[Dijon] Communiqué CNT pour la manifestation de samedi 22 novembre

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Communiqué de l’UL CNT 21, pour la manifestation du 22 novembre 2014 à Dijon, 14h30 place Darcy, 16h place de la Libération, suite à la mort de Rémi Fraisse le 26 octobre sur la ZAD du Testet

La CNT 21 adresse ses condoléances aux proches de Rémi Fraisse, tué par la gendarmerie sur le site du projet de barrage de Sivens.

Elle réaffirme son implication dans la lutte contre l’agriculture productiviste et l’aménagement marchand du territoire dont ce projet est un exemple. Face à la surdité des décideurs, toujours prompts à servir les intérêts privés, nous soutenons l’occupation revendicative, constructive et créative des terres menacées et ne pouvons qu’approuver leur défense face aux attaques policières menées pour imposer ces projets par la force, au nom de la raison d’État, contre l’intérêt général.

La violence que nous dénonçons est celle de la police et de la gendarmerie. Cette nuit-là, 400 grenades ont été tirées en 2 heures pour défendre un parking désert ! L’usage des lanceurs de balles qui ont éborgné tant de personnes dans les manifestations et les quartiers populaires est un scandale, visant à instaurer un climat de terreur. L’homicide par grenades de guerre — prétendument « non létales » — en est le degré supérieur. Il était malheureusement prévisible qu’un tel drame se produirait. En l’absence de processus de désarmement des forces de l’ordre, il est à craindre que cela se reproduise.

Les manifestations qui ont suivi la mort de Rémi Fraisse ont été accompagnées d’arrestations préventives et massives, certaines ont été interdites. Nous dénonçons ceux qui ont tenté de maquiller les faits et encouragé cette répression en parlant de « casseurs » ou de « djihadistes verts » pour discréditer une résistance légitime. Nous assistons dans les media aux mêmes délires qui ont accompagnés les révoltes populaires de 2005 et 2007, ou qui ont présentés les militants de Tarnac en dangereux terroristes.

Ces manifestations se sont doublées d’une colère et d’un dégoût profond à l’encontre de la police, nourris par les innombrables victimes qu’elle laisse dans son sillage, en toute impunité. Nous refusons de distinguer entre « bons » et « mauvais » manifestants, tout comme nous refusons d’«appeler au calme », calme qui serait une paix des vainqueurs.

Nous réaffirmons que cette société capitaliste autoritaire génère par nature de tels événements, tout comme elle génère par nature l’exploitation, et détruit par nature l’environnement. Nous poursuivrons notre action dans la perspective d’un changement radical autogestionnaire.

UL CNT 21

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[Ces jours-là, ces nuits-là, nous étions tou(te)s présent(e)s !] Manif No Tav samedi 22 novembre à Turin

http://juralib.noblogs.org/files/2014/11/103.jpgCes jours-là, ces nuits-là, nous étions tou(te)s présent(e)s !

25 années de mensonges sur le TAV, voilà ce qui se dégage et que le mouvement No Tav dénonce depuis toujours.

Aucune estimation de coûts sérieuse, des financements européens toujours plus incertains, l’absence d’un projet exécutif et d’une d’analyse coûts-bénéfices recevable, mais surtout l’inutilité de ce projet milliardaire confirmée noir sur blanc par experts et techniciens de toute Europe. Que se passe-t-il maintenant ?

Ministres et politiciens intéressés uniquement par la sauvegarde de leur fauteuil et autres chargés du projet répètent comme une litanie “tout est réglementaire, le TAV se fera” et pendant ce temps la mafia remercie et les poches des habituels se remplissent.

Tous ces milliards qu’ils veulent dépenser pour le TAV, ils pourraient l’utiliser pour restaurer les écoles qui s’écroulent, pour mettre en sécurité les territoires, pour soutenir ceux qui sont restés sans revenu et sans maison et qui, malgré tous leurs efforts, n’arrivent pas à la fin du mois.

Ces faits ont toujours été clamés par les No Tav qui depuis toujours luttent pour bloquer ce projet inutile et dévastateur.

Le parquet de Turin, avec les procès au No Tav, tente d’arrêter le mouvement, en créant un précédent avec l’accusation de terrorisme dans l’objectif de voir tous les mouvements sociaux enquêtés avec des hypothèses criminelles.

Le 14 novembre, 9 ans et 6 mois ont été requis contre les No Tav Chiara, Claudio, Mattia et Niccolò, en prison depuis le 9 décembre dernier avec l’accusation de terrorisme pour acte de sabotage (l’incendie d’un compresseur) bien que la Cassation de Rome aie déjà exclu que l’on puisse parler de terrorisme. La sentence sera émise en décembre. Trois autres camarades sont en prison pour le même épisode en attente de procès.

Au mois de janvier, tombera également la sentence du maxi-procès contre 53 No Tav pour les faits du 27 juin et 3 juillet 2011, dates historiques de la lutte No Tav. Les procureurs ont demandé en tout presque 200 ans d’emprisonnement et plus de 2 millions d’euros pour dommage à personnes, matériel et à « l’image de l’État italien » !

CES JOURS-LÀ, CES NUITS-LÀ, NOUS ÉTIONS TOU(TE)S PRÉSENT(E)S !
LIBERTÉ POUR TOU(TE)S LES NO TAV

SAMEDI 22 NOVEMBRE
15h PIAZZA CASTELLO, TURIN

Comité No TAV Paris, 17 novembre 2014

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[Besançon vs Toufik de Planoise] Solidarité avec Toufik !

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Affaire des affiches « Toufik de Planoise » : suite et fin judiciaire

Dossier en appel qui m’oppose à la ville de ‪‎Besançon‬, pour avoir collé de la propagande sur des gouttières courant 2013. On pensait le procès renvoyé en l’absence d’éléments communiqués à temps, le tribunal a finalement décidé d’en terminer aujourd’hui. Pas de comité de soutien présent ce matin donc, juste moi et mon avocat. Au milieu d’un exhibitionniste et d’un fuyard de la route, on examine mon cas. Rien de neuf dans les faits et réquisitions : « Monsieur se permet de polluer cette ville agréable et saine avec ses visuels subversifs. » Énumération des quelques antécédents, tous du genre d’ailleurs, mention de l’absence de domicile, de travail et de revenus.

L’avocate générale en conclue cyniquement que « je ne fais rien de ma vie et pour la société. » Pas de réponses à la rhétorique du manque d’espaces d’expression et surtout d’un procédé largement utilisé y compris des plaignants. Sera juste cédé que « seize heures de travail facturées par la Mairie pour douze affiches c’est un peu excessif », et qu’une peine autre que pécuniaire est favorable par rapport à ma précarité importante. Reconnu coupable de « vandalisme », j’écope de soixante-dix heures de travail d’intérêt général et de 160€ de dommages et intérêts pour la « victime » qui en demandait plus du triple. Par rapport à la peine de première instance (plus de 800€), c’est mieux financièrement, pas vraiment top sur le reste.

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Entre cette créance, les près de 700€ de frais d’avocat, et les 90€ de procédure pénale, je m’en tire au total avec un peu moins de 1000€ spoliés, deux semaines de galère, et un casier alourdi désormais rédhibitoire à certaines fonctions. Voilà ce que je pouvais dire sur cet épilogue, qui s’achèvera avec la souscription publique prochainement mise en place. Les tenants du système ont de nouveau satisfaction via leurs institutions quant à la reconnaissance de leur totale hégémonie sur les voix dissidentes, mais le combat est loin de s’arrêter là et ne fait au contraire que commencer. Je tiens à remercier maître Schwendorffer pour son exercice, et toutes celles et ceux qui m’ont soutenu jusque là dont leurs mots et gestes ont été précieux.

Toufik de Planoise.net sur Facebook, 14 novembre 2014

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[Solidarité contre les violences policières] Témoignages des victimes ou familles de victimes réunies le 15 novembre à Montreuil

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Solidarité contre les violences policières, journée du 15 novembre 2014 à la Parole errante (Montreuil) avec les victimes ou familles de victimes réunies autour de la sortie du livre Permis de tuer du collectif Angles Morts paru aux éditions Syllepse.

• Raymond Gurême : Raymond Gurême 89 ans battu par des agents de la BAC chez lui. Ses enfants sont poursuivis pour avoir voulu défendre leur vieux père. http://audioblog.arteradio.com/post/3062424/raymond_gureme_violence_policiere/

• M. Camara : Les frères Camara ont été les deux révoltés de Villiers-le-Bel à avoir 15 ans et 12 ans de peine de prison après la révolte qui suivait la mort de deux adolescents Larami et Moushim percutés en scooter par une voiture de police en novembre 2007. http://audioblog.arteradio.com/post/3062423/m__camara__violence_policiere/

• Famille CheraftMourad Touat est mort à l’âge de 16 ans entre les mains de la police à Marseille. Sa mère et sa tante témoignent. http://audioblog.arteradio.com/post/3062422/mourad_touat__violence_policiere/

• Amal BentounsiAmal Bentounsi est la sœur de Amine tué d’une balle dans le dos à Noisy-le-Sec le 21 avril 2012. Collectif urgence notre police assassine. http://audioblog.arteradio.com/post/3062421/amal_bentounsi__violence_policiere/

• Joachim GattiJoachim Gatti a perdu un œil par un tir de flash ball le 8 juillet 2009. Collectif du 8 juillet. http://audioblog.arteradio.com/post/3062419/j__gatti___violence_policiere/

• M. Saounera : M. Saounera revient sur l’intervention policière qui a eu lieu chez lui le 17 octobre 2013 à 6 heures du matin. Insultes racistes, plusieurs coups sur tous les membres de la famille. La mère perd connaissance, tir de flash ball sur le voisin de 70 ans. Une accusation de vol qui s’avère fausse. La famille porte plainte contre ces violences, l’affaire est classée, mais par contre la police porte plainte et le fils de M. Saounera est toujours en mandat de dépôt et M. Saounera a eu une amende ! http://audioblog.arteradio.com/post/3062418/m__saounera__violence_policiere/

• Florica : Florica, la femme de Dorel Iosif Florea témoigne. Son mari a été abattu par la BAC à Montgeron le 29 juillet alors qu’il buvait un verre avec ses amis. Les policiers ne prendront pas la peine de prévenir les membres de la famille alors que Dorel Iosif Floarea était muni de plusieurs papiers d’identité où figurait son adresse. Voir blog atouteslesvictimesdesetatspoliciers. http://audioblog.arteradio.com/post/3062438/dorel_i__floarea_violence_policiere/

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Mailing – Audioblog Radiographie, 18 novembre 2014

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[Du sang sur les mains] La façade du Parti socialiste de Nantes a été intégralement repeinte en rouge

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Reçu ce 18 novembre 2014

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« Soutien stratégique de l’État français à la contre-révolution ouverte menée par Poutine, en Syrie comme en Ukraine » (Hurrah !!! ou la Révolution par les Cosaques – Éditions Antisociales)

BPC Russes – l’entrée de troupes russes en Ukraine poussera-t-elle Paris à trancher ? [LOL – NdJL]

L’Otan vient de confirmer l’entrée de troupes russes dans l’Est de l’Ukraine.

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Le Vladivostok peut emporter 16 hélicoptères, quatre chalands de débarquement, 13 chars, un état-major, 450 fantassins et un hôpital.

À l’instar de ce que prévoyaient l’ensemble des spécialistes de géopolitique, des troupes russes viennent d’entrer en Ukraine, lourdement armées, alors que les combats ont redoublé à Donetsk, aux abords de l’aéroport toujours tenu par les troupes loyalistes.

Ces deux derniers jours, « nous avons vu des colonnes d’équipements russes, des chars russes, des systèmes de défense antiaérienne russes, de l’artillerie russe, et des troupes de combat russes entrant en Ukraine », a déclaré le commandant en chef de l’Otan en visite à Sofia.

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Au lendemain d’élections fantoches tenues dans les zones contrôlées par les insurgés, Il n’y a donc plus aucun doute possible sur le fait que Moscou aide désormais directement les insurgés, avec un objectif très clair : leur permettre de contrôler les frontières administratives du Dombass, signant de facto une sécession avec l’Ukraine, à la manière de ce qui advint en une autre époque dans les Sudètes. La prochaine ville ciblée par les rebelles serait donc logiquement le port de Marioupol autour duquel les rebelles amassent troupes et matériels. (…)

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Leur presse (ActuNautique.com, 12 novembre 2014)

 

Russie et « Étranger proche » : retour sur une année dramatique

(…) En dernier ressort, c’est à n’en pas douter cette contestation de la Russie en tant que modèle qui est à l’origine de la crise ukrainienne : les images du « retour de la Crimée dans le giron de la Patrie » ou d’un « mouvement pro-russe du Donbass » fortement suscité par Moscou ont pour fonction essentielle de masquer au public russe ce que l’éviction de V. Yanoukovitch ou les infortunes de députés véreux jetés dans des bacs à ordures pourraient fort bien lui rappeler : qu’en Russie, autant qu’en Ukraine, la légitimité fonctionnelle des pouvoirs en place est des plus douteuses. (…)

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VOIR LA VIDÉO

Leur presse (Laurent Chamontin, Diploweb.com, 18 novembre 2014)

 

Russie : une ONG de mères de soldats russes classée « agent de l’étranger »

Les autorités russes ont classé ce vendredi comme « agent de l’étranger » un groupe de mères de soldats qui a demandé des comptes à Moscou sur la présence présumée de militaires russes dans l’est de l’Ukraine.

Apparemment, demander des comptes au Kremlin en pleine vraie-fausse guerre est une mauvaise idée. Un groupe de mères de soldat, qui s’interrogeaient sur la possible mort de neuf soldats russes près de la frontière ukrainienne, a été classé ce vendredi comme « agent de l’étranger » par les autorités russes.

Le ministère russe a annoncé dans un communiqué avoir enregistré sous cette classification une organisation appelée Mères de soldats de Saint-Pétersbourg (qui n’est pas la même que le Conseil des mères de soldats russes, ndlr). Cette dénomination, créée par une loi de 2012, oblige les ONG bénéficiant de financements étrangers et ayant une activité « politique » à s’enregistrer et à s’afficher dans toute communication ou activité publique comme des « agents de l’étranger », une expression datant de l’époque stalinienne.

Très influents, les comités de mères de soldats, dont certains sont plus proches du pouvoir que d’autres, dénoncent les abus dans l’armée et ont notamment fait grand bruit pendant les guerres de Tchétchénie dans les années 1990.

« Une centaine de soldats blessés à Saint-Pétersbourg »

Cette décision « va bien sûr compliquer notre travail », a déclaré Alexandre Gorbatchev, militant de l’organisation. « Cela sera plus compliqué pour nous de recevoir des informations de l’armée, des structures militaires ».

La directrice de l’ONG, Ella Poliakova, a fait parler d’elle ces derniers jours en Russie en demandant des comptes aux autorités, sur fond d’informations de plus en plus nombreuses sur la présence de troupes russes dans l’Est de l’Ukraine.

Sur la chaîne d’opposition Dojd, elle a évoqué l’arrivé à Saint-Pétersbourg d’une centaine de soldats blessés, s’interrogeant sur les raisons de cet afflux.

En tant que membre du Conseil russe aux droits de l’homme, elle s’était adressée en début de semaines au Comité d’enquête russe pour demander des informations sur la possible mort de neuf soldats russes près de la frontière ukrainienne.

Une source au ministère russe de la Défense a qualifié auprès de l’agence de presse Interfax les propos de M. Poliakova de « délire » et a relevé l’ajout des Mères de soldats de Saint-Pétersbourg au registre des « agents de l’étranger ».

Leur presse (LExpress.fr, 29 août 2014)

 

« Il n’y a pas de guerre en Ukraine », mais des soldats russes y meurent

Officiellement, aucun soldat russe ne combat en Ukraine. Mais les familles des soldats questionnent les circonstances de la mort de leurs enfants, parfois enterrés secrètement par l’armée.

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Des soldats russes à Krasnodarovka, à la frontière avec l’Ukraine. Selon le Comité des mères de soldats de Russie, 15’000 soldats combattraient en Ukraine.

Où sont leurs fils ? Leurs maris sont-ils en bonne santé ? En Russie, mères et épouses de soldats commencent à se faire entendre, alors que Moscou campe sur sa ligne officielle : il n’y a pas de soldats russes en Ukraine. Pourtant, depuis plusieurs jours, des éléments viennent contredire cette position.

