Appel à aller à l’audience de Vincennes du vendredi 3 juin 2011

Vendredi 3 juin 2011 à 13h30 au pôle 2 de la Cour d’Appel chambre 9, le délibéré concernant les nullité et la demande d’actes supplémentaires sera rendu par la Cour d’appel.

Soyons une nouvelle fois nombreux dans la salle d’audience pour exprimer notre solidarité avec les inculpés de l’incendie du centre de rétention de Vincennes le 22 juin 2008.

TGI de Paris, boulevard du Palais
Cour d’Appel pôle 2 chambre 9

Relaxe de tous les inculpés
Des papiers pour tous
LIBERTÉ POUR TOUTES ET TOUS
FERMETURE DES CENTRES DE RÉTENTION
LIBERTÉ DE CIRCULATION ET D’INSTALLATION

Liste de discussion du réseau Résistons Ensemble.

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Dictateurs en sursis

C’est à la date du 8 janvier 2011, au moment où, en Tunisie, une vague de révolte populaire sans précédent ébranlait le pouvoir de la clique sanguinaire des Trabelsi et des Ben Ali que Le Jura Libertaire old school publiait le fichier PDF du livre de Moncef Marzouki : Dictateurs en sursis, Une voie démocratique pour le monde arabe (Ivry-sur-Seine, éditions de l’Atelier, septembre 2009). « Mis gratuitement en ligne par l’auteur » dès sa parution (cf. Tunisia Watch), cet ouvrage était malheureusement devenu introuvable sur Internet et les réseaux P2P en dépit de son intérêt … et de son actualité.

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Malgré son point de vue très modéré, et quelques interprétations douteuses — notamment à propos de l’« Union pour la méditerranée » (chapitre 7) — ce livre exprime probablement l’opinion de la fraction la plus lucide de l’opposition tunisienne en exil, et se distingue en tout cas de la plupart des productions sur le sujet par la véracité de ses informations et la fiabilité de son analyse, qui en font un témoignage utile pour la compréhension des luttes d’aujourd’hui (afin d’en faciliter la lecture, on a supprimé la couverture, la préface de Noël Mamère — en partie plagiée de  L’Ultime Razzia — et l’introduction de l’universitaire-interviewer ; on peut les retrouver en partie ou en totalité par une simple recherche sur Google).

À bas les régimes mafieux-policiers du Maghreb protégés par la DCRI ! Nique la cyberpolice ! À bas l’Union pour la Méditerranée proposée par le pantin Sarkozy ! Vive le Maghreb libre ! Vive la révolution mondiale !

Le Jura Libertaire et ses amis (contact).

 

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De l’esclavage au salariat

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Introduction

 

Paroles d’anciens esclaves

« Les esclaves ont été maintenus en servitude et enchaînés à la terre. […] Voilà la prétendue liberté offerte à l’homme de couleur par les Yankees. »

« On a félicité Lincoln de nous avoir libérés. Mais qu’a-t-il fait en vérité ? Il nous a donné la liberté mais sans nous laisser aucune chance de vivre par nous-mêmes, et nous avons continué à dépendre de l’homme blanc du Sud pour le travail, la nourriture et les vêtements. Il nous a laissés dans un état de nécessité et de besoin. Un état de servitude à peine meilleur que l’esclavage. »

 

À propos de John Brown et de la tentative de prise de Harper’s Ferry

Un tel gouvernement national ne pouvait évidement pas permettre qu’une insurrection soit à l’origine de l’abolition de l’esclavage. Tant qu’à mettre fin à l’esclavage, il fallait du moins que ce fût dans des conditions totalement maîtrisées par les Blancs et uniquement lorsque les intérêts économiques et politiques des milieux d’affaires du Nord l’exigeraient. En fin de compte, c’est Abraham Lincoln qui incarnera à la perfection cette alliance entre les intérêts des milieux d’affaires, les ambitions politiques du nouveau parti républicain et la rhétorique humaniste. Il saura placer l’abolition de l’esclavage non pas au sommet de sa liste de priorité mais assez près tout de même pour qu’elle y soit propulsée sous la double pression des abolitionnistes et d’intérêts politiques plus pragmatiques.

Extraits d’Une histoire populaire des États-Unis, Chap IX : Esclavage sans soumission, émancipation sans liberté / Howard Zinn / 1980 (textes tirés de l’édition d’Agone, 2002)

 

Quand le 19 février 1861 le tsar Alexandre II promulgua par l’ouskase l’abolition du servage en Russie il eut ces mots : « Mieux vaut donner la liberté par en haut que d’attendre que l’on vienne la prendre par en bas ». La fin de l’esclavage en Russie témoignait alors d’une volonté des élites de ramener la paix sociale dans le pays. En effet, propriétaires terriens, patrons d’usines, capitalistes en général et politiciens craignaient un soulèvement majeur et terrible, la paix sociale étant fortement menacée par la colère qui grondait depuis de nombreuses années. En 1826-29 sont comptées 88 agitations [Mot pour désigner des exemples de révolte qui vont des actes d’insubordinations individuels ou collectifs à des émeutes. Ces chiffres sont à prendre avec des pincettes car fort imprécis.] pour 207 en 1845-49, chaque année en moyenne 7 seigneurs se faisaient trucider, des villages entiers disparaissaient pour échapper aux impôts et durant la guerre de Crimée (1854-55) de grandes émeutes éclatent. Il était donc nécessaire que la pression retombe sous peine de voir la situation exploser. De plus, cette réforme n’avait pas pour seule considération la situation sécuritaire, chose qui aurait pu être réglée en accentuant la répression, mais obéissait autant à des volontés capitalistes. Comme partout dans le monde, l’industrialisation se développait à grande vitesse et les usines nécessitaient de plus en plus de main-d’œuvre. Le servage fut un frein immense à cette expansion : la Russie était alors un pays essentiellement composés de paysans et les serfs des campagnes était attachés à vie aux seigneurs locaux, en conséquence de quoi ils n’avaient aucune liberté de circulation. Une fois cette contrainte du servage, et donc du déplacement des populations, levée par l’ouskase les paysans devenus « libres » purent aller grossir les rangs des travailleurs des usines.

S’il nous a semblé important de revenir sur l’exemple historique de la Russie tsariste et de la fin de l’esclavage dans divers contextes, c’est qu’aujourd’hui les mêmes mécanismes de contrôle de la paix sociale et de la pérennité de ce système basé sur le fric et le pouvoir sont à l’œuvre. À travers tous les textes réunis il est chaque fois possible de discerner un ou plusieurs aspects qui ont motivés les puissances coloniales et les États à mettre fin au servage : paix sociale à restaurer, motivations capitalistes et nécessités politiques, chacun d’entre-eux étant liés les uns aux autres.

L’existence de troubles et de mouvements sociaux qui mettent en danger les systèmes dominants ont toujours existé. La répression sous toutes ses formes est un moyen qui tend à écraser toutes volonté de révolte qui remet en question l’organisation sociale et le contrôle qu’exerce tel ou tel gouvernement sur la population. Mais quelques fois le bâton n’est plus efficace, il ne provoque plus la peur mais alimente le brasier, c’est alors que la carotte entre en action. On la retrouve quand il est offert à tel meneur un petit pouvoir personnel, de l’argent et des privilèges, quand un gouvernement cède sur telle revendication et concède quelques miettes par-ci par-là à un mouvement, quand un État lance des réformes sociales (assurance maladie, aides sociales…), etc. Le but commun du bâton et de la carotte est de faire baisser une tension sociale et l’un comme l’autre ont prouvé leur efficacité. Les motivations capitalistes sont très liées à cette dimension de la paix : sans un certain calme les affaires tournent mal, ou pas du tout. Si dans l’esprit réactionnaire raciste de beaucoup d’entrepreneurs des USA il valait mieux avoir sous sa botte des esclaves, ce sont des capitalistes tels que Lincoln qui comprirent le danger que représentaient les Noirs asservis depuis trop longtemps. Certains patrons virent vite où leurs intérêts se plaçaient dans la fin de l’esclavage : de un les Noirs se croiraient libres et perdraient une raison de se révolter, de deux ils resteraient enchaînés au travail désormais salarié sous peine de crever de faim. Pour parachever le tout ces ordures capitalistes ont alors pu faire les fiers et se vernir de beaux atours faussement humanistes servant leurs calculs politiques et de pouvoirs.

Pour la classe dominée le passage de l’esclavage au travail salarié fut comme passer d’une cage avec des barreaux en fer forgé à une cage où, là, les barreaux sont invisibles mais pourtant bien réels. Si le seigneur s’était mué en patron et le contremaître en flic, leurs rôles était toujours d’exploiter ce qui fut l’esclave et après le travailleur et de le réprimer dans ses élans de colère et de liberté. Les prolétaires n’ont rien gagné dans l’abolition de l’esclavage si ce n’est qu’un os à ronger, jeté par les puissants pour qu’ils se tiennent un peu plus tranquille. Désormais ils étaient « libres » de bosser ou de crever de faim mais ils étaient calmés [Et encore… Pour reprendre lʼexemple de la Russie : la fin de lʼesclavage entraînant une plus grande misère quʼavant des troubles éclatent un peu partout, on dénombre 137 émeutes en 1861, 400 en 1862, 336 en 1863, année où un calme précaire revient. Et cela sans compter les fuites de villages, protestations, grèves, soulèvements.]. Ce mythe de la « liberté » est quelque chose de très fort qui sert toujours et ce dans de plus grandes proportions à l’heure actuelle.

Quelconque émancipation ne peut jamais venir d’en haut, si ce n’est quelques miettes. L’État et le Capital tiennent à leur pouvoir et tentent à tout prix de le maintenir, c’est pour cela, et c’est l’unique raison profonde qui les animent, qu’ils ne laisseront jamais le prolétariat s’émanciper par lui-même et hors de son contrôle. D’une manière générale le fait de lâcher du lest par des réformes et des concessions est un moyen très efficace de casser un mouvement de lutte, même si celles-ci sont des freins dans la course au profit et au contrôle de la population. C’est pour cela qu’aujourd’hui il existe des droits démocratiques, des partis et des syndicats. En nous faisant croire que nous sommes libres de faire ce que bon nous semble ces ordures nous maintiennent dans le carcan de cette « liberté » créée par et pour les intérêts des dominants. Ce n’est pas une tare de ce système que l’existence de classes sociales qui s’affrontent, c’est sa constitution propre et obligatoire à son bon fonctionnement et à sa pérennité : il faut des dominants et des dominés, des exploiteurs et des exploités. Cet état des choses ne peut être détruit que par un bouleversement de l’ordre dominant et une destruction des rapports capitalistes et de pouvoir quels qu’ils soient.

Pour un monde sans esclaves, salariés ou non.

 

Contact des Éditions Gaston Lagaffe

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¿ Qué hacer ? – 30 de mayo

La Asamblea general de la noche ayer domingo 29 de mayo fue una de las más difíciles, de las más tensas que hemos vivido desde que todo esto comenzó hace apenas dos semanas. Un grupo de moderación visiblemente agotado contrastaba en sus sentimientos y sus opiniones con una asamblea entusiasmada por el modo en que la chispa está prendiendo espectacularmente dentro de nuestras fronteras y fuera de ella (Atenas, París, Bruselas, Lyon…). El sentimiento general era masivamente favorable a mantener la acampada sin condiciones y a organizar la extensión y profundización del movimiento, así como a afrontar sin dilaciones los problemas que pudiese haber en la acampada misma ; y eso no hacía sino multiplicar la sospecha generalizada ante un equipo de moderación que parecía favorecer al contrario las opiniones opuestas a esta opinión general de la asamblea, y cuya utilización de ciertas palabras huecas (« reestructuración » del campamento que mantendría las comisiones y grupos de trabajo sin el campamento mismo, pero sin nunca aclarar cómo se conseguiría esto ; « movimiento » completamente indeterminado que continuaría sí o sí aunque se levante la acampada) no contribuían desde luego a la confianza en el seno de la Asamblea.

Ninguna decisión, ningún consenso fue alcanzado ayer. Pero eso no evita que este desfase se revelase con toda claridad. La Asamblea se cerró con la propuesta no completamente definida de reflexionar estos días antes de volver a convocar una Asamblea general para decidir sobre la continuidad de la acampada. Seguramente lo más urgente es entonces que esta reflexión se acompañe de una rotación lo más completa posible en los puestos que sufren más desgaste en la acampada : todas la comisiones, y en particular y muy fundamentalmente la comisión de dinamización de asambleas. Ayer se mostró que hay gente muy agotada en Sol. Por tanto, lo esencial hoy es que el entusiasmo compartido en las opiniones de la Asamblea general se transforme en trabajo. Este trabajo, es un trabajo de organización, que debe probar los próximos días su capacidad. Poner el entusiasmo a trabajar es la única manera en que las sospechas podrán acabarse. Sobre todo, lo fundamental ahora, es que la base organizativa que hemos alcanzado ni se diluya ni se divida en facciones.

Esta organización es la que nos permite reunirnos y actuar : sin ella, no hay lucha ni movimiento. Para que no haya suspicacias en cuanto a la organización, dos cosas son fundamentales. Una, que los puestos roten, que no se cree una diferencia estable entre los que trabajan y los que opinan, y más concretamente entre la moderación de la asamblea y entre el público de la asamblea. Y dos, que todo salga a la luz, que todo en la organización se haga público, se publique, y se clarifique en las asambleas. En las asambleas, para que no haya embrutecimiento general y suspicacias, hay que conseguir hablar de « hombre a hombre » de adulto a adulto ; todo el mundo entiende entonces si el que le habla le engaña o no. Los sentimientos no son irracionales, los sentimientos expresan opiniones sobre lo justo y lo injusto. Pero el problema es que los sentimientos van demasiado rápido : sólo mediante la palabra el sentimiento de justicia se organiza para poder traducirse en un trabajo que introduzca una práctica real y concreta de la justicia. Hay que conseguir que las asambleas sobre todo no se embrutezcan, que no se dirija en ellas la opinión de los allí reunidos, si no queremos que se conviertan en un parlamento con sus partidos ya claramente definidos, su lucha de facciones, sus mayorías y sus minorías, etc. La asamblea es la fórmula que permite pasar de la palabra a la acción en el seno de la igualdad ; un parlamento nunca conseguiría esto, es un cuerpo que manda, necesita a un cuerpo que meramente ejecute órdenes, que obedezca.

