pour tous les employés des municipalités touchées par le Tav, qui sont tout sauf résignés. L’expérience leur a appris à accepter la défaite temporaire sans se rendre, et, à dire, savoir comment faire pour récupérer ce qui leur a été volé.

BILAN de la bataille de La Maddalena : 2000 flics sur le terrain, 600 à 1000 personnes pour leur résister sur les barricades. 4 heures de combats. Plus de 2000 grenades lacrymos ont été tirées par les flics. 30 à 60 blessés légers dans nos rangs selon les sources, 60 à 110 blessés chez les flics selon les sources dont plusieurs graves. Plusieurs arrestations mais seulement deux encore retenus pour port d’arme. 1 mort (une retraitée No Tav de 65 ans écrasée sous les roues d’un blindé de carabiniers mercredi 29 juin — info qui n’a tourné que sur BellaCiao sur les sites français).

Nombreuses vidéos des affrontements :
berthoalain.wordpress.com/2011/06/28/tav-emeute-a-chiomonte-val-di-susa-27-juin-2011/

Des luttes locales et rurales comme tournant dans les luttes anticapitalistes radicales et insurrectionnelles

L’essor récent des luttes locales et rurales est intéressant et notable, d’autant si l’on considère parallèlement l’échec total du contre-G8 au Havre et de la tactique de décentralisation. Alors que les derniers grands contre-sommets internationaux sont des échecs cuisants, de Copenhague au Havre, les réseaux et luttes radicales internationalistes se retrouvent massivement et activement dans les luttes locales et rurales qui se multiplient et portent un nouveau poids révolutionnaire.

Aussi, plutôt que de se retrouver là où nous attendent des armées militarisées massives et lourdement équipées, avec une pertinence politique quasi-nulle d’émeutes-spectacles de quelques jours sans portée ni durée, et surtout sans aucune inscription dans le contexte local des luttes, les camarades de toute l’Europe se réunissent et se regroupent dans les « nouvelles » luttes locales, non au sens qu’elles émergent tout à coup (certaines durent depuis des décennies) mais qu’elles se multiplient et pullulent tout en s’inscrivant dans la lutte globale. Que ce soit à Notre-Dame-Des-Landes (No Aéroport) en France, Val di Susa (No Tav) ou Vicensa (No Dal Molin) en Italie, Keratea en Grèce (contre la décharge géante à ciel ouvert) sans compter les luttes antinucléaires et anti-OGM, les populations locales se réinscrivent dans leur environnement immédiat comme lieux de vie devenus lieux collectifs et vie collective, par la réappropriation d’outils de lutte radicaux tels grèves sauvages, sabotages, manifs sauvages, blocages, occupations, affrontements directs, les barricades et l’autodéfense ; et ce dans une perspective élargie à toute la population qui découvre sa solidarité et sa camaraderie dans la conflictualité.

Par ailleurs, ces luttes sont capables d’admettre et assumer des défaites temporaires, et par là d’acter de ne pas se résigner mais à la fois d’inscrire la lutte dans la durée et la radicalité. Ce qui implique de nouveaux outils de coordination et de modes d’organisation portés par les populations locales, comme c’est le cas au Val di Susa avec les Presidio, véritables bases avancées ou QG de veille et d’autodéfense. Ce qui permet d’autonomiser politiquement les individus dans la pratique collective, par les questions de tactique et de stratégie qui se posent de fait : être plus malin que l’ennemi, l’épuiser, le harceler, s’y confronter, le contourner, l’assiéger, l’éviter, le prendre en tenaille, etc. Et ce à long terme.

De plus, la lutte n’a pas de centralisation, mais au contraire plusieurs Comités ou Assemblées qui laissent libre cours à l’initiative populaire, à l’autonomisation horizontale, à l’auto-organisation. Ces luttes locales sont si fortes avec des répressions si violentes que des solidarités à l’échelle nationale et internationale se consolident en reprenant ces outils de lutte et l’initiative populaire.

Dans le cas du Val di Susa, la solidarité se développe dans chaque village, avec des repas solidaires, des assemblées spontanées, des drapeaux et banderoles de la contestation partout, sans compter les tags, sur chaque mur, chaque lampadaire, chaque arbre, dans toute la vallée.

