[Lyon] La police politique travaille

http://juralib.noblogs.org/files/2014/11/13.pngPolice secrète, secrets de la police

Une petite histoire édifiante à propos d’un tract de la Caisse de Solidarité : quand la possession d’un écrit politique vous propulse hors-la-loi.

Un jeune homme nous a récemment contacté pour nous faire part d’une histoire assez incroyable qui mérite d’être rendue publique. Une histoire assez exemplaire des basses méthodes employées par la police quand elle s’occupe de gens ou d’affaires classés « sensibles ».

Garde-à-vue 2.0

Tout commence mardi en fin de journée (le 14 octobre) par un contrôle de la BAC. En sortant d’une camionnette, un homme (appelons le Y) est contrôlé par un policier en civil. Il contrôle son identité et lui demande si il a des stupéfiants sur lui, s’il y en a dans la camionnette. Réponse négative de Y. Manque de chance, le flic trouve rapidement quelques miettes dans la boite à gants. En fouillant un peu plus dans le bordel, il tombe sur un tract de la Caisse de Solidarité ainsi qu’un papier avec une adresse mail et un mot en dessous. Le condé et ses collègues lisent attentivement le tract. « Vous êtes anti-flic ? », « Non ce n’est pas à moi, ce n’est pas ma camionnette ». Les dénégations de Y n’y font rien et les flics l’embarquent direction le commissariat de Villeurbanne.

Et là, c’est parti pour une garde-à-vue de 36 heures. Mais une garde-à-vue d’un genre un peu nouveau. Ce qui cloche, c’est qu’il n’y a rien contre Y, aucun chef d’inculpation n’est retenu à son encontre. Juridiquement on ne lui reproche rien. En fait pendant deux jours, des flics le retiennent enfermé dans une salle du comico et passent leur temps à lui poser toutes sortes de questions. Y ne croise pas d’autres gardés-à-vue. Aucun droit ne lui est notifié, le procureur n’est pas prévenu. Il ne peut pas prévenir d’avocat ni voir de médecin. Y est aux mains de la police pendant 36 heures mais sans véritable statut juridique. Il est juste retenu contre son gré. Personne ne sait qu’il est là. Il n’est pas amené en cellule, comme dans n’importe quelle garde-à-vue classique, mais reste enfermé dans la même salle d’interrogatoire au sous-sol. Il dort deux nuits dans cette petite pièce composée d’une table et de chaises [Il n’en est sorti qu’une fois pour aller aux toilettes.]. La lumière est constamment allumée, il n’a pas accès à l’interrupteur qui se trouve au dehors.

En matière de renseignements…

Pendant une partie du temps, il est interrogé par la BAC au début, puis le deuxième jour par un autre policier qui refuse de dire qui il est, ni pour quel service il travaille. Pendant plusieurs heures, on essaie de lui soutirer des infos sur la Caisse de Solidarité. Le policier demande à Y ce qu’il pense de la police, s’il est « anti-flic », s’il fait partie de la Caisse de Solidarité, s’il connaît la Luttine, etc. Avec en prime des questions sur son enfance, ce qu’il a fait dans sa vie. Il n’y a bien sûr pas de PV d’audition, tout est noté sur des feuilles de papier par un autre flic.

Les flics essaient d’accéder à l’adresse mail notée sur le bout de papier qu’ils ont trouvé dans la camionnette. Mais le mot noté sous l’adresse ne permet pas d’accéder au mail. Après plusieurs tentatives infructueuses, il pose un ordinateur devant Y. « Maintenant, vas-y connecte-toi. Tape le mot de passe ». Y s’exécute sans succès. Les flics s’énervent.

Mercredi matin, les flics se rendent chez les parents de Y, bien sûr en dehors de tout cadre légal, pour voir s’il vit bien là. Ils effectuent une petite perquisition. Au matin du troisième jour, le flic qui l’a arrêté revient le voir dans la salle d’interrogatoire : « allez t’es sûr que t’as toujours rien à nous dire ?… Bon allez barre-toi ». Et l’histoire se termine enfin. Y peut sortir. Sans convocation, sans aucune trace de rien. Comme si ces 36 heures n’avaient jamais existé.

Ces méthodes relèvent très clairement du travail d’une police politique. Il n’y a pas eu de garde-à-vue, mais un enlèvement policier. Quelqu’un a été prélevé de la rue et a disparu pendant 36 heures. On ne peut pas appeler autrement que « police politique », une police qui commence à interroger les gens qu’elle attrape en leur demandant quelles sont leurs opinions, ce qu’ils ont dans la tête, ce qu’ils pensent de telle ou telle chose, qui ils connaissent.

Plutôt que dénoncer ces méthodes et de s’en plaindre, on voudrait tenter un autre geste : mettre en lien cette histoire avec d’autres. Il ne faut pas prendre cette histoire comme étant purement individuelle, comme relevant d’un concours de circonstances ou de flics un peu « barrés » dans leur tête. Elle est à mettre en parallèle avec l’attitude et le modus operandi des flics quand ils sont confrontés à des histoires politiques. Par exemple, on a eu vent ces derniers mois de plusieurs histoires de flics qui volent l’ADN d’interpellés pendant les gardes-à-vue. C’est arrivé à de gens arrêtés pour tentative d’ouverture de squat, et/ou à d’autres fichés comme « militants politiques ». Concrètement, soit les flics volent les lacets des chaussures et les envoient à la police scientifique [Légalement, ils ont le droit de prendre un morceau d’ADN qui se serait détaché « naturellement » du corps du suspect. Dans les affaires classiques, quand les gens refusent de donner leur ADN, les flics les menacent et leur mettent la pression, puis ça part ensuite au tribunal.]. Soit, après avoir amené à manger aux gardés-à-vue, ils récupèrent proprement (à l’aide de gants) les couverts et les verres où des traces ADN ont pu se déposer. On ne le dira jamais assez, si vous êtes amenés à manger en garde-à-vue, jetez aux toilettes la vaisselle en plastique.

Comme autre histoire du même acabit, il y a déjà eu, à Lyon, au cours des dernières années des tentatives de recruter des indics (voir 22 v’là la SDAT et Concernant les récentes tentatives d’infiltration policière au sein du milieu militant lyonnais) dans différents milieux politiques. Là, ça semble pas vraiment être le cas : les flics voulaient juste collecter de l’information, ils étaient très curieux de la Caisse de Solidarité.

Autre exemple sur l’ADN : un homme qui refuse de donner son ADN pendant une garde-à-vue. Un OPJ rentre et s’enferme dans sa cellule. Il lui tend un papier « Tiens, regarde ça c’est les numéros de téléphone de tes employeurs, tu veux que j’appelle qui en premier pour leur dire que t’es là ?… Ouais je m’en fous que ce soit légal ou pas, tu pourras te plaindre à ton avocat après, mais en attendant je vais le faire si tu refuses l’ADN ». Et l’homme craque et accepte le prélèvement au final.

On pourrait encore parler des écoutes illégales dans l’affaire de Tarnac et des arrestations, liées à la manifestation du 22 février 2014 à Nantes, faites à l’aide de base de données photographiques et de rapports anonymes de la DGSI.

… tout est permis

Que montrent tous ces exemples ? Que l’ordinaire du travail policier est de s’écarter de la loi quand ils ont affaire à quelque chose qui leur résiste, à des gens un peu organisés (que ce soient des groupes politiques, des groupes de supporters ultras, le « grand banditisme », etc.), des gens qui ne vont pas se plier à leur quatre volontés. Ce qui les gênent, c’est le fait que des gens décident de ne pas baisser la tête en vivant ce qui leur arrive (arrestations, garde-à-vue, condamnations) sur un mode solitaire et triste. C’est clairement le geste de s’organiser contre cet état de fait, de ne pas se résigner qui les énerve et ne leur plaît pas. On ne va pas s’en étonner.

Cette petite histoire nous apprend qu’il y a encore plus fort que l’anti-terrorisme : l’enlèvement policier. Certes à chaque nouvelle loi, l’anti-terrorisme se renforce, étend son domaine d’action, ses prérogatives, ses moyens et repousse encore plus loin les limites du droit en donnant les pleins pouvoirs à l’autorité policière. Mais on est encore formellement dans le droit, y’a des textes législatifs, encore quelques contraintes juridiques pour les flics et la justice (le droit à rencontrer un avocat…). Avec cette petite histoire – mais combien d’autres y en-a-t-il qui n’ont pas la chance de pouvoir être rendues publiques, d’être un minimum connues – on sort complètement du droit, on est autre part. Un peu comme, en 2002, lors de l’ouverture du camp d’internement de Guantanamo à Cuba où les gens envoyés là-bas n’avaient pas de véritable statut juridique. Ni « prisonniers de guerre », ni « détenus de droit commun », ils n’étaient juridiquement rien. Ce n’est que plusieurs années après que l’administration américaine inventa le concept de « combattants illégaux » pour combler le vide juridique qu’elle avait créée et justifier le traitement qui leur était réservé. Qui sait, peut-être qu’un jour aussi ici, une garde-à-vue extra-judiciaire sera créée et réservée à un type particulier de suspects, ceux qui veulent s’organiser contre la police.