Todo esto (la rotación en comisiones y en los lugares de la asamblea ; volver completamente pública y transparente la organización) remite a una misma dificultad. Lo que ocurre en Sol desde la noche del domingo 15 de Mayo, ha sido completamente imprevisible y nos ha sorprendido a todos. Al mismo tiempo, este acontecimiento imprevisible está demostrando tener una potencia política enorme. Pero esta potencia política, que ha cogido a todos desprevenidos, se acompaña de una esterilidad teórica igual de importante, tanto dentro como fuera de la acampada (los artículos de opinión en los medios consolidados o « alternativos », por ejemplo). Tanto entre los que llaman a consensuar puntos mínimos de reforma como entre los que llaman a continuar hasta el final la revolución, nadie parece haber entendido gran cosa. Las siguientes líneas tienen por único objeto contribuir a clarificar lo sucedido.

¿ Qué ha pasado ? Lo que aconteció la noche del 15 de mayo, puede resumirse en muy pocas palabras : De repente, la asamblea se volvió pública. Esto no es, por decirlo así, un cambio cuantitativo (hay un gran número de personas que se reúnen en Sol), sino a un cambio cualitativo. Desde luego, esto sólo ha sido posible porque hay una fuerte cultura asamblearia de base en Madrid. Pero lo fundamental es que las asambleas en las casas ocupadas, en los colectivos llamados « movimientos sociales », son completamente diferentes de las que tienen lugar en Sol y en tantas partes ahora mismo. Desde un punto de vista político, estas asambleas bien llamadas de « autogestión » no tienen ninguna significación (lo que no quiere decir que no sean importantes como resistencia social o para los individuos que participan en ellas), porque no se efectúan en la plaza pública, donde pasa todo el mundo (el pueblo) y cualquiera mira y opina. Esto quiere decir que no alteran en nada las formas de poder público establecido. La manifestación del 15 de mayo, con su convocatoria apartidista, consiguió que saliera a la calle algo así como un pequeño pueblo (es decir, gente de diferentes clases sociales, de ideologías diferentes o sin ideologías definidas, etc.). Esa composición, ese pequeño pueblo es la que da vida a la asamblea de Sol, y se extiende poco a poco. Un pueblo compone la asamblea, mientras que una ciudad se organiza en Sol.

Que la Asamblea se haya vuelto pública, es un acontecimiento extraordinario desde un punto de vista político, y es eso lo que nos ha sorprendido a todos. Por primera vez tras largos años de luchas negativas que desgastan enormemente (todos los movimientos anti-) tenemos una forma positiva de organización popular : empezamos a tener algo que afirmar. Antes, hasta la caída del muro de Berlín, había una división fundamental que organizaba el mundo : capitalismo y comunismo. Lo que aglutinaba a los movimientos de emancipación del mundo entero, era el comunismo como horizonte, movimiento real, etc. Con el muro, cayó esta división, y todo un modelo de emancipación entró en crisis. La importancia extraordinaria de lo que empezó el 15 de Mayo, es que tal vez hemos encontrado otra unidad afirmativa posible de las luchas de emancipación. Esto es lo que hay que investigar concienzudamente. « Otro mundo es posible », decíamos : tal vez desde el 15 de Mayo otro mundo ha comenzado a volverse real, a realizarse.

¿ Qué significa el hecho de que la asamblea se haya vuelto pública ? En primer lugar, que un contrapoder está en las calles : esto quiere decir que estamos haciendo política, nos estamos organizando y no sólo autogestionando. La asamblea es un poder público horizontal, en que la iniciativa va de abajo a arriba, es una forma de democracia directa ; se opone fundamentalmente al parlamentarismo, que siempre remite a formas de oligarquía que monopolizan la opinión y sólo piden la aclamación de la masa organizada en partidos (y cada vez más, desde la caída del muro, en un partido único, el partido de los oligarcas). En la asamblea el pueblo organiza su opinión de modo razonado : no cuenta el número de voces sino la calidad de las opiniones. Una opinión tiene más calidad cuanto más pluralidad de opiniones expresa, cuanto más se pone en el lugar de la pluralidad de modos de ver y de sentimientos de lo justo y de lo injusto que expresan estos modos de ver.

La forma asamblea se opone fundamentalmente a la forma parlamento, sin acuerdo posible. Incluso las opiniones parlamentarias o reformistas deben pasar por la asamblea. La asamblea es condición de posibilidad del movimiento. Si la permanencia de la acampada o de la pequeña ciudad que se ha montado en Sol importa, es precisamente por esta oposición. Esta oposición conlleva una lucha. Es la lucha entre el movimiento asambleario y las formas parlmentarias establecidas con su monopolio de la opinión (siempre hace falta gente que mande y otros que obedezcan, el pueblo no puede autoorganizarse, necesitamos a líderes, etc.). De este monopolio de la opinión, que se reproduce en todos los aparatos de Estado (universidad, medios de comunicación, etc.) depende su monopolio de la violencia (la policía) y su monopolio de la riqueza (capital). Esta lucha no es una lucha entre una democracia real utópica y una democracia parlamenteria realista : es la lucha entre la democracia y la oligarquía. En las asambleas el pueblo organiza su opinión por primera vez tras larguísimos años de silencio, de monopolio estatal. En las asambleas el pueblo tiene poder, esto es, capacidad de actuar políticamente. No podemos pensar en extender las asambleas (y llamar a esto vagamente el movimiento) sin tener en cuenta que las asambleas son reales sólo si el poder está en la calle, si la posibilidad de actuar está en juego, y por tanto el proceso de decisión no es una parodia del parlamento.

Por tanto en este movimiento (social) y en esta lucha (política), no puede haber acuerdo de mínimos, por la forma misma de la asamblea. Buscar un acuerdo de mínimos precipita el tiempo de reflexión, provoca suspicacias, falsea la asamblea (y por tanto la organización del poder popular, lo único que tenemos). Un acuerdo de mínimos, sólo puede tener dos vías de salida : o bien se propone como reforma al parlamento (¿ pero qué capacidad de exigencia tenemos si se disuelve la asamblea ?), o bien se propone como programa de gobierno de un partido nuevo. Lo importante, es que tanto en un caso como en otro, la consecuencia es que las asambleas dejan de tener sentido, dejan de existir, la oligarquía recupera su poder, y con ella el mismo mundo asqueroso e injusto contra el que todos nos rebelamos.

En este punto, hay por tanto dos cosas en juego. Un movimiento social asambleario y una lucha política de la democracia contra la oligarquía. La forma asamblea es revolucionaria de por sí : no puede haber compromiso entre parlamentarismo y asamblearismo como estructuras de poder, del mismo modo que no hay compromiso posible entre democracia y oligarquía. Si el parlamentarismo triunfa, nuestras reivindicaciones sociales y económicas quedarán en nada. Cuánto más ganemos en la lucha política contra el parlamentarismo, más éxito tendrán nuestras reivindicaciones.

Asamblea (horizontalidad, « ni mandar ni obedecer », organización de la opinión colectiva, iniciativa desde abajo a arriba, posibilidad de federaciones de todo tipo) y Parlamento (partidos, agrupación de voces según votos, monopolio de la opinión, de la violencia y de la riqueza, soberanía del Estado-nación) son irreconciliables. El Capital y el Estado no se oponen en nada : son en todo amigos, se necesitan mutuamente, resumen la alianza de los oligarcas.

Pero ni la autogestión ni el anticapitalismo o el antiestatalismo no pueden hacer nada contra esta alianza. Sólo la asamblea como forma de poder público es el inicio posible de algo nuevo. Es imprescindible entender por tanto la cuestión del poder, como capacidad de actuar (H. Arendt), y no dejarla de lado. Las asambleas deben extenderse por todas partes, ciertamente, pero las asambleas sólo tienen sentido si hay capacidad de actuar (y no de proponer enmiendas populares a sus « superiores » del parlamento). Si la idea del asamblearismo se extiende sin conducir al mismo tiempo la lucha por el poder público, las asambleas seguirán probablemente, pero la batalla política estará perdida, dejaremos el poder en manos de los que lo tienen ahora, las asambleas se refugiarán en lugares no públicos, que pueden funcionar perfectamente sin alterar en nada el poder de las oligarquías.

Para ello, debe haber una lucha entre la democracia y la oligarquía por el poder público. Esta lucha, se desarrolla también en internet (el espacio virtual), ciertamente, pero fundamentalmente en la calle, en las plazas, en los espacios públicos físicos. ¿ Por qué ? Es muy sencillo : lo que hay en el horizonte de toda lucha política, es la posibilidad de aniquilar físicamente al adversario (Schmitt, Clausewitz, Weber…). El monopolio de la violencia por parte del Estado no tiene otro sentido. Desde el principio el movimiento ha sido no violento ; y eso es precisamente porque una parte del poder está en la calle. Es el poder popular que ahora mismo está en la calle lo que permite actuar y no sustituir la acción por la violencia desesperada. La oligarquía tiene mucha posibilidad de violencia, infinita ; pero en la lucha política lo que cuenta no es la violencia, sino el poder. Si hacemos bien las cosas, si aumentamos nuestro poder, la violencia cada vez será más inútil.

Pero una vez más, esto depende de llevar la lucha en dos frentes : 1/ extender la idea del asamblearismo como forma de organizar el poder popular por todas partes, en toda la sociedad. 2/ luchar por la democracia en los espacios públicos contra la oligarquía.

La decisión de desmantelar o no la acampada de Sol debe depender de la comprensión previa del papel de esta acampada en la lucha política de la democracia contra la oligarquía por el poder público.

¿ Qué es la acampada ? La acampada no es una casa ocupada, la acampada es una ciudad, con sus límites, sus suministros, la gente que trabaja en ella, los que viven en ella… El pueblo organiza su opinión en la Asamblea, pero la Asamblea a la vez se inserta en una ciudad que se ha formado en Sol. Esta cuidad se ganó desde el momento en que la policía dejó de ser una amenaza constante. Los antidisturbios detrás de la valla marcan los límites de la ciudad. Por tanto toda decisión en cuanto a desmontar o no la acampada depende de entender que no hay pueblo (gente) si no hay ciudad (espacio físico limitado). ¿ Cómo podría cambiar la acampada para seguir siendo una ciudad, y para volverse más grande, más amplia, más inclusiva, ganando a su vez más espacio al poder físico de la oligarquía ?

La ciudad de Sol debe continuar, si queremos que el movimiento asambleario continúe. Para ello, debe luchar como espacio público democrático contra los poderes oligárquicos, en Madrid y fuera de Madrid. No hay pueblo sin ciudad. Pero esto también quiere decir que la asamblea general no debe ser de autogestión : debe ser de autoorganización. Los problemas de Sol no sólo son técnicos, sino políticos. Sol no es el principio de una casa, es el principio de una nueva ciudad, de una nueva república de asambleas. Seamos serios, pensemos como adultos la organización de esta nueva ciudad.

Que la asamblea triunfe frente al parlamento, depende de que esta ciudad se tenga en pie. El poder está en esa ciudad. Cualquier programa acabará con la ciudad. No queramos representarnos ni hagamos programas para representar nada ni a nadie. Confiemos en la gente, organicemos no el poder que habrá sino el poder presente, el poder que ya hay por primera vez en muchos años. « Ligar y federar », como se decía en la Resistencia.

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Kommando Rhino bleibt ! Sur la scène autonome et alternative radicale freibourgeoise

À Freiburg, outre le célèbre KTS et le quartier alternatif libertaire de la BelfortStraße, ainsi que le squat culturel et artistique libertaire de la GartenStraße 19., existent deux villages-communautés autogérées, autonomes et anarchistes : le Schattenparker et le Kommando Rhino. Ce dernier a reçu un ultimatum des autorités étatiques qui procèderont à une évacuation policière le 30-31 juillet 2011. Face à ces attaques de l’État, le Kommando Rhino s’organise et lance la riposte, offensive, radicale, sans concession. Dans la continuité des actions qui se multiplient, un appel a été lancé à une grande Bass Parade (ou Bassta Parade) ce samedi 28 mai à Freiburg, sous le slogan KOMMANDO RHINO BLEIBT.

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Mais avant d’en venir au détail de cette formidable manif, qu’est-ce que le Kommando Rhino ?

Si l’on veut être chronologique, le KTS a vu le premier le jour à Freiburg il y a une quinzaine d’années. Depuis, chaque structure ou lieu autogéré et sauvage connaît le même scénario :

1) Squattage illégal, aménagement matériel et logistique du lieu selon sa structure et l’idée qui lui est assignée (bar autogéré, squat politique, salle de concert, lieu culturel et artistique, etc.). Dans le cas du KTS, il est notable de rappeler que les bâtiments appartenaient auparavant à l’armée française, anciennes usines et casernes militaires.

2) L’État via municipalité et autres tentent de négocier, en cherchant à rentabiliser et récupérer la chose OU lance directement un avis d’expulsion pour faire autre chose du lieu, rentable et capitaliste, touristique ou commercial.

3) Grandes manifestations sauvages et actions radicales en continu pour faire pression et tenter de faire reculer l’État.

4) S’ils ne fléchissent pas et qu’ils envoient effectivement plusieurs centaines de flics pour chasser les « indésirables », affrontements directs d’autodéfense et quotidiens.

5) L’État, en général, finit par fléchir et accorde telle ou telle légalité officielle.

6) Le lieu enfin réapproprié se développe et permet de promouvoir la scène underground, alternative et radicale, par des concerts, des réunions, des conférences, des projections, des manifs, des actions, toujours dans une perspective anticapitaliste autonome.

Ainsi, le KTS s’est implanté de la sorte. Suite à lui, a émergé le GartenStraße, les bars autogérés puis les squats d’habitation de la BelfortStraße, puis la première communauté ou village autogéré, à savoir le Schattenparker. Dès son aménagement et son implantation sauvage, les flics attaquent en force. C’est en 2005. Ambiance de guerre à Freiburg, affrontements violents et émeutes continues entre anars, totos, marginaux radicaux, jeunes de tout horizon solidaires, qui défendent avec acharnement la zone libre. Finalement, l’État a craqué et accepté qu’une telle communauté autogestionnaire existe « légalement », c’est-à-dire sans plus aucun coup férir de la part des autorités, mais en contre-partie sur une autre zone (bien sûr, les camarades ne réclament pas vraiment une légalité, ils souhaitent « juste » vivre pour eux-mêmes de manière autonome envers et contre le capitalisme et l’État. Ainsi, dans un tel contexte, l’obtention de telle ou telle légalité est une victoire politique certaine, arrachée par la lutte à l’État et ses chiens qui sont forcés de laisser ces zones et leur influence émerger et se consolider). En revanche, les camarades de la Schattenparker doivent payer un loyer, assez lourd semble-t-il, encore aujourd’hui, et cherchent les moyens d’y échapper à terme.

