Lucioles n°14, décembre 2013

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Lucioles

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[Bouffe pour pauvres] De la merde, évidemment… mais arôme poulet

Presque tout le poulet américain est contaminé

La quasi totalité du poulet acheté en grandes surface est contaminée par des bactéries dangereuses comme la salmonelle ou l’e-coli, affirme l’influent magazine de consommateurs américain Consumer Report dans une enquête publiée aujourd’hui.

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A package of Foster Farms raw chicken from a plant involved in the salmonella outbreak.

Cet équivalent du magazine français 60 Millions de Consommateurs explique que « l’analyse de 300 blancs de poulet crus achetées dans des magasins à travers les États-Unis a mis en évidence des bactéries potentiellement dangereuses dans presque tous les poulets, y compris les marques biologiques ».

« Plus de la moitié des échantillons », achetés en juillet, « contenaient des matières fécales contaminantes » et « environ la moitié contenaient au moins une bactérie résistante à trois ou quatre antibiotiques parmi les plus couramment prescrits », détaille l’article.

Le magazine souligne qu’aucune chaîne de distribution ni aucune marque sur des dizaines testées (Wal-Mart, Tyson, America’s Choice, Whole Foods, Traders’ Joe… etc.) n’est épargnée.

Il met particulièrement à l’index la marque Foster Farms dont trois usines du sud-ouest américain sont à l’origine d’une épidémie de salmonelle particulièrement virulente intervenue cet été aux États-Unis, et qui n’a pas lancé de rappel.

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« Qu’est-ce qui ne va pas avec la viande préférée des Américains ? » interroge le magazine, qui rappelle que les Américains consomment 40 kilos de poulet par tête en moyenne chaque année.

Publié par le savoir-faire français (LeFigaro.fr avec l’Agence Faut Payer, 19 décembre 2013)

 

Ces poulets brésiliens affolent la Bretagne

C’est « un sujet parmi d’autres », relativise un diplomate français à Brasilia. Il n’empêche, la place prépondérante qu’occupe le poulet brésilien sur le marché mondial, en concurrence directe avec les industries avicoles bretonnes en difficulté, fera très probablement l’objet de sérieuses discussions entre la délégation du ministre délégué à l’agroalimentaire, Guillaume Garot, et ses homologues brésiliens lors de la visite du président François Hollande, jeudi 12 et vendredi 13 décembre, à Sao Paulo et à Brasilia.

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Site du volailler brésilien Ceu Azul Alimentos, à Itatinga, dans l’État de Sao Paulo.

À l’arrêt en juillet des restitutions – ces aides de Bruxelles à l’export qui permettaient aux poulets européens d’entrée de gamme de concurrencer les volailles brésiliennes – s’est ajouté l’effondrement du real, la devise brésilienne, qui rend le poulet brésilien plus compétitif. Au point de placer le pays au troisième rang des producteurs de volailles au monde et à la première place des pays exportateurs. Une ascension éclair : depuis 2004, la production brésilienne de poulets a bondi de plus de 125 % pour représenter 48,3 milliards de reais (15,2 milliards d’euros) en 2013, soit l’équivalent en revenus de la production bovine du pays.

Paradoxe de l’histoire, c’est notamment avec l’implantation du groupe français Doux au Brésil, à la fin des années 1990, marquée par une stabilisation de l’inflation, que la filière a véritablement décollé, en diminuant ses coûts et en modernisant sa production. Le même Doux qui vient de sortir du redressement judiciaire.

L’implantation outre-Atlantique du premier producteur européen de volailles s’est faite par le rachat en 1998 du brésilien Frangosul, l’un des principaux acteurs de la filière avicole locale. Les journaux spécialisés d’alors parlaient d’un âge d’or de la volaille française. L’entreprise bretonne débarque avec son modèle rodé d’élevage hors-sol, qui ne nécessite pas la culture des céréales destinées à l’alimentation des animaux. Et au Brésil, gros producteur de maïs et de soja (à 72 % transgéniques), les coûts sont bien plus faibles qu’en Europe. À cette même époque, le Brésil s’ouvre aux OGM et à la concurrence. D’anciennes fermes traditionnelles et familiales sont rachetées. Les regroupements se multiplient. On s’implante dans des nouvelles régions moins traditionnelles et où les coûts de production sont moindres.

LA CONSOMMATION BRÉSILIENNE S’ENVOLE

La distribution tend à s’améliorer. Les autorités imposent des contrôles sanitaires tout au long de la chaîne. Le pays restera à l’écart des problèmes de la grippe aviaire qui affecteront les autres contrées productrices. La consommation brésilienne s’envole, de 29,91 kg de poulet par personne en 2000 à 47,38 kg en 2011. La demande extérieure suit une courbe identique.

Un acteur clé est au cœur de cette dynamique. Créé par José Batista Sobrinho en 1953, à Anapolis, dans l’État de Goias, JBS-Friboi se hisse à la tête de l’industrie agroalimentaire brésilienne en moins de quinze ans. Il globalise la production, entraîne l’ensemble des filières du secteur. Et multiplie les acquisitions, en dehors et à l’intérieur du pays. Avec le soutien dès le début des années 2000 des fonds de la Banque nationale du développement (BNDES), puissant bras financier des autorités de Brasilia.

Dirigé depuis 2007 par le jeune Joesley Mendonça Batista, 39 ans et petit-fils du fondateur, le groupe a racheté pour 1,5 milliard de dollars (1,09 milliard d’euros) Swift & Company, numéro trois de la viande aux États-Unis et leader en Australie. Il est entré au capital d’une filiale de l’italien Cremonini, a payé cash SBG au numéro 4 américain Smithfield et lancé une OPA sur National Beef Packing, premier exportateur américain au Japon. En 2009, le jour où le groupe annonce s’être offert une partie de Grupo Bertin, l’autre géant brésilien, JBS acquiert 64 % de Pilgrim’s Pride, le roi du poulet américain.

Le géant devient l’emblème d’une filière agroalimentaire conquérante des années Lula. De 2002 à 2011, le chiffre d’affaires de la multinationale passe de 1,2 à 33,1 milliards de dollars. JBS s’affirme comme la plus grande entreprise de production et de transformation de viande au monde.

PRÉSENTE DANS 142 PAYS

Le groupe Doux n’arrive pas à suivre. Son développement accéléré s’est fait à coups de crédits. En 2012, ses dettes sont estimées à 430 millions d’euros, dont près de la moitié sont liées à l’aventure brésilienne. La douzaine de sites Frangosul sont cédés en location-gérance à… JBS. La même année, Doux, qui a dû se séparer de plusieurs sites en France, se trouve placé en redressement judiciaire. De son côté, le président de JBS déclare, le 16 mai, que les gains additionnels du groupe résultant du rachat des unités de Frangosul pourraient s’élever à 1,5 milliard de dollars. Le contraste est saisissant.

Aujourd’hui, la volaille brésilienne est présente dans 142 pays. On estime le coût du poulet d’entrée de gamme à 35 centimes d’euro de moins au kilo que son concurrent breton. Son abattage se fait en moyenne après 41-42 jours de vie. Avec près de 9000 fonctionnaires du service d’inspection fédéral contrôlant la chaîne du froid à travers tout le pays.

Prix, packaging, élevage intensif et puissance de frappe : la force du marché brésilien consiste également à offrir toutes les gammes de production. Pour preuve, l’implantation de Cobb-Vantress. L’entreprise appartient au géant américain de la viande Tyson Foods et est spécialisée en génétique de volaille. Elle investit au Brésil 70 millions de reais par an, possède 6 chambres d’incubation et 2 laboratoires. Avec pour objectif d’augmenter la rentabilité et de passer de 1,7 à 1,4 kg de maïs pour produire 1 kg de poulet dans les dix prochaines années. De quoi pérenniser les ambitions du pays. En 2020, le Brésil projette de fournir près de la moitié du marché mondial de la volaille.

Publié par le savoir-faire français (Nicolas Bourcier, correspondant à Rio de Janeiro, LeMonde.fr, 12 décembre 2013)

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[Les poulets sont des chiens] Weld El 15 élargi

Tunisie : libération du rappeur Weld El 15

Grombalia (Tunisie) – Un rappeur tunisien, condamné en première instance à de la prison ferme, a été relaxé jeudi en appel d’accusations d’outrage à la police et libéré, mettant fin à une saga judiciaire dénoncée comme une atteinte à la liberté d’expression.

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Le rappeur Weld El 15 le jour de sa condamnation en première instance le 5 décembre. Il a été relaxé le 19.

« Le tribunal de Grombalia (50 km au sud de Tunis) a décidé de relaxer Weld El 15 », de son vrai nom Ala Yacoubi, a indiqué son avocat, Me Ghazi Mrabet, dont le client avait été condamné à quatre mois de prison ferme en première instance début décembre.

Quelques heures après la décision du tribunal, le rappeur a été libéré, a-t-on appris auprès de sa famille. « Ala a été libéré et s’est dirigé directement à Sousse (140 km au sud de Tunis) pour se reposer », a dit sa mère à l’AFP.

« Ce jugement prouve qu’une partie de la justice est indépendante, je salue ce genre de verdicts », s’est réjoui l’avocat.

Weld El 15 était détenu depuis sa condamnation le 5 décembre à la prison de La Mornaguia, en banlieue de Tunis.

Les débuts de cette affaire remontent au mois d’août lorsque Weld El 15 et un autre rappeur, Klay BBJ, avaient été interpellés sans ménagement à l’issue d’un concert dans la station balnéaire de Hammamet, au sud de Tunis.

Les deux artistes avaient été condamnés quelques jours plus tard par contumace à 21 mois de prison ferme alors qu’ils n’avaient été prévenus ni du procès ni même de leur inculpation pour outrage à des fonctionnaires et atteinte aux bonnes mœurs.

Klay BBJ s’était rendu quelques semaines plus tard. Condamné à six mois de prison lors d’un deuxième procès, il a finalement été relaxé mi-octobre en appel.

Après plusieurs mois de cavale, Weld El 15 s’était finalement rendu le 5 décembre, et avait été condamné le même jour à quatre mois de prison.

Les deux musiciens ont toujours nié avoir chanté des chansons insultant la police et avoir adressé des gestes obscènes aux agents présents lors de ce concert. Weld El 15 a une nouvelle fois clamé son innocence devant le juge jeudi.

Il a aussi de nouveau accusé les forces de l’ordre de l’avoir brutalisé lors de son interpellation.

Neuf mois de poursuites

Les déboires judiciaires du chanteur avaient commencé en mars, avant le concert d’Hammamet, lorsqu’il avait été condamné une première fois à deux ans de prison notamment pour outrage à la police dans une chanson diffusée en ligne intitulée « les policiers sont des chiens ».

Après de multiples péripéties judiciaires et quelques semaines en prison, il avait finalement vu sa peine réduite à six mois avec sursis en juillet dernier.

La relaxe prononcée jeudi met fin à l’ensemble de cet imbroglio judiciaire, qui avait été vivement dénoncé par les organisations de défense des droits de l’Homme en Tunisie, mais aussi en Occident.

« C’est une bonne nouvelle, à travers ce verdict nous apprenons avec joie que la lutte menée depuis neuf mois a amené la magistrature tunisienne à réaliser l’enjeu que représente ce genre de procès », a souligné Thameur Mekki, qui préside le comité de soutien aux rappeurs poursuivis en justice.

Depuis la révolution de janvier 2011 qui a chassé le régime de Zine El Abidine Ben Ali, la liberté d’expression a gagné un terrain considérable en Tunisie.

Néanmoins, aucune réforme d’ampleur du système judiciaire ou des forces de l’ordre n’a été entreprise et le code pénal, très répressif, n’a pas non plus été amendé.

Dès lors, plusieurs artistes, blogueurs et journalistes ont été poursuivis et certains emprisonnés pour des délits relevant, selon les ONG, de la liberté artistique ou d’expression.

Un jeune chômeur de Mahdia, Jabeur Mejri purge ainsi depuis près de deux ans une peine de sept ans et demi de prison pour avoir diffusé sur internet des textes et dessins insultant l’islam.

Publié par le savoir-faire français (Agence Faut Payer, 19 décembre 2013)

 

Weld EL 15 est enfin libréré (sic)

Le rappeur tunisien Alaeddine Yacoubi alias Weld El 15 a été relaxé aujourd’hui, jeudi, après un procès en appel qui s’est tenu au tribunal de première instance de Grombalia, gouvernorat de Nabeul.

Le 5 décembre dernier, le tribunal cantonal de Hammamet avait condamné Weld El 15 à quatre mois de prison ferme, une peine remplaçant une autre de 21 mois prononcée par contumace le 29 août dernier, suite à un concert donné au festival international de Hammamet le 22 août 2013.

« Une partie de la justice démontre son indépendance et rend un jugement courageux dans les conditions actuelles par lesquelles passe la Tunisie et je salue son courage » déclare maitre Mrabet, avocat du rappeur, à l’agence TAP.

Accusé d’outrage à fonctionnaires, d’atteinte aux bonnes mœurs et de diffamation, Weld el 15 avait été arrêté le 22 août dernier à l’issue d’un concert donné avec Klay BBJ dans le cadre du festival international de Hammamet. Motif de cette arrestation, quelques chansons jugées insultantes à l’égard des policiers durant le spectacle. Ce rappeur est connu pour ses chansons virulentes à l’encontre du gouvernement et du système sécuritaire en Tunisie.

Presse contre-révolutionnaire (TAP via Tekiano, 19 décembre 2013)

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Les esclaves de Katmandou

Les esclaves de Katmandou

Poussés par la misère, 400’000 ouvriers népalais partent chaque année de Katmandou pour les pays du Golfe ou la Malaisie. Un voyage vers l’enfer. Témoignage.

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Des candidats au départ dans les locaux d’une agence de recutement.

2,5 millions d’ouvriers népalais travaillent dans les pays du Golfe et en Malaisie, sous contrat temporaire. Et ils sont 400’000 à partir chaque année. Ils reviennent généralement au pays au bout de deux ou trois ans, leurs économies en poche. Mais l’expérience peut tourner à l’enfer. Pour des centaines d’entre eux, l’emploi tant espéré est un rendez-vous avec la mort, et ils feront le voyage retour en soute…, dans un cercueil. À l’aéroport international de Katmandou, au moins deux « colis » funèbres sont réceptionnés chaque jour. Main-d’œuvre bradée sur un marché globalisé, les migrants népalais sont comparés aux esclaves des temps modernes. Un trafic humain et une exploitation sauvage, orchestrés par les agences de recrutement de Katmandou. À l’aube, un homme attend à l’aéroport de Katmandou. Ganesh Bahadur Karki, 38 ans, est venu réceptionner le cercueil de son neveu qui est arrivé dans la nuit d’un vol en provenance de la Malaisie. Voici son témoignage.

« Je viens du village de Bigyakharka, dans le district de Kotang, à l’est du Népal. Cette région montagneuse est très pauvre. Nous sommes issus de familles de paysans. Il y a si peu d’opportunités professionnelles que beaucoup d’hommes partent travailler dans les pays du Golfe et en Malaisie. Chaque village compte des dizaines de jeunes à l’étranger.

Au Népal, si on se débrouille vraiment bien, on peut se faire 50 ou 100 dollars par mois en travaillant à Katmandou. Mais dans le Golfe et en Malaisie, on gagne dans les 200 dollars. Quand on a une femme et des enfants, comme moi, il faut de l’argent. Avec l’argent gagné à l’étranger, on peut ensuite ouvrir une échoppe ou un petit atelier. On n’a pas le choix, on veut tous partir. On fait cela pour l’argent.

Moi, j’ai passé six ans en Arabie saoudite. J’étais plombier dans une usine. Là-bas, c’était dur. C’était tellement dur qu’il y avait beaucoup d’ouvriers qui se suicidaient. Mais on ne le dit jamais. Et puis il y a le stress. Sur les certificats de décès qui sont établis en Arabie saoudite, il est souvent écrit « crise cardiaque ». En réalité, ce sont des décès dus à l’excès de tension et de stress : les Népalais ont des dettes qui les attendent à la maison, car ils payent près de 1000 dollars aux agences de recrutement pour obtenir l’emploi. Cela les inquiète beaucoup, et si jamais, en plus, ils se font arnaquer sur leurs salaires par les compagnies ou qu’ils ont des problèmes avec les employeurs, alors ils paniquent.

