[Montréal] « La police nous détruit, la police nous tue »

La mort, sous les balles de policiers du SPVM, de deux personnes rue Saint-Denis, a réveillé de mauvais souvenirs pour plusieurs familles de victimes de bavures policières la semaine dernière. Ensemble, elles réclament aujourd’hui, une fois encore, la fin de la « brutalité policière » et de « l’impunité ».

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Des proches de personnes décédées suite à une intervention policière ont dénoncé les méthodes du SPVM. De gauche à droite : Bridget Tolley, Lilian Villanueva et Julie Matson.

Lorsqu’elle a appris la mort, mardi matin, de Mario Hamel, un sans-abri en crise, et de Patrick Limoges, un passant atteint par une balle perdue, Francine Registre a secoué la tête. Son frère Quilem a trouvé la mort en 2007, sous les décharges électriques des pistolets Taser de policiers du SPVM. « Je présente toutes mes condoléances aux familles Hamel et Limoges, nous savons ce qu’elles vivent, explique la jeune femme. On n’a eu ni aide, ni soutien. Et ça fait trois ans et demi qu’on se bat en justice. J’aimerais que ça change. »

Au-delà de la colère, les familles des victimes de bavures policières déplorent surtout que les enquêtes sur les policiers soient encore confiées à la police. « Il faut trouver un autre mécanisme d’enquête. Si le gouvernement tient à maintenir un minimum de crédibilité, il faut se débarrasser de ce mécanisme. C’est une machine qui sert à blanchir les policiers », soutient Alexandre Popovic, porte-parole de la Coalition contre la répression et les abus policiers (CRAP).

La SQ a commencé la semaine dernière à interroger les policiers impliqués dans l’intervention de la rue Saint-Denis. Malgré cette relative rapidité, Alexandre Popovic estime que les délais sont toujours trop longs. « C’est pas normal qu’on attende 3 ou 4 jours. Je pense que ça va prendre une enquête publique. On risque d’apprendre que des témoins civils ont été rencontrés plus rapidement que les policiers témoins, dit-il. Ça prend une grande dose de naïveté pour croire ces enquêtes-là. »

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Près de 3 ans après la mort de son fils Freddy, Lilian Madrid Villanueva n’a toujours pas ravalé ses larmes, ni sa colère. Secouant la tête en écoutant Francine Registre, elle explose. « Oui, j’étais très en colère en écoutant la nouvelle. Je me suis dit, mais que se passe-t-il ? Pourquoi la police tue la famille ? Je ne comprends pas. La police n’est pas bonne. Elle nous détruit. J’ai perdu mon fils pour rien. Et ces deux hommes sont morts pour rien », s’exclame-t-elle.

Lilian Villanueva juge avec sévérité le processus d’enquête sur la police. « Il n’y aura pas de justice, il n’y aura pas de coupable. La police nous détruit, la police nous tue. »

Au lendemain de la fusillade, le ministre de la Sécurité publique Robert Dutil s’était montré ouvert à un changement dans le processus d’enquête sur la police. Cette ouverture est loin de convaincre la CRAP. « Il a joué à l’autruche pendant longtemps. C’est difficile pour lui de continuer, mais il serait temps qu’il passe de la parole aux actes. »

Leur presse (Anabelle Nicoud, La Presse), 14 juin 2011.

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De la nouvelle idole

Il y a quelque part encore des peuples et des troupeaux, mais ce n’est pas chez nous, mes frères : chez nous il y a des États.

L’État ? Qu’est-ce cela ? Allons ! ouvrez les oreilles, je vais vous parler de la mort des peuples.

L’État, c’est le plus froid de tous les monstres froids. Il ment froidement, et voici le mensonge qui rampe de sa bouche : “Moi, l’État, je suis le Peuple.” C’est un mensonge ! Ils étaient des créateurs ceux qui créèrent les peuples et qui suspendirent au-dessus des peuples une foi et un amour : ainsi ils servaient la vie.

Ce sont des destructeurs ceux qui tendent des pièges au grand nombre et qui appellent cela un État : ils suspendent au-dessus d’eux un glaive et cent appétits.

Partout où il y a encore du peuple, il ne comprend pas l’État et il le déteste comme le mauvais œil et une dérogation aux coutumes et aux lois. Je vous donne ce signe : chaque peuple a son langage du bien et du mal : son voisin ne le comprend pas. Il s’est inventé ce langage pour ses coutumes et ses lois.

Mais l’État ment dans toutes ses langues du bien et du mal ; et, dans tout ce qu’il dit, il ment — et tout ce qu’il a, il l’a volé. Tout en lui est faux ; il mord avec des dents volées, le hargneux. Même ses entrailles sont falsifiées.

Une confusion des langues du bien et du mal — je vous donne ce signe, comme le signe de l’État. En vérité, c’est la volonté de la mort qu’indique ce signe, il appelle les prédicateurs de la mort ! Beaucoup trop d’hommes viennent au monde : l’État a été inventé pour ceux qui sont superflus !

Voyez donc comme il les attire, les superflus ! Comme il les enlace, comme il les mâche et les remâche !

« Il n’y a rien de plus grand que moi sur la terre je suis le doigt ordonnateur de Dieu » — ainsi hurle le monstre. Et ce ne sont pas seulement ceux qui ont de longues oreilles et la vue basse qui tombent à genoux !

Hélas, en vous aussi, ô grandes âmes, il murmure ses sombres mensonges ! Hélas, il devine les cœurs riches qui aiment à se répandre !

Certes, il vous devine, vous aussi, vainqueurs du Dieu ancien! Le combat vous a fatigués et maintenant votre fatigue se met au service de la nouvelle idole !

Elle voudrait placer autour d’elle des héros et des hommes honorables, la nouvelle idole! Il aime à se chauffer au soleil de la bonne conscience, le froid monstre !

Elle veut tout vous donner, si vous l’adorez, la nouvelle idole : ainsi elle s’achète l’éclat de votre vertu et le fier regard de vos yeux. Vous devez lui servir d’appât pour les superflus ! Oui, c’est l’invention d’un tour infernal, d’un coursier de la mort, cliquetant dans la parure des honneurs divins !

Oui, c’est l’invention d’une mort pour le grand nombre, une mort qui se vante d’être la vie, une servitude selon le cœur de tous les prédicateurs de la mort !

L’État est partout où tous absorbent des poisons, bons et mauvais : l’État, le lieu où tous se perdent eux-mêmes, les bons et les mauvais : l’État, le lieu où le lent suicide de tous s’appelle — « la vie ».

Voyez donc ces superflus ! Ils volent les œuvres des inventeurs et les trésors des sages : ils appellent leur vol civilisation — et tout leur devient maladie et revers !

Voyez donc ces superflus ! Ils sont toujours malades, ils rendent leur bile et appellent cela des journaux. Ils se dévorent et ne peuvent pas même se digérer.

Voyez donc ces superflus ! Ils acquièrent des richesses et en deviennent plus pauvres. Ils veulent la puissance et avant tout le levier de la puissance, beaucoup d’argent, — ces impuissants !

Voyez-les grimper, ces singes agiles ! Ils grimpent les uns sur les autres et se poussent ainsi dans la boue et dans l’abîme.

Ils veulent tous s’approcher du trône : C’est leur folie, — comme si le bonheur était sur le trône ! Souvent la boue est sur le trône — et souvent aussi le trône est dans la boue.

Ils m’apparaissent tous comme des fous, des singes grimpeurs et impétueux. Leur idole sent mauvais, ce froid monstre : ils sentent tous mauvais, ces idolâtres.

Mes frères, voulez-vous donc étouffer dans l’exhalaison de leurs gueules et de leurs appétits ! Cassez plutôt les vitres et sautez dehors. Évitez donc la mauvaise odeur ! Éloignez-vous de l’idolâtrie des superflus. Évitez donc la mauvaise odeur ! Éloignez-vous de la fumée de ces sacrifices humains !

Maintenant encore les grandes âmes trouveront devant elles l’existence libre. Il reste bien des endroits pour ceux qui sont solitaires ou à deux, des endroits où souffle l’odeur des mers silencieuses. Une vie libre reste ouverte aux grandes âmes. En vérité, celui qui possède peu est d’autant moins possédé : bénie soit la petite pauvreté !

Là où finit l’État, là seulement commence l’homme qui n’est pas superflu : là commence le chant de la nécessité, la mélodie unique, à nulle autre pareille.

Là où finit l’État, — regardez donc mes frères ! — ne voyez-vous pas l’arc-en-ciel et le pont du Surhumain ?

Friedrich Nietzsche

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À Barcelone, 2.000 « indignés » manifestent près du parlement catalan

Environ 2.000 manifestants du mouvement des « indignés » se sont rassemblés mardi soir devant les grilles du Parc de la Ciudadela à Barcelone, fermées par la municipalité pour les empêcher d’envahir cette enceinte où se trouve le parlement régional de Catalogne.

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Les manifestants, qui veulent empêcher mercredi le parlement catalan de se réunir pour voter des mesures d’austérité, avaient prévu initialement de passer la nuit dans le parc.

Leurs projets ont été contrariés lorsque les autorités locales ont décidé en fin de journée d’évacuer les lieux et d’en fermer les grilles.

Mardi soir, de nombreux fourgons de police étaient garés à l’intérieur du parc, notamment devant chacune des entrées, d’où les policiers observaient les manifestants.

Les députés régionaux doivent se réunir mercredi et jeudi pour débattre du budget de la Catalogne (nord-est de l’Espagne) pour 2011, qui prévoit une réduction de 10% des dépenses publiques, des prestations sociales et du secteur de la santé.

Les « indignés », qui maintiennent depuis près d’un mois leur campement sur la Plaza de Catalunya, dans le centre de Barcelone, veulent empêcher le vote de ce budget et prévoient mercredi de bloquer les accès au parlement.

Les autorités les ont avertis qu’une telle action était passible de peines de prison de six mois à un an.

Mardi soir, les manifestants se sont rassemblés devant les grilles dans une ambiance festive, certains portant des bidons d’eau et des affaires pour passer la nuit. Ils portaient des pancartes avec les mots « parlement fermé pour révolution » ou « ils ne nous représentent pas ».