Ainsi, 60 personnes vivent en collectivité à la petite commune autogestionnaire de la Schattenparker.

En 2009, le projet du Kommando Rhino surgit à son tour. Le début de son histoire et celle parallèle de son nom est saisissante : à Genève en Suisse, un énorme squat anarchiste du nom de Rhino s’est fait attaquer par les flics, évacué, détruit et rasé, sur la demande d’un riche actionnaire immobilier, le docteur Schloeder (ou Schroeder, quelque chose comme ça) qui voulait construire un grand hôtel cher. Il y est parvenu.

Or, au quartier Vauban de Freiburg, à ½h à pied de la gare, et pas très loin de la BaslerStraße où se tient le KTS (au numéro 103), un terrain vague abandonné voit soudain un panneau publicitaire géant annonçant la construction prochaine d’un building-hôtel de luxe. Aussitôt, un petit groupe de camarades autonomes ont arraché le panneau et lancé une lutte contre le capitalisme immobilier bourgeois. Petit à petit, d’autres camarades sont venus et a été décidé de se réapproprier le terrain et d’en faire une communauté autogestionnaire libertaire et autonome. La presse dominante calomnie alors et fustige la « vengeance des anarchistes suisses ». En effet, le promoteur du projet immobilier pour cet hôtel n’est autre que le docteur Schloeder en question. Aussi, par solidarité, les camarades de Freiburg lancent le projet au nom de Kommando Rhino, connaissant l’histoire du squat de Genève.

En deux ans, la réappropriation matérielle et logistique du terrain fut remarquable de réussite et d’efficacité.

Voici d’ailleurs un lien où l’on peut voir pas mal de photos de l’aménagement du lieu et de la construction des structures.

Et ici un lien sur le Kommando Rhino finalisé tel qu’il est aujourd’hui.

Plusieurs camions d’habitation, au moins 3-4 petits baraquements d’habitation supplémentaire, une cuisine, un café-bar, une bibliothèque, des toilettes sèches, et l’impressionnante salle de concert et de réunion, dont la terrasse n’est autre que l’ancien stand géant publicitaire réapproprié et réaménagé. Dans cette salle a donc lieu réunions et concerts, mais aussi projections, théâtre, ateliers pour enfants, stockage de matériel de manif et d’action, infokiosque, etc. Tout a été construit de manière autogérée avec des récupérations de matière première ici et là, à la main, à la hache et au marteau. Ainsi naquit le dernier village autogestionnaire permanent en date à Freiburg.

Deux ans se sont écoulés, où l’État a laissé faire. À présent, l’État menace de reprendre le projet capitaliste initial et a lancé un avis définitif d’expulsion, d’évacuation et de destruction pour le 30 et 31 juillet 2011. Face à cela, le Kommando Rhino multiplie les appels à la solidarité et lance la riposte. C’est donc dans ce cadre que s’est déroulée la première grande Bass Parade-Kommando Rhino Bleibt hier en fin d’après-midi.

SAMEDI 28 MAI 2011, 17h :

Cortège impressionnant de près de 600 personnes, avec pas moins de 11 camions de son crachant du dubstep et de l’elektro hardcore, des clowns, une samba en pink bloc, beaucoup d’enfants, des jongleurs, des hippies radicaux, des totos, des marginaux, des keupons, des types sur échasses avec des drapeaux rouge et noir, des gens qui jouent au ballon, une brigade anti flics en civil, un groupe indymedia qui couvre la chose, et à l’avant un petit black block qui ouvre la marche avec des slogans scandés avec une rage et une détermination qu’on ne croit voir qu’en Allemagne. À préciser l’organisation du Block en une quinzaine d’énormes banderoles attachées directement les unes aux autres permettant de mieux contenir une charge de CRS ou de mieux réussir une charge sur les CRS, alors gênés par les banderoles et ne pouvant réellement charger au milieu des gens pour arrestations ou frappes. Cela permet d’être davantage compact, avec une meilleure concentration collective de l’énergie physique d’un Bloc en lignes au coude à coude, et de tenir au corps à corps en lignes contre lignes.

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La manif dura près de 4 heures, sous forme de Reclaim The Street, avec des blocages d’avenues et de carrefours importants pendant lesquels tout le monde dansait sur le son entrecoupé par des communiqués à l’intention des autorités municipales et de la ville, ainsi que de la population pour expliquer la situation. Bien sûr, la manif est sauvage et non déclarée, comme la quasi totalité des manifs autonomes à Freiburg. D’autres camarades vont tracter vers les voitures bloquées qui accueillent bien la chose et son aspect festif. Cette solidarité populaire est d’ailleurs assez surprenante, tout le long de la manif, les gens klaxonnent, lèvent le point, scandent avec nous, se moquent des flics qui encadrent hermétiquement le cortège, etc. On bloque les routes-axes périphériques, toujours avec des communiqués sur la position du Kommando Rhino en parallèle à la fête de rue. L’idée était également de défiler sauvagement en centre-ville, mais le dispositif policier empêchant tout accès, les camarades du Block à l’avant préfèrent éviter la confrontation directe pour le moment.

Alors qu’on retourne au bout de 3 heures vers le Kommando Rhino sur une grosse avenue, les autonomes du Block tentent une initiative : en deux minutes, tous se cagoulent et se mettent à courir vers la dernière rue latérale menant au centre-ville, en tentant de prendre de court les flics. L’idée est d’aller vers la place du théâtre. Les flics réagissent direct et nous interceptent en plein sur le flanc, ce qui laisse le temps à d’autres CRS robocops de se positionner face à nous frontalement. Corps à corps pendant ¼h, cagoules contre matraques. Au début, les CRS contiennent et encaissent les coups, tandis que l’on cherche simultanément à saisir leurs matraques à travers les banderoles. Finalement, les CRS finissent par gazer à plusieurs reprises avec du lacrymogène en spray. Quelques-uns refluent, mais les lignes tiennent et poussent encore davantage au coude à coude contre les flics. Ils matraquent plus durement et gazent à nouveau, à coups répétés. Un flic qui a tout pris dans la tronche d’un de ses collègues derrière lui, s’effondre au sol et est tiré à l’arrière (c’est toujours tellement drôle ce genre de scène qu’il faut les mentionner !). Là on reflue en arrière. Les dacryos sérum tournent rapidement, et après 2-3 minutes pour se ressaisir, un compte à rebours est lancé tandis que les flics se remettent en position. Zwei, eins, nul … charge frontale sur les flics. Sur le coup, ils reculent de plusieurs mètres, et on parvient à faire une percée sur un côté de leurs lignes. Mais d’autres CRS interviennent et gazent à nouveau en force. On recule. Ce qu’il manque, c’est juste quelques dizaines de personnes en plus, car nous sommes à peine 30-40 à tenter de percer. Tandis que d’autres gens commencent à arriver prêter main forte, d’autres camarades s’interposent et dansent sur du gros son d’un camtar qui arrive devant les flics, alors que d’autres les encerclent par derrière. Après un long face à face déterminé, joyeux et offensif, les flics commencent tout doucement à reculer, pris en tenaille. Mais plus loin dans la rue, d’autres fourgons de CRS bouchent complètement la rue.

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Finalement, on laisse tomber et on remonte vers le terrain du Kommando Rhino au quartier Vauban, cette fois bien davantage encadré par une centaine de robocops suréquipés (dont des longs bâtons en bois en guise de matraque (?!)). À la fois pour devancer les flics au cas où ils feraient chier, et pour marquer le ton en final, à 2-300 mètres du village, un nouveau compte à rebours est lancé et l’on finit la manif au pas de course aux cris rituels de Anticapitalista et Libertad Anarchia Total.

Une fois en zone sûre, plusieurs camarades, cagoulés, montent directement sur la terrasse du bâtiment principal qui, outre le fait de pouvoir squatter et faire des repas sur un toit, est surtout un excellent point de vue sur la rue et le carrefour pour surveiller les mouvements de flics. Ceux-ci alignent leur quinzaine de cars devant le Kommando Rhino, avec les flics casqués devant. Provocation de leur part. Riposte. On leur jette quelques gros pétards, ce qui suffit à les faire reculer. Ils resteront là pendant plus de 2 heures. Il a été discuté de faire une sortie et de les attaquer à 30 à coups de bouteilles pour les faire quitter la zone, ce qui d’après plusieurs camarades aurait été le cas. Mais finalement, les CRS rentrent dans leurs fourgons et à terme finissent par évacuer les lieux.

Cette manif est un succès. Si l’initiative d’attaquer sur la rue latérale en fin de manif a été discutée pour sa pertinence (un cortège avec 11 camions n’est de toute façon pas assez mobile), elle a été malgré tout saluée pour avoir donner le ton. S’ensuit un énorme concert d’anarcho-punk suivi d’électro-punk anticapitaliste en intérieur (la chanson Riot a été reprise plusieurs fois ^^), et des braséros sont allumés en extérieur autour desquels on discute avec une bonne bière.

Photos de la manif et du coup de chaud contre les flics

Pour la suite des évènements, voici le « programme » :

NOUVELLE GRANDE MANIF BASS-PARADE « KOMMANDO RHINO BLEIBT » FIN JUIN (date non encore définie, checker le site du KTS et de Rhino).

APPEL À LA RESISTANCE ET À VENIR OCCUPER LE QUARTIER À PARTIR DU 28-29 JUILLET 2011, pour une LUTTE D’AUTODÉFENSE DIRECTE CONTRE LA POLICE LORS DE SON INTERVENTION. Les camarades de Freiburg espèrent que le mot tournera à Strasbourg et dans l’Est (des camarades de Vienne, de Karlsruhe et de Berlin étaient venus hier côté allemand), afin d’être le maximum et de faire reculer la police, probablement par érection et défense de barricades.

Sinon, pour info, grand festival de son à la communauté Schattenparker du 8 au 11 juin, avec raggea, dub et dubstep (le mois dernier, ils ont accueilli les groupes COLLECTIF MARY READ et MALATESTA qui ont promis d’y repasser, à prendre note !)

Adresse du SchattenParker : Eselwinkel 7 -Flugplatz ; avec un site et un myspace (davantage tenu à jour).

Adresse du KTS : BaslerStraße 103

Adresse du Kommando Rhino : Vauban M1 Allee

Site de la Coordination des Groupes Autonomes Antifas de Freiburg

Site Indymedia allemand de la région du Rhin

En outre, je tiens à préciser que de nombreux contacts ont été pris, et que les camarades de Freiburg appellent à ce que les Strasbourgeois viennent soutenir leurs actions, assurant naturellement de faire de même pour toutes les initiatives radicales à Strasbourg.

Kommando Rhino ist und bleibt !

guitoto – 29 mai 2011.

Publié dans Lieux & Urbanisme | Marqué avec , | Commentaires fermés sur Kommando Rhino bleibt ! Sur la scène autonome et alternative radicale freibourgeoise

Compte rendu factuel de la manifestation anti-G8 du Havre le 21 mai 2011

La manifestation commence à la gare du Havre vers 15h. Plusieurs milliers de personnes sont présentes. Les cortèges syndicaux sont assez fournis, les « altermondialistes » et Attac sont là aussi. Un pink bloc, des battucadas, d’énormes globes terrestres et autres joyeusetés donnent un air festif et bon enfant à la manif. En fin de cortège, une centaine de participants au camp autogéré ferment la marche avec une gigantesque banderole « ici le peuple ».

Assez rapidement, des cagoulé.es apparaissent vers les rangs de la CNT qui leur demande de se poster devant eux et de ne pas se mêler à leur cortège. Certains semblent dérangé.es par cette posture mais je comprends leur point de vue. Les militant.es de la CNT sont venu.es pour manifester tranquillement, je ne vois pas pourquoi on devrait leur imposer des actions et leur potentielle répression alors qu’ils/elles n’ont rien demandé. À chacun sa stratégie de manifestation et de contestation. Les cagoulé.es se retrouvent donc devant la CNT à environ une centaine, mélangeant jeunes lascars et manifestants type black block.

La manif est assez molle, aucun flic n’est en vue, pas même des bakeux. À part quelques pétards, quelques œufs et ampoules de peinture sur des assurances plus des journalistes bousculé.es, il ne se passe pour l’instant rien de spécial. Il faudra l’aide du service d’ordre de la CGT pour que les esprits commencent à s’échauffer. Celles/ceux-ci viennent se poster à coté du petit cortège d’enervé.es et jouent les gros bras prêts à intervenir. Ils sont immédiatement insulté.es et dégagé.es. On sent comme une envie de passer à l’action. Ça sera chose faite un peu plus loin.

De la peinture est jetée sur une mutuelle d’assurance privé, les vitrines sont attaquées à coups de pieds et de bâtons, des A cerclés et des slogans anti-G8 sont taggués. Les flics ne sont pas là, mais leurs subalternes du SO de la CGT refont leur apparition et essaient physiquement de s’interposer. Elles/ils se font bousculer et quelques baffes leur sont distribuées. Elles/ils resteront finalement à l’écart du cortège.

Court petit bakeux, court

Vient ensuite le tour de la banque LCL, ses vitrines tombent assez rapidement tout comme celles d’une autre boîte d’assurance. Chaque bris de vitrine est acclamé. Les jeunes lascars exultent et s’en donnent à cœur joie sur un « Carrefour Market » en face duquel une petite barricade enflammée est disposée au milieu de la route. Une banque postale sera prise pour cible, une caméra de vidéosurveillance sera détruite, quelques tags fleuriront (« flic porc », « smash G8 », etc.)  et la manif se retrouve trop vite finie, alors que tout le monde avait encore envie d’action.

La CGT bloque l’entrée du Champ de Foire où doivent se dérouler les concerts du soir, ce qui laisse les énervé.es à la merci des flics. Le temps de se demander ce qu’il reste à faire et l’on voit deux manifestants masqués se faire alpaguer par 5/6 bakeux. Instinctivement, une cinquantaine de personnes se mettent en mouvement pour les libérer sans trop de difficulté. Sous le coup des nombreux cailloux qui leur tombent sur le coin de la gueule, les arroseurs arrosés entament alors le 100 mètres le plus rapide de leur vie.

Revenus devant le champ de foire, tout le monde comprend que les réjouissances sont terminées et qu’il ne reste plus qu’à se changer en manifestants lambda.