Dans mon usine en Arabie saoudite, en six ans, il y a eu beaucoup de morts. Et je ne parle pas des blessés. Un jour, il y a eu six morts, en une seule fois, dans un accident. J’ai vu les corps. C’est moi qui me suis occupé d’aider au rapatriement des cercueils vers les familles au Népal, car je les connaissais tous. J’ai perdu mon meilleur ami.

Difficile de vous dire ce qui était le plus dur pour moi, en Arabie saoudite… Tout ! Le travail, le logement, les conditions… On ne se mélange pas, il ne faut pas parler aux gens de là-bas pour ne pas avoir de problèmes. Les journées passent, elles sont toutes pareilles et pourtant chaque matin est une nouvelle épreuve. Mais le plus dur, c’était le soleil, la chaleur. On travaillait sans protection, c’était épuisant. C’est ce dont j’ai le plus souffert.

Ce sont les agences de recrutement de Katmandou qui se fichent de nous. Elles trichent, elles mentent. Ce sont des chiens ! Les agences promettent une chose et, à l’arrivée, on en découvre une autre. Sur place, on n’a rien de ce qui avait été convenu. Pour les salaires, les agences gardent pour elles les contrats officiels, et elles nous font signer un deuxième contrat, un faux, avec un salaire inférieur à ce que les compagnies donnent. Une fois qu’on est sur place, on ne peut pas contester ni réclamer. Et puis les compagnies prennent nos passeports et, si on veut repartir au Népal, il est très difficile d’obtenir un visa de sortie de l’Arabie saoudite. Notre ambassade, à Riyad, ne nous aide pas. Les lois existent pour nous protéger, mais personne ne les respecte.

Toutes ces choses, on les connaît bien. On en parle entre nous. Dans mon village, plusieurs hommes sont déjà morts. Aujourd’hui, c’est le cadavre de mon neveu que je viens chercher à l’aéroport. Lui est mort en Malaisie. Son frère aîné est en ce moment en Arabie saoudite. On n’a pas le choix, on doit partir pour l’argent. On tente notre chance. »

Presse esclavagiste (Vanessa Dougnac, envoyée spéciale à Katmandou, LePoint.fr, 15 décembre 2013)

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[Nos médias] Paris-Luttes.info : site coopératif d’infos et de luttes Paris – banlieue

À propos du site : texte d’intention

Paris-luttes.info, un site d’infos anticapitaliste, anti-autoritaire et révolutionnaire

Ce site internet est aussi bien un relais qu’une caisse de résonance des luttes, résistances et conflictualités en cours, dans Paris et ses banlieues. Il s’inscrit dans une perspective anticapitaliste, anti-autoritaire et révolutionnaire et cherche à diffuser infos, récits, réflexions, témoignages et appels à agir.

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Un site coopératif

Ce site est un outil collaboratif pour rendre visible et susciter liaisons et discussions entre collectifs, individus, groupes, etc. Dans son fonctionnement, ce site privilégie l’entraide pour la rédaction (écriture, relecture, illustration, vérification des infos…), le partage de la modération par une équipe tournante ouverte à participation et à la mise en discussion des publications. Il a été initié suite à des discussions inspirées par l’expérience de rebellyon.info autour de l’envie commune de faire vivre un site local et indépendant. Pour exister, il a maintenant besoin d’autant de personnes pour le lire que pour y écrire.

Pour tous et toutes les exploité-e-s

Celles et ceux qui d’une manière ou d’une autre sont exploité-e-s par le capitalisme. Celles et ceux qui, dans leurs boîtes, dans leur quotidien, dans leurs quartiers, se battent contre l’ordre des choses dans des perspectives d’émancipation. Celles et ceux qui veulent faire de ce site non pas un espace déconnecté de l’action mais un média partant de la rue pour y revenir.

Une modération partagée

La modération permet de refuser toute publication rejouant les formes de pouvoirs et de dominations existantes (sexismes, racismes, colonialismes, autoritarismes, âgismes, et autres vilenies). Toute publication à visée électoraliste ou en faveur de la répression et ses polices ne seront pas acceptées non plus. La modération se veut aussi tournante. Parce que ceux et celles qui participent au site ne constituent pas un groupe politique spécifique ou l’expression d’une tendance particulière, mais agissent ensemble dans l’idée que de tels espaces de publication sont nécessaires et qu’ils peuvent être utiles à toutes les communautés, individus, groupes et collectifs en lutte et plus largement aux luttes elles-mêmes. Mais avant tout la modération permet, pour les articles n’ayant pas été écrits collectivement, des relectures à plusieurs et la vérification des infos. Et pour tous les textes, elle assure l’entraide pour la mise en forme des articles.

Venez publier, lire et modérer !

Ce site ne tient pas sans complices, camarades et allié-e-s. Il n’appartient pas aux gens qui l’animent et reste ouvert à tout ceux et celles qui souhaitent y participer. Nous insistons. Ce site, pour exister, a besoin d’autant de lecteurs et lectrices que d’auteur-e-s, de coups de mains (à la modération comme à l’écriture), de relais, de soutien, de discussions et de rencontres.

Contacter Paris-Luttes.info

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Bas les pattes sur Résistons Ensemble !

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Une nouvelle attaque policière contre la liberté d’opinion et de presse à Gennevilliers après l’arrestation du 17 avril dernier

Ce lundi 16 décembre après-midi, Natacha, membre du syndicat Sud Éducation 92 et Ivan et Janos, membres du réseau Résistons ensemble contre les violences policières et sécuritaires, diffusaient le petit bulletin mensuel du Réseau qui existe depuis 2002, et est à son 125e numéro, intitulé “Crimes policiers, crimes racistes, 30 ans après rien n’a changé”. Ils le distribuaient devant la Cité du Luth à Gennevilliers (92) à la sortie du métro Les Courtilles sur le trottoir, sur le domaine public. Ils ont été arrêtés par 4 policiers de la BAC, puis ont été amenés sous la contrainte au commissariat de Gennevilliers et placés en cellule avec l’interdiction de téléphoner. Les empreintes et photos de Natacha ont été relevées alors que celles de Ivan et Janos l’avaient déjà été lors de leur arrestation dans la cité du Luth pour le même motif, le 17 avril (à ce jour toujours sans suites).

Pendant leur audition respective on leur a signifié l’accusation d’avoir diffusé le bulletin dont le contenu serait considéré par la police comme diffamatoire. On leur a également signifié qu’ils pourraient être convoqués pour la poursuite de cette affaire. Certains policiers n’ont pas hésité à affirmer que leur action était en représailles des critiques formulées dans le bulletin. À leur sortie, en dépit de leurs protestations énergiques, les policiers ont refusé de restituer le matériel saisi ainsi que de leur délivrer un reçu.

Une fois de plus la police foule aux pieds la liberté d’opinion, et affiche une volonté d’intimidation.

De notre point de vue, même sans partager l’orientation du bulletin, il s’agit de réagir à ces atteintes à nos libertés.

Contact : Sud Éducation 92 ; Résistons Ensemble

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Dans ce système, les milices fascistes ne font qu’exécuter ce que les autorités entreprennent

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 Le jour national de l’indépendance, le 11 novembre 2013, nos maisons furent violemment attaquées par des milices fascistes. Celles-ci étaient très bien préparées : marteaux, pinces coupantes, et barres de fer à la main, elles ont coupé le cadenas de notre portail, ont enfoncé les portes, brisé les fenêtres, brûlé deux voitures et blessé nos ami-e-s. Ce n’était pas une attaque organisée spontanément. Au contraire, c’était une attaque perpétrée avec l’accord de la police : bien que celle-ci entourait tout le périmètre, elle est restée là pendant 30 minutes et n’est intervenue qu’une fois que les fascistes n’avaient plus rien à jeter sur nous. Il est évident que l’attaque n’a été rendue possible que par la présence des organisateurs de la manifestation qui défilaient dans la rue à ce moment-là : l’ONR (Obóz narodowo radykalny – Camp nationaliste radical) et le MW (Młodzież wszechpolska – Jeunesse de tous les Polonais), qui ont créé ensemble le RN (Ruch narodowy – Mouvement national). Le service d’ordre de la manifestation, ou « Garde de l’Indépendance », a relâché la milice skinhead sur nous pour ensuite la cacher parmi les manifestants une fois qu’ils en eurent fini. Tou-te-s celles et ceux qui chantaient des slogans ou marchaient aux côtés de l’ONR et du MW sont responsables pour leur violence.

Malgré la violence de l’assaut, nous nous sommes défendus et avons protégé notre maison pendant une demi-heure. Nous n’avons pas donné aux attaquants la satisfaction qu’ils espéraient. Nous avons résisté entièrement par nos propres moyens, et nous savions qu’il ne fallait pas compter sur les autorités pour un quelconque soutien. On vit ici et on restera ici !

« Soyez prêt-e-s » — on a souvent entendu ça de nos compagnon-ne-s immigré-e-s, qui vivent avec nous. Ils et elles avaient déjà vécu la violence nationaliste quand leurs maisons ont été incendiées l’année dernière dans la ville de Białystok. Ces attaques avaient également eu lieu
alors que la police, la justice et les autorités locales observaient sans rien faire.

« Soyez prêt-e-s » — nous disaient aussi souvent les locataires qui tiennent un comité de défense du droit au logement tous les mardi à Syrena. Elles et eux font partie de « l’Association des Locataires de Varsovie », qui a été co-fondée par Jolanta Brzeska, locataire qui fut traquée, agressée, pour finalement être brûlée vive par la milice des promoteurs immobiliers. Elle aussi, tout comme nous, vivait à quelques centaines de mètres de la station de police.

« Soyez prêt-e-s » — nous rappelaient toujours les ouvrier-e-s et membres de l’IP (Inicjatywa pracownicza – Initiative ouvrière), syndicat de lutte : Hélas, la violence contre les ouvrier-e-s se passe avec le consentement total des autorités !

Nous étions prêt-e-s, parce que nous savions que les fascistes ont pour but de nous voir disparaître. Mais nous étions aussi prêt-e-s car nous les exploité-e-s, les déporté-e-s, les expulsé-e-s ou, comme ils disent, les pédés, les gouines, les clandestin-e-s, ça fait déjà bien longtemps qu’on se défend par nous-mêmes. Pourquoi ça ?

Car les fascistes attaquent les sans-abris, mais ce sont les autorités qui expulsent les gens et les mettent à la rue ou les envoient dans des containers en plastique. Les fascistes chassent les familles immigrées, mais ce sont les autorités qui les marginalisent, les déclarent illégales, construisent des centres de rétention et organisent des déportations en masse. Les fascistes assassinent les « nègres », brûlent des mosquées et saccagent des cimetières juifs, mais ce sont bien les autorités qui financent les bombardements en Irak et en Afghanistan. Dans ce système, les milices fascistes ne font qu’exécuter ce que les autorités entreprennent. Les agressions physiques contre les immigré-e-s, les locataires, les ouvrier-e-s et les squatteur-euse-s sont une partie intégrante du système qui n’a simplement pas encore été inscrite dans la loi.

Nos luttes quotidiennes ont pour but de changer ce système oppressif : nous empêchons les expulsions, nous nous joignons aux grèves ouvrières, soutenons les grèves de la faim des sans-papiers, nous opposons à la guerre, nous battons contre la privatisation et les grands projets de forage. Nous brisons les barrières et à la place, réquisitionnons des maisons et construisons des communautés ouvertes.

Lorsque les médias présentent ces attaques comme des « combats entre les extrêmes », ils jouent le jeu de l’oppresseur. Et surtout, ils mettent un écran de brouillard sur les vrais extrêmes : la différence entre les 99% d’entre nous qui essayent de joindre les deux bouts pour survivre dans ce pays et les autorités qui nous exploitent sans relâche.

Nous ne ferons pas appel aux autorités, pour quoi que ce soit ; ni pour des moyens supplémentaires ou des cours de droits de l’homme pour la police, ni pour plus de caméras dans les rues, ni pour légaliser une chose ou en délégaliser une autre. Que les autorités délégalisent la manifestation nationaliste, ce serait laisser la logique de l’oppresseur prendre le dessus. Plutôt que de délégaliser les visages couverts dans la rue, les autorités devraient plutôt retirer leurs propres masques : laissons-les répondre démasqués, pourquoi créent-elles la pauvreté plutôt que de s’attaquer à ses causes ?

Nous adressons cet appel à tout-e-s : Soyez prêt-e-s, car nos maisons ne sont ni les premières, ni les dernières. Ils viendront pour vous aussi ! L’histoire nous interdit de rester passif-ve-s, ne laissez pas la peur vous dominer, n’attendez pas jusqu’à ce qu’il soit trop tard, SORTEZ DANS LA RUE, LAISSEZ VOTRE COLÈRE SE FAIRE ENTENDRE !

Kolektyw Syrena
Kolektyw Przychodnia

Varsovie, Pologne
Le 13 novembre 2013

 

VOIR LES VIDÉOS :

http://tvnwarszawa.tvn24.pl/informacje,news,bojki-na-obrzezach-marszu-niepodleglosci,105268.html

http://www.youtube.com/watch?v=0AD4UImkIpY

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[Tout est à nous !] « Récemment, l’idée a été soumise de collectiviser une partie des RSA, principale source de revenus sur la ZAD, pour pouvoir distribuer de l’argent à ceux qui ne le touchent pas car trop jeunes ou étrangers »

Notre Dame des Landes, une école de la liberté

La ZAD de Notre-Dame des Landes n’est pas qu’un lieu de lutte contre le projet d’aéroport. Maraîchage, BTP, construction d’éoliennes et expérimentation de l’autogestion… les élèves de cette école à ciel ouvert apprennent à vivre libre.
– Reportage, Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique)

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Un mardi après-midi pluvieux de novembre, à vingt kilomètres au nord de Nantes. Cinq personnes se réchauffent les mains et le corps autour d’un brasero et d’un cubi de vin rouge. Cela fait plus de vingt-quatre heures que ces opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes attendent une hypothétique intervention policière, armés de fusées de détresse, de matraques et de raquettes de tennis. Postés entre une barrière de pneus et une rangée de tracteurs entravant la route, ils se tiennent prêts à faire obstacle aux gendarmes mobiles et à protéger l’entrée d’une maison récemment squattée.

Voilà généralement ce que les journalistes retiennent de la ZAD, la « Zone d’aménagement différé », une étendue bocagère de près de deux mille hectares censée accueillir le nouvel aéroport du Grand ouest et que les opposants ont rebaptisée « Zone à défendre ».

Habitants historiques de la zone, paysans, militants venus de toute l’Europe, ils sont entre cent et trois cents personnes à occuper le terrain afin d’empêcher le début des travaux. Mais cette « zone libérée », comme la qualifient souvent les Zadistes (surnom des occupants), n’est pas qu’un territoire en lutte. C’est aussi un vaste terrain d‘expérimentation, une école à ciel ouvert. « Du maraîchage à l’informatique, ici tu apprends de tout, tu évolues à une vitesse folle », assure Tony [tous les prénoms ont été changés], un des barricadiers rencontré près du brasero.

Et il n’y a pas d’âge pour intégrer cette école. Maquis, ancien ingénieur qui vient de souffler ses soixante-cinq bougies, ne savait pas planter une pomme de terre avant d’arriver sur la ZAD il y a deux ans. Aujourd’hui, il affirme en avoir extrait six tonnes du champ qu’il cultive avec quatre jeunes femmes au centre de la zone, et il pense atteindre l’autonomie alimentaire l’an prochain.

Université à ciel ouvert

Quand on quitte sa cabane et que l’on se balade de tente en yourte et de cabane en bergerie, on se rend compte de l’incroyable concentration de talents regroupés sur cette zone. Chaque lieu de vie est une salle de classe où chacun met ses compétences à disposition de ses amis, de ses voisins, voire de la communauté tout entière.

Le programme des cours, que l’on découvre au fur et à mesure des rencontres, donne le vertige : utilisation des plantes à des fins médicinales, plomberie ou électricité, maraîchage bio, phytoépuration, traction animale, conception de fromages, cours de musique et de langues, science politique, construction d’éoliennes, gestion de réseau informatique… « Les activités ne manquent pas, mais on ne voit pas ça comme un travail, vu qu’on a la liberté d’arrêter à tout moment », explique Camille.