Le leader des séparatistes prorusses a déclaré que 3000 ou 4000 soldats se battent à leurs côtés. Selon le Comité des mères de soldats de Russie, ils seraient entre 10’000 et 15’000. « Poutine viole non seulement les lois internationales, la Convention de Genève mais aussi la loi russe. Quant au commandant en chef des forces aériennes, il oblige ses hommes à combattre dans un pays étranger, l’Ukraine, quand leurs mères reçoivent des cercueils anonymes », déplorait Valentina Melnikova, présidente du Comité, dans une interview au Daily Beast.

Plus de signes de vie

À Kostroma, dans le nord de la Russie, 15 soldats sont revenus blessés en début de semaine. Selon des témoins, d’autres étaient dans des cercueils. Le mari de Valeria Solokova, rencontrée par l’AFP, ne figure sur aucune des deux listes. Avec environ 400 autres militaires, il a été envoyé à la frontière russo-ukrainienne pour participer à des exercices, mais ne donne plus signe de vie. Les soldats ne se manifestent plus sur les réseaux sociaux, observe Libération.

Valeria Solokova n’est pas seule à s’inquiéter pour un proche, envoyé à la frontière. Jeudi, des mères et des épouses ont tenté de manifester près de la base militaire du 331e régiment de la 98e division aéroportée de Kostroma. Les autorités leur ont interdit de sortir leurs banderoles et la presse a été priée de ne pas relater l’événement.

Hiérarchie muette

Parmi les mères de Kostroma, il y avait Olga Garina. Son fils, Yegor Pochtoyev, 20 ans, fait partie des 10 parachutistes capturés par l’armée ukrainienne en début de semaine, rapporte le Washington Post. Cette mère a appris la nouvelle par un voisin qui a vu l’information à la télévision, mais l’armée ne l’a jamais contactée. Avec d’autres, elle a demandé des explications et n’a obtenu qu’une entrevue de cinq minutes, sans réponse à la clé. Pour les familles, le discours est le même, « la seule chose qu’ils acceptent de nous dire, c’est qu’ils ne sont pas en Russie », explique Valeria Solokova.

Olga Garina et les autres mères des parachutistes ont fini par recevoir des signes de vie de leurs enfants. Certaines sont prêtes à faire le voyage jusqu’à Kiev pour aller les chercher, « même si c’est un piège », lâche l’une d’elle. Elles continuent à croire en l’administration russe, mais espèrent obtenir des réponses. Le comité des mères local en a même convaincu quelques-unes à publier cette vidéo (en russe), directement adressée à Vladimir Poutine.

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VOIR LA VIDÉO

D’autres ne reverront pas leur fils, même si leur pays n’est pas officiellement en guerre. Le conseil des droits de l’Homme rattaché à la présidence russe — qui entretient des rapports compliqués avec le Kremlin — rapporte le cas d’une mère qui a reçu le corps de son fils, parti pour des exercices militaires, dans un cercueil. Sur le certificat de décès, il est simplement indiqué « mort de ses blessures ». Où ? L’armée ne l’a pas précisé, relate USA Today. « Elle a joint d’autres soldats de son unité, ils lui ont expliqué qu’une centaine de soldats ont été tués dans la région de Donetsk », le 13 août, détaille Sergei Krivenko, président du conseil. Selon Reuters, environ 300 soldats auraient été blessés le même jour. Dans ce contexte, des parents se questionnent sur la mort de neuf soldats, officiellement à Rostov, une ville frontalière avec l’Ukraine.

Soldats fantômes

« Volontaires », « vacanciers » ou « frères de sang » dans la bouche des officiels russes et des séparatistes, ces hommes en armes circulent en Ukraine sans insignes et sans documents officiels, laissés à la frontière. « Je reçois des appels de familles demandant quoi faire, avec des conscrits forcés à signer des contrats pour être envoyés à la frontière », explique Lidia Sviridova du Comité des mères de Saratov. D’autres témoignages font état de documents signés sous la contrainte pour attester que les soldats sont volontaires.

La culture du non-dit entoure la guerre menée en Ukraine. À tel point que certains soldats sont enterrés dans le secret : à Pskov, dans le nord de la Russie, des parachutistes ont des tombes sans nom et sans photo, selon Le Monde. L’armée en dit le moins possible aux familles sur les circonstances de leur mort, les journalistes sont menacés lorsqu’ils tentent d’enquêter. Officiellement, « ces informations sont actuellement vérifiées par les autorités compétentes », a déclaré mercredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Le Comité des mères de soldats de Russie

Le Comité est une ONG de protection des droits des soldats fondée en 1989 qui a pour but de protéger les appelés malades, de lutter contre les mauvais traitements dans l’armée ou encore de défendre les déserteurs. Le Comité a notamment été médiatisé durant la première guerre de Tchétchénie, au cours de laquelle des mères sont allées chercher leurs fils dans la zone de guerre.

Leur presse (Marie Le Douaran, LExpress.fr, 29 août 2014)

 

Les mères de soldats russes pleurent les morts

REPORTAGE | N’étant pas officiellement en guerre, Moscou envoie ses hommes en Ukraine de manière clandestine, sans en avertir les familles.

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A Reuters reporter saw on Thursday a column of armoured vehicles and dust-covered troops, one of them with an injured face, driving through the Russian steppe just across the border from a part of Ukraine which Kiev says is occupied by Russian troops. None of the men or vehicles had standard military identification marks, but the reporter saw a Mi-8 helicopter with a Servicemen sit atop an armoured vehicle as they travel through the steppe near the village of Krasnodarovka in Rostov region August 28, 2014.

Pour Moscou, il n’y a toujours pas de guerre en Ukraine, mais pour les mères de soldats, cela commence à faire beaucoup de fils disparus, de blessés ou de corps qui doivent être enterrés. Quelque 15’000 militaires russes auraient été envoyés en Ukraine, a estimé la présidente du comité des mères de soldats russes, Valentina Melnikova, sur la chaîne de télévision indépendante Dojd. Plus de 100 de ces soldats russes ont été tués le 13 août dans la seule bataille de Snijne, dans la province de Donetsk, ont aussi rapporté Sergueï Krivenko et Ella Polyakova, qui font partie d’un conseil des droits de l’homme rattaché à la présidence russe. «Une colonne de soldats russes a été attaquée par des roquettes Grad et plus de 100 sont morts», a expliqué Sergueï Krivenko. «Quand des masses de gens sur des tanks, des véhicules blindés et munis d’armes lourdes se trouvent sur le territoire d’un autre pays après avoir franchi la frontière sous les ordres d’un commandant, j’appelle cela une invasion», a ajouté Ella Polyakova à l’agence Reuters.

Désespoir. La Russie n’étant pas officiellement en guerre contre l’Ukraine, elle envoie ses hommes de manière clandestine et irrégulière, sans insigne et sans garanties sociales pour les familles en cas de décès, observe Valentina Melnikova, du comité des mères de soldats russes. Mais de plus en plus de parents inquiets s’adressent aux antennes locales de l’organisation : certains conscrits auraient été forcés à signer des contrats, d’autres disent qu’ils seront prochainement envoyés à Lougansk. Les comités régionaux des mères de soldats recensent un nombre grandissant de blessés : il y en aurait 100 dans les hôpitaux de Saint-Pétersbourg. L’antenne de Stavropol cherche à compléter une liste de 400 tués ou blessés, et s’est adressée au comité d’enquête pour élucider les conditions dans lesquelles auraient péri onze contractuels daghestanais, entre le 9 et le 11 août, pendant des manœuvres sur un polygone, dans la région de Rostov. De plus en plus de familles disent avoir récemment perdu tout contact avec les appelés ou contractuels, censés être en train d’accomplir des manœuvres militaires dans la région de Rostov. Les soldats ne se manifestent plus sur les réseaux sociaux, tandis que les réponses du commandement, quand elles sont obtenues, sont au mieux évasives. Elena, de Kostroma, lance un cri de désespoir sur le site de la radio Écho de Moscou : «Mon mari a été envoyé il y a une semaine « pour des manœuvres dans la région de Rostov ». Cela fait une semaine qu’il ne me contacte plus. Trois soldats de son régiment sont déjà morts, mais personne ne sait où ils sont et quand ils rentreront. Tout le monde comprend qu’ils sont en Ukraine, mais nous ne savons pas quoi faire.»

Ne pas se taire, porter plainte, exiger des réponses, martèle Valentina Melnikova. Mais si la guerre avec l’Ukraine n’en est pas une, ses victimes n’existent pas. Plusieurs médias indépendants russes (Dojd, Slon.ru ou Novaïa Gazeta) ont rapporté en début de semaine que des enterrements secrets de soldats ont eu lieu dans la région de Pskov. Depuis, noms et dates ont été retirés des croix tombales de ces parachutistes, «morts dans des conditions inconnues», et les familles refusent catégoriquement de communiquer.

Il en est de même pour les mères et épouses des dix parachutistes russes capturés lundi en Ukraine, à 40 kilomètres de la frontière, dont les repentirs ont été filmés et postés sur YouTube par l’armée ukrainienne. Les récits, plus ou moins décousus, des caporaux Miltchakov et Romantsev, issus du 331e régime de la 98e division aéroportée, expliquent comment leur compagnie, basée en Russie centrale, a été envoyée à la hâte, le 17 août, pour des «exercices» dans la région de Rostov, proche de la frontière avec l’Ukraine.

«Pas des manœuvres». Arrivés sur place, les chauffeurs ont reçu l’ordre de dissimuler les plaques et insignes des véhicules, sous prétexte de manœuvres. «Quand on a fait exploser mon blindé, j’ai commencé à avoir peur. Là, j’ai compris que ce n’étaient pas des manœuvres», raconte Romantsev. Capturés par les Ukrainiens, ces hommes ont expliqué n’avoir pas su exactement quand ils ont franchi la frontière, mais reconnu que leur colonne «avançait à travers champs, pas sur la route». «Toute une compagnie n’a pu se perdre», a expliqué Romantsev. C’est pourtant bien ce qu’a prétendu le président russe, Vladimir Poutine, assurant au sujet de ces prisonniers : «Ils se sont égarés.» Aussi, pour le président russe, les combats restent une «affaire interne à l’Ukraine».

Une partie des mères et épouses de ces parachutistes russes prisonniers en Ukraine ont aussi décidé de ne plus parler à la presse après avoir été reçues par le commandement militaire de Kostroma. Tout en cherchant à imposer le silence aux soldats, à leurs familles et à ceux qui cherchent à défendre leurs intérêts, les autorités russes sont, à leur habitude, avares de commentaires : «Ces informations sont actuellement vérifiées par les autorités compétentes», a simplement déclaré mercredi soir le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, au sujet des parachutistes de Pskov, face à la déferlante d’informations accablantes.

Les démentis de l’activité militaire de Moscou en Ukraine rappellent l’épisode récent de l’annexion de la Crimée : après avoir nié pendant des semaines que les soldats russes avaient assuré l’arrimage de la péninsule à la Russie, Vladimir Poutine avait fini par l’admettre, sur le ton de l’évidence. Plus dramatiques et traumatiques sont les souvenirs des guerres soviétiques puis russes, en Afghanistan ou en Tchétchénie, quand, durant des mois, il n’y avait pas non plus ni de soldats, ni de guerre, ni de morts.

Leur presse (Veronika Dorman Correspondante à Moscou, Liberation.fr, 28 août 2014)

 

Les éléments qui accréditent l’intervention de soldats russes en Ukraine

« Derrière les forces d’autodéfense de Crimée, bien sûr, se trouvaient nos militaires. » Le 17 avril, un mois après le rattachement de la péninsule ukrainienne à la Fédération de Russie, Vladimir Poutine reconnaissait dans un haussement d’épaules, au détour d’une interview télévisée, ce qu’il avait toujours nié : les mystérieux soldats sans insigne qui avaient pris possession du territoire deux mois auparavant étaient russes. « Ils se sont comportés de manière très correcte », précisait le président russe.

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Des soldats russes capturés en territoire ukrainien, mercredi 27 août, à Kiev.

Les « petits hommes verts » – comme les Ukrainiens avaient ironiquement surnommé ces soldats, sont de retour en Ukraine. En Crimée, leur seule présence avait suffi à chasser l’armée ukrainienne de ses bases. Dans le Donbass, ils font la guerre, meurent ou sont blessés, parfois faits prisonniers. Des indices observables aussi bien sur le théâtre ukrainien que dans les provinces reculées de Russie permettent d’affirmer que l’implication de longue date de Moscou dans l’est de l’Ukraine est en train de se muer en guerre directe contre Kiev.

« 3000 À 4000 SOLDATS » RUSSES PARMI LES INSURGÉS

Jeudi 28 août au matin, le chef des séparatistes de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko, a reconnu que « 3000 à 4000 soldats » russes servaient dans les rangs des insurgés. « Parmi nous se trouvent des soldats, qui, plutôt que de passer leurs permissions sur les plages, nous ont rejoints, et qui combattent pour la liberté de leurs frères », s’est-il empressé d’ajouter.

À Pskov, dans le nord de la Russie, on enterre en secret des parachutistes d’unités régulières de l’armée, sans que le lieu et les conditions de leur mort ne soient dévoilés à leur famille. Le secret est difficile à garder, mais tous les moyens sont bons. Une équipe de la télévision russe Dojd a été agressée à la sortie du cimetière de la ville par des hommes en survêtement.

À Kostroma, à 300 km au nord-est de Moscou, un petit groupe de femmes s’est réuni, mercredi, pour demander des explications sur le sort de leurs fils et maris. La scène a été filmée : l’une d’elles, les yeux rougis, s’adresse directement à Vladimir Poutine : « Je vous en supplie, rendez-moi mon fils, rendez-le moi vivant. » Le fils se nomme Egor Potchtoev. Sa capture a été rendue publique lundi par l’armée ukrainienne, qui a diffusé les témoignages filmés de dix soldats russes qu’elle dit avoir faits prisonniers. Les hommes expliquent ne pas avoir été prévenus qu’ils étaient envoyés au front en Ukraine. « J’ai compris que nous étions dans une zone de guerre quand mon blindé a été bombardé », dit l’un d’eux.

Moscou a expliqué que ces soldats s’étaient retrouvés en territoire ukrainien « par erreur ». Ils ont été capturés près du village de Dzerkalny, dans la région de Louhansk. Des témoignages recueillis par l’agence de presse Reuters indiquent qu’une unité entière, composée de plusieurs dizaines de soldats sans insigne, est stationnée à sept kilomètres de là. Leurs uniformes sont les mêmes que ceux des prisonniers exhibés par Kiev, les numéros d’identification de leurs véhicules ont été recouverts de peinture blanche.

« AFFAIRE INTÉRIEURE UKRAINIENNE »

Combien de soldats russes combattent en Ukraine ? Impossible de le savoir. Là encore, seuls des éléments parcellaires permettent de saisir l’ampleur de l’intervention russe. Le Comité des mères de soldats de Saint-Pétersbourg assure que 100 militaires sont soignés dans les hôpitaux de la ville. Le comité de Stavropol a dressé une liste – qu’il reconnaît « incomplète » – de 400 tués ou blessés à travers toute la Russie.

La réapparition dans le paysage des comités de mères de soldats, une institution respectée des Russes, a semé le trouble dans le pays. Leur nom même évoque les années 1990, les guerres sales et meurtrières de Tchétchénie, au cours desquelles elles étaient particulièrement actives. Dans un éditorial, le quotidien Vedomosti demandait mercredi : « Sommes-nous en guerre en Ukraine ? Si oui, sur quelles bases ? Si non, qui repose dans les tombes fraîchement creusées dans les cimetières militaires ? » Plus loin, le journal met en garde : « Le silence et les commentaires vaseux des institutions officielles ne font qu’engendrer un climat de suspicion, en rappelant les moments désagréables de l’histoire russe et soviétique. »

Mardi, à Minsk, où il venait de rencontrer son homologue ukrainien Petro Porochenko, Vladimir Poutine a répété la position officielle russe : Moscou, uniquement préoccupé du sort des « populations russophones », n’a pas les moyens de peser sur ce qui n’est qu’une « affaire intérieure ukrainienne ». La mort de simples soldats dans les plaines du Donbass – et plus seulement de volontaires ou de membres des forces spéciales – risque de rendre cette position difficilement tenable auprès de son opinion publique.