Le mouvement des « indignés », apparu en Espagne le 15 mai, rassemble des jeunes, mais aussi des citoyens de tous horizons, qui protestent contre le chômage (21,29% de la population active), la précarité sociale, les hommes politiques accusés de ne pas les représenter et les dérives du capitalisme.

Le mouvement, relayé par les réseaux sociaux, s’est rapidement étendu à tout le pays.

À Madrid, les manifestants ont démantelé dimanche leur campement qui occupait depuis quatre semaines la place de la Puerta del Sol et était devenu le symbole de cette vague de contestation.

Ils espèrent maintenant consolider le mouvement en organisant des assemblées populaires dans les quartiers, profitant d’un large soutien dans l’opinion publique. Dimanche, une manifestation est prévue à partir de tous les quartiers de Madrid vers le parlement espagnol, dans le centre de la capitale.

Leur presse (Agence Faut Payer), 14 juin 2011.

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[Algérie] Le siège de la commune de Maârif incendié

Suite à l’annulation d’un projet de construction d’une usine à M’sila
Le siège de la commune de Maârif incendié

Des émeutes ont eu pour théâtre hier en début d’après-midi l’une des communes de la wilaya de M’sila où un édifice public a été incendié par les habitants.

En effet, pour exprimer leur ras-le-bol au sujet de l’annulation d’un projet de construction d’une usine dans la localité, les habitants de la municipalité de Maârif se sont exprimés dans la violence à travers des émeutes où ils ont pris à partie le siège de la commune qui a été incendié.

Des sources syndicales ont indiqué que les chômeurs de cette commune sont les instigateurs de cette émeute pour protester contre l’annulation de ce projet vital pour eux, à l’heure où la précarité et le chômage dans cette commune battent leur plein à tous les niveaux.

Leur presse (Khaled Haddag, Le Temps d’Algérie), 14 juin 2011.

 

M’sila : l’état civil et le parc de la commune de Maarif partiellement incendiés

Le service de l’état civil et le parc de la commune de Maarif distante de 50 km au sud-ouest de M’sila ont été partiellement incendiés par un groupe de personnes, a-t-on appris mardi auprès d’élus locaux. « Un groupe de personnes habitant le village de Baniou, situé à 6 km du chef-lieu de la commune se sont pris au parc municipal incendiant deux autobus avant de mettre le feu au service de l’état civil qui a été partiellement incendié », selon la même source.

Leur presse (APS), 14 juin 2011.

 

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[Tunisie] Restructuration à chaud de l’État après une tentative d’insurrection incomplète

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Une brochure commune de Mouvement communiste et du groupe Kolektivne Proti Kapitalu, Juin 2011

 

Conclusion

Pour les révolutionnaires, les événements récents en Tunisie vont longtemps rester une importante source de réflexion. La richesse et l’ambiguïté des mouvements populaires qui ont ébranlé ce petit pays méditerranéen et accéléré l’histoire dans cette grande région du monde et au-delà méritent une analyse fine de la part des militants de la cause ouvrière. Nous rejetons ainsi les évaluations faussement tranchées et réellement symétriques qui qualifient ces mouvements de purement prolétariens ou de purement démocratiques. Le prolétariat de Tunisie est bien plus qu’ailleurs véritablement à l’origine des révoltes proches et moyennes orientales. Sa révolte contre la vie chère, la pauvreté et le chômage sans revenus a rendu possible le bouleversement. Une révolte qui n’a impliqué que quelques dizaines de milliers de sans-réserves d’une zone oubliée de l’arrière-pays a mis le feu aux poudres. Un feu que les mêmes prolétaires n’avaient pas pu répandre auparavant, en dépit de leurs luttes passées parfois d’une intensité au moins égale à celles de ces derniers mois.

L’envolée des prix alimentaires et énergétiques ainsi que l’incapacité des États de la région à saisir rapidement le potentiel destructeur de ces mouvements ont fait la différence. La perception que les classes dominantes se sortent plus rapidement et bien mieux de la crise financière puis budgétaire que les prolétaires a fait éclore la haine de classe. La répression brutale de manifestations certes déterminées mais somme toute pacifiques a fait le reste. Au lieu d’arrêter les prolétaires, elle les a davantage convaincus que la seule solution collective est dans la rue et que le seul combat qui vaille est celui qui ne recule pas devant l’usage de la force de la part de l’État et de ses corps armés. L’émeute, les tentatives insurrectionnelles sont devenues monnaie courante et rythment encore maintenant la respiration sociale de ces pays.

Toutes les strates de la société civile qui n’étaient pas intéressées par la forme politique particulière de la domination bourgeoise en Tunisie se sont rapidement jointes au mouvement en lui apportant des aspirations et des revendications disparates, souvent contradictoires avec l’inspiration d’origine de marque prolétarienne. Le lissage opéré par la répression a entravé la polarisation de classe au sein même du mouvement. Le plus petit dénominateur commun a rapidement glissé, au fil des jours de la lutte défensive des prolétaires contre les conditions matérielles de vie dégradées menée de façon éruptive et violente, en un combat interclassiste dominé par la demande de démocratie politique et de rejet de la « corruption » du pouvoir exprimé lui aussi par la mobilisation illégale de la rue. La faible présence dans la révolte de segments organisés de la classe ouvrière d’usine a certainement contribué à la dilution de la lutte de classe dans la lutte démocratique pour la rationalisation et la modernisation de la domination du capital.

Ceci n’implique cependant pas que les prolétaires en révolte aient cessé d’exister par eux-mêmes, aient interrompu leur marche en avant pour céder le pas à leurs alliés d’un temps. L’instabilité sociale et politique qui règne en Tunisie, l’envie de s’en sortir d’ailleurs exprimée avec rage et désespoir par des dizaines de milliers de jeunes pauvres, la fragilisation qu’on espère durable des mailles de l’État sont autant de signaux qui indiquent que la lutte de classes n’est pas éteinte et que son potentiel demeure fondamentalement intact. La présence d’une classe ouvrière d’usine relativement plus nombreuse que dans les autres pays de la région, animée par l’agitation sociale est à coup sûr un solide facteur d’espoir. La tradition de combativité jamais brisée du pays où tout a commencé en est une autre. À l’inverse, l’absence d’une quelconque expression autonome embryonnaire du prolétariat couplée à la mue réussie d’un syndicat omniprésent et au retour en force de l’islam politique organisé imposent aux classes subalternes un terrain de confrontation politique qui ne leur appartient pas.

La confiscation du terrain de la politique ouvrière opérée jusqu’ici avec un succès certain par ces deux courants représente désormais le principal obstacle à franchir. Le dépassement de cet obstacle est entre les mains de tous les prolétaires révoltés mais la responsabilité première du dénouement relève de la classe ouvrière d’usine. Si celle-ci ne parvient pas, par ses luttes autonomes, à remettre sur pieds, c’est-à-dire à ancrer dans la critique pratique radicale des rapports de production, la politique de la révolte, celle-ci ne sera jamais pleinement politique sans, pour autant, s’avérer efficacement défensive. Les limbes de l’émeute sans lendemain et qui oublie en cours de route sa raison sociale spécifique menacent la poussée prolétarienne dans ce pays.

Plus en Tunisie qu’ailleurs car c’est dans ce pays que les chances sont les plus élevées d’un dépassement simultané du caractère défensif du mouvement qui n’est assumé que partiellement ainsi que de sa forme politique hybride et inachevée. Plus en Tunisie qu’ailleurs car de telles émeutes ont, depuis 1978, été nombreuses. Faute de quoi, le capital retrouvera un point d’équilibre plus solide car bâti sur une victoire qui n’est en rien militaire mais purement politique. Dans ce cas, et seulement dans celui-ci, on pourra inclure pleinement et définitivement dans le processus de restructuration démocratique de l’État les récents mouvements de lutte en Tunisie.

Pour éviter cette issue aux pires conséquences politiques pour le prolétariat de la région il est impératif d’encourager toute tentative même très minoritaire d’organiser les raisons et la colère prolétariennes au sein d’organismes qui échappent au contrôle syndical et qui valorisent le contenu ouvrier du mouvement. Ces organismes politiques de base n’existent pas à ce jour car les combattants les plus convaincus de la classe se sont faits absorber par les dynamiques de l’affrontement direct avec les corps répressifs et de l’œuvre d’épuration des « corrompus » de l’ancien régime. Au lieu d’agir en corollaire incontournable d’une lutte politique indépendante déployée, l’exercice de la force par le prolétariat sert ici comme succédané de celle-ci. La pression sociale monte mais la soupape politique, constituée au sein de l’État et les organisations politiques et syndicales reste en place. Quoique transformée et remise ici et là à neuf, elle fonctionne à plein. Dans ce contexte, comme en Égypte, dans un premier temps, les prolétaires interpréteront fort probablement la plus grande liberté acquise de mettre un bulletin de vote dans les urnes électorales comme une immense conquête. Le tout est de savoir combien de temps la démocratie bourgeoise élargie parviendra à faire illusion. Nous n’avons pas la réponse à cette question mais le simple fait qu’elle puisse légitimement être posée est une énorme avancée par rapport au passé récent.

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Émeutes dans le sud de la Chine

Nouvelle flambée de violence en Chine : des protestataires ont incendié ce week-end plusieurs véhicules de police dans une province du sud du pays, pour dénoncer les mauvais traitements infligés par les forces de l’ordre aux travailleurs migrants, selon des témoins.

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Si les manifestations violentes sont devenues fréquentes en Chine au cours de la décennie passée, ces dernières semaines semblent avoir été particulièrement troublées. Les éléments déclencheurs étaient différents dans chacun des cas, mais la majeure partie des incidents trouvaient leur source dans les ressentiments envers les inégalités sociales, l’abus de pouvoir et la négation de doléances légitimes.