Avec une quinzaine de personnes, il est en train de finaliser une cabane de quatre-vingt dix mètres carrés à proximité d’un potager. Sur pilotis, avec isolation paille, enduits naturels, toit en ardoise et en tôle… cette habitation en bois construite en quelques mois a fière allure. Pourtant, presque aucun des ouvriers qui ont participé au chantier ne travaille dans le bâtiment. « Nous sommes tous menuisiers et tous architectes », lance l’un de ces candidats à l’autonomie avant de fixer au sol une partie du plancher.

Comme souvent dans cette école particulière, l’intelligence collective a fait son travail. Les visiteurs et les voisins bricoleurs y sont allés de leurs conseils pour éviter que le bâtiment ne s’enfonce dans le sol humide ou que la charpente ne s’effondre sous le poids des ardoises.

Et le tout avec peu de moyens. « Sur un chantier classique, tu achètes ton matériel en fonction de tes plans. Ici tu fais les plans en fonction des matériaux que tu as », explique l’un des bâtisseurs. Car le chantier n’a pratiquement rien coûté, la maison étant principalement fabriquée à partir de matériaux de récupération.

À l’école de la ZAD, chacun est tour à tour professeur et apprenant. Fred, boulanger de profession, est un bon exemple de cette porosité entre les rôles. Il a formé une dizaine de personnes à son métier en trois ans tout en se mettant à l’apiculture, à la fabrication de bières et de cidre artisanal et à la construction de maisons en paille. Mais il ne voit là rien d’extraordinaire : « Sur la ZAD, si tu cherches à faire quelque chose, tu trouveras forcement quelqu’un qui s’y connait et qui pourra te prêter le matos. Tu te rends compte qu’il y a plein de choses possibles ».

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Se réapproprier les savoirs

Sans compter que sur ces terres boueuses et inhospitalières, « tu ne peux pas payer quelqu’un pour faire ta cabane à ta place. Tu es obligé d’apprendre. On te montre, puis tu fais tout seul », lâche Jean-Michel, ancien cadre commercial qui a troqué son costume pour une veste en cuir usé et son salaire confortable contre un pin’s « anarchie ».

C’est la volonté de mettre en cohérence sa vie et ses principes qui l’a amené à fréquenter cette université champêtre de la transition. Même chose pour Jérémy qui s’est lancé avec quatre autres débutants dans la production et la vente de fromages et produits laitiers à prix libre. Formé auprès d’un agriculteur du coin, qui leur prête les vaches, il souhaite avant tout « se réapproprier les savoirs et les savoir-faire » car pour lui « c’est d’abord ça l’émancipation ».

Mais l’école de la ZAD ne propose pas que des activités dites manuelles. Les élèves apprennent peu à peu à se débarrasser de leurs réflexes individualistes. « Ici on n’a rien, donc tu comprends vite que tu dépends des autres. L’autonomie passe par le collectif », analyse un ancien militaire présent sur place depuis trois ans. Et si tous n’ont pas l’impression d’appartenir à une même grande famille, ils ont au moins en commun le rejet de « l’aéroport et de son monde », comme l’indiquent les affiches et les tracts.

Massage contre fromages

Pour Joseph, ancien ouvrier agricole, sur la zone depuis deux ans, cela suffit à « créer un sentiment d’appartenance. On n’est pas que des voisins. On aide les gens pas forcement par amitié, mais parce qu’on partage quelque chose ». Tout au long de la semaine, des producteurs vendent leur production à prix libre. Pas de caissier au stand, le tout est basé sur la confiance. « L’idée n’est pas de faire des bénéfices, nous sommes dans une logique d’entraide », explique un des néo-maraîchers qui vend ses légumes lors du « non-marché » hebdomadaire.

Et l’euro n’est pas la seule monnaie en circulation sur la zone. « Tu peux mettre de l’argent dans la caisse, mais aussi du tabac ou des services. L’autre jour, quelqu’un a proposé un massage en échange de fromages, c’est génial, s’enthousiasme Richard, ancien agriculteur installé à la ferme de Bellevue, un haut lieu de coopération entre agriculteurs du coin et squatteurs. Ça permet de créer de l’échange et de se rendre compte que chacun a des compétences ».

Ce système permet cependant de réaliser que la ZAD n’est pas un paradis peuplé de femmes et d’hommes vertueux par nature. Il arrive que la caisse des fromagers ou des maraîchers soit dérobée ou que de l’argent soit pris à l’intérieur.

« On nous a inculqué un schéma de pensée attaché à une autorité supérieure depuis l’enfance, que ce soit à l’école, en famille, dans le sport ou dans le travail. Du coup on ne sait pas vivre en groupe et se gérer nous-mêmes », justifie Florian, membre de la commission Communication interne.

Dans ce bocage, les zadistes apprennent aussi à se « libérer de la maladie humaine de la propriété, selon Seamysong qui vit depuis cinq ans sans argent. Ici, tu es presque obligé de changer tes méthodes avec des gens qui sont dans le partage et dans le collectivisme. J’ai vu des personnes abandonner du matériel quand ils n’en avaient plus besoin. J’en ai vu d’autres partir car ils n’acceptaient pas de le faire ». Pour remplacer la notion de propriété lucrative qui guide aujourd’hui nos rapports, il propose de généraliser la propriété d’usage, principe qui veut que l’usager d’un bien (une maison, un manteau, un outil) en ait la propriété et qu’il le libère une fois qu’il ne l’utilise plus.

C’est ce principe qui régit en général l’utilisation des cabanes qui parsèment le lieu. Mais si le concept est largement accepté sur la zone, il n’est pas encore mis en pratique par tous. « Le matériel commun est systématiquement pété, on a besoin de référents, regrette Damien. Sur la Zad, le « tout appartient à tous » ne marche pas ».

Mais malgré ces ratés, ils sont encore nombreux à voir ces échecs comme un passage obligatoire dans le processus d’apprentissage et à vouloir continuer. Récemment, l’idée a été soumise de collectiviser une partie des RSA (revenu de solidarité active), principale source de revenus sur la ZAD, pour pouvoir distribuer de l’argent à ceux qui ne le touchent pas car trop jeunes ou étrangers.

Emmanuel Daniel, Reporterre, 16 décembre 2013

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[L’actualité vue d’en bas] L’AutreMent n°1.3, août-septembre 2013

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L’AutreMent

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[Manif pour Tous à Montpellier, 15 décembre] Pendant que les enfants manifestent, l’extrême-droite tabasse

Communiqué de militants antifascistes et anti-homophobie, suite à la « Manif Pour Tous » du dimanche 15 décembre 2013
Pendant que les enfants manifestent, l’extrême-droite tabasse

Dimanche 15 décembre, quelques centaines de personnes ont défilé boulevard du Jeu de Paume sous la bannière de la Manif pour Tous, contre la récente loi dite du mariage pour tou-te-s. Face à cet appel, quinze militant-e-s de défense des droits LGBTI se sont posté-e-s au premier étage du parking Laissac et ont suspendu des banderoles au moment du passage du cortège.

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Quelques minutes à peine après le début de l’action, les militant-e-s ont été violemment agressé-e-s par six à huit hommes accompagnés d’un chien et armés de poing américains, de barres de fer, de chaînes et de nunchaku. La possession de telles armes prouve la préméditation de l’agression commise ; certains de ces hommes, membres du groupe d’extrême-droite la Ligue du Midi, ont d’ailleurs déjà été condamnés pour des actes similaires.

Les agresseurs ont pris leurs cibles par surprise, les frappant alors qu’elles étaient de dos – l’un d’eux prétendant être de la police. Ils n’ont pas hésité à viser directement la tête et à pousser les militant-e-s contre la barrière du parking, au risque de les faire tomber dans le vide. Ils ont ensuite pris la fuite en volant du matériel (mégaphone et banderoles), sans être interpellés par la police pourtant présente à la sortie du parking. Une vidéo filmée par les militant-e-s montre d’ailleurs les agents de police montant sans se presser dans le parking alors que l’agression a commencé ; ils mettront plus d’une minute à rejoindre les lieux.

Neuf personnes ont été blessées. Conduit-e-s à l’hôpital, quatre militant-e-s en sont sorti-e-s avec attelle, points de suture et jours d’ITT.

Au même moment, une cinquantaine de militant-e-s de défense des droits LGBTI étaient réuni-e-s en contre-rassemblement sur la place de la Comédie. Peu après, illes ont été encerclé-e-s par la police, qui a arrêté un mineur soupçonné… d’avoir jeté un œuf.

Les militant-e-s agressé-e-s dénoncent la répression différenciée d’agents de police qui, d’un côté, laissent s’échapper une bande organisée d’hommes facilement repérables puisque armés, accompagnés d’un chien et en possession de matériel volé, venant d’agresser avec préméditation quinze personnes ; et de l’autre arrêtent un adolescent de 15 ans en possession d’un œuf.

Illes s’insurgent également contre la violence de l’assaut subi, qui s’inscrit en cohérence avec les idées homophobes et fascisantes portées par la Manif pour Tous. La vidéo filmée prouve que les violences commises étaient visibles de la rue, et que les participant-e-s à la Manif pour Tous ont affiché leur joie à la vue du visage ensanglanté d’un militant, montrant ainsi leur soutien avec ce déferlement de haine.

Les militant-e-s sauvagement agressé-e-s

SCALP / No Pasaran 34, 16 décembre 2013

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[Autopsie d’une ville] Bruxelles, laboratoire du pouvoir

Autopsie d’une ville – Bruxelles, laboratoire du pouvoir

Changer l’environnement pour changer l’homme. Voilà le vieux rêve que chérit l’architecte. Cette illusion sous-jacente se manifeste dans quasi n’importe quelle application architecturale. Une ligne droite part de la prison qui devait déshabituer l’homme de ses inclinations criminelles jusqu’aux gares hyper-modernes qui sont supposées entraîner l’homme dans la circulation marchande toujours plus rapide, efficace et harmonisée. Ces transformations de l’environnement humain représentent une constante, même si leur vitesse semble aujourd’hui s’accélérer sans relâche.

Nous voulons faire la tentative ici de décortiquer la métropole-en-devenir de Bruxelles. Jeter un regard critique sur les nombreuses transformations spatiales et dresser une esquisse analytique des rapports sociaux qui à la fois en sont à la base et sont influencés par elles. Quelque part, une autopsie des projets que le pouvoir est en train de développer et qui modifient et modifieront considérablement l’espace dans lequel nous survivons et luttons. Enfin, nous espérons, à partir de nos idées et de notre combativité pour la liberté et la révolution sociale, distiller à travers cette autopsie quelques pistes qui pourraient indiquer de possibles perspectives d’attaque.

Ville de transit ou montagne de déchets ?

Bruxelles prend forme à travers deux mouvements, en apparence contradictoires, influençant nettement les rapports sociaux et la gestion de la paix sociale.

D’un côté, comme quasiment toute ville d’une certaine taille avec une concentration d’institutions étatiques, d’atouts économiques et un certain prestige international, cette ville est un pôle d’attraction et une ville de transit, tant pour les prolétaires et les pauvres que pour les cadres d’entreprises, les lobbyistes internationaux et toute la clique d’animateurs du spectacle (du divertissement aux journalistes et artistes). Ceci fait que la ville ne connaît en partie pas de population « stable » et que certaines zones restent grises et neutres, parfaitement adaptées à la circulation marchande moderne et au contrôle. Dans ces zones, le temps de la domination détermine l’espace. Un fouillis indescriptible pendant les heures de bureau et un sinistre silence de cimetière le soir. L’apparente neutralité de ces zones en fait des bastions inabordables du pouvoir. Cette « invulnérabilité » n’est toutefois pas imputable aux seuls contrôle et surveillance renforcés, mais plutôt au fait qu’elles semblent se situer « hors de portée ». Il est évident qu’une « autre » présence, comme les manifestations syndicales rituelles ou,les initiatives citoyennes devant le siège d’une quelconque institution dans le quartier européen, ne remet pas en question la domination, mais ne fait que la reproduire. Ceci ne nous fera pas omettre que ces zones semblent de temps en temps être dans le collimateur d’une criminalité plutôt conséquente. Aux abords des zones européennes et internationales à Bruxelles, il y a en effet presque toujours quelque chose à s’approprier ; et la résistance de l’eurocrate moyen est négligeable.

D’autre part, de nombreux pauvres et immigrés venus à Bruxelles y restent et composent la mosaïque de la population pauvre de la ville. Cela génère depuis des années toute une couche d’habitants, au fond superflue au capital et à la gestion étatique. De nombreuses personnes s’agglutinent dans des constellations communautaires où, à côté de quelques traces d’entraide (mais souvent selon le modèle patriarcal), se pratique une intense exploitation légale et extra-légale qui ne le cède en rien à l’exploitation dans les zones industrielles autour de Bruxelles, bien au contraire.

Au risque d’utiliser une métaphore trop expressive, on dirait que certaines parties de Bruxelles ressemblent à une montagne de déchets. Des déchets humains, superflus et misérables, renfermés sur eux-même, mais bien entourés par une armée de services sociaux et une force policière plutôt brutale et particulièrement présente. La gestion est loin d’être huilée, elle est plutôt chaotique. Des mécanismes complexes d’enfermement communautaire, clientélisme, répression nette et intégration sélective maintiennent une espèce de présent permanent où le passé ne compte plus et où l’avenir repose sur l’illusion perpétuelle de gagner à la loterie. Tous les facteurs concordent à garder la misère à l’intérieur de cette montagne. Pour se faire une idée de la ségrégation qui traverse Bruxelles et en même temps la fait tenir, il suffit de prendre n’importe quelle ligne de métro du début à la fin. Chaque zone a ses habitants. A certains arrêts, on voit monter des gens qui trimballent des caddies, mais quelques arrêts plus loin, on aperçoit les premiers représentants de la classe dominante, bien habillés, un sac de sport avec une raquette de tennis à la main, ou une sacoche d’ordinateur portable. Ce n’est donc en rien un hasard ou une vilenie injustifiée du pouvoir si tant d’efforts répressifs se concentrent sur les transports en commun. Indispensables à la circulation de marchandises qu’est l’homme moderne, véritables veines de la métropole en devenir, les transports en commun révèlent aussi les contradictions qui traversent la société. L’intégration à travers les transports vers les camps du capital (travail, école, consommation, administration) sera toujours un possible champ conflictuel pour ceux qui soit ne peuvent, soit ne veulent pas être intégrés.

Notre quartier, meilleure garantie pour le pouvoir ?

La forte concentration de pauvres dans certains quartiers bruxellois et la misère qui va de pair ne provoquent cependant pas de rejet ou leur négation. Bien au contraire, semble-t-il… L’identification à « son quartier » (contrairement aux bureaucrates de passage ou, d’une autre façon, aux sans-papiers et prolétaires errants) et les divisions communautaires sont bien présentes, même si cette identification ne prend pas du tout la forme pervertie caractéristique d’autres métropoles, où l’on assiste à des guerres de codes postaux. Mais tant que cette identification et l’autonomie relative qu’on peut retrouver dans certains quartiers (sous l’œil bienveillant des figures dirigeantes, élues ou pas, en uniforme ou pas) sont surtout orientées sur la reproduction des rapports capitalistes, elles ne posent évidemment pas de problème au pouvoir. Dans un certain sens, c’est même la meilleure garantie que d’autres zones, « neutres », restent préservées d’une inondation par la misère ou … par la révolte. Les émeutes et troubles occasionnels dans certains quartiers bruxellois n’échappent pas à l’enfermement et à la gestion de la paix sociale. Évidemment, il y a d’autres raisons à « l’isolement », le soutien et la complicité éventuels dans « son » quartier n’en sont pas des moindres. Les émeutes d’octobre 2011 dans le quartier de Matonge (sans entrer dans leur contenu) en fournissent un bon exemple. Pendant presque deux semaines, ce quartier s’est mué en une zone indomptable, malgré l’impressionnant déploiement policier, la médiation sociale et la terreur étatique (tortures sans honte et mauvais traitements étaient une constante). Mais le vrai danger était sans doute que les émeutes tentent des incursions vers une autre zone (comme par exemple le quartier Louise avec ses boutiques de luxe, sa faune bourgeoise et ses bâtiments judiciaires), ce qui aurait possiblement mis le feu à la mèche dans d’autres quartiers. La répression rude et impitoyable qui a suivi une telle tentative (le pillage d’un bijoutier sur l’avenue Louise lors d’une manifestation) laisse peu de place à la fantaisie.

