[Samedi 15 mars à Rochefort (17)] Grosse manif contre un gros projet d’incinérateur made in Vinci en Charente-Maritime

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ÉCOUTER LA CHANSON

Partout sur le territoire, de grands projets se dessinent. Aéroports, incinérateurs, autoroutes, Lignes à Grande Vitesse, stades, rocades, etc. On nous les présente toujours comme “le progrès”. Ils sont généralement défendus par la même bande de professionnels (Vinci, Bouygues, Véolia) et de politiciens (PS, UMP FN, PCF et consorts). Bien entendu, ces projets sont tous liés. Si l’incinérateur d’Échillais se construit, on fera l’aéroport de Saint-Agnant pour “permettre une meilleure revalorisation” de l’énergie produite, puis une voie de coutournement Est pour désengorger la ville et, bien sûr, l’autoroute Fontenay-le-Comte – Rochefort pour la désenclaver. Si on laisse faire tout ça, Rochefort deviendra une métropole sans âme et sans vie comme la plupart des villes occidentales. Car quand ils disent apporter le progrès, c’est en fait des déserts qu’ils créent.

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Partout sur le territoire, bien heureusement, des luttes apparaissent contre ces projets. Des associations se montent, des collectifs se créent, des terrains et des maisons sont occupées, des chantiers sont sabotés ou bloqués, des actions et des manifestations s’organisent et des liens se tissent. Ces liens sont importants, car, en plus de nous donner la force nécessaire pour combattre nos ennemis, ils mettent à mal, par leur simple existence, l’idée du monde que ces ennemis voudraient nous imposer. Alors ne les brisons pas ces liens, retrouvons-nous pour les solidifier jusqu’au jour où ils seront assez forts pour faire trébucher l’immonde machine capitaliste qui nous fait face.

SAMEDI 15 MARS : MANIFESTATION CONTRE L’INCINÉRATEUR
À 14 HEURES 30 PLACE COLBERT À ROCHEFORT (17)

Animations, stands, soupe et vin chaud dès 11 heures. La manif sera suivie d’un goûter, d’un déversement publicitaire (apportez vos prospectus) et de concerts, sur la Place Colbert. Nous nous retrouverons également le soir, pour fêter la fin du projet, au bar “La Bigaille” à Marennes, avec un concert de Prince Ringard et des Bayrouriers Noirs (PAF 4€).

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Comité de Lutte Contre l’Incinérateur (contact)

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[Les récupérateurs en 2014] François « Motherfucker » Hollande et le pro-situ de l’École Nationale d’Administration

La nouvelle « plume » de François Hollande a trempé dans le gangsta-rap

On savait Barack Obama féru de hip-hop. Son homologue français, en revanche, s’était jusqu’ici montré plus réceptif aux bluettes jazzy de Michel Jonasz qu’aux raps outranciers de Jay-Z. Il faut croire que son récent voyage outre-Atlantique l’a, en la matière, dévergondé : François Hollande vient de confier à un spécialiste du gangsta-rap la préparation de ses prochains discours.

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L’information était, pour ainsi dire, passée inaperçue. Mardi 4 mars, le Lab d’Europe 1 révèle que le président de la République a fait de Pierre-Yves Bocquet sa nouvelle « plume », en remplacement de Paul Bernard, parti « pour des raisons personnelles » au Conseil d’État. Rien que de très classique, se dit-on de prime abord : le profil de l’heureux nommé semble on ne peut mieux cadrer avec les us et coutumes de la « Hollandie ».

Originaire de Valenciennes, élu UNEF-ID lors de son passage à Sciences-Po Paris, Pierre-Yves Bocquet est un énarque de 40 ans. À l’instar d’Aquilino Morelle, conseiller politique du chef de l’État, sous l’autorité duquel il malaxera la syntaxe présidentielle, cet inspecteur général des affaires sociales a fait ses premières armes politiques sous le mandat de Lionel Jospin, au sein du cabinet d’Élisabeth Guigou, alors ministre de l’emploi.

Depuis l’élection de M. Hollande, le haut fonctionnaire, décrit par ses collaborateurs comme « minutieux et méthodique », occupait un poste de chargé de mission pour la protection sociale à l’Élysée. Sous le pseudonyme de Pierre Evil, il menait, en parallèle, une carrière de journaliste musical, spécialisé dans le rap américain.

À quelques exceptions près, ses collègues ignoraient tout de sa double vie. Dans les couloirs du pouvoir, ses bagues épaisses et brillantes ne laissaient pas d’intriguer. Dans les rédactions des journaux où il officiait, c’est son costard-cravate qui éveillait les imaginations. « Je me souviens d’un homme discret, très propre sur lui, évoque Cyril de Graeve, qui fut son rédacteur en chef pendant quatre ans, au sein du magazine culturel Chronic’art. Il présentait à l’ancienne, petites lunettes et costume sans fantaisie, soit tout le contraire des articles qu’il écrivait dans nos pages. Je ne connaissais pas son vrai nom, il travaillait pour nous bénévolement, de façon sporadique. »

http://juralib.noblogs.org/files/2014/03/032.jpgFrédéric Mion, directeur de l’Institut d’études politiques de Paris, fut son camarade à l’ENA, au début des années 1990. Il insiste, lui aussi, sur la singularité de M. Bocquet : « Pierre-Yves était le plus jeune de la promo, il s’habillait dans un style assez relâché, jean et baskets Puma. Il avait des références très décalées par rapport à la majorité des élèves. Lors du choix du nom de notre promotion, il a proposé Guy Debord. Malgré son discours flamboyant, il a reçu peu de voix. »

UN STYLE « HARDCORE »

Une ironie pour le moins grinçante veut que le français use du terme « nègre » pour désigner celui ou celle qui écrit dans l’ombre d’une personnalité publique. Ce mot, insultant dans sa forme anglaise de « nigger », Pierre Evil a montré comment les rappeurs noirs-américains se le sont réappropriés, pour en faire une arme politique. Avec érudition, il en a retracé l’histoire et la polysémie, dans ses chroniques de disques pour la presse, dans un documentaire pour Arte (Black Music – Des chaînes de fer aux chaînes en or, avec Marc-Aurèle Vecchione, 2008) et dans deux livres fouillés (Gangsta-rap, Flammarion, 2005, aujourd’hui épuisé, et Detroit Sampler, Ollendorff et Desseins, à paraître).

« Selon moi, Pierre Evil fait partie des trois meilleurs critiques français de rap », estime le journaliste et musicien Fred Hanak, qui l’a côtoyé à Chronic’art. Fasciné par ce confrère « aussi secret que Batman, Banksy ou Kissinger », qu’il n’a jamais rencontré de visu, Fred Hanak en loue le style « hardcore » et subjectif, mâtiné d’une « approche politique et sociologique à la Bourdieu ».

« Contrairement aux branchés de Libération ou des Inrockuptibles, poursuit le journaliste, Evil sait de quoi il parle, prend le temps de comprendre les paroles, ne fait jamais d’erreur, mêle les références avec maestria, ne caresse pas dans le sens du poil. Il fut l’un des premiers à défoncer l’idole en vogue Kanye West, qu’il avait comparé à un  »Coldplay de cour de récré ». Son talon d’Achille : il connaît très bien le rap américain, les formations très politisées de la côte ouest notamment, comme The Coup, mais se désintéresse totalement du rap français. C’est un peu le Jacques Chirac de la critique rap : vieille école, excellent en politique extérieure, déplorable en politique intérieure. »

Retranché derrière son « devoir de réserve », M. Bocquet refuse de s’exposer dans les médias. Il tient néanmoins à faire savoir qu’il « met entre parenthèses ses activités d’écriture à titre privé », et qu’il s’interdit toute « expression personnelle et politique au nom du président ». « La seule personne qui écrit les discours de François Hollande, c’est François Hollande, mon rôle sera seulement de les préparer », dit-il d’une voix aiguë, qui ne laisse rien transparaître de la verve d’Evil, ni de sa passion pour le groupe de hip-hop Dead Prez – ainsi nommé en référence aux « présidents morts » qui ornent les billets de banque américains.

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Publié par un autre faux journaliste et vrai fonctionnaire (Aureliano Tonet, LeMonde.fr, 10 mars 2014)

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« Tintin », mode d’emploi

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Les « Tintin », ces téléphones sous nom d’emprunt pour échapper aux écoutes

Pour assurer la confidentialité de conversations très privées, l’usage de téléphones rechargeables avec cartes prépayées ou activées avec des puces étrangères est devenu monnaie courante. Ces pratiques, éprouvées par le milieu des affaires ou le banditisme, sont aussi bien connues des policiers. Ils témoignent.

Le téléphone rechargeable, arme presque idéale pour éloigner les oreilles indiscrètes

Dans le milieu policier, on appelle cela un téléphone « Tintin ». « Pour ne pas être accroché sur une procédure, il suffit d’acheter deux packs GSM bas de gamme avec des cartes prépayées dans de petites enseignes de téléphonie comme on en trouve à Barbès ou dans n’importe quel bureau de tabac », grimace un policier de terrain. En général, le client paie en espèces et n’a pas à donner de pièce d’identité. Sur le papier, les opérateurs ou les commerçants ont l’obligation légale de récupérer le nom de l’utilisateur de l’appareil mais, bien souvent dans les faits, cette dernière n’est pas appliquée car chacun se renvoie la balle. « Au lieu de voir sa ligne coupée au terme d’un certain délai, l’abonné mystère reçoit des textos tous les quinze jours l’enjoignant de dévoiler son identité. Le manège peut ainsi durer des mois, voire des années tant que de nouvelles cartes activent l’appareil… » Les acheteurs de téléphones « Tintin » et de leurs puces vierges, aussi appelées les « balourdes » dans le jargon policier, donnent aux boutiques peu regardantes des photocopies de carte d’identité parfaitement fantaisistes. C’est ainsi que les enquêteurs ont retrouvé des appareils vendus sous les noms fleuris de « Raoul Bitembois », « Lex Expert » (Expert de la loi)… ou encore « Robert de Niro ». « Des voyous chevronnés font en outre l’acquisition de puces étrangères, du genre des Mobisud que l’on trouve en Espagne par exemple, pour rendre nos réquisitions plus difficiles », précise un vieux routier de la PJ.

• Les téléphones fonctionnent par paire, comme un « talkie walkie »

Pour brouiller toute recherche et rendre leur communication intraçable, chaque utilisateur n’utilise son téléphone que pour appeler un seul et unique correspondant. Le binôme fonctionne en vase clos, en circuit fermé sans jamais activer une autre ligne dans leur entourage susceptible d’être déjà « branchée » par un service enquêteur. « Un type organisé peut ainsi détenir trois téléphones réservés à trois correspondants différents, changer de puces tous les dix jours, grimace un expert. Ce jonglage permanent peut vite devenir un enfer. Il est dès lors impossible de faire le moindre « environnement », d’autant que ces utilisateurs coupent leurs appareils en rentrant chez eux, ce qui entraîne une perte complète de leur visibilité sur le réseau… » Le stratagème du talkie walkie devient par définition inopérant dès qu’un utilisateur active un autre numéro d’appel. Ou qu’il utilise sa puce vierge dans un téléphone ayant servi, dont le numéro de série IMEI est identifiable.

• Des techniques bien connues par les avocats pénalistes depuis des années

« C’est un secret de Polichinelle ! Même les moins rusés utilisent les « Tintin » et les puces « balourdes », constate un policier. Depuis le milieu des années 90, le système des appareils prépayés s’est démocratisé notamment pour permettre aux personnes âgées d’être joignables sans bourse délier et de passer de temps en temps un appel au besoin. » Pas de RIB, ni de chèque barré ou de photocopie d’identité à fournir : les voyous, qui ont érigé la clandestinité en art de vivre, se sont aussitôt engouffrés dans la brèche. Les histoires de téléphones en « toc », pris sous des noms d’emprunts, sont omniprésentes dans les dossiers de « stups », de proxénétisme, de braquages ou encore de recels. « Les avocats pénalistes, parmi lesquels se trouvent de redoutables techniciens, passent leur vie à éplucher les procédures, où tout doit être écrit noir sur blanc, mentionnées sur des procès verbaux, note un officier. Comme dans un livre ouvert, ils y lisent toutes nos techniques, nos ficelles avant de conseiller leurs clients. Leurs conseils sont évidemment précieux pour rendre inexploitables nos moyens de preuves. »

• Combien coûtent les surveillances ?

« Très cher » clament les policiers qui souhaiteraient la gratuité des réquisitions comme dans certains pays étrangers où les opérateurs de réseaux hertziens sont considérés comme de véritables prestataires de service public. L’identification d’une seule ligne est facturée par l’opérateur 6,5 euros hors taxe. L’obtention d’une facture détaillée d’un mois de communication, la fameuse « fadette », coûte quant à elle 35 euros. La facture globale peut flamber quand une borne parisienne peut activer 50.000 lignes, par tranches de 4 heures, sur un périmètre moyen de 150 m². Un logiciel policier baptisé Mercure fait les premiers recoupements et avant que les fonctionnaires ne lancent des réquisitions sur des nombres de numéros. L’identification d’un abonné à partir de son numéro est facturée 13 euros. Dans les service spécialisés, il n’est pas rare que les enquêtes téléphoniques sur certaines affaires judiciaires sensibles puissent franchir la barre des 10.000 euros. Une somme payée rubis sur l’ongle par la Chancellerie aux opérateurs, considérés comme très gourmands. Les réquisitions représentaient 34 millions d’euros en 2007, grimpant jusqu’à 68 millions d’euros en 2011. Elles sont retombées à 40 millions en 2012, soit une baisse de 40 % sur un an, due très largement aux efforts de maîtrise liés au budget serré de la place Vendôme.