Les dernières émeutes, survenues dimanche soir, ont fait suite à trois jours d’agitation croissante à Xintang, dans la province du Guangdong, axe central de l’industrie chinoise des exportations. Les récits d’incidents dans les médias contrôlés par l’État sont rares mais l’agence officielle Chine Nouvelle a précisé qu’une équipe gouvernementale avait été envoyée dans la région pour faire taire les rumeurs relatives aux troubles.

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En mai dernier, la Mongolie intérieure avait été le théâtre des plus importantes manifestations de rue dans la région depuis une vingtaine d’années, tandis qu’un homme, dont les terres avaient été saisies, avait dirigé sa colère contre des bâtiments publics d’une ville du sud de la Chine : trois personnes ont été tuées et au moins neuf autres blessées dans l’explosion de trois bombes artisanales qu’il avait déclenchées.

La semaine dernière, plusieurs milliers de protestataires ont également attaqué des bureaux publics à Lichuan, dans le centre du pays, après le décès d’un membre du conseil municipal, qui aurait été tabassé à mort par la police, pendant sa garde à vue.

Les autorités chinoises ont réagi avec nervosité à l’ensemble des troubles, en particulier après les soulèvements populaires de cette année dans plusieurs pays du monde arabe. Au cours des derniers mois, des centaines de militants critiquant la politique gouvernementale ont été interrogés, appréhendés ou ont disparu.

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Les violences à Xintang ont éclaté vendredi soir quand une femme enceinte a été poussée au sol lors d’une intervention contre des vendeurs de rue, pour la plupart des migrants venus de la province du Sichuan (sud-ouest).

Les gens ont rapidement afflué, bloquant la circulation et attaquant des bâtiments publics à coups de jets de briques et de bouteilles, selon Chine Nouvelle. La police a procédé à l’interpellation de 25 personnes, accusées d’incitation aux troubles, a précisé l’agence de presse en ajoutant qu’aucune victime n’avait été déplorée.

Les heurts se sont poursuivis et des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dimanche soir à un échangeur routier, mettant le feu à plus de vingt véhicules d’urgence. Des affrontements ont opposé les protestataires à des policiers et des membres des forces paramilitaires, a rapporté lundi un vendeur de l’usine de fabrication de textile Xintang Ruilong, située à proximité du lieu des incidents.

Le vendeur, qui s’est présenté sous le surnom de Wang, a déclaré que les violences avaient éclaté après des coups donnés par des agents auxiliaires des forces de police, à des vendeurs migrants, sur ordre des autorités locales. Les vendeurs auraient alors contacté parents et amis, qui seraient arrivés par groupes et s’en seraient pris aux véhicules avant d’affronter les forces de sécurité.

Une ouvrière d’une autre usine de confection de textile Fengcai, également surnommée Wang, a de son côté expliqué que les dirigeants avaient interdit à quelque 400 travailleurs migrants de quitter l’installation. « Il y avait beaucoup de gens dans les rues la nuit dernière, criant et tentant de créer le chaos », a-t-elle dit. « Certains d’entre eux ont même cassé des véhicules de police. »

Un enregistrement vidéo des incidents mis en ligne sur internet montre des foules bloquant la circulation, attaquant des véhicules et incendiant des bus.

Le Réveil (Source : Associated Press), 14 juin 2011.

 

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Chine : manifestation violente à Lichuan

Plus de 1.500 personnes se sont affrontées avec la police à Lichuan, dans la province du Hubei (centre de la Chine), lors d’une manifestation pour protester contre la mort en garde à vue d’un élu local, a rapporté samedi la presse officielle. La police a arrêté deux hauts responsables, soupçonnés d’être impliqués dans la mort le 4 juin de M. Ran Jianxin, un élu local âgé de 49 ans, selon le Global Times. M. Ran Jianxin s’était opposé à des expropriations de terres par l’exécutif local. Accusé de corruption, il est décédé alors qu’il était interrogé par la police, selon le journal.

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1308060861.gifCette mort suspecte a indigné la population et plus de 1.500 personnes se sont rassemblées jeudi devant le siège du gouvernement provincial, jetant des bouteilles et d’autres projectiles contre les policiers. Les manifestants ont aussi brisé la grille de l’enceinte du siège de l’exécutif local, a indiqué un communiqué publié vendredi sur le site internet de l’exécutif local. « Afin d’empêcher une détérioration de la situation, les services de la sécurité publique ont pris rapidement des mesures, conformément à la loi, pour gérer de manière adaptée le mouvement de foule », a indiqué le communiqué dans des termes habituellement utilisés par les autorités pour désigner le recours à la force.

Outre l’arrestation des deux responsables, un procureur a démissionné et le directeur-adjoint du Comité du Parti communiste de Lichuan a été démis de ses fonctions.

Leur presse (Agence Faut Payer), 11 juin 2011.

 

Troubles sociaux dans le sud de la Chine

Des centaines de personnes ont affronté la police et détruit des véhicules dans la ville de Chaozhou (sud) après une agression à l’arme blanche d’un ouvrier réclamant son salaire, ont rapporté aujourd’hui les autorités et les médias officiels chinois. Dix-huit personnes ont été blessées et neuf arrêtées lundi lorsque la police est intervenue pour réprimer une manifestation d’environ 200 ouvriers migrants, selon le quotidien anglophone Global Times et le gouvernement local.

Les protestataires s’étaient rassemblés devant un bâtiment officiel pour demander que les autorités punissent trois personnes suspectées d’avoir attaqué un ouvrier migrant dont le nom de famille est Xiong, le 1er juin. M. Xiong aurait été agressé après avoir exigé deux mois de salaire impayés, selon le Global Times.

Les trois suspects, dont le patron de l’usine de céramique où travaillait M. Xiong, ont été arrêtés et leurs dossiers transmis aux autorités judiciaires locales, selon un communiqué de la municipalité de Chaozhou.

D’après les images d’une vidéo postée sur le portail Sina.com, des centaines, voire des milliers de personnes se sont rassemblées dans les rues de la ville, et certaines ont lancé des objets ou donné des coups de bâton sur une camionnette.

Selon le communiqué des autorités, une voiture a été incendiée, trois ont été détruites et 15 endommagées. Un responsable local a indiqué mercredi à l’AFP que l’incident était « clos ». « Il n’y a plus de rassemblement », a-t-il affirmé.

Le nombre de conflits du travail a augmenté ces dernières années en Chine, où les ouvriers migrants, qui forment l’essentiel de la main d’œuvre industrielle des régions côtières, demandent de plus en plus fréquemment des augmentations de salaire et des améliorations de leurs conditions de travail.

Leur presse (Agence Faut Payer), 8 juin 2011.

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CQFD n° 90 – juin 2011 – En kiosques

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Lettre ouverte aux responsables de la Triennale d’art industriel à Milan (1er janvier 1957)

Messieurs,

Vous avez beaucoup tardé à répondre à la lettre par laquelle, l’année dernière, le Mouvement international pour un Bauhaus imaginiste vous demandait un emplacement pour construire un pavillon expérimental dans le cadre de la XIe Triennale. Sachant que la réalisation dépendait d’une entente immédiate entre nous, vous avez voulu, en gagnant du temps, faire échouer ce projet sans prendre les risques d’un refus. Et maintenant, il nous vient aux oreilles que vous répandez systématiquement le bruit que notre lettre vous aurait été écrite en termes injurieux.

Nous ne serions pas surpris outre mesure d’apprendre que vous avez pu considérer comme injurieuse une lettre qui n’était que froide. Personne, ni en Italie ni en France, ne vous prête assez de discernement et d’éducation pour être assuré que ces nuances vous sont perceptibles. Mais nous sommes fâchés que vous osiez tirer argument, contre nous, de ces injures imaginaires, pour votre mauvaise propagande.

Vos procédés, Messieurs, commencent à nous déplaire. Nous avons pris sur nous de recevoir correctement votre agent, le nommé Pica, qui s’est introduit dans notre Congrès d’Alba, en septembre dernier, bien que ses attaches apparussent jusqu’à l’évidence. Nous avons finalement convenu de le laisser partir avec les documents qu’il avait pu glaner. Notre patience est maintenant épuisée.

Toi, Broggini, tu n’es rien d’autre qu’un cocu. Cette question t’obsède, tu ne peux penser au-delà. Tu es donc irresponsable, nous t’en donnons acte. Mais démissionne.

Lombardo, tu as eu dans ta jeunesse quelques bonnes idées et, il faut bien le reconnaître, un véritable intérêt pour le problème des arts plastiques dans leurs rapports avec l’industrie. Depuis, ton évolution n’est pas belle, et toi-même, à y bien penser, tu ne dois pas en être fier. Tu n’es plus qu’un chef de publicité, pas très habile. Même tes patrons sont volés.

Mollino, puisque tu es si impatient d’entendre des injures sur ton compte, au point de solliciter les textes pour les découvrir, tu vas être déçu : tu es une nullité si parfaite — et Lombardo lui-même ne se prive pas de le dire — que tu décourages l’injure, même des spécialistes.

Nous vous prévenons, Messieurs, qu’il vous faut désespérer de nous manœuvrer davantage. Rejoignez vos couvents respectifs, l’âge en vient.

Paris, le 1er janvier 1957

Au nom du Mouvement international pour un Bauhaus imaginiste : M. Bernstein, Constant, M. Dahou, G.-E. Debord, J. Fillon, G. Gallizio, A. Jorn, R. Rumney, P. Simondo, E. Verrone, G. J Wolman

Rédaction de Potlatch : 32, rue de la Montagne-Geneviève, Paris 5e.
Bureau du Bauhaus imaginiste en Hollande : 25 Henri-Polaklaan, Amsterdam C.
Laboratorio Sperimentale : 2 via XX Settembre, Alba.
Organising Commitee of the Provisional Congress for the psychogeographical fragmentation of the urban district of London c/o I.C.A., 17-18 Dover Street Picadilly, London W1.

 

« Nous vous enverrons, dans deux ou trois jours, quelques exemplaires d’une lettre ouverte que nous adressons à la Triennale de Milano, en réponse à ce qu’ils ont dit à notre propos. »

Lettre de Guy Debord aux camarades présents à Alba, 1er janvier 1957.