La pression internationale est elle aussi montée d’un cran ces derniers jours. Jeudi matin, l’ambassadeur américain à Kiev a affirmé que la Russie était désormais « directement impliquée » dans les combats. Côté européen, la chancelière allemande Angela Merkel a demandé mercredi à M. Poutine, lors d’une conversation téléphonique, des « explications » sur les informations faisant état de la présence de troupes russes sur le sol ukrainien. Dans son discours aux ambassadeurs prononcé jeudi, François Hollande a estimé que la présence de soldats russes « serait intolérable et inacceptable ».

Jusqu’à présent, les mises en garde occidentales n’ont pas infléchi la position du Kremlin. Pendant que l’Europe passait progressivement du niveau 1 de ses sanctions aux niveaux 2 et 3, Moscou n’a fait qu’accentuer son soutien aux forces séparatistes, livrant armes et blindés en quantités toujours plus importantes.

CHUTE DE NOVOAZOVSK

Ces derniers jours, l’implication russe n’a pas seulement changé de nature, elle a aussi changé d’ampleur. Le New York Times citait mercredi des sources au sein du renseignement américain faisant état, photos satellites à l’appui, de mouvements massifs de blindés et de pièces d’artillerie en provenance de Russie. Kiev alerte depuis plusieurs jours sur ces nouvelles incursions, allant jusqu’à évoquer, mercredi, une colonne de cent véhicules faisant route vers le sud de la région de Donetsk. Ce chiffre ne peut être vérifié, et rien ne dit que l’armée ukrainienne ne l’amplifie pas pour mieux faire passer dans l’opinion ukrainienne ses derniers revers sur le terrain.

Quel est l’objectif de Moscou ? L’arrivée des renforts russes a d’ores et déjà permis de desserrer l’étau autour de Donetsk, la capitale des séparatistes. Mais l’ouverture d’un nouveau front, sur la côte de la mer d’Azov, fait réapparaître le spectre d’une jonction entre la rébellion et les forces russes présentes en Crimée. Il pourrait aussi s’agir d’une offensive limitée, ponctuelle, permettant un « rééquilibrage » des forces sur le terrain et la garantie que le conflit s’enlise encore pour de nombreux mois.

Cet objectif est très largement atteint. Après avoir engrangé des succès tout au long de l’été, les forces de Kiev ont subi la semaine passée de sérieux revers. Ces dernières vingt-quatre heures, les journalistes présents dans l’Est ukrainien ont vu des unités de l’armée en déroute, des positions abandonnées précipitamment, armes et matériel compris. Jeudi matin, la chute de la ville de Novoazovsk, à dix kilomètres de la frontière russe, sur la côte de la mer d’Azov, semblait avérée.

Ces nouvelles ont provoqué un vent de panique à Kiev. Le gouvernement a déclaré attendre une « aide pratique » et des « décisions cruciales » de la part de l’OTAN. « Nous avons besoin d’aide », a résumé le premier ministre, Arseni Iatseniouk.

Leur presse (Benoît Vitkine, LeMonde.fr, 28 août 2014)

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[Qu’est-ce que la démocratie ?] « Il pète comme un clairon quand il lâche ses gaz de combat »

“Les armes allemandes” de la Police algérienne inquiètent les médias allemands

L’Algérie est considérée selon un rapport du ministère allemand de l’Économie publié en juin 2014 comme le premier client de l’Allemagne en matière d’exportation d’armes. La République Fédérale d’Allemagne ne livre à l’Algérie que des chars, des grenades ou des armes sophistiquées. Elle alimente aussi l’équipement de la police algérienne en leur fournissant des “armes qu’ils utilisent contre les manifestants”, s’indigne BR une radio allemande.

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Plusieurs entreprises allemandes vendent des équipements de la police dans les pays comme l’Algérie. Mais les défenseurs des droits de l’homme allemands craignent que ces armes “Made in Germany” soient utilisées par la police contre la population civile. C’est ce que relève du moins un reportage publié mardi sur le site de la radio allemande br.de.

Depuis 2011, les ventes de gaz lacrymogène ont triplé

Depuis le début du Printemps Arabe de 2011, les exportations allemandes de gaz lacrymogènes ont triplé, nous apprend le reportage de ce média allemand. L’Algérie a importé de grenades lacrymogènes fabriquées en Allemagne. Elles sont utilisées notamment pour disperser les manifestants et elles sont loin d’être inoffensives, s’inquiète ce média allemand qui a interrogé à ce sujet Yacine Zaid, le militant des droits de l’homme algérien et président du bureau de la LADDH à Laghouat à 400 Km au sud d’Alger. Ce dernier a affirmé que « mêmes les équipements lourds, à savoir les véhicules de Police importés d’Allemagne, ne sont pas inoffensifs car ils sont utilisés par le régime algérien pour réprimer les citoyen et les empêcher d’exercer leur droit de manifester pacifiquement ». Yacine Zaid plaide pour que ces équipements de police soient soumis à une sévère réglementation avant de les exporter vers l’Algérie.

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Mais le média br.de estime que cette réglementation est difficile à mettre en place. “Certaines entreprises allemandes qui veulent vendre sans autorisation du matériel policier créent des filiales à l’étranger dans le but de contourner la réglementation de l’exportation”, explique la même source. Dans ce même reportage des entreprises allemandes comme Hartmann Spezialkarosserien GmbH reconnaissent que l’Algérie est “un très bon client”.

Algérie Focus, 12 novembre 2014

 

Hongkong : la GB maintient ses exportations de gaz lacrymogènes

La Grande-Bretagne a annoncé aujourd’hui qu’elle abandonnait l’idée de suspendre ses exportations de gaz lacrymogènes à destination de Hongkong, théâtre de manifestations en faveur de la démocratie réprimées par la police.

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Le ministre délégué aux Affaires étrangères, Hugo Swire, a expliqué dans une adresse écrite au parlement britannique que l’autorisation actuelle n’enfreignait pas les règles régissant l’exportation de ce type de matériel et qu’elle ne pouvait donc pas être révoquée.

« Le gouvernement a examiné les permis d’exportation pour les gaz lacrymogènes au gouvernement de la région administrative spéciale de Hongkong et a décidé qu’il ne serait pas révoqué en se fondant sur le fait qu’il ne contrevenait pas aux critères exigés », a déclaré Hugo Swire.

Communiqué des marchands de canons (LeFigaro.fr avec Reuters, 17 novembre 2014)

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[En Ariège comme ailleurs] Dans un climat qui légitime les violences policières, l’État a donné l’ordre à sa police de taper, et la police tape

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Saint-Girons : tabassage pour une contravention

Coups de bâton pour pas un rond, « Brive-la-Gaillarde » à Saint-Girons ? Récits et appel à rassemblement ce jeudi 20 novembre 2014.

Jeudi 29 octobre, Fabienne rencontre des gendarmes suite à une panne de voiture, elle se fait plaquer au sol, fracturer l’’arcade sourcilière ; elle a le visage couvert de bleus et de plaies. Après l’’hôpital, on l’’envoie en cellule de dégrisement. Pourquoi ? Elle était mal garée, les gendarmes ont voulu emmener sa voiture, elle s’’est énervée. Le lendemain, elle leur dit qu’’ils n’’ont pas le droit d’’être aussi violents : ils lui répondent : « avec des gens comme vous, on a le droit ».

Jeudi 6 novembre, deux gendarmes entrent sans autorisation dans le jardin de la « Tortue », nouvelle maison occupée du quartier de Sierres à Saint-Girons et plaisantent sur le meurtre de Rémi Fraisse par la police, le 26 octobre au barrage de Sivens, en disant que c’’est « pas de chance », que c’’est un « concours de circonstances ».

Mercredi 12 novembre, deux gendarmes et un policier municipal entrent dans un hangar occupé de l’’usine de Lédar à Saint-Girons, et menacent les personnes présentes de « faire le ménage à l’’aide d’’un fusil de chasse ».

Vendredi 14 novembre, en se présentant à une convocation à la gendarmerie de Saint-Girons, une personne se fait emmener de force à la gendarmerie de Sainte-Croix : entre autres coups et maltraitances, les gendarmes la plaquent au sol, lui cognent volontairement la tête contre la paroi du fourgon et la soulèvent par les menottes qu’’ils lui ont attachées dans le dos. Tout ça pour quoi ? On l’’accuse d’’avoir collé deux affiches sur la D117 de Saint-Girons.

À qui le tour ?

Pour le collage de deux affiches, pour une voiture mal garée en fin de soirée, pour des espaces vides occupés : violences et intimidations.

Dans un climat qui légitime les violences policières, l’’État a donné l’’ordre à sa police de taper, et la police tape. En Ariège comme ailleurs.

Alors plutôt que de rester isolé(e), retrouvons-nous nombreux et nombreuses pour montrer que nous ne nous laisserons pas faire.

Rassemblement devant le Lidl de St Girons à côté du monument aux morts le jeudi 20 novembre à 17 h.

Information anti autoritaire Toulouse et alentours, 15 novembre 2014

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[Paris & Saint-Denis] Manifs antikeufs des 13 et 14 novembre

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Récit de la manif lycéenne anti-keufs du jeudi 13 novembre

Compte rendu de la manifestation lycéenne du 13 novembre 2014 de Nation à place d’Italie…

À 11 heures, place de la Nation, était prévue ce jeudi 13 novembre une manifestation lycéenne dans la continuité du mouvement de révolte né après la mort de Rémi Fraisse.

La semaine dernière déjà, les lycéen-ne-s s’étaient mobilisé-e-s sur Paris et en Seine-Saint-Denis.

Place de la Nation, plusieurs centaines de personnes sont rassemblées, principalement des lycéen-ne-s, mais pas seulement. Il y a pas mal d’autres gens qui sont là en solidarité avec le mouvement lycéen, contre les violences policières ou contre la police tout court.

À l’appel du MILI et d’autres lycéen-ne-s, la manif devait se diriger vers la place de la République, mais comme le même jour était prévue une manif de flics (!) à l’initiative du syndicat de flics Alliance, un syndicat positionné très à droite… Cette manif terminant aussi place de la République, le gouvernement, les flics et la FIDL, syndicat lycéen émanant du Parti socialiste, sont tombés d’accord : la manif lycéenne ne doit pas déranger la manif de flics. De Nation, la manif lycéenne devait donc finalement se diriger vers la place d’Italie, sans passer par la place Bastille, lieu de départ de la manif des flics (à 13h).

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Dès le début de la manif, le mot a tourné que les lycéen-ne-s n’avaient pas l’intention de se laisser guider par la FIDL, malgré son service d’ordre (quelques dizaines de gros bras payés par SOS-Racisme) et les flics en civil qui surveillaient de près les manifestant-e-s.

Derrière deux banderoles de tête portées par des lycéen-ne-s non encarté-e-s (« Non à la répression et aux expulsions », « Lycéens en colère face aux violences policières »), un camion-sono indépendant lançait des slogans enragés qui changent des trucs habituels lancés par les générations d’apprentis-politiciens qui habitent les syndicats lycéens. Là, on pouvait entendre et entonner toute une série de slogans explicites : « De Malik à Rémi, Zyed et Bouna, à bas les violences d’État », « Flics, porcs, assassins », « Grenades, flashballs, on n’en veut pas », « Police nationale, milice du capital », « Police partout, justice nulle part / justice complice », « Un flic, une balle, justice sociale », « Rendez-nous Yero » (Yero est un lycéen enfermé actuellement en centre de rétention), « Rémi abattu, la jeunesse est dans la rue », « Frappons vite, frappons fort, un bon flic est un flic mort », « 1re, 2e, 3e générations, nous sommes tous des ennemis de la police », etc.

Quelques graffiti et pochoirs sont faits sur le parcours, et des gros pétards sont jetés sur le SO et sur les flics, qui paradent de part et d’autre de la manif (chacun son côté, en bonne concertation).

Au croisement du boulevard Diderot et de l’avenue Daumesnil, des lycéen-ne-s appellent à désobéir au tracé imposé par les flics : la manif tourne en direction de Bastille ! Ça part en manif sauvage, le SO panique et s’interpose violemment : gazeuses et matraques télescopiques sont sorties, ils gazent dans le tas mais se prennent une flopée de projectiles et battent en retraite. Ça n’a rien de surprenant, mais signalons tout de même que la gauche de pouvoir est clairement du côté de l’ennemi. Le Parti socialiste, SOS-Racisme et la FIDL sont prêts à sortir les armes pour nous faire taire.

La manif continue donc en mode plus déter’, quelques fumis sont craqués, presque tout le monde est masqué, et quand on voit l’avenue bloquée par plusieurs camions de flics, la question se pose : on l’attaque, avec l’idée d’aller perturber la manif des flics, au risque de se faire coincer dans une nasse (vu le nombre important de flics présents dans le quartier), ou on continue ailleurs en manif sauvage. Ça ne traîne pas, on prend la rue Parrot, on se rapproche de la gare de Lyon et on se dirige vers le pont d’Austerlitz.

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Sur le chemin, des voitures de flics se prennent des coups, notamment une qui part en trombe après s’être mangé des chaises et d’autres projectiles.

De l’autre côté du pont d’Austerlitz, on tergiverse un peu mais pas trop, pas moyen qu’on laisse le temps aux flics de venir nous encercler ! La manif continue sur le boulevard de l’Hôpital, on sent moins d’énergie collective, mais une voiture de flics et la devanture de bureaux de la préfecture se font quand même attaquer sur le chemin. Suivie par plusieurs camions de CRS qui se trouvent assez loin derrière au milieu des voitures bloquées, la manif trace sa route vers le sud, jusqu’à la fac de Tolbiac (Paris I).

Dans la dernière rue, une barricade de poubelles est placée pour protéger nos arrières, même si à ce moment-là on n’est plus suivi que par des bacqueux et d’autres civils à pied. Pendant ce temps, les CRS sont allés protéger en nombre le centre commercial Italie 2… La sacro-sainte marchandise avant tout !

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À Tolbiac, on entre dans la fac en mode manif, l’ambiance est joyeuse, ça discute avec les étudiant-e-s sur place (pas super réceptifs, pour la plupart) et une assemblée se met en place dans un amphi avec une centaine de personnes.

L’assemblée se déroule bien et finit par décider d’un rendez-vous pour une manif le lendemain. L’idée, c’est d’aller à Saint-Denis soutenir les lycéen-ne-s de là-bas, qui subissent une occupation policière massive depuis quelques jours. Rendez-vous à 11h ce vendredi 14 novembre, sur le parvis de l’université de Paris 8 Saint-Denis (métro Saint-Denis Université, ligne 13).

Dans la foulée, des interventions ont été faites dans les autres amphis de Tolbiac pour mobiliser les étudiant-e-s, car la lutte continue, avec rage et joie !

Paris Luttes Infos, 14 novembre 2014

 

Saint-Denis : manif sauvage contre la police, dans les rues et dans la fac

Ce vendredi 14 novembre, des lycéen-ne-s, étudiant-e-s, travailleur-euse-s, chômeur-euse-s et autres ont encore manifesté, toujours contre l’existence même de la police, qui protège la domination et l’exploitation.

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VOIR LA VIDÉO

Aujourd’hui vendredi 14 novembre, un rassemblement s’est formé vers 11 heures à l’entrée de l’université Paris 8 (à Saint-Denis) contre les violences policières et l’occupation policière de Saint-Denis. Au programme dans un premier temps, diff de tracts et collages d’affiches.

Vers midi, sous une pluie battante, une grosse centaine de personnes partent en manif sauvage dans les rues du quartier. Des fumigènes sont craqués pour mettre de l’ambiance derrière une large banderole qui ouvre la voie (je ne sais plus exactement ce qu’il y avait écrit dessus, mais ça se terminait par « Solidarité de classe »).

Parmi les manifestant-e-s, un certain nombre des manifestant-e-s présent-e-s la veille, des lycéen-ne-s du 75, du 93 et du 94, des étudiant-e-s de Paris 8 et d’ailleurs, et d’autres (travailleur-euse-s, chômeur-euse-s et autres). Plus ou moins les mêmes slogans anti-flics que la veille sont repris joyeusement, avec quelques autres (par exemple « C’est pas les immigrés qu’il faut virer, c’est le capitalisme et l’État policier »).

Dans la rue de la liberté (!), la manif fait une pause devant le lycée professionnel Bartholdi et on appelle les lycéen-ne-s à nous rejoindre. Il n’y a pas grand-monde dehors (la pluie et l’heure de la cantine n’aidant pas), mais quelques lycéen-ne-s rejoignent quand même la manif avec enthousiasme.