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Publié par des larbins de la maison Poulaga (Christophe Cornevin, LeFigaro.fr, 11 mars 2014)

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[Interpol] La poucave t’arnaque (3)

Affaire Tarnac : un policier anglais avait pour mission de surveiller Julien Coupat

Son ombre planait sur l’affaire de Tarnac (Corrèze). Désormais, grâce à plusieurs documents judiciaires anglais obtenus par Le Monde, la volonté d’infiltration du sulfureux espion anglais Mark Kennedy auprès de Julien Coupat, considéré par les services de renseignements comme le leader du groupe issus de la « mouvance anarcho-autonome », est une certitude. Et son rôle de pourvoyeur d’informations pour les policiers français est attesté. Le 24 août 2008, le « rapport de suivi » de l’UCO 133 (undercover officer, « officier infiltré »), signé par son responsable hiérarchique, est ainsi mis à jour, « pour ajouter Julien Coupat aux personnes autorisées pour une infiltration spécifique par l’UCO ».

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Dix personnes sont mises en examen, depuis novembre 2008, pour « association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un acte terroriste » dans le dossier de Tarnac. Il leur est notamment reproché le sabotage de lignes TGV.

Le scandale qui a suivi la révélation des méthodes du policier anglais et de son service – provocations à la commission de délits, relations sexuelles avec les militantes, mensonges – n’en finit pas de provoquer des soubresauts judiciaires au Royaume-Uni. Les documents témoignant du rôle de M. Kennedy dans l’affaire de Tarnac sont issus de l’une des procédures en cours à Londres. Les services du procureur ont autorisé la déclassification des rapports d’activité de Mark Kennedy de juin à août 2008.

TRADITION ANCIENNE

Or, cet été 2008 est un moment-clé du dossier Tarnac. Une enquête préliminaire a été ouverte en avril à la suite d’informations fournies par les Renseignements généraux (RG), mais elle est au point mort. La sous-direction antiterroriste de la police judiciaire (SDAT), chargée des investigations, a manifestement d’autres chats à fouetter.

Quelles sont les sources des RG, qui ont servi à justifier l’ouverture d’une enquête judiciaire ? Les surveillances physiques et les écoutes téléphoniques mises en place depuis fin 2007, mais également les services anglais, qui fournissent de précieux renseignements sur les réunions et manifestations qui ont lieu dans toute l’Europe, souvent autour des sommets internationaux (OTAN, G8, G20).

Au cœur de ces informations, le NPOIU, National Public Order Intelligence Unit, un service créé en 1999 à Londres pour lutter contre l’« extrémisme intérieur ». Mouvements anarchistes, marxistes, écologistes, de défense des droits des animaux : le but du NPOIU est d’infiltrer des officiers de police dans les mouvances protestataires, pour plusieurs années.

Au Royaume-Uni, la tradition d’infiltration des policiers hors de tout cadre judiciaire est ancienne. Comme l’expliquent les journalistes du Guardian Paul Lewis et Rob Evans dans leur ouvrage Undercover : The True Story of Britain’s Secret Police (non traduit, Faber and Faber, 2013), depuis la fin des années 1960, entre 100 et 150 policiers ont été infiltrés pour cinq ou six ans, parfois plus. Certains ont développé des relations intimes avec des militantes, ont même fait des enfants, avant de disparaître à la fin de leur mission.

MÉTHODE ASSUMÉE

Dans certains cas, ils ont joué un rôle non négligeable dans les actions de « subversion » qu’ils étaient censés combattre. En 2007, sur les trois représentants envoyés par les altermondialistes anglais à Varsovie pour préparer un « contre-sommet » du G8, deux sont des policiers, dont Mark Kennedy.

La méthode est assumée, comme en témoigne la feuille de route de l’UCO 133. Le policier est « autorisé à participer à des délits mineurs, à des dégradations mineures, à des blocages et à des intrusions. C’est ce statut qui permet aux officiers de “grimper les échelons” chez les militants et d’atteindre la situation de confiance qui leur permet d’avoir accès à des renseignements préventifs particulièrement pertinents ».

En France, de telles pratiques sont illégales pour un service de renseignement sur le territoire national. Cela n’a pas empêché les RG de tenter le coup, dans les années 1970. L’expérience a été abandonnée au début des années 1980. Trop risquée, trop chère. Mais un renseignement venu d’un service étranger reste un renseignement, et on n’est pas obligé de poser trop de questions. « Le NPOIU nous a dit : “On a une source à l’intérieur de la mouvance.” On était destinataires de tout ce qui se disait », confirme un haut responsable des RG de l’époque.

LA DCRI COMME FRAPPÉE D’AMNÉSIE

Les documents témoignent qu’un pas est franchi à l’approche de la création de la DCRI, puis lorsque le service naît, le 1er juillet 2008. L’espion anglais n’est plus un observateur passif des « anarcho-autonomes ». Sa hiérarchie lui demande de s’impliquer activement dans leur surveillance, y compris en France. Dès le 4 juin, Mark Kennedy affirme, dans ses carnets manuscrits, qu’il a « reçu de brèves instructions à propos d’un contact avec (…) Julien et Gabby ». Dix jours plus tard, son agent traitant écrit que leur responsable hiérarchique a réclamé une surveillance sur la visite d’un militant américain chez « Julien, à sa ferme », à Tarnac. Puis, à la fin de l’été, l’« infiltration spécifique » est demandée.

La toute jeune DCRI, sous pression pour bâtir son dossier, a-t-elle demandé un coup de main aux Anglais ? Interrogés, les responsables de l’époque semblent frappés d’amnésie. Il faut dire que, pour eux, il n’y a pas de bonne réponse : soit un agent étranger a opéré au nez et à la barbe de la DCRI, censée surveiller de près Julien Coupat et ses amis ; soit la DCRI a demandé aux services anglais de mener une opération parfaitement illégale sur le sol français.

Ils n’ont probablement pas d’inquiétude à avoir. Là où, au Royaume-Uni et en Allemagne, l’affaire du NPOIU a déclenché procédures judiciaires et enquêtes parlementaires, elle ne provoque qu’une indifférence polie en France. La juge d’instruction a refusé, en octobre 2013, les demandes d’actes supplémentaires. Contacté, M. Kennedy, qui poursuit sa carrière de consultant aux États-Unis, renvoie aux autorités policières anglaises et françaises. Lors d’une audition devant le Parlement britannique, le 5 février 2013, il s’était félicité d’avoir approché « des personnes qui envisageaient de saboter des centrales électriques (…), le réseau ferré, et qui ont eu un certain succès dans ce domaine en France ».

Leur presse (Laurent Borredon, LeMonde.fr, 12 mars 2014)

 

Undercover police and policing
How the scandal of Scotland Yard’s secret spy unit emerged

For years, police have been trying to contain stories culminating in the revelation that Stephen Lawrence’s family were spied on

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The former police spy Mark Kennedy. The discovery of his passport triggered led to a string of stories emerging about undercover policing.

It was a commander called Conrad Dixon who first had the ingenious idea of creating a top-secret unit of police spies to monitor enemies of the state. It was 1968, and Downing Street was alarmed at the anti-Vietnam protests sweeping London. « Give me £1m and 10 men, » Dixon told his bosses at Scotland Yard. « And I can deal with the problem for you. »

He could not have known that his special demonstration squad would continue throughout his life and beyond, growing into a kind of « black ops » unit in which undercover police would spend years living among anyone that Scotland Yard deemed trouble-makers.

Neither could the commander have predicted that decades later, « the problem », as defined by senior Metropolitan police, would come to include a grieving family searching for justice.

On Thursday, presented with a shocking report by Mark Ellison QC that confirmed the Metropolitan police had placed one of its spies close to the family of Stephen Lawrence, Theresa May took a decision that has been brewing for years. Her announcement of a judge-led public inquiry into undercover policing is a disaster for the Met.

Since 2011, police have been desperately trying to contain a scandal that spans five decades and has laid bare stories of women who had relationships with men who didn’t exist, and dead children whose identities were resurrected by undercover police in search of a cover story.

There are dozens, possibly hundreds of political campaigners who may have been convicted as a result of dubious undercover operations, which may turn out to have involved miscarriages of justice.

Perhaps the most remarkable aspect of the whole saga is that it took so long for the truth to come out. Then again, the British establishment doesn’t give up its secrets easily.

The trail of dominoes that led to the prime minister, David Cameron, expressing his « profound shock », and yet another inquiry into suspected injustice perpetrated by the police, can be traced back to a chance discovery of a passport in a van in Italy, in July 2010.

The details in the passport were of a man called Mark Kennedy, a police officer who infiltrated environmental campaigners before using his state-issued false identity to continue spying on them for private corporations.

The passport was discovered in a glove compartment by Kennedy’s then girlfriend. The picture staring back at her was familiar enough – the pair had been together for six years – but the biographical details were not those of her boyfriend, a man she thought was called Mark Stone.

Detective work by Kennedy’s activist friends established he was a police mole and they confronted him.

When the Crown Prosecution Service realised the secret was out, a trial of six protesters accused of breaking into Ratcliffe-on-Soar power station, an act of civil disobedience Kennedy had helped concoct, was hastily abandoned.

They had no choice: a trial risked revealing the truth. Convictions of protesters in an associated trial were later overturned, in the first of what could be a cascade of miscarriages of justice.

But the morning the trial was abandoned, in January 2011, and what followed were the first of what would be hundreds of stories about undercover policing, which would eventually culminate in a book.

We detailed Kennedy’s seven years of deception living a double life among protesters, his admission that other police spies were living among activists and his belief that « what has happened is really wrong ».

Days later, as we prepared to publish details of three other undercover officers – Lynn Watson, Marco Jacobs and Jim Sutton – a delegation of the most senior police in the country appeared at the Guardian office to dissuade us from jumping to conclusions.

Their message: Kennedy was a bad apple. His operation had gone awry. Our reporting risked endangering the lives of undercover operatives. We should leave it at that.

It was a line reminiscent of the « one rogue reporter » excuse given by Rupert Murdoch’s News International when it was accused of industrial-scale phone hacking. We didn’t believe it and we decided to press on with the investigation.

In the three years since the Guardian started investigating, the Met police have obfuscated and blocked at every turn. Time and again, we were told it would be inappropriate for Scotland Yard to give us any assistance, even on deep background.

The spin, repeated against on Thursday, has been that we have been probing « historical » problems with a wayward unit, regardless of the fact that most of the undercover spies we have identified were deployed in the past 15 years. The National Public Order Intelligence Unit – Kennedy’s squad, and the successor to the SDS – is still up and running doing much of the same work today.

Whether it was the story of Bob Lambert, the SDS officer who secretly had a son with a woman he was spying on before disappearing from her life, or the revelation that police spent decades adopting the identities of dead children, the answer was always the same.

The truth was stitched together from the occasional leak of a document that had not been destroyed, or information supplied by confidential police sources. Every time there was a significant new disclosure, the government, prosecutors or police responded by announcing yet another small-scale inquiry – always behind closed doors.

The judge-led public inquiry announced on Thursday will be the 16th since the Kennedy story broke. But, crucially, it will be the first to be held in public and the only prospect of some form of accountability for past injustices.

No one has done more to bring the public inquiry about than Peter Francis, a police officer who spent four years deployed among anti-racist groups in the mid-1990s. He had long been our confidential source until, in June last year, he decided to abandon his anonymity to speak publicly about the SDS, and the secret operation to spy on and discredit the family of Stephen Lawrence.

Francis had received threatening calls warning him of the consequences. « You know they’ll come after me, » he told us, shortly before filming a documentary for Channel 4 Dispatches. « They will do everything they can to discredit me. »

Within days, two of his former commanding officers were on Channel 4 News seeking to to undermine his claims. The Daily Mail soon followed suit, with a double-page spread questioning the reliability of a man they labelled « a very troubled cop ».

For Francis, the most threatening message came from the very man tasked with running the police’s official inquiry into the long-running scandal, Operation Herne.

Mick Creedon, chief constable of Derbyshire constabulary, tried to force Channel 4 to hand over journalistic material. The letter contained what was in effect a veiled threat: Francis was facing a possible prosecution under the Official Secrets Act.

At the time, Francis was refusing to co-operate with Creedon, believing an investigation led by a chief constable could never by fully impartial.

A cursory look at Creedon’s interim report is enough to confirm that Francis was correct. Creedon had a staff of 30 investigators and a budget of at least £2.8m and only managed to produce a report that was in effect discredited by the home secretary.

It is a whitewash, another historical exhibit explaining why police cannot be trusted to investigate themselves.

Of course, none of that really matters now. An independent figure will explore the history of undercover policing. Those who formed long-term sexual relations with women may face prosecution for misconduct in public office. And Francis will not be prosecuted under for speaking the truth, but will be invited to give evidence under oath. This time, perhaps, the truth will come out.