 

« Ci-joint un exemplaire d’une lettre à la Triennale de Milan. »

Lettre de Guy Debord à Constant, 9 janvier 1957.

 

Caro Jorn, ho ricevuto questa mattina la lettera inviata da Parigi alla XI Triennale. Anche se non porta la mia firma, ti avverto che non voglio avere più niente a che fare con il Moviemento per un Bauhaus immaginista perchè un movimento formato da genii come te e i tuoi amici francesi è fuori della mia misura.

Milan 5 gennaio 1957 – Sottsass Jr.

« De l’humour à la terreur », Potlatch n° 28, 22 mai 1957.

 

Lettre d’Asger Jorn et Guy Debord à Ettore Sottsass [Ettore Sottsass, architecte responsable de la Triennale de Milan, signataire de la plate-forme d’Alba en 1956. — Texte français d’une lettre envoyée en italien.]

Paris, le 15 janvier 1957

Sottsass,

Nous avons compris en 1956 qu’un mouvement formé de génies tels que moi et mes amis français est au-dessus de tes moyens : donc la lettre ne portait pas ta signature. À présent, suffit.

Jorn, Debord

 

« Sers-toi de notre lettre à la Triennale comme critère du comportement moral de ces gens en précisant naturellement que les injures ont été réparties arbitrairement entre des personnages dont nous ne connaissions même pas les noms. En effet, malgré son caractère totalement anodin, cette lettre fait visiblement le partage entre les Italiens acceptables et les imbéciles qui voulaient s’amuser sans danger auprès de nous. L’architecte milanais Ettore Sottsass, qui avait participé au congrès d’Alba, mais qui ne nous avait pas paru capable de faire quelque chose de bon avec nous, a écrit à Jorn dès qu’il a appris comment nous traitions la Triennale, pour dire qu’il ne voulait plus avoir rien de commun avec nous “perchè un movimento formato da genii come te e i tuoi amici francesi è fuori delle mia misura”. »

Lettre de Guy Debord à Ralph Rumney, 16 janvier 1957.

 

« J’ai communiqué ta réponse à nos amis.

Nous sommes bien d’accord sur le fait que la position du Bauhaus imaginiste était insuffisante. La lettre à la Triennale a entraîné une protestation des Albares (cette lettre avait été envoyée seulement pour les mettre au pied du mur, Asger ayant jugé Simondo à Turin très au delà de l’opportunisme tolérable), et la démission éclatante de Sottsass, que tout le monde avait oublié. Nous n’avons donc plus de relations avec les Albares, Olmo excepté. Mais nous avons quelques adhésions et contacts nouveaux. »

Lettre de Guy Debord à Constant, 19 janvier 1957.

 

« À propos de la Triennale, voici notre avis très définitif :

1°) Cette affaire de la Triennale était une très petite affaire. Elle est complètement finie. Nous ne devons pas nous en occuper encore, jusqu’à faire de ce petit détail un acte important de notre groupe. Ces gens de la Triennale ne méritent pas notre attention plus longtemps. Il faut rester sur la position de notre lettre, ni plus ni moins. Car s’ils disent que cette lettre a été faite à Alba (par de jeunes provinciaux) c’est pour essayer de diminuer la gravité des injures que le public italien les a vu recevoir de la part de l’avant-garde internationale. Ce qui est le plus pénible pour eux c’est que l’on sacheque nous avons tous effectivement signé cela !

2°) Il ne s’agit pas de se “venger” des gens d’Alba. Ils ont fait sottement un geste qui empêche la collaboration entre eux et nous. C’est tout. Nous n’avons pas d’hostilité contre eux ; nous pensons simplement qu’en nous obligeant à la rupture, ils ont perdu beaucoup, et que nous, nous n’avons rien perdu.

Donc, il ne faut pas leur envoyer des lettres d’injures. Mais surtout, si nous leur écrivions des lettres d’injures, nous ne devrions pas les faire signer par des individus comme Baj et Manzoni qui sont encore plus éloignés de nous que les gens d’Alba. »

Lettre de Guy Debord à Ralph Rumney, 23 janvier 1957.

 

« (…) nous avons pris conscience de certaines méthodes irrationnelles, néfastes et choquantes, appliquées par Asger, depuis deux mois en tout cas, dans les affaires du mouvement. J’en donne deux exemples :

a) la lettre à la Triennale avait été discutée en décembre par Asger et nos amis italiens, et approuvée par tous à condition qu’elle ne soit pas injurieuse (ceci pour diverses raisons tactiques — par exemple une perte de possibilités économiques à Alba, qui s’est en effet produite). Nous l’avons rédigée à Paris sans avoir eu connaissance de cette discussion préalable. Il est bien évident alors que la réaction d’Alba se trouve formellement justifiée : l’envoi de notre lettre n’engageait pas le groupe d’Alba sans prendre son avis — ce qui est faisable — mais contre son avis nettement exprimé. (…) »

Lettre de Guy Debord, Piero Simondo et Michèle Bernstein à Ralph Rumney, 3 février 1957.

Publié dans Le Bauhaus imaginiste | Commentaires fermés sur Lettre ouverte aux responsables de la Triennale d’art industriel à Milan (1er janvier 1957)

En campagne contre Vinci

 

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Malgré la crise apparente, le capitalisme reste en expansion et cherche toujours à conquérir du pouvoir sur nos vies. Les débrouilles quotidiennes, la moindre bribe d’autonomie, le petit savoir-faire, la dernière pratique collective sont intégrés au marché ou rendus illégaux. Il s’adapte à tous les contextes politiques et peut se montrer ultra-violent et prédateur ou consultatif et éco-responsable selon les besoins, pour maintenir le cap du profit de quelques-uns.

Parmi les outils à sa disposition, figure en bonne place la maîtrise de l’espace. Le déracinement des populations est depuis longtemps une manière de les rendre dépendantes de la société de consommation et soumises au marché du travail. Dans le même temps, le territoire qui permettait leur subsistance est réorienté et rentabilisé dans une logique de profit. Chaque espace doit avoir son orientation économique, de la zone industrielle à la plaine céréalière centralisée, en passant par la région montagneuse, sa détente pour riches et son énergie bois. Quand chaque région devient spécialisée, un schéma global de transport à grande vitesse s’impose. Le quadrillage des voies de communication garantit la cohérence de l’ensemble. Alors pullulent les grands projets qui relient les pôles entre eux : lignes Très Haute Tension, Lignes Grande Vitesse, autoroutes, ceintures périphériques, métros, tramways, boulevards, tunnels, aéroports, qui alimentent ou permettent d’autres grands projets tels que complexes nucléaires, barrages hydrauliques, terminaux pétroliers, parcs éoliens, zones commerciales, grands stades et urbanisation des campagnes.

Pour de telles réalisations, la recette est toute trouvée : les partenariats public-privé (PPP). Ils permettent d’allier la légitimité démocratique, la maîtrise de l’ensemble géographique, la finance publique et les forces de l’ordre de l’État ou des collectivités locales aux savoir-faire, réseaux et réalisme commercial et sans scrupule de grands groupes privés omnipotents. Ceux-ci proposent de prendre en charge l’ensemble des projets, de la construction à la gestion commerciale. Des entreprises comme Eiffage, Bouygues ou Vinci se partagent un gâteau monumental et sans cesse renouvelé. Les grands projets phares y sont des vitrines pour leur image de marques, des actionnaires confiants et du profit boursier. Mais la multitude de leurs interventions sur l’espace (aménagements urbains, rénovations de quartiers, ronds-points, zones commerciales, vidéo-surveillance…) est leur business quotidien. Sous prétexte de progrès et de services rendus à la communauté, ces partenaires vont toujours plus loin dans la colonisation de nos vies. Tout est fait pour que rien ne leur échappe et que chaque geste du quotidien soit rentable et contrôlable. Décomplexés, ils l’affirment haut et fort : « Eurovia aménage votre cadre de vie » !

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En 2000, Vinci devient le « premier groupe mondial de construction-concession », après avoir été vendu par Vivendi à des actionnaires. En 2009, il participe à 240’000 chantiers dans plus d’une centaine de pays ; avec 5% de croissance en 2010, son chiffre d’affaire atteint 33,4 milliards d’euros et son carnet de commande augmente de 15%.

Il est un des collaborateurs favoris des pouvoirs publics mais il sait aussi se mettre au service du privé. Le projet ITER de fusion nucléaire est implanté à titre d’expérimentation internationale sur le site de Cadarache (13). Avec Areva — son partenaire jusque dans les mines d’uranium au Niger ou ailleurs — et malgré les nombreuses voix qui s’opposent à cette nouvelle absurdité mégalomaniaque, Vinci construit le désastre…

La Ligne Grande Vitesse Sud Europe Atlantique est un projet très contesté dans les régions concernées. Plusieurs collectifs et associations organisent des manifestations pour dire stop aux grands projets destructeurs et coordonner des actions en Europe.

À Notre-Dame des Landes (44), depuis 40 ans, un projet d’aéroport international s’inscrit dans une expansion de la métropole Nantes/Saint-Nazaire. Aujourd’hui, Vinci s’est emparé de ce chantier pionnier : un aéroport éco-labellisé. Le groupe et ses alliés publics entendent mener les travaux à terme, tout en prétendant respecter une démarche démocratique : par exemple, une enquête publique encadrée par une multitude de gendarmes et de gardes mobiles. Face à cette hypocrisie, les terrains concernés par le projet sont occupés et le combat s’intensifie.

L’autoroute que construit Vinci entre Moscou et Saint-Pétersbourg saccage entre autres, à Khimki, la dernière forêt moscovite. Noyé dans la corruption, ce projet d’expansion urbanistique s’impose aux habitants et n’avance qu’à coups de violences policières contre les opposants. Le campement de résistance installé dans la forêt a également été la cible d’attaques par des milices fascistes. Le tabassage, les tortures, les menaces, les inculpations pénales et les assassinats sont certains des moyens de répression mis en œuvre par le capital afin de défendre ses propres intérêts sous prétexte de travaux publics.

Une campagne contre Vinci ?