L’État pousse vers la division et la séparation de la métropole en quartiers. Cela pourrait sembler en contradiction avec la tendance générale au nivellement et à l’uniformisation qu’exige une métropole, mais il s’agit en fait d’un seul et même mouvement. La gestion joue l’alternance, en même temps ou selon les conditions sur les deux terrains. Par l’uniformisation, elle combat la possible émergence d’un autre « point de référence », voire peut-être même rebelle, que la domination (par exemple un quartier où d’autres « codes » ou valeurs soient mis en avant) ; par la division et la séparation en quartiers elle combat la possible reconnaissance entre révoltés au-delà de l’aspect territorial. Il est impossible d’affronter ce mouvement double, mais unifié, par une perspective invariable ; par exemple vouloir transformer certains quartiers en bastions de résistance ou, à l’inverse, rejeter a priori toutes les particularités et possibilités existantes dans certains quartiers. Le double mouvement du pouvoir doit être affronté de manière asymétrique.

Malgré d’importantes limites, on ne peut pas nier que certains quartiers bruxellois sont des marécages où la révolte n’est pas un hôte importun. Ce sont des marécages moins facilement pénétrables pour les défenseurs de l’ordre et où régulièrement, on choisit de passer à l’assaut. Dans ce sens, ils laissent plus d’espace pour un dialogue entre différentes rébellions, mais cet espace doit être reconquis en permanence sur les mécanismes de régulation à l’intérieur du quartier, comme les « grands frères », les gestionnaires du trafic de drogue et les réflexes racistes ou nationalistes des communautés. Cet espace ne s’obtient pas seulement à travers une présence intense, mais certainement aussi en lançant des propositions de lutte et en les accomplissant de façon conséquente. La reconnaissance dans une révolte partagée et même la complicité se trouvent parmi les possibilités.

Les projets urbanistiques actuels jouent un double rôle dans la gestion des quartiers. D’un côté il y a la composante de l’intégration, de l’autre celle de la ségrégation. Prenons l’exemple de la rénovation et le réaménagement de la zone du canal qui sépare Molenbeek de Bruxelles-centre. Il s’agit là d’un projet gigantesque pour faire reculer de quelques dizaines de mètres la frontière conflictuelle entre riches et pauvres, entres citoyens actifs et prolétaires-rebut. Mais ces quelques dizaines de mètres sont significatifs et en deviennent des centaines les années passant. Ils remplissent la même fonction que le fossé entourant les châteaux médiévaux. Depuis longtemps, les fortifications de la répression et du pouvoir ne consistent plus seulement en béton, en barbelés et en mercenaires armés jusqu’aux dents. Un quartier réaménagé avec ses nouveaux codes culturels, son accès au langage du spectacle et de la citoyenneté, son accès à la consommation différenciée et aux applications technologiques de pointe, définit une ligne de démarcation virtuelle que seule une révolte particulièrement sauvage pourrait encore franchir, une révolte qui ne nourrit plus aucune illusion sur les valeurs que le pouvoir exhibe et ne veut plus rien savoir de ce qu’il offre. Et pas besoin d’un grand effort pour constater que de telles révoltes sont rares, englués comme nous le sommes dans le spectacle des marchandises et de la paix sociale.

La construction de nouveaux camps et temples

Les autorités bruxelloises, incitées voire forcées par leurs homologues nationaux et internationaux, semblent vouloir mettre fin à la prolifération chaotique que le développement urbain a connu pendant des décennies. Les projets mafieux et clientélistes de construction de tours, bureaux et centres commerciaux répondant plus à l’avide projet d’un quelconque politicien ou entrepreneur (les exemples sont légions à Bruxelles) cèdent la place à une politique de développement toujours plus homogénéisée et rationnelle.

La construction de nouveaux camps est en cours aux quatre coins de Bruxelles. Du nouveau centre commercial à Machelen en passant par le centre de congrès et de consommation au Heizel et le nouveau siège de l’OTAN à Evere jusqu’à la nouvelle prison de Haren, le réaménagement du zoning industriel d’Anderlecht et les nombreux « incubateurs d’entreprises » dans les quartiers et autour des universités : partout, l’État et le capital construisent de nouveaux camps et temples. Le talon d’Achille, ou mieux, la condition fondamentale pour la réussite de tous ces projets est bien sûr l’accessibilité. Celle-ci a un nom et constitue le levier qui doit transformer Bruxelles en véritable métropole : le réseau RER. Par le développement d’un Réseau Express Régional, le pouvoir veut garantir une connexion rapide et sécurisée entre les camps, vieux et nouveaux, et stimuler la circulation de la main d’œuvre entre les « banlieues » croissantes et qui se prolétarisent rapidement, et les cœurs commerciaux, économiques et administratifs de la métropole. Ce réseau RER n’est pas quelque chose d’éphémère : le projet est en cours depuis quelques années et l’État souhaite qu’il soit opérationnel vers 2025. Ce projet est évidemment l’occasion pour développer d’autres projets de mobilité, comme la construction de nouvelles lignes de métro (une connexion directe entre Schaerbeek et le quartier européen, afin de renforcer la présence aisée d’eurocrates, de lobbyistes, etc. dans certaines parties de cette commune), l’extension du ring de Bruxelles ou la rénovation des zones de transit comme la station Schumann. Tout ceci correspond parfaitement à la logique du capital qui cherche toujours à résoudre les tensions et les contradictions générées par l’exploitation en étendant et en intensifiant cette exploitation. Et selon la bonne vieille logique socialo-libérale des lois du marché, les miettes devraient alors devenir, au sens absolu, toujours plus grosses.

Une des caractéristiques fondamentales de la métropole, c’est la division du territoire en zones selon leur fonction : habiter, consommer, travailler, administrer, etc. Cela permet un contrôle différencié et même un bouclage relatif en cas de troubles. La croissance soutenue du nombre de pauvres dans et juste en-dehors des contours de Bruxelles (Alost, Ronse, Tubize mais entre temps aussi déjà Termonde et Malines) est bien évidemment la conséquence de la politique urbanistique de la métropole-en-devenir. De nouveau, le RER jouera le rôle fondamental d’assurer la connexion entre les zones d’habitation de la main d’œuvre pauvre et les zones de travail.

La zone européenne est également, comme on le voit bien, en pleine expansion. Elle n’est pas seulement un carrefour international de circulation et de pouvoir, elle doit aussi, en vue d’une possible centralisation de l’Union Européenne, être prête à s’acquitter de sa fonction de capitale du Pouvoir européen. Cette expansion rogne et engloutit de façon particulièrement agressive des parties des quartiers alentour, elle modifie les axes de transport et limite les possibilités de transit. L’implantation physique du quartier européen permet aussi un bouclage militaire total, entretemps devenu pain quotidien avec la succession de sommets européens et de rencontres internationales. Il faut à peine boucler quelques rues et deux tunnels, et voilà que le quartier Européen devient un bastion impénétrable.

La domination est composée de rapports sociaux, mieux, elle est un rapport social et dans ce sens, elle est partout autant qu’ailleurs. Cela n’empêche pas que tous les rapports sociaux ont aussi leurs incarnations physiques et que la domination ne serait qu’une idée vaine si elle ne se concrétisait pas dans des structures et des hommes. Ces structures et hommes se trouvent partout, mais pas toujours dans la même concentration. Dans la perspective d’attaques insurrectionnelles, on ne peut en aucun cas céder au chantage du pouvoir qui nous désigne un terrain de jeu. L’approche insurrectionnelle et subversive de l’espace du capital et de l’autorité ne peut qu’être que celle de l’autonomie : choisir soi-même les endroits et les terrains de l’affrontement, et briser et dépasser tous les rôles imposés (qui se déroulent aussi dans l’espace physique). Dans un certain sens, l’essence du phénomène insurrectionnel se trouve dans le franchissement physique d’un seuil qui, en un endroit spécifique et d’une façon particulière, marque la frontière entre l’ordre et la révolte, entre l’autorité et les insurgés. Il est évident que cette question ne peut pas être réduite à retracer un quelconque cœur de la domination ; c’est dans les conditions de l’affrontement et dans les expressions des désirs insurrectionnels que ces fameux « seuils » pourraient se révéler.

Le spectacle de la paix sociale

Mis à part les camps essentiellement économiques et politiques, la rage de construction sévit aussi dans le secteur du logement. La recette n’est pas nouvelle : l’implantation d’unités de logements sécurisées, closes et confortables voire luxueuses au bord ou dans les quartiers « démunis ». Ces projets sont élaborés par la politique d’urbanisme de la Région bruxelloise et réalisés d’un côté par un certain nombre de grandes entreprises de construction, de l’autre par des entrepreneurs de ces quartiers mêmes qui ramassent un maximum de subsides et ne se soucient guère des réglementations du travail. De tels projets suivent le chemin inverse de la théorie de la vitre cassée : par leur présence, toute une série de changements se met en route. Les places sont réaménagées et « neutralisées », des magasins plus chers s’installent pour répondre et stimuler un autre comportement de consommation, la prévention et la répression de vols et de la criminalité sont intensifiées, toutes sortes de projets « sociaux » qui cherchent à habituer les habitants plus pauvres à la présence d’une classe moyenne aisée qui apprécie bien « l’ambiance » d’un quartier populaire.

Au-delà de cela, les autorités se donnent toujours plus de moyens pour lutter contre la « dégradation » et donc contre « ceux qui dégradent ». Plusieurs communes bruxelloises ont par exemple déjà affiché leur volonté de rénover à leurs frais et de louer des bâtiments vides, avec l’aval du propriétaire qui récupère son bien quelques années plus tard. Au niveau répressif, on assiste à des campagnes sans fin pour stimuler la citoyenneté, souvent accompagnées par des collaborations artistiques, afin de modifier les habitudes des prolos et de les incorporer dans l’armée obéissante des citoyens. Les campagnes contre les déchets illégaux par exemple n’ont évidemment rien à voir avec un quelconque souhait des autorités d’augmenter la « qualité de vie », mais tout avec le contrôle social à travers un subtil jeu de prévention et de répression. Les « Sanctions Administratives Communales », destinées à punir des « incivilités » via des amendes infligées par quasi n’importe quel fonctionnaire, sont le bâton derrière la porte. On ne s’étonne pas que toute la communauté de gauche et syndicale se retrouve à la remorque de cette stratégie et se pose même souvent en avant-garde en termes de « projets sociaux ». La machine bien huilée d’asbl et d’associations à Bruxelles, construite sur des années de clientélisme et de politique, est un étouffoir particulièrement puissant de la guerre sociale. Le but de cette machine est, sans exception et au-delà des bonnes volontés des individus impliqués, la promotion du spectacle de la paix sociale et l’intégration dans le système. En période électorale, on s’en sert coup sur coup pour mobiliser le bétail électoral, même si leur combat citoyen reste illusoire vues la grande indifférence voire l’hostilité vis-à-vis des partis et de la politique.

Enfin, nous devons encore souligner un autre aspect de la gestion de la paix sociale à Bruxelles : la politique mafieuse. De nombreux bourgmestres et autres responsables communaux se trouvent jusqu’au cou dans la merde mafieuse et représentent des carrefours d’intérêts économiques légaux, para-légaux et illégaux. Depuis bien longtemps, cela ne provoque plus de scandale que certains échevins de logements soient des marchands de sommeils, que les « chauffeurs » de bourgmestres bruxellois soient impliqués dans des trafics d’armes, que des agents de police et certains commissariats soient d’importantes plaques tournantes dans le trafic de cannabis, d’héroïne et de cocaïne, que certains chefs bruxellois de la police fédérale soient les meilleurs amis de certaines entreprises en bâtiment, quand il s’agit, par exemple, de la construction du nouveau quartier général de la Fédérale. Et ce n’est pas que toutes ces relations mafieuses se passent dans l’obscurité : les conférences, dîners, fêtes, rencontres et les lieux où ils se déroulent sont clairement affichés et leurs accès assurés par quelque clan mafieux ou par la police. Il faut prendre en compte que la politique de développement urbain de Bruxelles plus homogénéisée ne veut ou ne peut pas en finir avec ces « traditions », mais cherche plutôt à les incorporer et à les encadrer.

Structures répressives

Une des tactiques répressives dont l’État s’est toujours servi, c’est tout simplement d’augmenter la quantité et la présence des forces répressives. En termes quantitatifs, Bruxelles fait partie du top trois de villes européennes avec la plus grande concentration d’agents de police par rapport au nombre d’habitants. Les temps d’intervention des patrouilles dans la plupart des communes bruxelloises sont bien plus courts que les moyennes européennes. On voit aussi la présence dense de commissariats dans la ville ; commissariats qui sont d’ailleurs quasi tous en rénovation avec l’installation de caméras sur chaque coin du bâtiment, des vitres blindées, des parkings fermés … enfin, tout ce qui pourrait aider à prévenir des attaques. Avec l’extension du réseau de vidéosurveillance, les commissariats acquièrent encore une autre fonction, pointant vers une décentralisation de la capacité d’intervention : les images des caméras ne sont pas seulement visionnées par la centrale de contrôle qui se trouve dans la caserne, mais aussi par les commissariats locaux. Pour compléter ce tableau, il faut encore souligner la formation d’unités spécialisées, comme l’unité d’assistance de la police fédérale et les patrouilles anti-aggression circulant en uniforme et en civil.

L’extension du réseau de vidéosurveillance fait actuellement quelques sauts quantitatifs et qualitatifs. D’un côté, il y a l’implantation massive de caméras qui fait que, selon la police, certaines parties de la villes sont entièrement « couvertes » ; de l’autre côté, il y a l’apparition de caméras « intelligentes », équipées de logiciels sophistiqués de reconnaissance de comportements et de microphones pour écouter les conversations, les bruits etc. L’intégration des caméras privées dans le travail d’observation et de recherche de la police s’accélère, notamment grâce à la disponibilité de puissantes nouvelles technologies. En parallèle à l’implantation des caméras de police, on octroie des subsides à tous les particuliers qui installent des caméras devant leurs maisons, commerces…

À part la police classique, on voit aussi, comme dans toutes les autres villes, une augmentation du nombre de vigiles privés et toute une série de nouveaux uniformes et contrôleurs. Bien qu’ayant des compétences plus limitées que la police, ils servent clairement de délateurs et de balances. Prenons l’exemple des gardiens de paix. Recrutés dans les basses couches de la population, on fait promener ces uniformes mauves dans la rue. Tous les jours, on attend d’eux un rapport avec leurs constatations, par exemple le signalement de graffitis et de slogans, ce qui accélère le processus pour les enlever. Ou encore ces gardiens de stationnement : aujourd’hui, ils prennent en photo tout véhicule n’ayant pas de ticket de stationnement (ou qui semble un peu « louche » !). Il va de soi que ce système, avec en moyenne deux passages par jour, a facilité la détection de voitures volées, abandonnées… Dans ses rapports annuels, la police ne cache d’ailleurs pas cette amélioration. La multiplication des fonctions de contrôle répond d’un côté à la stratégie de la présence répressive et de l’autre à la croyance qu’en donnant du boulot aux gens, même si celui-ci consiste juste à se promener, la paix sociale se maintient plus facilement. Le raisonnement est fort simple : pourquoi l’État donnerait-il des allocations à des gens pour « ne rien faire » tandis que ça lui coûte exactement la même chose de leur payer un salaire minimal en les embauchant comme contrôleurs ? Le démantèlement en cours de ce qui reste d’État social en Belgique suivra certainement cette voie.

La tendance de cette présence répressive ne peut difficilement ou tout simplement pas être combattue d’une façon symétrique. La révolte doit chercher à trouver ses propres terrains qui ne sont pas encerclés ou occupés par la répression : l’affrontement frontal ne nous semble pas du tout à l’ordre du jour. Par contre, il restera toujours possible d’attaquer là où ils ne l’attendent pas, là où l’obscurité nous fait échapper aux yeux de la répression. La stratégie d’un renforcement de la présence répressive cherche à capturer les révoltés dans une grille de prévisibilité ; mais face à l’imprévisibilité et à la diffusion des pratiques d’attaques, il lui est difficile voire impossible de réagir. Dans une certaine mesure, la présence massive des forces de l’ordre peut même servir de paratonnerre pour la révolte : au lieu d’attaquer ce qu’elles tentent de protéger, la fixation exagérée sur les forces répressives mène à la stagnation des révoltés. On ne veut pas dire par là, qu’on doit tout simplement céder des terrains à l’avancée de la répression, mais plutôt qu’il serait temps d’abandonner sur ce terrain, comme sur d’autres, la vieille idée de la défense et de risquer le pari du choix radical de l’offensive, de tenter de prendre partout et toujours l’initiative et de ne pas se retrouver à la remorque des mouvements de la répression.