Au final, les incidents auront duré une vingtaine de minutes avec la participation d’une soixantaine de personnes prouvant, si besoin est, que l’on n’a pas besoin d’être des milliers pour faire des actions en manif. Aux contre-sommets, au quotidien et dans la rue, la lutte continue…

Vidéo
Autre témoignage avec photos

 

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Projection-débat sur la pénalisation des client.e.s du sexe Mercredi 15 juin à Besançon

Mercredi 15 juin à partir de 19h00, Putains dans l’âme sera au bar la Cour Des Miracles (CDM) pour une projection suivie d’un débat sur le projet de loi visant à pénaliser les client.e.s du sexe :

BONS SENTIMENTS VS MAUVAISE VIE

Projection-débat sur la pénalisation des client.e.s du sexe
à la Cour Des Miracles (CDM) 18 rue du Lycée 25000 Besançon
mercredi 15 juin 2011 à 19h00

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1306631633.jpgLes récentes déclarations de Roselyne Bachelot remettent sur le tapis la vieille question d’une loi contre les client.e.s du sexe. Peut-on pénaliser les client.e.s d’un commerce légal ? Quels seraient les effets d’une telle loi ?

Nous vous invitons à débattre de ces questions autour de la projection de deux extraits tirés des films Peau de vache (Gérald Hustache-Mathieu, 2002) et Les travailleu(r)ses du sexe (Jean-Michel Carré, 2009).

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Première permanence mensuelle samedi 25 juin 2011 de 14 à 18h dans les locaux de Tambour Battant, 6 rue de la Madeleine à Besançon.

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[Le Rémouleur, Bagnolet] Programme de juin 2011

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Le Rémouleur.

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[Nîmes] Appel à manif bruyante contre Total & Co ce mardi 31 mai

NON AUX GAZ DE SCHISTES, NON AUX « BIOÉNERGIES » !

« Les groupes Total, Véolia, Sofiprotéol et Tereos participeront à une table ronde le 31 mai au Carré d’art à Nîmes, de 11h30 à 13h, consacrée au développement des bioénergies, les marchés, les échéances, leur pérennité et leur réalité économique. Ces groupes y donneront leur vision stratégique. »

Le Midi Libre du 27 mai 2011

SAUF QUE LEUR VISION STRATÉGIQUE, ON LA CONNAÎT !

Leurs stratégies visant à changer des terres agricoles en hydrocarbures, à déporter les dernières populations paysannes vers les villes pour mieux les exploiter, à rendre l’eau imbuvable afin de mieux nous la vendre, à nous faire payer tout ce qui devrait être gratuit, et à finalement condamner toute possibilité de vie sur terre en vue d’obtenir de substantiels profits immédiats, leurs stratégies on les connaît, et on en crève !

Hier le nucléaire, aujourd’hui la « biomasse », demain les gaz de schistes, ça suffit !

NOUS NE VIVONS PAS DANS DE LA « BIOMASSE », MAIS EN CÉVENNES !

C’est pourquoi nous n’irons pas participer à leur table ronde, mais irons manifester notre refus au Carré d’art en faisant un maximum de bruit.

QUE LE VACARME COUVRE LEURS MENSONGES !

Des gens en Cévennes

P.-S. : Amenez vos casseroles, sifflets, cornes de brume, trompettes, tambours, djembés, binious, kazous et tout objet susceptible de faire un maximum de boucan !

RDV 11h place de la Maison carrée

Infos Anti-autoritaires en Cévennes à l’Assaut des Montagnes ! 29 mai 2011.

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Quand No Pasaran demande le silence…

Après le groupe Salvador Segui de la FA qui soutenait l’opération militaire en Libye, voici un article non signé paru dans le bimestriel no 83 daté mai-juin 2011 du réseau de VPC No Pasaran … qui demande de « la sagesse » (!) et du « silence » (!) face à l’intervention militaire de l’OTAN en Libye.

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Appelant uniquement à l’application bien légaliste d’une directive sur la « protection temporaire » (!!) par les États européens qui vendent des armes à Khadafi et négociaient avec lui la rétention des migrants…

… et ignorant totalement des actions concrètes menées ici et contre les complices de guerres et d’exploitation.

Mailing, 29 mai 2011.

 

[Crapulerie] Quand un groupe parisien de la FA soutient une intervention militaire…

Seules trois lignes apparaissent sur le site fédéral :

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Le texte est en « accès caché » [effacé depuis] sur le blog du Groupe parisien Salvador-Segui :

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1306686304.pnghttp://pix.toile-libre.org/upload/original/1306686327.png

Mailing du 22 mars – Billet du 23 mars 2011 sur le JL old school.

 

LIBYE, AUCUNE INTERVENTION MILITAIRE N’EST JUSTIFIÉE !
Communiqué de la Fédération anarchiste

La Fédération anarchiste condamne l’intervention des forces aériennes britannique, étatsunienne et française en Libye, sans pour autant soutenir la dictature de Khadafi. Pour elle, l’attachement des belligérants à la liberté des Libyens est en effet plus que suspect, il ressemble davantage à un souci très terre-à-terre de pouvoir continuer les affaires avec les successeurs de l’actuel régime, et de pouvoir se garantir l’approvisionnement en pétrole libyen en virant Khadafi sans toucher aux autres dictatures pétrolières où la révolte gronde aussi mais où les potentats sont plus sûrs et/ou mieux contrôlés. Est-il besoin de rappeler que ceux qui ont vendu les armes dont se sont servis les miliciens du tyran libyen sont les mêmes que ceux qui font parler la poudre depuis le 19 mars 2011 ? Faut-il rappeler que la France, s’agissant de la révolution tunisienne offrait récemment ses services répressifs à Ben Ali ? Ce sont ceux qui se font passer pour des libérateurs qui ont contribué des années durant au maintien de Khadafi au pouvoir, qui lui ont confié la gestion des flux migratoires en direction de l’Europe, ce dont il s’est acquitté avec zèle, qui ont d’autant plus commercé avec lui qu’il était devenu plus fréquentable après avoir renoncé à son programme nucléaire. Ce sont les mêmes qui, au prétexte de frapper l’ennemi, allongeront l’interminable liste des bavures militaires, pudiquement rebaptisées dégâts collatéraux, les travailleurs libyens n’ont pas besoin d’eux !

Arrêt immédiat de l’intervention !
Solidarité internationale avec tous les révoltés !

Fédération anarchiste, 22 mars 2011.

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Sur la parution de « Visages de l’avant-garde »

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Retour sur les évènements survenus lors de la Gay Pride 2011 à Tours

21 mai 2011, Tours :

Samedi 21 Mai avait lieu la Gay Pride. Ce même jour un groupuscule d’extrême-droite appelait à manifester contre la Gay Pride. Sous prétexte que la sexualité relèverait de la vie privée, elle n’aurait pas à s’exhiber dans la rue, et surtout pas celle des homosexuels. Ce discours « soft » ne masque que leur homophobie, en témoignent les slogans scandés au passage du cortège de la Gay Pride.

La préfecture avait d’ailleurs menacé de faire annuler la Gay Pride au motif du risque de troubles à l’ordre public lors de la rencontre avec les fafs, la mairie PS n’a pas bougé alors qu’elle aurait pu faire interdire le rassemblement des fafs pour les mêmes raisons. Finalement, les organisateurs de la Gay Pride ont dû trouver 80 bénévoles pour encadrer le cortège et signer un papier comme quoi ils seraient responsables en cas de troubles à l’ordre public. Les autorités n’ont tout simplement pas voulu interdire le rassemblement haineux et provocateur des fafs pour éviter les-dits « troubles à l’ordre public ».

Parce que l’homophobie et le sexisme sont des plaies bien trop présentes dans notre société. À l’appel du collectif antiraciste 37, des militant.e.s se sont réuni.e.s pour participer à la Gay Pride derrière une banderole qui dénonce ces plaies. L’objectif était de montrer la bêtise et l’absurdité de tous les discours réactionnaires sur la sexualité, et défendre la liberté dans les choix et les pratiques pour chacun.e en matière de sexualité.

La rencontre avec les fafs (environ une trentaine) bien protégés par la police, s’est passée sans incident autre que quelques disputes avec le service d’ordre de la Gay Pride qui était un peu trop pressé de faire avancer le cortège. Des « incidents » sont survenus plus tard, place des Halles au niveau du Cosmic café (bar qui sert de repaire aux militants d’extrême-droite). Un camarade exaspéré par les photos d’un journaliste est allé lui faire remarquer qu’il ne désirait pas apparaître dessus, et a commencé à lui expliquer pourquoi. Le ton est monté, la situation s’est tendue en raison des quelques fachos amassés devant leur bouge. La police et des agents de la BAC (sans brassards) ont utilisé l’altercation comme prétexte pour charger. S’en est suivie une mêlée assez confuse, trois camarades se sont fait embarquer (deux sont poursuivis pour dissimulation du visage, le troisième pour outrage/rébellion). Les keufs en ont profité pour se défouler, de nombreuses personnes ont été mises à terre et/ou ont pris des coups, entre autres une camarade qui après une pluie de coups de matraque s’est vu prescrire 8 jours d’arrêt de travail. La version présentée dans la Nouvelle Répugnante (le torchon local), laisse à croire que nos camarades seraient la cause de cet incident. La vérité est que c’est la police qui a chargé brutalement tout le monde au prétexte de « l’altercation » entre le camarade et le journaliste, altercation qui ne se serait certainement pas soldée par des coups ou de quelconques troubles à l’ordre public autres que quelques cris si la police n’était pas intervenue. Lorsque la Gay Pride est revenue au château de Tours, les militants d’extrême-droite sont allés encercler le château où avait lieu une fête, pour provoquer les gens, obligeant la sécurité à filtrer les accès au château.

Les identitaires de Vox populi, veulent faire croire qu’en tant que catholiques ils ne sont qu’amour, paix et foi. Mais la manif anti-Gay Pride, le harcèlement de la Gay Pride au château de Tours, les propos haineux tenus au passage de la Gay Pride prouvent le contraire. La préfecture et la mairie PS, certainement au courant des agressions perpétrées par les nervis d’extrême-droite ces derniers mois à Tours ; n’ont pas interdit le rassemblement d’extrême-droite. Et ont préféré les laisser déverser leurs propos haineux sur la place publique au nom de la « liberté d’expression ».

Désinformation officielle :

Les articles de la Nouvelle Répugnante, laissent à croire que l’incident avec la police serait dû aux tensions entre militants d’extrême droite et d’extrême gauche, qui était venus pour en découdre. Que la police n’aurait fait que s’interposer, que l’on aurait affaire à deux bandes d’extrémistes incontrôlables aux idées nauséabondes.

Cette stratégie n’est pas une surprise et elle s’insère dans une dynamique nationale. Déjà à Lyon une semaine avant, après les incidents qui avaient eu lieu suite à une manif d’identitaires et de néonazes (agressions racistes, agressions de militants). Ces événements avaient été réduits à une guéguerre entre extrémistes fascistes et antifascistes. Les agressions racistes étant traitées de manière superficielle dans la majorité de la presse officielle. Toutes les violences ont été placées sur le même plan, sans aucune distinction entre les agressions des fascistes et les militants qui se sont défendus lorsque les fafs ont essayé de les agresser.

Le pouvoir en place cherche vraisemblablement à exacerber les rivalités entre la gauche radicale, les libertaires, et l’extrême-droite. Cela pour affaiblir les deux camps et pouvoir réprimer tout ceux qui feront des faux pas d’un côté comme de l’autre. Cela intervient dans un climat social potentiellement tendu, une période de crise qui voit se propager les mouvements sociaux en Europe (dernièrement en Espagne) et autour de la Méditerranée. Ces mouvements sont liés à la dégradation des conditions d’existence imposée par la restructuration du capitalisme néolibéral. En fRance un mouvement important (malheureusement trop bien canalisé par les syndicats) contre la reforme du système de retraites à eu lieu à l’automne dernier. L’approche des élections de 2012 offre un peu de répit dans le train des reformes, mais n’influera pas sur son exécution. Dans ce contexte pré-électoral où l’extrême-gauche et les libertaires se présentent comme une alternative valable quand la gauche comme la droite ont échoué à améliorer le quotidien des gens. La critique radicale de l’État et du capitalisme apparaît comme dangereuse, le gouvernement ne veut pas risquer de la voir s’implanter durablement dans les esprits. Le déclenchement d’un mouvement social d’ici à la Présidentielle pourrait faire perdre le pouvoir à la droite (la gauche ne vaut au final pas mieux). Pour éviter cela, le pouvoir, par le biais de la presse officielle, tente de renvoyer d’une part l’extrême-gauche et les libertaires, et d’autre part l’extrême-droite dos à dos ; comme deux pôles inverses qui s’annuleraient. Le parti au pouvoir qui pourtant fait son beurre sur des thèmes chers à l’extrême-droite, comme l’immigration ou l’insécurité espère même passer pour un parti de modérés et conserver le pouvoir en 2012. Même si quelques « dommages collatéraux » doivent être blessés ou tués lors d’agressions fascistes. Mais cela représente pour nos chers dirigeants un petit prix à payer pour conserver leur royaume.

Il est nécessaire de prendre acte de cette instrumentalisation de l’extrême-droite par le pouvoir, et de ne pas rentrer dans une guéguerre stérile. Nos ennemis ne sont pas des groupuscules marginaux de crânes rasés mais bien l’État, le capitalisme et tous ceux qui nous empêchent de vivre en nous enfermant dans la survie. L’antifascisme en tant que projet politique est absolument stérile, et n’est porteur d’aucune de nos aspirations. Il enferme dans des conflits vains et fait le jeu des pires alliances, il conduit à la reproduction des structures de dominations et de spécialisations que nous combattons. Nous préférons nous concentrer sur nos vrais ennemis, et tenter de nous émanciper plutôt que de nous enfermer dans une guéguerre avec des groupuscules minoritaires.

Il est néanmoins nécessaire de mettre en pratique des stratégies d’autodéfense face, aux possibles attaques des nervis d’extrême-droite ; et de tisser des liens entre nous pour que personne ne se sente isolé et ne cède à la pression et de l’extrême-droite et de la police.

Quelques éclaircissements :

Pour finir, quelques mises au point, rapport aux mensonges colportés par la presse officielle.

Nous défendons le droit de chacun à disposer de son corps, et à construire ou déconstruire son genre comme il l’entend. On ne répétera jamais assez que les pratiques dites « LGBT », font partie intégrante de la sexualité au même titre que les pratiques dites « hétérosexuelles » et ne sont ni plus ni moins naturelles les unes que les autres. Et que le sexisme et l’homophobie ne sont que l’héritage de près de 2000 ans de religions réactionnaires et phallocentrées.