Parce que la machine qui nous domine est diffuse et omniprésente, il paraît difficile d’imaginer comment s’en émanciper. Une des stratégies possibles est de faire converger des forces en ciblant un de ses rouages pour ébranler l’ensemble. En tant que grand acteur de ce monde, Vinci est partout. Si certaines de ses tentacules sont rendues visibles par quelques projets, les autres œuvrent dans l’ombre en s’appuyant sur l’acceptation et l’isolement des individus.

Créer des solidarités entre les personnes aux prises avec Vinci (salariés, populations bétonnées, déplacées, irradiées, opposants réprimés…) pourrait permettre de dépasser des enjeux locaux pour identifer Vinci comme un ennemi public et affiner des stratégies concrètes et à long terme.

Collages, tractages, banderoles, tags, discussions, manifestations, projections, actions, péages ou parkings gratuits, blocages, occupations, ralentissements, sabotages sur les chantiers… sont autant de pratiques qui peuvent participer à renverser le rapport de force existant.

De multiples actions fleurissent déjà contre Vinci, organisons-nous localement pour intensifier cette campagne de façon déterminée et endurante.

Parce que c’est sur notre résignation qu’ils construisent leur business, partageons nos colères pour passer à l’offensive et se donner de la force.

Pour échanger des infos : stopvinci.noblogs.org

Stop Vinci, 25 avril 2011.

 

VINCI une « entreprise globale »

D’un côté se faire du fric en construisant des prisons…

Centre pénitentiaire de Remire Montjoly

Centre pénitentiaire de Baie-Mahault

La prison intéresse

… et de l’autre participer au financement de l’OIP (Observatoire International des Prisons)…

[Sur l’OIP : (…) L’Observatoire constate à la fois l’atteinte à la dignité de la personne que constitue la peine d’emprisonnement et l’échec de son objectif de réinsertion. En conséquence, l’OIP demande la diminution du nombre de personnes détenues, la limitation du recours à l’incarcération, la réduction de l’échelle des peines, le développement d’alternatives aux poursuites pénales et de substituts aux sanctions privatives de liberté.]

Lundi 13 juin 2011.

 

[Nantes] Occupation d’un chantier de Vinci

C’était vendredi dernier, le 10 [juin] je crois, et on s’est retrouvéEs à une soixantaine pour aller occuper un chantier de Vinci.

D’abord on s’est occupéEs des vilaines caméras autour du chantier, on les a coiffées de jolis sacs poubelles et on a trouvé qu’elles étaient plus à leur place. Pour une qui se trouvait haut, on a eu recours à un sac muni de ballons gonflés à l’hélium. On a un peu galéré à le guider dans la bonne direction, mais avec une perche et en le retenant avec un fil, il est arrivé à destination. Un peu grâce à la copine qui est montée au poteau parce qu’en fait ça marchait pas super bien.

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Une caméra de vidéosuveillance entre Bouffay et Duchesse empêchée de nuire

Ensuite, le chantier. On est entré dans le chantier du centre-ville, vous savez, celui qui est en face de la place du Bouffay. La porte était grande ouverte. L’autre porte aussi était grande ouverte. Le chef de la sécurité a voulu parler au responsable, on lui a dit que c’était lui le responsable, et puis on lui a serré la main. Nous, on était pas venu pour l’embêter lui. On était venu pour embêter Vinci. Pourquoi ? Bah, on trouve que quand il s’agit d’embêter les grandes entreprises capitalistes on a toujours raison. Et puis un chantier qui s’arrête, c’est beau. Mais là, c’était pas seulement pour ça. C’est aussi parce que Vinci construit l’aéroport de Notre-Dame des Landes et puis parce qu’ils ne sont pas trop correct avec nos amiEs qui luttent à Khimki et puis parce que quand il y a un mauvais coup, et que des gens veulent bétonner des trucs pour la gloire du capital, du contrôle social et de la rentabilité économique, on a remarqué que Vinci n’était jamais très loin. Et puis aussi, c’est parce qu’on a vu que plusieurs campagnes se lançaient contre Vinci et qu’on avait envie de participer.

Donc on arrive dans le chantier et on voit un responsable et puis quelques personnes qui maniaient un tractopelle, mais à part ça, il n’y avait pas trop de monde. En fait c’était déjà la fin du vendredi après-midi et beaucoup d’ouvrières et d’ouvriers étaient déjà parties. On a quand même discuté avec une ou deux personnes. Des flics municipaux commençaient à rappliquer, mais nous on s’en fichait, parce qu’on a pas peur et qu’on sait qu’on a raison. En fait, on s’en fichait surtout parce qu’illes étaient pas vraiment nombreuxes parce que sinon on a quand même un peu peur. On a encore discuté un peu (pas avec les flics, hein, c’est pas nos amiEs) et puis on est parti tranquilement. En tout on a dû rester une demi-heure. On a distribué un petit tract aux ouvriers et aux passantEs mais je l’ai pas sur moi. Si je le retrouve, je vous le montrerai dans les commentaires.

Si vous voulez, vous pouvez aller voir le site d’une campagne contre Vinci, c’est à l’adresse http://stopvinci.noblogs.org. Et puis si vous voulez aussi, vous pouvez faire pareil que nous parce qu’on s’est bien amuséEs.

Indymedia Nantes, 12 juin 2011.

Publié dans Aménagement du territoire - Urbanisme, Beau comme une prison qui brûle | Marqué avec , | Un commentaire

Luttes pour la liberté de circulation et refus de signalétique

Depuis le mois de mars, de nombreux Tunisiens  qui ont traversé la Méditerranée et ont gagné l’Europe via la petite île italienne de Lampedusa sont arrivés à Paris. Au Maghreb, on les appelle les harragas, c’est à dire les brûleurs de frontières, nom donné à ceux qui traversent les frontières sans visa ni autorisation. Quelques centaines d’entre eux se sont alors installés dans des conditions très précaires dans un square situé sous le périphérique porte de la Villette.

De là, naît un collectif, « Les Tunisiens de Lampedusa à Paris », qui, depuis fin avril, mène diverses actions, rassemblements, occupations, manifestations pour avoir des papiers et un lieu pour vivre dignement et s’organiser. À ces actions participent différentes personnes qui elles ont des papiers et ont en commun de lutter pour la liberté de circulation et d’installation, contre les expulsions et les centres de rétention.

Lors d’actions collectives comme lors de la vie de tous les jours, nous savons bien que les personnes sans papiers ne courent pas les mêmes risques que les celles qui en disposent. Pour les sans-papiers, au moindre contrôle et a fortiori à la moindre incartade c’est le couperet de l’enfermement en centre de rétention et de l’expulsion qui risque de tomber. En cas de condamnation judiciaire, en plus d’une éventuelle peine de prison ou autre il y a aussi toujours le risque d’être doublement puni par une interdiction du territoire français (ITF) qui entraîne bannissement et compromet sérieusement toute possibilité de régularisation ultérieure.

Mais contrairement à ce qu’il se passe dans la vie de tous les jours où, atomisés, nous nous laissons parfois aller à passer notre chemin quand, dans la rue ou un couloir du métro, des uniformes contrôlent les identités et raflent les sans-papiers, dans une action collective on peut plus facilement faire le choix de ne pas accepter de participer au tri de ceux qui auraient le droit de vivre en France et de ceux qui ne l’auraient pas.

Aussi à plusieurs reprises, depuis fin avril, après des arrestations mélangeant personnes sans papiers et à papiers, plusieurs parmi cette dernière catégorie ont refusé de donner leur identité à la police et de se soumettre au fichage signalétique.

Elles ont donc refusé de se faire photographier et de donner leurs empreintes. Tout d’abord par solidarité avec leurs camarades tunisiens mais pas seulement.

Refuser la signalétique c’est d’une façon générale refuser d’être fiché dans un monde où nous le sommes toujours de plus en plus sous n’importe quel prétexte. Dans le cadre d’une lutte pour la liberté de circulation et d’installation comme celle qui est menée actuellement, c’est aussi plus clairement refuser de collaborer à des procédures qui participent au contrôle des flux migratoires et à la répression qui partout en Europe s’exerce contre les personnes migrantes.

En effet, la prise d’empreinte est notamment utilisée pour établir une traçabilité des sans-papiers à un niveau européen.

Le système Eurodac permet aux États membres d’identifier les demandeurs d’asile et les personnes « ayant illégalement franchi les frontières extérieures de l’Europe » en comparant leurs empreintes avec celles contenues dans une base de données centrale où figurent 2 millions de candidats à l’immigration. Grâce aux prises d’empreintes et au fichier Eurodac, n’importe quel État peut savoir par où une personne est arrivée en Europe, et décider en fonction de cela de l’expulser dans cet État, l’expulsion prenant alors le doux nom de réadmission.

Les photos et empreintes permettent aussi à la police de recouper diverses informations pour établir l’identité des personnes sans papiers au delà de leurs déclarations, l’établissement de cette identité facilitant les procédures d’expulsion de celles et ceux qui, parce qu’ils sont là depuis peu de temps, parce qu’ils n’ont pas de famille, pas de travail, pas de particularisme sans cesse rétrécissant, ne peuvent obtenir ces fameux papiers sensés nous autoriser à vivre.

Le vendredi 17 juin, à partir de 13h30, un certain, M. X, surnommé M. Lampedusa, passera en procès devant la 23e chambre 2 du TGI de Paris pour refus de signalétique. Il avait été arrêté le 4 mai suite à l’expulsion sur ordre de la mairie de Paris d’un immeuble vide réquisitionné par des harragas tunisiens et des personnes solidaires de leur lutte. Ce jour-là, 120 personnes avaient été placées en garde à vue. Emmené avec des sans-papiers, il a décidé de lier sa situation à la leur, n’ayant pas de papiers en sa possession à ce moment-là.

Les 1er et 8 juillet [À la 10e chambre 2 pour le 1er juillet. À préciser ultérieurement pour le 8 juillet], d’autres Mlle, M. ou Mme X comparaîtront devant des juges pour avoir, lors de cette lutte avec les harragas tunisiens, refusé de se soumettre à la signalétique suite à des arrestations collectives mêlant sans-papiers et à-papiers.