Leur presse (Paul Lewis, TheGuardian.com, 6 mars 2014)

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[Montpellier] Karnavalls des Gueux (5)

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Christine, combats en détention et répression… énième épisode

Depuis son incarcération en novembre 2012, Christine proteste régulièrement contre l’arbitraire de la pénitentiaire et pour l’application des droits (théoriques !) des prisonniers et prisonnières. Ce qui lui vaut un enchaînement de conflits avec les surveillants et l’AP, de CRI (compte-rendus d’incidents), placements au mitard et au quartier d’isolement, transferts disciplinaires, et quelques procès… Tout ceci durcit et rallonge sa peine. L’Envolée et divers sites internet relaient ce qu’elle relate dans ses lettres [Un des épisodes précédents est relaté ici et une autre lettre de Réau est lisible ici]. Dès son arrivée au centre de détention de Réau, mi-octobre 2013, elle a refusé de prendre la carte de circulation nécessaire aux passages des multiples sas de sécurité en détention, ce qui lui a valu d’être directement placée en régime « portes fermées ». Le 5 mars, elle est passée en procès au TGI de Melun, accusée d’avoir mordu un surveillant au cours d’une prise de bec pour la réouverture de la « salle de convivialité » (voir lettre et compte-rendu ci-dessous). Elle re-passera bientôt devant le tribunal de Lyon, qui l’avait condamnée en février 2013 à trois mois de prison ferme pour 7 délits, dont : « refus de prélèvement ADN », « outrage et rebellion », « évasion » de garde à vue… Le parquet, souhaitant une peine plus lourde, avait fait appel. L’audience aura lieu à la cour d’appel de Lyon le 14 avril à 13h30, et la présence d’un public solidaire sera la bienvenue. Christine a été transférée à nouveau fin janvier 2014, elle est à l’heure actuelle au centre pénitentiaire pour femmes de Rennes.

Son adresse : Christine Ribailly écrou 7993, CPF de Rennes, 18 bis rue de Châtillon, 35031 RENNES Cedex

Bref compte-rendu du procès du 5 mars au TGI de Melun : Christine était accusée d’avoir mordu le surveillant Ha-o-kwi. Quelques personnes étaient venues la soutenir. Le procureur et les parties civiles réclamaient la peine plancher de un an pour récidive, et un dédommagement de 500 euros pour le doigt du surveillant, insistant sur la nécessité de punir sévèrement cette détenue récalcitrante qui selon eux menaçaient la détention. Son avocat, Benoît David, de l’association Ban Public, a tout d’abord plaidé la relaxe pour divers vices de procédures. Il a aussi insisté sur le fait que Christine ait été tabassée suite à la prise de bec avec Ha-O-kwi, qui curieusement n’a porté plainte que trois semaines plus tard… quand les images de vidéo-surveillance n’étaient plus visionnables ! Christine a terminé en parlant de la prison : « Je n’ai jamais avoué à ma grand mère que j’étais en prison, elle n’arrêtait pas de demander quand je viendrais la voir. Elle est morte avant que je sorte de prison. Voilà ce que c’est la prison. Je me demande en quoi cela protège votre société ? » Christine et son avocat ont eu la « bonne » surprise de ne la voir condamnée « que » à un mois de prison supplémentaire et 200 euros d’amende. Une peine qui reste lourde, même si on s’attendait à pire, connaissant les habitudes de la justice dans ce genre d’affaires.

À suivre…

Lettre de Christine au sujet des évènements survenus à Réau :

CD de Rennes, jeudi 6 février 2014 Au Centre de Détention Femmes de Réau, les filles qui n’ont plus le droit au « régime de responsabilité » (donc que l’AP maintient en irresponsabilité avec la complicité de l’UCSA) ont quand même la possibilité de faire les deux premières heures de promenade de l’après-midi au chaud. Ils appellent ça « la salle de convivialité » et on peut y avoir accès à quelques jeux de société. Le 2 décembre, j’y étais juste avec Kaoutar (qui cartonne au scrabble !). Dans le couloir on a entendu du grabuge car une fille voulait y venir alors que la matonnerie le lui refusait (depuis, selon son souhait, elle a été transférée, elle devrait même être dehors à l’heure qu’il est). Le 3 décembre, on n’a pas eu accès à cette salle car elle sert aussi de vestiaire quand il y a des arrivantes. Et le 4 au matin, une affiche la déclarait fermée, sans explication et sur ordre de la direction. J’ai demandé aux surveillantes puis aux gradés pourquoi, aucun n’a voulu me répondre, tant il était évident que c’était juste une crise d’autorité injustifiée. Je suis alors allée demander à l’officier, dans son bureau. Il a encore forcé la dose sur l’autoritarisme et le mépris, m’envoyant, grâce à un CRI mensonger, au mitard pour 18 jours. Au prétoire du 6, la directrice a dit qu’elle ré-ouvrirait la salle « dans une semaine ». Mais quand je suis sortie du QD le 21 décembre, la salle était toujours fermée, sans plus de raison. On en a parlé en salle de muscu avec les filles du RDC et on a décidé de demander la ré-ouverture mais aussi une ouverture exceptionnelle le 1er janvier à midi « pour commencer l’année sous le signe de la bonne camaraderie », selon les termes de notre courrier signé par 11 d’entre nous (sur 13 au rez-de-chaussée !). Les chefs ont eu cette lettre collective le 24 au soir. Le vendredi 27, on n’avait toujours pas de réponse. J’ai insisté auprès des chefs qui m’ont refusé une audience mais ont pris 5 filles à part pour leur dire « Ne suivez pas Ribailly dans ses conneries. On peut très bien vous mettre un CRI car les pétitions sont interdites. C’est nous, et nous seuls, qui décidons si la salle sera ré-ouverte et quand ». Elles sont rentrées à fond dans la menace et m’ont dit qu’elles feraient rien qui risquerait de déplaire à la pénit’. Moi, j’ai chopé la directrice dans le couloir dès que j’ai pu, c’est à dire le lundi 30. Elle m’a dit, une fois qu’elle a compris que je lui collerai aux basques jusqu’à avoir une réponse, que la salle serait ré-ouverte le lundi 6 (c’est-à-dire à la fin des vacances scolaires, quand les activités reprendrons, logique,…) et qu’ils allaient décider en équipe pour l’ouverture de mercredi, qu’on en serait informées le lendemain en fin d’AM. Donc le mardi 31, à 15h, juste à la sortie du gymnase, je suis appelée au bureau des chefs. Il y avait 2 bricards, Ho-a-Kwie et Borde, une nouvelle. Il m’a dit : « Je t’ai appelé pour te donner la réponse pour la salle demain ». J’étais convaincue que c’était refusé et j’ai dit : « pourquoi juste moi ? On est 11 à l’avoir signé cette lettre, il y a une semaine ! » Il a essayé d’expliquer que j’étais la seule à avoir mis une affiche (c’est vrai et ça m’a valu un CRI de plus, à mettre sur la pile), à avoir alpagué la dirlo, donc que j’étais la porte-parole. J’ai refusé ce terme et il m’a dit qu’il préviendrait chacune des filles individuellement. Après, ils m’ont passé des documents administratifs, en partie périmés que j’ai bâclé, et je suis partie. Une dizaine de minutes plus tard, j’étais de retour, un peu calmée et j’ai demandé un imprimé pour répondre aux papiers que j’avais jetés. Et (et c’est juste à ce moment-là que j’ai eu tort car je savais qu’ Ha-o-kwie est un sale menteur), avant de partir, je me suis retournée vers lui : – Tu préviens les filles une par une, hein ? Parce que depuis 10 min, tu n’as rien fait, alors que la moitié sont à la biblio où tu pourrais nous parler à toutes en même temps. – Je fais ce que je veux ! – Non, foutu psychopathe, tu ne fais pas ce que tu veux ! Tu as pris un engagement, tu le tiens ! Si t’as un problème avec la « toute puissance », vas donc voir le psychiatre que vous m’avez balancé dans les pattes alors que je réclamais la radio au mitard ! – Tu t’en vas de ce bureau ! – Et pourquoi ? Pour te laisser le temps de rédiger un CRI pour l’affiche, alors que tu dois nous répondre ? – J’ai dis que je te répondrais. Je le ferai si je veux, c’est ça la liberté d’expression ! – Sale menteur ! Vous passez votre temps à ça : mentir et menacer. Comme quand vous avez dit aux filles de se méfier de moi… – On sait bien que c’est toi qui a écrit cette lettre. Et il n’y a que toi qui fait chier… – Quoi ? J’ai pas écrit cette lettre ! Je l’ai rédigée, c’est tout ! On est 11 à l’avoir signée ! – Ouais, t’as même fait signer les filles qui savent pas écrire ! – Qu’est ce que tu dis là ? C’est vous qui menacez les filles, pas moi ! Y a des filles qui t’ont dit qu’elles avaient signé alors qu’elles ne voulaient pas manger ensemble, peut être ? – On m’a dit que tu leur faisais peur… Là, ça a été trop ! J’ai fait un pas en avant, bien vif, dans sa direction, mais sans le toucher. Borde et deux matonnes qui s’étaient approchées à cause du bruit de l’engueulade, m’ont saisie par le bras, lui a bondi de son siège, effrayé. Je n’ai pas bougé, j’ai juste ricané : « C’est toi qu’a peur, minable menteur ! ». Alors qu’elles étaient trois à me tenir sans que je me débatte, il a pointé son index sur moi pour me menacer : « c’est une agression sur personne ! Tu vas manger ! ». Je l’ai laissé délirer trente secondes puis, lassée, j’ai fait mine de le lui happer le doigt. Je sais que je n’ai pas serré les dents, mais il est aussi douillet que lâche et l’alarme a été lancée. Ils m’ont foutue au sol et menottée dans le dos pendant que ce [biiiiip] m’envoyait des coups de poing au visage. Au mitard, ils m’ont arraché mon survêt’ (avec lacet) et m’ont laissée à poil et menottée pendant près d’une heure. Je n’ai eu l’ensemble de mes affaires que 36h plus tard. Je n’ai vu le toubib que 72h après, c’est à dire après le prétoire qui a eu lieu le 2 janvier. Le prétoire a été dégueulasse. Il y avait un vice de procédure énorme (je n’ai pas eu le dossier 24h avant) mais mon commis d’office était minable. Il n’y avait pas non plus les images de la caméra qui donne sur le bureau des chefs et qui devaient montrer les coups de poing au visage (confirmés par le certificat médical, 3 jours après). Il n’y a même pas le Compte Rendu Professionnel (CRP) d’une matonne qui dit que j’ai crié au Chinois « c’est toi qui a peur ! » et qu’elles me tenaient quand je l’ai « mordu », mais la dirlo n’en a pas tenu compte. Il n’y avait aucun certificat médical constatant cette « grave blessure » que je lui avais infligé. Bref, sans originalité, j’ai pris 30 jours avec une promesse de dépôt de plainte et de transfert disciplinaire à la clef. Le lendemain, le mitard étant très proche de la cour du RDC, les filles m’ont saluée et m’ont dit qu’on leur avait proposé à 11h d’aller à la salle de convivialité. À sept, elles ont partagé le sac que j’avais préparé pour ça (soda, gâteaux, bonbons, saucisson). Elles n’y sont pas restées à midi parce que c’est interdit d’y fumer. Depuis, je ne les ai pas ré-entendues dans la cour mais l’aumônière m’a dit qu’elles me saluaient bien. Une autre bonne nouvelle : mercredi, bien sûr, quand j’ai pu aller en promenade, j’ai dit : « je rentrerai quand il y aura un transistor ». Ils sont venus, comme d’habitude, avec casques et boucliers. Jeudi, ils m’ont laissée en promenade de 11h à 14h30 ! Mais quand je suis rentrée en cellule, en plus de la gamelle froide, il y avait un petit poste de radio FM. On ne capte que Radio Autoroute, ce qui n’a rien d’exaltant, mais c’est quand même une victoire. Ma voisine de QD qui était là depuis 12 jours, a eu aussi le sien. Elle n’a pas compris l’ironie quand j’ai lancé « El pueblo unido jamás será vencido » en guise de chant de victoire. […] Les 30 jours sont passés, lentement bien sûr, mais sans trop de provo, à part le refus de courrier interne, commun à tout le CPSF (Centre Pénitencier Sud Francilien), de leur part. J’avais la radio et j’ai eu un parloir de 2h30 avec ma mère. J’appréciais les visites des aumônières ou autre pour le break, pour voir des gens sans uniforme. J’attendais aussi la GAV. Elle n’a eu lieu que le 28, à la toute fin. Contrairement aux gendarmes de Bapaume, les flics de Moissy ont été bien cons durant la GAV, singeant la paranoïa des matons, même après 2 heures d’audition. J’ai appris, quand j’ai pu lire le dossier avec l’avocat de la comparution immédiate, que ce pauvre maton violenté, qui a récupéré 1 jour d’ITT (alors qu’il était au boulot le lendemain), n’a été déposer plainte au comico de Moissy-Cramayel que le 22. Au tribunal, à 20h30, j’ai refusé d’être jugée sans un avocat correct et avec plein de pièces manquantes (notamment le témoignage de la matonne du 31 décembre, mon certificat médical du 3 janvier et les images de la caméra de la coursive). Bref, je repasse le 5 mars à 13h30 au TGI de Melun et Ha-o-Kwi sera partie civile (pour avoir un 13e mois). Le lendemain, j’étais, après 30 jours de QD, transférée à Rennes. Là, je suis au quartier arrivante du CD. L’architecture ici est très différente des prisons Bouygues. Il y a moins de caméras et pas de sas. Les matons ne sont pas cachés dans leurs aquariums à déclencher des portes à distance. Donc ils sont moins paranos, donc ils sont moins dangereux, donc ça va mieux. Bon, je ne me fais quand même pas d’illusion, j’attends de voir où se niche leur perversité… en profitant de l’herbe dans la cour de promenade et en retournant au sport.