Nous nous sommes vus traiter d’extrémistes en vue de nous discréditer. La seule chose qui peut paraître extrême aux bourgeois c’est notre radicalité. Par cela nous entendons notre capacité à identifier et attaquer les causes de nos maux à la racine : entre autres l’État, le capitalisme, et toutes les structures de dominations. Nous entendons vivre comme nous le désirons, seul.e.s ou ensemble. Pour cela nous refusons tout compromis avec ceux qui voudraient nous représenter en détournant le pouvoir qui réside en chacun de nous à leur seul profit. Pas de compromis non plus avec ceux pour qui tout a un prix et qui entendent bien nous faire trimer pour se remplir les poches, pendant ce que l’on ne peut décemment appeler vie lorsque l’on est soumis au travail salarié.

Nous sommes rassemblés sur une base au minimum anti-autoritataire, nous refusons la domination entre les personnes sous toutes ses formes. Le racisme, l’homophobie, le sexisme, et la reproduction de toute forme de structure de domination, passent par chacun.e de nous. C’est à chacun.e d’essayer de s’en affranchir soi-même et de lutter contre au quotidien. Il ne tient qu’à chacun.e d’essayer de construire des situations où chacun.e sera maître de lui/elle-même et où l’aliénation disparaîtra.

Nos idées sont dans toutes les têtes, c’est à chacun.e de les trouver et de les mettre en œuvre pour libérer les territoires de sa vie quotidienne.

La volonté de chaque individu contient plus de puissance qu’une bombe H.

Ensemble nous ferons trembler leur monde, puis nous danserons sur ses ruines encore fumantes.

Des Anarchistes – 29 mai 2011.

 

Au SUD, rien de nouveau…

Sur les incidents entre flics, journaleux, fachos et manifestants-tes lors de la Gay Pride à Tours ce samedi 21 mai 2011 :

Le délégué départemental de SUD/Solidaires 37 veut distinguer sa boutique syndicale … «(…) Ensuite, s’il y a eu des totos encagoulés, ou pas, qui ont joué la provocation ou qui ont agressé la presse, on le déplore, c’est une connerie, mais nous n’y sommes pour rien et nous n’avons rien à faire avec ces types-là et ces comportements. (…) »

… qui rappelle cette autre dissertation de SUD et du NPA sur les « z’autonomes » (?) présents-es lors de la manifestation antifasciste de Tours du 15 janvier 2011 [extrait de ça].

Mailing, 25 mai 2011.

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Démocratie Réelle Maintenant !! Montpellier

Dans l’indifférence médiatique, la révolution espagnole arrive en France !
Il faut réinventer les alternatives politiques !

Nous sommes des personnes qui avons décidé librement et spontanément de nous réunir sur l’Esplanade de Montpellier. Il s’agit d’un mouvement apartidiste, pluriel et horizontal qui s’inscrit dans la lignée de ce qui se passe en Espagne dans la plupart des villes (contre le bipartidisme et pour la « démocratie réelle » et l’état social — pas de démocratie si gouvernent les marchés).

C’est un mouvement de personnes de tous les horizons qui réclament un changement sans pouvoir le formuler clairement pour l’instant. De manière générale, nous souhaitons tous que change le système socio-économique actuel. Nous souhaitons, également, être acteurs de ce changement et agir pour que les intérêts des personnes passent avant les intérêts économiques comme c’est trop souvent le cas aujourd’hui.

Nous souhaitons, enfin, ouvrir un espace pour qu’une organisation devienne possible et qu’une voix commune issue d’un malaise général puisse naître.

Créer une autre chose, une autre pensée, une autre pratique, organisée et durable, qui contrôle son propre temps !

Assemblée générale tous les soirs à 18h à l’Esplanade et manifestation/camping à partir de 20h. Venez nombreux !

Rejoins notre groupe sur Facebook : Democracia Real Ya Spanish Revolution (Montpellier)

Infos Anti-autoritaires en Cévennes à l’Assaut des Montagnes !, 28 mai 2011.

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Sur le fichage à l’échelle européenne

Comment ficher les fauteurs de troubles

En marge du sommet du G8 de Deauville, militants et manifestants courent le risque d’être apparentés à des terroristes. Décodage de fichiers de police de plus en plus flous.

Cécile Lecomte,  militante française installée en Allemagne, fait partie d’une troupe de militants escaladeurs, Robin Wood, qui bloquent des convois militaires ou des trains de déchets nucléaires. Surnommée l’Écureuil, elle ne compte plus les gardes à vues. Et nous assure qu’elle figure dans une dizaine de fichiers policiers — notamment ceux de l’agence Europol — dont certains destinés à la prévention du terrorisme.

Au moment où plusieurs mouvements entendent protester contre le G8 de Deauville, l’Union Européenne entretient toujours le trouble sur les caractéristiques exactes des fichiers permettant de suivre les « fauteurs de troubles » qui perturbent les grandes réunions internationales.  Au risque de confondre des contestataires très remuants avec des auteurs de crimes ou d’actes terroristes.

Un tel risque existe bel et bien si l’on en croit les travaux des groupes de travail du Conseil de l’Union européenne, disséqués par l’Ong britannique Statewatch. Même s’il n’y a pour l’instant pas de consensus pour créer des fichiers spécifiques, ou pour ajouter ces menaces potentielles aux fichiers policiers déjà existants au sein de l’UE, la question est sensible car elle touche une nouvelle fois à l’équilibre entre lutte contre le crime (et le terrorisme par extension) et libertés fondamentales.

La définition même de « fauteur de troubles » (troublemakers) soulève des problèmes. C’est en 2001, à l’issue de deux sommets particulièrement symptomatiques — ceux de Göteborg en juin (Conseil européen) et de Gênes en juillet (G8), donc bien avant les attentats du 11 septembre — que l’UE décide de rédiger deux « manuels » destinés d’une part à la « sécurité contre le terrorisme » et d’autre part à « la gestion de l’ordre public ». En 2007, début du mélange des genres : ces deux manuels n’en font plus qu’un (« EU Security Manual »). Et au lendemain des manifestations en marge du sommet du G8 de Heiligendam (Allemagne, juin 2007), que l’idée de créer une « base de données » intra-UE s’impose pour la première fois. Objectifs du gouvernement allemand, à l’origine de cette évolution :

« Pouvoir partager de l’information sur des “fauteurs de troubles violents” et envisager la possibilité “d’utiliser SIS [Système d’information Schengen] pour cet échange d’information”. »

Actuellement, un Système d’information Schengen de deuxième génération (SIS II) est à l’étude. Le SIS est l’un des premiers fichiers centralisés créé au sein de l’Union — il est réservé aux seuls pays membres de l’espace Schengen (25 des 27 pays de l’UE).  Il peut déjà être utilisé pour empêcher, même temporairement, à des individus de pénétrer dans tel ou tel pays membre pour une durée limitée — le temps d’un sommet international, par exemple. Le problème, c’est que la « convention SIS » prévoit, dans son article 99, que ces restrictions à la liberté de circulation sont réservées aux cas de « crimes ou délits extrêmement sérieux » ou encore aux « menaces sérieuses ».

Pour l’heure, aucun consensus n’a semble-t-il  été dégagé pour inclure la notion de « fauteur de troubles » dans le SIS. Mais l’idée rencontre encore un certain succès dans les appareils sécuritaires. Statewatch met en avant l’insistance du gouvernement allemand. Dans une note remise avant une réunion technique de coopération policière du 7 avril 2008, Berlin fait le même amalgame douteux entre « crimes » et « confrontations violentes » en suggérant la qualification tendancieuse de « délit particulièrement sérieux » (significant criminal offense).

« Un délit particulièrement sérieux (…) tend à perturber sensiblement la paix publique et peut potentiellement avoir un effet considérable sur le sentiment public de sécurité. »

Ficher les manifestants comme les tifosis ?

Cette notion n’est pas sans rappeler le fameux « sentiment d’insécurité », très en vogue en France pour servir de baromètre répressif après le moindre fait divers. Pour Tony Bunyan, fondateur et directeur de Statewatch, il est « absurde » de lier les délits ou crimes sérieux à la notion de « perturbation de la paix publique ». « Cela peut englober des manifestants non violents qui font un sit-in ou tout autre rassemblement de protestation. Ils pourraient être interprétés par la police comme ayant “un effet considérable” sur le sentiment de sécurité. »

En février 2009, la délégation allemande ne lâche pas prise. Prenant prétexte de lutter contre les hooligans de football, elle propose de pouvoir ajouter dans SIS des alertes « fauteurs de troubles violents », et cela « même si ces alertes sont incompatibles avec les lois nationales »…

Il ressort de ces échanges que seuls deux pays, le Danemark, et donc l’Allemagne, ont inséré cette notion de « fauteur de trouble » dans leurs fichiers policiers. Reste que ce n’est pas toujours pour embrigader des supporters de foot, comme le montrent les mésaventures de notre militante anti-nucléaire.

À l’heure actuelle, le dossier « fauteur de trouble » est en stand-by. Mais Statewatch indique que la Commission devrait publier une note d’orientation, au plus tard en 2012. Ou plus tôt… Car lors de chaque « débordement » — toujours attribué aux manifestants, curieusement —, les faucons de l’ordre public européen mettent la pression. Juste après le sommet de l’OTAN d’avril 2009 à Strasbourg, une note de la présidence suédoise évoque le :

« besoin d’échanger des informations sur des personnes qui perturbent l’ordre public et/ou menacent la sécurité publique, cad : hooligans sportifs, émeutiers violents, agresseurs sexuels, auteurs récidivistes de crimes sérieux. »

Notez la nuance « et/ou », qui mélange de nouveau « criminels » et « perturbateurs ». Une idée qui a déjà séduit l’Italie de Berlusconi. Suite à des manifestations étudiantes violemment réprimées en décembre 2010, le ministre de l’Intérieur Roberto Maroni a ni plus ni moins proposé que les manifestants soient fichés comme les tifosi, et soient exclus des manifs en cas de « violences répétées » comme un supporteur est interdit de stade après une bagarre… En France, le débat a été vif lors du lancement du funeste fichier EDVIGE, mis de côté puis légalisé fin 2009 dans le fichier PASP (« prévention des atteintes à la sécurité publique »).

Des hooligans aux manifestants en passant par les migrants et les musulmans

Interrogé par OWNI, le Superviseur européen à la protection des données, Peter Hustinx, n’a pas souhaité commenter ces développements. Ses services se sont contentés de nous renvoyer vers les innombrables avis et recommandations qu’il a publié sur les traitements de données à visées policières. Cela va sans dire : le Superviseur n’a aucun pouvoir pour bloquer ni amender les plans du Conseil en la matière. Pour Tony Bunyan de Statewatch :

« La réponse de l’UE à la “guerre contre le terrorisme” a conduit à cibler en premier les musulmans, les migrants aussi bien que les réfugiés et les demandeurs d’asile (…) Maintenant, l’idée émergente au sein de l’UE, c’est que les manifestations et le droit de protester deviennent une cible prioritaire de la politique européenne de “sécurité intérieure”. »

Statewatch insiste aussi sur la volonté du Conseil de l’UE, dès avril 2010, de créer un « instrument multidimentionnel » pour « collecter des données sur les processus de radicalisation ».

Tony Bunyan y voit une autre porte ouverte à l’amalgame. Dans un document technique, la notion d’« idéologie supportant directement la violence » est élargie à une liste disparate de groupes divers :

« extrémisme de droite ou de gauche, islamisme, nationalisme, anti-globalisation, etc. »

Les documents du Conseil montrent en outre qu’il s’agit plus de renseignements que d’informations concrètes (faits constatés) visant des groupes condamnés pour des faits avérés. En réponse à une question écrite de députés européens sur ces notions de radicalisation violente, le Conseil et la Commission rivalisent de déclarations vertueuses :

« Les conclusions du Conseil sur l’utilisation d’un instrument normalisé de collecte des données constituent des recommandations (…). L’un des objectifs de cet instrument, conformément à la stratégie de l’UE visant à lutter contre le terrorisme, est d’analyser les raisons pour lesquelles certaines personnes recourent à la violence pour poursuivre des objectifs politiques. La décision d’utiliser cet instrument technique revient à chaque État membre. » (Réponse du Conseil, 18/2/2011)

« Le programme de Stockholm invite la Commission à examiner la meilleure manière de faire en sorte que les autorités compétentes des États membres puissent échanger des informations sur les déplacements des délinquants violents et à présenter une communication à ce sujet en 2012. (…) il est toutefois trop tôt pour préjuger de l’issue de l’analyse actuellement en cours. (…) ces termes n’ont été utilisés que dans des documents d’orientation, et pas dans des textes juridiques. » (Réponse de la Commission, 10/01/2011)

Pourtant, la liberté d’expression est directement concernée car il est question de surveiller les « messages radicaux », c’est-à-dire les opinions et les écrits de tels ou tels groupes qui contesteraient l’ordre libéral actuel.

Jerôme Thorel, Owni, 26 mai 2011.

 

EU Database Nation(s) : surveiller et punir en Europe

Les manifestants ne sont pas les seuls à être répertoriés dans les fichiers de l’Union européenne. Les migrants, les expulsés, les voyageurs et passagers, ceux qui utilisent le net ou le téléphone sont eux aussi « profilés ».

La coopération policière et judiciaire bat son plein au sein de l’UE. Par touches successives, les états ont accepté de perdre leur souveraineté en matière de maintien de l’ordre et de prévention de la criminalité. Au risque de créer de nouveaux amalgames qui menacent directement les manifestations légitimes ou de simples militants pacifistes.

L’information en la matière n’a jamais été le point fort de l’Union. Ce n’est que très récemment que la Commission européenne a publié — en juillet 2010 — un document exhaustif sur la liste exacte des différents traitements automatisés nominatifs à portée supra-nationale (« Présentation générale de la gestion de l’information dans le domaine de la liberté, de la sécurité et de la justice »).

Certains utilisent des données collectées dans les États membres, d’autres comportent des éléments récoltés par des agences supranationales — comme Europol (coopération policière), Système d’information Schengen (SIS), ou encore Frontex (sécurité des frontières extérieures) — et partagés ensuite entre les 27 gouvernements. À cela s’ajoute des procédures d’échanges d’informations automatiques ou ponctuelles, décidées par le Conseil dans des « décisions-cadre » au gré de l’actualité (Traité de Prüm, Programme de Stockholm, etc.), échappant le plus souvent au regard des parlements nationaux (pointez la souris sur les noms des fichiers pour faire apparaître leurs descriptions) :

Dans cette liste à la Prévert (voir le résumé des procédés mis en œuvre, et le rapport complet), on stocke à la fois des données sur de simples suspects que sur des personnes condamnées, ou qui font l’objet de mandats d’arrêts.