Pour toutes et tous, solidarité !
Des papiers pour tout le monde ou plus de papiers du tout !

Liste Migreurop, 13 juin 2011.

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Trois compagnons arrêtés à Belleville et incarcérés

En juin 2008, des sans-papiers foutaient le feu à leur taule. La plus grande prison pour étrangers de France, le centre de rétention de Vincennes, partait en fumée, nous en avons déjà parlé dans ces pages. Une dizaine de retenus, choisis « au hasard » avaient servis d’exemple lors d’un procès dont l’issue ne laissait place à aucune surprise (des peines allant de 8 mois à 3 ans de prison ferme).

Depuis l’incendie, des dizaines et des dizaines d’actes de solidarité à travers la France ont entaché le calme et le silence que voulait imposer cette justice de paix : tracts, affiches, déambulations sauvages et bruyantes, sabotages de distributeurs de banques qui balancent leurs clients sans-papiers aux flics, poses de banderoles, attaques incendiaires, boutiques défoncées et occupations ravageuses des collabos de la machine à expulser et de leurs locaux ainsi que de nombreux tags et autres formes diverses et variées.

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S’enclenche alors une campagne de presse qui nous parle d’une mystérieuse «  Mouvance Anarcho-Autonome Francilienne » (MAAF) décrite telle une organisation terroriste structurée, et qui serait responsable de toutes ces attaques. Bien sûr il s’agit d’un montage policier, personne ne se réclame d’une telle mouvance à notre connaissance. Cette grotesque catégorie imaginaire ne sert en fait qu’à préparer le terrain pour la répression et foutre au trou des personnes qui luttent pour neutraliser la lutte.

La première réponse de l’État arrive en février d’abord, puis en juin 2010, lorsqu’une dizaine de personnes sont perquisitionnées et arrêtées par la Section Anti-Terroriste de la Brigade Criminelle du 36 quai des Orfèvres dans le cadre d’une instruction ouverte autour de cette lutte sans médiation contre la machine à expulser et menée aujourd’hui par la juge Patricia Simon. La plupart des personnes sont mises en examen, les appartements fouillés, ordinateurs, téléphones, bouquins ou vêtements sont saisis par les flics. Malgré les refus de signalisation, l’ADN est souvent pris de force ou prélevé sur des brosses à dent et des sous-vêtements. Personne n’est incarcéré et tout le monde ou presque sort avec un contrôle judiciaire sur le dos.

En janvier 2011, trois compagnon/nes se font prendre en pleine rue par la BAC dans le quartier de Belleville. Ils sont accusés d’avoir apposés sur les murs de Belleville des tags solidaires avec les insurgés de Tunisie et d’ailleurs : « Alger-Tunis-Partout Insurrection », « Nique la police », « Les prisons en feu, la Croix-Rouge au milieu », « Feu aux États », « Mort au pouvoir », « Crève l’État », « Guerre sociale », « Vive l’anarchie », « Vive la révolte » ou encore « Comme en Algérie, feu aux flics » (selon l’enquête des flics). Lors des perquisitions chez eux, sont présents des flics anti-terroristes, des RG de la DCRI ainsi que des flics du XXe, visiblement intéressés par ces anarchistes du Nord-Est Parisien. Les trois seront récupérés par la Section Anti-Terroriste pour finir leur garde à vue par une incarcération préventive : Camille est emprisonnée à la prison pour femmes de Fleury-Mérogis tandis qu’Olivier et Dan sont eux incarcérés à la prison de la Santé. Camille, qui sera libérée une semaine plus tard, est maintenant assignée à résidence avec interdiction de voir ses amis et compagnons et de sortir de chez elle (sauf pour travailler ou étudier). Dans le même temps un camarade, lui aussi mis en examen en 2010, est arrêté à Bagnolet, puis placé en détention à Fleury-Mérogis où il restera une dizaine de jours.

Les contrôles judiciaires de Dan et Olivier leur interdisaient d’entrer en contact, puisqu’ils étaient déjà tous les deux accusés (lors des rafles de 2010) notamment de « destructions ou dégradations par l’effet d’une substance explosive, d’un incendie ou de tout autre moyen de nature à créer un danger pour les personnes », c’est-à-dire d’avoir bouté le feu à des distributeurs de banque, mais aussi individuellement d’autres faits de dégradations (tags sur et dans des banques, ravages chez des collabos de la machine à expulser comme Air France, Bouygues etc.). Ils sont donc incarcérés pour tout cela et notamment sous prétexte que le tag est une « forme minimale d’action directe » et qu’ils ne respectaient pas leur contrôle judiciaire…

De nombreuses actions, rassemblements, discussions et autres initiatives ont lieu en solidarité avec eux et pour continuer à poser la question des prisons pour étrangers et des frontières (voir quelques brèves dans ce numéro).

Après trois mois de prison préventive à la maison d’arrêt de la Santé, les deux sont sortis à la mi-avril avec un nouveau contrôle judiciaire : interdiction de se voir, pointage toutes les semaines chez les flics, et 2000 euros à payer chacun pour « frais de justice » et le « dédommagement des éventuelles parties civiles »… Cette somme est mensualisée, c’est-à-dire qu’ils doivent payer 200€ chacun par mois jusqu’à ce que le compte soit bon, la carotte étant que s’ils ne payent pas chaque mois, ils seront réincarcérés. Des initiatives de solidarité sont d’ores et déjà prévues pour assurer un soutien financier afin de leur éviter un autre passage par la case prison. On pourra écrire pour faire part de nouvelles initiatives.

Ce n’est ni la première ni la dernière fois que l’État essaye d’imposer la résignation ou la prison à des antiautoritaires, que ce soit sous le prétexte de la lutte anti-terroriste ou non. Parce que nous partageons le désir de liberté qui est le leur et la lutte pour un monde débarrassé des frontières et de tous les rapports sociaux qui nous enferment, ne laissons personne seul face à cette alternative dégueulasse. La lutte contre la machine à expulser à travers la France, l’Europe et ailleurs est une lutte à forte dimension collective, et l’État veut désormais faire payer ces deux camarades en espérant ainsi les isoler du reste de la lutte.

Ci-après une affiche que vous avez peut-être déjà croisée sur les murs du quartier quelques jours après que les trois de Belleville furent incarcérés :

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Lucioles n° 3 – juin/juillet 2011.

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Affrontements devant le commissariat central de Turin, Italie

Le commissariat du cours Verona, siège du bureau de l’immigration de la police turinoise, a appelé, jeudi 9 juin, une quarantaine d’Égyptiens et les a invités à se présenter pour compléter les dossiers afin d’obtenir des permis de séjour… mais c’était en fait des expulsions prévues pour eux. Ils ont alors été chargés de force dans les fourgons et transférés au commissariat central de la rue Grattoni. Devant le cours Verona, il n’y avait que trois ou quatre solidaires et une dizaine de proches mais l’information a circulé rapidement et de manière efficace si bien qu’en peu de temps un rassemblement d’une soixantaine de personnes s’est formé entre personnes solidaires, amis et proches.

En plus des unités mobiles de la police et des carabiniers pour protéger l’entrée du commissariat, on a pu entrevoir un responsable de la direction du CIE (équivalent CRA) du cours Brunelleschi et plus d’un fonctionnaire de la Digos (« police politique ») assez nerveux. Le rassemblement était déterminé à rester là, malgré quelques militants cherchant à calmer les esprits, promettant des actions légales, des rencontres avec le commissaire et des coups de téléphone aux journalistes.

En quelques instants, les forces de l’ordre se sont transformées en anti-émeutes, cherchant à bloquer d’abord un côté, puis l’autre de la rue. C’était alors clair qu’ils cherchaient à charger les personnes sans papiers dans un bus pour les expulser depuis l’aéroport, mais ça ne se fait pas facilement sous le nez d’un ami ou d’un frère !

Aux cris de « liberté, liberté » que les personnes solidaires criaient de dehors, accompagnés des réponses des Égyptiens dedans, un tour un peu plus large a été fait, pour éviter les blocs des flics, venant du cours Vinzaglio, et pour chercher de bloquer le bus de déportations des amis à l’intérieur. Nous nous sommes divisé.e.s en deux groupes pour tenter de couvrir les directions possibles.

La ville offre de bons instruments à des yeux qui les cherchent, et en moins de temps qui faut pour le dire, les bennes à ordures ont été renversées au milieu de deux rues et leur contenu a commencé à voler en direction des flics et des carabiniers, qui voulaient repousser les manifestants. Les tubes en fer d’un chantier, une partie des pavés de la rue, d’autres ordures en plus : tout sert pour affronter les flics et ralentir le trafic, qui se paralyse en quelques minutes, rendant difficile le trajet des fourgons en aide au bus de déportation. Le petit groupe de militants italiens qui précédemment espérait résoudre la situation par un bavardage avec le commissaire, s’est volatilisé de suite, alors que sur le cours Matteotti, les manifestants affrontaient une lacrymogène et l’autre groupe, sur le cours Bolzano, s’est vu forcé de s’offrir à un corps à corps contre les agents furieux.

Mais quand la nouvelle est apparue que le pullman a réussi à partir, le frémissement de rébellion s’est refroidi ; quelques-un.es sont allés à l’aéroport pour tenter de voir les expulsés, quelques autres se sont dispersés pour ne pas faire de mauvaises rencontres.

Il y a eu quelques blessures pour les manifestants, pour les forces de l’ordre on ne sait pas. La Digos a peu de raison de s’agiter… Quand, en une heure de temps, ton oncle, cousin, beau-frère, frère, t’est enlevé, et en plus à l’aide d’un piège, la chose la plus naturelle est de s’enrager et de tenter de l’empêcher. La chose la plus belle est de le faire ensemble, dans la rue.

Et réussir à le faire réellement…

Lundi 13 juin 2011.

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Tips & Tricks Spécial Greek Style : Comment aveugler une caméra

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Le Réveil, 10 juin 2011.

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Le campement pour le logement à saintMartin-d’Hères continue

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[Éducation] Compétences & résistances : un numéro commun N’Autre école / L’Émancipation

Compétence ? Résister !