Les infrastructures de la métropole

On soulignait déjà l’importance des axes de transport et des transports en commun pour le développement de la métropole bruxelloise et on peut étendre ce raisonnement vers toutes les infrastructures qui rendent possible, promeuvent et facilitent la circulation de la marchandise, des hommes et des informations. Car une métropole est bien sûr un carrefour, où la rapidité de la circulation capitaliste est un indicateur particulièrement important de la puissance économique. Il est impossible de s’imaginer aujourd’hui une métropole européenne qui ne soit pas entièrement couverte par un réseau de téléphonie portable, qui ne soit pas, via différentes lignes parallèles et interconnexions du réseau de haute tension, quasi « assurée » de son alimentation électrique, qui ne dispose pas de milliers de kilomètres de câbles de fibre optique permettant le courant digital. Cet ensemble peut être considéré comme la colonne vertébrale de la métropole moderne et, malgré la surveillance et l’interconnexion, comme particulièrement vulnérable.

C’est à travers ces infrastructures vitales du capital que la domination réalise une partie considérable de son contrôle répressif et préventif. Il n’y a pas besoin de s’étendre pour expliquer comment tout citoyen en possession d’un portable peut être suivi en permanence et a posteriori, et est effectivement suivi ; comment la numérisation et l’interconnexion des banques de données permet la construction d’une cartographie des rapports sociaux. Les lignes de démarcation que dessine la métropole parmi sa population sont multiples (pauvres/riches, intégration/ségrégation, papiers/sans-papiers…) et une de ces démarcations se concrétise toujours plus dans la division technologique de la société. À travers sa technologie et la domestication qui va de pair, la domination pénètre profondément dans l’être humain, ses rapports et l’expérience de son environnement. Concernant la guerre sociale, il est bien clair qu’une partie des mélanges potentiellement explosifs de rage et de certaines conditions est transvasée dans la sphère virtuelle. Il n’y a aucun doute là-dessus : la propagande actuelle sur les « médias sociaux » et les technologies de communication à portée de tous comme étant des leviers pour des changements sociaux voire même pour la révolution sert uniquement l’intégration dans le capitalisme. On tend clairement à nous dire : « Sans nous, tu ne seras même plus capable de te révolter. » La perspective révolutionnaire se trouve donc coincée entre l’inéluctabilité de la technologie et la nécessité de rompre totalement avec elle, si on veut créer de véritables espaces et moments de révolte où la subversion devient possible. Cela représente un étranglement auquel on n’échappe pas facilement et qui pose des questions profondes sur la possibilité de l’intervention révolutionnaire dans la réalité sociale.

Vers la rencontre imprévue…

La métropole bruxellois en devenir, ou la « prison à ciel ouvert » si on veut, dispose, comme on l’a vu, de tout un arsenal de moyens et de mécanismes pour affronter des conflits et des révoltes partiels. Au lieu d’y opposer vainement la nécessité d’une totalité révolutionnaire, il nous semble plus intéressant de réfléchir à comment ce tout révolutionnaire, la remise en question totale de la société actuelle, peut naître de la mosaïque des différentes conflictualités.

On l’a dit déjà à plusieurs reprises. Certaines rencontres ne sont pas supposées avoir lieu. La gestion de la paix sociale fait tout son possible pour empêcher ces rencontres. La fragmentation et l’éclatement de la conflictualité sociale génèrent toute une série de sursauts éphémères, mais violents et radicaux ; mais les liens, reconnaissances, ponts entre ces sursauts font défaut. Non pas au nom d’une quelconque absorption dans une vision totale, mais pour relier, là où elles se concrétisent, les différentes conflictualités. Une telle perspective d’agitation et de lutte est la négation radicale de la politique qui pense toujours à se servir des gens, mais c’est une perspective qui exige d’apprendre à abandonner la « peur » de ne pas tout comprendre, de ne pas tout maîtriser. L’intervention anarchiste et révolutionnaire doit totalement abandonner tout modèle représentatif, même camouflé (« au nom du prolétariat », « au nom des prisonniers », « au nom du quartier ») et comprendre qu’elle n’est tout simplement qu’une des forces agissantes, activement occupées à détruire l’existant.

La perspective d’une lutte spécifique dans une ville comme Bruxelles, comme par exemple la lutte contre la construction de la plus grande prison de Belgique, ne peut donc pas se cantonner au modèle plus « classique » de l’intervention insurrectionnelle. D’une certaine façon, une telle lutte spécifique devrait offrir le tremplin pour plonger dans la conflictualité sociale au sens large, y plonger avec nos propres pratiques et idées. S’y noyer est certes une possibilité, mais la création de quelques remous subversifs, voire peut-être même insurrectionnels, voilà ce que les compagnons engagés dans une telle lutte devraient avoir en tête. Car la question n’est pas de rassembler tout le monde derrière le drapeau de la lutte contre la nouvelle prison, mais plutôt de mener une lutte capable de dialoguer avec d’autres rébellions, sur d’autres terrains. Une perspective insurrectionnelle ne consiste alors pas à concentrer l’énergie rebelle sur un terrain singulier, mais dans l’explosion de ce terrain, une explosion qui se concrétise dans l’intensification de tous les foyers de conflictualité. Et là se trouve cette fameuse rencontre imprévue.

Publié dans Salto, subversion & anarchie, n°3, septembre 2013 (Bruxelles) / La Cavale

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[Lyon, vendredi 20 décembre] Soirée de soutien au collectif Justice et Vérité pour Sofiane Mostefaoui

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Sur l’implantation des caméras de surveillance à Niort (79)

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[NoTAV] Perquisitions et incarcérations pour activité à visée terroriste

Italie – ValSusa – Turin – Milan : Perquisitions et incarcérations pour activité à visée terroriste

Le 9 décembre à 5 heures, la DIGOS (police politique italienne) a perquisitionné l’Asilo Occupato et l’occupation de Via Lanino à Turin, ainsi que l’appartement d’un compagnon à Milan. Ils recherchaient trois personnes accusées d’avoir participé à une attaque contre le chantier du TAV en Val Susa dans la nuit du 13 au 14 mai dernier. Les trois personnes ont été incarcérées à la prison des Vallette à Turin, où se trouvait déjà Niccolo’, quatrième personne mise en cause dans cette histoire. Tous les quatre sont accusés selon la presse « d’activité à visée terroriste ». Des nouvelles bientôt.

Leur écrire :

Chiara Zenobi
Niccolò Blasi
Claudio Alberto
Mattia Zanotti

c/o Casa Circondariale Lorusso e Cutugno
Via Maria Adelaide Aglietta 35
10149 Torino
Italie

LBERTÉ POUR TOU-TE-S

 

COMMUNIQUES DE SOLIDARITÉ

Que souffle encore le vent de la délivrance
Solidarité avec Chiara, Mattia, Niccolò et Claudio

Dans la nuit du 13 au 14 mai dernier, une trentaine d’anonymes no tav a attaqué le chantier de la Grande Vitesse en Val Susa, endommageant des équipements. Une action rapide et précise qui avait démontré, une fois de plus, que le camp retranché de la Clarea n’est pas inviolable, en faisant flotter de nouveau le doux vent de la délivrance. L’action a été défendue publiquement, dans une assemblée populaire à Bussoleno, par le mouvement no tav.

Aujourd’hui, 9 décembre, la police politique, sur ordre des parquets de Turin et Milan, a incarcéré quatre compagnons (il y aurait trois autres inculpés) pour « attentat à finalité de terrorisme », accusés d’avoir pris part à l’action de mai. Tout cela huit ans après l’invasion et les dégradations de masse du chantier de Venaus.

Comme c’est arrivé tant d’autres fois (y compris en Val Susa il y a quelques mois), l’État accuse de « terrorisme » ceux qui résistent à ses projets dévastateurs, à ses chantiers militarisés, à ses gaz, à son fil barbelé, à ses « zones rouges », à ces matraques. Nous nous fichons de savoir si Chiara, Mattia, Niccolò et Claudio ont participé ou non à l’action contre le chantier de Chiomonte.

Ce que nous savons c’est qu’à l’annonce de l’attaque nous avons exulté comme tant d’autres, dans la Vallée et pas seulement.

Ce que nous savons c’est que les châtaigniers centenaires abattu par les bulldozers à la Clarea sont une blessure ouverte, qui brûle.

Ce que nous savons c’est que le terroriste est celui qui affame, exploite, dévaste et bombarde et certainement pas celui qui s’oppose au massacre environnemental, qui se bat pour un monde sans profit et sans pouvoir.

Ce que nous savons c’est que Chiara, Mattia, Niccolò et Claudio sont nos amis et compagnons, généreux et combatifs toujours en première ligne dans les luttes, à Turin, à Milan, en Val Susa et partout où leur tête et leur cœur les appellent.

Ce que nous savons c’est que nous les voulons libre tout de suite, dans les rues et sur les sentiers avec nous.

Ce que nous savons c’est que ces arrestations n’arrêteront pas la lutte contre la grande vitesse et le système qu’elle incorpore et défend. Dans et autour du mouvement no tav est née et s’est diffusée une solidarité qui a toujours su répondre aux manœuvres répressives (chaque fois préparées par la machine de guerre médiatique), généralisant ses propres raisons et ses propres pratiques. Ni innocents, ni coupables. Qu’aucun chantier de l’injustice — avec ses mille excroissances — ne se sente à l’abri. « Nous préférer vous fâchés ».

Troupes d’occupations, politiciens et journalistes : les terroristes c’est vous !
Liberté pour Chiara, Mattia, Niccolò et Claudio !

Anarchistes de Rovereto et de Trento

 

Solidarité de compagnonnes et compagnons de Milan

Lundi 9 décembre, sur mandat des procureurs Padalino et Rinaudo du parquet de Turin, des perquisitions ont été effectuées et quatre compagnons ont été incarcérés à Turin et à Milan. Les faits qui leur sont reprochés concernent l’attaque du chantier du TAV de Chiomonte qui s’est déroulée la nuit du 13 au 14 mai 2013. Les chefs d’accusations sont lourds : articles 280 et 280bis (« attentat à finalité terroriste, acte de terrorisme avec engins mortels et explosifs, détention d’armes de guerre, dégradations »).

Beaucoup se rappelleront de cet épisode, quand des anonymes étaient apparus dans la nuit, avaient causé des dommages significatifs au chantier puis disparu comme ils étaient arrivés. C’est bien en relation avec cet épisode qu’une assemblée publique, appelée par le mouvement No Tav à Bussoleno revendiqua le sabotage comme possibilité pratique, utile et nécessaire à la lutte No Tav. On rappela alors les classiques de la non-violence active (Capitini, Gandhi, Mandela) en faveur du sabotage, d’autres auront rappelé les différents scénari de lutte, de celle des différents peuples sous occupation militaire aux actions contre le nucléaire, de la lutte partisane à l’immense bagage de la tradition ouvrière. Malgré le terrorisme médiatique mis alors en scène, les sabotages ne s’arrêtèrent pas, recueillant une sympathie diffuse dans toute l’Italie. Les derniers remontent à quelques jours au détriment de plusieurs entreprises collabos à Turin.

[…] À suivre : l’ouverture de dossiers d’enquêtes pour terrorisme à l’encontre de militants No Tav de la Vallée (avec les perquisitions qui s’ensuivent) des rencontres bien publicisées entre les « équipes antiterroristes » des parquets des différentes villes et aujourd’hui les menottes. […]

Dans la ligne de mire il n’y a pas seulement quatre compagnons généreux que nous connaissont bien et que nous aimons, il y a une vallée entière qui se bat. Développer les potentialités de cette lutte est notre réponse.

A sarà düra.

Compagnonnes et compagnons de Milan

Transmis le 12 décembre 2013

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[Sur la répression à Turin] Place nette ?

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Place nette ?

« Place nette ». Ainsi pourrait s’appeler, si elle avait un nom, l’opération que depuis avril dernier Préfecture et parquet de Turin mènent contre des compagnons qui vivent et luttent principalement dans les quartiers de Barriera di Milano et de Porta Palazzo. Pourrait parce que, à la différence d’autres opérations judiciaires avenues ailleurs contre des anarchistes aux noms plus ou moins fantaisistes (Ardire, Mangiafuoco, Thor, Ixodidae, Outlaw, etc…) dans ce cas, les juges turinois ont, au moins pour le moment, choisi une autre voie. Plus discrète et anonyme, et qui pourtant ajoute quelques ingrédients à la recette de la répression en Italie.

Pas de « grosse enquête » qui implique un grand nombre de compagnons et les charge d’un délit associatif soutenu, la plupart du temps, par différents délits spécifiques, mais beaucoup d’enquêtes plus petites avec des chefs d’inculpations spécifiques pour lesquelles sont demandées et obtenues des mesures judiciaires de différents types. Non pas que la « grosse enquête » ait disparu de la projectualité de la préfecture : celle-ci continue probablement d’être proposée régulièrement et sans vacarme à la magistrature, car d’un côté elle justifie l’infinie prolongation des écoutes téléphoniques et ambiantes contre les compagnons, et de l’autre elle représente une carte à garder toujours prête. Pour donner un exemple turinois : le coup de filet de février 2010 avec lequel on accusait des participants à l’assemblée antiraciste de la ville d’association de malfaiteurs a été déclenchée tout juste deux mois après l’échec de frapper certains d’entre eux avec la surveillance spéciale. Les deux procédures avaient été montées parallèlement, une dans l’ombre et l’autre à la lumière du soleil : l’une ayant échoué, l’autre a été relancée. Évidemment  nous ne saurions dire avec exactitude quelles cartes ont en main Préfecture et Tribunal en ce moment, ni plus comment ils les joueront cette fois (si l’une est l’alternative à l’autre, ou si l’une prépare le terrain de l’autre, par exemple). Mais nous pouvons identifier les particularités innovantes de ces dispositifs répressifs quand ils apparaissent.

Dans notre cas, par exemple, un quelconque délit de rébellion – imputé pour avoir tenté d’empêcher la police d’embarquer un ami ou un compagnon – assaisonné d’autres accusations comme blessures, violence ou vol avec violence selon le goût des juges, est repêché après quelques semaines et grâce à l’entente entre Préfecture, Procureur et Juge d’instruction transformé en prison, résidence surveillée, obligation ou interdiction de territoire, signatures, selon le goût des juges. Les épisodes reprochés sont en général assez légers c’est pourquoi les mesures de détention (prison et résidence surveillée) prennent fin assez rapidement, mais pas les autres mesures qui, moins restrictives, sont scellées par des clauses plus flexibles, qui permettent une plus grande « insouciance » aux juges et reste ainsi en vigueur pendant des mois.

Pour qui a eu la chance de ne pas avoir été chassé de la ville, mais de s’être vu appliqué l’obligation de rester sur le territoire de Turin ou d’y signer, les juges adoptent actuellement un autre stratagème : au premier nouveau délit constaté la mesure peut être aggravée et transformée en prison ou résidence surveillée. La situation de Marianna et de Simona – incarcérées une première fois pour l’occupation de l’Unep, libérées immédiatement avec une obligation de signature puis ré-incarcérées parce qu’elles ont continué à participer à des initiatives et donc à être accusées de nouveaux délits – est exemplaire. Mais il n’est pas strictement nécessaire que le nouveau délit soit identique, ou même seulement similaire, à celui pour lequel elles étaient obligées à Turin, comme le démontre par ailleurs, plus récemment, la situation de Niccolò, qui, déjà soumis à une obligation de rester sur le territoire pour rébellion, a été arrêté pour vol et donc incarcéré suite à une aggravation de la mesure. Une fois découvert le mécanisme et des opérations similaires se succédant les unes aux autres, la préfecture a réussi à éloigner une quinzaine de compagnons des luttes turinoises aux moyens d’expulsions et d’interdiction de territoire.