Depuis la bataille de La Maddalena du lundi 27 juin 2011 et le début des travaux, le ministre de l’Intérieur Moroni a décidé de militariser la zone face à la pression populaire explosive : les barricades du peuple sont remplacées par les chek-points militaires et les barbelés (vidéo
: www.youreporter.it/… et aussi www.youreporter.it/…) ; la Commune de La Maddalena où flottaient les drapeaux de la vallée et quelques drapeaux rouges est devenue la place-forte de la garnison et des carabiniers qui y ont hissé le drapeau national italien (vidéo : www.youreporter.it/…) ; l’information censurée de la camarade retraitée tuée, écrasée sous les roues des carabiniers 10ans presque jour pour jour après l’assassinat de Carlo commence à tourner avec effroi et détermination (vidéo : www.youreporter.it/…) ;

Solidarité avec le peuple du Val di Susa qui va tenter de reprendre La Maddalena et de l’assiéger dimanche 3 juillet 2011. — A SARA DURA !

guitoto – 3 juillet 2011.

 

VIDÉOS du lundi 27 juin 2011 :

www.youtube.com/watch?v=0hzRrAnAJ7s&feature=relmfu
berthoalain.wordpress.com/2011/06/28/tav-emeute-a-chiomonte-val-di-susa-27-juin-2011/
tv.repubblica.it/dossier/battaglia-no-tav/no-tav-e-battaglia-in-val-di-susa/71534?video&pagefrom=1
fr.euronews.net/2011/06/27/ligne-tgv-lyon-turin-accrochages-ce-matin-avec-la-police/

www.youtube.com/watch?v=_Og0b8CaEbc
www.youtube.com/watch?v=PSoFv6-q2_0&feature=related
www.youtube.com/watch?v=lZ0cyCC00Wc&feature=related
www.youtube.com/watch?v=0hzRrAnAJ7s&feature=relmfu
www.lereveil.ch/contrib/la-police-et-l-armee-attaquent-le
multimedia.lastampa.it/multimedia/torino/lstp/57774/

 

MERCREDI 29 JUIN : UNE PERSONNE TUÉE PAR LES CARABINIERS

Premier mort en Italie dans le Val de Suse, tué par les gendarmes

Hier après-midi un blindé des « carabiniers » a écrasé et tué une retraitée à Venaria, Anna Recchia de 65 ans.

C’est une véritable opération militaire en vigueur contre les manifestants de la val de Suse.

Comme à Gênes une fois de plus l’arrogance du gouvernement italien a tué sous les pneus de véhicules de police.

Ces jours-ci, des dizaines de véhicules militaires sont empilés de haut en bas de la vallée.

Rappel

De violents affrontements ont opposé dimanche un millier de militants écologistes aux forces de police dans le val de Suse, dans les Alpes italiennes, à la suite du début du chantier du TGV Lyon-Turin.

Les militants installés en campement à proximité sont réunis dans le collectif No TAV (treno alta velocità, train à grande vitesse) qui regroupe des associations écologistes opposées au tracé ferroviaire.

Dès 6 heures du matin, un important dispositif policier de 2000 hommes était sur place, et des bulldozers ont détruit les barricades élevées par les manifestants. On comptait en milieu de journée plus de 80 blessés dans les manifestants.

Le trafic sur l’autoroute et la liaison avec la France ont été interrompus pendant plusieurs heures.

Bellaciao, 30 juin 2011.

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[« Faure et Reclus à l’Élysée »] Fred Morisse, écrire sur l’urbanisme

 

« Une voix sera toujours plus révélatrice qu’une écriture. C’est la “voxologie” qu’il faut inventer, en délaissant l’approximation prétentieuse de la graphologie. » (Le Sanglier des Ardennes)

Pour la dernière de la saison, l’émission « Faure et Reclus à l’Élysée » sur Radio Périgueux 103 a reçu le 30 juin 2011 Fred Morisse, auteur de Zup ! Petites histoires des grands ensembles (L’Insomniaque, 2005), La Semaine du Lézard (Éd. du Monde libertaire, 2009) et La Malédiction du béton (Chant d’orties, 2010).