L’Émancipation syndicale et pédagogique et N’Autre école publient en commun un numéro spécial consacré à la mise en place imposée par l’institution de l’évaluation par compétences. La double origine, managériale et pédagogique, de cette notion a donné lieu à un débat riche et complexe, nourri des discussions de deux stages nationaux « Évaluations et contrôle des personnels » et « Évaluation, compétences… quels enjeux ? » qui avaient rassemblé plus d’une centaine de participant-e-s. Au travers d’analyses reliées aux pratiques de luttes et de classe nous avons tenté de faire ressortir les enjeux et de déjouer les pièges du marketing institutionnel. Ces réflexions, qui s’appuient sur des exemples de pratiques de résistances syndicales et/ou pédagogiques, sont accompagnées par une petite histoire inédite de la désobéissance à l’école.

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Consulter le sommaire complet, le dossier et des articles en accès libre.

Compétences et résistances, L’Émancipation syndicale et pédagogique hors série, N’Autre école, n° 29, mai 2011, 68 pages, 4 euros.

Abonnement : 20 EUR pour 5 numéros (revue N’Autre école, CNT-FTE, 33, rue des Vignoles, 75020 Paris, chèques à l’ordre de CNT-FTE) ou directement en ligne.

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Nucléaire et servitude

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Tract distribué à la manifestation parisienne du 11 juin, trois mois, jour pour jour, après le début de la catastrophe de Fukushima.

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Arrêtons d’être fièrEs, soyons révolutionnaires !

Merveilleux pied de nez de l’Histoire : tandis que notre droite moisie expose au grand jour ses accointances avec le Front National en reprenant le discours des Le Pen père et fille contre les immigréEs arabes et les musulmanEs françaisEs (présentéEs comme les ennemiEs des gays, ce qui est faux ; ce qui est vrai, en revanche, c’est que la droite, elle, nous déteste et nous discrimine à longueur de temps : nous ne serons pas l’alibi universaliste et tolérant de leur racisme !), ces mêmes arabes, ulcéréEs par les effets dégueulasses du néolibéralisme et de la dictature sur leurs vies, montrent héroïquement en Tunisie, en Égypte, en Libye, au Yémen, en Syrie qu’on peut changer les choses. Que le peuple dans la rue, ça veut dire quelque chose. Que rien n’est fatal. Que se battre pour l’égalité, la liberté, un autre futur, ce n’est pas qu’un écho vague des luttes de libération des années 70, mais c’est d’une actualité brûlante, c’est d’un enthousiasme contagieux. Aujourd’hui, ce sont les arabes, dans toute la radicalité de leur indignation, qui incitent l’Espagne, la Grèce, et la France, à se révolter à leur tour. C’est le souffle de l’émancipation que nous voudrions retrouver dans nos rassemblements et nos manifs et pourquoi pas celle d’aujourd’hui, en écho aux luttes de libération des années 1970 : celle de Stonewall, émeute sublime, moment où les pédés, les gouines et les trans’ ont pris leur destin en main. Où ils et elles ont décidé de se libérer de l’oppression. Trois jours et trois nuits de sédition à New York en 1969 : qu’elle était belle et révolutionnaire, cette colère !

Si belle que, depuis, année après année, on descend dans la rue pour commémorer ce moment, pour se rappeler d’où on vient, que toute lutte de libération, dans le fond, ne peut naître que dans la rue. Mais, de plus en plus, ce souvenir s’enlumine dans nos mémoires et prend la poussière dans nos consciences.

Nous sommes fierEs, paraît-il. Mais fièrEs de quoi, et de qui ?

Nous nous sommes contentéEs de bien peu, finalement : un ou deux bars gay, quelques élus pédés, un sous-droit, une série lesbienne à la télé…

N’y a-t-il vraiment plus aucune raison de se battre ? Certes, nous sommes de plus en plus souvent KO, à genoux, épuiséEs ; tous les jours un peu plus sidéréEs par l’abjection de ce gouvernement, lui

— qui expulse et donc condamne à mort les étrangerEs malades,

— qui pénalise les putes sous prétexte de défense des femmes (alors que Sarkozy s’interrogeait le 8 mars sur l’utilité de la Journée des femmes, alors qu’il est de plus en plus difficile d’avorter, alors que les femmes gagnent toujours 25 % de salaire en moins à travail égal…),

— qui refuse aux toxicomanes les salles de shoot permettant la réduction des risques,

— qui ignore toujours l’urgence de la lutte contre le SIDA,

— qui fait croire qu’il lutte contre l’homophobie tout en laissant ses éluEs nous insulter,

— qui empêche avec obstination toute avancée vers l’égalité des droits (ils sont contre le mariage, contre l’adoption, contre l’aide à la procréation médicalement assistée…),

— qui reste de marbre quand nos sœurs sont menacées en Ouganda (où une loi prévoit de condamner à mort les personnes LGBTI), tabassées à Moscou (où la Gay Pride, comme tous les ans depuis 2006, s’est terminée dans la violence et la répression de la police et des fachos),

— qui bétonne les franchises médicales et dérembourse les médicaments à tour de bras,

— qui veut mettre les chômeurs au travail forcé,

— qui continue de détruire les services publics, les retraites, la Sécu…

Bref : qui appauvrit les pauvres et enrichit les riches et qui, pour mieux régner, essaie de nous monter les unEs contre les autres : salariéEs contre chômeurs/-euses, « bien-portantEs » contre malades, hommes contre femmes, homos contre hétéros, « de souche » contre « originaire de », sédentaires contre migrantEs, blancHEs contre non-blancHEs.

Aujourd’hui, cette politique raciste, sexiste, homophobe, anti-pauvres : capitaliste et patriarcale, ne nous donne en rien envie de danser au rythme de la techno.

Elle ne nous donne pas plus envie de « voter » pour les candidatEs à « l’alternance » présidentielle présentée comme la panacée à tous nos problèmes : qu’attendre des promesses d’un PS toujours plus à droite qu’on a hélas déjà si tristement vu à l’œuvre ?

Cette année, c’est un comble, elle ne nous donne même plus envie de nous mobiliser, comme ce fut le cas en 2004, « pour la parentalité », même si nous rageons évidemment de voir nos familles toujours ignorées par la loi. Cette politique monstrueuse nous fait plutôt rêver d’un rassemblement plus vaste qu’un cortège de quelques milliers de transpédégouines, plus durable qu’un après-midi ensoleillé, plus désespérément et radicalement enragé qu’un défilé convenu et festif.

À nous aussi, elle nous donne envie de hurler « Dégage ! »

À Moscou, ils prennent des torgnoles, ici on danse en farandoles… mais demain : la Carmagnole !

TransPédéGouines de Strasbourg, le 10 juin 2011.

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De la part de quelques anars madrilènes

Voici un long texte intéressant d’analyse, écrit par des anars de Madrid et traduit par des libertaires de Caen, sur le mouvement des « indignéEs » de la Puerta del Sol et sur l’intervention des anarchistes au sein de cette mobilisation.

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62 policiers blessés dans des émeutes au quartier Mohiédine à Alger

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Les services de sécurité d’Alger ont pu, grâce aux caméras de surveillance placées près de la salle Harcha, d’arrêter 34 personnes impliquées dans les émeutes et agressions à l’arme blanche sur 62 policiers, en solidarité avec un citoyen dont l’habitation faisait l’objet d’une décision de démolition au niveau du quartier Mohiédine à Belouizdad.

Selon des informations obtenues par Ennahar, c’était grâce aux caméras de surveillance que les mis en cause au nombre de 34 ont été identifiés puis arrêtés et présentés devant le juge d’instruction à la deuxième chambre du tribunal de Sidi M’hamed conformément aux dispositions prises par la police judiciaire suite à l’agression à l’arme blanche dont ont fait l’objet les agents.

Soixante deux policiers ont fait l’objet de grave agression commise par une bande de voyous et des repris de justice, qui prétendaient agir en solidarité avec un habitant de leur quartier lorsque les services de la commune de Sidi M’ hamed s’apprêtaient à démolir son habitation construite illégalement. Les jeunes ont profité de cette occasion pour organiser un sit-in dans leur quartier et ont agressé le maire et le SG qui ont déposé plainte.

Leur presse (Ennahar Online), 11 juin 2011.

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[Italie] Val Susa : No Tav – Resistenza

La mobilisation et résistance au projet de train grande vitesse (TAV) Lyon-Turin a repris de plus belle à Val Susa. En effet face la répression qui pourrait intervenir dans les prochains jours ou semaines, un très grand camp a été installé à la Maddelena a Chiomonte avec présence 24h sur 24 avec camping gratuit. Une population très motivée pour défendre la vallée et lutter contre le TAV. Tout soutien sur le terrain sera le bienvenu.

Liens ci-dessous pour contacter les Italiens et pour de plus amples infos (en italien).

TUTTI I GIORNI, 24 ORE SU 24, PRESIDIO DI RESISTENZA CONTRO L’ARRIVO DEGLI SBIRRI CHE VORREBBERO SGOMBERARE L’AREA PER FAR PARTIRE I LAVORI DELL’ALTA VELOCITA FERROVIARIA. AL PRESIDIO TROVERAI IL BAR LA CUCINA. PORTA QUALCOSA DA CUCINARE. OGNI GIORNO ALLE 18:30, ASSEMBLEE ORGANIZZATIVE, PER LA GESTIONE DEL PRESIDIO. SPETTACOLI SERALI. AREA CAMPEGGIO LIBERO : PORTA LA TENDA ED IL CAMPER.

Per arrivare alla Maddalena di Chiomonte Per chi è a piedi orari treni Per le dirette ascolta Radio Blackout in streaming Per chi resta a casa tenete i telefoni cellulari accesi e quelli fissi, liberi. LA VIOLENZA DELLO STATO POTREBBE ARRIVARE, AD OGNI ORA DEL GIORNO. No Tav a Sarà dura !!!!!

Tél. : 00393463939507

+ info :

http://www.notav.eu
http://www.notavtorino.org
http://www.notav.info/
http://radioblackout.org/streaming/

Samedi 11 juin 2011.