Un individu présent dans un fichier peut se retrouver presque automatiquement dans les autres (SIS, SIS II, VIS, API, SID, Prüm, ECRIS, ARO, Europol, Eurojust, PNR et TFTP). Et ses données biométriques (digitales, génétiques, visages) peuvent être traitées dans pas moins de 8 fichiers ou systèmes d’échange.

Certains fichiers centralisés à l’UE — surtout ceux régulant les flux migratoires — comportent des données biométriques, y compris des profils ADN. Les durées de conversation sont soit imprécises soit jamais mentionnées. Les autorités pouvant avoir accès varient en fonction des finalités. Les droits de recours, d’opposition ou de rectification ne font pas l’objet d’une communication rigoureuse et normalisée. Et les rares « autorités de contrôles » mises en place n’ont quasiment aucuns pouvoirs contraignants pour limiter la casse sur les droits politiques et sociaux. Bref, la machine à « surveiller et punir » de l’UE n’a rien à envier de sa grande sœur étasunienne.

Le Contrôleur européen à la protection des données (CEPD), Peter Hustinx, a publié en décembre 2010 un avis sur cette « présentation générale ». Un extrait illustre bien le dialogue de sourd qui s’instaure en haut lieu :

« La Commission évoque le concept de la prise en compte du respect de la vie privée dès la conception (« privacy by design ») à la page 25 de la communication (…) Le CEPD se félicite de la référence à ce concept qui est actuellement en cours de développement, dans le secteur public comme dans le secteur privé, et qui doit également jouer un rôle important dans le domaine de la police et de la justice.

Le CEPD remarque [néanmoins] que ni les orientations générales décrites dans cette communication, ni les lignes directrices élaborées par la Commission en matière d’analyse d’impact n’explicitent cet aspect et n’en font une exigence politique. »

La lutte contre le terrorisme est l’arme favorite de l’UE pour justifier de tels déploiements de surveillance technologique. C’est le domaine de compétences de Martin Scheinin, rapporteur spécial du Conseil des Droits de l’homme de l’ONU chargé de la « promotion des droits de l’homme dans la lutte contre le terrorisme ».

Des techniques au service du profiling

Dans un rapport de décembre 2009, il mentionnait les multiples entraves aux libertés individuelles des lois antiterroristes, en mettant l’Europe au même banc que les États-Unis. « Certaines intrusions dans la vie privée des personnes peuvent devenir permanentes dans la mesure où les traits physiques et biologiques sont souvent centralisés dans une seule base de données », remarquait-il. Parmi les outils et mesures les plus contestés :

* rassemblement de listes et de bases de données ;
* surveillance accrue des données bancaires, de communications et relatives aux voyages ;
* utilisation de techniques de profiling pour identifier des suspects potentiels ;
* accumulation de fichiers encore plus larges pour évaluer la probabilité d’activités suspectes et l’identification de personnes à des fins d’analyses futures ;
* techniques avancées comme la collecte de données biométriques ou de scanners corporels.

Martin Scheinin épinglait l’UE pour sa volonté de détourner Eurodac, le système d’identification biométrique des demandeurs d’asile, de sa finalité première (en sachant que détourner un fichier est une infraction pénale dans tous les pays de l’Union). Le Conseil de l’UE voulait sans complexe utiliser ce fichier d’empreintes digitales — de personnes très vulnérables, faut-il le rappeler — pour « aider à prévenir, détecter et enquêter sur les menaces terroristes ». Faisant ainsi un amalgame entre « migrants » et « terroristes »… Un projet en souffrance, mais qui pourrait voir le jour malgré l’opposition actuelle du Parlement européen.

Dans un rapport plus récent de mai 2010 portant spécifiquement sur la politique de sécurité européenne, il citait les systèmes SIS, Eurodac et VIS (systèmes d’information des visas) comme ayant les « plus sérieuses implications pour les libertés fondamentales » en pointant les multiples « insuffisances » dans la protection des personnes ciblées.

Le rapporteur spécial s’en prend aussi à l’une des décisions-cadres citées dans l’étude de la Commission. Celle prise suite aux attentats de Madrid en 2004, et visant à « faciliter l’échange d’informations entre les services répressifs des États membres ». Cela a pour conséquence, écrit-il, de permettre à certaines forces de police d’accéder à « des données qu’elles seraient dans l’impossibilité d’obtenir légalement dans leur propre pays »…

Le Traité de Prûm, inspiré lui aussi par les attentats de Londres et Madrid, signé en mai 2005 par seulement six pays européens (Belgique, France, Espagne, Allemagne, Luxembourg et Pays-Bas), a tout de même été intégré au régime légal de l’ensemble de l’UE. « C’est regrettable, déplore Martin Scheinin, ce traité autorise l’échange de profils ADN qui ont un très sérieux impact sur les libertés. » Surtout que certains pays, comme la France, y incluent des profils génétiques de simples suspects, y compris mineurs.

Un fichier des reconduits à la frontière en charter

L’agence Frontex — matérialisation policière de la « Forteresse Europe » — envisage elle aussi de créer une base centralisée, placée sous sa responsabilité. Non recensée par l’étude de la Commission, car trop récent, son projet vise à ficher toute personne en situation irrégulière lorsqu’il est « reconduit » (« expulsé » en terme clair) dans le cadre d’«opérations conjointes de retour par voie aérienne» (en clair, des charters d’étrangers faisant escale dans plusieurs pays de l’Union).

Ce fichier central doit lister « le nombre et l’identité exacte [des expulsés], fournir une liste à la compagnie, identifier les risques liés à chaque personne, savoir si des mineurs sont présents » et quel est « l’état de santé de chacun pour leur apporter une aide médicale adéquate ».

Le CEPD, dans un avis d’avril 2010, recommande que Frontex ne soit autorisé à traiter seulement la réponse à la question « ce passager est-il en bonne santé ? — oui/non ». Il note aussi que l’agence a « oublié » de garantir aux personnes fichées leurs droits fondamentaux. « Frontex n’a jusqu’ici pas détaillé de procédures spécifiques pour garantir le droit de ces personnes » (droit d’information, d’accès, de rectification et d’opposition), et rappelle l’extrême fragilité des personnes prises en charge.

« Dans la majeure partie des cas, leur langue natale ne sera pas celle d’un des états membres et seront de plus en situation de grande détresse. [Il faut donc que] l’information fournie leur soit compréhensible (…). [Pour] les personnes illettrées un agent devra pouvoir les informer par oral. Les notices d’informations devront être rédigées dans un langage clair et simple en évitant des terminologies juridiques (…). »

Un autre projet intra-UE (non recensé) inquiète fortement le CEPD : Eurosur. Nom de code du « système européen de surveillance des frontières », il doit être présenté par la Commission en décembre 2011. La dernière mention de ce projet dans les serveurs de Bruxelles date du 5 mai dernier, dans une note consacrée à la « crise migratoire » (sic) qui sévit en Méditerranée. Les réfugiés qui tentent de quitter leurs pays en guerre seront ravis d’apprendre que l’Europe les soigne au plus près. Alors que le bilan humain est chiffré par les ONG à plus de 1000 morts depuis janvier 2011, Eurosur est présenté comme une solution. Objectifs : « créer un corps de garde-frontières européens » et parvenir à une « culture commune (…) soutenue par une coopération pratique »…

Dans un avis général de décembre 2010 portant sur « La stratégie de sécurité intérieure de l’UE en action », le CEPD s’interroge :

« Le CEPD note qu’il n’est pas clairement établi si la proposition législative sur EUROSUR (…) prévoira aussi le traitement des données à caractère personnel (…). Cette question est d’autant plus pertinente que la communication établit un lien clair entre EUROSUR et FRONTEX aux niveaux tactique, opérationnel et stratégique. »

Pas difficile de voir Eurosur comme une menace sérieuse pour les libertés individuelles. Car il se base sur une foule de projets technologiques financés par le 7e projet-cadre de recherche de l’UE (2007-2013). Une belle brochure, éditée en 2009, décrit les techno-merveilles d’une « Europe plus sûre ». Parmi les 45 projets recensés, 17 sont menées par des institutions dont l’activité principale est d’ordre militaire ; 5 autres sont dirigés par des industriels de la sécurité ou de la défense (Thales, Finmeccanica, EADS, Sagem, Saab et BAE Systems).

INDECT insiste par exemple sur la « sécurité des citoyens en environnement urbain ». ADABTS (Automatic Detection of Abnormal Behaviour and Threats in crowded Spaces), de BAE Systems, prévoit de son côté de détecter les « comportements anormaux dans la foule », grâce à des « capteurs acoustiques et vidéo ». Si les « hooligans » sont ciblés en premier, les manifestants ne seront pas oubliés.

Le projet EU-SEC II a la même pudeur en citant la surveillance des rencontres sportives, alors que tout rassemblement public sera dans le collimateur. Maîtres d’œuvre du chantier : l’agence Europol et une vingtaine de directions nationales de la police (la DGPN pour la France).

Quant au projet IMSK (Integrated Mobile Security Kit), il se permet de citer les « sommets politique de type G8 » pour justifier un arsenal de « capteurs optiques, infra-rouges, radar, acoustiques et vibratoires, rayons-x et gamma… ». Et ainsi de suite…

Jerôme Thorel, Owni, 26 mai 2011.

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[Besançon] Puerta de Marulaz

Cet aprem [samedi 28 mai 2011], Ag sur la place Marulaz au sujet de l’occuper façon espagnole. 50 à 60 personnes de toutes affinités (enfin, de toutes affinités… à part un type du PS on était tous de gauche quand même), dont quelques Lyonnais et Espagnols, ont jeté les bases d’une occupation à vocation insurrectionnelle, qui n’a pu se concrétiser le soir même mais devrait débuter demain, lors de l’Ag qui aura lieu ce dimanche après le resto-trottoir.

Venez nombreux et avec plein d’idées, d’envies et d’espoirs !

Courriel, 29 mai 2011.

 

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Mai 2011, anniversaire du Resto Trottoir : 3 ans de réappropriation

Eh oui ! Il y a trois ans se déroulait le premier Resto Trottoir. Depuis, chaque mois, le collectif propose un repas gratuit, un moment de convivialité, pour discuter et passer un moment hors de la société de l’indifférence et d’un système marchand où l’on nous fait croire que le temps, c’est de l’argent !

Et aujourd’hui encore, face aux ravages du capitalisme, se réapproprier l’espace public est une lutte de tous les jours, rythmée en ce qui nous concerne par les récupérations et les temps de cuisine collective. Car à l’heure où nos politiques trouvent de nouveaux terrains de jeu pour leurs joujoux à 140 millions, nous nous efforçons de rappeler qu’une société est possible hors de leurs profits, contre les expulsions de sans-papiers, contre la consommation et la croissance effrénées. Face à un pouvoir qui veut casser les liens de solidarité, nous répondons par l’occupation de la rue, chaque dimanche du mois, et ce depuis 3 ans, pour longtemps encore !

Venez donc nous retrouver ce dimanche 29 mai 2011, Place Marulaz (ou sous les arcades s’il pleut), dès 11h30 pour aider à installer, ou à 12h30 pour un repas végétalien, gratuit et animé de discussions, le tout en musique avec le groupe Austarojna !!!

Resto Trottoir.

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Barricades vs. blindés en Val de Susa

L’alarme se déclenche dans la soirée : les blindés des forces de l’ordre sont sur la route qui arrive à Chiomonte (lieu-dit La Maddalena) en Val de Suse, cet endroit est sensé être le premier chantier du trajet définitif du TAV Lyon-Turin ; il fait partie du « corridor 5 » qui, venant de Kiev, mettrait Turin à une heure et trois quarts de Lyon.

Depuis 2005 et grâce à une mobilisation massive (et au manque de fonds !), les travaux sont en effet au point mort… mis à part quelques études préliminaires en 2010.

Mais aujourd’hui, on n’en est plus aux études préliminaires : les vrais travaux vont commencer et celui-là n’est que le premier chantier d’une série qui devrait se terminer  (selon leurs propres prévisions) en 2023, ravageant au passage toute la vallée et plus si affinités… les poussières d’amiante et d’uranium étant très volatiles.

Voici un résumé de la nuit.

La nuit à la Maddalena de Chiomonte a été très longue.  La résistance populaire contre le TAV a bloqué la première tentative de lancer les chantiers pour la Turin-Lyon. Un « presidio » (sorte de cabane, lieu phare de ce mouvement où l’on organise la lutte) est déjà en place depuis plus d’un an à cet endroit.

Des centaines d’opposants sillonnent la vallée éclairés par les lampes frontales et par la lune. Des dizaines d’arbres sont coupés et placés sur les différentes routes qui mènent au site ; des tranchées sont creusées au Caterpillar, tout moyen est bon pour stopper l’avancée des blindés : arbres, rails de chemin de fer, terre, pierres, etc.

Les forces de l’ordre traversent un tunnel sur l’autoroute et à leur sortie… ils sont obligés d’y rentrer à nouveau, car les gens, placés sur le flanc de la montagne, leur lancent des centaines de pierres. Au bout d’une heure de cris, chants, slogans de revendication, ils sont obligés de faire demi-tour et de rentrer à la niche vers 4h du matin.

Pour cette nuit, ils n’ont pas réussi à passer. La résistance ne fait que commencer.

La liberté ne se demande pas, elle se prend. Venez nombreux, on a besoin de monde. Cet été risque d’être très chaud.

Pour plus d’infos sur ce sujet, lire l’article sur les NO-TAV du Bulletin de contre-info en Cevennes no 11 (avril 2011).

Infos Anti-autoritaires en Cévennes à l’Assaut des Montagnes !, 27 mai 2011.

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Débat « Question urbaine ou question sociale ? » avec Jean-Pierre Garnier Vendredi 3 juin à Poitiers

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Débat sur le thème : « Question urbaine ou question sociale ? » avec Jean-Pierre Garnier, vendredi 3 juin, 18h, Maison du peuple, à Poitiers.

Jean-Pierre Garnier qui vient de faire paraître Une violence éminemment contemporaine Essai sur la ville, la petite bourgeoisie intellectuelle et l’effacement des classes populaires (éd. Agone) viendra le vendredi 3 juin à 18h à la Maison du peuple (salle Jouhaux) à Poitiers pour parler et débattre de la contre-révolution urbaine, des révoltes dans les cités et de l’aménagement des villes … à l’invitation de L’Épine noire  et de Courant alternatif.