Il y avait l’idée d’aller devant le lycée Paul Éluard faire la même chose, mais au bout de la rue de la liberté des flics nous attendaient en nombre (bacqueux et véhicules de police).
Là où (la rue de la) la liberté se termine, se trouve généralement la flicaille…

On change donc de direction et la manif prend des petites rues résidentielles, avant de parcourir une partie de la cité Allende. Enfin, retour vers la fac, en prenant l’avenue de Stalingrad. Sur le chemin, plusieurs tags sont inscrits sur des murs (« L’État tue, tue l’État », « L’ordre ou la liberté », etc.).

À Paris 8, on se demande quoi faire pendant un moment, et finalement tout le monde entre dans la fac en mode manif sauvage ! Les mêmes slogans anti-flics sont criés dans les bâtiments universitaires, sous les yeux impuissants des vigiles de la fac. Bonne ambiance !

Plein de tracts sont distribués aux étudiant-e-s et employé-e-s de la fac, quelques tags sont aussi inscrits sur les murs trop blancs de la fac (« Guerre sociale », « Nique la police » et autres) mais globalement on reste assez sages : on est passé par le resto U et on n’a même pas tenté d’autoréduc ! Cela dit, on ne va pas se plaindre, ni la sécu de la fac ni les flics ne se sont ramenés pour nous faire chier (alors que tout ce raffût a duré un bon moment).

Notre rage contre la société policière est juste. La lutte continue !

Prochains rendez-vous :

• [Mouvement dans les facultés contre les violences policières, mardi 18 novembre à 12h, devant la cafétéria au neuvième étage de la faculté de Paris 1 (Tolbiac)]

• Assemblée de lutte pour Rémi, mardi 18 novembre, à 19h à la Parole errante (9 rue François Debergue, Montreuil, métro Croix-de-Chavaux)

• [Manif contre l’occupation et les violences policières, jeudi 20 novembre à 12h, sur le parvis de l’université Paris 8 (Saint-Denis Université)]

• Rassemblement / pique-nique contre les violences policières, samedi 22 novembre à 14h, place de la Réunion (Paris XXe, métro Maraîchers ou Alexandre Dumas)

Paris Luttes Infos, 14 novembre 2014

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[Seine-Saint-Denis et ailleurs] « Moi je suis tranquille, qu’ils m’arrêtent pas sinon ils vont voir c’est quoi une émeute au cocktail Molotov »

Lutte contre le meurtre de Rémi Fraisse et les violences policières
Militarisation de Saint-Denis (93) pour empêcher la mobilisation de la jeunesse des quartiers populaires

À saint Denis, sur le trottoir, une flaque de sang est tout ce qui reste d’une arrestation violente, un jeune qui n’a sans doute pas plus de 16 ans s’est fait projeter au sol et matraquer au visage jusqu’à en devenir méconnaissable, avant d’être embarqué. Sur le trottoir d’en face, un lycéen réagit à ce qu’il vient de voir : « Moi je suis tranquille, qu’ils m’arrêtent pas sinon ils vont voir c’est quoi une émeute au cocktail molotov ».

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Amal Bentounsi et un camarade s’interposent devant la manifestation parisienne des flics d’Alliance, le 13 novembre 2014. | « Trois membres du collectif ​Urgence-Notre-Police-Nous-Assassine ont répandu un liquide rouge sur le pavé, représentant « le sang des victimes, des bavures ». Ils arrivent à bloquer le cortège qui s’arrête un peu plus bas. La presse s’agglutine autour d’Amal Bentounsi, une militante, qui dénonce les pressions d’Alliance pendant les instructions. « Ils influencent la justice dès qu’il s’agit de bavures. La mort de Rémy Fraisse est la conséquence de cette impunité », explique-t-elle. » Publié par des larbins de la maison Poulaga (Cyrille Charpentier, « En France, même les policiers organisent des manifestations », Vice.com, 14 novembre 2014)

Dès 7h, la ville était militarisée, des dizaines de fourgons de police encerclaient le centre-ville et les lycées. Au lycée général Paul Eluard, mobilisé depuis jeudi dernier, les vigiles du rectorat font rentrer les élèves après qu’ils aient été fouillés par la police. Les lycéens les plus mobilisés se voient signifier la convocation de leurs parents. Tous les adultes autour d’eux, les flics mais regrettablement aussi le proviseur, tentent de les intimider.

Du côté du lycée pro ENNA, place du marché, les lycéens ne sont pas rentrés en cours. Devant la grille de leur lycée, la police montée, du haut de ses chevaux les provoque : « Viens, viens approche, tu vas voir » entend-on dire l’un d’entre eux à un lycéen qui s’indigne de leur présence.

Encerclés, sous pression, les jeunes ne se laissent pas écraser ; ils occupent la place devant leur bahut et la cité universitaire du CROUS de St-Denis. C’est là que la cavalerie charge dans la foule, tandis que des flics en civil distribuent des coups de matraque et qu’on interpelle des mineurs tenus en joue par des fusils flashball.

Un seuil a été franchi. Dans une partie du 93, d’Épinay à Saint-Ouen, à Stains, à St-Denis, dans les ghettos de Villiers-le-Bel, la jeunesse bouillonne. De provocations en provocations policières, alors que les lycéens dénonçaient leurs exactions impunies, nous voilà dans une ambiance d’émeute des banlieues.

Tuer la contestation dans l’œuf

Le gouvernement sait qu’une telle révolte serait très dangereuse pour lui. C’est pour cela qu’il essaye à travers la répression directe, la provocation et l’intimidation de désamorcer tout ce qui pourrait avoir l’air d’un début de mobilisation de la jeunesse des classes populaires. Et cela d’autant plus que ce début de fronde dans certains lycées du 93 s’inscrit dans le cadre de la contestation de la violence policière suite à la mort de Rémi, une réalité que ces jeunes des banlieues délaissées connaissent très bien.

Ainsi, avec la complicité des autorités scolaires, l’opératif monstre déployé aujourd’hui à St-Denis par la police cherchait clairement à intimider les élèves et à empêcher les plus organisés d’entre eux d’exercer des droits démocratiques aussi élémentaires que la distribution de tracts à leurs camarades pour les informer de la situation et de la mobilisation en cours dans les lycées.

Bien que l’on ne puisse pas exclure que ces intimidations aient un effet chez certains lycéens et lycéennes, on ne peut pas éliminer non plus le contraire : que la provocation et l’humiliation policière renforcent l’envie d’en découdre avec les forces de répression et l’État.

Il faudrait ajouter à tout cela que cette brutale répression obéit au racisme d’État qui considère que des jeunes des classes populaires, souvent enfants d’immigrés ou immigrés eux-mêmes, peuvent être tabassés par la police impunément. Pas étonnant, dans ce cas, que cette jeunesse exprime une telle haine envers les différents symboles de l’État et de la société en général.

Luttons pour une confluence potentiellement explosive !

Entre Zyed, Bouna et Rémi Fraisse, il y avait « tout un monde » d’écart. Mais déjà il y a quelques jours on pouvait entendre que « Rémi c’était un mec de mon quartier » dans la bouche de lycéens, encore mal informés, tellement habitués aux crimes des milices de l’État au quotidien qu’un jeune tué par la police ne pouvait qu’être un des leurs. Désormais la répression d’État, que connaissent les quartiers comme les militants du mouvement social et de la classe ouvrière ouvre la nécessité d’une convergence explosive entre la jeunesse délaissée et humiliée des quartiers populaires et les jeunes des lycées parisiens unis au même moment et dans une même lutte.

L’entrée dans la lutte du mouvement étudiant peut être un autre élément fondamental. La répression contre les manifestants à Toulouse le weekend dernier et la fermeture administrative de l’université de Rennes II pour empêcher la tenue d’une assemblée générale montre la crainte que cela génère au gouvernement.

[…] La mobilisation qui a fait suite à la mort du jeune étudiant toulousain prend une autre ampleur. Quelques mois à peine après les manifestations pour la Palestine, on est face à la possibilité que les jeunes des quartiers et les militants du mouvement social se retrouvent ensemble dans la rue. C’est une combinaison explosive qui pourrait entraîner d’autres secteurs à la résistance contre la politique réactionnaire du gouvernement Hollande-Valls.

Presse léniniste (Timur Chevket & Philippe Alcoy – Courant communiste révolutionnaire, 12 novembre 2014)

 

L’Intérieur veut briser la dynamique de la contestation d’extrême gauche

L’affaire Fraisse va-t-elle fédérer les luttes ? Le feu social qui couve fait craindre des actions de plus en plus violentes.

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Manifestation étudiante en mémoire de Rémi Fraisse, le 7 novembre, à Paris.

C’est un bourdonnement, une clameur. L’indignation autour de la mort de Rémi Fraisse, 21 ans, tué par les gendarmes, sur le site du barrage de Sivens (Tarn), dans la nuit du 25 au 26 octobre, est comme un feu qui couve sous les pieds du ministre de l’Intérieur. Au-delà de ses gestes d’apaisement, la vigilance s’impose pour un ministère qui ne saurait se laisser déborder.

Les foyers de contestation essaiment aujourd’hui du bocage nantais à la ferme des 1000 vaches, le mouvement de solidarité avec le jeune botaniste victime d’un tir de grenade offensive commence même à gagner l’imprévisible public lycéen. Lundi dernier, profitant de ce contexte, plus d’une centaine de casseurs s’en sont pris aux voitures, aux commerces, à Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis.

À Paris, jeudi matin, une petite dizaine d’établissements scolaires ont été bloqués. D’autres jeunes ont manifesté depuis et 350 d’entre eux se sont rassemblés en assemblée générale à l’université Rennes-II, jeudi. Les tracts et les initiatives se multiplient, comme l’organisation d’un «picnic» anticapitaliste à Paris, le 22, place de la Réunion (XXe). La Coordination des groupes anarchistes appelle à «s’organiser, contre-attaquer !»

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Le week-end dernier déjà, des saccages ont eu lieu à Toulouse, et ce pour la seconde fois. Le ministre de l’Intérieur n’a pu que déplorer «des violences commises par de petits groupes de casseurs très mobiles». Il a fallu interrompre les trams, les métros, les bus. Deux policiers ont été blessés et 21 casseurs présumés interpellés. Un scénario semblable à ceux de Rennes et Lyon, précédemment.

Beauvau aimerait briser la dynamique. Patrice Ribeiro, le secrétaire général du syndicat de policiers Synergie-Officiers, explique : «Les militants verts ou rouges sont passés des slogans aux provocations physiques sur le terrain. La crainte étant désormais qu’une frange de ces agitateurs ne bascule vers l’action armée, comme au temps des mouvements révolutionnaires des années 70.» À l’entendre, «une forme de clandestinité propre à ces groupes est en train de se développer, une sorte de paranoïa propice à toutes les dérives.»

Les extrémistes de gauche, qui ont raté la «jonction» avec les banlieues, sont-ils vraiment en passe de reproduire un mouvement de révolte similaire à celui des «indignés» de la Puerta del Sol à Madrid en 2012 ? «C’est leur rêve», assure un préfet de province placé en première ligne. «Les récits de leurs confrontations avec l’autorité pullulent, en tout cas, sur la Toile, nourrissant la rumeur, le désir de vengeance, à l’instar de ce que nous connaissons avec les islamistes qui s’autoradicalisent via Internet», confie un commissaire de police.

Les «écolo-guerriers» ratissent désormais bien au-delà des ex-blacks blocs, ces durs de la contestation anarcho-libertaire, qui s’habillent en noir, portent la cagoule et agissent comme de vrais petits commandos. Étudiants, chômeurs, anciens salariés, hackeurs tendance Anonymous, clowns activistes, vieux anars du NPA, jeunes paumés déguisés en Mad Max, tous veulent défier la «police fasciste» depuis la «bavure» de Sivens.

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Communiqué de soutien au Jura libertaire – « Soyons hostiles à la police », le 13 novembre 2014

Les «zadistes» (nom tiré de leur camp retranché, Zad, qui signifie «zone à défendre»), agrègent «des militants politiques ou des M. Tout-le-Monde», affirme Benoît Hartmann, porte-parole de l’association France Nature Environnement, à laquelle adhérait Rémi Fraisse et qui fédère aujourd’hui près de 850.000 militants et 3000 associations. Selon lui, cette mobilisation se mue peu à peu en «mouvement social».

Là est le risque. «Plus le vivier grandit, plus il permet à des éléments radicaux de se noyer dans la masse», assure un spécialiste à Beauvau. Il omet cependant de préciser que l’infiltration policière est par là même facilitée…

Mais les «zadistes» ou assimilés se méfient. «Dans leurs campements, ils érigent des filtres, questionnent l’intrus, agissent comme une police politique pour débusquer le traître», explique un agent des ex-Renseignements généraux (RG). Cet officier de police chevronné assure que les communications modernes, via Internet, les mobiles, compliquent singulièrement la tâche de la police. «Certains décochent les options de géolocalisation de leurs téléphones cellulaires pour échapper à tout repérage ; d’autres vont jusqu’à crypter leurs appels», ajoute le policier.

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Le service infographie du Figaro travaille

Pour l’heure, malgré la forte mobilisation des manifestants, et même si certains vont jusqu’à revendiquer une filiation avec Action directe, on est encore loin des dérives du passé, quand les Groupes d’action révolutionnaire internationale (Gari) ou les maoïstes des Noyaux armés pour l’autonomie populaire (Napap) multipliaient les hold-up pour financer leur cause et que le mouvement de Rouillan et Ménigon signait sa création en 1979 par un mitraillage en règle du siège du CNPF.

«Chez les zadistes, on en est certes à envoyer des bouteilles d’acide et d’urine sur les forces de l’ordre, entre deux jets de pierres et de cocktails Molotov, mais, fort heureusement, aucune utilisation d’arme à feu n’a été constatée», concède un vieux briscard de l’ordre public. Prophétisée par les saboteurs présumés de l’affaire de Tarnac en 2004, «l’insurrection qui vient» a beau inquiéter la police, elle se hâte lentement. L’hôte de Beauvau a conscience qu’il ne doit pas surréagir. Il a aussi appris qu’il ne doit pas communiquer à contretemps.

Dégueulé par des larbins des marchands de canons et de la maison Poulaga réunis (Jean-Marc Leclerc, LeFigaro.fr, 14 novembre 2014)

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Le procès du Jura Libertaire est reporté au 5 mai 2015

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[Dijon] En finir avec la résignation face à la police et la violence étatique

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VOIR LA VIDÉO | Communiqué du comité inexistant à propos du 1er novembre 2014 à Dijon et ailleurs

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[Nantes] Liberté pour Engué !

Communiqué de presse : Non à l’acharnement judiciaire

L’acharnement judiciaire contre Enguerrand se poursuit. Dans un contexte qui montre chaque jour la violence de la police et de la « justice », Enguerrand voit sa liberté annulée au dernier moment. Le ministère public fait appel de son aménagement de peine sous motif qu’il ne travaillait pas avant, quand bien même cet aménagement se faisait dans une logique de réinsertion : Enguerrand a en effet trouvé un emploi. Autre contradiction, le procureur se déjuge lui-même en refusant sa sortie dans ce 8e mois alors qu’il en avait requis 6 lors du procès.

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Ce refus est clairement politique, cette décision est directement liée à son activité militante.

Dans un État qui musèle les contestations et a choisis la méthode autoritaire en criminalisant toutes forces d’opposition, nous appelons tout le monde à amplifier les luttes pour sa libération et en solidarité avec toutes les autres victimes tué-e-s, mutilé-e-s ou enfermé-e-s.

Pour soutenir notre camarade incarcéré depuis 8 mois, un « marathon contre la prison : liberté pour Engué » sera organisé au départ de la préfecture le 7 décembre à 14h. Des précisions sur cet évènement seront communiquées ultérieurement.

Nous appelons également à manifester le 22 novembre, à 14h, devant le tribunal de Nantes, contre les violences policières.

Le comité de soutien à Enguerrand, 17 novembre 2014

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[Des ZAD partout] Construire et défendre les alternatives

Pour l’exemple ?