À écouter, télécharger, etc. sur l’audioblog de « Faure et Reclus à l’Élysée ».

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[Calais] Blocage du centre de rétention de Coquelles

Communiqué de presse – 2 juillet 2011

Blocage du centre de rétention de Coquelles

Les activistes protestent contre les rafles et expulsions des squats des migrant-e-s à Calais et contre la politique d’immigration française et européenne.

Calais – Aujourd’hui, le 2 juillet 2011, une trentaine d’activistes ont décidé de mener une action directe à l’encontre du centre de rétention de Coquelles. Ils/elles protestent contre le harcèlement quotidien des migrants, l’expulsion du squat des migrants Africa House et la politique d’immigration française et européenne en bloquant les portes d’entrée du centre.

Calais : la ville de la répression

Comme en témoigne le rapport remis au Défenseur des droits Dominique Baudis à Calais la violence et la répression envers les réfugié-e-s est atroce. Ils/elles sont interpellés soit lors d’un raid soit dans la rue ; emmené-e-s à Coquelles et détenu-e-s pendant quelques heures ou toute la nuit ou parfois juste quelques minutes ; ils/elles peuvent être interrogé-e-s ou pas, ou leurs empreintes peuvent être prises ; ils/elles sont relâchés sans la moindre inculpation ; ils/elles font les 8 km ou plus à pied jusqu’à leur lieu de vie ; la même chose arrive le lendemain. Il n’est pas rare que les réfugié-e-s de Calais soient arrêté-e-s plusieurs fois quotidiennement, et ce tous les jours. Il est également courant lors des rafles policières sur les squats et les jungles que les réserves de nourriture soient détruites, que l’eau soit vidée et que les affaires personnelles soient volés. Le résultat de ces pratiques est la création d’un climat de terreur pour les réfugié-e-s de Calais.

Pourquoi le blocage de centre ?

Le centre de rétention de Coquelles incarne cette politique nauséabonde que nous appelons à combattre.  La police rafle dans les squats, les jungles, dans le moindres recoins de la ville de Calais tous les jours et toutes les nuits. Amené-e-s au centre ils sont harcelé-e-s, humilié-e-s, violenté-e-s, certains expulsé-e-s les migrants font l’objet d’une veritable chasse à l’homme, la femme, l’enfant.

Mais il ne s’agit pas que de quelques flics pourris. Les différentes forces de polices, la Police aux Frontières (PAF) et les CRS, le préfet, comme les élu-e-s locaux travaillant pour la Mairie de Calais, le maire Natacha Bouchart, sont les protagonistes les plus immédiats mais la répression à Calais est systématique, et implique des acteurs à tous les niveaux, des fonctionnaires mineurs, et de la police de terrain jusqu’aux plus hautes autorités, qu’ils y prennent part activement ou qu’ils ne fassent que détourner le regard en silence.

Par notre acte nous nous opposons à ces politiques infâmes (résultat du système capitaliste) et ses dimensions xénophobe, raciste et liberticide.

Parce que nous sommes tous concerné-e-s ;

Nous exigeons l’abolition des lois visant au contrôle et à la répression de  l’immigration.

Nous exigeons la fermeture et la destruction des centres de rétention.

Nous exigeons l’ouverture des frontières et le respect des libertés de circulation et d’installation.

Nous exigeons la fin des guerres impérialistes et neocoloniales menées par nos États dans le reste du monde.