Marseille Infos Autonomes, 9 mars 2014

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Résistons Ensemble n° 128 – mars 2014

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Résistons Ensemble

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[Qui sont les vrais nazis] Ce qu’en pensent les premiers concernés en Ukraine

For the Kremlin, Ukrainian Anti-Semitism Is a Tool for Scaring Russians in Crimea

(…) The accusations of rampant anti-Semitism have divided the country’s Jewish community, which is estimated at a little over a 100,000. In the past two weeks, rabbis and community leaders have begun to choose sides in the growing conflict—perhaps adding to the confusion, rather than alleviating it.

The day Ukraine’s pro-Russian President Viktor Yanukovych was ousted, Rabbi Moshe Reuven Azman—Chabad’s chief rabbi in Kiev—told his congregants to leave the city because of “constant warnings concerning intentions to attack Jewish institutions.” His warning seems to have been borne out by the recent attack on a synagogue in the southeastern city of Zaporizhiya and the graffiti sprayed on the Reform synagogue in the Crimean city of Simferopol. But the Kremlin has been known to employ accusations of anti-Semitism for its own political purposes, and many in Ukraine suspect Azman is simply following the Russian line because of the close relationship between Russia’s Chief Rabbi Berel Lazar—a Chabad emissary—and Putin.

That includes Ukraine’s chief Orthodox rabbi, Yaakov Dov Bleich, who referred to the attacks on Ukrainian Jews this week as “provocations”—not by neo-Nazis, but by Russian partisans. “We expect that the Russians would like to justify their invasion of Ukraine,” Bleich told reporters on Tuesday. He noted that Russian state media broadcasts had included numerous reports of banderovtsi—followers of the Ukrainian nationalist hero Stepan Bandera, who collaborated with the Nazis in WWII—attacking synagogues. “There is nothing of the sort,” Bleich insisted. “Anyone can change into the outfit of a Ukrainian nationalist and start beating Jews.”

This week, leading members of Ukraine’s Jewish community countered with an open letter to Vladimir Putin that dismissed the accusations of violence against Jews and minorities: “Yes, we are well aware that the political opposition and the forces of social protests who have secured changes for the better are made up of different groups. They include nationalistic groups, but even the most marginal do not dare show anti-Semitism or other xenophobic behavior. And we certainly know that our very few nationalists are well-controlled by civil society and the new Ukrainian government—which is more than can be said for the Russian neo-Nazis, who are encouraged by your security services.”

(…)

But Ukraine’s ethnic minorities were highly visible in the protests in Kiev’s Independence Square—which, as Timothy Snyder has pointed out, were sparked by a Muslim journalist born in Afghanistan [« This is Mustafa Nayem, the man who started the revolution. Using social media, he called students and other young people to rally on the main square of Kiev in support of a European choice for Ukraine. That square is called the Maidan, which by the way is an Arab word. »]. Protesters in the Maidan created a “Jewish Division” of the self-defense forces. Among the dead were an Armenian, Georgians, a Belarusian, and Jews.

(…)

And while many in Ukraine do believe that the animosity from Ukrainian speakers toward Russian speakers (or Jews or Armenians, for that matter) is real, others have taken a stand against what they see as a massive Russian disinformation campaign. A group of Ukrainian journalists and journalism students recently launched the Russian-language website stopfake.org in an effort to push back against some of those divisive accusations and the force of statements like this from the Russian president: “We see the rampage of reactionary forces, nationalist and anti-Semitic forces going on in certain parts of Ukraine, including Kiev.”

Those forces do exist, and the rhetoric spewed by members of right-wing nationalist groups like Praviy Sektor (Right Sektor) and the political party Svoboda (Freedom) is immensely worrisome. But while Svoboda has over the past years gained in popularity, the number of anti-Semitic vandalism incidents in Ukraine has simultaneously fallen. When asked about the Russian focus on anti-Semitic incidents in Ukraine, Josef Zissels, the president of the Ukrainian Vaad [Association of Jewish Organizations and Communities], told the Daily Beast’s Eli Lake, “There are more neo-Nazi groups in Russia than there are in Ukraine.” (…).

Hannah Thoburn (tabletmag.com, 7 mars 2014)

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[Montpellier] Karnavalls des Gueux (4)

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[Mère de Dieu, chasse Poutine] Qui sont les vrais nazis en Crimée

Neo-Nazis auf der Krim (Photo)

Am 7. Januar 2014 haben die Mitglieder der russischen Gemeinden und die Unterstützer der pro-russischen Partei der Ukraine “Russische Einheit” eine Demonstration mit dem Fakelzug auf der Krim gehalten, während denen sie die Bücher über die ukrainische Geschichte (auf Russisch), die Handbücher für Physik (auf Russisch und Ukrainisch) und — merkwürdigerweise — die Bücher von tschechischen Schriftsteller Jaroslav Hasek (die Übersetzung ins Ukrainisch) verbrannt haben.

Die Aufnahmen dieser Aktion hat Blogger npubop veröffentlicht:

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Der Blogger berichtet, dass einige dieser Bilder zu verschiedenen Aktionen von 2009 bis 2010 gehören. Das bedeutet, dass russische Neo-Nazi sich schon seit 5 Jahren auf der Krim befinden.

Sind sie vielleicht genau dieselbe Russen auf der Krim, die Putins Hilfe brauchen?

Source : voronz.in.ua/recomend/7-1-14-15336
Traduit en allemand par Voices of Ukraine

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[Grèce] Des nouvelles de la répression en cours…

Début janvier, Christodoulos Xiros, membre de l’organisation révolutionnaire armée « 17 novembre », condamné en 2003 à 25 ans de prison ferme, profite d’une permission de sortie de 9 jours pour se faire la malle. En guise de carte de vœux, il envoie une vidéo et une lettre invitant anarchistes et gauchistes à oublier leurs différents pour créer un front de lutte armée.

Cette cavale sert de prétexte aux autorités pour lancer une vague de perquisitions sans précédant dans la mouvance antagoniste, principalement à Athènes et à Thessalonique. Une vague de perquis’ qui touche non seulement les milieux anarchistes, mais aussi les milieux autonomes et ceux d’extrême gauche.

Du 21 janvier au 15 février, pas moins de 41 perquisitions ont lieu à Athènes. Au cours de ces perquisitions, onze personnes sont arrêtées pour des délits mineurs (détention de petites quantités de stupéfiants, possession d’« armes » du genre gazeuses…). Un mandat de recherche est lancé contre une personne restée introuvable. Sur les onze personnes arrêtées, huit passent en comparutions immédiates et se prennent des amendes, vu qu’il n’y a rien d’autre à leur mettre sur le dos. L’une est relaxée. Deux autres sont renvoyés à des comparutions ultérieures.

En ce qui concerne Thessalonique, au moins 30 perquisitions ont lieues entre le 21 et le 30 janvier, dont 4 dans les domiciles des membres de la famille de Xiros. Suite à ces perquisitions, neuf personnes sont également condamnées pour le même genre de délits mineurs.

Il est probable que d’autres « violations de domiciles » aient été perpétrées par les chiens de gardes de l’État, sans que les personnes concernées n’aient rendu publique les faits.

Cette vague de perquisitions, dont la cavale de Xiros n’est qu’un prétexte, est un nouvel épisode de la répression des éléments incontrôlables de la contestation. Dans un contexte de crise économique et de tension sociale, l’une des stratégie de l’État consiste à détourner le mécontentement social en créant des figures de l’« ennemi intérieur », responsables de tous les maux.

Évidemment, les migrants sont les premiers à en faire les frais. Concernant ceux qui ont déjà franchis les frontières, les directives données par le chef de la police national à ses sbires sont très claires : « rendez leur la vie invivable ». Et autant dire qu’il ne s’agit pas d’une parole en l’air. Depuis quelques mois, les opération de rafles vraiment massives se multiplient dans les rues. Une opération qui se nomme « Xenios Zeus », le nom du dieu de l’hospitalité dans l’antiquité grecque ! De même que les expulsions collectives de migrants (y compris de réfugiés Syriens) vont bon train (ou avion dans la plupart des cas). La durée de rétention est passée à 18 mois et il n’est pas rare que sur ces 18 mois de rétention, une bonne partie se fasse dans les geôles des comicos, ce qui veut notamment dire sans aucune minute de promenade hors de la cellule. Tout comme il n’est pas rare que les retenus se fassent démonter la gueule dans ces mêmes cellules ou dans les centre de rétention, ou tout simplement tuer dans la mer Égée ou dans la rivière Evros, à la frontière de la Turquie. La situation arrive au point que le commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe demande l’ouverture d’enquêtes sur les mauvais traitements infligés aux migrants par la Police aux frontières et la gendarmerie maritime. Certains États (Grande Bretagne, Suède, Finlande, Norvège, Allemagne, Danemark) avaient déjà suspendu officiellement les expulsions prévues vers la Grèce, après la condamnation du pays par la cours européenne des droits de l’homme en 2011.

Dans ce contexte, on ne peux pas vraiment  parler de « bavure » quand les gardes-côtes font délibérément chavirer un bateau de migrant, entraînant la mort de douze personnes (enfants compris). Il s’agit plutôt d’un message on ne peut plus clair envers tous les pauvres qui auraient l’audace de vouloir franchir les portes de l’Europe forteresse. Message d’ailleurs assumé ouvertement par ce gouvernement crypto-fasciste, dont le ministre des affaires maritimes couvre les gardes-côtes assassins en indiquant tout simplement que « Personne ne veut ouvrir en grand les portes et octroyer l’asile à tous les migrants qui se présentent dans ce pays ». Un gouvernement qui par ailleurs n’hésite pas à recruter des ordures d’extrême droite, comme l’ex député du partie LAOS (équivalant grec du FN) Thanos Plevris, qui avait publiquement déclaré en 2011 que la seule façon de protéger les frontières du pays c’est de tuer les immigrants qui veulent les franchir. Aujourd’hui, Thanos Plevris est conseiller du ministre de la santé (qui provient lui aussi des rangs du LAOS).

Avec cette répression féroce, l’État alimente un sentiment xénophobe grandissant dans la société grecque. C’est le b-a-ba du « «diviser pour mieux régner » : détourner le mécontentement social des véritables responsables de la misère sociale et économique (eux et leurs copains du patronat) et faire oublier toutes les mesures d’austérité qui passent pendant ce temps là. Ainsi que celles qui viennent soutenir ces mesures d’austérité, en réprimant la contestation sociale. Comme par exemple la réactivation d’une loi de réquisition des travailleurs, qui autorise l’État à envoyer les flics chez les grévistes pour briser une grève. Selon cette loi, si les grévistes réquisitionnés ne se rendent pas à leur poste de travail, ils peuvent être licenciés et poursuivis juridiquement. Ce fut le cas lors d’une grève des travailleurs du métro et d’une grève de profs. En ce qui concerne la grève des profs, la mesure avait été prise avant même que la grève soit officiellement annoncée.

Alimenter ce sentiment xénophobe permet aussi au passage de rafler des voies parmi les électeurs du parti néo-fasciste « Aube dorée »… Tout en gardant un vernis démocratique !

En effet, l’État ne s’arrête pas à la « menace migratoire ». Il réactive aussi d’autres vieux épouvantails de la « menace intérieur » , qu’il réprime également. Les anarchistes, la menace d’extrême gauche et toute contestation radicale d’un côté, « Aube dorée » et la menace d’extrême droite de l’autre.

Pour les premiers c’est des vagues de perquisitions à tout va dans les milieux contestataires, une répression féroce des opposants à la mine d’or de Halkidiki [Pour plus d’info  fr.contrainfo.espiv.net/2013/04/20/skouries-en-chalcidique ainsi que .youtube.com/watch?v=eZyDzcni_A8] (couvres feux imposé aux villages qui résistent, descentes spectaculaires de flics dans les villages, enlèvements de militants chez eux, mises en préventives sous des accusations d’appartenance à une organisation terroriste et d’attentat à la vie humaine, suite à des faits de sabotage dans le chantier des mines), et même des persécutions contre les maires des communes qui étaient présents lors d’une contestation contre des péages, au cours de laquelle un poste de péage avait été incendié [Il s’agit d’une protestation ayant eu lieu le 9/2/2014, réunissant trois communes des frontières nord de agglomération d’Athènes. Il s’agissait d’une action contre un poste de péage qui les obligeait à payer chaque fois qu’ils voulaient sortir de leur commune. Cette protestation fait partie d’une longue liste de protestations et d’actions de sabotages contre les péages ayant eu lieu sur tout le territoire grec les  trois dernières années.].

Les seconds (les fafs) ont aussi droit à leur lot de perquisitions et de répression. Quelques jours après l’assassinat de l’antifasciste P. Fyssas par un membre de « Aube Dorée », l’État et sa justice orchestre une opération fortement médiatique de perquisitions chez les fafs et dans les bureaux du parti. Cette opération se solde par l’arrestation d’une vingtaine de ses membres, parmi lesquels ses dirigeants, et la mise en détention préventive de six de ses députes (dont le président du parti lui-même). Par ailleurs, l’État lance une procédure d’interdiction (toujours en cours) contre « Aube dorée », afin qu’elle soit jugé comme « organisation terroriste ».

Les vagues de perquisitions, chez les anarchistes comme chez les fafs, sont médiatisées de manière quasiment identique. Jouer sur la carte des deux extrêmes et mettre les néo-nazis dans le même panier que ceux qui luttent pour la destruction de toute forme de pouvoir, permet encore une fois à l’État de détourner le mécontentement social, en inventant des nouvelles figures de l’« ennemi intérieur ». Cela lui permet aussi et surtout d’affirmer son rôle de garant de la paix sociale et de la cohésion, dans une société qui se polarise. De réaffirmer sa nécessité, alors même que sa légitimité est fortement contestée.