Du sérum physiologique a été saisi sur des personnes soupçonnées de se rendre à une manifestation en hommage à Rémi Fraisse. Sûrement que, bientôt, la police envisagera de considérer l’achat de citrons comme preuve de terrorisme potentiel ! Qui veut manifester aujourd’hui doit faire très attention à ce qu’il a dans ses poches. Pas de cure-dents surtout, arme létale par excellence. Faire attention aussi à la manière dont il s’habille : la capuche et le foulard sont preuves d’intentions délictueuses depuis que dissimuler son visage est interdit par la loi (sauf pour les soudards de l’État). Et on sait qu’aujourd’hui une intention supposée suffit, en France à être inculpé.

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« Le responsable d’une entreprise de déboisement intervenue sur le projet de barrage de Sivens (Tarn) a porté plainte pour menaces et intrusion sur sa propriété privée, selon une source proche de l’enquête. Cinq ou six personnes encagoulées se sont introduites dans le jardin de son domicile, dans la soirée du vendredi 7 novembre. Ces individus ont poussé des cris et fait mine de partir à l’assaut du domicile. Les forces de l’ordre sont rapidement intervenues sur les lieux, faisant fuir les protagonistes. Aucun individu n’a été interpellé. L’entrepreneur a déjà été menacé par le passé du fait de l’implication de sa société sur le chantier du barrage. » Publié par des larbins de la maison Poulaga (LeMonde.fr, 13 novembre 2014)

Heureusement, de gentils « contestataires » ont trouvé le moyen d’éviter les « débordements » qui terminent souvent les manifestations en ville. Ils manifestent dans les champs, là où seules les vaches peuvent les voir et les entendre. On attend avec impatience la manifestation dans le jardin, dans le salon ou, mieux, directement dans les poulaillers des commissariats ce qui éviterait aux casqués de l’ordre des va et vient fatigants et dispendieux.

Bien entendu, le plus raisonnable est de ne pas manifester du tout et laisser faire les « décideurs » qui savent si bien ce qui est bon pour nous. C’est pour l’avoir oublié que Rémi Fraisse se voit aujourd’hui reprocher de s’être jeté sous la grenade qui l’a tué, rien que pour embêter les autorités (Il a même poussé le vice jusqu’à n’être même pas un peu « black-bloc », « anarcho-autonome » ou autre « racaille violente »). Un peu comme Malik Oussekine qui, en 1986, s’était offert sous dialyse aux matraques des voltigeurs, rien que pour emmerder le ministre de l’intérieur de l’époque et « déstabiliser » l’État. Notons qu’à l’époque ça avait fait bouger pas mal de monde et, accessoirement, fait disparaître les dits voltigeurs. Aujourd’hui moins de monde descend dans la rue. Seuls quelques naïfs qui croient pouvoir faire entendre leurs raisons aux Robocops ou en appeler chez eux à un brin d’humanité, et auxquels les lacrymos et tonfas se chargent de faire comprendre leur erreur, et quelques énervés qui croient que leur colère suffira à leur faire gagner la bataille et qui s’imaginent qu’un lance-pierre peut battre les flash-balls et qu’un abribus cassé équivaut à la prise de la Bastille. Encore quelques manifs comme ça et quelques injections de plus de grosse peur des « casseurs » et les défenseurs de « l’État de droit » pourront peut être tranquillement faire tirer dans le tas, comme au bon vieux temps, sans que la majorité des citoyens s’en émeuve ou, du moins, le montre, ce qui revient au même.

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Publié par des larbins de la maison Poulaga (lest-eclair.fr, 8 novembre 2014)

Parlant des mutins de 14-18, fusillés pour l’exemple, un historien note justement que c’était « pour faire peur aux autres ». Rémi Fraisse, fusillé pour l’exemple ? On va trouver ça bien exagéré. Mais si, comme l’affirme le sinistre de l’intérieur, « ce n’est pas une bavure », alors c’est quoi ? C’est clairement le choix délibéré de taper pour passer en force et satisfaire la rapacité des mafias régnantes.

De plus en plus de gens, dont Rémi Fraisse faisait partie, tentent de s’opposer aux « grands projets inutiles et imposés »  mais le plus grand des projets inutiles et nuisible qui nous est imposé c’est la perpétuation de cette société prédatrice et mortifère. C’est pour éviter que l’on essaie de la changer que les cognes cognent. Il ne faut donc pas espérer convaincre les maîtres de cette société de baisser les armes et « d’étudier sérieusement les alternatives » comme leur demandent humblement des politicards, plus souvent roublards que naïfs. Il faut construire et défendre les alternatives : Des ZAD partout. Et cultiver les citrons.

Gédicus, 11 novembre 2014 (mailing)

 

Au Testet comme ailleurs, la police tue, le gouvernement réprime
Contre les projets capitalistes, créons des ZAD partout

Deux semaines après la mort de Rémi Fraisse, la police continue de blesser et de réprimer les manifestants.

Mais les violences policières ne sont pas nouvelles et elles tuent avant tout les pauvres, résidant pour la plupart dans les cités où ces violences sont quotidiennes. On ne compte plus les jeunes — car ce sont surtout des jeunes — à 90% Noirs ou arabes, qui meurent ou sont mutilés lors d’interpellations, de transferts dans les fourgons, de courses-poursuites, de chasses à l’homme ou même de tirs à bout portant. Avec toujours la même impunité pour les policiers.

La police utilise donc des armes « non létales », qui mutilent et tuent. La question de ces armes est dépassée ; il s’agit d’interdire dès à présent leur utilisation. Et au-delà de s’interroger sur les fonctions de la police, bras armé de l’ État au service du patronat.

Les violences policières se voient plus ces dernières années car elles s’abattent de plus en plus sur les manifestants pour contrer la contestation sociale. De ce point de vue, un palier a été franchi au Testet dans la nuit du 25 au 26 octobre : 400 grenades tirées en deux heures dont 40 de type F1 (armes de guerre) pour « défendre » un parking désert… La mort de Rémi Fraisse a été suivie de tentatives pour maquiller les faits tandis que les manifestations ont d’abord été interdites à Paris puis à Toulouse et Rennes ce week-end.

Quant à la presse, elle continue ses basses œuvres de collaboration de classe en relayant sans sourcilier les déclarations gouvernementales, stigmatisant comme de toujours les manifestants. Mais peut-on en attendre autre chose ?

C’est pourquoi nous appelons

• au désarmement de la police,

• à continuer de combattre les projets capitalistes qui sèment l’injustice sociale et la mort,

• à rejoindre les lycéens déjà mobilisés, en manifestation et dans la grève,

• à participer aux manifestations contre les violences policières, dans les cités, les villes et les campagnes.

Reprenons nos vies en main : en ville comme à la campagne, créons des ZAD partout.

Communiqué du Syndicat des Travailleurs de l’Éducation Paris de la CNT, le 12 novembre 2014

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[Impunité policière] La justice travaille

Violences policières : à Blois, Toulouse et Lyon, les tribunaux prennent le relais

Les manifestations suite à la mort de Rémi Fraisse et les réactions après la mutilation d’un jeune blésois par un tir de flashball ont été sévèrement réprimées ces derniers jours. Rassemblements systématiquement interdits, arrestations en nombre, et lourdes peines de prison ferme ont frappé les différents rassemblements contre les ravages causés par l’armement des flics.

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Toulouse, nuit du 31 octobre 2014.

D’après la NR, à Blois, deux hommes ont été placés en détention provisoire et un troisième a été placé sous contrôle judiciaire. Ils seront jugés le 8 décembre.

À Lyon, sur les cinq personnes placées en garde à vue suite à la manifestation du 6 novembre, une seule est passée en comparution immédiate. L’homme a « mangé six mois fermes avec mandat de dépôt (c’est-à-dire qu’elle a été envoyée en taule immédiatement) assortis de neuf mois de sursis avec mise à l’épreuve de deux ans, avec obligation de justifier de démarche d’emploi et de formation. Il a été condamné pour violence envers représentant de l’ordre. La peine est particulièrement lourde pour une manif où seules quelques poubelles ont brûlé. »

À Toulouse, cinq personnes sont passées en comparution immédiate suite à la dernière manifestation du 8 novembre. Une personne a pris 4 mois ferme avec mandat de dépôt, une autre a pris 4 mois — en ferme aussi — sans mandat de dépôt, deux autres ont pris du sursis avec amende. Les personnes qui ne sont pas passées en comparution immédiate seront convoquées à une date ultérieure.

À Dijon, un homme a été condamné à six mois de prison ferme avec mandat de dépôt pour avoir abîmé une vitre.

Pendant ce temps-là, les trois flics marseillais poursuivis pour homicide involontaire après la mort d’un homme asphyxié suite à son interpellation ont été condamnés à 6 mois de prison avec sursis…

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Troisième manifestation caennaise en hommage à Rémi Fraisse, le 8 novembre 2014.

La Rotative, 12 novembre 2014

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Résistons Ensemble n° 135 – novembre 2014

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Résistons Ensemble

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[In memoriam Nabil Mabtoul] Pas d’armistice contre la police

Péage gratuit à Millau – Pas d’armistice contre la police !

Ce mardi 11 novembre, 150 personnes ont mené une opération de péage gratuit à Millau pour l’arrêt total du projet de barrage à Sivens et le désarmement des forces de polices. Les fonds collectés seront reversés pour soutenir les inculpés de la lutte du Testet.

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Ce mardi 11 novembre, nous avons été 150, venus de tout l’Aveyron et au-delà, à nous retrouver à Millau pour « stopper le barrage et désarmer la police ».

Nous nous sommes rassemblés près du lieu où Nabil, un jeune de Villefranche-de-Rouergue, fut froidement abattu par la BAC en juin 2012. Et là avons partagé quelques mots qui affirmaient notre profonde colère suite au meurtre de Rémi Fraisse, notre détermination à ne pas céder à la peur que le pouvoir tente de produire à chaque manifestation, en nous enfermant, en nous mutilant, ainsi que notre solidarité avec toutes les ZAD qui naissent dans les bocages, dans les forêts, dans les esprits.

Suite à ces quelques prise de parole et lectures de textes nous avons convenu à mots couverts (les oreilles mal-intentionnées n’étant jamais loin) d’aller de ce pas rendre visite à un de ces grands groupes promoteur d’infrastructures dévastatrices, et d’en profiter au passage pour, en plus d’en entraver le fonctionnement normal, détourner la taxe qu’il ponctionne au profit de la lutte du Testet et de ses inculpés.

Après un bout de route, voitures en file indienne, arrivés sur les lieux un joyeux cortège se mis en branle, sa cible en vue à quelques 200m : le péage du viaduc de la société Eiffage.

De menus obstacles franchis, nous nous sommes répandus le long des barrières et avons commencé notre collecte en musique.

Plusieurs banderoles furent déployées en hommage à Rémi et Nabil, et pour arrêter leurs projets destructeurs.

Dont une de 8m sur laquelle on pouvait lire « Arrêt du barrage de Sivens. DÉSARMONS LA POLICE ».

Une heure plus tard, nous nous sommes retirés au cris de « Rémi, Nabil. On n’oublie pas ! », « La police mutile ! La police assassine ! », et avant de nous séparer une assemblée s’est formée, fermement décidée à continuer le mouvement.

Parce que nous ne sommes pas calmes !
que nous ne rentrerons pas gentiment chez nous !
et que nous leur feront payer le saccage et la répression ! Et cher !

 

Un des textes lu au rassemblement (lui aussi fruit d’une collecte) :
Pas d’armistice contre la police !

Il y aurait mille manières de reprendre l’Histoire. Un discret cliquetis, une goupille qui tombe au sol. Quelques secondes plus tard une explosion. Un anonyme, un ami, au sol. Il est mort. Puis le silence. Il s’agit pour eux de préparer la seconde explosion, celle qui aura lieu dans la rue, dans les médias. Trouver la manière, rapidement, de disjoindre l’annonce de l’événement et ses conséquences probables : la peur, la tristesse, la colère, la vengeance. Une cellule de crise, des conseillers, des professionnels de la communication. Il faut aller vite, garder l’initiative, imposer les mots et le langage à même de désactiver les sentiments, donc les actes. Anesthésier les cœurs et les âmes. Les noyer. Les noyer dans un flot de bavardages… de mensonges… d’arguments. On pinaille sur le modèle de la grenade, sur la contenance du futur barrage, sur l’innocuité du petit personnel de gendarmerie. Casseurs, pacifistes, non-violents, anarchistes, autopsie, bouteille, responsabilité, alcool, cagoules, accident, laboratoire, analyses, non-létale, harcèlement, mauvais endroit, nuit, mauvais moment. Tout une cacophonie orchestrée afin que personne ne puisse dire ni entendre cette simple phrase : Rémi Fraisse a été tué par des gendarmes car il protestait contre la construction d’un barrage. Lorsque des gendarmes tirent plus de 400 grenades en l’espace de quatre heures et que l’une d’entre elles finit par tuer Rémi Fraisse, ce n’est pas plus une bavure qu’un accident mais une manière radicale de maintenir l’ordre. Il faut se le répéter : Rémi Fraisse a été tué par des gendarmes car il protestait contre la construction d’un barrage.

Sa mort n’est pas une bavure. Et c’est le ministre de l’Intérieur lui-même qui le dit. Il faut toujours écouter les experts quand ils vous parlent de leur sale travail. Il y aurait bavure si la grenade avait été mal employée, ou hors d’un cadre légal, or ce n’est pas le cas. Les gendarmes mobiles avaient le droit de balancer leurs petites boîtes de TNT dès lors qu’ils faisaient face à des opposants déterminés. De la même manière que tous les flics qui ont crevé l’œil d’un jeune ou d’un badaud à coup de flash-ball ont toujours été mis hors de cause par la justice. Comme une ritournelle du maintien de l’ordre : en frapper un pour les terroriser tous…

Ce qui a voulu être dispersé par les gendarmes ce week-end là, c’est une certaine manière de donner corps à des perceptions du monde radicalement opposées à celle des aménageurs. Rémi a été tué pour s’être opposé en actes à l’avancée de leur désert, alors qu’il aurait été confortable de rester chez soi. Rémi est mort parce qu’il n’est pas seulement allé aux concerts organisés à deux kilomètres de la zone de chantier, il est allé à l’affrontement, avec d’autres. Comme la veille une petite foule avait déjà bousculé les vigiles et incendié du matériel de chantier, ou affronté la police pour que la réoccupation de la ZAD du Testet soit effective, pour lui faire de la place, donner de l’espace et du temps à tout ce qui pourrait s’inventer et se partager là.

Ce qui s’invente au cœur des ZAD, c’est une manière tout autre de penser la vie, de penser la politique : comment se nourrir, se loger, cultiver, produire de l’énergie, inventer des moyens de productions, habiter… Mais aussi apprendre à vivre ensemble et s’inventer des futurs. Là, au milieu des champs, aux abords des forêts et le long des rivières, ce ne sont pas des réponses aux questions de gouvernement que nous cherchons, mais des manières de n’être plus gouvernés. Cette recherche commune, au sein d’espaces de liberté arrachés de haute lutte, nous procure à la fois le sentiment d’une intense liberté et d’un attachement sans bornes aux lieux occupés. Nous sommes reliés à ces prés, ces jachères, ces êtres, ces bêtes, par mille fils invisibles et pourtant d’une solidité inouïe. Et nous savons qu’à travers et au-delà de nous s’initie un vaste mouvement souterrain de réappropriation de la vie. C’est aussi pour cela que sans nous connaître, sans bien sûr appartenir à des réseaux organisés fantasmés par des journalistes en manque « d’affaires », nous nous levons ensemble lorsque l’un d’entre nous est tué.

Depuis la mort de Rémi, des centaines de manifestations en France et en Europe prennent la rue aux cris de « désarmons la police ». Dans nombre d’entre elles, nous avons pu constater où en était rendu ce bon vieux « droit à manifester » : arrestations préventives, nasses pour empêcher physiquement les départs des cortège, tirs de flash-ball au visage, nez arrachés, usage abondant de ces grenades-soi-disant-suspendues qui ont coûté la vie à Rémi. On prétexte qu’il faut bien faire face aux casseurs, aux sauvages. Ce faisant, la police dévoile sa fonction essentielle : empêcher toute véritable révolte. Maintenir l’ordre. Mais elle dévoile également l’absence totale de légitimité de cet ordre dont elle est désormais l’ultime argument.

Ce n’est pas à ceux qui organisent une répression meurtrière de définir ce qu’est « la violence » en pointant du doigt quelques vitrines brisées. Si s’opposer physiquement, si refuser de plier, si faire éclater sa colère, c’est être un casseur, alors oui nous sommes tous des casseurs. Il n’y a de toute façon aucune commune mesure entre ceux qui défendent ce qui les attache au monde (une vallée, un bocage, une forêt…) et ceux qui, par profession, défendent sa destruction méthodique.