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[Paris] Perturbation au salon de l’immobilier tunisien

Aujourd’hui samedi 11 juin 2011, une trentaine de Harragas et de solidaires sont allés perturber le salon de l’immobilier tunisien, porte de Champerret (17e). Derrière une banderole « Ni business ni frontières », nous avons effectué un petit tour du hall en distribuant le tract ci-dessous, et en gueulant « Des papiers pour tous », « Ni frontières, ni business »… Malgré la lourde présence des gros bras au service des riches, cela ne nous a pas empêché de venir perturber ce salon, ni de sentir l’odeur de nombreuses boules puantes qui ont éclaté sous nos pas juste avant de sortir.

Depuis la veille, on pouvait aussi voir de grands tags dans le quartier : « Détruisons la propriété », « Brûlons les frontières », « Vive la révolution », « À bas le commerce », « Liberté pour tous avec ou sans papiers », tandis qu’une énorme banderole en français et en arabe était suspendue non loin, au-dessus du périphérique : « Ni business ni frontières ».

 

Toujours plus de flouz pour les friqués et de répression pour les révoltés !

Bienvenue au salon de l’immobilier tunisien. Là-bas, il y a toujours des affaires à faire en Tunisie. Cette foire commerciale ne s’adresse pas seulement aux entrepreneurs français qui voudraient faire des investissements locatifs en profitant de leurs liquidités pour se faire de la thune sur le dos des pauvres de là-bas, ou aux riches Français qui voudraient acheter une belle demeure. Il concerne aussi les riches ressortissants Tunisiens qui voudraient investir dans une résidence secondaire ou dans un bien immobilier.

À ces derniers, l’État français dit bienvenue. Il encourage même ce salon depuis 4 ans. Avec ou sans Ben Ali, business is business. Avec ce changement de façade ou sans lui, les puissants arrivent très bien à s’entendre pour faire fructifier leurs privilèges économiques. Dictature ou démocratie n’altère que très marginalement ces rapports-là : au final, c’est bien l’argent qui gouverne.

Quant aux milliers de Harragas qui ont réussi tant bien que mal à quitter la Tunisie, les États européens ont investi pour eux depuis plus de 20 ans dans d’autres types de biens immobiliers : des centres de rétention et pour l’occasion, des camps gérés militairement. Ayant lutté, les plus « chanceux » pourront obtenir un « bon » pour dormir dans un gymnase sous le contrôle des flics de la Mairie de Paris ou très provisoirement être parqués dans des foyers humanitaires décrits par leurs occupants comme des prisons. Et encore, il faut qu’ils parviennent à échapper à la chasse quotidienne que leur mène la police dans la rue et les transports. Pour ceux qui essayent d’occuper des immeubles vides pour habiter et s’auto-organiser, leurs propriétaires, qu’il s’agisse de la Mairie de Paris ou de l’Aftam qui est un des plus gros gestionnaires de foyers, ne leur réservent pas un meilleur sort : de toute façon expulsion à coups de matraques, et au choix arrestation, garde à vue, arrêté de reconduite à la frontière, enfermement en centre de rétention voire départ forcé… Au final, c’est l’État qui fait le tri entre le peu de migrants autorisés à rester et les très nombreux autres, condamnés à trimer dans des boulots de merde faute de carte de séjour et à faire sans cesse attention au risque de se voir expulser hors du territoire.

Organisé par l’entreprise Orsaf tenue par la famille Landoulsi qui a bâti sa fortune sur le marché de l’immobilier tunisien, ce salon se contrefout du sort réservé aux Harragas. Comme il voudrait bien enterrer une révolte qui continue de gronder en Tunisie malgré une répression toujours plus acharnée, puisqu’il faut bien que l’économie continue de tourner.

NI BUSINESS ! NI FONTIÈRES !
Aux côtés des Tunisiens en lutte, des papiers pour tous ou plus de papiers du tout !
Tant qu’il y aura des papiers et de l’argent, il n’y en aura jamais assez pour tous !

Squat!net, 11 juin 2011.

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Conférence d’Aubervilliers (7 décembre 1952)

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Conférence d’Aubervilliers

1 – Adoption du principe de la majorité. Dans le cas où une majorité ne saurait être acquise, reprise de la discussion sur des bases nouvelles pouvant amener la formation d’une majorité.
Principe de l’utilisation des noms par la majorité.

2 – Acquisition de la critique des arts et de certains de ses apports.
C’est dans le dépassement des arts que la démarche reste à faire.

3 – Interdiction à tout membre de l’Internationale lettriste de soutenir une morale régressive jusqu’à l’élaboration de critères précis.

4 – Circonspection extrême dans la présentation d’œuvres personnelles pouvant engager l’I.L.
– Exclusion ipso facto pour tout acte de collaboration à des activités isouïennes fût-ce pour la défense de l’I.L.
– Exclusion de quiconque publiant sous son nom une œuvre commerciale.

Pour solde de tout compte.

À Aubervilliers, le 7 XII 52

Jean-Louis Brau, Serge Berna, Guy-Ernest Debord, Gil J Wolman

 

La première conférence de l’Internationale lettriste se tint à Aubervilliers le 7 décembre 1952. Le document final de la conférence fut déchiré et introduit dans une bouteille jetée dans le canal Saint-Denis. Jean-Louis Brau la repêchait le lendemain.

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[Athènes] Des luttes communes des locaux et des étrangers pour la vie, l’égalité et la liberté

Des luttes communes des locaux et des étrangers pour la vie, l’égalité et la liberté, contre la peur, le terrorisme d’État, l’appauvrissement et le cannibalisme social

Pauvreté, misère, oppression, exploitation : quatre mots qui caractérisent le présent et le futur que les gouvernants nous réservent et nous imposent par tous les moyens. Alors qu’il devient de plus en plus difficile de survivre, on nous présente comme unique solution de s’attaquer les uns les autres, de se retourner contre des adversaires faciles, de vivre dans la peur, d’accepter les injonctions économiques et politiques pour le « bien national » et de ne surtout pas regarder la réalité en face.

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Afin de réaliser leurs plans, les dirigeants économiques, politiques et religieux collaborent avec des gens qui ont des intérêts similaires tels que les nervis fascistes, les médias de masse, les flics, les habitants et les commerçants racistes des quartiers pauvres.

Tous ces gens, sentant la peur et l’odeur du sang, sortent de leurs trous en troupeau et montrent du doigt leurs voisins les plus misérables, les immigrés, les sans-abris et les plus faibles, comme l’ennemi.

Cela s’est produit de nouveau, en réponse au meurtre d’un homme de 44 ans, Manolis Kantaris, pour voler sa caméra. Les jours suivants, une chasse sauvage commence dans la zone autour du lieu de l’assassinat et jusqu’à la place d’Omonoia : des groupes d’extrême-droite avec des couteaux, des casques et des bâtons, poignardent et tabassent indistinctement des immigrés, attaquent leurs magasins et leurs maisons et causent des dégâts. Les flics étaient présents et aidaient à toutes les attaques alors que les patriotes et les racistes, à travers la télévision ou dans les endroits où les attaques se produisaient, les applaudissaient, présentant les immigrés comme des ennemis de la « patrie », de l’économie, de la culture, servant ainsi les politiques migratoires de l’État.

En même temps, les fascistes, aidés par les flics, ont attaqué les squats de Skaramanga et de la Villa Amalias qui se trouvent à proximité du lieu de l’assassinat de M. Kantaris. Ces squats ont été plusieurs fois solidaires des luttes de migrants. Alors maintenant, une fois de plus, les gens qui se sont trouvés dans ces squats ont essayé d’empêcher les attaques et ont chassé les guignols de l’Aube Dorée (Chryssi Avyi, organisation fasciste).

Ceux qui ne se conforment pas, qui n’acceptent pas de vivre dans l’oppression et l’exploitation et choisissent de résister collectivement sans médiation de partis et de chefs, font face aux groupes de fascistes ou aux gangs de flics, comme cela s’est passé lors de la grève générale du 11 mai.

À cause de l’attaque meurtrière des forces antiémeutes (MAT), un manifestant a perdu sa rate et le camarade Yannis K. a été blessé gravement à la tête. Suite à une hémorragie interne, il est en danger de mort, il a été transféré à l’hôpital général de Nikaia et s’est fait immédiatement opérer. Il a été hospitalisé pour plusieurs jours en clinique de soins intensifs. De plus, une des personnes arrêtées, Fotis D., est mis en garde à vue après de fausses accusations par les flics qui lui ont chargé un sac avec des cocktails Molotov.

Nous savons que dans les quartiers pauvres d’Athènes, c’est difficile pour les misérables et les opprimés de vivre en paix. Les problèmes grandissent par l’action de la mafia qui constitue, avec l’aide de l’État, une des entreprises du capitalisme les plus inhumaines et les plus profitables. Les dirigeants ne veulent pas qu’on comprenne que les seuls responsables de nos problèmes sont l’État et les patrons locaux ou étrangers, non pas notre voisin, ni le plus faible d’entre nous.

Nous ne trouverons pas de solution à nos problèmes en obéissant et en servant les dirigeants. Les solutions sont trouvées lorsque nous prenons en main notre propre vie, tous ensemble, sans leaders, dans le respect mutuel, la tolérance et l’humanité. Lorsque nous exprimons et partageons nos problèmes et cherchons des solutions à travers des assemblées de quartier, des syndicats de base, des centres de résistance autogérés, des cuisines collectives, des moments d’entraide. Lorsque nous nous connaissons entre nous et que nous luttons en tant qu’égaux contre les intérêts des plus hautes classes. Lorsque, locaux et étrangers, nous construisons des luttes sociales et des luttes de classe communes, contre l’État et le capital, pour une société sans oppression ni exploitation, pour la révolution sociale et la libération.

Assemblée des anarchistes pour l’autogestion sociale

Traduit du grec par la Base de données anarchistes, 7 juin 2011.

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Débat Palestine avec Pierre Stambul Lundi 20 juin 2011 à Poitiers

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