Avec ce genre de pratiques, on est dans un régime d’action policier où un adage comme « la fin justifie les moyens » a force de loi, devient la nouvelle loi. Quand Y demande un avocat au bout de plusieurs heures, les flics lui répondent « t’y a pas droit, t’es pas en garde-à-vue », « ah bah alors je peux partir », « essaie de partir et je te colle un outrage direct ». C’est ce que nous apprennent toutes ces affaires : la police fait partie de ses institutions qui ont partie liée avec la souveraineté. C’est-à-dire qui peuvent dire « c’est comme ça et pas autrement » sans se référer à autre chose qu’à elle-même, sans se référer à autre chose qu’à leur bon vouloir. Ça nous apprend aussi, pour être plus terre à terre, que la police est capable de tout se permettre quand elle s’intéresse à certains groupes, entres autres les collectifs ouvertement politiques (là, en l’occurrence, une banale association de lutte contre les violences policières). Elle ne va pas se gêner, elle n’a pas de scrupules à faire semblant d’être dans les clous du droit. La logique de l’état d’exception est déjà à l’œuvre. Et dans cette logique, la loi est parfois un frein. Dans certaines circonstances, elle est inopérante, pas assez efficace. On peut lui passer dessus.

C’était un message à caractère informatif.

La Caisse de SolidaritéRebellyon, 9 novembre 2014

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[In memoriam Karim Boudouda] « Les médias dominants semblent capables de faire passer le meurtre d’un humain par un policier pour un acte acceptable »

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Karim Boudouda

« À Grenoble, le pouvoir adopte des postures de guerre »

Le 16 juillet, à Grenoble, un braqueur est abattu par la police durant une course-poursuite. Une partie de la population se soulève dans le quartier de La Villeneuve : voitures étrillées, tirs à balles réelles, abribus désossés… Brice Hortefeux, le ministre de l’Intérieur, y fait une visite-éclair de quinze minutes et envoie le Raid et le GIPN, soit au moins 300 hommes supplémentaires. Quadrillage de la zone, barrages filtrants, survol d’un hélicoptère.

Chercheur en sciences sociales, Mathieu Rigouste est l’auteur de L’Ennemi intérieur (publié en 2009), un ouvrage très documenté issu de sa thèse, dans lequel il met en valeur le substrat idéologique des réponses politiques aux dites « violences urbaines ».

Il souligne aussi la construction médiatique de la figure de l’immigré et des quartiers populaires, alors que de nombreux médias ont précisé sans ciller que le braqueur avait été inhumé « dans le carré musulman » d’un cimetière de l’Isère. En entretien avec Rue89, il revient sur ce qui s’est passé à Grenoble.

Rue89 : Vous montrez dans votre ouvrage que les forces de l’ordre observent une stratégie de contre-guérilla dans les banlieues comparable à celle dont la guerre d’Algérie a été le laboratoire. Diriez-vous que les derniers événements à Grenoble et la façon dont les forces de l’ordre sont intervenues confirment cette grille de lecture ?

Mathieu Rigouste : Mon travail consiste à montrer comment la guerre influence le contrôle social et en l’occurrence comment les techniques de répression s’inspirent des techniques de guerre dans la population. À Grenoble comme à Blois, le pouvoir adopte des postures de guerre, il importe et réexpérimente en contexte intérieur, des protocoles testés à l’extérieur.

Dans les doctrines policières et militaires, les populations de Villiers-le-Bel ou d’Abidjan s’apparentent à des « milieux de prolifération des nouvelles menaces » et sont envisagées d’un même mouvement comme des « conflits de basse intensité en milieu urbain ».

La différence essentielle réside dans le « zéro mort » : à l’intérieur, il faut éviter de tuer parce que cela coûte trop cher médiatiquement. Grenoble nous montre que cette distinction tend à s’affaiblir puisque les médias dominants semblent capables de faire passer le meurtre d’un humain par un policier pour un acte acceptable.

Les personnels sollicités parmi les forces de l’ordre (RAID, GIPN, etc), la nature de leur armement ou les techniques utilisées y compris en termes d’occupation de l’espace font-ils apparaître les événements de Grenoble comme un exemple symptomatique de l’évolution récente du maintien de l’ordre ? Est-ce propre aux banlieues ?

La bataille de Grenoble, comme celle de Villiers-le-Bel et comme chaque « opération intérieure », est l’occasion d’expérimenter des nouvelles techniques et de présenter aux marchés internationaux de la sécurité, les nouveaux dispositifs tactiques français.

Chaque opération intérieure est une vitrine, un laboratoire, un rouage sur la chaîne de production du contrôle. Ce n’est pas propre aux banlieues, on exporte aussi des techniques de contrôle des « militants révolutionnaires », des « clandestins », des « prisonniers »…

Par quels rouages diriez-vous que passe le contrôle des populations en zone urbaine type banlieue en dehors de ces périodes d’affrontements ? Y a t-il des mécanismes concrets qu’on peut lister ?

La répression n’est que la partie émergée de la pacification en zone urbaine. Il existe en amont toute une série de dispositifs visant à policer la vie sociale des pauvres. C’est l’un des axes principaux de la plupart des réflexions sur le sujet dans les revues et les instituts de défense et de sécurité : « la coopération police-population », « la médiation socio-culturelle », les « polices de proximité », « la rénovation urbaine », « la gouvernance locale »…

Tous ces domaines sont envisagés par les « stratèges » de la police, de l’armée et du gouvernement, comme des moyens de perfectionner mais aussi de préparer et de faciliter la « sécurisation », c’est-à-dire la surveillance, le contrôle et la répression.

Qu’est-ce qu’une « zone grise intérieure » ? Les banlieues en France le sont-elles devenues ?

Les « zones grises » désignent dans la langue militaire internationale des territoires sur lesquels les États n’auraient plus aucune souveraineté et qui serviraient de bases arrières à la « nébuleuse des nouvelles menaces » : « communautarisme », « islamisme », « terrorisme », « violences urbaines », « criminalité », « incivilités »…

Il s’agit en fait de désigner des territoires sur lesquels on doit intervenir sur le mode de la guerre. Certains quartiers populaires français désignés comme des « zones urbaines sensibles » sont considérés comme des zones grises par des policiers, des militaires ou des dirigeants. Ces derniers tentent ainsi de justifier la radicalisation et parfois la militarisation de la répression.

Quelle est la matrice idéologique de ce contrôle social ?

Considérer la population comme ce qu’il faut protéger et ce dont il faut se protéger, c’est-à-dire rationaliser la production du contrôle en amenant la population à sous-traiter le contrôle, à s’auto-contrôler.

Les « jeunes des banlieues » ont-ils supplanté la « menace islamiste » pour devenir la nouvelle figure de « l’ennemi intérieur » ? Le décryptez-vous à travers la prose militaire ? Les cahiers de la défense nationale ? La communication officielle dans la presse ?

L’« islamiste » ou « le casseur » sont des réglages de l’appareil répressif, des « marionnettes ». Comme pour toute opération, il faut communiquer, désigner l’ennemi, encore plus lorsqu’il s’agit de légitimer auprès de la population une opération intérieure menée dans la population.

Lorsqu’on monte des opérations intérieures il faut des ennemis intérieurs crédibles parce qu’il s’agit d’amener la population à accepter, soutenir voire participer à la purge publique.

La manière dont on désigne l’ennemi intérieur a un lien avec la manière dont on veut contrôler la société. La manière dont on le sacrifie aussi. Mettre une balle dans la tête d’un habitant en bas de son immeuble et laisser le corps à la vue de tout le monde est un message de destruction.

On utilise un peu de « burqa » pour justifier les camps pour étrangers et la guerre en Afghanistan, un peu de « racaille » pour accompagner la destruction des quartiers populaires. C’est un principe de base en stratégie, pour occuper le territoire, il faut occuper les esprits.

Les commentaires, notamment médiatiques, sur la « militarisation des banlieues » vous apparaissent-ils comme une lecture aberrante de la réalité ?

On observe une hybridation réelle de la police et de l’armée, de la guerre et du contrôle. Dans les matériels, les personnels, les techniques, les pratiques et les idées, les domaines classiques de la police tendent à se militariser et les domaines de la guerre, à s’inscrire dans un schéma de police globale.

Vous développez dans votre livre l’idée que le nouvel ordre sécuritaire passe par le fait d’amener la population à s’immuniser contre la subversion. Est-ce opérationnel aussi en présence de ce qu’on a pris l’habitude d’appeler les « violences urbaines » ?

Ça fonctionne à plein régime pour la répression des révoltes des quartiers populaires. Il faut diviser et employer, comme dans le schéma colonial mais comme pour les « classes dangereuses » en général, une partie du peuple contre le reste.

On met en scène des « représentants des jeunes » à qui on fait tenir le discours de la pacification et de la dissociation face aux « tueurs et aux casseurs », on organise la délation anonyme et rémunérée, on emploie des habitants des quartiers pour faire des « grands frères », des « médiateurs » ou les postes « au contact » de l’infanterie et de la police.

Quelle réponse identifiez-vous dans vos travaux de la part de la population locale ?

C’est aux habitants qu’il faut demander, ce sont eux qui résistent chaque jour à la férocité policière. On n’entend quasiment jamais la voix des dominés, si ce n’est quand il s’agit de leur faire tenir le discours des dominants.

Voyez-vous un lien entre l’origine des populations des quartiers populaires (et donc une histoire migratoire) et la déclinaison d’une stratégie issue de l’arsenal sécuritaire colonial ? Est-on ici en présence aussi d’un rictus postcolonial ? D’une vision « racialisante » de l’ennemi intérieur ?