 

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[Angers] Un récit du campement des demandeurs d’asile devant la mairie

 

Infos plus larges et complémentaires sur Indymedia Nantes

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Le mardi 7 juin 2011, la police nationale expulsait du 137, rue St-Léonard à Angers, les demandeurs d’asile, Rroms roumains et SDF qui y avaient trouvé un refuge pour l’hiver… sans relogement !
Le jour même accompagnés des personnes solidaires du Collectif de Soutien aux Sans-Papiers 49 (CSSP49), ils se retrouvaient devant la préfecture pour revendiquer un toit… Sans succès. Il fut décidé de rester ensemble et visibles ; ainsi naquit le campement sur l’esplanade de la mairie.
Depuis trois semaines maintenant ils passent leurs nuits sous l’auvent constitué par le surplomb de l’immeuble municipal… et se font dégager tous les matins entre 5h et 8h… c’est selon. Il faut signaler que cette expulsion quotidienne a été décidée par la préfecture sans l’aval explicite du maire et relève donc de l’abus de pouvoir (voie de fait, selon le jargon juridique). Ces deux derniers jours ont été particulièrement tendus.

Dimanche 26, les flics se sont pointés à 5h du matin pour dégager le campement. Mais ce jour, ça a coincé : les DA ont eux aussi fait le corps mort et ont refusé de bouger. Résultat : contrôle d’identité pour tout le monde. Ce contrôle était d’ailleurs illégal puisque le parvis de la mairie est propriété de celle-ci ; les flics ont donc besoin d’un mandat du procureur pour y intervenir. Mais bref… de toute manière, le directeur du cabinet du préfet a clairement dit qu’il s’en branlait de la commission rogatoire du proc’.

Les flics rendaient les papiers aux DA en leur jetant dans la tronche. Un DA qui n’avait pas de domiciliation s’est fait embarquer.

Les autres, DA et soutiens, se sont installés sur le parvis de la vieille mairie avec le matos. Deux copains ont descendu les drapeaux d’Anjou (et ses putains de fleurs de lys) et d’Angers pour y accrocher une banderole à la place. Ils se sont fait choper en clé de bras et amener aux voitures : une a été relâchée parce que mineure (trop d’emmerdes administratives pour les condés ?) et l’autre s’est retrouvé en garde à vue pour outrage et rebellion (classique !) et… dégradation de bien public (ils avaient pourtant fait exprès de pas toucher le drapeau français) ! Les deux interpellés ressortiront à 14h et 15h : une convocation devant le proc’ pour le copain, qui s’est fait fracturer le poignet pendant l’arrestation, soit dit en passant (trois mois d’ITT, une opération de prévue). Quant au DA, il a passé 8h au comico sans avoir de GAV déclarée…

Le lundi 27, on doit dire qu’on s’attendait à du lourd de la part des flics et qu’on était un peu à bout devant le manque de soutien et la fatigue de ceux qui campaient depuis vingt nuits maintenant. La volonté de jouer un dernier grand coup se faisant jour… au fur et à mesure que la nuit avançait, on a passé la nuit à peindre de nouvelles banderoles (les flics en avaient volé une hier, le 26), à déplacer des barrières municipales pour se faire de petites barricades. Les copains avaient construit une petite maison en carton, on l’a pas mal décorée (« Pas de clandestins, que des êtres humains », « Un toit c’est un droit », « Angers ville propre, Roms-Réfugiés-SDF : balayés », etc.).

Ces barricades avaient une vocation plus symbolique et emmerdante pour les flics que pratique et efficace… Fixées entre elles avec du gros scotch et des morceaux des draps noués et emmêlés au maximum, avec de la peinture rouge sur le dessus pour qu’ils s’en foutent plein les mains, c’est sûr c’était pas la Commune de Paris mais elles étaient là, de 5h à 7h : les rares passants ont pu les admirer, intrigués ; les flics sont passés plusieurs fois devant sans s’arrêter, et on espère que ça les a gonflés.

Tiens, au passage, on avait pris quelques dispositions avant : à 6h, une banderole trônait à la place des drapeaux devant la mairie (« Pas d’adresses, asile en détresse »), et une copine s’est postée en haut pour mitrailler de photos l’arrivée des flics… qui ont pointé leur nez à 7h. La Bac en premier, bien que totalement inactive durant les évènements qui ont suivi.

Déjà, notre gros commissaire était visiblement irrité par le bordel qui entourait le parvis. Les condés sont entrés assez facilement (on avait mal fixé les barrières à un endroit) et comme d’hab : « Allez, on dégage ! », « Levez-vous s’il vous plait », « Écoutez on va quand même pas avoir à vous traîner », « C’est idiot ce que vous faites », etc.

