[Bouffe pour pauvres] De la merde, évidemment… mais arôme poulet

Presque tout le poulet américain est contaminé

La quasi totalité du poulet acheté en grandes surface est contaminée par des bactéries dangereuses comme la salmonelle ou l’e-coli, affirme l’influent magazine de consommateurs américain Consumer Report dans une enquête publiée aujourd’hui.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/12/043.jpg

A package of Foster Farms raw chicken from a plant involved in the salmonella outbreak.

Cet équivalent du magazine français 60 Millions de Consommateurs explique que « l’analyse de 300 blancs de poulet crus achetées dans des magasins à travers les États-Unis a mis en évidence des bactéries potentiellement dangereuses dans presque tous les poulets, y compris les marques biologiques ».

« Plus de la moitié des échantillons », achetés en juillet, « contenaient des matières fécales contaminantes » et « environ la moitié contenaient au moins une bactérie résistante à trois ou quatre antibiotiques parmi les plus couramment prescrits », détaille l’article.

Le magazine souligne qu’aucune chaîne de distribution ni aucune marque sur des dizaines testées (Wal-Mart, Tyson, America’s Choice, Whole Foods, Traders’ Joe… etc.) n’est épargnée.

Il met particulièrement à l’index la marque Foster Farms dont trois usines du sud-ouest américain sont à l’origine d’une épidémie de salmonelle particulièrement virulente intervenue cet été aux États-Unis, et qui n’a pas lancé de rappel.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/12/053.jpg

« Qu’est-ce qui ne va pas avec la viande préférée des Américains ? » interroge le magazine, qui rappelle que les Américains consomment 40 kilos de poulet par tête en moyenne chaque année.

Publié par le savoir-faire français (LeFigaro.fr avec l’Agence Faut Payer, 19 décembre 2013)

 

Ces poulets brésiliens affolent la Bretagne

C’est « un sujet parmi d’autres », relativise un diplomate français à Brasilia. Il n’empêche, la place prépondérante qu’occupe le poulet brésilien sur le marché mondial, en concurrence directe avec les industries avicoles bretonnes en difficulté, fera très probablement l’objet de sérieuses discussions entre la délégation du ministre délégué à l’agroalimentaire, Guillaume Garot, et ses homologues brésiliens lors de la visite du président François Hollande, jeudi 12 et vendredi 13 décembre, à Sao Paulo et à Brasilia.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/12/032.jpg

Site du volailler brésilien Ceu Azul Alimentos, à Itatinga, dans l’État de Sao Paulo.

À l’arrêt en juillet des restitutions – ces aides de Bruxelles à l’export qui permettaient aux poulets européens d’entrée de gamme de concurrencer les volailles brésiliennes – s’est ajouté l’effondrement du real, la devise brésilienne, qui rend le poulet brésilien plus compétitif. Au point de placer le pays au troisième rang des producteurs de volailles au monde et à la première place des pays exportateurs. Une ascension éclair : depuis 2004, la production brésilienne de poulets a bondi de plus de 125 % pour représenter 48,3 milliards de reais (15,2 milliards d’euros) en 2013, soit l’équivalent en revenus de la production bovine du pays.

Paradoxe de l’histoire, c’est notamment avec l’implantation du groupe français Doux au Brésil, à la fin des années 1990, marquée par une stabilisation de l’inflation, que la filière a véritablement décollé, en diminuant ses coûts et en modernisant sa production. Le même Doux qui vient de sortir du redressement judiciaire.

L’implantation outre-Atlantique du premier producteur européen de volailles s’est faite par le rachat en 1998 du brésilien Frangosul, l’un des principaux acteurs de la filière avicole locale. Les journaux spécialisés d’alors parlaient d’un âge d’or de la volaille française. L’entreprise bretonne débarque avec son modèle rodé d’élevage hors-sol, qui ne nécessite pas la culture des céréales destinées à l’alimentation des animaux. Et au Brésil, gros producteur de maïs et de soja (à 72 % transgéniques), les coûts sont bien plus faibles qu’en Europe. À cette même époque, le Brésil s’ouvre aux OGM et à la concurrence. D’anciennes fermes traditionnelles et familiales sont rachetées. Les regroupements se multiplient. On s’implante dans des nouvelles régions moins traditionnelles et où les coûts de production sont moindres.