Faire taire la contestation par la force et par la manipulation médiatique qui alimente la peur, ça ne marche pas à tous les coups ! La Grèce a connu de très fortes mobilisations sociales ces dernières années. Si le mouvement social n’est pas dans une phase ascendante, il n’en reste pas moins quelques pratiques et réflexes qui permettent de faire face aux diverses offensives de l’État.

Ainsi, par exemple à Athènes, une assemblée d’immigrés et solidaires d’ASOEE se tient chaque jeudi à la faculté d’ ASOEE. Cette assemblée a commencé en 2012 comme un résultat des luttes communes des solidaires et d’immigrés face aux attaques policières contre le marché à la sauvette sur l’avenue devant la fac. Elle réunis des locaux et immigrés qui tentent de s’auto-organiser ensemble face aux keufs, aux fascistes et à la répression des migrants [Pour plus d’info immigrants-asoee-fr.espivblogs.net].

Dans la même veine, des assemblées de quartier continuent de s’auto-organiser un peu partout dans Athènes. Ces assemblées visent à  résister face aux offensives de tous ceux qui nous mènent la vie dure (l’État et les patrons), surtout en temps de crise [Quelques informations générales sur les assemblés de quartier ici lavoiedujaguar.net/En-Grece-l-Etat-s-effondre-les]. Les assemblées contre les coupures d’eau et d’électricité restent actives. Des assemblées se créent pour lutter pour la gratuité des  transports en commun, en essayant de bloquer les contrôles, de plus en plus nombreux et violents [Le 13 août 2013, un jeune de 19 ans est assassiné par un contrôleur qui le pousse du bus en marche, parce que le jeune refusait de payer l’amende. En tombant, la tête du jeune passager heurte le trottoir. Cela cause sa mort.].

Les gens luttent aussi contre le démantèlement de la sécurité sociale et des structures étatiques de la santé. L’enjeu est de garder publique ce qui l’est déjà, en même temps que de mettre en place des structures autogérées et accessibles a tout le monde (des centres d’aide médicale de premier degrés, des pharmacies sociales etc.).

Enfin, des nombreuses manifestations et autres actions s’organisent pour répondre à ces vagues de perquisitions et visibiliser la répression de l’État : manif sauvage devant la maison du chef de la police d’Athènes, manif dans le centre ville d’Athènes, rassemblement devant les maisons des gens perquisitionnés etc.

Reçu le 8 mars 2014

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[Montpellier] Karnavalls des Gueux (3)

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Air Souffrance (Lyon, 1er février 2014)

Ce samedi 1er février nous nous sommes rendu(e)s à l’agence Air France de Lyon centre. Nous les avons surpris(e)s à coups de boules puantes, confettis, fumigène et faux sang. Nous avons rappelé(e)s aux employé(e)s et client(e)s que Air France-KLM est l’une des dernières compagnies aériennes à transporter des animaux destinés à l’enfer de la vivisection. Sans cette collaboration active, certains laboratoires de vivisection ne pourraient plus se permettre de torturer et massacrer des animaux.

D’autre part, Air France participe à la politique raciste de l’État en rendant possible la déportation de milliers de personnes migrant(e)s.

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VOIR LA VIDÉO

Ces actions de harcèlement mettent la pression à la compagnie aérienne, lui font perdre des clients et provoquent des dégâts matériels. Voici les raisons pour lesquelles nous nous en prenons à Air France et ce n’est que le commencement. Ici ou ailleurs, jusqu’à ce qu’ils stoppent.

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[Flics, porcs, assassins / Vérité et justice pour Wissam El-Yamni] Un des flics mis en examen pour coups mortels

Décès après une interpellation à Clermont-Ferrand : un policier mis en examen

L’un des deux policiers visés par l’information judiciaire ouverte après la mort d’un jeune homme à Clermont-Ferrand, en janvier 2012, a été mis en examen pour coups mortels le 24 février dernier, a appris Le Monde, jeudi 6 mars, auprès du procureur de la République. Son collègue devrait être convoqué par les deux juges d’instruction chargés de l’affaire dans les jours qui viennent. « Enfin ! » s’est exclamé Me Jean-Louis Borie qui défend, avec son confrère Jean-François Canis, les intérêts de la famille de Wissam El-Yamni.

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Quelque 500 à 600 personnes avaient défilé le 7 janvier 2012 à Clermont-Ferrand en soutien à Wissam El-Yamni, arrêté de façon « musclée » la nuit du réveillon, décédé après plusieurs jours de coma.

Les faits remontent à plus de vingt-six mois. Pendant la nuit de la Saint-Sylvestre 2011, l’interpellation musclée de ce chauffeur de 30 ans, qui avait jeté une pierre sur une voiture de police avait mal tourné. Tombé dans le coma, il était décédé neuf jours plus tard. Le rapport de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) révélé par Le Monde avait avancé l’hypothèse que le coma ait été provoqué par un « pliage », une technique de contention non autorisée par les règles d’intervention de la police. Dans la voiture de la brigade canine qui emmenait Wissam El-Yamni vers le commissariat, le policier assis à l’arrière du véhicule l’avait maîtrisé en lui appuyant « de haut en bas sur la tête, la maintenant contre les genoux durant le transport », selon l’IGPN. C’est ce policier qui vient d’être mis en examen. L’autre policier mis en cause conduisait la voiture. Le « pliage » avait été mis en cause dès 2003 par la Commission nationale de déontologie de la sécurité après la mort de deux sans-papiers maintenus dans cette position sur leur siège d’avion à l’occasion de leur reconduite dans leurs pays d’origine.

ZONES D’OMBRE

« Le motif de la mise en examen est en cohérence avec les réquisitions du procureur qui mettaient en avant des coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans intention de la donner », note Me Borie. Les causes de la mort ne sont toutefois pas encore établies avec certitude. Une première autopsie avait suggéré une « compression des artères carotides internes […] lors du maintien de M. El-Yamni en hyper-flexion (tête entre les genoux) » comme cause du coma. Une expertise toxicologique avait de son côté mis en avant l’action toxique aiguë sur le cœur d’un mélange d’alcool et de cocaïne. Cette deuxième hypothèse est contestée par les avocats de la famille de Wissam El-Yamni qui ont produit une contre-expertise mettant en doute l’interprétation de l’analyse toxicologique. En janvier, les deux magistrats instructeurs ont accédé à la demande de Mes Borie et Canis de désigner un collège d’experts pour tenter d’y voir plus clair.

D’autres zones d’ombre subsistent sur les conditions de l’interpellation, qui s’est déroulée à la Gauthière, l’un des quartiers nord de la capitale auvergnate. Initialement, la police avait indiqué que trois véhicules avaient été envoyés sur les lieux. « En définitive, il y en avait neuf », affirme Me Jean-Louis Borie. Alors que le parquet avait demandé, après avoir été informé du coma, des contrôles d’alcoolémie pour tous les policiers présents, seuls trois équipages ont été contrôlés. Il serait bon d’éclaircir l’ambiance générale qui régnait ce soir-là. »

Leur presse (Manuel Armand, LeMonde.fr, 6 mars 2014, mis à jour le 7 mars)

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[Face aux armes de la police / Notre-Dame-des-Landes] BACeux avec un lance-pierre lors de la manif nantaise du 22 février

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Copwatch bigouden via la Maison de la Grève

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[Montpellier] Karnavalls des Gueux (2)

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[Montpellier] Karnavalls des Gueux

Montpellier : valses au carnaval des gueux

Hier soir, près de mille déguisés ont fêté et brûlé sa majesté Carnaval…

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Des hommes déguisés en femmes voilées et enceintes jusqu’au cou, des soldats, des prisonniers, des êtres-plantes étranges… Le carnaval des gueux, cour des miracles, a du sens. Et si dans la foule, un jeune crétin se baladait avec une pierre dans une chaussette pour casser les vitrines ; si un autre aspergeait ses copains de gaz lacrymogène ou si encore un quadra stupide ne rêvait que de balancer les chariots en feu dans les rues en pente, la très grande majorité des présents était bien rassemblée pour faire la fête et évacuer angoisses du présent, peurs d’avenir. Une jeunesse politique et engagée. Mais pas enragée. Qui parle de l’Ukraine comme du manque critique de WC dans cette ville qui se vante de ne jamais se coucher… Et qui regrette que le Peyrou soit fermé. Car « là bas, on aurait pu faire la fête sans trop déranger ».

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Leur presse (MidiLibre.fr, 5 mars 2014)

 

CARNAVAL DES GUEUX : 30 COMMERCES VANDALISÉS ! LA CCI DEMANDE AU PRÉFET D’INTERDIRE CETTE MANIFESTATION

Mardi dernier, le festival des Gueux a, une nouvelle fois, mal tourné. Malgré une présence policière renforcée, de nombreux actes de vandalisme ont eu lieu et une trentaine de vitrines de commerces du centre-ville (rues de la Loge, Foch et la rue de l’Argenterie, Foch…) ont eu leur vitrine brisées ou taguées et de nombreux containers ont été incendiés dans le centre.

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Dans un courrier adressé ce jeudi au Préfet de Région, et au Maire de Montpellier, le Président de la CCI de Montpellier, André Deljarry, à la demande des commerçants exaspérés par cette situation, demande que cette manifestation ne soit, à l’avenir, plus autorisée dans le centre-ville. La CCI de Montpellier dénonce fermement ces actes de vandalisme sur les commerces ; la nécessité de mobiliser un nombre important de forces de l’ordre pour encadrer cette manifestation et la tranquillité perturbée des résidents.

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Image du Carnaval des Gueux en 2011 qui avait mal tourné !

Leur presse (Thierry Boussarie, voussaveztout.com, 7 mars 2014)

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[Vient de paraître] Brochure sur l’autodéfense informatique

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TÉLÉCHARGER LA BROCHURE

L’Informatique : Se défendre et attaquer

Cette brochure a été faite par désir de rassembler les connaissances théoriques et les outils pratiques actuellement les plus efficaces à nos yeux, pour utiliser l’informatique pour des activités sensibles, sans se faire avoir. Concrètement, ça implique d’être en mesure d’agir de manière anonyme, confidentielle et en laissant le moins de traces possible derrière nous. Sans ces précautions, inutile d’espérer déjouer longtemps la surveillance et la répression employées par les États et leurs classes dirigeantes pour continuer à exercer tranquillement leur domination.

Se réapproprier les outils informatiques, c’est comprendre pour mieux se défendre et… attaquer, mais c’est aussi se donner les moyens de pouvoir choisir en connaissance de cause, quand ne pas utiliser l’informatique.

Le texte est disponible en ligne sur le site infokiosques.net.

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[Notre-Dame-des-Landes / Nantes] Des nouvelles de Quentin

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Les nouvelles de Quentin Torselli

La santé : L’opération d’hier s’est bien passée. Les multiples fractures ont été soignées, tout doit se consolider maintenant. C’est très douloureux pour l’instant.

Soins infirmiers 3 fois par jour pendant 15 jours pour l’œil.

ITT jusqu’au 4 avril pour l’instant.

Le moral : sans commentaire pour l’instant.

La justice : Quentin a déposé plainte le 27 février dernier.

La presse :

– Un bel article dans le Canard enchaîné de ce matin : « le nouvel aéroport coûte les yeux de la tête », de Jean-Luc Porquet. Nous vous le transmettrons quand nous l’aurons scanné. Mais vous pouvez acheter le journal !

Un lien qui fait du bien

et un autre lien qui dit les choses

Les témoignages :

Quentin n’a pas été le seul blessé. Ils sont nombreux parmi les manifestants pacifiques et les badauds. Les plaintes affluent.

– voici ce que raconte une jeune fille qui était aux côtés de Quentin :

« Le 22 février 2014 à Nantes, aux alentours de 18h00. Entre la rue Felix Éboué et l’allée de l’Ile Gloriette.

Nous étions en train de reculer face aux forces de l’ordre (à une cinquantaine de mètres) quand j’ai vu Quentin à terre. Quatre, cinq personnes, dont moi, ont accouru vers lui pour lui porter secours.

Quentin était touché à l’œil, conscient mais incapable de marcher ni même de se lever. (Quentin avait le visage découvert).

Ensemble, nous l’avons porté pour le mettre à l’abri, plus loin. Les CRS continuaient d’avancer vers nous, ils se sont approchés très vite. Des lacrymogènes continuaient à être lancés tout près de Quentin. Il nous a donc fallu l’éloigner à nouveau. Nous l’avons alors amené dans une rue perpendiculaire, beaucoup plus calme, rue Deurbroucq où, jusqu’alors, aucun manifestant ne se trouvait. Pensant avoir trouvé un endroit calme, nous le reposons au sol. À ce moment, l’un d’entre nous a appelé les pompiers.

Cependant, et contre toute attente, un rang de CRS et un camion anti-émeute, nous ont suivi. Ils arrivaient donc à nouveau dans notre direction. Les mains couvertes du sang de Quentin, je me suis alors avancée vers eux, doucement, le visage découvert et les mains en l’air pour leur faire signe d’arrêter. J’étais à quelques mètres d’eux et ils me voyaient. Ils ont visé le canon à eau sur moi et ont tiré.

Pendant ce temps, le reste du groupe avait à nouveau déplacé Quentin, cette fois-ci jusque dans un parking souterrain ouvert. Nous restons auprès de lui un long moment en essayant de le rassurer. C’est à ce moment que j’ai pris conscience de la gravité de sa blessure.

Un camion pompier arrive Quai de Tourville. Nous remontons Quentin dans la rue.

Les pompiers ne sortent pas immédiatement de leur camion. Ils demandent à tout le monde de se disperser.