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Les DA avaient promis de faire comme hier, mais les flics se sont montrés plus nerveux et du coup ils ont eu les boules (en même temps, ils ont pas besoin d’emmerdes supplémentaires). Certains sont restés allongés, mais quand les condés ont commencé à nous traîner par terre pour nous jarter ils ont préféré bouger et se mettre un peu à l’écart. En effet, la tension est montée d’un cran : la maison en carton a été écrasée sous les coups de pompes et un copain SDF, qui essayait de récupérer une banderole, a commencé à se faire taper (tonfa sur les doigts). Alors on s’est levé, et on a réalisé que cette fois, les affaires (matelas, sacs de couchage et couvertures), on pouvait pas les ramasser : les condés les avaient entassées sur le trottoir au bord du boulevard et les protégeaient. La copine photographe s’est faite déloger (et contrôler par là même : intimidation).

On a bien essayé de les approcher mais on se faisait jeter à chaque fois, et pas doucement (une copine de petite taille a été chopée à la gorge pour être repoussée… et a appris de suite que le flic qui l’avait empoignée avait « un problème avec les petites personnes »…). On a gueulé, parlementé, parlé de lois et de CESEDA que les représentants de l’ordre n’avaient pas l’air de connaître… Rien n’y a fait : ils étaient bornés, bornés comme… comme des flics. Et fiers de l’être : ils assumaient (« Moi vous savez, faut rester terre-à-terre, sinon je me perds. » À partir de là…).

Puis on s’est rendu compte que notre banderole était toujours suspendue à dix mètres au-dessus du parvis de la vieille mairie. Ça nous a fait plaisir. On a tout juste pris le temps de prendre une photo devant, rassemblés et avec le sourire, Roms, Somaliens et Français, puis on est retourné récupérer le charriot avec les quelques trucs qu’on avait sauvés… et qu’on pensait qu’ils n’embarqueraient pas. Coups de tonfas, intimidations, humiliations, étranglements et clés de bras : là on a eu du spectacle. Une copine avec deux jours d’ITT (contusions musculaires dorsales dues au plaquage et à l’agenouillement des flics sur elle) ; un copain qui a prévenu un flic qui essayait de lui frapper les reins qu’il avait des problèmes rénaux, l’autre a continué et a réussi à atteindre son but ; un autre copain qui a la cheville foulée ; sans parler des humiliations qu’a subies une copine qui a eu le cœur de pleurer devant cette violence disproportionnée.

Bref : on a rien, ou quasiment rien récupéré. Les flics retirent leurs matelas et leurs couvertures aux sans-abris, avec la complicité de la mairie qui laisse ses employés aider à débarasser tout ça à la déchetterie.  La mairie qui joue double jeu sans même vraiment s’en cacher. Le maire, Antonini, qui joue la pire hypocrisie en prétendant ne pas avoir entendu parler de tout ça, le soir même…

Le campement a quand même été remonté le lundi soir, tant bien que mal. Mardi il a été dégagé comme d’habitude, sans violence.

1er juillet 2011.

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[Strasbourg] Action de solidarité avec le peuple insurgé en Grèce

Il y a les Indignés, il y a aussi les Insurgés

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Nous revendiquons l’action sur le Consulat de Grèce de Strasbourg à l’avenue des Vosges, que nous avons recouvert de jets de peinture rouge, comme le sang que fait couler la répression d’État contre le peuple insurgé en Grèce à qui nous réaffirmons notre solidarité totale, immédiate et inconditionnelle. Une centaine de petits tracts-communiqués ont été laissés sur place avec le texte suivant :

Solidarité avec les peuples insurgés et tous les révoltés

En Grèce comme ailleurs, la terreur d’État répressive va de pair avec les attaques prédatrices du Capital. Aux chômage, précarité, misère, survie quotidienne, le peuple grec répond par auto-réduction, mouvement « ne pas payer », occupations de bâtiments publics, affrontements, grèves sauvages, assemblées populaires, auto-organisation solidaire.