L’habit confectionné dans les pièces de la préfecture semblent taillées sur mesure pour les compagnons de ce bout de ville, où la lutte contre les sfratti et la machine à expulser et la présence dans la rue contre la restructuration, les contrôles et la militarisation donne des occasions presque quotidiennes aux enquêteurs pour remplir leurs carnets de noms et de délits à leur accoler. Des délits souvent petits, mais suffisants pour alimenter le mécanisme que nous vous avons décrit ; à cela il faut ajouter qu’une partie consistante des anarchistes qui vivent ici sont nés ailleurs, quelques fois à l’étranger, et cela favorise l’application du ban, rapprochant certains aspects des conditions de vies des subversifs du quartier à celles des sans papiers qui en remplissent les rues.

À vrai dire, dernièrement, les juges prennent leurs aises et même les faits de vivre dans une maison dont on est le propriétaire, d’avoir un travail en règle et d’être domicilié dans la ville depuis des années ne sont des garanties suffisantes contre la menace d’être éloigné de force de Turin : justement ces jours-ci un compagnon bénéficiant de toutes les « garanties » citées ci-dessus n’a pu rentrer chez lui qu’après vingt jours d’exil. La motivation du tribunal qui a examiné les recours est significative : ne donnant pas de poids aux aspects matériels, de plus officiellement certifiés, qui attachent ce compagnon à la ville, celui-ci annulera l’interdiction de territoire pour un simple vice de procédure. Ne se sentant pas encore de donner son aval à une mesure similaire, mais voulant ménager la chèvre et le chou, le tribunal s’est bien gardé de contredire à ce propos le parquet, sans pour autant se faire de problème à confirmer ouvertement les mesures contre les autres accusés, y compris ceux résidant dans la ville depuis des années ou inscrits à l’université. Par degrés successifs, pas à pas, est créé le précédant qui permettra de chasser quiconque de la ville. Quoi qu’en pensent les anarchistes, même pour les juges le travail salarié et la propriété privée ont désormais perdu de leur aura sacrée : ce qui compte c’est de disperser les subversifs, de les tenir loin de leurs compagnons et du contexte des luttes citadines.

Les paroles d’un juge qui il y a quelques mois avait refusé la requête d’une compagnonne de purger sa mesure de résidence surveillée en ville (requête accompagnée par ailleurs d’un contrat de location) avaient été du reste très explicites puisqu’il s’agissait d’empêcher « le rapprochement au contexte criminel ». Motivations adoptées en général pour des délits associatifs plutôt que pour une « simple » résistance à une personne dépositaire de l’autorité publique.

Et pour terminer cette revue, nous vous signalons aussi le refus systématique de la part des magistrats turinois de concéder les résidences surveillées aux compagnons dans des maisons autre que celles de leurs parents – de préférence en dehors de la ville. Un comportement moraliste et paternaliste, qui interprète l’engagement et l’envie de lutter comme un caprice de petits jeunes à faire rentrer dans le rang de gré ou de force.

L’activité des dernières années n’a pas du reste créé peu de problèmes aux autorités citadines et menaçait d’en créer de bien plus grands si les épisodes de résistance et les relations avec les habitants du quartier avaient continué à s’intensifier et à se resserrer au même rythme. Ainsi, après une grosse année de totale impasse pour la préfecture qui dans le quartier non seulement ne réussissait pas à exécuter les sfratti, mais rencontrait en plus des obstacles dans le contrôle quotidien du territoire, les renseignements de la préfecture sont sortis des dossiers où ils gisaient dans l’attente de devenir des petites briques pour un futur grand coup de filet et ont commencé à se transformer, un par un, en mesure judiciaire.

Les pressions des associations de petits propriétaires – qui ne réussissaient pas à avoir le dessus sur leurs locataires en défaut de paiement –, des banques – qui ont été contraintes à congeler les exécutions de saisies immobilières – et des huissiers de justice – dans l’impossibilité d’exécuter les sfratti étaient régulièrement encerclés et pris à partie sans que les forces de l’ordre ne réussissent à leur garantir leur protection – ont certainement contribué à donner le ton de cette vague répressive du printemps dernier. Après quoi il ne faut pas sous évaluer le croissant malaise perçu par les forces de l’ordre elles-mêmes, Digos en tête, qui pendant plusieurs mois ne parvenaient plus à effectuer des contrôles de compagnons dans le quartier, ni à mener en toute tranquillité le constant contrôle du territoire, rencontrant sur leur chemin une croissante arrogance et détermination. Ce n’est donc pas un hasard si la modalité répressive dont nous vous parlons est sortie des chambres du Parquet dans les mêmes semaines où les huissiers de justice décidaient de suspendre systématiquement les sfratti, les transformant en probables expulsions surprises, la mairie appâtait certains groupes de sfrattati avec la possibilité d’accords séparés pour les éloigner de la lutte, les journaux lançaient des alarmes sur « Porta Palazzo luna-park des anarchistes », la préfecture expulsait quelques-unes des occupations habitatives, attaquait militairement des piquets et mettait à disposition du commissariat local camionnette sur camionnette de crs prêts à intervenir au cas où.

Le changement de rythme qui s’est vérifié ces derniers mois dans la répression de la lutte contre la Tav en Val Susa a indubitablement eu un poids sur la situation turinoise. De fait, l’équipe de procureurs en charge de contrer la résistance dans les rues de Barriera di Milano est à peu de choses près identique à celle des sentiers de Chiomonte et Giaglione. Et aussi en Val Susa, en l’absence d’une grosse enquête associative, les enquêteurs se sont impliqués le plus souvent, avec une fréquence croissante ces derniers temps, à notifier des délits spécifiques obtenant presque toujours des mesures judiciaires légères et durables. Au Val Susa aussi donc, grâce au consentement absolu du tribunal de Turin, ils ont réussi à mettre hors jeu avec un minimum d’efforts un grand nombre d’opposants au train à grande vitesse. Il est évident que dans une telle stratégie, l’investiture reçue au niveau national par Rinaudo, Padalino et Ausiello comme persécuteurs de la lutte, qui pour le moment préoccupe les plus des autorités nationales, a un poids énorme sur la capacité d’obtenir l’aval des juges pour des mesures judiciaires, aussi bien en Val Susa qu’à Turin. Surtout si beaucoup des compagnons touchés par des mesures sont actifs dans les deux.

Ce que nous avons voulu appeler « Place nette », n’est que l’aspect technico-légal d’un dispositif répressif plus ample – probablement élaboré après les barricades du 18 septembre 2013 au cours d’une des régulières tables rondes pour la sécurité qui se tiennent en préfecture – dans lequel chacun (maire, préfet, procureur en chef, etc.) a apporté sa contribution. Et si « Place nette » fonctionne bien contre les anarchistes c’est parce que le reste du dispositif répressif, pour l’instant, a réussi à ralentir les liens de solidarité développés avec d’autres compagnons de rue, restreignant les possibilité d’une réponse sociale aux mesures policières et simultanément, les espaces pour des réactions même seulement « militantes ». Si l’on confronte les réactions mises en place au printemps, aussi bien socialement que comme mouvement spécifique, après les premières arrestations de Marianna, Simona, et Claudia ou après celles de Paolo, Greg et Marta à celles des arrestations de cet automne… il semble que nous avons changé d’ère géologique, pas seulement de saison.

Le rapport entre les divers événements de ce dispositif répressif (celui technico-judiciaire et celui policier, mais aussi celui de la récupération politique et de la propagande médiatique, par exemple) est probablement la partie la plus intéressante de notre situation turinoise, mais n’est à proprement parler le sujet de ces lignes. Il suffira pour le moment de noter que la répression n’est pas quelque chose qui arrive à l’improviste et prend les militants par surprise (avec des coups de filets, des mesures préventives, etc.), mais quelque chose qui concerne tout le monde, qui est déjà là et qui garantit le bon fonctionnement de la machine sociale : banalement, la répression c’est aussi l’huissier de justice et le contrôleur du bus, pas seulement le policier et le magistrat. Il s’ensuit que comme les luttes peuvent faire reculer la répression dans des portions données de territoire (dans notre cas : les huissiers qui disent « moi je ne vais plus travailler à Barriera di Milano »), quand celle-ci veut reprendre du terrain elle doit forcément agir sur le terrain de la lutte, et donc pas seulement sur celui strictement judiciaire ou policier.

Pour le moment donc le bilan de « Place nette » est d’un compagnon en prison, un en résidence surveillée, une compagnone avec l’obligation de rester sur le territoire d’un village en dehors de la ville, une dizaine de personnes bannies de Turin et un compagnon en revanche qui est obligé d’y demeurer, deux compagnons enfin contraints à signer au commissariat. À cette liste, s’ajoutent ensuite les décrets d’expulsion, d’une durée de trois à cinq ans, à l’encontre de cinq compagnons français et de nombreuses feuilles d’expulsion.

Si certaines de ces procédures sont assez récentes et montrent que la stratégie des enquêteurs ne s’arrête pas à mai dernier, quand expulsion de maisons occupées et sfratti surprises se sont succédés avec une fréquence quotidienne, d’autres en revanche durent désormais depuis plus de six mois.

Techniquement parlant l’efficacité de cette stratégie semble résider dans la facilité avec laquelle des mesures judiciaires comme les interdictions de territoire peuvent être prescrites et prolongées, n’étant pas aussi restrictives que la prison ou la résidence surveillée. Des mesures de ce type, ensuite, ne suscitent pas l’attention que, dans la situation de baisse de tension dans laquelle nous nous trouvons, peuvent provoquer tout de même les « grosses enquêtes ». Elles permettent en résumé de libérer une ville des éléments indésirables, avec l’effort minimum et le résultat maximum.

Il est à souligner que la situation turinoise n’est pas une absolue nouveauté. Une attention pour le nettoyage similaire à celle réservée par les autorités citadines aux rues de Barriera di Milano et Porta Palazzo a concerné ces dernières années les ruelles d’une autre ville peu éloignée de Turin, Gênes. Dans la ville ligure aussi, en effet, assignations à résidence et obligation de signature variable (c’est à dire que le commissariat décide à chaque fois de l’heure de la signature pour empêcher la participation à des manifestations) ont été utilisées, pendant plusieurs mois de manière systématique pour frapper les personnes indésirables. À Gênes aussi ces mesures judiciaires, en plus de frapper dans l’immédiat, ont été utilisées comme une épée de Damoclès toujours prête à tomber sur la tête d’un compagnon : à la première occasion il suffit d’une plainte et très vite l’assignation à résidence se transforme en une mesure judiciaire plus grave.

Dans le cas de Gênes il n’est même pas nécessaire d’élaborer des hypothèses sur les stratégies des enquêteurs : il suffit pour les clarifier de se pencher sur les paroles d’une considérable limpidité d’un juge d’instruction gênois : « déjà que la tension sociale va croître, ceux qui ont mesures judiciaires, c’est bien mieux qu’ils les gardent » : paroles auxquelles ses collègues turinois souscriraient sans aucun doute avec sérénité.

(Fruit d’une discussion entre des compagnons de Barriera di Milano et de Porta Palazzo, le texte qui précède tente de donner une vision d’ensemble d’un puzzle étudié par le parquet et la préfecture au détriment des luttes dans le quartier et des subversifs qui ont contribué à les animer. Vous pouvez écouter d’autres contributions en ce sens, si vous avez encore envie, avec une récente discussion aux micros de radio Blackout et une moins récente aux micros des milanais de Radiocane.)

Traduit de l’italien (Macerie, 15 novembre 2013) et transmis le 13 décembre

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[Rio de Janeiro] L’épuisement ne sera pas une option !

Brésil – Rio de Janeiro : L’épuisement ne sera pas une option !

Nous ne sommes pas tou-tes là, ils manquent les prisonnier-es. C’est la sensation que nous avons, nous qui n’oublions pas Rafael et Baiano. Ils sont les représentants d’une des vengeances de l’État sur nos audaces. En réponse à nos émeutes, les gouvernements veulent nous faire trembler pour pouvoir dormir en paix. Mais nous n’oublions pas les prisonniers et jusqu’à leurs sorties, nous serons ici, luttant contre les opressions et pour la libération de tou-tes. Ils parient sur notre épuisement et notre oubli, mais il est clair que, qui a reçu le coup n’oubliera jamais.

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Rafael Vieira a été emprisonné le 20 juin, pour avoir sur lui des produits de nettoyage. Il sortait de chez lui, un magasin abandonné, dans le centre de Rio de Janeiro, quand il s’est retrouvé face à la plus grande manifestation politique de l’histoire récente du pays. Aujourdhui, il est incarcéré dans la prison de Japeri. Il est clair que le fait d’être noir et d’habiter dans la rue sont les réels motifs de son incarcération. Une bouteille en plastique de désinfectant, et une autre d’eau de javel, ne peuvent pas être utilisées comme coctail molotov, comme il est dit par la justice. Mais pourtant, il n’y a toujours aucune prévision de date pour son procès. Plus qu’un nom, il est en réalité ce que l’État brésilien fait des noirs et des pauvres.

Baiano, Jair Seixas Rodrigues, lui, a éte arrêté le 15 octobre durant les révoltes à Rio de Janeiro. Il est accusé de faire partie du Black Bloc. Ce nom, qui, est devenue une grande fiction médiatique, sert aujourd’hui à criminaliser tout à chacun-e qui oserait sortir dans la rue. Il n’existe aucune preuves de son appartenance à un quelconque groupe de guerilla urbaine. Mais cela n’est pas nécessaire au Brésil. Aujourd’hui, il se trouve dans la prison de Bangu 9 et bénéficie de plus de soutien que Rafael, étant donné son expérience militante.

Deux militants du mouvement “Ocupa Câmera” (“Squat la mairie”) sont en grève de la faim pour la libération des prisonniers depuis le 7 novembre. Quelques autres collectifs se mobilisent pour les prisonnier-es et nous souhaitons ici faire part de notre soutien inconditionnel. Nous pensons aussi que c’est le moment de nous postionner sur le fait qu’il n’existe pas de “prisonnier-es politiques”, puisque tout les prisonnier-es sont politiques, de par le seul fait d’oser défier les lois du capital. Les contacts avec d’autres prisonnier-es, des manifestant-es qui ont été arrêté-es, nous rappellent que ces camps de concentrations appelés prisons sont des lieux où peuvent être construits des liens de solidarités face aux opressions du quotidien. Nous appelons donc ici à la libération immédiate de tout-es les prisonnier-es (sans adjectifs).

La liberté, c’est le crime qui contient tout les crimes !

Reçu le 23 novembre 2013

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La Gueule ouverte n°4, décembre 2013

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La Gueule ouverte

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[Prisonniers en lutte pour leur dignité] Mutinerie au centre de détention d’Argentan

Mutinerie au centre de détention d’Argentan

Des détenus du Centre de détention d’Argentan (Orne) ont déclenché vendredi un mouvement de rébellion, qui a duré trois heures et provoqué d’importants dégâts matériels.

« Il s’agit d’une mutinerie. Une quinzaine de détenus se sont retranchés dans leur aile et ont mis le feu », a indiqué à l’AFP Hugues de Phily, le procureur de la République d’Argentan (Orne).

L’incident a duré de 17H00 à 20H00, selon le parquet. « Il a fallu l’intervention d’une quinzaine d’hommes de l’Eris (équipe régionale d’intervention et de sécurité, le GIGN de la pénitentiaire ndlr) pour mettre fin à cette mutinerie », a précisé M. de Phily.

La prison d’Argentan compte environ 600 détenus, selon la même source.

Dans un communiqué, FO pénitentiaire a affirmé que « plusieurs dizaines de détenus » ont participé au « mouvement de rébellion et de révolte » et que « les dégâts matériels sont importants ».

Selon une source syndicale, de l’huile a été déversée dans les coursives, ainsi que du verre brisé et des débris. Des luminaires et des équipements vidéo ont été cassés, selon la même source.

Une cinquantaine de pompiers se sont rendus sur place.

Presse pénitentiaire (Agence Faut Punir, 6 décembre 2013)

 

(…) Le mouvement de rébellion aurait, selon France 3 Basse-Normandie, été provoqué par la protestation de détenus contre une fouille pratiquée le matin dans les cellules. Des cutters et des téléphones portables avaient alors été confisqués.

(…) D’après le média local Tendance Ouest, cinq personnels pénitentiaires ont été intoxiqués par les fumées et évacués vers le centre hospitalier de la ville.