Comme je tenais Quentin dans mes bras, je suis la seule à rester avec lui, au milieu de la rue. J’ai alors gardé Quentin dans mes bras un temps qui me semble être une éternité. Les pompiers ont mis beaucoup de temps à intervenir. Le brancard ne semblait pas être disponible. Ils semblaient aussi avoir peur de nous. Les pompiers se collaient à moi et à Quentin pour se protéger d’une « éventuelle » agression.

Enfin, ils ont amené une couverture de survie, enfin ils ont sorti un brancard, enfin ils l’ont emmené. »

pour terminer : encore et encore merci à vous tous, ça nous fait du bien de vous sentir près de nous. Le combat ne fait que commencer, nous voulons que les choses soient dites, soient sues. N’hésitez donc pas à transmettre ce mail.

Bien amicalement,

Famille Torselli – 5 mars 2014, via Infozone

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Bas les pattes sur le Jura Libertaire !

BAS LES PATTES SUR LE JURA LIBERTAIRE !

Le Jura Libertaire poursuivi par le ministère de l’Intérieur pour « diffamation » envers la Police.

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TÉLÉCHARGER L’AFFICHE – TÉLÉCHARGER LE FLYER

À l’été 2010, Brice Hortefeux porte plainte contre les sites web Indymedia Grenoble et Le Jura Libertaire, désignés comme « hostiles à la police » pour avoir relaté les exactions policières perpétrées dans le quartier populaire de la Villeneuve (banlieue de Grenoble). Après trois ans d’enquête, le plaignant est maintenant Manuel Valls et le procès du Jura Libertaire fixé au 14 novembre 2014.

Les ministres de l’Intérieur font leur travail, en protégeant « l’honneur » de leurs bandes armées. Quant à nous, nous défendrons dans les faits la liberté d’expression ainsi que la révolte des classes dangereuses contre la mafia capitaliste qui nous exploite et nous réprime. La CNT-Jura organise la solidarité avec Le Jura Libertaire.

Première soirée de soutien lors du week-end national de commémoration des victimes de crimes policiers, vendredi 14 mars à Hauteville-Lompnes (Haut-Bugey).

Que 1000 Jura Lib’ et Indy Grenoble fleurissent !

Autodéfense des médias libres ! Police hors de nos vies !

CNT JURA – BP 98, 39140 BLETTERANS CC

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Des nouvelles de Tarnac (2)

Ussel (Corrèze). Le projet de territoire lancé en 2010 par le fonds de dotation se traduira par un chantier, cet été

Les Tarnacois du Goutailloux et d’ailleurs ont déployé un projet d’animation du Plateau avec, au cœur, la rénovation de la ferme.

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La ferme la plus célèbre de Tarnac entreprend des travaux de rénovation pour étendre ses activités.

Depuis 2010, les Amis [de la Commune] de Tarnac ont lancé un projet de territoire financé via un Fonds de dotation et une association. L’objectif : dynamiser le Plateau de Millevaches, la solidarité entre habitants et organiser des manifestations porteuses pour le territoire et sa vitalité. Chaque été, une animation phare draine ainsi son public sur le territoire. Des locaux mais aussi des extérieurs qui songeraient, pourquoi pas, à s’installer.

En 2012, avec les résultats de la première campagne de dons, l’équipe a pu organiser les Nuits du 4-Août, rameutant sur le week-end des centaines de personnes sur Peyrelevade pour des animations de rue, des conférences, des échanges. L’été dernier, un séminaire de philosophie sur l’état de l’occident a réuni, une nouvelle fois, 400 personnes sur le Plateau de Millevaches et autour du noyau dur des Amis de Tarnac.

Un projet de société

En plus des événements annuels, le Fonds a permis d’investir dans des séances cinéma gratuites dans la salle du bar du magasin général et d’ouvrir un atelier garage participatif. Autre grand axe esquissé par le fonds de dotation, peut-être le plus important mais de longue haleine : la rénovation du bâtiment principal de la ferme du Goutailloux de Tarnac, lieu privilégié de rencontres et de discussions qui accueille déjà de la formation agricole et aux métiers du bois.

Pour ce faire, un chantier d’un an et demi de travaux a été imaginé afin de donner au lieu une allure plus contemporaine avec bâtiment d’hébergement (rénové l’an dernier) et grange dont la restauration sera lancée cet été. « L’idée du fonds de dotation est de permettre de financer des initiatives non lucratives et d’intérêt général à caractère social, écologique et solidaire pour le territoire, précisent les Amis de Tarnac. Sur la ferme, nous avons déjà refait la toiture et nous aménageons actuellement la partie hébergement. Notre atelier pôle bois construit déjà des modules pour des habitations. On était parti du constat qu’il y avait un besoin de se loger sur le Plateau mais un problème de prix du bâti pour beaucoup. Donc on a formé ceux qui le souhaitaient sur cette technique de modules pour qu’ils la mettent en pratique pour construire leur propre maison. Dans les prochains mois, le premier module de 72 m², fait à partir de produits locaux, devrait sortir de terre. »

Une démarche éco-responsable d’utilisation des essences locales, de transformation sur place (jusqu’à l’isolation avec des copeaux récupérés à la scierie), qui se traduira dans le chantier de rénovation de la ferme, cet été. « Les Compagnons bâtisseurs allemands ont choisi notre projet de chantier pour leur action annuelle, poursuivent les Amis de Tarnac. Ils viendront, en août, pour intervenir sur ce chantier collectif, ce sera l’occasion d’échanger également sur nos cultures, cela devrait être très intéressant. »

Le chantier est estimé à 200.000 €, autofinancés intégralement avec 70.000 € apportés par le fonds de dotation qui a déjà recueilli 40.000 €. « L’idée est de faire vivre le territoire. Chacun participe à son niveau. » Selon les Amis de Tarnac, 500 donateurs les soutiennent pour lancer leur projet de société sur un Plateau.

Leur presse (Magali Roche, LaMontagne.fr, 18 février 2014)

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[Flics, porcs, assassins] Wissam El-Yamni

Décès de mon frère Wissam : pour que l’enquête avance

Le 9 janvier 2012, mon frère Wissam est décédé suite à une interpellation par la police. Deux ans plus tard, l’enquête piétine : nous devons nous battre pour que justice soit faite.

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Dans la nuit du 31 décembre 2011 au 1er janvier 2012, mon frère Wissam el-Yamni tombe dans le coma après avoir été interpellé par la police. Il meurt neuf jours plus tard. Deux ans après ce drame, notre famille cherche toujours à connaître les raisons de sa mort. Au-delà de la souffrance physique et mentale que mon frère a subie, au-delà de notre souffrance de ne plus le voir assis autour de la table à nous faire rire, nous sommes très en colère de la manière dont l’enquête et les analyses médicales sont menées et avons le sentiment que beaucoup refusent de rechercher la vérité.

Aidés par nos avocats, nous continuons à nous battre pour obtenir justice et lançons une pétition sur Internet car nous ne pouvons pas accepter ce traitement. Nous demandons des réponses aux questions qui nous semblent légitimes. Je vais tenter ici d’expliquer tous les évènements, les hypothèses qui ont été évoquées et tout ce qui donne à notre famille l’impression de vivre un mauvais film.

Les faits

Le soir du 31 décembre 2011, mon frère est arrêté, soi-disant pour avoir jeté des pierres sur un véhicule de police. Quelques dizaines de minutes plus tard, au commissariat de Clermont-Ferrand, il est allongé inconscient face contre terre dans le couloir, le pantalon baissé et sans ceinture. Que s’est-il passé entre temps ? Il arrive à l’hôpital avec le visage très marqué et de gros bleus dans le cou.

La première équipe médicale qui l’examine évoque une strangulation. Quelques heures après les faits, des témoins et des procès-verbaux mentionnent des photos prises qui devraient être jointes au dossier mais qui ont disparu. Le lendemain, l’équipe médicale prend des photos (voir pièces jointes). Plusieurs jours plus tard, la police en fait à son tour : à ce moment, les marques au visage ont déjà cicatrisées et sont beaucoup moins visibles. Le 9 janvier 2012, Wissam décède.

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L’enquête de l’IGPN

Dans les jours qui suivent, l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN) est censée réaliser une enquête sur cette mort suspecte, et alors que le scandale provoque des émeutes dans Clermont-Ferrand. Le récit des faits par les policiers est confus, incohérent : le procureur lui-même annonce qu’au maximum trois voitures étaient présentes sur les lieux de l’interpellation (un parking) – on apprendra plus tard qu’il y en avait une dizaine, les policiers disent que Wissam était conscient lors de son arrivée au commissariat et que, si son pantalon était baissé, c’est parce qu’il l’avait accroché à une porte lors du transport (nous n’avons aucune explication sur la disparition de sa ceinture, alors qu’on le voit avec sur une vidéo sur ces mêmes lieux !).

Surtout, ils racontent qu’ils ont utilisé la technique du « pliage » pendant le transport, c’est-à-dire qu’ils lui ont maintenu la tête entre les genoux, ce qui l’aurait empêché de respirer. Cette technique a été utilisée jusqu’en 2003 par la police de l’air et des frontières lors des opérations de reconduite à la frontière de clandestins. Elle a été interdite car elle a provoqué deux décès – mais durant des durées de transport beaucoup plus longues que celle de Wissam. C’est pourtant cette hypothèse que les agents de l’IGPN retiennent : pour eux, le décès de Wissam est dû à ce « pliage » – avant même les résultats de l’autopsie ! Nous n’avons jamais cru à ce scénario, monté de toutes pièces, et qui cherche à mettre la mort de Wissam sur le compte d’une simple erreur.

L’ouverture de l’enquête par le procureur

Le procureur de Clermont-Ferrand ouvre une information judiciaire dont le chef d’inculpation devient après la mort de Wissam « violences volontaires par personnes dépositaires de l’autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Il vise les deux policiers de la brigade canine qui ont procédé à l’interpellation et transporté Wissam au commissariat. Ces policiers n’ont pas la moindre égratignure, difficile de croire qu’ils ont fait preuve de la force strictement nécessaire : Wissam n’était pas un danger et plusieurs policiers affirment d’ailleurs qu’il était parfaitement calme.

Les trois juges d’instruction qui se sont depuis succédé sur ce dossier n’ont jamais pu réaliser d’enquête sérieuse. De nombreux témoins étaient présents lors de l’interpellation, et même dans le commissariat, et leur version diverge de celle des policiers. Pourtant, ils n’ont jamais été interrogés par la justice, malgré la demande expresse de nos avocats. De même, ils ont toujours pas examiné les vidéos des caméras de surveillance du commissariat ou écouter les communications radio entre les véhicules de police, et notamment celles des deux voitures sur lesquelles se portent les soupçons. Cette enquête n’est jamais allée plus loin que les conclusions arrangeantes de l’IGPN.

La première autopsie et l’hypothèse du pliage

Une première autopsie est réalisée le 11 janvier 2012. Le médecin légiste n’a pas le rapport médical de l’hôpital et ne prend pas en compte la cicatrisation des blessures. Wissam est autopsié comme s’il venait de mourir. Les différentes fractures à l’arcade et aux côtes, en voie de cicatrisation lors du coma, ne sont pas relevées.

Finalement, le médecin valide l’hypothèse de l’IGPN – qu’il a rencontrée et qui lui a donné une fausse version des faits. Les marques au cou ne seraient que des marques de frottement de vêtements : comment expliquer de tels bleus par de simples frottements ? De même, pour lui, le décès de Wissam est dû au pliage.

Il explique qu’il est mort d’« une compression des artères carotides internes, à l’origine d’un ralentissement de la circulation sanguine et de la perte de connaissance » et que cette compression résulterait d’une structure particulière des os de la tête, « des os temporaux en avant des conduits auditifs, excroissances […] qui sont particulièrement longues ». Mon frère était un grand sportif avec un cœur solide. Comment aurait-il pu mourir d’avoir eu la tête entre les genoux quatre à cinq minutes ? Et quel est le rapport entre une compression du cou et un pliage ? Aucun. Cette hypothèse sera reprise par le procureur pour écarter la suspicion d’une mort d’origine traumatique, une version largement diffusée par la presse.

Le corps non-conservé rend impossible toute expertise antérieure

Nous demandons immédiatement une contre-autopsie. Mais la justice refuse et souhaite d’abord faire une expertise. Pendant ce temps, rien n’est fait en parallèle pour que l’enquête avance, comme s’il fallait la faire durer pour mieux l’enterrer. C’est d’ailleurs toujours le cas aujourd’hui.

Autre problème : pendant six mois, le corps de Wissam n’est pas placé en chambre froide et aucune mesure n’est prise pour le conserver. Du fait de la décomposition, la contre-autopsie du second médecin légiste ne peut se baser que sur le dossier médical. Nous enterrons enfin mon frère en juin 2012, soit six mois après son décès.

L’ « expertise » et la thèse du « cocktail toxique de drogues »

À notre grande surprise, l’expertise est réalisée par le même médecin légiste que la première autopsie, comme s’il fallait lui donner un moyen de « se rattraper » avant la contre-autopsie. Pourquoi lui donner l’opportunité de faire une expertise de sa propre autopsie, qui devrait elle-même être une expertise ?

Le médecin revient alors sur son hypothèse du « pliage » et soutient cette fois que Wissam est mort à cause d’un « cocktail de drogues ». Or, les quantités de drogues retrouvées sont en faibles quantités et ne sont pas létales, même en cas de mélange.