La révolte sociale, populaire et généralisée a débouché ce juin 2011 sur des occupations de préfectures et de mairies, tandis que la police du pouvoir a procédé à rafles, arrestations, agressions, lynchages, répression sanglante en coordination avec des milices fascistes.

Cette révolte est aussi la nôtre.

Résistance contre ce système de mort et en ruines qui veut nous entraîner dans sa chute.

Ici comme partout,
Que crèvent tous les pouvoirs,
Que vive l’insurrection

Groupe Mary Read – 1er juillet 2011.

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De Bello Punico (La guerre sociale en Tunisie)

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L’urbanisme unitaire à la fin des années 50 (décembre 1959)

En août 1956, un tract signé par les groupes qui préparaient la formation de l’I.S., appelant à boycotter le prétendu « Festival de l’Art d’Avant-Garde » convoqué alors à Marseille, faisait observer qu’il s’agissait de la plus complète sélection officielle de « ce qui représentera dans vingt ans l’imbécillité des années 50 ».

L’art moderne de cette période aura été en effet dominé, et presque exclusivement composé, par des répétitions camouflées, par une stagnation qui traduit l’épuisement définitif de tout l’ancien théâtre d’opérations culturel, et l’impuissance d’en chercher un nouveau. Cependant, souterrainement, certaines forces se sont constituées dans le même temps. Il en va ainsi de la conception d’un urbanisme unitaire, aperçue dès 1953, et désignée pour la première fois à la fin de 1956 dans un tract distribué à l’occasion d’une manifestation de nos camarades italiens, à Turin (« Paroles obscures, écrivait La Nuova Stampa du 11 décembre, dans le genre de cet avertissement : “L’avenir de vos enfants en dépend, manifestez en faveur de l’urbanisme unitaire !” »). L’urbanisme unitaire est au centre des préoccupations de l’I.S. ; et quels que soient les délais et les difficultés d’application, c’est très justement que le rapport inaugural de la Conférence de Munich constate qu’avec son apparition sur le plan de la recherche et du projet, l’urbanisme unitaire est déjà commencé.

Voilà que les années 50 vont finir, ces jours-ci. Sans chercher à prévoir si leur imbécillité dans l’art et l’usage de la vie, qui tient à des causes générales, peut s’atténuer ou s’aggraver immédiatement, il est temps d’examiner où en est l’U.U. après un premier stade de développement. Plusieurs points sont à préciser.

D’abord l’urbanisme unitaire n’est pas une doctrine d’urbanisme, mais une critique de l’urbanisme. De la même façon, notre présence dans l’art expérimental est une critique de l’art, la recherche sociologique doit être une critique de la sociologie. Aucune discipline séparée ne peut être acceptée en elle-même, nous allons vers une création globale de l’existence.

L’urbanisme unitaire est distinct des problèmes de l’habitat, et cependant destiné à les englober ; à plus forte raison, distinct des échanges commerciaux actuels. Il envisage en ce moment un terrain d’expérience pour l’espace social des villes futures. Il n’est pas une réaction contre le fonctionnalisme, mais son dépassement : il s’agit d’atteindre, au-delà de l’utilitaire immédiat, un environnement fonctionnel passionnant. Le fonctionnalisme, qui prétend encore à l’avant-garde parce qu’il rencontre encore des résistances passéistes, a déjà largement triomphé. Ses apports positifs : l’adaptation à des fonctions pratiques, l’innovation technique, le confort, le bannissement de l’ornement surajouté — sont aujourd’hui des banalités. Mais son champ d’application tout compte fait étroit n’a pas conduit le fonctionnalisme à une relative modestie théorique. Pour justifier philosophiquement l’extension de ses principes de renouveau à toute l’organisation de la vie sociale, le fonctionnalisme a fusionné, comme sans y penser, avec les doctrines conservatrices les plus immobiles (et, en même temps, il s’est figé lui-même en doctrine immobile). Il faut construire des atmosphères inhabitables ; construire les rues de la vie réelle, les décors d’un rêve éveillé. La question de la construction des églises fournit un critère particulièrement voyant. Les architectes fonctionnalistes ont tendance à accepter de construire des églises, pensant — s’ils ne sont pas des idiots déistes — que l’église, édifice sans fonction dans un urbanisme fonctionnel, peut être traitée comme un libre exercice de formes plastiques. Leur erreur est de négliger la réalité psycho-fonctionnelle de l’église. Les fonctionnalistes, qui expriment l’utilitarisme technique d’une époque, ne peuvent réussir une seule église, au sens où la cathédrale a été la réussite unitaire d’une société qu’il faut bien appeler primitive, enfoncée beaucoup plus loin que nous dans la misérable préhistoire de l’humanité. Les architectes situationnistes, eux, cherchant à créer, à l’époque même des techniques qui ont permis le fonctionnalisme, des nouveaux cadres de comportement délivrés de la banalité aussi bien que de tous les vieux tabous, sont absolument opposés à l’édification, et même à la conservation, de bâtiments religieux avec lesquels ils se trouvent en concurrence directe. L’urbanisme unitaire rejoint objectivement les intérêts d’une subversion d’ensemble.