Dès maintenant vous pouvez noter aussi que le 20 juin un débat aura lieu au même endroit avec Pierre Stambul, militant révolutionnaire antisioniste membre de l’UJFP et de la tendance syndicale Émancipation … sur le thème « La Palestine et les révoltes arabes ».

Fraternellement,

L’Épine Noire, 26 mai 2011.

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L’Homme de main (avril 1960)

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Le bar d’ambiance « L’Homme de main » fut ouvert en avril 1960 par l’ami de Guy Debord Ghislain de Marbaix, peu de temps après l’explosion de la première bombe atomique française à Reggane. Deux ans plus tard, il affichait définitivement sur sa devanture : « Fermé pour cause de fermeture ».

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2,0 à Barcelone

Depuis deux semaines, le campement des indigné-e-s occupe la plaça Catalunya dans le centre de Barcelona.

Au début, avec un discours très citoyen genre « indignez-vous », la dynamique collective basée sur la démocratie directe (les réus générales de parfois 5 ou 6000 personnes prennent les décisions au consensus -40), l’autogestion de l’espace (avec des dizaines de tentes bibliothèque, garderie, salle de classe, cuisine, hacklab, jardin potager, clinque, et un sans fin d’autres initiatives) et l’autonomie a peu à peu donné un caractère profondément révolutionnaire (?!) à cette révolte… Tous les secteurs en lutte, santé, logement, féministes, éducation etc. se regroupent ainsi dans la quarantaine de commissions thématiques (rassemblant entre 10 et 150 personnes). C’est un peu compliqué à raconter en deux mots mais en gros des milliers de personnes de tous horizons générations et manières de voir le monde, partageant un même malaise et une même rage se sont rencontrés et à tâtons ont construit ensemble l’espace autonome le plus immense, hétérogène et enthousiasmant que j’ai jamais vu. Et le pouvoir tremble un peu…

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Ce matin la police est venue pour « nettoyer » la place en vue du match de football de demain (ici le Barça c’est une véritable religion).

À 7h, les centaines de personnes qui dormaient sur place se sont ainsi vu encerclées par la police, pendant que les services municipaux détruisaient toutes les structures et remplissaient leurs camions de nos affaires. Rapidement ont commencé à se rassembler des centaines de personnes solidaires et le nombre n’a fait qu’augmenter pour arriver à peut-être 10’000 autour de 13h.

La masse est assise, coude à coude, pour empêcher les camions de passer et la police charge violemment. Plusieurs centaines de personnes reçoivent les coups  mais résistent aux cris de « la place est au peuple », « nous n’avons plus peur », « el pueblo unido jamas sera vencido »… La passion pour ce campement visible dans le regard des gens se transforme en énergie collective. Avec des fleurs ou avec des cris, assis ou en face en face, chacun-e à sa manière, s’organise et s’oppose aux agissements des keufs.

Peu à peu la police agit de manière complètement insensée en tirant par exemple au flashball sur des pacifistes assis par terre et ce devant les caméras de télévision. Face à cela, l’intelligence collective et la détermination des gens rassemblés est impressionnante. La foule encercle peu à peu toute la place et les flics se replient pour protéger leur dispositif et le centre de la place.

La tension monte progressivement et tout en gardant une attitude « non-violente » les gens poussent tout autour pour pénétrer sur la place. Pas à pas, avec calme et avec force la foule avance sur le cordon policier. Celui-ci est débordé de partout mais essaye un moment de garder sa position en frappant à tout va. Avec les coups reçus, la rage des manifestants se fait chaque fois plus fort et c’est finalement complètement paniqués que les flics doivent se replier vers leurs camions. Ils sont poursuivis  sur 500 mètres par la foule en colère et euphorique. La place est reprise et des milliers de personnes qui hurlent « ici commence la révolution ! » Certains journalistes se font eux aussi virer de la place pendant qu’il est fermement conseillé aux autres de ne pas mentir sur les faits de ce matin aux cris de « télévision = manipulation ».

Alors voilà la place est au peuple ! Depuis Barcelone nous vous invitons à occuper les places, à débattre et conspirer ensemble, à déborder la normalité !

Salut i força!
Visca la revolta de la plaça Catalunya!

 

Le web du campement

Photos :

http://www.elpais.com/fotogaleria/Desalojo/campamento/elpgal/20110527elpepunac_1/Zes/11
http://barcelona.indymedia.org/newswire/display/422031/index.php

Vidéos :

http://barcelona.indymedia.org/newswire/display/422043/index.php
http://latele.cat/

Liste de diffusion du réseau Sans-titre, 27 mai 2011.

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Hors service no 18 – 17 mai 2011

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Appel à participer au village long international, à partir du 9 juillet, sur la ZAD (zone du projet d’aéroport international de Notre-Dame-des-Landes)

« Qu’est-ce que tu fais pour les vacances ?… »

Ton esprit contestataire s’enflammea l’idée d’un nouveau super-sommet, mais ton besoin de révolte est vite arrêté par la perspective d’être enfermé.e dans un camp, écrasé par la machine policière et agité comme un pantin devant les caméras ? Et si on n’y allait pas … et si on faisait autrement ? Parce qu’on est dépité.e.s par le manque d’énergie et de créativité des dernières mobilisations sociales et par l’impasse répressive des derniers rassemblements internationaux autonomes. Mais aussi… Parce qu’on a quand même envie de se réunir, faire converger nos luttes, partager nos rêves, dépasser les limites de nos milieux militants (cette impression d’être si peu et toujours les mêmes) et donner à nos alternatives locales une dimension globale. VOICI CE QU’ON PROPOSE : Pour démarrer, un appel à des actions décentralisées, chez vous, partout, où vous voulez, pendant le G8 (26 & 27 mai), mais certainement pas chez eux, dans leur piège. Unissons-nous, dispersons-les ! Ensuite, un village « entre-sommets » de plus longue durée (3 semaines minimum), sur plusieurs hectares sur la ZAD (Zone À Défendre) à Notre-Dame-des-Landes près de Nantes, afin d’expérimenter nos modes de vies idéales, autour de l’échange d’idées et du partage des savoirs. Cet espace de rencontre international sera libéré de la répression directe des rassemblements de Deauville et de Cannes et nous permettra ainsi de préparer sereinement nos futures actions. Nous rejoindrons les différentes actions et mobilisations locales pendant la durée du village, mais aussi à plus long terme, en occupant définitivement la ZAD contre l’aéroport et son monde ! En clair, se préparent depuis plusieurs mois : des débats aux thématiques croisées pour trouver ensemble les moyens de ne plus reculer dans nos différentes luttes, des ateliers pratiques de co-formation (auto-construction, autonomie alimentaire et énergétique, self-défense, blocage et sabotage…) afin de renforcer nos pratiques et partager nos expériences, des espaces de jeux et de détentes (concerts, scènes ouvertes à toutes formes d’art libre, projections…) parce qu’au vent qui sème la tempête se récoltent les jours de fête, une cuisine approvisionnée par les paysans locaux parce que c’est pas tout mais ça creuse ! un espace pour les enfants qui demain renverseront le vieux monde, une équipe de premier secours parce qu’on connaît les risques du métier, une équipe d’aide juridique car nous sommes tous coupables, une équipe de média libres car nous ne resteront pas là sans rien dire. En somme, de quoi se donner les moyens d’être autonomes. Passons de la contestation à la construction !

Précisions importantes : le village durera trois semaines minimum, et se construira au fur et à mesure (à partir du 9 juillet), avec chaque participant(e) au village.

Réseau NoG2011.

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Comme un chien enragé

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Paris : Nouvelle expulsion d’un immeuble occupé par les harragas tunisiens, un compte-rendu

[27 mai, 15h] Le 20 rue Bichat (10e) était occupé depuis une semaine par une partie des harragas du collectif de Lampedusa à Paris, déjà expulsés il y a deux semaines du 51 avenue Bolivar. Hier jeudi 26 mai, à partir de 19h, une centaine de flics et gendarmes ont fait le siège de l’immeuble et du quartier. Ils se sont directement pointés avec les RG et les tenues anti-émeute. La porte a résisté au premier assaut. Les fameuses « preuves » de présence depuis une semaine (EDF, assurance, etc.), les proprios et les keufs n’en avaient strictement rien à foutre depuis leur arrivée, comme souvent quand il s’agit de squats de Rroms, sans-papiers ou autres radicaux de service.

La préfecture de police a géré de bout en bout cette expulsion sans autre procédure que le rapport de force brut (en notre défaveur, mais patience…). Ça a zoné jusque vers 23h, où les flics d’abord, puis les escadrons de gendarmes mobiles équipés, ont repoussé la petite centaine d’individus solidaires de la rue Bichat jusque vers la rue du Faubourg du Temple. Là poubelles et barrières ont été renversées, des bouteilles ont volé, des vitrines ont tremblé, nous avons été repoussés en deux charges jusqu’au croisement avec le quai de Jemmapes, avant que les manifestants énervés ne se dispersent vers République juste avant l’arrivée massive de BAC. Un dispositif policier de plusieurs cars a bloqué la rue Bichat toute la nuit.

Vendredi 27 mai à partir de 6h45, un dispositif de plus d’une centaine de flics (à base de CRS cette fois) bouclait hermétiquement le quartier et expulsait les (alors) 17 occupants du 20 rue Bichat, 8 harragas et 9 solidaires (camarades et compagnons). Le propriétaire, l’AFTAM (un gestionnaire de foyers), a porté plainte pour « violation de domicile », « occupation illégale » et « dégradations », justifiant une garde-à-vue pour tous. Ils sont au comico du 11e, passage Dallerey.

Peu avant midi, une trentaine de harragas et solidaires a occupé le siège de l’AFTAM, 16/18 cour St Éloi (12e) jusque vers 14h. Ils exigeaient le retrait des plaintes et la récupération de l’immeuble expulsé devenu un foyer autogéré. Seul le premier point a été obtenu, tandis que plus de 30 camionnettes de CRS stationnaient tout autour du siège de l’AFTAM, sous la houlette des mêmes services politiques qui tentent de mener le bal depuis deux jours (RG spécialisés et narquois en tête, proc’ et autres ordures préfectorales qui gèrent au-dessus). Nous avons réussi à sortir de ce lieu immonde de l’exploitation et de la collaboration sans interpellation. Les chtars qui se sont déployés en masse pour la seconde fois en quelques heures, sont cette fois repartis sans leurs proies.

À cette heure (15h), les 17 occupants sont toujours en garde-à-vue, tandis que les déploiements policiers conséquents (comme lors de l’expulsion du 51 avenue Bolivar le 4 mai ou la manifestation avortée du 21 mai) contre les harragas tunisiens déterminés et leurs camarades solidaires, ainsi que la gestion éminemment policière de cette lutte en disent long sur la volonté de l’ennemi. Que la solidarité active soit une arme…

Brèves du désordre, 27 mai 2011.

 

Urgent : pour le nouveau lieu de Tunisiens à Paris

Pour celles et ceux qui n’auraient pas reçu les textos d’urgence : Un nouveau « foyer » de Tunisiens a été ouvert depuis plusieurs jours au 20 rue Bichat, dans le 10e métro Goncourt, il est depuis ce soir menacé par des flics et des CRS en nombre. Les camarades ont besoin de renfort.

Infozone, 26 mai 2011 – 21h09.

 

Urgent ! Arrestations tunisiens et soutiens

Urgent ce matin 6h30 :

La police a barré la rue Bichat pour évacuer les Tunisiens et des soutiens qui étaient rue Bichat dans un immeuble vide appartenant à l’AFTAM et Stéphane Hessel.

Ils sont tous au comico passage d’Allerey, no 20 , métro Voltaire ligne 9.

Besoin de soutiens !!

Infozone, 27 mai 2011 – 9h03.

 

Un squat de Tunisiens évacué à Paris

La police a évacué ce matin un immeuble du Xe arrondissement à Paris occupé par des squatteurs, notamment des immigrés tunisiens, et elle a procédé à 17 interpellations, a indiqué la préfecture de police (PP).

L’opération s’est déroulée « dans le calme » entre 07h00 et 07h50, a précisé la PP. L’immeuble occupé, situé rue Bichat, est la propriété d’une association spécialisée dans l’hébergement social, l’Aftam. Le bâtiment était en instance de rénovation, selon la PP.

Selon une coordination des intermittents et précaires, c’est à la suite de « l’absence de réponse de la Ville de Paris à leurs demandes » que les Tunisiens sans papiers avaient élu domicile dans cet immeuble, « y installant l’ébauche d’un foyer autogéré avec l’aide de militants solidaires ». Les personnes interpellées ont été conduites dans un commissariat du XIe arrondissement.

Leur presse (Agence Faut Payer), 27 mai 2011 – 10h07.

 

2e urgence ! Les Tunisiens du gymnase Fontaine-au-Roi

D’une pierre deux coups ?? URGENCE SOUTIEN aussi au gymnase métro Couronnes.

[8h54 – UCIJ] Une dizaine de cars de CRS signalée entre fbg du Temple et le canal stMartin en bas de la rue de la Fontaine-au-Roi. Expulsion du gymnase du 100 rue de la Fontaine-au-Roi imminente ?

[10h13] Des soutiens sur place signalent qu’il n’y a plus aucun dispositif de flics sur place !! Ni cars CRS !

Infozone, 27 mai 2011 – 9h11.

 

Paris : Un nouveau squat de harragas sans logis sous expulsion

Des nouvelles de quelques-uns des harragas qui ces derniers mois ont traversé la Mediterranée, puis l’Italie où de nombreuses luttes ont eu lieu que ce soit à Lampedusa ou dans les camps.

En France, beaucoup survivent dans des conditions très précaires, notamment dans des squares comme celui situé sous le périphérique de Porte de la Villette. Depuis plus d’un mois maintenant plusieurs se sont organisés. Après l’occupation d’un immeuble rue Simon Bolivar dans le 19e arrondissement qui a été expulsé manu militari début mai et l’occupation toujours en cours d’un gymnase dans le 11e, un nouvel immeuble devenu le refuge de plusieurs d’entre eux  est menacé d’expulsion.

Voilà leur communiqué :

Depuis le 16 mai, plusieurs dizaines de harragas de Lampedusa sans logis occupent un immeuble vide rue Bichat à Paris-10e. Son propriétaire, l’AFTAM (gros gestionnaire de foyers, dont justement plusieurs de migrants) le laissait vide depuis quelques mois.

Hier soir, jeudi 26 mai, vers 19h40, des dizaines de flics (dont 6 cars de gendarmes mobiles) ont tenté de rentrer en force dans l’immeuble, malgré tous les documents administratifs (assurance, EDF…) démontrant qu’il était occupé depuis près d’une semaine par ses occupants.