La contre autopsie de juin 2012 à avril 2013

La deuxième autopsie est quant à elle réalisée par un médecin de Poitiers, d’où vient justement le procureur de Clermont-Ferrand. Les résultats devaient nous être transmis en septembre 2012, ce qui est déjà anormalement long, mais ils sont repoussés pendant presqu’un an, jusqu’en avril 2013.

Encore une fois, plusieurs éléments de cette seconde autopsie sont critiquables. Tout d’abord, le médecin a accès aux premières conclusions, ce qui peut influencer son appréciation. De plus, l’expertise cardiologique est réalisée par un expert en médecine générale (pourtant, la cour d’appel de Poitiers a bien un expert cardiologue enregistré). Si c’est bien une radiologue qui analyse les blessures, cette dernière n’est en revanche pas inscrite sur la liste des experts de la Cour et elle n’utilise que les radios réalisées plusieurs jours après le drame – alors qu’elle a les plus récentes.

Le problème des photos

Des photos ont été prises par la police le 1er janvier 2012 mais elles n’ont jamais été versées au dossier. À l’origine, seules y figuraient des photos prises plusieurs jours plus tard, alors que les marques avaient largement cicatrisées. Or, ces photos ont été présentées comme étant celles du 1er janvier. Lorsque nous les avons vues, nous les avons immédiatement contestées, ayant nous-même, ainsi que l’hôpital, pris des photos les 2 et 3 janvier sur lesquelles les marques sont beaucoup plus visibles.

En novembre 2012, la chambre d’instruction a ordonné une datation des photos dans le dossier ce qui, à ce jour, n’a toujours pas été fait.

Une nouvelle contre-expertise en cours

En juin 2013, nous faisons une nouvelle demande d’expertise, menée par de véritables experts. Faute de réponse, nos avocats saisissent la chambre d’instruction en novembre 2013. Un jour avant qu’elle ne se prononce, le 14 janvier 2014, le juge d’instruction désigne enfin un collège d’experts

On nous dit que cette expertise aura lieu dans les cinq mois, ce qui est anormal. De plus, il est clair qu’elle n’aura aucune valeur si elle se base encore une fois sur les mauvaises photos. Mais le procureur dit à la presse que la justice est déterminée à rechercher la vérité. Nous avons encore espoir en la justice mais nous espérons que cette expertise ne débouchera pas sur une énième fuite sur les raisons de la mort de Wissam. La justice va-t-elle enfin faire preuve de transparence ?

Nous nous battons parce qu’on ne peut pas accepter de supprimer la vie de Wissam comme on écraserait un insecte. Wissam était très aimé, il n’était pas un insecte. Nous nous battons aussi pour vous, vos amis, vos enfants, pour qu’ils soient en toutes circonstances protégés des autres et d’eux-mêmes. Si vous les aimez, si vous vous aimez, il est de votre devoir comme du nôtre d’agir pour bâtir une société juste, fraternelle. On est tous Wissam.

Farid EL-YAMNI – maveritesur.com, 26 février 2014

 

Mort après avoir été interpellé : bataille d’expertises médicales

Deux ans après la mort de Wissam El Yamni, tombé dans le coma suite à son interpellation le 1er janvier 2012, la justice s’enlise dans les rapports médicaux.

Il y a deux ans, Wissam El Yamni, chauffeur-routier clermontois de 30 ans, décédait après neuf jours de coma au CHU de Clermont-Ferrand, où il avait été conduit inanimé par les policiers après une interpellation houleuse la nuit du 1er janvier 2012. Le jeune homme était manifestement comateux dès son arrivée au commissariat où les policiers l’avaient déposé dans un couloir face contre terre, menotté et le pantalon abaissé.

Depuis, trois juges d’instruction se sont succédé sur le dossier. Aucun d’eux n’a entendu les deux policiers de la brigade canine, visés nommément par le réquisitoire introductif. Et pas davantage les témoins, malgré les demandes répétées des avocats de la famille de Wissam El Yamni. Mais le 15 avril 2013, le procureur de la République de Clermont-Ferrand, Pierre Sennès, s’était empressé de convoquer une conférence de presse pour annoncer les résultats d’une expertise, arrivée à peine trois jours plus tôt sur le bureau du juge d’instruction. « Nous n’avions même pas encore eu connaissance du rapport », s’étrangle Me Jean-Louis Borie, un des deux avocats de la famille El Yamni. La raison de cet empressement ? Ce dernier rapport écarte toute responsabilité policière dans l’arrêt cardiaque du jeune homme, causé selon l’expert par « une action toxique aiguë de la cocaïne » associée à l’alcool et à une autre molécule (pseudoéphédrine). Le taux de cocaïne (4 ng/ml) relevé est très en deçà du seuil minimal de détection utilisé pour le dépistage routier (50 ng/ml). Mais selon l’expert, médecin légiste au CHU de Poitiers, même à ces concentrations, « cette situation créait un risque important et connu de troubles de la conduction cardiaque (attestés par un allongement du QT) ». Dans cette bataille d’expertises médicales, chaque détail compte : le juge d’instruction avait fait appel à un expert de la cour d’appel de Poitiers, ville où exerçait auparavant le procureur de la République de Clermont-Ferrand. Une coïncidence que les avocats de la famille trouvent « un peu curieuse ».

Dans son premier rapport de synthèse, l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), chargée de l’enquête, avait d’abord envisagé la piste d’une mort consécutive à une « compression des artères carotides internes » lors du transport de Wissam El Yamni après son interpellation. Elle mettait en cause la technique policière du « pliage » consistant à maintenir la tête appuyée sur les genoux pour contenir une personne agitée. Une hypothèse exclue par l’expert de Poitiers, de même que celle d’une strangulation, avancée par la famille au vu des ecchymoses sur le cou du jeune homme et de la disparition de la ceinture qu’il portait ce soir-là. Lors de son admission aux urgences dans la nuit du 1er janvier 2012, le dossier médical mentionne des « traces de strangulation au niveau de la région cervicale ». La dernière expertise requalifie ces traces de simple « frottement par les vêtements » ou « frottement appuyé sur une surface »… Quant à la « fracture du nez et de l’orbite gauche » révélée par le premier scanner, il s’agit selon l’expertise de « lésions osseuses anciennes, très antérieures aux événements » au caractère « bénin », du type de celles causées par un coup de poing.

Sceptiques, les avocats de la famille ont fait appel au chef du service de cardiologie du CHU de Clermont-Ferrand, qui dément ces conclusions. Dans son rapport du 29 juillet 2013, le professeur estime que les anomalies relevées à l’hôpital sur l’électrocardiogramme du jeune homme (allongement du QT) n’étaient pas liées à la prise de cocaïne, mais au fait que le patient était alors maintenu en hypothermie par le personnel soignant pour éviter des dommages neurologiques. « Soit l’expert de Poitiers est incompétent, soit il est très malhonnête, affirme Me Jean-François Canis. Les électrocardiogrammes étaient forcément anormaux, puisque Wissam était sous sédation. Et on a essayé de nous faire croire qu’on pouvait en tirer des conclusions sur la cause de sa mort. » La famille a donc demandé une contre-expertise sur laquelle la chambre de l’instruction devrait trancher dans les prochaines semaines, selon Me Jean-Louis Borie.

Autre curiosité, l’expertise de Poitiers s’appuie principalement sur les photos prises lors de l’autopsie du 11 janvier 2012, soit après neuf jours de coma artificiel. « Ce qui a laissé le temps aux blessures de cicatriser », note Farid El Yamni, 27 ans, le frère de Wissam. La famille s’est pourtant battue pour que soient versées au dossier neuf photos réalisées par le CHU de Clermont-Ferrand le 1er ou le 2 janvier 2012, sur lesquelles les ecchymoses au visage et les marques rouges au niveau du cou sont bien plus visibles. Ce sont deux de ces photos que nous publions aujourd’hui, à la demande de Farid El Yamni. « Nous aurions préféré ne pas avoir à les montrer, mais puisque les experts et le procureur racontent n’importe quoi… », regrette le jeune ingénieur.

C’est le chef du service anesthésie et réanimation du CHU de Clermont-Ferrand qui avait finalement dû remettre lui-même ces neuf photos à la justice le 13 juin 2012, plus de six mois après la mort de Wissam El Yamni. « Les médecins nous ont dit que lorsque la police des polices était passée récupérer le dossier médical, les enquêteurs n’avaient pas tout pris et avaient laissé ces photos », s’étonne Farid El Yamni. Qui s’interroge également : « Pourquoi l’expert a-t-il utilisé les photos du 11 janvier alors qu’il avait celles du 2 janvier ? Parce qu’elles montrent des éléments plus compromettants ?»

En attendant, l’information judiciaire pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l’autorité publique » (un crime passible des assises) semble encalminée. Jean-Christophe Riboulet, le doyen des juges d’instruction de Clermont-Ferrand, en charge du dossier, a quitté ses fonctions fin août 2013 sans être remplacé. À charge pour les trois juges d’instruction restants de reprendre les 85 affaires de son cabinet. « En pratique, elles ne pourront pas être instruites, regrettait Jean-Christophe Riboulet peu avant son départ. Seules les urgences vont être traitées. Comme les dossiers des personnes détenues, par exemple. Matériellement, on ne peut pas faire autrement. » C’est la juge d’instruction Véronique Drahi qui a hérité de l’enquête sur la mort de Wissam El Yamni. « J’espère que la juge va reprendre le dossier en main, et mener a minima l’audition des policiers », indique Me Jean-Louis Borie, qui craint que l’affaire ne s’éteigne sous les rapports médicaux. Le Défenseur des droits, qui s’était autosaisi du dossier, n’a lui non plus toujours pas entendu les policiers. Il devrait rendre sa décision au premier semestre 2014.

Leur presse (Mediapart, 31 décembre 2013)

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L’antiterrorisme est un mode de gouvernement

Le groupe de Tarnac : « L’antiterrorisme est un mode de gouvernement »

L’antiterrorisme est magique. Il a non seulement l’art de faire passer des chihuahuas pour des loups, mais en outre celui de faire taire toute protestation à son sujet. Deux lycéens de 15 et 16 ans dont on s’alarmait en janvier, entre compassion et surprise, qu’ils aient pris le chemin de la Syrie sont ainsi devenus à la fin du mois des « apprentis djihadistes » sous contrôle judiciaire. Et nul ne moufte. Deux gamins mis en examen pour « participation à une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste », deux gamins ramenés de Turquie par des proches et cueillis à leur retour par la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) en guise de comité d’accueil. Tout est dans l’ordre, passons à la suite.

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Les deux amis étaient partis le 6 janvier avec l’intention de rejoindre les jeunes Français qui se battent au côté des djihadistes contre le régime de Damas.

Un enquêteur qui déclare qu’il s’agit en fait de « décourager les autres petits jeunes radicalisés sur Internet qui auraient l’intention de se rendre là-bas », qui déclare donc que l’on inculpe des gens pour intimider les autres, et nul ne s’en émeut. Un ministre de l’intérieur qui multiplie par trois le nombre, déjà gonflé par les services, des Français qui seraient actuellement en Syrie à combattre l’armée de Bachar Al-Assad, et personne pour noter la magouille.

Il faut dire que sans le genre de petites opérations de terreur discursive dont l’antiterrorisme est coutumier, on n’aurait pu si simplement tordre le cou à l’évidence. Ce qu’il y a de sidérant, c’est évidemment que depuis trois ans on laisse un peuple se faire massacrer, bombarder, torturer, gazer par tout un appareil contre-insurrectionnel déchaîné, et non que des jeunes gens trouvent cela intolérable et décident d’agir en conséquence.

C’EST EUX OU NOUS

Moralement, il est vrai, c’est eux ou nous : ou bien nous sommes des lâches, des cyniques, des cœurs tannés qui assistent tranquillement au carnage du fond de nos sofas, ou bien nous avons affaire à des « monstres embrigadés en un mois sur Internet » au terme d’un « processus d’autoradicalisation fulgurant ».

Ici, gober le bobard est le prix à payer pour notre confort moral. En d’autres temps, on n’aurait pas attendu pour monter des brigades internationales de volontaires auxquelles auraient participé de futurs George Orwell, et c’est bien sûr de ne l’avoir pas fait que nous avons, en lieu et place, des Brigades Al-Nosra et des otages. Rééduquer par l’antiterrorisme des gamins de 15 ans, voilà qui permet à bon compte de faire un peu oublier la contradiction saignante entre la position officielle de la France envers le régime syrien et sa paralysie effective. Nous disions, à peine arrêtés, que l’antiterrorisme ne ciblait pas centralement ceux sur qui il s’abat, mais l’ensemble de la population ; qu’il n’était donc pas une procédure judiciaire, mais un mode de gouvernement.

Depuis lors, les révélations d’Edward Snowden sur les activités de la NSA ont achevé d’en administrer la preuve : c’est au nom de l’antiterrorisme que l’on espionne la totalité de la population, et au nom de l’antiterrorisme que Barack Obama entend rendre cela acceptable.

Comme s’en expliquait le Napoléon III de Maurice Joly dans ses dialogues imaginaires entre Machiavel et Montesquieu, cela ne pose aucun problème puisqu’« il n’y aura que les factieux qui souffriront de ces restrictions ; personne d’autre ne les sentira ». Il suffit pour cela d’organiser l’anesthésie générale, et l’amnésie en temps réel.

Les politiques encouragent et les magistrats assument. C’est par une application raffinée de la loi que l’on met en examen deux élèves de seconde « pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Raffinement qui permet de leur reprocher d’avoir voulu se rendre dans un pays étranger où ils auraient pu rejoindre des groupes, qui eux-mêmes auraient pu les amener à éventuellement commettre des faits délictueux à leur retour en France.