Il y a un continuum dans les pratiques, les techniques, les matériels, les personnels, les institutions et les imaginaires des États. Les sociétés postcoloniales héritent de répertoires coloniaux mais les transforment. La question est en fait de savoir ce qui change.

D’autre part, la xénophobie est structurelle dans l’État-nation, l’étranger y est défini par principe comme un suspect. Désigner ceux qui viennent d’ailleurs comme des impurs, responsables de tous les maux que génère la société est un invariant partout où l’on trouve des États, des proto-États, une hiérarchie sociale, un groupe ou une classe dominante.

Au XIXe siècle, on « racialisait » déjà les « classes dangereuses ». On parlait des « bédouins » et en 1848, pour pacifier Paris et mater les révoltes ouvrières on avait déjà fait revenir des militaires d’Algérie spécialisés dans la « guerre au milieu des populations ».

Il faut comprendre que le racisme est une technique de division de l’humain et le racisme d’État une technique de séparation qui permet d’exploiter à des régimes supérieurs certains segments du peuple.

Propos recueillis par Chloé Leprince, Rue 89, 25 juillet 2010

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[Flics, Porcs, Assassins] Énièmes coups de pressions contre le bulletin Lucioles à Paris

Paris : Énièmes coups de pressions contre le bulletin Lucioles

L’après-midi du 27 octobre 2014, au métro Belleville, la BST débarque une fois de plus. Cette fois-ci, ils sont là pour nous, certainement après nous avoir repéré à travers leurs caméras pendant que nous diffusions le bulletin. Ils arrachent alors des exemplaires du n°19 accrochés aux grilles. Après avoir décortiqué le contenu du journal (oui, ils savent lire), ils décident de contrôler les deux premières personnes qui leur tombent sous la main. Les deux compagnons se font alors embarquer et seront placés en garde à vue au commissariat central du XIXe arrondissement, rue Erik Satie. Ils seront déférés après 24h et inculpés pour refus d’empreintes (une date de procès a été fixée pour janvier). Ils ressortent également avec une convocation pour « injure publique », se référant au contenu du bulletin, visiblement par rapport au court article « « Maïs chaud ! » et harcèlement de rue à Belleville ». Depuis quelques années, nous ne comptons plus les contrôles, les menaces, les convocations, vérifications d’identité, tentatives d’intimidation, les gardes à vues et les vols liés à la diffusion du bulletin dans le Nord-Est de Paris. Il s’agit de leur part, en toute logique et sans surprise, de mettre un frein à la diffusion des idées et pratiques anarchistes et révolutionnaires dans le quartier.

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Nous sommes bien conscients de n’être qu’une petite épine dans le pied de ces sales flics (BST & compagnie) dont le véritable travail reste de mener la guerre aux indésirables (harcèlement des vendeurs de maïs et des prostituées, rafles de sans-papiers, etc.). En pissant là pour marquer leur territoire, ils cherchent à empêcher que les diverses formes de révoltes puissent se rencontrer. Empêcher la diffusion du bulletin est une petite partie de cette stratégie.

Ce communiqué n’a pas pour but de nous victimiser lorsque tant de gens vivent chaque jour une répression bien plus violente de la part des assassins en uniformes. Notre but est de sortir de la logique que l’ennemi cherche à faire prévaloir : une gueguerre privée entre eux et nous, de laquelle nous ne ressortirons jamais gagnants en raison de l’asymétrie des forces. Car nous nous foutons bien d’eux, et c’est avec les habitants du quartier avec qui nous partageons ce bulletin depuis plusieurs années que nous souhaitons dialoguer, en espérant partager bien plus que la belle mais banale haine du flic. Celles et ceux qui se mangent la même répression que nous, et qui se reconnaissent potentiellement en nous comme nous nous reconnaissons en eux et en elles. L’objectif principal de Lucioles étant de maintenir la continuité de la diffusion des idées anarchistes dans la rue, rien ne nous arrêtera. Et que cette petite feuille puisse être un instrument, parmi d’autres, dans les mains des exploités, tant que ce monde d’autorité ne sera pas détruit, continuera la guerre sociale en cours depuis toujours.

Tout continue, vive l’anarchie.

Quelques contributeur/ices de Lucioles – 5 novembre 2014

Pour rappel, on pourra relire le texte Anarchistes vs. Police : nous ne voulons pas de leur guerre privée, publié en décembre 2013 dans Lucioles n°14. Ceux qui souhaitent participer aux diffusions du bulletin et leur montrer que nous ne baisserons pas les yeux face à la terreur d’État, peuvent nous contacter.

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[Flics, Porcs, Assassins] Communiqué de la place du palais de justice occupée à Rouen

Ils nous tuent. Occupons

Hier a eu lieu une marche en souvenir de Rémi Fraisse, assassiné par la police sur le site du projet de barrage à Sivens pour avoir donné corps à son refus. Malgré tous les efforts pour que rien ne se passe, nous ne nous laisserons pas intimider et nous continuerons à exprimer notre colère. Il y va de notre fidélité à Rémi, à nos luttes. De notre attachement à toutes les ZAD, à tous les lieux où ceux qui vivent ensembles tentent de se réapproprier leurs existences et inventent d’autres rapports au monde et aux vivants.

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Face au palais de Justice de Rouen, une cabane de palettes est apparue en cinq minutes. Nous servons des soupes chaudes. Un campement a vu le jour et nous comptons bien y rester. Nous ne revendiquons rien : c’est la possibilité même de lutter et d’envisager d’autres futurs qui est en jeu. Nous, premiers occupants, nous vous appelons à nous rejoindre pour discuter, élaborer la suite du mouvement, construire d’autre cabanes et manger un morceau.

À ce jour, un appel a déjà été lancé dans les lycées. Mais multiplions les actions partout où nous sommes. Montrons que partout, d’autres mondes existent.

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VOIR LA VIDÉO

Discussions aujourd’hui et les jours qui viennent devant le palais de justice à 13h et 20h

Retrouvons-nous.

Face aux armes de la police, 5 novembre 2014

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[Flics, Porcs, Assassins] La question de notre défense ; l’obstacle que constitue la police

Pour Rémi Fraisse et les autres. Pour nous

De la ZAD de NDDL à celle de Sivens en passant par la lutte anti-THT à Valognes ; de Montreuil à Blois jeudi 30 novembre, en passant par Montbéliard, Villiers, Clichy-sous-Bois, Bondy, Trappes, Villetaneuse, les Tarterêts, etc. Là où le drapeau républicain flotte encore dans ce qu’il faut bien appeler des colonies, à Mayotte et à la Réunion ; de manifestations en opérations militaires ; de mutilations en éborgnements – accumulations de gueules cassées, de pièces de métal qui se logent dans la chair, de tendons sanctionnés, de pieds et de mains arrachés, de vies détruites, de frères assassinés.

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Effet du LBD sur le crâne d’un jeune de 16 ans.

La police fait sa sale besogne, protéger un ordre absurde, suréquipée et disposant pour l’occasion de véritables armes de guerres. Il fallait que le pire arrive et l’étonnant c’est qu’il ne soit pas arrivé plus tôt. L’un d’entre nous, Rémi Fraisse, est mort pour avoir donné corps à une manière de percevoir le monde, pour s’être opposé en acte à l’avancée du désert quand il aurait été confortable de rester chez soi. Que la pensée soit autre chose qu’une affaire privée et sans conséquence, qu’elle appelle des gestes et qu’elle s’incarne dans une manière de vivre, voilà ce que ne pourra jamais entendre la bêtise d’un petit notable socialiste pour qui il est « un petit peu bête et absurde de mourir pour ses idées ».

Du côté du gouvernement, la mort d’un homme est un problème qui doit se gérer pour éviter les remous. En mentant d’abord et en occultant durablement les causes et les circonstances réelles de la mort. Les différentes versions savamment distillées suffiront à jeter le trouble. Il aurait été trouvé par la police qui a tenté de lui porter secours. L’explosion pourrait même venir du contenu de son sac à dos. Les problèmes de santé éventuels de la victime étant inconnus, il serait trop tôt pour se prononcer. Masquer donc le fait brut, obscène suivant : un stock considérable de grenades offensives et d’autres armes de guerre avait été amené dans des caisses et des fourgons pour cette occasion comme en d’autres. Ces armes ont été utilisées massivement comme prévu et un gendarme a balancé une de ces grenades militaires sur un manifestant totalement démuni et l’a tué sur le coup. « Mentez, il en restera toujours quelque chose » conseillait un certain Goebbels, expert en communication.

Envoyer ensuite sur le front médiatique un directeur général de la gendarmerie nationale et un directeur adjoint de la communication (ancien commandant de groupement du Tarn) pour justifier ce geste en établissant une symétrie entre les armes militaires des gendarmes suréquipés et les cailloux et quelques boucliers en carton des opposants. S’apitoyer alors sur le harcèlement subi par les gendarmes. Argument déjà utilisé par Valls pour la manif du 22 février à Nantes en mode cours de récré chez Médiapart : « c’est pas nous qu’on a commencé, et nous aussi on a des blessés ». Reconnaître en fait qu’il y a un espace de l’affrontement au sein duquel cette vieille lune du monopole étatique de la violence légitime ne tient plus : ce qu’il y a, ce sont des forces qui s’opposent. Le tort de l’une est de se faire écraser par l’autre. À tout prendre, il faut reconnaître plus d’honnêteté à ce Jean-Christophe Bertrand, directeur départemental de la sécurité publique de Loire-Atlantique, qui assume pleinement les trois yeux perdus ce 22 février 2014 et pour qui « ceux qui prennent le risque de s’en prendre aux forces de l’ordre s’exposent eux aussi à des dommages corporels ». Dont acte. Manifester c’est accepter le risque de se faire éborgner.