À la suite de chaque crime policier, les responsables nous appellent au calme. Nous savons que ces appels ne sont que l’exigence de notre soumission, de notre tacite acceptation. Le but de la longue chaîne du travail policier. Nous ne sommes pas calmes. Nous n’attendrons pas en silence que les noms de nos frères et sœurs viennent allonger la liste des crimes policiers. Nous n’attendrons pas de l’État qu’il muselle sa police, comme nous n’attendrons pas sagement qu’il suspende son barrage. Nous construisons et défendons dès aujourd’hui les mondes que nous désirons. Nous crions ZAD partout. Car la ZAD ce ne sont plus simplement 2000 ha en Loire atlantique, c’est un esprit, c’est une révolte, c’est un mouvement qui dit : nous sommes debout et nous ne plierons pas ! Pas plus devant les aménageurs que devant les matraques et les grenades.

Indymedia Nantes, 12 novembre 2014

 

Millau : les Zadistes ouvrent le péage du viaduc

Ils étaient une centaine à manifester, mardi à Millau (Aveyron), pour dénoncer les violences policières et les « projets inutiles ».

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Le rassemblement était fixé près du lieu où Nabil Mabtoul a été tué en 2012.

« Nous aussi, on célèbre nos morts », lâche un manifestant. En ce 11 novembre, à 15 heures, une centaine de manifestants se rassemblent sur le parking de la piscine millavoise. À quelques mètres de là où, le 26 juin 2012, Nabil Mabtoul, 26 ans, a été tué par balle lors d’un contrôle policier auquel il a tenté de se soustraire. « Ils ont tué Rémi à Sivens et Nabil à Millau, lance une jeune femme, Justine, au micro. La police a tué, encore ! »

Venus des quatre coins de l’Aveyron

C’est à la suite du décès de Rémi Fraisse, 26 ans lui aussi, tué par une grenade lancée par les gendarmes le 26 octobre dernier sur le site du projet de construction du barrage de Sivens, que le mot d’ordre de ce rassemblement est lancé. Qui sont-ils, ces militants ? Écologistes, protecteurs des Zones à défendre (Zad), comme celle de Notre-Dame-des-Landes ou du Testet, ces Zadistes ne revendiquent aucune appartenance politique ni syndicale. Ils sont venus des quatre coins de l’Aveyron à l’appel du comité saint-affricain. Après les prises de parole, ils décident d’agir…

En cortège de voitures, ils prennent la direction du péage du viaduc. Tout le monde se gare au rond-point de Saint-Germain. À 16 h 15, un portail forcé et un grillage coupé à la pince monseigneur plus loin, la centaine de manifestants, certains le visage masqué, se glissent entre les voies de péage. Sous les yeux d’une poignée de gendarmes déjà sur place, ils empêchent l’abaissement des barrières. Durant près de trois-quarts d’heure, les automobilistes ne paient plus leur écot à Eiffage, mais reçoivent des tracts et sont invités à participer pour soutenir la lutte. « C’est une action non-violente, menée avant tout pour informer les gens, indique Camille. Pour dénoncer les violences policières et les projets inutiles. »

Côté Eiffage : vers une plainte

Comme à chaque fois face à ce type d’action, la Compagnie Eiffage du viaduc de Millau envisage de déposer plainte. « Il y a du matériel qui a souffert, explique le directeur général délégué, Emmanuel Cachot [sic – NdJL]. Et aussi une perte de recette… Je n’ai pas d’avis sur leurs revendications, je ne comprends pas pourquoi le péage a été pris en otage. »

Presse à détruire (Mathieu Lagouanère, MidiLibre.fr, 12 novembre 2014)

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[In memoriam Rémi Fraisse] Les journalistes travaillent à Athènes

Occupation de l’Agence France Presse d’Athènes. Pour Rémi Fraisse, assassiné par l’État français

Une cinquantaine de personne ont occupé ce soir les bureaux de l’Agence France Presse d’Athènes comme une minime réponse à l’assassinat de Rémi Fraisse par l’État français.

La responsable de l’A.P.F., fidèle à son métier de  journaliste, a fait tout ce qu’elle pouvait pour empêcher la diffusion de l’intervention. Comme une vrai fille de Voltaire, elle était d’accord avec ce qu’on disait, mais elle a défendu le droit de l’État français de se taire et de faire taire.

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Ci-dessous, le texte de l’intervention et quelques photos. Sur la banderole est écrit « Rémi Fraisse, l’État français assassine. La solidarité internationale est notre arme ».

La matinée du dimanche 26 octobre, Rémi Fraisse est assassiné par les flics — avec une grenade offensive — pendant une manifestation de 7000 personnes contre le recommencement des travaux pour la construction d’un barrage au long de la forêt de Sivens, dans le sud-ouest de la France. Les jours qui suivent l’assasinat des manifestations et des rassemblements  sont appelés partout en France. Même si la répression est brutale, avec des gardes à vue préventives, des flash-ball et des arrestations, sur plusieurs villes des affrontements sauvages éclatent. Les médias français essayent d’étouffer l’affaire comme ils peuvent.

La construction du barrage dans la forêt de Sivens, un projet qui remonte au lointain 1978, a pour but la création d’un réservoir de 1.500.000 mètres cubes d’eau, qui serviront à l’irrigation de vingt grandes unités de monoculture de maïs. Pour la réalisation du projet une grande partie de la forêt doit être coupée, tandis que la zone humide du Testet (une de dernières de France) avec sa rare biodiversité va évidement être détruite.

Depuis 2011 des collectifs, des habitants et des organisations écologistes de la région se battent contre la destruction de l’environnement et de leurs vies, notamment avec l’occupation de la partie de la forêt destinée à la construction du barrage. En septembre 2014, après des affrontements avec la police, les occupant.e.s de la forêt sont expulsé.e.s et la destruction de la forêt commence. L’appel à la manifestation pendant laquelle est assassiné Rémi Fraisse avait comme but la réoccupation de l’endroit et le blocage des travaux, prévus  pour le 27 octobre. Après l’assassinat le chantier a été suspendu.

Des projets comme celui de la construction du barrage dans la forêt de Sivens dans le Tarn, de la construction du nouvel aéroport de Notre-Dame-des-Landes et de toute l’infrastructure qui va avec (port maritime/axes de circulation), de la construction de la voie ferrée à grande vitesse (TAV) à travers les Alpes en France et en Italie, de la création de la plus grande mine à ciel ouvert pour l’extraction de l’or à Rosia Montana en Roumanie, la destruction de milliers d’hectares d’une forêt ancestrale pour la création d’une mine d’or à ciel ouvert à Halkidiki, au nord de la Grèce, sont des parties qui composent le puzzle d’un large effort pour sauver l’économie capitaliste. Un effort qui est basé sur le pillage des ressources naturelles et humaines, mais qui trouve et continuera à trouver face à lui des résistances sociales.

Dans les circonstances actuelles de la restructuration capitaliste les limites de la croissance se transforment en “une croissance” des limites, pas seulement par rapport à l’intervention dans la nature mais aussi par rapport à la répression contre tout.e.s ceux/celles qui choisissent de résister. Avec des perquisitions, des emprisonnements et une répression permanente qui va jusqu’à l’assassinat. La lutte de tout.e.s ceux/celles qui choisissent de résister à ces conditions fait partie de la lutte globale pour la défense de la terre et la liberté. C’est une lutte commune avec la nôtre. De la France jusqu’en Grèce, transformons les foyers de résistance en signal de révolte pour les opprimé.e.s de la terre entière.

La solidarité est notre arme

Anarchistes/Solidaires
Indymedia Nantes, 11 novembre 2014

 

Athènes : intrusion d’anarchistes à l’AFP au nom de Rémi Fraisse

Une quinzaine de personnes se réclamant de la mouvance anarchiste ont envahi les locaux de l’Agence Française de Presse (AFP) à Athènes. Les intrus ont exigé l’envoi depuis l’agence d’un texte sur la mort de Rémi Fraisse, le jeune écologiste tué sur le site de construction d’un barrage en France. Ils n’ont pas obtenu gain de cause.

Une quinzaine de personnes se réclamant de la mouvance anarchiste grecque ont fait irruption dans les bureaux de l’AFP à Athènes mardi après-midi. Ils ont exigé l’envoi depuis l’agence d’un texte sur la mort de Rémi Fraisse, un jeune écologiste tué sur le site de construction d’un barrage controversé dans le sud-ouest de la France.

Arrivés par groupes de quatre ou cinq, ils ont imposé leur présence pendant trente à quarante minutes dans les locaux de l’agence après avoir sonné à la porte.

Ils réclamaient d’envoyer depuis les ordinateurs et le mail de l’AFP un message en français pour déplorer les conditions de la mort de Rémi Fraisse. Ce message devait être adressé à une dizaine de groupes de la mouvance anticapitaliste et anarchiste en France.

N’ayant pas obtenu gain de cause, les intrus ont fini par quitter les lieux en répandant des tracts dans le bureau. Le ton initialement courtois des échanges avec les deux journalistes présentes est devenu plus menaçant en fin de visite, un membre du groupe laissant entendre que ce refus aurait des conséquences.

Une bombe artisanale avait explosé en 2008 à l’entrée des bureaux de l’Agence France-Presse (AFP) à Athènes, sans faire de blessés, un attentat revendiqué par « la Conspiration des cellules de feu », une organisation anarchiste largement démantelée depuis.

Depuis la mort de Rémi Fraisse le 26 octobre, plusieurs manifestations, parfois émaillées de violences comme à Nantes et Toulouse samedi dernier, ont été organisées dans toute la France. Son décès, le premier dans une manifestation réprimée par la police en France métropolitaine depuis 1986, a provoqué un choc dans le pays et mis dans l’embarras le gouvernement socialiste au pouvoir.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (ATS via ArcInfo.ch, 12 novembre 2014)

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[« À la niche les cognes ! »] Appel du plateau de Millevaches à bloquer les gendarmeries

« […] Considérant que depuis des années maintenant, elles appliquent une doctrine de maintient de l’ordre consistant à blesser, éborgner, larder la chair des manifestants d’éclats de métal, et cela à dessein ;

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VOIR LA VIDÉO

Considérant qu’un telle stratégie — “en blesser un pour en effrayer cent” — vise essentiellement à dissuader quiconque de manifester, à établir comme normal le fait que désobéir puisse se payer d’un œil, d’un nez, d’une mâchoire, voire désormais d’une vie ;

Considérant que la mort de Rémi Fraisse n’est en effet pas le fruit d’une bavure, mais la conséquence logique d’une telle stratégie ;

[…] Considérant que même après le meurtre au Testet, les forces de l’ordre ont continué à utiliser des armes similaires à celle qui a causé la mort de Rémi, comme en témoignent les manifestants attaqués ou blessés par des grenades offensives ou des grenades de désencerclement ce samedi 1er novembre à Nantes et à Toulouse ;

Considérant qu’il est plausible que de tels évènements puissent se reproduire ;

Considérant que la stratégie de communication cyniquement mise en œuvre par le gouvernement dans de telles occasions consiste d’une part à contrôler la circulation des informations afin de contenir l’émotion populaire, d’autre part à mettre en cause de « petits groupes organisés d’émeutiers » là même où c’est toute la population qui, par sa présence résolue, appuie l’émeute ;

Considérant que ce n’est bien évidemment pas les émeutiers qui sont complètement isolés de la population, mais bel et bien le gouvernement et sa police ;

Considérant que cette stratégie de communication est à la fois grossière et constante dans sa grossièreté, et qu’elle a assez duré ;

Considérant que les forces de police n’ont de légitimité que celle de l’ordre politique qu’elles conspirent à maintenir ;

Considérant en l’espèce que le présent ordre politique n’a lui-même plus un gramme de légitimité, et que par voie de conséquences les forces de police non plus ;

Considérant qu’à peu près tout le monde déteste la police (y compris les policiers eux-mêmes) ;

Considérant que la gendarmerie est partout comme un corps étranger qu’il convient d’extirper de la population ;

Considérant enfin que ces gens sont armés et dangereux, et qu’ils sont finalement assimilables à une milice au service d’intérêts tout autres que ceux du peuple ;

Considérant que l’humanité a vécu sans police pendant assez de siècles et en assez de lieux pour trouver en elle toutes les ressources d’une vie débarrassée de pareille verrue ;

Considérant que nous sommes bien assez grands pour trancher nos conflits et penser nos façons de vivre par nous mêmes ;

Nous, assemblée populaire du plateau de Millevaches, appelons tous et chacun dans les jours qui viennent à se rendre en masse devant les commissariats, gendarmerie et casernes afin d’y bloquer par tous les moyens nécessaires — piquets, soudure, cadenas, murets, etc. — la sortie des uniformes globalement inutiles, malfaisants et régulièrement assassins qui les peuplent. »

 

Eymoutiers : une mobilisation militante et pacifique en hommage à Rémi Fraisse

Près de 80 personnes se sont réunies à Eymoutiers ce samedi en hommage à Rémi Fraisse, le jeune écologiste tué sur le site du projet de barrage contesté de Sivens (Tarn).

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Des habitants des communes avoisinantes du plateau de Millevaches, côté haut-viennois et creusois, s’étaient donnés rendez-vous sous la halle.

Après quelques prises de parole, s’interrogeant sur les tenants et les aboutissants de cette “affaire”, sur l’omerta au moins durant les premières heures à la suite de la mort du jeune écologiste, sur les positions gouvernementales notamment de François Hollande… les manifestants ont improvisé deux banderoles : “Désarmons la police” et “À la niche les cognes”. Ils ont distribué des appels à mobilisation de l’assemblée populaire du plateau de Millevaches.

Le cortège, composé de près de 80 personnes, s’est ensuite dirigé vers la gendarmerie d’Eymoutiers et a cadenassé le portillon d’entrée. Dans une ambiance bon enfant et pacifique, les participants, adultes et petits, ont cassé la croûte devant l’entrée principale.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Anne-Marie Muia, LePopulaire.fr, 8 novembre 2014)

 

Plateau de Millevaches : des manifestants enferment des gendarmes dans leur caserne

Samedi, une marche en mémoire de Rémi Fraisse, réunissant « près de 80 personnes » selon Le Populaire du Centre, s’est arrêtée devant la gendarmerie d’Eymoutiers (Haute-Vienne).

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VOIR LA VIDÉO

Inventifs, des manifestants venus du plateau de Millevaches ont cadenassé les portillons qui entourent les locaux de la brigade pour y bloquer les gendarmes, avant de commencer un pique-nique.

« Piquets, soudures, cadenas, murets, etc. »

Dans une vidéo témoignant de l’action, le groupe appelle à l’imiter.

« Nous, assemblée populaire du plateau de Millevaches, appelons tous et chacun dans les jours qui viennent, à se rendre en masse devant les commissariats, gendarmeries et casernes, afin d’y bloquer par tous les moyens nécessaires, piquets, soudures, cadenas, murets, etc. la sortie des uniformes globalement inutiles, malfaisants et régulièrement assassins qui les peuplent. »

Ils ont laissé sur place une banderole « Désarmons la police » maculée de peinture rouge.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (rue89.nouvelobs.com, 10 novembre 2014)

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[saintGirons] « L’État tue, Que crève l’État »

Saint Girons : la ville couverte de tags provocateurs dans la nuit

« État Assassin », « L’État tue », « Que crève l’État », « Stop aux mensonges d’État » ou encore « Flics assassins »… le message est clair. C’est en tout cas celui qui a été distillé pendant la nuit à travers des inscriptions sur la mairie, le cinéma ou  la sous-préfecture de Saint Girons. La gendarmerie a ouvert une enquête.

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Des tags sur la sous-préfecture de Saint Girons

Des tags qui n’ont rien à voir avec de l’art urbain mais à mettre peut-être en relation avec le mouvement des opposants au barrage de Sivens près de Gaillac dans le Tarn et des dramatiques incidents qui ont suivi avec la mort de Rémi Fraisse.

Depuis le week du 26 octobre, date de ce tragique évènement les rassemblements organisés sur le territoire national ont tendance à virer à l’affrontement entre forces de l’ordre et manifestants, affrontements suivis par de nombreuses interpellations.