ABRITÉS DERRIÈRE LE SECRET-DÉFENSE

On ne s’embarrasse même plus de démontrer une intention malfaisante, le crime est désormais défini par son anticipation même. L’affaire de Tarnac elle-même est si peu une simple aberration de l’ère Sarkozy que l’instruction se poursuit à ce jour.

Abrités derrière le secret-défense, depuis le silence feutré de leurs bureaux, policiers et magistrats continuent de préserver et d’étendre le domaine de la lutte antiterroriste – que leur travail consiste, dans notre cas, à ne rien faire n’est en rien contradictoire. Avec le temps, on oubliera bien qu’il y a jamais eu une « affaire de Tarnac » et qu’elle mettait à nu la logique même de cette lutte.

Sur ce point comme sur les autres, un changement de gouvernants n’altère en rien la physionomie générale du gouvernement. Il n’y a pas de droite ni de gauche en matière antiterroriste. Si les nouveaux locataires du pouvoir ne peuvent que reprendre à leur compte la construction sarkozyste de « l’ultragauche tendance anarcho-autonome », c’est que l’antiterrorisme est en lui-même une politique.

Le Parti socialiste n’a pas plus le pouvoir d’être socialiste que celui de sortir du paradigme mondial, libéral de la sécurité. Quant aux magistrats, n’en parlons pas : comment oseraient-ils contredire la police de la société ?

Par Christophe Becker, Mathieu Burnel, Julien Coupat, Bertrand Deveaud, Manon Glibert, Gabrielle Hallez, Elsa Hauck, Yildune Lévy, Benjamin Rosoux, Aria Thomas, mis en examen dans l’« affaire de Tarnac », notamment pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » – LeMonde.fr, 14 février 2014, mis à jour le 16 février.

 

France : un cyber-djihadiste condamné

Le cyber-jihadiste Romain Letellier, animateur d’un site internet francophone qui avait, sous le pseudonyme d’Abou Siyad Al-Normandy, publié des traductions en français de la revue de propagande d’Al-Qaïda a été condamné aujourd’hui à un an de prison ferme. Le tribunal correctionnel de Paris l’a déclaré coupable d’apologie et provocation au terrorisme et l’a condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis.

Son avocat Me Thomas Klotz a estimé cette peine « un peu lourde », mais ne devrait pas faire appel. Son client, qui a déjà effectué près de six mois en détention provisoire, sera « très rapidement accessible à une mesure de libération conditionnelle », a-t-il ajouté. Dans son réquisitoire, le procureur Annabelle Philippe a évoqué le « jihad médiatique » sur internet, « nouveau vecteur de propagande des terroristes ». Elle avait requis trois ans de prison, dont la moitié avec sursis. La magistrate s’en est prise à l’attitude du prévenu, qui a publié des textes glorifiant notamment les attentats du marathon de Boston en 2013 et « qui nous répond aujourd’hui ‘j’ai fait une grosse bêtise' ».

Cheveux longs noués en catogan, longue barbe, le prévenu a exprimé des regrets et cherché à minimiser les faits. La publication sur le site de traductions en français de la revue de propagande d’Al-Qaïda Inspire, publiée en anglais, était « une erreur, je le reconnais », a déclaré le jeune homme, musulman converti à l’âge de 20 ans qui a grandi dans une famille « athée et communiste ».

Cette revue est publiée depuis le Yémen. Elle a été rédigée par un Américain d’origine pakistanaise, Samir Khan, et l’influent imam américain d’origine yéménite Anwar Al-Awlaqi en était un fréquent contributeur. Tous deux ont été tués par des tirs de drone américain au Yémen.

Romain Letellier avait justifié la publication de traductions de la revue par « devoir d’information ». Le tri qu’effectuait Romain Letellier dans les passages de la revue consistait principalement à supprimer les éléments « techniques », comme des plans de sabotages. Pourtant, sur le site, il avait expliqué que s’il avait effectué un tri, c’est « pour notre propre sécurité et celle des traducteurs ». « Mon but c’est pas d’inciter les gens à faire des choses en France ou aux États-Unis », a-t-il assuré.

Quid du message « Malheur à la France et malheur à son peuple » accompagné d’une photo de la Tour Eiffel, publiée sur le site ? « À ce moment-là, j’étais pas fier d’être Français », a expliqué le prévenu, qui reproche à la France « d’être trop complaisante avec les Américains ». Pour lui, il s’agissait d’un « mouvement d’humeur passager ». Son avocat, Thomas Klotz, s’est dit « certain » que son client « ne représente aucun danger ».

Romain Letellier avait été arrêté le 17 septembre dernier par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) dans le Calvados, où il réside. Son placement en détention provisoire avait été une première depuis une loi de décembre 2012, adoptée après l’affaire Merah, qui permet de placer en détention provisoire une personne mise en examen pour apologie d’actes de terrorisme ou provocation au terrorisme.

Leur presse (LeFigaro.fr avec l’Agence Faut Payer, 4 mars 2014)

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[Brésil] L’antiterrorisme travaille

Mondial : le Brésil resserre l’étau sur les manifestants violents

Les autorités brésiliennes ont les protestataires radicaux dans le viseur à l’approche du Mondial et sont déterminées à juguler tout débordement violent susceptible d’entacher la grande « fête » du football.

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Un manifestant face aux forces anti-émeutes, le 26 février 2014 à Rio de Janeiro.

Une répétition à l’identique de la fronde sociale massive qui avait ébranlé le pays en juin 2013 semble peu probable à en croire les sondages d’opinion.

Mais les manifestations demeurent la principale préoccupation sécuritaire des autorités qui vont mobiliser 170.000 policiers et militaires dans les 12 villes hôtes.

Unies sous le slogan « La Coupe n’aura pas lieu », l’extrême gauche et la nébuleuse néo-anarchiste brésilienne restent farouchement mobilisées. Et si elles ne rassemblent plus guère à chaque fois que 1.000 à 2.000 protestataires, les manifestations de Rio de Janeiro et Sao Paulo dégénèrent systématiquement en affrontements brutaux entre militants anarchistes des Black Blocs et une police militaire (PM) aux méthodes brutales.

La mort d’un caméraman de télévision, atteint en pleine tête par une fusée d’artifice lancée par des manifestants, le 6 février à Rio, a suscité une grande indignation dans le pays et un net durcissement du gouvernement. « Nous n’aurons aucune complaisance avec ça, il faut réprimer », a lancé la présidente de gauche, Dilma Rousseff.

Elle a ravivé le débat parlementaire sur un double front : durcissement en vue du code pénal pour punir les débordements, et élaboration d’une loi anti-terroriste prévue de longue date mais qui a peu de chances d’aboutir avant le Mondial.

Certains parlementaires souhaitent qualifier en « actes de terrorisme » les violences des militants radicaux. Mais le Parti des travailleurs (PT, gauche) au pouvoir, qui a lui-même un long passé de manifestations, marche sur des œufs et cherche un délicat équilibre entre préservation du droit à manifester et sécurité.

« Le terrorisme est une chose, d’autres crimes relèvent d’autres qualifications », a souligné le ministre de la Justice, José Eduardo Cardozo, favorable à l’interdiction de manifester le visage masqué. « D’un côté nous devons garantir la liberté de manifestation, y compris en protégeant les manifestants qui veulent s’exprimer démocratiquement. De l’autre, nous ne pouvons tolérer que des personnes se servent des manifestations pour tuer, blesser ou casser », a expliqué le ministre.

Sur le terrain, la police militaire, mal formée au maintien de l’ordre, tente laborieusement depuis des mois d’adapter ses méthodes.

Policiers « ninjas »

Lors d’une manifestation « anti-coupe » le 22 février, elle a inauguré à Sao Paulo une nouvelle tactique qui pourrait faire école : marquage au maillot des manifestants par des policiers marchant à leurs côtés et recours à des policiers « ninjas » experts en arts martiaux pour limiter l’usage des armes non-létales. Une dispersion « préventive » avait ensuite eu lieu avec gaz lacrymogènes, encerclement et arrestations aveugles de plus de 200 manifestants et de journalistes sur la seule base d' »informations » portant sur l’imminence de troubles…

Sans l’avouer publiquement, les 12 villes-hôtes traînent des pieds pour installer les « fans-fests » exigées par la Fifa, où des dizaines de milliers de supporteurs sont censés assister aux rencontres sur des écrans géants. Elles rechignent à de nouvelles dépenses publiques impopulaires en année électorale. Et craignent que ces « fans-fests » ne deviennent des cibles de choix pour les militants anti-système.

De récentes scènes d’extrême violence entre supporteurs ultras ont également tiré la sonnette d’alarme à l’étranger. Au Brésil, on ne s’en inquiète pas trop : le hooliganisme est endémique autour de certains clubs (30 morts en 2013) mais la Seleçao n’a jamais suscité de passions violentes.

Enfin, le pays reste miné par une criminalité très élevée. La reprise en main par les forces de l’ordre d’une quarantaine de favelas de Rio, jusqu’alors infestées par le crime organisé, a fait baisser le taux d’homicides de plus de 40% dans la « Ville merveilleuse ».

Mais les trafiquants de drogue ont riposté ces dernières semaines, en tirant sur des policiers. Quant aux vols avec agressions, ils sont en forte recrudescence dans les quartiers touristiques de Rio depuis plusieurs mois.

« Le Brésil est préparé pour assurer la sécurité de ses citoyens et des visiteurs. Si besoin, nous mobiliserons aussi les forces armées », a assuré la présidente Rousseff. Rendez-vous dans 100 jours.

Presse terroriste (Agence Faut Payer, 4 mars 2014)

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[Montréal, samedi 15 mars] 18e manif annuelle contre la brutalité policière

18e Journée Internationale Contre la Brutalité Policière : Réagissons à la militarisation !

Cette année marque la 18e édition de la Journée Internationale Contre la Brutalité Policière (JICBP). Mais ça ne signifie pas que la brutalité n’existe que depuis 18 ans. Depuis que le premier corps policier a vu le jour, la brutalité, les abus, les injustices, le profilage (tout ce qui nous enrage) a vu le jour avec lui. Comme l’a si bien dit Yves Francœur, président de la Fraternité des policiers de Montréal : « Notre boulot, à la police, c’est la répression. Nous n’avons pas besoin d’un agent socio-communautaire comme directeur, mais d’un général. La police est un organisme paramilitaire ne l’oublions pas. »

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Ces dernières années auront d’ailleurs été un excellent exemple de cette répression sur la population alors que des milliers de personnes ont été arrêtées sous le motif de règlements discutables et dont la constitutionnalité est présentement contestée en cour. On pourrait aussi pointer l’ironie que Ian Lafrénière, porte parole du SPVM célèbre entre autres pour son portrait graffiti, est aussi un ancien militaire des forces canadiennes. Il a d’ailleurs récemment été agent de liaison en Tunisie pour venir en aide à la police pour contrôler les mouvements de révolte qui y avaient cours. (Parenthèse intéressante : le SPVM a, au moins une fois sinon plusieurs, refusé la candidature d’une personne sous prétexte qu’elle n’était pas suffisamment aggressive ! Dans un contexte international, à New York on ne peut faire partie de la police dépassé un certain niveau de QI !)

Sinon on peut aussi compter Jean-Loup Lapointe, assassin de Fredy Villanueva promu au SWAT team pour ses prouesses meurtrières, parmi les anciens militaires du SPVM. Mais on ne peut trop s’étonner que l’armée soit autant privilégiée chez la police québécoise quand on sait que tous les flics sont formés à Nicolet, une école-caserne où on rééduque ces individus en robots brainwashés qui répondent sans chigner aux ordres. D’ailleurs, après l’émeute de Montréal-Nord en 2008 la police a demandé conseil à l’armée pour mieux faire face aux soulèvements populaires, histoire de bien prouver l’alliance évidente entre la police et l’armée et contourner la loi qui empêche l’armée d’agir contre « son propre peuple ».

Alors que l’indignation populaire augmente face aux mensonges et aux atrocités des policiers et policières, leur arsenal de guerre augmente lui aussi. Et on ne peut que la remarquer cette militarisation. Pensons simplement à la scène surréaliste de Victoriaville au printemps 2012 et aux nombreuses victimes de cette même brutalité (étudiants et étudiantes, personnes racisées, itinérants et itinérantes, marginaux et marginales, and so on !), grenades assourdissantes, chars blindés, hélicoptères, fusils à balles de plastiques, masques à gaz, poivre de Cayenne, pistolets, taser en plus de leur traditionnelles matraques et boucliers. C’est là l’image de leur « justice ».

Devant tous les bleus que ces barbares nous ont donnés, nous donnent et continueront de nous donner, il faut montrer une colère noire, rouge, jaune, multicolore ! Ne nous perdons plus en querelles inutiles entre nous, l’ennemi c’est la police, mais surtout les gouvernements qui l’engagent et les compagnies (multinationales et monopoles capitalistes de toutes sortes) qu’elle protège au détriment du peuple. N’oublions pas David Lacour, Donald Ménard, Alain Magloire, qui ne sont que 3 victimes parmi une liste beaucoup trop longue de personnes innocentes tuées par le SPVM.

Ami-E-s, camarades, humains et humaines quoi ! Ce 15 mars, prenons la rue ensemble ! Parce que c’est notre silence qui laisse cette violence se perpétrer. Parce que nous subissons tous et toutes des oppressions systémiques. Parce que la rue nous appartient ! Parce que nous sommes la seule révolution possible !

Le Collectif Opposé à la Brutalité Policière

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