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Emplacement pour une maison à usage situationniste. Au point central de l’Allée des Cygnes, à Paris, le socle de l’édifice serait le pont du chemin de fer désaffecté qui coupe l’île, inutilement pour l’instant. La largeur de la maison est celle de l’île. Le passage, déjà limité aux piétons par l’escalier qui commande le nord de l’île, continue sous la maison ; laquelle peut communiquer directement avec les deux rives (15e et 16e arrondissements) par les ponts qui se raccordent à ses faces latérales. Ce projet, établissant une habitation permanente, tend à rien moins qu’à peupler, à l’exemple des stations de l’Antarctique, la troisième île de Paris, jusqu’à ce jour déserte.

Autant que de l’habitat, l’urbanisme unitaire est distinct des problèmes esthétiques. Il va contre le spectacle passif, principe de notre culture où l’organisation du spectacle s’étend d’autant plus scandaleusement qu’augmentent les moyens de l’intervention humaine. Alors qu’aujourd’hui les villes elles-mêmes sont données comme un lamentable spectacle, un supplément aux musées, pour les touristes promenés en autocars de verre, l’U.U. envisage le milieu urbain comme terrain d’un jeu en participation.

L’urbanisme unitaire n’est pas idéalement séparé du terrain actuel des villes. Il est formé à partir de l’expérience de ce terrain, et à partir des constructions existantes. Nous avons autant à exploiter les décors actuels, par l’affirmation d’un espace urbain ludique tel que le fait reconnaître la dérive, qu’à en construire de totalement inédits. Cette interpénétration (usage de la ville présente, construction de la ville future) implique le maniement du détournement architectural.

L’urbanisme unitaire est opposé à la fixation des villes dans le temps. Il conduit à préconiser au contraire la transformation permanente, un mouvement accéléré d’abandon et de reconstruction de la ville dans le temps, et à l’occasion aussi dans l’espace. On a pu ainsi envisager de tirer parti des conditions climatiques où se sont développées déjà deux grandes civilisations architecturales — au Cambodge et dans le sud-est du Mexique — pour construire dans la forêt vierge des villes mouvantes. Les nouveaux quartiers d’une telle ville pourraient être construits toujours plus vers l’Ouest, défriché à mesure, tandis que l’Est serait à part égale abandonné à l’envahissement de la végétation tropicale, créant elle-même des couches de passage graduel entre la ville moderne et la nature sauvage. Cette ville poursuivie par la forêt, outre la zone de dérive inégalable qui se formerait derrière elle, et un mariage avec la nature plus hardi que les essais de Frank Lloyd Wright, présenterait l’avantage d’une mise en scène de la fuite du temps, sur un espace social condamné au renouvellement créatif.

L’urbanisme unitaire est contre la fixation des personnes à tels points d’une ville. Il est le socle d’une civilisation des loisirs et du jeu. On doit noter que dans le carcan du système économique actuel, la technique a été employée à multiplier les pseudo-jeux de la passivité et de l’émiettement social (télévision), alors que les nouvelles formes de participation ludique également rendues possibles sont réglementées par toutes les polices : ainsi, les sans-filistes amateurs, réduits à un boy-scoutisme technicien.