Des rassemblements sont encore prévus ici ou là, appels à la désobéissance civile ou civique… des appel qui se répandent rapidement sur les réseaux sociaux et dont on n’a pas fini de parler.

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Publié par des larbins de la maison Poulaga (AriegeNews.com, 4 novembre 2014)

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[Désarmer la police] Nouveaux blocus lycéens dans le 93 et à Paris

Nouveaux blocus lycéens dans le 93 et à Paris

Les blocages de lycées qui ont commencé jeudi en réaction à la mort de Rémi Fraisse mais surtout contre les violences policières et pour le désarmement de la police, continuent ce lundi 10 novembre.

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L’assemblée lycéenne ne s’est pas prononcée sur les blocages de ce début de semaine (il y a un appel à blocage national des lycées pour jeudi 13 novembre), mais quelques blocus se sont organisés, en particulier dans de nouveaux bahuts de Seine-Saint-Denis.

On compte au moins :

93 :
– Suger (Saint-Denis)
– Paul Eluard (Saint-Denis)
– Auguste Blanqui (Saint-Ouen)
– Marcel Cachin (Saint-Ouen)

Paris :
– Voltaire (11e)
– Colbert (10e)
– Dorian (à confirmer)
– Bergson (à confirmer)

Vendredi le Journal de Saint-Denis (JSD) se moquait des lycéens qui ne sauraient pas la raison du blocage, citant un lycéen se bougeant « contre les violences policières à Franc-Moisin ». C’est plutôt du JSD qu’il faudrait se moquer, le journal n’ayant rien compris contre quoi les lycéens se mobilisaient.

Paris-Luttes.Info, 10 novembre 2014

 

Mort de Rémi Fraisse : des lycées bloqués et des incidents en Seine-Saint-Denis

Le mouvement lycéen a pris de l’ampleur ce lundi en Seine-Saint-Denis. Au moins six établissements ont été bloqués, selon la direction académique: Cachin et Blanqui à Saint-Ouen, Suger, Paul-Eluard, Bartholdi et l’ENNA à Saint-Denis. Des incidents ont eu lieu dans le centre-ville de Saint-Denis. Le mouvement fait suite à la mobilisation, la semaine dernière, de plusieurs lycées à Paris et en banlieue pour dénoncer les violences policières, à la suite de la mort du militant écologiste Rémi Fraisse à Sivens (Tarn). À Saint-Denis, Paul-Eluard avait déjà été bloqué jeudi et Suger vendredi.

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Lycée Suger à Saint-Denis, lundi 10 novembre 2014. Les pompiers ont été appelés pour éteindre l’incendie allumé par les manifestants devant l’établissement scolaire.

Divers débordements sont à déplorer lors de ces blocages. Plusieurs poubelles ont été enflammées devant l’entrée du lycée Suger. Le feu a noirci la façade et endommagé les grilles et les fenêtres. Au moins deux véhicules de pompiers se sont rendus sur place pour maîtriser l’incendie.

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Un feu a également été signalé devant le lycée Cachin, à Saint-Ouen. Alors que des cours avaient débuté normalement à 8 heures ce lundi matin, les poubelles qui avaient été regroupées devant l’établissement ont été incendiées vers 10 heures. Les pompiers ont assez vite maitrisé le feu. La direction a toutefois choisi d’évacuer le lycée et de le fermer jusqu’à mercredi matin. «Des équipes mobiles de sécurité de l’académie sont sur place pour accompagner la direction des établissements», précise la direction académique, selon laquelle « il n’y a pas que des lycéens aux abords des établissements bloqués».

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Lycée Blanqui à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), lundi 10 novembre 2014. Des poubelles ont été renversées ou incendiées devant les portes de l’établissement.

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Selon nos informations, environ 150 jeunes venus de plusieurs lycées ont convergé vers 10 heures vers le centre-ville de Saint-Denis pour rejoindre le centre commercial Basilique. Sur leur passage, ils ont endommagé des voitures. Arrivés sur place, ils ont tenté de pénétrer, en vain, dans le magasin Carrefour, dont le rideau de fer avait été baissé préventivement. Ils s’en sont pris ensuite à un magasin Go Sport.

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La station de métro Basilique de Saint-Denis a dû être fermée entre 11h30 et 12h15, tandis que la N1 a dû être coupée. Le calme est revenu en fin de matinée, alors qu’environ 200 policiers et gendarmes mobiles étaient déployés.

Presse inflammable (Jean-Gabriel Bontinck avec N.P. et C.G., LeParisien.fr, 10 novembre 2014)

 

(…) Une trentaine de lycées avait été bloqués jeudi et une vingtaine vendredi pour protester contre la mort de Rémi Fraisse, tué par une grenade offensive tirée par les gendarmes mobiles, mais aussi pour défendre des lycéens sans papiers, notamment un jeune Mauritanien mineur prénommé Yero placé en centre de rétention et menacé d’expulsion, selon le Réseau éducation sans frontières (RESF).

Lundi matin, une centaine de personnes se sont réunies sur le parvis de l’Hôtel de ville de Paris pour réclamer la libération de Yero aux crix de « Yero au lycée, pas en rétention ». Quelques pancartes proclamaient « On en a marre des expulsions » ou encore « République, protège tes lycéens ».

Presse expulsable (LeFigaro.fr avec l’Agence Faut Payer, 10 novembre 2014)

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[« Insulte à l’autorité de l’État »] Le procès du Jura Libertaire

Vendredi 14 novembre 2014 à 13 heures se tiendra devant la 17e chambre correctionnelle de Paris le procès du Jura Libertaire, poursuivi suite à une plainte pour « injure et diffamation publiques envers la Police nationale », déposée en juillet 2010 par le ministre de l’Intérieur d’alors.

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VOIR LA VIDÉO | Déplacement de Brice Hortefeux à Dammarie-lès-Lys (passage de 8’42 à 9’56)

Dès l’annonce de la plainte, les médias libres notamment prenaient la défense d’Indymedia Grenoble et du Jura Libertaire, à l’exemple de Rebellyon.info :

Que 1000 Jura Libertaire et Indymedia Grenoble fleurissent !

Après la réhabilitation du délit d’outrage au drapeau la semaine dernière, le gouvernement poursuit sa mission de rééducation du peuple et d’instruction des « bonnes manières ». Et contre nos camarades du Jura Lib et d’Indy Gre, ce n’est pas le RAID ou le GIPN qu’il envoie comme à la Villeneuve pour leur faire respecter ces bonnes manières, mais une plainte pour atteinte à l’honneur (!) de la police.

Ce lundi 26 juillet, le sinistre Hortefeux a déclaré la guerre aux sites d’informations alternatives. Il voulait apparemment donner des billes aux flics mis en difficulté à Saint-Aignan et à Grenoble ces deux dernières semaines : après avoir par l’intermédiaire du secrétaire d’État Lellouche souhaité régler « le réel problème [rom] » au niveau européen (tout un poème), ce sont les médias alternatifs qu’il a donné en pâture à certains syndicats policiers.

Ne daignant pas citer de sa bouche immaculée nos camarades du Jura Libertaire et d’Indymedia Grenoble (la même bouche qui a été condamnée début juin pour propos racistes), il a annoncé avoir engagé une action pour « injure et diffamation publiques contre la police » à l’encontre de deux sites Internet.

L’Hortefeux a ensuite bien entendu laissé fuiter grossièrement quels étaient les sites visés : la fuite du ministère, ça permet de gratter le menton du pisse-copie préposé au copier-coller de la dépêche AFP, ça lui donne l’impression qu’il a une info de première main, il ronronne. Au passage, il recopie la mention « hostiles à la police » de la dépêche AFP rédigée en 10 minutes sans vérifier ce qu’il en est, il condamne les « sites anti-policiers » (20 Minutes, Nouvel Obs) ou, quand il est grand investigateur, il rajoute la mention oulalah, trop tendue, de la légende d’une illustration en première page du Jura Libertaire (« La police travaille… à l’apartheid social », dans l’« enquête » de Libé).

Le fait que le pisse-copie soit en train de scier la toute petite branche sur laquelle il/elle est assis ne l’effleure pas. Mediapart a déjà fait les frais ces dernières semaines de l’ire de l’Élysée après ses révélations sur l’affaire Woerth, mais ça ne l’émeut pas. Si le pisse-copie-colleur avait fait son taf, il aurait vu en quoi le Jura Libertaire et Indymedia Grenoble sont réellement hostiles à la police :

— ils ont diffusé des témoignages d’habitant-e-s de la Villeneuve, qui contredisaient la version policière (et médiatique, ça va de soi) (Réaction/analyse d’un habitant de la Villeneuve, Témoignage d’une habitante de Villeneuve…) ;

— ils se sont moqués de la tournée d’un quart d’heure d’Hortefeux à la Villeneuve (Hortefeux à Grenoble : chronique d’un non-événement) ;

— ils se sont faits l’écho des premières condamnations après les émeutes, non pas en relayant la dépêche du Sinistère, mais en relatant la manière dont se sont déroulés les procès (Récit des comparutions immédiates du 19/07).

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VOIR LE DOCUMENT | Tract de solidarité avec Le Jura Libertaire, distribué à Paris à l’automne 2010, lors du mouvement dit « des retraites »

Aujourd’hui, pour un média, être dans la ligne de feu d’Hortefeux est un signe de qualité. Pas besoin de label, juste d’une poursuite judiciaire. Nous sommes très fiers de la décoration remarquable que viennent de recevoir nos camarades et nous nous engageons bien sûr à les aider par tous les moyens à continuer leur œuvre.

Des membres du collectif d’animation et de modération du site d’infos participatif Rebellyon – 27 juillet 2010

P.-S. : Cela dit, peut-être le Jura Libertaire et Indymedia Grenoble sont-ils hostiles à la police autant que nous le sommes : hostiles aux humiliations quotidiennes, aux 500’000 gardav’ par an, aux cowboys de la BAC, aux contrôles d’identité cinq fois par jour au pied de ton immeuble, aux tentatives de te faire craquer par des petites insultes bien senties, aux flash-balls qui défigurent et aux Tasers qui peuvent tuer, à l’assassinat de tout « voyou » (une pensée pour Umüt) ou au faciès, au GIPN et au RAID qui te visent à la lunette toi et ta famille quand y’a du bordel dans le quartier, et puis à la Justice évidemment qui t’envoie au trou pour rien. Ça nous paraît être un signe de bonne santé. Pas vous ?

Références pour pas dire qu’on écrit n’importe nawak :
— Libé
— 20 Minutes
— mention spéciale à LeMonde.fr qui a réussi à placer « la branche grenobloise d’Indymedia », jolie évocation d’une vision terroriste des médias libres.

Plus de quatre années ont passé entre la bataille de La Villeneuve et celle du Testet. Force est de constater désormais que, si le journaliste et le politique sont les êtres les plus méprisés en France, le flic, lui, est le plus universellement haï.

La police travaille. Et c’est dans la foulée d’une nouvelle perquisition visant le JuraLib’ qu’intervient ce procès. Le 24 septembre dernier en effet, sous prétexte de rechercher les auteurs d’un texte antinucléaire (Sabotage Bessines … coucou c’est nous ! paru le 5 avril 2014 sur le JL), et sur la seule foi des dossiers montés de-ci de-là à l’encontre du JL, la section de recherches de la gendarmerie de Limoges, lors d’une descente dans le Jura et dans le Doubs, a saisi trois innocents ordinateurs.

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VOIR L’ARTICLE | « Après un sabotage, un incendie vise Areva » (LeParisien.fr, 8 avril 2014)

Est-ce à dire que, bien qu’en sommeil ces derniers mois, le Jura Libertaire demeure une cible de la censure et de la répression ? Quoi qu’il en soit, à l’heure où « 1000 Jura Libertaire et Indymedia Grenoble fleurissent » effectivement partout, sur papier, sur les ondes, sur la Toile et, en premier lieu, dans toutes les têtes, les bandes armées de criminels et leurs annexes spectaculaires-mafieuses n’auront pas assez de telles « analyses de textes » pour se défaire des forces révolutionnaires multiples qui s’agitent et s’emploient avec conséquence à faire reculer la police et son monde.

Le Jura Libertaire – 7 novembre 2014

 

L’article poursuivi :
La police travaille à Grenoble (Le Jura Libertaire, 18 juillet 2010)

Les nuits dernières dans le quartier Villeneuve

Dans la nuit de jeudi à vendredi, deux hommes soupçonnés d’avoir participé au braquage du casino d’Uriage sont pris en chasse par la police, des coups de feu sont échangés. Ils sont finalement rattrapés par la police Galerie de l’Arlequin. L’un d’eux parvient à s’enfuir. L’autre s’écroule, mort, une balle dans la tête, à quelques mètres de chez lui.

Pendant le reste de la nuit, les flics se prennent toutes sortes d’objets volants plus ou moins identifiés en provenance des immeubles. Selon le Daubé, fait odieux, des menaces de mort sont même lancées à l’intention des fonctionnaires. Un hélico dépêché de la région lyonnaise tourne et balaye le quartier de son projecteur.

Vendredi matin le quartier est bouclé pour que des perquisitions puissent avoir lieu Galerie de l’Arlequin. Les flics se protègent entre eux : la BAC protège ceux qui perquisitionnent, les gendarmes mobiles protègent la BAC, etc.

Vendredi soir, la colère s’est encore exprimée. Des dizaines de caisses ont brûlé, le tram et ses arrêts ont été caillassés, et des projectiles ont encore pris leur envol en direction des policiers, qui restaient stationnés aux alentours de l’avenue Marie Reynoard, sans oser avancer plus. Vers quatre heures du mat’, l’hélico encore présent quittait les lieux et ça semblait se calmer un peu.

Ce samedi matin, sur Rance Info, seuls les témoignages de personnes pleurant leur voiture calcinée sont diffusés. Une journaliste de Rance Bleu Isère nous affirme même que « tous les habitants le disent : ce soir ils restent cloîtrés chez eux car ils craignent de nouvelles échauffourées ».

Ce n’est pas ce que j’ai vu hier soir : de nombreuses personnes ne participant pas directement aux affrontements étaient dehors jusqu’à tard dans la nuit, manifestement du côté des jeunes en colère, visant l’hélico avec un lance-roquette imaginaire.

Dans les médias, le discours dominant distille l’idée que la mort du jeune homme était méritée. Il faut bien que tout le monde comprenne que si on pense à prendre la thune là où elle est, c’est une balle dans la tête et c’est normal. Jean Philippe, procureur de la république de Grenoble, parlait hier de « truand » et disait dans le micro que « les victimes principales de cet incidents sont les policiers ».

Pendant ce temps-là, chez les Bettencourt-Sarkozy-UMP, on continue de brasser illégalement des millions sans trop risquer une balle perdue. Ce qui s’est passé à la Villeneuve n’est pas une bavure, c’est l’expression limpide d’une justice de classe.

Nuit de samedi-dimanche

Entre minuit et une heure nous avons fait un petit tour en voiture dans Grenoble. Résultat :

— Gros déploiement place Félix-Poulet (10 fourgons). Flics décontractés.

— Énormes déploiements aux entrées de la Villeneuve. Hélico dans les airs. On est passé dans la rue qui sépare le quartier de la Bruyère et on n’a pas été déçus. Une centaine (à la louche) de flics rien que sur cet axe. Fouille de toutes les voitures sans trop de politesse. Plusieurs groupes avec boucliers aux alentours de l’arrêt de tram, comme si ils n’étaient pas entrés dans la galerie de l’Arlequin.

Indymedia Grenoble, 17 juillet 2010

 

« Dix-neuf personnes étaient en garde à vue dimanche en fin de matinée à Grenoble après les violences de la nuit de vendredi à samedi dans le quartier populaire de la Villeneuve, a annoncé la police. »

Leur presse (Reuters), 18 juillet

 

Hortefeux à Grenoble : chronique d’un non-événement

Après une nuit d’émeute dans le quartier de la Villeneuve, le ministre de l’Intérieur, Hortefeux, était attendu dans l’après-midi à Grenoble. Les médias l’avaient annoncé ce matin (17 juillet). France Info, au réveil, faisait du fait-divers sanglant de la veille un de ses plus gros titres. Deux jours que Grenoble est le centre de l’attention médiatique après un braquage de Casino qui s’est conclu par la mort d’un jeune de la Villeneuve, abattu d’une balle dans la tête par la police. Cette fois encore, le ministre décide de se déplacer pour annoncer qu’il va rétablir « l’ordre public et l’autorité de l’État », et augmenter les effectifs de flics. Rien de surprenant, ni de très intéressant. Mais au fond, le déplacement du ministre de l’Intérieur sur les lieux d’une émeute ça vaut quand même le coup d’œil. Un spectacle politico-médiatico-policier, à deux pas de chez vous !