Décourager ensuite tous ceux qui trouvent cette mort odieuse et pourrait avoir l’envie de l’exprimer trop clairement. L’opération a déjà fait ses preuves en maintes occasions. Créer une distinction purement artificielle entre le citoyen-manifestant non-violent et le casseur ultra-violent. Assigner des rôles figés et définitifs quand, dans une manif ou un mouvement, les lignes ne cessent de bouger, quand une lutte est toujours une combinaison entre différentes manières de lutter. Agiter le fantasme du black-block en feignant de croire qu’il s’agit d’un groupe constitué et en faisant comme si on n’avait toujours pas compris que s’habiller en noir et se couvrir le visage pour une manif filmée sous toutes ses coutures constitue une tactique diffuse reposant sur un bon sens élémentaire assignable à aucun groupe particulier.

Le sujet-casseur imaginaire ainsi constitué, réprimer durement les manifestants réels. On aurait pu penser que la mort de Rémi allait retenir, un temps, la violence policière. Las, à Nantes les grenades interdites sont utilisées dès le début de la manif du 2 novembre et le flashball mutile encore. Cette fois-ci un homme y laisse son nez. Terroriser encore une fois, marquer les corps et les esprits, pour éviter que ne naisse un quelconque mouvement et que chacun reste chez soi. Interdire au besoin les manifestations comme à Paris le 2 novembre. Arrêter préventivement ceux qui voudraient s’y rendre malgré tout. Boucler un quartier pour empêcher que le rassemblement ne se tienne.

Pour que le peuple de gauche, ce fantôme du théâtre politique, ne s’y trompe pas, on prendra soin aussi de faire en sorte qu’aucun parti ou syndicat affilié n’appelle à des manifs ou rassemblements. Mieux : qu’ils appellent plutôt à ne pas manifester comme les Verts ou l’ACIPA à Nantes le 2 novembre. La chose est entendue, pour la gauche on peut tuer un manifestant sans qu’il y ait matière à s’offusquer d’aucune manière.

On pourra alors se permettre l’infinie crapulerie qui consiste à faire la leçon en reprochant aux manifestants qui expriment leur colère un peu trop fort d’insulter la mémoire de Rémi. Le calme, contrairement à ce dont témoignent toutes les émeutes qui ont suivi un crime policier – de Rodney King à Bouna et Zyed, serait la seule manière d’honorer nos morts.

Pour aussi abjecte qu’elle soit, il faut reconnaître à cette opération une certaine efficacité jusqu’à maintenant. La mobilisation n’est pas à la hauteur de la situation et c’était bien là l’objectif recherché. Imaginer à quoi aurait ressemblé les jours qui viennent de passer si tous ceux qui ont tenus à dire leur colère se seraient tus permet de mesurer comment ce crime aurait pu passer, tranquillement. « Pas une affaire d’État pour les Français » nous dit même un sondage. Nous, nous ne pleurerons pas cinq vitrines et trois abris-bus.

Si ce crime est odieux, il serait absolument faux d’en conclure qu’il relève d’une violence exceptionnelle. L’utilisation d’armes de guerres, les blessures et les mutilations irréversibles, la militarisation de la police est bien devenue la norme du maintien de l’ordre pour les luttes contre les infrastructures (THT, aéroport, barrage), les colères collectives dans les quartiers, les manifestations trop déterminées. Pas loin de trente personnes on perdu un œil ces dix dernières années. Daranka Gimo, une fillette de neuf ans souffre encore de graves séquelles après avoir été touché à la tempe. Le LBD, lanceur de balle de défense, avec lequel la police tire régulièrement sur nos têtes est une arme de première catégorie qui provoque de multiples séquelles irréversibles – fractures et micro-fractures, enfoncements, éclatement du globe oculaire, etc. Dans un rapport, un médecin présent lors des journées du 22-24 novembre 2012 à la ZAD parle de blessures inédites. À Sivens où le niveau de violence policière est extrême, les gendarmes se lâchent au point de lancer une grenade dans une caravane dans laquelle s’étaient réfugiés des occupants.

Ce à quoi nous avons affaire n’est pas une bavure comme le reconnaît Cazeneuve, pas un dysfonctionnement mais une logique politique, une forme de gouvernement. La permanence de la possible destruction des corps comme moyen de contrôle.

Par la mort encore. Régulière pour tous les Lakhamy, Moushin, Wissam, Amine, Lahoucine, etc. Une quinzaine chaque année. Balle dans le dos, défonçage en règle, technique du pliage. Pas de peine de mort mais un permis de tuer pour ces flics qui bénéficient toujours d’un non lieu ou d’une relaxe si l’affaire n’est pas classée.

La situation est la suivante. Des années et des années que se machine une population qui s’accommode parfaitement que des hommes soient assassinées par la police dans les quartiers populaires. Dix ans qu’on accepte parfaitement que le flashball éborgne, mutile et terrorise. Avec la mort de Rémi, se profile un nouveau moment. Quiconque manifeste doit savoir qu’il peut mourir. Pas en Égypte, en Syrie, en Palestine ou en Chine. Ici. À Sivens, NDDL, Nantes, Paris et partout ailleurs.

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Inscription tracée rue de la Liberté à Carcassonne, dans la nuit du 21 au 22 octobre 2014.

La mort de Rémi nous commande de prendre la mesure de cette situation et de nous organiser en conséquence. Laisser le terrain libre à la police et à son monde, c’est assurer la généralisation des meurtres et des mutilations. Prendre au sérieux cette question suppose d’en finir avec ses illusions sur la police et la justice comme nous le rappelle Farid, le frère de Wissam. Le chemin peut être long mais il faut faire vite.

S’organiser en conséquence c’est prendre au sérieux la question de notre défense là où nos corps sont exposés. Les armes utilisées appellent la nécessité de se protéger. Il y a ici aussi un ensemble de savoirs et de moyens techniques à se réapproprier, à partager, à inventer.

C’est prendre au sérieux l’obstacle que constitue la police. Comment le défaire ? Là où d’autres manières de vivre viennent à exister comme à la ZAD, nous avons déjà réussi à mettre la police en échec – toutes les tentatives d’expulsion ont échoué. Détermination de la résistance, détermination de la reconstruction.

C’est refuser que le silence et le calme ne s’installent après la mort de l’un des nôtres. Des dizaines de manifestations et de rassemblements ont eu lieu dans de nombreuses villes malgré les efforts déployés par le pouvoir. Les lycéens appellent à des actions jeudi 6 novembre. Une manifestation le 22 novembre. Les initiatives et les propositions se multiplient comme celle-ci de la ZAD : « harceler et enquêter sur tous ceux qui fournissent la répression, collaborent avec elles, perturber tous les moyens techniques qui lui permettent de s’armer, de se déplacer, se ravitailler et plus encore. Concert de casseroles devant les commissariats et les gendarmeries, harcèlement verbal des patrouilles, recours juridiques contre les armes de la police, sabotages, c’est l’emploi simultané de tous ces moyens qui parviendra à faire mouvement ».

À nous d’élaborer une riposte à la hauteur de la situation.

Nous ne céderons pas à la peur. Pour Rémi. Pour nous. Nos luttes, nos mondes et nos amitiés.

Face aux armes de la police, 4 novembre 2014

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[Valls kyste my ass] Des gens marrants aux Chambarans

http://juralib.noblogs.org/files/2014/11/03.pngDes gens marrants aux Chambarans

Pour sûr que nous nous sommes bien amusés ce matin là. Nous ne fûmes qu’une trentaine à affronter la froideur saisissante de Roybon au petit matin. Nous étions là réuniEs contre le Center Parcs qui espère toujours s’implanter sur cette belle forêt des Avenières, captant les sources des villages alentours, chassant bestiaux, insectes et végétaux. Ruinant la nature pour faire du fric. Et parce que désormais plus aucun espace ne peut s’offrir le luxe de ne rien faire rapporter au capital, ce n’est pas un barrage ou un aéroport qui drainera les deniers mais un tourisme des plus aliéné. Un peu moins de 100 ha à ravager pour construire un bulle de verre (sic) au climat maîtrisé et aux animations folkloriques afin de détendre tout son beau monde une fois l’heure des vacances bien méritées. Quoi de mieux qu’un petit cottage au milieu d’un monde artificiel pour fuir la bêtise humaine et les désastres qu’elle charrie ?

Parce que nous considérons ce projet néfaste, nous sommes allés nous promener dans la forêt que nous aimions arpenter avant qu’elle ne soit privatisée par « Pierre et Vacances », animéEs par l’idée de freiner le départ de ce chantier colossal. Des piquets de repérage bornent le site pour le lancement des travaux. Hop hop y en a plus… Quelques traces de peinture marquent les arbres (apparemment ceux qui devrait être épargnés). Hop hop y en a plein… Nous nous serions crus dans Pocahontas, des piquets soulevés par le vent, et des biches et des sangliers qui taguent ; un spectacle merveilleux.