Presse pénitentiaire (BFMTV.com, 6 décembre 2013)

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Résistons Ensemble n° 125 – décembre 2013

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Résistons Ensemble

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[Lille, jeudi 12 décembre] NSA, DCRI, police… comment les États nous surveillent et comment s’en prémunir

Atelier-conférence « NSA, DCRI, police… comment les États nous surveillent et comment s’en prémunir » le 12 décembre à Lille

Nous savions déjà que les États et leurs polices — sous couvert de lutte antiterroriste — sont adeptes de la surveillance généralisée. Les révélations de l’ex consultant de la NSA Edward Snowden permettent désormais de savoir qui est la cible de cette surveillance et comment elle s’effectue. Dissidents et opposants, militants politiques et associatifs (même « amis »), acteurs de l’industrie et de l’économie ; de Al-Qaïda à Angela Merkel en passant par l’ensemble des utilisateurs de Google, de Facebook ou encore de Wanadoo, les services secrets états-uniens et leurs alliés surveillent toutes les communications électroniques de la planète.

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Bien sûr, le gouvernement français n’est pas en reste. En plus de collaborer activement avec la NSA et de posséder des outils de surveillance similaires, une filiale de l’entreprise Bull (propriété de l’État français) et l’Armée ont fourni des dispositifs de surveillance extrêmement performants à Kadhafi qui ont été utilisés pour réprimer la révolution libyenne. Des outils de surveillance d’internet et du téléphone fournis par les occidentaux ont également été utilisés lors des révolutions de Tunisie et d’Égypte.

L’union locale des syndicats CNT de Lille vous invite à découvrir comment sont conçus ces outils de surveillance et quels sont les moyens de s’en prémunir. Des travailleurs de l’informatique du syndicat CNT de l’industrie, du commerce et des services du Nord (CNT-STICS 59) présenteront le fonctionnement des réseaux de communication mondiaux et comment les services secrets les scrutent. Des outils et services présumés résistants aux systèmes de surveillance seront également présentés (Tor, GPG, Riseup…).

Aucune connaissance préalable en informatique n’est nécessaire.

Jeudi 12 décembre 2013 à 19h à la Maison des syndicats CNT, 32 rue d’Arras, Lille – Entrée gratuite

 

La NSA a aussi infiltré des jeux en ligne et des mondes virtuels

Les États-Unis et la Grande-Bretagne ont aussi espionné les plates-formes de jeux en ligne comme « World of Warcraft ». Ces pays l’ont fait par crainte de voir des extrémistes les utiliser pour planifier des attentats, a affirmé lundi le quotidien New York Times.

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Des espions créent des personnages dans ces jeux très populaires. Ils peuvent ainsi recruter des informateurs, selon le journal qui s’appuie sur des documents transmis par Edward Snowden, l’ancien consultant de l’Agence de sécurité nationale américaine (NSA), réfugié à Moscou.

« Les documents montrent que des agents du renseignement, craignant que des réseaux terroristes ou criminels n’utilisent ces jeux pour communiquer secrètement, transférer de l’argent ou planifier des attentats, ont pris position dans ces mondes peuplés d’avatars numériques qui incluent des elfes, des gnomes ou des top-modèles », note le New York Times.

« Les jeux et les mondes virtuels ouvrent de nombreuses possibilités », explique la NSA dans ces documents datés d’il y a cinq ans.

Collecter des données

« Nous savons que les terroristes utilisent les nombreuses possibilités d’Internet, comme les courriels, les chats, les proxies ou les forums, pour des opérations futures. Il est très probable qu’ils utilisent les moyens de communication offerts par les jeux et ces environnements virtuels », poursuit le rapport cité par le quotidien américain, par le qutodien britannique The Guardian et le site américain d’informations en ligne « ProPublica ».

« Les espions ont créé des personnages pour fouiner et essayer de recruter des informateurs, tout en collectant des données et le contenu de communications entre joueurs », ajoute le rapport.

Des subterfuges

« Les militants se servent souvent de subterfuges dignes de jeux vidéos — fausses identités, voix, messageries instantanées — pour conclure des transactions financières, et les espions américains et britanniques craignent qu’ils n’opèrent dans ces jeux », reprend le quotidien.

Il cite notamment « America’s Army », un jeu de tirs conçu par l’armée américaine et téléchargeable gratuitement sur son site Internet. « Ce jeu est si bon pour identifier des futurs recrues qu’il est utilisé comme exercice d’entraînement », avance le rapport. Le Hezbollah aurait créé le même type de jeu pour recruter et entraîner de futurs candidats aux attentats-suicides.

Leur presse (ats, 10 décembre 2013)

 

La France « à deux doigts de la dictature numérique » avec la LPM

Dans Les Échos, le « Digital Champion » de la France auprès de la Commission Européenne, Gilles Babinet, accuse le Gouvernement de sacrifier les contre-pouvoirs dans le projet de loi de programmation militaire, qui exclut le juge du contrôle de légalité des écoutes sur les réseaux numériques.

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Le propos est rude, sans doute excessif, mais il est révélateur d’une exaspération et d’un cri alarme qui peine à se faire entendre par des mots plus mesurés. Dimanche, le représentant français au numérique (« digital champion ») auprès de la Commission Européenne, Gilles Babinet, a très durement critiqué le projet de loi de programmation militaire, qui devrait être adopté mardi par les sénateurs.

« Cette loi, c’est le plus grand coup porté au fonctionnement de la démocratie depuis les lois d’exceptions pendant la guerre d’Algérie », condamne-t-il dans Les Échos. « Il n’y a plus de pouvoir du juge. Or, comme le disait Montesquieu, le père de la séparation des pouvoirs en France, « Tout pouvoir va jusqu’au bout de lui-même ». Je n’ai pas de problème à ce que l’on aille fouiller dans la vie des gangsters. Encore faut-il savoir qui est celui qui désigne le gangster, et il faut que cela soit un juge. En aucun cas, il ne faut donner un donner un blanc seing aux militaires et à d’autres pour écouter tout et tout le monde en temps réel. Nous sommes à deux doigts de la dictature numérique » (on se rappellera cependant que Gilles Babinet avait sèchement critiqué la CNIL quand elle voulait protéger la vie privée des internautes face aux entreprises).

Le projet de loi de programmation militaire prévoit d’une part de confier au premier ministre le pouvoir d’instaurer l’état martial numérique en cas de nécessité, en donnant à l’exécutif le droit d’ordonner sans contrôle judiciaire « toute mesure » aux FAI et hébergeurs « pour répondre aux crises majeures menaçant ou affectant la sécurité des systèmes d’information ».

D’autre part, ce qui soulève beaucoup plus d’indignations en pleine affaire PRISM / NSA, le projet de loi de programmation militaire donne à différentes instances de l’État (Bercy, ministère de la Défense, ministère de l’Intérieur) le droit de collecter toutes données « techniques » concernant les internautes, au besoin en temps réel par « sollicitation par réseau », donc sans même avoir à en faire la demande auprès des opérateurs. Le tout en toute confidentialité, par une procédure qui permet de blanchir les collectes illégales jusqu’à 9 jours après leur commencement. Et encore, seule une Commission, et non un juge, dira si la collecte est légale ou non.

Alors que les sénateurs s’apprêtent à adopter le dispositif sans en modifier une virgule, les réactions se sont multipliées ces dernières heures (voir l’ASIC, IAB France, la Quadrature du Net, l’AFDEL…). En fin de semaine dernière, c’est le Conseil National du Numérique qui a jugé qu’il était « pas opportun d’introduire sans large débat public préalable » un tel mécanisme de surveillance des réseaux. Mais la protestation a paru bien timide à beaucoup d’observateurs.

Leur presse (Guillaume Champeau, Numerama, 9 décembre 2013)

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[Vive le van, Vive le van, Vive le vandalisme] « Le ciblage du religieux »

Dégradations à une chapelle du Sourn près de Pontivy

La série continue dans le pays de Pontivy. Après Melrand, Bubry, Ploemeur, Bieuzy, Plouay, voici Le Sourn.

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Le vitrail principal a été cassé à deux endroits.

Des dégradations ont été commises à la chapelle Saint-Jean du Sourn, près de Pontivy. On l’a appris seulement pendant le week-end, mais les faits remontent à la nuit de mardi à mercredi ou celle de mercredi à jeudi.

Porte forcée

Le ou les auteurs ont forcé la porte principale de l’édifice. Ils ont même utilisé une scie à cloche pour percer un trou dans cette épaisse porte afin de dégager une barre de fer empêchant son ouverture.

Vitrail cassé

Ils ont ensuite cassé un vitrail en deux endroits, fait tomber un vase et renversé deux statues en bois.

C’est au moins le quinzième acte de vandalisme du même genre dans cette région du Morbihan depuis le début de l’été.

Leur presse (Ouest-France.fr, 8 décembre 2013)

 

Lieux de culte. Nouvel acte de vandalisme dans le Morbihan

Nouvel acte de vandalisme touchant le patrimoine religieux, à Melrand. Hier, un incendie s’est déclaré dans la chapelle de Notre-Dame-du-Guelhouit, où des objets du culte ont été retrouvés saccagés.

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À Melrand, un énième acte de vandalisme touchant le patrimoine religieux, le cinquième depuis septembre, est à déplorer. Hier, à 9 heures, les sapeurs-pompiers ont été appelés à la chapelle Notre-Dame-du-Guelhouit pour un incendie, dont l’origine pourrait être criminelle. Grâce à une personne qui se rendait à son travail, à Bubry (56), le pire a été évité. Voyant de la fumée s’échapper du haut du toit de l’édifice, elle a immédiatement donné l’alerte. Treize sapeurs-pompiers des centres de secours morbihanais de Melrand, Guern et Pontivy ont circonscrit le sinistre, tandis que les gendarmes de Baud (56) et des enquêteurs judiciaires de la brigade de recherches de Pontivy étaient à l’œuvre, de même que des agents d’ERDF.

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La charpente de la chapelle Guelhouit, près de Melrand (56), a été endommagée par un incendie criminel.

Statues renversées

« Le feu a pris sur la partie haute de la charpente de l’édifice, il a été rapidement maîtrisé. Quelques éléments de la charpente ayant été atteints, on effectue des découpes pour éviter un nouveau départ de feu », a expliqué le lieutenant Philippe Joubaud, chef de groupe du secteur de Pontivy, en charge des opérations de secours. L’édifice n’a subi que des dégâts mineurs : les boiseries intérieures ont été un peu endommagées. Deux statues ont été renversées et brisées, des objets du culte saccagés.

Jean-Paul Pasco, le maire, arrivé immédiatement sur les lieux, ne décolère pas : « Cela devient très grave, c’est angoissant, la psychose gagne la commune. On ne trouve pas normal que les enquêtes piétinent, depuis le temps, avec le nombre de lieux vandalisés. D’autant que ces dégâts vont encore entraîner beaucoup de dépenses, notamment pour refaire les lambris qui avaient été remplacés et repeints en 2009 ». Une nouvelle plainte va être déposée.

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« Laisser l’enquête faire son œuvre »

Difficile, pour l’heure, d’établir un rapprochement avec les précédents actes de vandalisme qui touchent le secteur de Melrand depuis septembre. Le capitaine Pascal Lhoutellier, commandant de la compagnie de gendarmerie de Pontivy, se refuse à le faire à ce stade de l’enquête. « Tant qu’on n’a pas les éléments techniques et qu’on n’a pas arrêté le ou les individus, on ne le peut pas ». S’il confirme « un renforcement des patrouilles pour la surveillance, y compris en civil », il s’interroge aussi sur « le ciblage du religieux », tout en se voulant rassurant auprès de la population. « Je comprends que les gens soient tendus. Leur inquiétude est légitime mais il ne faut pas qu’elle devienne une psychose. Nul ne doit commettre d’actes irréfléchis en termes de violence, il faut, au contraire, laisser l’enquête faire son œuvre ».

Ces nouvelles dégradations viennent s’ajouter à la liste déjà longue des actes de vandalisme observés dans le Morbihan. En effet, depuis fin août, plusieurs églises ont été dégradées et pas moins de neuf statues ont été saccagées.

Leur presse (LeTelegramme.fr, 4 décembre 2013)

 

Bieuzy. Avant le calvaire dégradé, une statue en bois volée

Mi-novembre, les deux statues en plâtre de la chapelle de La Trinité, à Castennec, à Bieuzy, ont été brisées. Deux autres statues en bois ont été renversées. Et l’œuvre qui y avait été installée pour L’art dans les chapelles a été incendiée. Plus tôt, début octobre, c’est le calvaire situé en face de la chapelle qui avait été dégradé.

« Mais il y a autre chose, avertit un habitant. La statue en bois qui ornait la fontaine de Castennec a aussi disparu début juillet, lors de l’inauguration de L’art dans les chapelles. » Cette statue, haute d’environ 40 cm, représente la Trinité, le père, le fils et le saint-esprit. « Il ne restait que la statue du père avec les bras coupés, souligne le riverain. Mais on y était attaché. »

Leur presse (Ouest-France.fr, 4 décembre 2013)

 

Plouay. Art religieux : la série de dégradations s’allonge

À Plouay (Morbihan), une statue de Notre-Dame-de-Lourdes a été décapitée et une autre abîmée. La série s’allonge.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/12/15.jpgAu cours du week-end, à Plouay (Morbihan), les statues de Notre-Dame-de-Lourdes et de Sainte-Bernadette ont été vandalisées dans la Grotte de la route de Lorient. Les faits ont été découverts dimanche par deux membres du comité d’entretien du site qui passaient par là. La statue de la vierge a été décapitée et le visage de la statue de Sainte-Bernadette a été abîmé à coups de projectiles.

Depuis 1955, ce lieu rappelle la guérison miraculeuse à Lourdes de Marie-Félicité Raux, épouse de Pierre Le Goaller, lors d’un pèlerinage montfortain à Lourdes, en avril 1949. Le site est un lieu de pèlerinage très fréquenté, le 15 août.

Enquête de la gendarmerie

Une plainte a été déposée par la paroisse gestionnaire des lieux à la gendarmerie de Plouay, qui a ouvert une enquête, alors que la série de dégradations d’objets d’art religieux ne cesse de s’allonger dans le Morbihan.

À Bubry et dans la région de Pontivy

Des faits similaires ont été commis à Bubry, commune située à 15 km de Plouay, en septembre et début novembre, aux abords d’une chapelle. Au total, trois statues religieuses ont été renversées et brisées.

D’autre part, des dégradations s’enchaînent depuis le mois de juin dans la région de Pontivy. Le dernier méfait dans ce secteur a été découvert dimanche 17 novembre : deux statues en plâtre ont été vandalisées dans la chapelle de Castennec, à Bieuzy-les-Eaux.

Leur presse (Ouest-France.fr, 25 novembre 2013)

 

Pays de Pontivy. De l’art religieux vandalisé en série

Statues brisées. Calvaires dégradés. Incendie. Après Bubry, Ploemeur, Melrand, c’est une chapelle à Bieuzy-les-Eaux qui a été vandalisée.

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Des statues et une œuvre d’art détruites

Les dégradations d’édifices religieux se poursuivent dans la région de Pontivy (Morbihan). Dimanche dernier, des passants ont découvert la chapelle de Castennec, à Bieuzy-les-Eaux, vandalisée.

« La porte a été forcée, se désole le maire, Léon Quilleré. Deux statues en plâtre ont été cassées. Deux autres en bois renversées. » Et l’œuvre d’art, « Le dragon rencontre les nuages », qui y était exposée dans le cadre de la manifestation l’Art dans les chapelles a été incendiée.

Longue série de dégradations

Les dégradations ont commencé en juin.

– À Melrand, à quelques kilomètres de Bieuzy, la chapelle du Guelhouit est d’abord victime d’une tentative d’incendie. Puis un calvaire, une croix et deux fontaines sont détériorés.

– La dernière semaine d’août, à Bubry, c’est au tour du calvaire d’être dégradé.

– Début septembre, toujours à Bubry, une statue de Sainte-Hélène, placée dans une niche au-dessus d’une fontaine, est retrouvée en morceaux.

– Puis, à Ploemeur, une Vierge à l’enfant du XVe siècle est brisée dans l’église.

– Même sort pour deux statues du calvaire de Melrand dans la nuit du 13 au 14 septembre.