LA CONSOMMATION BRÉSILIENNE S’ENVOLE

La distribution tend à s’améliorer. Les autorités imposent des contrôles sanitaires tout au long de la chaîne. Le pays restera à l’écart des problèmes de la grippe aviaire qui affecteront les autres contrées productrices. La consommation brésilienne s’envole, de 29,91 kg de poulet par personne en 2000 à 47,38 kg en 2011. La demande extérieure suit une courbe identique.

Un acteur clé est au cœur de cette dynamique. Créé par José Batista Sobrinho en 1953, à Anapolis, dans l’État de Goias, JBS-Friboi se hisse à la tête de l’industrie agroalimentaire brésilienne en moins de quinze ans. Il globalise la production, entraîne l’ensemble des filières du secteur. Et multiplie les acquisitions, en dehors et à l’intérieur du pays. Avec le soutien dès le début des années 2000 des fonds de la Banque nationale du développement (BNDES), puissant bras financier des autorités de Brasilia.

Dirigé depuis 2007 par le jeune Joesley Mendonça Batista, 39 ans et petit-fils du fondateur, le groupe a racheté pour 1,5 milliard de dollars (1,09 milliard d’euros) Swift & Company, numéro trois de la viande aux États-Unis et leader en Australie. Il est entré au capital d’une filiale de l’italien Cremonini, a payé cash SBG au numéro 4 américain Smithfield et lancé une OPA sur National Beef Packing, premier exportateur américain au Japon. En 2009, le jour où le groupe annonce s’être offert une partie de Grupo Bertin, l’autre géant brésilien, JBS acquiert 64 % de Pilgrim’s Pride, le roi du poulet américain.

Le géant devient l’emblème d’une filière agroalimentaire conquérante des années Lula. De 2002 à 2011, le chiffre d’affaires de la multinationale passe de 1,2 à 33,1 milliards de dollars. JBS s’affirme comme la plus grande entreprise de production et de transformation de viande au monde.

PRÉSENTE DANS 142 PAYS

Le groupe Doux n’arrive pas à suivre. Son développement accéléré s’est fait à coups de crédits. En 2012, ses dettes sont estimées à 430 millions d’euros, dont près de la moitié sont liées à l’aventure brésilienne. La douzaine de sites Frangosul sont cédés en location-gérance à… JBS. La même année, Doux, qui a dû se séparer de plusieurs sites en France, se trouve placé en redressement judiciaire. De son côté, le président de JBS déclare, le 16 mai, que les gains additionnels du groupe résultant du rachat des unités de Frangosul pourraient s’élever à 1,5 milliard de dollars. Le contraste est saisissant.

Aujourd’hui, la volaille brésilienne est présente dans 142 pays. On estime le coût du poulet d’entrée de gamme à 35 centimes d’euro de moins au kilo que son concurrent breton. Son abattage se fait en moyenne après 41-42 jours de vie. Avec près de 9000 fonctionnaires du service d’inspection fédéral contrôlant la chaîne du froid à travers tout le pays.

Prix, packaging, élevage intensif et puissance de frappe : la force du marché brésilien consiste également à offrir toutes les gammes de production. Pour preuve, l’implantation de Cobb-Vantress. L’entreprise appartient au géant américain de la viande Tyson Foods et est spécialisée en génétique de volaille. Elle investit au Brésil 70 millions de reais par an, possède 6 chambres d’incubation et 2 laboratoires. Avec pour objectif d’augmenter la rentabilité et de passer de 1,7 à 1,4 kg de maïs pour produire 1 kg de poulet dans les dix prochaines années. De quoi pérenniser les ambitions du pays. En 2020, le Brésil projette de fournir près de la moitié du marché mondial de la volaille.

Publié par le savoir-faire français (Nicolas Bourcier, correspondant à Rio de Janeiro, LeMonde.fr, 12 décembre 2013)

Ce contenu a été publié dans General, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.