Au fil de notre ballade, nous croisons une vigile et sa gazeuse familiale, une chic personne que notre indifférence laissa pan-toi. Également des géomètres qui sortent des fourrés la mine rageuse comme si les buissons les avaient molestés.

Plus loin une troupe d’ouvriers que les mille couleurs de l’air du vent n’atteignent plus sont amassés autour de deux monstres machines assimilables à des : « vas-y-que-je-te-mange-la-forêt-pour-faire-des-routes ».

Des ratons laveurs passent et nettoient les quelques détritus que l’entreprise « VIEUX-MELCHIOR », un chef d’entreprise de « broyage et sylviculture » bien bonhomme que les contradictions ne torturent pas trop, avait disposé afin de savamment tout ravager.

Pour les personnes qui désirent lui poser quelques questions sur son travail, n’hésitez pas à lui téléphoner ou à écrire à sons siège d’entreprise (de nos jours on trouve ça facilement). Pour l’heure quelques morceaux choisis : « — Suffit de saccager tout notre travail ! — Bin oui mais toi tu saccages la forêt… — Non mais vous avez qu’à venir avec nous dans votre forêt de merde, vous allez voir ! Des moustiques et des sangsues, des ronces et du houx. — Nous même pour de l’argent on voudrait pas faire ce que tu fais… — Oué c’est ça bin continuez de profiter du chômage ! — Murf murf… »

Tout était dit. Le salaire suffit à ne pas se poser de question quant aux causes et au conséquences du travail que l’on effectue. Une logique sans faille que, si questionnée, ne ferait que plonger dans la plus profonde torpeur.

Plus tard nous entendrons que les sabotages de ce jour-ci auront causé un retard d’un mois et demi sur les chantiers. On peut s’en féliciter même s’il semble que ce chiffre soit un peu « olé olé ».

Plus loin sur le chemin nos croisons les gens d’armes (deux voitures), ils nous invitent à rebrousser chemin car nous serions en violation de propriété privée. L’ambiance est tranquille. Il semble s’inquiéter de savoir si nous avons croisé d’autres groupes. Le temps pour nous est venu de regagner nos véhicules à l’orée de la forêt et de partir. Ils nous suivent et sur le parking, deux autres véhicules arrivent. Ils faut donner son identité… certainEs acceptent, d’autres non, d’autres avec d’autres noms… bref.

Nous quittons les lieux, contents mais pas satisfait. La lutte ne fait que commencer.

N’hésitez pas à venir aider les quelques animaux résistants de la forêt. Ces petites balades peuvent se faire en footing, en couple, ou entre amis (de deux à 10’000).

Ce n’est qu’un début, la lutte s’organise

Rémi nous pensons à toi.

Indymedia Grenoble, 29 octobre 2014

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[Flics, Porcs, Assassins] « Nous continuerons à ne plus nous taire »

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Meurtre d’Amine Bentounsi à Noisy-le-Sec : un policier est renvoyé devant les assises

Nous ne pouvons pas nous réjouir de cette requalification des faits, de passer « d’homicide volontaire » à « violence volontaire ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner » qui pour moi est une déqualification des faits.

Permettez-moi de rester dubitatif quant à la raison pour laquelle ce magistrat ne peut maintenir homicide volontaire, du simple fait qu’un expert balistique puisse dire  » il est probable qu’un homme peut se retourner en une seconde » où en vue de tous les éléments à charge contre ce policier, autopsie qui démontre que la balle est bien rentré par la région dorsale, que vous avez six témoins qui affirment que mon frère ne s’est jamais retourné et qu’il était de dos, les nombreux mensonges dans la déposition de ce policer et de ces collègues, la manipulation de celui-ci, des propos qu’il a pu tenir notamment sur les écoutes téléphoniques, que ce même policier est obtenu la note de 27 sur 30 à une cour de tir 1 semaine avant les faits, qu’il y a eu 4 tirs qui ont été tirée, et bien d’autres tellement les incohérences sont énormes. cette affaire est l’exemple même quand un magistrat a le courage de faire une enquête de fond et que pendant 2 ANS et demi, on a une petite lueur d’espoir on se rend compte avec cette décision de requalifier les faits, ce magistrat a céder à la pression des syndicats policiers, à la pression du procureur, qui ne l’oublions pas travail en étroite collaboration avec la police, à la pression politique de la part de nos dirigeants qui s’immiscent dans cette affaire et d’autres.

Une démonstration magistrale que la justice n’est pas impartiale, une démonstration de toutes ces magouilles et arrangements entre police et politique, une démonstration de ne pas être dans un pays de droit, une démonstration d’injustice et de mensonges, une démonstration qu’un justiciable policier est au-dessus des lois, une démonstration que d’être policer c’est aussi la possibilité de pouvoir tuer en toute impunité.

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VOIR LA VIDÉO

Pour toutes ces raisons nous continuerons à plus nous taire.

Rendez-vous à la cour d’assise.

Amal Bentounsi – Urgence notre police assassine

 

Meurtre d’Amine Bentounsi à Noisy-le-Sec : un policier est renvoyé devant les assises

Le gardien de la paix qui a tué Amine Bentounsi le 21 avril 2012, à Noisy-le-Sec, est renvoyé devant les assises pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ».

L’enquête détaille l’ampleur des solidarités policières et politiques mises en place.

Le 25 avril 2012, sa mise en examen pour homicide volontaire avait provoqué la colère de ses collègues policiers.

À dix jours du second tour de la présidentielle, plusieurs centaines de policiers de Seine-Saint-Denis avaient défilé en armes sur les Champs-Élysées, gyrophares allumés et deux-tons hurlants.

Dès le lendemain, le candidat Nicolas Sarkozy (UMP) leur avait promis « une présomption de légitime défense, car dans un État de droit, on ne peut pas mettre sur le même plan un policier dans l’exercice de ses fonctions et le délinquant dans l’exercice de ses fonctions à lui ».

Le 19 septembre 2014, au terme d’une minutieuse enquête, Nicolas Aubertin, vice-président chargé de l’instruction au tribunal de Bobigny, a renvoyé le gardien de la paix Damien Saboundjian, âgé de 35 ans, devant les assises pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l’autorité publique ».

Co-saisi de l’affaire avec sa collègue Vanessa Lepeu, le juge d’instruction a décidé de requalifier les faits un grade en dessous car « l’information n’a pas permis de démontrer formellement que Damien Saboundjian avait voulu tuer Amine Bentounsi en tirant volontairement à quatre reprises dans sa direction », précise-t-il dans son ordonnance de mise en accusation.

Nicolas Aubertin écarte l’état de légitime défense. Selon lui, le policier, très bon tireur, « cherchait manifestement à interpeller coûte que coûte Amine Bentounsi, sans veiller à assurer sa protection.

Enfin, rien n’établit que le fuyard l’ait à un quelconque moment réellement menacé, si ce n’est ses seules affirmations, difficilement corroborées par les versions multiples de G. B. (son collègue, ndlr) et aucunement confirmée par les témoins de la scène ».

Le 21 avril 2012, vers 20 h 30, un appel anonyme prévenait le centre de commandement de la police de Seine-Saint-Denis de la présence d’un individu nommé « Amine », recherché pour vol à main armée, devant un bar de Noisy-le-Sec.

Repéré par un équipage de Police secours, Amine Bentounsi, 28 ans, s’enfuit. Les trois policiers qui s’engagent à ses trousses ignorent alors ses antécédents judiciaires. Ils pensaient partir sur un contrôle de routine.

Père d’une petite fille de six ans, le jeune homme était en cavale depuis juin 2010 et avait accumulé onze condamnations depuis son adolescence, dont trois devant les assises (lire son portrait dans Libération).

(…) Dans sa course, le fuyard lâche une grenade, qui se révélera factice, puis sa ceinture, ses gants et un étui d’arme de poing. Un des policiers chute, ils sont distancés. Leur quatrième coéquipier Damien Saboudjian, resté au volant du véhicule, contourne le pâté de maisons et tombe nez avec nez avec Amine Bentounsi. Le policier affirme alors avoir été braqué une première fois, s’être recroquevillé dans la voiture, puis s’être engagé à pied à la poursuite du jeune homme. « Quand je suis sorti de la voiture après avoir été braqué, j’ai entendu mon collègue G. B. crier « attention, il a un gun » », ajoute-t-il lors de sa première audition à 2 heures du matin le 22 avril.

Dix à quinze secondes plus tard, plusieurs coups de feu retentissaient et Amine Bentounsi tombait face contre terre, touché par une balle au bas du dos. Quatre douilles seront retrouvées au sol sur le trottoir d’en face.

Courant derrière lui, son coéquipier G.B. est le premier à arriver sur les lieux. Le gardien de la paix découvre un revolver au sol à côté du fuyard qu’il écarte. Puis il s’aperçoit, en voulant le menotter, que le jeune homme saigne abondamment dans le dos. Il le place alors en position latérale de sécurité. À 20 h 39, leur chef de bord demande l’intervention des sapeurs-pompiers. Évacué par hélicoptère, Amine Bentounsi décède d’une hémorragie interne à 5 h 10 à l’hôpital Pompidou.