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VOIR LE DOCUMENT | Citation à prévenu signée du Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Paris, le 3 octobre 2013

14h. Commissariat de Grenoble. Le ministre et sa délégation viennent d’arriver. Des berlines, des costards, des oreillettes et du bleu partout : gendarmes, nationaux, CRS, GIPN, BAC, civils… On sent la tension et le poids des regards pas très bienveillants. Une meute de journalistes précédés de costards-cravates se dirige d’un pas décidé vers l’entrée du comico. J’aperçois Michel Destot, maire de Grenoble, et, semble-t-il, Albert Dupuy, préfet de l’Isère. Je gare mon vélo et je les suis.

Dans le hall du comico, ça bouchonne. Une grosse quinzaine de journalistes dont huit cameramen. Des politicards locaux, dont Destot et De San Nicolas (UMP). Quelques curieux. Le public habituel d’un commissariat. Et bien sûr des flics, en pagaille ! Les gros bras de la BAC déboulent au trot arborant de beaux gilets pare-balles. Ils s’arrêtent pour serrer la paluche des huiles de la préfecture et de la mairie. Quelques échanges d’amabilités. À les voir parader et être salués en vrais héros, on en oublierait presque que la BAC est une bande (armée) de criminels. Il y a deux nuits, l’un d’eux a tiré (à la tête) pour tuer du délinquant. Ça a marché. Un des deux présumés braqueurs est mort pour quelques euros dérobés dans un lieu où se pratique tous les jours du racket légal (un casino). Sans doute sera-t-il blanchi pour ce crime ? L’IGPN, le service d’inspection de la police nationale (aussi appelé « Police des polices »), dont la principale fonction est de couvrir les poulets qui assassinent a déjà pondu son rapport. Verdict : légitime défense.

14h15. Les journalistes restent sur le qui-vive, le ministre peut paraître à tout moment. Ça serait balo de manquer une bonne image. Deux dames, la soixantaine, m’interpellent. Elles veulent savoir s’il sera possible de parler au ministre. Elles ont des choses à lui dire. Dans leur quartier (Europôle), les voitures brûlent aussi et « il faut faire quelque chose ». Quelques minutes plus tard, je les vois avec Destot, suintant la démagogie, qui les encourage à aller faire leurs doléances auprès de son sbire. « Vincent, ces dames me disent qu’elles ont vu des voitures brûler derrière Europôle, prenez note ! » Je me renseigne auprès des journalistes : « Quel est le programme ? » « Le ministre doit se rendre à la Villeneuve et puis après à la Préfecture où il y aura un point presse. » J’apprends alors que la plupart des journalistes n’ont pas trop à se préoccuper du parcours puisqu’une belle estafette jaune (VFD) avec chauffeur a été mise à leur disposition. Les journalistes sont gracieusement pris en charge par les responsables du protocole. Tels des touristes en mode safari photos, ils n’ont qu’à grimper dans l’estafette qui les conduit sur les lieux des émeutes. Un journaliste de dire quand même, mi-cynique, mi-fataliste : « on est embedded » (en référence aux méthodes d’enrégimentement des journalistes utilisées en Irak par l’armée américaine).

14h30. Direction Villeneuve. La voiture du ministre et toute son escorte arrivent dans le quartier. Ouvrent la marche, les véhicules du GIPN, dont un véritable fourgon blindé (type fourgon de la Brinks) noir avec les lettres GIPN peintes en jaune. Du lourd ! Une halte d’une dizaine de minutes au commissariat du quartier. Devant les caméras, et sous haute protection, le ministre fait quelques mètres derrière le comico pour constater furtivement les traces des affrontements. Postés devant le comico, nous ne voyons pas ce qui se passe derrière. Nous l’apprendrons par le reportage de France 3. À sa sortie du comico, toute la petite troupe s’affaire autour du ministre pendant qu’un photographe (de la police !?) nous prend ostensiblement en photo. Brèves déclarations et toute la petite troupe saute dans les véhicules et se met en mouvement pour aller … quelques dizaines de mètres plus loin, rue Marie Reynoard. Nouvelle halte … de 2 minutes cette fois. Une voiture de la BAC se poste sur le parking essayant de faire croire qu’ils sécurisent les lieux. Et hop tout le monde en voiture. Direction la Préfecture. Les quelques habitant.e.s du quartier présent.e.s n’en reviennent pas. « À quoi ça rime tout ça ? » « S’ils veulent venir parler aux gens d’ici, c’est là-bas (montrant le cœur du quartier, galerie de l’Arlequin) qu’il faut aller. » « Ça ne peut qu’attiser la colère. » Les médias parlent de « visite-éclair ». On peut en effet difficilement faire plus court.

La conférence de presse a mis un terme à tout ce cirque. Le ministre est venu, mais il ne s’est rien passé à Grenoble aujourd’hui. Un non-événement, majeur. Mais une belle opération de communication, savamment orchestrée. L’occasion de mettre une nouvelle couche de discours sécuritaire. L’occasion pour le ministre de la police de témoigner tout son soutien à ses troupes d’assassins. L’occasion inespérée pour Destot de vendre son « Grenelle de la sécurité urbaine » qu’il réclame depuis un moment. Et l’occasion pour les flics de se poser en victimes, attaqués par des gens qui utilisent des armes à feu avec l’intention « de tuer du policier », comme le dit Brigitte Julien, directrice départementale de la Sécurité publique. Chose nouvelle à Grenoble que l’usage d’armes à feu dans les émeutes urbaines. Certes. Mais à la différence des flics, les « voyous », comme aime à les appeler Hortefeux, n’ont eu que l’intention de tuer. Les flics, eux, ont non seulement eu l’intention de tuer, mais ils tuent. Dans la nuit de jeudi à vendredi, ils ont tué. Reste donc encore un peu de chemin à faire aux voyous pour égaler les performances des policiers. Ils pourront alors peut-être eux aussi essayer de passer pour des victimes. Mais ce n’est pas gagné !

Indymedia Grenoble, 18 juillet

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[Permis de tuer] La police travaille à Marseille

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Mort d’un autiste après une interpellation : sursis pour trois policiers

Trois policiers marseillais ont été condamnés mardi à six mois de prison avec sursis pour homicide involontaire après la mort en septembre 2011 d’un autiste de 48 ans, asphyxié après une interpellation musclée.

Six à dix mois de prison avaient été requis contre ces trois policiers, un homme de 38 ans et deux femmes de 26 et 33 ans, qui ont également été condamnés à verser solidairement 60.000 euros à la famille de la victime.

Leur avocate, Béatrice Manoukian, a annoncé qu’ils allaient faire appel : « Mes clients accueillent très mal cette décision. Aujourd’hui, la police ne peut plus travailler« , a-t-elle lancé. « Les policiers effectuent un métier dangereux, très difficile, et on rend coupables les agents des conditions dans lesquelles ils accomplissent leur mission. C’est un jugement qui est rendu dans l’émotion, pas sur un fondement intellectuel », a-t-elle dénoncé.

« Si les fonctionnaires de police bénéficient de droits et de prérogatives liés à leurs fonctions, ils ne sont pas sans limite », a pour sa part déclaré le président du tribunal Fabrice Castoldi en prononçant son jugement. « Les fonctionnaires sont dans l’obligation d’analyser la situation en continu », a-t-il assuré.

Le 7 septembre 2011, les trois policiers avaient été envoyés dans un quartier du 10e arrondissement de Marseille après le signalement d’un homme « menaçant ». Lorsque qu’ils arrivent sur les lieux et lancent le mot « police », l’homme de 1m90 pour 118 kg se rue sur eux puis projette la chef de bord contre un mur.

Les policiers avaient raconté à la barre la difficulté avec laquelle ils avaient maîtrisé l’homme de 48 ans –à propos duquel le centre de commandement avait omis de leur préciser qu’il était autiste. Maintenu au sol pendant une dizaine de minutes, il avait perdu connaissance. Ranimé par les secours, il était mort le lendemain à l’hôpital.

-‘Fautes pénales’-

« L’usage de la force était légitime lors de l’arrestation », a aussi estimé M. Castoldi : en revanche, « lors de la phase postérieure à l’arrestation, il y a eu des fautes pénales qui sont à l’origine du décès ».

Évoquant « des peines d’avertissement », le procureur Benoît Vandermaesen avait réclamé lors de l’audience de 23 septembre 10 mois d’emprisonnement avec sursis contre le policier de 38 ans, auteur d’une clé au cou sur la victime, et 6 mois avec sursis à l’encontre des deux femmes, celle âgée de 33 ans, chef de bord de l’équipage de police-secours le jour des faits, et l’autre âgée de 26 ans, simple adjoint de sécurité à l’époque.

Le représentant du ministère public avait longuement énuméré « les dysfonctionnements du service » limitant, selon lui, la responsabilité des fonctionnaires. M. Vandermaessen avait notamment mis en exergue la défaillance du centre de commandement qui n’avait pas informé l’équipage que l’homme qui nécessitait leur intervention était autiste.

Selon le rapport médico-légal, son décès est dû à « une compression thoracique excessive, longue de 10 minutes, une période beaucoup trop longue (…) et à un étranglement (…), un geste technique de policier, qui a conduit à l’asphyxie », a affirmé le procureur.

« Les autistes ont peur qu’on les touche, même moi, je pouvais pas le toucher », avait de son côté témoigné le père de la victime, Simah Partouche, ajoutant que dans le quartier où il vivait, une seule voisine détestait son fils, connu de tous. Après avoir déjà porté plainte contre lui trois fois, c’est elle qui avait de nouveau alerté la police le jour de son décès. « C’était un enfant dans un corps d’adulte », avait encore décrit le vieil homme.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Agence Faut Payer), 4 novembre 2014

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[« Rompre la mécanique qui veut que tout acte de révolte finisse par être puni »] Désarmer la police

Désarmer la police

Une mise au point pour commencer, en ces temps de bataille médiatique.

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La mort de Rémi Fraisse n’est pas accidentelle. Il a été tué par une grenade offensive. Un projectile qui rentre, avec les flash-balls, les grenades de dés-encerclement et les grenades lacrymogènes dans la panoplie des armes dites non létales, régulièrement employées pour des opérations de maintien de l’ordre dans les quartiers sensibles ou lors de manifestations trop remuantes. Ces armes non létales ont déjà tué (un mort à Crest-Malleville en 1977, déjà par grenade assourdissante) et trop souvent mutilé au Chefresne, à la ZAD, à Villiers-le-bel, à Nantes, à Blois, Montpellier, Toulouse, Lyon, Grenoble… On pourrait refaire toute la carte, avec des taches de sang ou des morceaux de dents brisées.

La mort de Rémi Fraisse n’est pas une bavure. C’est le ministre de l’intérieur qui le dit. Et il faut toujours écouter les experts quand ils vous parlent de leur sale travail. Il y aurait bavure si la grenade avait été mal employée, ou hors d’un cadre légal, or ce n’est pas le cas. Les gendarmes mobiles avaient le droit de balancer leurs petites boites de TNT dès lors qu’ils faisaient face à des opposants déterminés. De la même manière que tous les flics qui ont crevé l’œil d’un jeune ou d’un badaud à coup de flash-balls ont toujours été mis hors de cause par la justice. Mutiler ou tuer un élément d’une population hostile pour terroriser tout le monde, pour briser un mouvement et nous ramener tous et toutes au statut de victime potentielle du maintien de l’ordre : une vieille tactique contre-insurrectionnelle remise au goût du jour quand les flics visent systématiquement la tête comme à Nantes en février dernier, ou comme à Paris en 86 ; Malik Oussekine massacré dans une allée d’immeuble par les voltigeurs de la police. En frapper un pour les terroriser tous…

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Pour autant Rémi Fraisse n’est pas une victime innocente. Si les flics confondent maintien de l’ordre et tactiques de contre-insurrection c’est bien que la révolte est là ; et on ne rentrera pas sagement chez nous sous prétexte que les gendarmes ont tué l’un de nous. Il faut enrayer cette triste mécanique. Rémi est mort parce qu’il n’est pas sagement resté aux concerts organisés à deux bornes de la zone de chantier, il est allé à l’affrontement, avec d’autres. Comme la veille une petite foule avait déjà bousculé les vigiles et incendié du matériel de chantier, ou affronter la police pour que la réoccupation de la ZAD du Testet soit effective, pour lui faire de la place, donner de l’espace et du temps à tout ce qui pourrait s’inventer et se partager là.

C’est sans doute ça, les ZAD : que chaque aménagement indispensable au fonctionnement du capital (un aéroport, une retenue d’eau pour l’agro industrie, une ligne de TGV) soit l’occasion d’un basculement et d’un décrochage ; l’occasion de se retrouver pour ne plus jouer le jeu, ne plus faire tourner l’économie, ne plus se soumettre, réapprendre à construire des maisons, à faire pousser de la nourriture, à vivre à plein. Et partir de ça, partager ça, les fêtes comme les affrontements. Pour beaucoup, Rémi n’est pas une victime, c’est un camarade de lutte, un compagnon, que nous garderons vivant à travers nos gestes.

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Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ?

Ils ont tué Rémi. Et avant lui Bouna, Zyed, Nicolas, Wissam, Luigi, Karim, Mohamed, Louis, Lamin, Larami, Mushin, Aurélien, Nabil, Mickael, Fakradin, Amin… Les « banlieues » se sont soulevées en novembre 2005, et puis il y a eu les émeutes de Villiers-le-Bel, de Romans ou de la Villeneuve. Depuis 10 jours des manifestations ont eu lieu dans plus de trente villes, avec parfois l’attaque de bâtiments publics, de banques, ou des forces de l’ordre. Et encore des arrestations, des blessés. Ce mouvement cherche ses formes, ses tactiques. Mais il s’agit de trouver aussi ce qui serait dès à présent notre victoire (au delà d’un arrêt hypothétique des travaux sur la zone du Testet). Peut-être qu’on pourrait formuler notre objectif ainsi : désarmer la police.

Ça ne veut pas seulement dire obtenir juridiquement ou réglementairement un moratoire sur l’usage de telle ou telle arme policière (on se rappelle de la suspension d’une demi-journée de l’usage du flash ball lors du mouvement des retraites, après qu’un jeune ait perdu un œil à Montreuil… trois ans plus tard, à Lyon, les flics ont tiré 300 fois en une soirée pour réprimer les mouvements de foules après un match de l’Algérie lors de la coupe de monde de foot ; et il est utile d’indiquer que la manifestation du samedi 1er novembre à Toulouse en mémoire de Rémi a été attaquée à coup de grenades offensives par la BAC un jour après que le ministre de l’intérieur ait suspendu l’usage de ces projectiles… pour les gendarmes) même si tout ce qui peut compliquer le travail des forces de l’ordre est bon à prendre. Désarmer la police signifie déjà bloquer ses moyens de fonctionnements, s’attaquer systématiquement aux dispositifs policiers qui balisent nos centres villes et nos quartiers (comme la vidéo-surveillance), balayer la peur qu’elle nous inspire et faire l’expérience de notre impunité, de notre capacité à prendre la rue en cortèges sauvages, derrière des banderoles renforcées, des boucliers, des masques ou des armures de fortune. À Dijon 300 personnes ruinent la façade du centre de la tranquillité publique après avoir recouvert plusieurs rues du centre ville de tags en la mémoire de Rémi et d’un habitant poussé au suicide après des harcèlements policiers. Aucune arrestation sur le moment [Un jeune, blessé en passant la jambe au travers d’une vitrine d’agence immobilière et allé se faire soigner à l’hôpital, sera arrêté plus tard, 6 mois ferme.] : la mécanique qui veut que tout acte de révolte finisse par être puni est rompue. Se débarrasser de la police pour nous poser immédiatement la question de ce qu’on veut vivre, vraiment. En se donnant quels moyens.

L’insécurité, c’est l’aventure. La vie débarrassée de la police ça peut être le début d’une révolution.

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La Caisse de solidaritéRebellyon, 8 novembre 2014

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[« Vous aussi vous avez du sang sur les mains »] Témoignages de Farid El-Yamni et de Joachim Gatti sur l’impunité policière

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VOIR LA VIDÉO (Mediapart, 6 novembre 2014)

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