– Une accalmie. Puis, début octobre, le calvaire de Castennec est vandalisé à Bieuzy-les-Eaux. Avant les faits de dimanche dernier, dans la chapelle située en face.

Leur presse (Ouest-France.fr, 23 novembre 2013)

 

De l’art religieux vandalisé en Morbihan

Statues brisées, calvaires dégradés, incendie. Après Bubry, Ploemeur, Melrand, une chapelle de Bieuzy a été vandalisée.

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Le calvaire brisé de Bieuzy-les-Eaux, dans le Morbihan.

Les dégradations d’édifices religieux se poursuivent dans la région de Pontivy. Dimanche, des passants ont découvert la chapelle de Castennec, à Bieuzy-les-Eaux, vandalisée. « La porte a été forcée, se désole le maire, Léon Quilleré. Deux statues en plâtre ont été cassées. Deux autres en bois renversées. » Et l’œuvre d’art de Virginie Barré, « Le dragon rencontre les nuages », qui y était exposée dans le cadre de la manifestation l’Art dans les chapelles a été incendiée.

Les élus et les gendarmes sont restés très discrets sur ces actes de vandalisme. Par peur que la publicité pousse l’auteur à multiplier ses méfaits, selon le maire de Bieuzy : « On a l’impression que plus il crée l’événement, plus il est excité. »

Selon Léon Quilleré, l’enquête privilégie la piste d’un déséquilibré, agissant toujours selon le même mode opératoire, portant des gants et se déplaçant à pied ou à vélo. Du côté de la gendarmerie, toutefois, on reste très prudent : « Nous n’avons pas de pistes, assure Pascal Lhoutellier, commandant de la compagnie de gendarmerie de Pontivy. Aucun élément pour affirmer qu’il s’agit du même auteur à chaque fois. »

Les dégradations ont commencé en juin. À Melrand, à quelques kilomètres de Bieuzy, la chapelle du Guelhouit est d’abord victime d’une tentative d’incendie. Puis un calvaire, une croix et deux fontaines sont détériorés.

La dernière semaine d’août, à Bubry, c’est au tour du calvaire d’être dégradé. Début septembre, toujours à Bubry, une statue de Sainte-Hélène, placée dans une niche au-dessus d’une fontaine, est retrouvée en morceaux. Puis, à Ploemeur, une Vierge à l’enfant du XVe siècle est brisée dans l’église. Même sort pour deux statues du calvaire de Melrand dans la nuit du 13 au 14 septembre.

Une accalmie. Puis, début octobre, le calvaire de Castennec est vandalisé à Bieuzy-les-Eaux. Il est situé juste en face de la chapelle visée dimanche dernier.

Les communes ont porté plainte. Ainsi que l’association l’Art dans les chapelles. « L’œuvre incendiée devait être récupérée par l’artiste le mardi qui a suivi sa destruction », soupire le président Bernard Delhaye.

Leur presse (Yann-Armel Huet, Ouest-France.fr, 22 novembre 2013)

 

Le patrimoine religieux du Morbihan victime d’actes de vandalisme

Plusieurs édifices religieux du Morbihan ont été la cible d’actes de vandalisme depuis le mois de juin.

L’architecte des Monuments de France est attendu sur place pour évaluer le montant du préjudice financier.

Des actes de vandalisme contre des édifices religieux du Morbihan ont suscité l’inquiétude des autorités. Depuis juin, plusieurs communes à l’ouest de Pontivy ont subi des dégradations de leur patrimoine religieux. Le dernier épisode s’est produit à Melrand, dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 septembre. L’un des nombreux calvaires de ce village de 1500 habitants a été amputé de deux statues, représentant la Vierge et saint Jean. Les deux ouvrages en granit de 1,20 m ont été descellés et brisés sur le sol. Un autre calvaire, trois fontaines et une chapelle ont également été dégradés pendant l’été.

« Pourquoi ce vandalisme gratuit ? », s’interroge le maire, Jean-Paul Pasco. Il souligne que ces monuments anciens appartiennent à la collectivité : l’ensemble des contribuables devra régler les frais de restauration. Le dernier calvaire abîmé, qui date de 1827, est classé monument historique. L’architecte des Monuments de France est attendu sur place pour évaluer le montant du préjudice financier.

« S’attaquer aux signes chrétiens, c’est s’attaquer à la foi, mais tous les habitants sont touchés »

Dans la commune voisine de Bubry, deux statues situées près d’une chapelle ont été saccagées. La représentation en granit de sainte Hélène, qui pèse une centaine de kilos, a été retrouvée en morceaux dans la fontaine, le 2 septembre. Quelques jours auparavant, une autre statue de 1,5 m de haut, installée sur l’ancien calvaire du bourg, avait été jetée à terre et brisée en morceaux. Le 5 septembre, c’est une Vierge à l’enfant en pierre polychrome, du XVe  siècle, classée, qui était à son tour retrouvée sur le sol de l’église Saint-Pierre de Ploemeur…

S’agit-il d’actes de dégradation en série ou de faits isolés ? La gendarmerie se refuse à tout commentaire. « L’enquête est en cours », indique Pascal Lhoutellier, commandant de la compagnie de gendarmerie de Pontivy.

Le curé de la paroisse de Melrand, le P. Francis Le Goff, pense, quant à lui, que ces actes de vandalisme ont été commis par une seule et même personne, ou un groupe de personnes. « Ils ont eu lieu dans un très petit périmètre, à quelques kilomètres les uns des autres, dit-il. S’attaquer aux signes chrétiens, c’est s’attaquer à la foi, mais tous les habitants sont touchés. Le patrimoine religieux appartient aux communes. » Un sentiment partagé par les nombreuses personnes qui sont venues se rendre compte des dégâts.

Leur presse (Raphaël Baldos à Vannes, La-Croix.com, 18 septembre 2013)

 

Ploemeur. La statue de «la Vierge à l’enfant» fracassée

Ce vendredi matin, Jo Raoul, le curé doyen et le maire de Ploemeur, Loïc le Meur, ont constaté le saccage d’une statue classée de la Vierge à l’Enfant, fin XVe siècle, accueillie dans l’oratoire de l’église. La statue en pierre blanche de Loire recouverte de polychrome, située au fond de l’église, a été retrouvée en morceaux.

« Un acte volontaire »

« Cet acte est sans conteste volontaire», s’indigne l’abbé rejoint dans ses propos par le maire. L’acte de vandalisme a vraisemblablement été perpétré jeudi après-midi selon les témoignages de ceux qui ont fermé l’église. Le Père Raoul, qui marquera son départ dimanche, ne cache pas sa tristesse devant un tel acte. « Mais il hors de question de fermer notre Église, c’est un lieu de prière, qui doit resté ouvert, au public ». Claudine Bonjoux, la directrice des services de la ville est venue constater les dégâts avec les agents des services techniques et la police. Rappelons qu’un acte similaire a été commis le 2 septembre dans la paroisse Sainte-Hélène de Bubry (Morbihan).

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La « Vierge à l’enfant » avant les actes de vandalisme.

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Et après…

Leur presse (LeTelegramme, 6 septembre 2013)

 

Bubry. Quartier de Ste-Hélène : deux statues vandalisées

Écœurement, colère, sidération, tels sont les mots employés par Jean-Yves Nicolas, le maire, et Clément Evano, le premier adjoint, devant l’affligeant spectacle que présentait, hier, la fontaine de la chapelle Sainte-Hélène : la statue de plus de 100 kg, située dans la niche qui la surplombe, y a été jetée : brisée en trois morceaux, elle gît au fond de l’eau, le visage face au ciel. C’est un promeneur qui a découvert cet acte de vandalisme, dimanche, en fin de journée. L’abbé Prévost est sous le choc et l’émotion est vive au sein du comité de chapelle, ainsi que parmi la population bubryate : cette œuvre, un des joyaux du patrimoine religieux local, avait été réalisée en 2006 par M. Guilloux, un sculpteur résidant à Querrien (Finistère), le préjudice s’élève à 3.658 €.

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Une plainte

La semaine dernière, une autre dégradation avait été constatée à quelques dizaines de mètres de là, au niveau du vieux calvaire : une statue d’environ un mètre a été précipitée au sol, sa tête, qui s’est détachée, repose à côté du tronc. La gendarmerie de Pont-Scorff s’est rendue sur les lieux ; une plainte sera déposée aujourd’hui par la municipalité.

Leur presse (LeTelegramme, 3 septembre 2013)

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[Lutte contre le flashball et son monde] Déclaration de Clément Alexandre

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Face aux armes de la police

J’ai été blessé de manière presque anecdotique, ou en tout cas dans des conditions qui ne méritent pas qu’on s’y attarde, le 21 juin 2009 à la fête de la musique à Paris. Des gens font la fête, en nombre, occupent la place de la Bastille et bloquent la circulation — la police arrive et la situation se tend, elle tire dans le tas : vingt-deux fois disent les fiches d’enregistrement. J’y laisse une dent, une joue arrachée et une double-fracture de la mâchoire. Dans la cohue, je croise une personne qui a l’oreille en sang.

Nous avons alors lancé avec notre avocat Étienne Noël une procédure au Tribunal administratif qui attaque directement la responsabilité du préfet de police. Sur le plan strictement juridique, l’intérêt de cette procédure par rapport aux procédures pénales c’est qu’elle vise la logique qui arme les agents de police et plus seulement le policier qui tire en pleine tête, même si celui-ci mérite tout notre détestation. Plusieurs personnes nous ont depuis rejoint sur cette procédure.

Il est évident qu’il n’existe aucune réparation possible et que nous ne nous faisons aucune illusion sur le droit car aucune décision de justice ne sera en mesure de désarmer effectivement la police. Et s’il peut y avoir une petite satisfaction dans la condamnation du préfet et dans le fait de les voir cracher de l’argent, elle laisse intacte notre rage et notre désir de vengeance pour nous et pour nos compagnons blessés ou mutilés.

L’intérêt véritable de cette affaire c’est quelle rend visible la manière dont la police maintient l’ordre. Chaque fois derrière les blessés et leurs noms propres, il y a des bandes, des complicités et des amitiés — des luttes. À Nantes, des manifestants occupent un rectorat à la suite d’une manifestation contre la LRU. À Toulouse, des dizaines de personnes sortent d’un monop’ sans payer pour lutter contre la précarité. À Montreuil, d’autres se rassemblent contre l’expulsion d’un squat. En banlieue (Villiers-le-Bel, Montbéliard, Trappes, Villemomble, etc.), des habitants s’opposent à la violence policière dans leur quartier. À Montpellier, c’est un groupe de supporters qui est visé. À Notre-Dame-des-Landes, ça résiste contre un projet d’aéroport en occupant et défendant un territoire. À Strasbourg, des métallos bien équipés manifestent contre Arcelormittal.

Ce que la langue policière appelle littéralement « neutraliser une menace » désigne de toute évidence la nature réelle de cette opération politique qui consiste à écraser et faire taire ce qui s’oppose à l’ordre. Le flashball est le nom d’une technique politique qui repose sur la peur et la mutilation. Présenté comme défensif, le flashball est donc clairement une arme offensive.

Si les blessures se produisent toujours dans des moments de tension, de luttes ou d’affrontement, se défendre de la violence policière devient une question pratique dont la nécessité a pu être éprouvée à Notre-Dame-des-Landes où la violence policière déployée et les armes utilisées marquent une nouvelle étape. Face aux risques de blessures, il y a des gestes à trouver pour se protéger. À la ZAD, on a vu apparaître des boucliers et des banderoles renforcées.

Quand on engage une bataille, n’importe laquelle, on préfère toujours gagner que perdre. Mais l’enjeu ce pas vraiment de savoir combien vaut un œil crevé sur le marché des mutilations policières. Si nous on a voulu lancer cette procédure et monter un collectif, c’est pour être capable de penser et contrer les pratiques policières ensemble. Et ça, on ne le fait pas dans l’enceinte d’un tribunal administratif mais avec tous les gens qui les subissent. Pour l’heure, nous lançons donc un appel à toutes les personnes blessées. Nous avons plus à partager que nos blessures.

Nous contacter : Mail / 07 81 10 81 85

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[Troyes] Valls, Franco est fier de toi

Un tag anti-Valls sur le mur du Parti socialiste

Troyes — « Valls, Franco est fier de toi » peut-on lire sur le mur du siège du Parti socialiste de l’Aube, rue Gambey à Troyes. Ce tag, évidemment non signé, a été bombé en grosses lettres dans la nuit de mardi à mercredi.

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S’il n’est pas le premier du genre, le siège du PS ayant été tagué l’an passé, il n’a pas manqué évidemment de susciter de vives réactions au siège du PS. « Le rapport entre Franco et Valls est un peu gros. On peut ne pas apprécier la politique de Valls, mais de là à le comparer à Franco… On ne peut que déplorer de telles choses : c’est mesquin et facile de taguer tout en restant anonyme. On peut critiquer la politique du gouvernement et nous sommes prêts à recevoir des courriers ou des lettres ouvertes mais il faut avoir l’honnêteté de se présenter. C’est très facile de rester anonyme », explique le secrétaire de la section troyenne du PS, Dominique Schneltz [sic], qui indique qu’une plainte sera déposée à la police nationale. Le tag devrait quant à lui être nettoyé par la brigade spéciale de la Ville de Troyes.

Leur presse (lest-eclair.fr, 28 novembre 2013)

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« Lénine est mort, vive la liberté ! » (Malatesta)

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Kiev, 8 décembre 2013

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Hourra pour les émeutiers de Singapour !

http://juralib.noblogs.org/files/2013/12/041.jpgSingapour en état de choc après des émeutes

SINGAPOUR – Des émeutes ont opposé dans la nuit de dimanche à lundi à Singapour des centaines de travailleurs étrangers à la police, choquant la cité-État à l’image multiethnique normalement très policée.

Dix-huit personnes ont été blessées et des voitures de police brûlées dans les premières violences du genre depuis 1969, réveillant le souvenir des émeutes raciales qui avaient alors secoué Singapour.

Selon la police, les émeutes sont survenues après la mort d’un Indien, écrasé par un bus dans le quartier Little India (La petite Inde), où des milliers de travailleurs de la construction du sous-continent indien se réunissent le dimanche pour profiter de leur jour de repos, abusant parfois de l’alcool.

Environ 400 personnes s’en sont alors pris au bus incriminé, ainsi qu’à des voitures de police. Dix policiers ont été blessés, selon les forces de l’ordre.

27 personnes, dont 26 d’Asie du Sud ont été arrêtées, 25 véhicules incendiés dont 16 voitures de police, a-t-on indiqué de même source.

Les images des émeutes, les premières depuis les violences raciales de 1969 selon les médias, ont choqué la population de la cité-État, ville sans histoires où les autorités font régner un ordre absolu.

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Les violences révèlent la face cachée de la riche capitale financière, dont le succès dépend d’une cohorte de travailleurs étrangers, notamment indiens, qui s’estiment souvent les laissés-pour-compte du miracle économique singapourien.

Leur présence fait de plus régulièrement l’objet de critiques de la part des Singapouriens de souche [sic], contrastant avec l’image officielle d’une ville multiethnique très harmonieuse.

Nous n’épargnerons aucun effort pour identifier les coupables et leur infliger toute la force de la loi, a indiqué le Premier ministre, Lee Hsien Loong.

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A prison services officer demonstrates the caning procedure on a dummy inside Singapore’s Changi Prison in an undated file photo.

Mon Dieu. Comment une telle chose peut arriver à Singapour, écrit Hayeden dans un des très nombreux commentaires qui ont fusé sur les sites internet après les émeutes.

Les analystes ont cependant lancé une mise en garde après des suggestions [sic] selon lesquelles les violences pourraient augurer de nouvelles émeutes raciales.

Il s’agit plus d’un incident isolé, estime ainsi Devadas Krishnadas, fondateur de Future-Moves, société de conseil en risques.

Le fait que cela est impliqué des travailleurs étrangers est fortuit et non central. Il n’y aucune justification qui pourrait permettre une généralisation à un groupe, une race ou un sexe, a-t-il jugé.

Le ministre des Transports, Lui Tuck Yew, député de Little India, a estimé que l’alcool aurait pu être un facteur.

Les Singapouriens d’ethnie chinoise [sic] forment la grande majorité des 5,4 millions d’habitants, suivis des Malais, de confession musulmane, et des Indiens.

Presse racialiste (Agence France Panique, 9 décembre 2013)

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