Quant au policier tireur, en pleurs, il est pris en charge par un agent de la brigade anticriminalité, puis par une cellule psychologique avant d’être interrogé par l’IGS vers 2 heures du matin. Il sera placé en garde à vue le 23 avril à 17 heures, près de deux jours après les faits. « Je calmais mon collègue qui répétait qu’il avait tiré, et touché la personne, a dit l’agent de la Bac interrogé par l’inspection générale de services (Police des polices parisienne, ndlr). Il disait « Je l’ai touché, je crois qu’il est mort, il ne m’a pas laissé le choix, il m’a braqué et j’ai tiré ». »

Interrogé par l’IGS, Damien Saboundjian a affirmé avoir été à nouveau braqué par Amine Bentounsi et avoir effectué en « panique » un « tir de riposte » « pour le neutraliser, pour mettre fin au danger car j’allais mourir ».

Selon lui, Amine Bentounsi l’« attendait sur le trottoir en face avec le revolver. Tant que je ne sortais pas, il restait sur le trottoir à m’attendre ».

Comment alors explique-t-il l’avoir touché dans le dos ? Amine Bentounsi se serait retourné au moment où il a ouvert le feu, suggère le gardien de la paix. « À aucun moment je n’ai voulu le tuer, c’était pour me défendre », insiste-t-il devant le juge le 10 octobre 2012.

Son coéquipier G.B. a d’abord confirmé sa version avec force détails. « J’ai aperçu cette personne se retourner plusieurs fois et soudainement il a pointé son arme en direction de mon collègue, a-t-il affirmé le 22 avril à l’IGS. Je veux préciser qu’il s’est figé, il ne fuyait plus, il était bien campé sur ses pieds. Il tenait l’arme d’une main, il avait le bras devant lui semi-fléchi le canon dirigé vers mon collègue. »

Mais ses propos ont considérablement changé au fil des auditions. Au point que les enquêteurs de l’IGS ont fini par lui demander s’il ne mentait pas « pour couvrir (son) collègue ». Devant la police des polices puis le juge d’instruction, G.B. a reconnu qu’il n’avait pas vu la scène et n’avait fait que répéter « par déduction » ce que lui avait dit son coéquipier. Le commissaire de permanence cette nuit-là pour la Seine-Saint-Denis a d’ailleurs déclaré à l’IGS en août 2012 qu’à son arrivée sur les lieux, les trois collègues de Damien Saboundjian « étaient formels, ils n’avaient pas vu la scène au cours de laquelle les tirs avaient eu lieu ».

L’expertise et la contre-expertise effectuées ne permettent pas de trancher. Les deux rapports concluent qu’au début de la fusillade, Amine Bentounsi pouvait se trouver de face comme de dos. « Rien ne s’oppose à ce que la version du mis en examen soit exacte, affirment le balisticien et le médecin légiste dans leur contre-expertise du 2 janvier 2014. Il faut moins d’une seconde pour qu’un homme fasse un demi-tour sur lui-même. Il faut environ une seconde pour qu’un tireur (…) tire quatre coups de feu. »

Les témoignages des six voisins et automobilistes, qui ont entendu les coups de feu et vu une partie de la scène, sont plus gênants pour le fonctionnaire mis en examen. Aucun n’a vu Amine Bentounsi le braquer. Deux ont en revanche vu le fuyard chuter puis se relever juste avant les coups de feu, ce que n’évoquent jamais les policiers. Quatre occupantes d’une Peugeot 306 affirment même avoir été braquées un court instant par un Damien Saboundjian « complètement paniqué ». Un autre automobiliste a d’abord cru assister à un règlement de comptes entre malfaiteurs. Le bas de caisse de sa voiture a été atteint par une balle à 30 centimètres du sol, « ce qui semble démontrer qu’au moins ce coup de feu était dirigé du haut en bas », observe le juge d’instruction Nicolas Aubertin.

Le juge estime que le policier « est allé sciemment au contact d’Amine Bentounsi, sachant qu’il était armé (…) alors qu’il avait la possibilité de se mettre à l’abri derrière un fourgon Renault Master stationné à proximité immédiate ». Mais Damien Saboundjian assure qu’il est sorti pour localiser le jeune homme qu’il avait perdu de vue et craignait de le voir surgir dans son dos. « Je regardais toujours derrière moi, devant moi, car j’avais peur qu’il arrive derrière moi pour me tirer dessus », a-t-il déclaré en garde à vue. Marié et père de deux enfants, le fonctionnaire est rentré dans la police en 2002 « un peu par hasard », après un CAP de pâtissier et plusieurs emplois précaires.

De façon inhabituelle en matière de violences policières, l’enquête n’a rien laissé au hasard.

L’IGS a entendu la soixantaine de fonctionnaires (policiers et pompiers) qui étaient passés par la scène de l’homicide. La police des polices a épluché l’ensemble du trafic radio, la géolocalisation des véhicules, ainsi que les factures détaillées (fadettes) de téléphone portable de plusieurs policiers. Elle a mené une réelle enquête de voisinage, ce qui a permis de retrouver plusieurs témoins. Une reconstitution a eu lieu. G.B. et Damien Saboundjian ont été entendus à de nombreuses reprises, sans ménagement, par l’IGS puis par les juges d’instruction qui ont pointé les incohérences dans leurs versions. Soupçonnés de s’être concertés, les deux hommes ont même été placés sur écoute de mai à juillet 2012.

Ces écoutes, dont Damien Saboundjian semble avoir été averti – il met en garde ses interlocuteurs à plusieurs reprises –, sont de peu d’utilité pour l’enquête elle-même. On découvre des policiers « sous cachets », marqués, qui ne dorment plus et se disent « traumatisés » à l’idée même de revenir à Noisy-le-Sec sur les lieux de la fusillade. Mais les écoutes éclairent surtout de façon inédite les dessous de l’impressionnante solidarité policière qui se met en place autour du fonctionnaire mis en examen. Les bœufs-carottes de l’IGS et les juges de Bobigny, réputés anti-flics, en prennent pour leur grade.

« J’aurais préféré être jugé sur Paris (…) parce que Paris, ils sont plus cools avec les flics », glisse Damien Saboundjian à un de ses amis policiers le 5 mai 2012.

Persuadé qu’il obtiendra un non-lieu, le policier, délégué syndical au sein du commissariat de Noisy, se vante d’avoir obtenu l’éviction d’un officier de l’IGS qui lui a « mis la pression » durant une audition et dont il a « balancé » le nom « au préfet et au syndicat ». « Nathalie Orioli (ex-secrétaire nationale d’Unité SGP Police FO, ndlr), elle a une audience avec l’IGS, le directeur, explique le policier à sa sœur le 5 mai. Elle leur a remis les pendules à l’heure. Elle a dit : écoutez, vous avez deux solutions. Soit moi je vais casser votre service, soit le lieutenant vous le foutez ailleurs. » Le même jour, le policier mis en examen affirme à son chef de bord que « le lieutenant qui m’a auditionné, qui m’a mis la pression, à mon avis il va changer de service ».

Le 9 mai, c’est la syndicaliste elle-même qui appelle le policier mis en examen : « On est monté à l’IGS, on a mis un coup dans la fourmilière. L’officier, il va manger et ils vont être très soft. » « Attends, ils ont touché, non seulement ils ont touché à un flic mais ils ont touché à un syndicaliste, attends, un truc qu’y faut jamais faire ça », s’exclame Damien Saboundjian le 12 mai à autre ami. Contactée par Mediapart, Nathalie Orioli nous répond que « tout s’est réglé » et refuse de commenter plus avant. Le nom du lieutenant en question continue en tout cas d’apparaître dans la procédure.

Ses ex-collègues tiennent Damien Saboundjian régulièrement au courant des auditions à l’IGS, à l’exception de G.B. avec lequel son contrôle judiciaire lui interdit tout contact. S’il ne fait pas confiance au tribunal de Bobigny, le policier peut en revanche compter sur le ministère de l’intérieur. Il est reçu par « un pote à Sarkozy » et ex-flic Christian Lambert, préfet de Seine-Saint-Denis, ainsi que par le directeur départemental de la sécurité publique.

« Il (le préfet Lambert, ndlr) m’a dit, l’administration est avec vous, raconte Damien Saboundjian le 5 mai 2012 à un ami policier. Il m’a dit, on vous soutient jusqu’au bout. Les frais de justice c’est nous qui vont (sic) les payer, c’est nous qui payons tout, il m’a dit. Il m’a dit, on vous mute où vous voulez et on vous garde votre salaire. » Dix jours plus tard, il confie à un autre ami que « le préfet a parlé avec Sarkozy et Guéant pour le faire muter » à Grenoble, sa région d’origine où vit sa famille. Le 26 avril, le père de famille a en effet été suspendu avec maintien du traitement et affecté à Grenoble.

Il ajoute, selon le résumé en style indirect des enquêteurs, que « dans la situation où il est il claque des doigts pour obtenir ce qu’il veut ». Il espère même « avec cette affaire » prendre « le grade de brigadier ou des échelons ». « La DRCPN (direction des ressources et des compétences de la police nationale, ndlr) dit amen à tout », précise-t-il le 1er juillet 2013. Une syndicaliste lui propose également d’accélérer les demandes de mutation de ses coéquipiers. Ses trois coéquipiers obtiennent de fait leur mutation pour Toulon, Bordeaux et la brigade équestre. « C’est jackpot pour eux, constate un brin amer Damien Saboundjian le 29 juin 2012. Et moi toute la merde, c’est moi qui l’ai bouffée. » Il dit aussi qu’il passe pour un « héros » à Grenoble mais que lui a « honte ».