Sur le moment, l’AFTAM a lâché une vague promesse d’entamer une procédure, tout en refusant de « communiquer » sur la question avant vendredi. En tout cas, cette nuit, le bâtiment était toujours cerné par les flics (rue Bichat barrée des deux côtés).

L’AFTAM veut-elle se rendre complice du ministère de l’Intérieur en expulsant les occupants harragas pour les remettre à la merci des rafles ? Son slogan proclame « donner les moyens de l’autonomie », est- ce que ce serait par hasard en livrant une cinquantaine de harragas à la police ?

L’AFTAM doit prendre ses responsabilités, et ce n’est pas en se cachant derrière une possible procédure express qu’elle pourra garder les mains propres  !

Un foyer autogéré pour les harragas !
Des papiers pour tous !
Ni police ni charité !

Des harragas sans-logis de Lampedusa et leurs voisins solidaires,
jeudi 26 mai 2011, minuit

Indymedia Nantes, 26 mai 2011.

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Militantisme 2.0 sauce moutarde : l’indignation qui vient ?

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« Je sais pas quoi faire, qu’est-que je peux faire, je sais pas quoi faire, qu’est-ce que je peux faire, je sais pas quoi faire, qu’est-ce que je peux faire… »

Dijon, printemps 2011. Les débats sont aussi bondés qu’abondants. Une semaine de l’environnement pour s’informer chaque soir sur les ravages de l’agriculture industrielle, de la privatisation des semences, sur l’arnaque du capitalisme vert et de l’urbanisme durable. Un mois de ciné citoyen pour décrypter l’aliénation au travail, se nourrir d’images d’ouvriers et d’ouvrières en lutte ailleurs, questionner la gestion des centrales syndicales. Entre les revues, les brochures, les documentaires, les café-citoyens, les biblios Tanneries, les causeries libertaires, les cinés-discussions, les cafés-repaires, les forums sociaux locaux, il y a de quoi remplir des agendas à décrypter la misère du monde et pointer du doigt les responsables jusqu’à la nausée. Après quoi, on interroge l’intervenant-e sur les conditions de tournage, la démarche, l’angle de vue, on demande à préciser et on polémique. Et puis souvent quand même, comme dans la ritournelle, la question surgit : « mais qu’est-ce qu’on peut faire ? » Et c’est le drame. Enfin… Quand ça se passe à l’autre bout du monde, on se dit qu’on peut toujours soutenir de loin : il faudrait continuer à en parler, conscientiser plus, créer une liste d’info ou envoyer des sous. Souvent quand c’est plus proche de nous, on ne sait paradoxalement pas trop par quel bout prendre la situation. Et puis parfois, quand bien même c’est incertain et insatisfaisant, il y a aussi des propositions qui émergent, des tentatives de faire obstacle. Pas l’action pour l’action, histoire de combler le vide tant bien que mal, mais une recherche de gestes un peu conséquents.

Et puis après ? Combien, sur les centaines de personnes très concernées croisées en une semaine aux débats sur l’environnement se risqueront à manifester ou à prendre leur bêche, à la fin de la semaine, pour défendre un potager occupé ? Combien vont descendre dans la rue au petit matin pour tenter d’empêcher l’expulsion d’un immeuble après s’être lamenté-e-s sur le sort réservé par l’État français aux populations rroms ? Combien, au final, de passages à l’acte, de désobéissances et de désertions dans l’amphi plein à craquer de celleux venu-e-s applaudir les propos anticapitalistes vitriolés de Paul Ariès ? Combien de « faut que ça pète » et « on ne peut pas laisser faire » restés sans conséquences ? Combien préféreront s’endormir devant un film d’action que de rejoindre le blocage d’un dépôt pétrolier quand ça discute partout de la nécessité d’aller au delà des manifs ? Combien reprendront en cœur les refrains rageurs appelant à détruire le capitalisme sur fond d’accordéon ou de guitares saturées tout en restant à table à regarder fondre des efferalgans si par malheur il se passe quelque chose le lendemain ? Inutile de faire de grands dessins, le constat est souvent cruel et les rues dijonnaises sont généralement calmes — sauf quand la corpo médecine a bu un coup de trop ou que ça roule pour le DFCO.

Parfois, on a envie de faire voler en éclat les innombrables palabres et de reprendre à son compte la harangue provoc’ des écolos radicaux anglais de Earth first, lassé-e-s de la délégation de l’action aux « spécialistes » et des blablas de bonne conscience : « J’en suis venu à penser que les mots et écrits n’étaient rien et devaient mourir, parce que l’action est l’essence de tout et que lorsque l’on n’agit pas, on ne fait rien » (une citation du squatter médiéval Gerard Winstanley qui s’agaçait déjà à l’époque).

Une militante dijonnaise nous confiait récemment : « Nous, ça fait dix ans que l’on fait de l’éducation populaire, des débats, des forums… On continue à se dire que le problème c’est que l’information manque, je crois que les gens ça va ils savent hein, enfin il y en a un paquet qui savent, mais on n’arrive juste plus à donner un horizon pratique à ce savoir et à transposer ça dans le réel. »

On est pourtant bien d’accord, la société et son spectacle nous abrutissent, le sentiment des conflits qui se jouent entre groupes sociaux est de plus en plus brouillé au fur et à mesure que la domination se peaufine, les cultures populaires de lutte et leur transmission ne sont plus ce qu’elles étaient. On a perdu le goût des programmes et des sujets révolutionnaires — sans pour autant les regretter — et on ne sait plus toujours très bien par où les révoltes peuvent encore éclore. Et puis rien ne sert de s’agiter dans tous les sens et de foncer dans le tas, si on ne se donne pas un peu de perspectives et de pensées stratégiques. Alors ça nécessite d’échanger, de se former et de se décider, au mieux sur des horizons communs, au moins sur quelques tactiques à mettre en pratique. On ne s’embêterait d’ailleurs pas à créer un journal si on ne pensait pas quelque part contribuer à penser le monde et à pouvoir agir en conséquence. L’objet de ce texte n’est donc pas de jouer les purs et durs et de cracher dans la soupe, les images et les mots, mais bel et bien d’interroger ce qui dans le militantisme millenium 2.0 à la sauce moutarde rend si difficile le passage à l’acte collectif.

Alors qu’est-ce qui se passe pour que ça ne se passe pas ?

Qu’est-ce qui nous englue dans le débat ? On peut bien se dire que le vrai problème, au fond, c’est l’absence de perspectives, et qu’il faudrait renouveler de fond en comble notre rapport au politique, l’idée même de militantisme et les formes d’actions et de regroupements qui vont avec. En attendant d’avoir éclairci l’horizon, on navigue à vue et on cherche quand même à s’organiser, à réagir et l’on ressent bien certains obstacles. Alors, quitte à le prendre par le petit bout de la lorgnette, ce coup de gueule n’a pas la prétention d’explorer de nouveaux paradigmes, mais de formuler quelques hypothèses sur ce qui nous paralyse, au quotidien, dans la culture militante dijonnaise et sûrement au-delà. Quitte à agacer, paraître arrogant-e-s, mais au fond à se retrouver pas mal pris-e-s aussi dans ce qui se pointe du doigt ici.

Tout d’abord, il y a l’ambiance locale : le militantisme dijonnais 2.0 c’est vivre dans une petite ville de gauche, où personne ne s’oppose jamais trop frontalement parce que celleux qui pourraient agir estiment que ça pourrait être pire si c’était la droite, connaissent un peu trop bien celleux qui tiennent les rênes, tiennent à garder de bonnes relations, ou dépendent un peu trop de leurs subventions pour se montrer malpoli-e-s. Ce sont des collectifs anti-sécuritaires qui se montent contre une loi d’État en invitant les élu-e-s locaux, même si celleux-ci posent des caméras un peu partout depuis 6 mois. Et tout le monde fait en sorte d’éviter cette question pour garder leur signature, parce que l’important, c’est l’unité. C’est un théâtre public qui veut des tables de presse « politiques » mais sans textes « subversifs » quand il met en scène les luttes révolutionnaires armées des années 70, parce qu’il reçoit de l’argent public. Des groupes qui ne veulent pas jouer sur un jardin squatté parce qu’ils répètent dans un local municipal et qu’on pourrait le prendre mal. Un cinéma qui ose un édito sur la mairie qui réprime les Rroms et qui se fait rappeler à l’ordre dès le lendemain par un ponte qui leur exprime qu’on ne leur donne pas des sous pour qu’« ils racontent des conneries pareilles ». C’est l’auto-contrôle le plus souvent ou le rappel à l’ordre, ferme et discret, pour les plus audacieux et audacieuses.

Le militantisme 2.0, ici et là, c’est cette forme d’amnésie collective sur l’histoire des luttes, sur les grèves dures, les conflits irréconciliables et les pavés dans la mare, les incarcéré-e-s et les cicatrices, tout ce qui a forcé celleux d’en face par le passé à lâcher du lest et permis les marges de manœuvre que l’on ne cesse de laisser filer aujourd’hui. Le militantisme 2.0, c’est quand on a intégré que les décideurs sont à l’écoute et que tout peut se jouer dans un cadre responsable, légal et pacifié, qu’il faudrait renfermer la colère parce que tout ce qui perturbe est violent, et que la violence c’est mal. C’est quand on est persuadé qu’on ne peut plus rien faire d’illégal parce qu’il ne serait plus possible d’échapper au traçage technologique et policier. C’est quand on peut se payer le luxe d’avoir un rapport moral à la violence parce qu’on a le statut social qui va avec. C’est quand on est prof et que l’on a rien de mieux à faire en plein mouvement social que de s’organiser avec la police pour empêcher ses élèves de partir en manifestation « non-autorisée ». C’est quand on s’est convaincu que la politique était une affaire de dialogue et que l’on a oublié que pour les puissants, la politique est surtout une poursuite de la guerre par d’autres moyens. C’est faire comme si l’on n’obtenait pas que des miettes, si on ne leur force pas la main à un moment ou à un autre. C’est oublier que la force collective, si elle ne veut pas être récupérée ou ignorée ne peut pas toujours se passer d’être surgissement violent, prise de risque et matérialisation d’un conflit.

Le militantisme 2.0, c’est l’automatisme : problème = rassemblement + communiqué, et l’imagination en berne. C’est à chaque fois que l’on se laisse asséner que le but principal d’une action est sa représentation médiatique et que dans les démocraties du 3e millénaire, ce qui pèse dans la balance, c’est avant tout les médias. Même si tout cela arrange trop bien l’ordre des choses et nous rend inconsistant-e-s, au point de ne plus laisser de nous que des images.

Le militantisme 2.0 c’est l’univers virtuel et la surdose quotidienne d’informations, la politique empâtée dans un cercueil molletonné, d’où l’on peut crier en majuscule autant qu’on voudra et ne jamais sortir. Quand on a tellement de sites à lire, de commentaires à poster, de cyber-pétitions, de mails à faire suivre que l’on peut changer le monde nuit après nuit derrière son ordinateur. Jusqu’à ce que tout le reste paraisse bien fatiguant. Ce sont ces innombrables listes de discussion avec 300 abonné-e-s qui se tiennent informé-e-s, 15 personnes qui passent de temps en temps à travers l’écran et l’illusion d’être beaucoup.

Le militantisme 2.0 dans une ville déjà bien gentrifiée et en voie d’éco-aseptisation, c’est quand l’idée de communauté de lutte a fait long feu, et que l’on fait comme si l’on pouvait agir seul-e ou avec son supermarché. Comme si être plus clairvoyant-e, mieux consommer, moins gaspiller chacun-e dans son coin pouvait changer l’ordre des choses et pas juste nous offrir quelque niches et un peu de bonne conscience.

Le militantisme 2.0 c’est cette capacité mondaine à s’émerveiller des insurrections arabes quand elles sont lointaines et à qualifier de « révolutionnaires » celleux qui ne seraient que d’affreux-ses « casseurs » par ici quand une rage s’exprime dans les quartiers ou dans les manifs. Parce qu’évidemment par chez nous « ça n’a rien à voir », les « responsables » sont à l’écoute, jouent le jeu et n’ont pas besoin qu’on se soulève.

C’est bien d’autres choses encore, tout ce qui nous échappe et qui fait qu’on n’y croit plus au-delà de l’indignation, que cela nous semble vain, ennuyeux, ou que l’on est paralysé par la peur des conséquences, tout ce qui nous tient à un certain confort malgré tout et qui est la meilleure des polices.

Clore le débat…

On a tou-te-s assisté à ces débats où l’on avait l’impression que ça partait dans tous les sens et surtout dans le vide, parce que de toute façon rien de ce qui va être dit n’engage finalement qui que ce soit dans l’assistance. (soupir)

On n’a peut-être pas toujours assez en tête l’excitation des moments où la discussion est nourrie par ce que l’on a risqué ou construit ensemble la veille, par les complicités qui se nouent dans l’action, parce ce que ce qui est dit a des enjeux immédiats pour la suite, et que l’on parle de ce que l’on vit et pas seulement des histoires des autres. On devrait peut-être se demander plus souvent à quoi cela sert d’aller à un débat de plus, sans que les échanges aient été alimentés entre-temps par une aventure collective.

On s’anesthésie de tellement de récits qu’on oublie que le plus palpitant reste de surgir là où l’on n’est pas attendu, de courir ensemble dans la rue, de reprendre un peu ce dont on a été dépossédé, d’empêcher un tractopelle de passer, de faire des rencontres dans l’adversité, de dire ses quatre vérités à celui qui nous humilie au quotidien ou qui veut nous écraser, de briser la porcelaine et de gagner aussi parfois. La puissance collective émerge au prix de cette sortie du débat.

On nous dira bien ce qu’on voudra. On sait que tout ce que l’on a obtenu et arraché dans cette ville c’est avant tout parce que l’on s’est battu et que l’on a pas joué le jeu.

Alors même si l’on ne sait pas toujours sortir du débat, on est loin d’être blasé-e-s. Et puis, au-delà, on sait bien qu’on n’est pas les seul-e-s à agir par ici, que plein de gens ne font pas que refaire le monde autour d’une table et résistent ensemble, à visage découvert ou à pas de loups les nuits sans lune.

Blabla no 13, 13 mai 2011.

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Internationale lettriste no 4 (juin 1954)

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Le texte est une phrase de Saint-Just, écrite durant sa troisième mission à l’armée du Nord (lettre du 26 prairial an II au général Jourdan).

De gauche à droite : Guy Debord, Gilles Ivain (Ivan Chtcheglov), Mohamed Dahou et son cousin.

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