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Carte du pays de Tendre, 1656

L’expérience situationniste de la dérive étant en même temps moyen d’étude et jeu du milieu urbain, elle est sur le chemin de l’urbanisme unitaire. Ne pas vouloir séparer le théorique du pratique, à propos de l’U.U., c’est non seulement faire avancer la construction (ou les recherches sur la construction, par les maquettes) avec la pensée théorique ; mais c’est surtout ne pas séparer l’emploi ludique direct de la ville, collectivement ressenti, de l’urbanisme comme construction. Les jeux et émotions réels dans les villes actuelles sont inséparables des projets de l’U.U., comme plus tard les réalisations de l’U.U. ne doivent pas se séparer de jeux et d’émotions qui naîtront dans cet accomplissement. Les dérives que l’Internationale situationniste est appelée à entreprendre au printemps de 1960 à Amsterdam, avec d’assez puissants moyens de transport et de télécommunication, sont envisagées aussi bien comme une étude objective de la ville, et comme un jeu des communications. En effet, la dérive, en dehors de ses enseignements essentiels, ne permet qu’une connaissance très exactement datée. En quelques années, la construction ou la démolition de maisons, le déplacement des micro-sociétés et des modes suffisent à changer le réseau d’attractions superficielles d’une ville ; phénomène d’ailleurs très encourageant pour le moment où nous parviendrons à une liaison active entre la dérive et la construction urbaine situationniste. Il est certain que, jusque-là, le milieu urbain changera tout seul, anarchiquement, démodant finalement les dérives dont les conclusions n’ont pu se traduire en changements conscients de ce milieu. Mais le premier enseignement de la dérive est sa propre existence en jeu.

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Une zone expérimentale pour la dérive. Le centre d’Amsterdam, qui sera systématiquement exploré par des équipes situationnistes en avril-mai 1960.

Nous ne sommes qu’au début de la civilisation urbaine ; nous avons encore à la faire nous-mêmes, quoiqu’en partant de conditions préexistantes. Toutes les histoires que nous vivons, la dérive de notre vie, sont marquées par la recherche, ou le manque, d’une construction supérieure. Le changement de l’environnement fait surgir de nouveaux états de sentiments, d’abord passivement ressentis, puis qui en viennent à réagir constructivement, avec l’accroissement de la conscience. Londres a été le premier aboutissement urbain de la révolution industrielle, et c’est la littérature anglaise du XIXe siècle qui témoigne d’une prise de conscience des problèmes de l’atmosphère et des possibilités qualitativement différentes dans une grande agglomération. La lente évolution historique des passions prend un de ses tournants avec l’amour de Thomas de Quincey et de la pauvre Ann, fortuitement séparés et se cherchant sans jamais se retrouver « à travers l’immense labyrinthe des rues de Londres ; peut-être à quelques pas l’un de l’autre… » La vie réelle de Thomas de Quincey dans la période comprise entre 1804 et 1812 en fait un précurseur de la dérive : « Cherchant ambitieusement mon passage au Nord-Ouest, pour éviter de doubler de nouveau tous les caps et les promontoires que j’avais rencontrés dans mon premier voyage, j’entrais soudainement dans des labyrinthes de ruelles… J’aurais pu croire parfois que je venais de découvrir, moi le premier, quelques-unes de ces terræ incognitæ, et je doutais qu’elles eussent été indiquées sur les cartes modernes de Londres. » Et vers la fin du siècle, cette sensation est si couramment admise dans l’écriture romanesque que Stevenson montre un personnage qui, dans Londres la nuit, s’étonne de « marcher si longtemps dans un décor aussi complexe sans rencontrer ne fût-ce que l’ombre d’une aventure » (New Arabian Nights). Les urbanistes du XXe siècle devront construire des aventures.

L’acte situationniste le plus simple consistera à abolir tous les souvenirs de l’emploi du temps de notre époque. C’est une époque qui, jusqu’ici, a vécu très au-dessous de ses moyens.

« Notes éditoriales », Internationale situationniste n° 3, décembre 1959.

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