Le 17 mai 2012, le premier déplacement du tout nouveau ministre de l’intérieur socialiste Manuel Valls est pour le commissariat de Noisy-le-Sec. Tout un symbole. « Apparemment tout le monde il est avec, même le ministre, le nouveau ministre il est passé nous voir », réconforte le 24 mai un ami policier au téléphone son collègue mis en examen. Le même jour, son chef de bord lui précise qu’à Noisy-le-Sec, le ministre n’a pas voulu parler à la famille d’Amine Bentounsi qui l’attendait devant le commissariat. « Putain… bien … je suis bien content », réagit le policier.

Un de ses supérieurs, officier, lui fait part six jours plus tard du soutien du maire (centriste) de Noisy-le-Sec. Un autre, commissaire, lui propose via un syndicaliste de renforcer sa défense face à la famille qui vient de prendre pour deuxième avocat un cador du barreau, Me Dupont-Moretti.

Me Daniel Merchat, l’avocat du policier, indique ne pas avoir fait appel de l’ordonnance de mise en accusation. « Nous en prenons acte et ne souhaitons pas commenter », dit l’avocat. Pas d’appel non plus du côté de la famille d’Amine Bentounsi, même si Me Michel Konitz, l’un des deux avocats de la famille, regrette la requalification des faits. « Les juges ont eu un certain courage, ils n’ont pas enterré le dossier et l’ont instruit dans un temps normal : le policier est quand même renvoyé pour avoir tué quelqu’un », réagit-il.

« Les enquêteurs ont fait un véritable travail de fourmi, reconnaît Amal Bentounsi, la sœur d’Amine. Mais ça reste un fait exceptionnel, dans toutes les autres affaires de familles faisant partie du collectif, ce n’est pas le cas. Le justiciable policier reste au-dessus du justiciable ordinaire. »

Amal Bentounsi appelle à un rassemblement contre les « abus policiers » le 15 novembre 2014 devant le ministère de la justice.

Louise Fessard – Mediapart.fr via À toutes les victimes des États policiers, 22 octobre 2014

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[Révolution mondiale] Compaoré dégagé au Burkina

L’armée a fermement chassé les milliers de manifestants qui contestaient la prise du pouvoir par des militaires, à coups de gaz lacrymogène et de tirs de sommation. Le lieutenant-colonel Isaac Zida assure vouloir former un gouvernement de transition. (…)

Leur presse (Humanite.fr, 3 novembre 2014)

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Le printemps noir du Burkina Faso

Assemblée nationale en feu, télévision prise d’assaut par les manifestants, violences dans les principales villes de province, aéroport fermé et interruption des signaux radio… Le Burkina Faso, qui avait longtemps été présenté comme une oasis dans une région gagnée par la violence, au Mali et en Centrafrique, est entré à son tour en ébullition. Alors qu’au départ, il ne s’agissait que d’empêcher un vote de l’Assemblée nationale qui aurait permis au président Blaise Compaoré de se représenter pour de nouveaux mandats (après 27 années de pouvoir…) les manifestations de rue ont soudain pris un tour insurrectionnel : le frère du président, François Compaoré, a été arrêté à l’aéroport alors qu’il tentait de quitter le pays et on ignore si le chef de l’État s’est retranché dans sa résidence ou s’il se trouve à l’étranger.

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Une partie du Parlement est en flammes, dont le bureau du président de l’Assemblée, et l’hémicycle a été mis à sac.

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Ces émeutes qui ont fait un mort se sont accompagnées du pillages des installations de la radio télévision, du saccage de l’Assemblée nationale tandis que dans la deuxième ville du pays, Bobo Dioulasso, le domicile du maire, censé soutenir le président, a été mis à feu également.

Dans la matinée, surpris par l’ampleur des manifestations, le gouvernement avait précipitamment annulé le vote d’une révision constitutionnelle qui aurait permis au président Comparoé de briguer au moins trois mandats supplémentaires, alors que l’an prochain il achève son dernier mandat, après deux septennats (1992-2005) et deux quinquennats. Depuis des mois, l’opposition et les syndicats s’étaient opposés à ce projet de révision de la Constitution, mais la violence du soulèvement, le plus grave depuis la vague de mutineries survenue en 2011, a visiblement pris de court toute la classe politique, d’autant plus que l’armée semble s’être solidarisée avec les manifestants et que l’on ignore si elle se résoudra à prendre le pouvoir pour mettre fin aux désordres.

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Manifestation contre la prise de pouvoir par l’armée suite à la chute du régime de Blaise Compaoré.

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La colère qui déferle sur le Burkina Faso est déjà qualifiée de « printemps noir » en référence en « printemps arabe ». Elle secoue un régime considéré comme le plus stable de la région et une plaque tournante de l’influence française. À tel point qu’il avait même été question de proposer à Blaise Compaoré, fidèle lieutenant de la Françafrique, d’être nommé à la tête de la francophonie, en remplacement du Sénégalais Abdou Diouf, en fin de mandat.

Considéré comme un médiateur incontournable dans toutes les crises de la région (Côte d’Ivoire, Centrafrique, Mali, Niger) ceux que ses compatriotes surnomment « le beau Blaise » avait cependant refusé, considérant qu’il lui fallait encore du temps pour organiser sa succession. La rue lui a refusé ce crédit là, car malgré son apparente stabilité et une bonne gestion des villes, le Burkina Faso demeure l’un des pays les plus pauvres d’Afrique. En outre, le « pays des hommes intègres » (nom mossi de l’ancienne Haute Volta) n’a jamais oublié le crime fondateur qui a permis au président de s’installer au pouvoir : alors qu’il était son plus fidèle lieutenant, Blaise Compaoré, le 15 octobre 1987, fut accusé d’avoir participé à l’assassinat de Thomas Sankara, avec la complicité du président de Côte d’Ivoire Houphouet Boigny et l’assentiment de Paris. Le souvenir de Sankara, qui avait osé bousculer les chefs traditionnels et mettre en cause les relations privilégiées avec l’ancienne métropole, hante toujours les Burkinabé : voici quelques semaines encore, des membres de sa famille avaient voulu obtenir l’ouverture de son cercueil, afin de vérifier si le corps n’avait pas été remplacé par des sacs de pierres ! Quelques années après la mort de Sankara, le journaliste Norbert Zongo fut lui aussi assassiné alors que son enquête sur la disparition du président l’avait conduit à mettre en cause François Compaoré, le frère du chef de l’État.

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Les Burkinabes ont pillé la maison de François Compaoré, frère du président déchu.

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À Bobo Dioulasso le monument de Blaise Compaoré détruit.

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Billets d’anciens CFA retrouvés à Bobo chez Mamou Doukoure, femme d’affaires.

Dans la sous région, malgré sa réputation de médiateur et de fin diplomate, Compaoré était aussi accusé d’avoir tiré profit de toutes les crises qui secouèrent les pays voisins : il soutint Charles Taylor et Prince Johnson durant les guerres qui dévastèrent le Liberia et la Sierra Léone tandis que les diamants de guerre s’écoulaient via Ouagadougou, il offrit une base arrière aux rebelles des « Forces nouvelles » qui en Côte d’Ivoire lancèrent la guerre contre Laurent Gbagbo et finirent par porter au pouvoir Alassane Ouattara l’actuel président.

Le « printemps noir » de Ouagadougou, où on a vu la population s’opposer violemment au projet de modification de la constitution, est suivi attentivement dans toutes les capitales africaines, et en particulier au Burundi, au Congo Brazzaville, au Rwanda, au Congo-Kinshasa, au Gabon, des pays où le président sortant est également soupçonné de vouloir prolonger ou renouveler son mandat au-delà des délais prévus.

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Dans les locaux de la télévision publique, prise d’assaut par les manifestants.

La vague d’opposition qui a soulevé le Burkina Faso est d’autant plus interpellante que, si la population est descendue dans la rue, la « communauté internationale » quant à elle, avait tacitement approuvé la reconduction du président sortant, au nom de la « stabilité ».

Entre 2014 et 2016, 52 scrutins, dont 25 élections présidentielles, doivent se tenir dans 27 pays africains. C’est dire si le « printemps noir » du Burkina Faso est suivi sur tout le continent, galvanisant une société civile qui s’est déjà mobilisée au sein d’une coalition « mon vote doit compter »…

Leur presse (blog de Colette Braeckman, LeSoir.be, 31 octobre 2014)

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[Flics, Porcs, Assassins] « À chaque fois que l’État assassine on a aussi l’opportunité de l’arrêter »

http://juralib.noblogs.org/files/2014/11/04.jpgLettre ouverte à la mère de Rémi

La lettre qui suit est adressée par Farid El Yamni, frère de Wissam – assassiné par la police le 1er janvier 2012 – à la mère de Rémi Fraisse. Il a voulu qu’elle soit rendue publique, mais elle sera également envoyée dés que possible à l’adresse des parents de Rémi Fraisse.

À l’heure où sur Paris on condamne les manifestations violentes et où on loue les sit-in pacifiques, je vous écris cette lettre.

J’ai perdu mon frère dans des conditions très proches de celles dans lesquelles vous avez perdu votre fils. Mon frère qui prenait tant soin de ma mère nous a quitté, il ne reviendra plus. La perte de mon frère était sur le coup une douleur immense que je ressens à chaque fois que l’État assassine à nouveau. « Là où croît le danger croît aussi ce qui sauve » disait quelqu’un. À chaque fois que l’État assassine on a aussi l’opportunité de l’arrêter, de le contraindre à changer et de rendre la dignité perdue à tous les autres.

Par la mort de Rémi se noue beaucoup plus que l’histoire d’une vie, il se noue notre vie à tous, individuellement et collectivement. La criminalisation qui a été opérée est terrible, ça a été la même chose pour nous. J’ai compris plus tard qu’elle était voulue. Je ne voulais qu’une chose, que la Justice fasse la vérité et rende la dignité que méritait mon frère, dans le calme, et que cette histoire profite à tous, à nous les gouvernés pour mieux nous aimer et à la police pour la réconcilier avec la nation. Je pensais que la police ne pouvait accepter dans ses rangs des assassins, je ne la connaissais à l’époque pas assez. Je me trompais. Les quartiers ont brûlé, on a appelé au calme : chaque voiture ou chaque poubelle brûlée était vécue comme une insulte, comme une épine en plein cœur, une épine sur laquelle on appuyait.

Puis le temps est passé, on nous a promis la vérité, mais on n’a eu que des mensonges, que des fausses promesses, comme tant d’autres avant nous. On nous avait prévenu, mais on n’y croyait pas. François Hollande, lui-même, avait pris ma mère dans ses bras et lui avait promis qu’il nous aiderait à faire la lumière sur la mort de son fils. Sans la justice et la vérité, on vivait le temps qui passait comme une condamnation. Nous étions toujours en prison, à suffoquer et à appeler la Justice à l’aide.

Et puis on a compris que notre cas n’était pas isolé, que tant d’autres familles vivaient et vivent la même chose. Il y a tant d’humiliations et de mutilations commises consciemment par la police et couvertes par la justice, tant !

On a aussi découvert la manière de penser des policiers, ça fait froid dans le dos. Voici un exemple : Mercredi dernier, suite à la manifestation sur Paris, un des policiers m’a dit « 1-0 » devant ses autres collègues au commissariat, qui ricanaient lorsqu’ils me voyaient arborer le tee-shirt « Urgence Notre Police Assassine ». Aucun ne l’a repris, aucun… Des exemples de ce genre, tant de français en vivent quotidiennement, ils n’en peuvent plus de cette police et n’en voient pas le bout.

Je comprends l’appel au calme, on l’a également fait. Comprenez également que de nombreuses personnes ne croient plus en ce système qui donne une impunité de facto à la police. Comprenez que l’on ne peut concevoir la non-violence qu’à condition de supposer que le camp d’en face est capable de se remettre en cause : ils en sont humainement incapables, parce qu’ils considèrent que remettre en cause la police, ce serait remettre en cause l’État. Depuis 40 ans, la police tue impunément, à répétition. Depuis 40 ans, on assiste à la même démarche pour noyer les meurtres de l’État, malgré les vidéos, les témoins, les évidences. Depuis 40 ans, il y a des sit-in, des manifestations, des livres, des prises de positions d’hommes politiques, des tribunes adressées au ministre de l’intérieur. Depuis 40 ans, ça ne fonctionne pas.

Voici comment ça se passe : dépêche AFP, mensonge du procureur, enquête de mauvaise qualité et tronquée pour aboutir sur une condamnation ridicule après de nombreuses années, voire à une absence de condamnation. Le pire, c’est que ceux qui vont enterrer l’affaire auront des promotions et ceux qui ont tué nos frères, nos fils ou amis, eux seront traités comme des champions par leurs collègues. Telle est la réalité que vous vivrez vous aussi.

Manuel Valls dit que les violences sont des insultes à la mémoire de Rémi, mais sachez que Manuel Valls, par son inaction à combattre l’impunité policière, est le premier meurtrier de votre fils. C’est un criminel récidiviste. Il est venu à Clermont-Ferrand une semaine avant le rendu du rapport de contre-autopsie bidon dont il connaissait les aboutissants, et il n’a parlé de l’affaire que pour mieux condamner les violences de ceux que la mise à mort de mon frère révoltait.

Madame, les gens se battent pour Rémi, pour leur dignité et pour leurs idéaux. Ils se battent pour vous, pour nous tous, pour que la fraternité soit effective. Ceux qui se battent connaissent assez la malveillance de nos gouvernants pour comprendre qu’on tente de nous fait croire que nous sommes dans un État de droit, alors que nous sommes dans un État de devoir. L’État ne respecte pas la loi qu’il demande qu’on respecte. Il se joue de notre corps, de notre confiance, de notre argent et de notre dignité. Il nous demande d’être à genoux, c’est un impératif catégorique.

Je vous ai écris cette lettre à vous comme à tous ceux qui me liront pour vous faire savoir que je comprends aujourd’hui plus que jamais combien la non violence dans les affaires de crimes d’État a ses limites. La non-violence, par son impuissance, est parfois plus condamnable, plus meurtrière que la violence elle même. Les gens qui nous gouvernent sont malveillants, arrivistes, sadiques et récidivistes. Ils doivent partir par tous les moyens nécessaires.

Farid El Yamni, frère de Wissam El Yamni, assassiné par la police le 1er janvier 2012 à Clermont FerrandParis Luttes Info, 3 novembre 2014

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[Flics, Porcs, Assassins] Répression de la manif du 2 novembre à Paris

Répression, Mensonge et Manipulation
Communiqué de l’Assemblée en lutte suite à la mort de Rémi Fraisse
Paris, Dimanche 2 novembre

On peut dire que ce dimanche à Paris la répression policière a passé une étape…

Jeudi 30, l’assemblée suite à la mort de Rémi Fraisse ainsi que certaines organisations  décident d’appeler à une manifestation le dimanche 2 novembre. Non seulement, la préfecture interdit cette manifestation mais elle descend au petit matin chez les deux personnes ayant déclaré la manifestation pour les impressionner, leur faire peur, les dissuader de continuer à organiser cette mobilisation. Sous la pression policière, les organisations se rétractent.

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Policiers masqués : à Nantes, la police montre son vrai visage

Le dimanche matin, une centaine de policiers quadrille la ville de Montreuil. Elle contrôle les métros et encercle un lieu d’activités sociales et d’organisation politique. Elle veut empêcher que les tracts et les banderoles arrivent à la manif. À 14h, une vingtaine de personnes sortent du lieu pour se rendre au départ de la manif. Ils sont contraints de cacher les tracts dans leurs pantalons. Ils sont tous arrêtés préventivement. Ils passeront quatre heures au commissariat.

Pendant ce temps-là le 19e, le 20e et le 10e arrondissement sont quadrillés par des milliers de policiers qui contrôlent et fouillent à tours de bras. Malgré cela, plusieurs centaines de personnes bravent l’interdiction et parviennent à former un rassemblement. Quelques tentatives de départ en manifestation échoueront devant l’ampleur du dispositif policier. 140 arrestations ont lieu pour tout et n’importe quoi : distribution de tracts, port d’un casque de vélo…… Ce soir à notre connaissance, au moins 18 personnes sont en garde à vue pour entre autre « attroupement non armé en vue de commettre des dégradations ».

On est arrêté et inculpé sur la base de supposition d’intention alors qu’eux viennent de tuer l’un des nôtres ?

Mais la répression ne s’arrête pas là. Le niveau de désinformation et de mensonge produit par le gouvernement et véhiculé par les médias vient couronner le tout. Alors qu’il n’a rien pu se passer à Paris, qu’il était très difficile de se réunir, que la police avait instauré un climat de peur, les articles de journaux parlent de débordements, reprenant tel quel les communiqués de la préfecture sans aucune autre source. En focalisant le débat sur la violence des manifestants, le gouvernement divise le mouvement et occulte la violence initiale, celle qui a tué Rémi, celle de la police qui tue et mutile quotidiennement. Vendredi à Blois, un jeune homme a perdu un œil suite à un tir de flashball. Samedi à Nantes deux personnes ont été grièvement blessées au nez et à l’œil par des tirs de flashball.

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Nantes, samedi 1er novembre 2014 : Flashball en pleine tête, nez arraché.

Pour que la mobilisation continue, il nous faut sortir de la nasse militaire et médiatique dans laquelle on veut enfermer notre colère.

Soyons nombreux et nombreuses, à venir largement, à l’assemblée générale qui se tiendra ce mardi 4 novembre à la Parole Errante à 19h,
9 rue François Debergue 93100 Montreuil

 

Près d’une centaine d’interpellations à Stalingrad cet après-midi

En amont et suite au rassemblement de la Place de Stalingrad interdit par la préfecture de Paris cet après-midi à 15h, une trentaine de personnes de personnes qui souhaitaient se rendre à la manifestation à Montreuil ont été interpellées préventivement sur les quais du métro aux stations Mairie de Montreuil et Croix de Chavaux.

Près de 400 personnes ont tenté malgré tout de se rassembler sur la Place de la Rotonde. De nombreux contrôles ont été effectués aux abords de la place, à la sortie des stations Jaurès et Stalingrad et aux terrasses de café. Après des contrôles d’identité successifs, près de 250 personnes sont parvenues à se rassembler sur la Place de la Rotonde avant d’être chargées, encerclées et gazées sur les quais, au niveau des cinémas. Plusieurs personnes ont été molestées à coup de tonfa. 97 fourgons ont été comptabilisés à proximité et de nombreuses unités de la BAC et de la police renforcent le dispositif de 600 policiers anti-émeute. D’autres charges et nasses ont eu lieu sous le pont aérien du métro et sur la place de la Rotonde, sur le quai de Valmy, aboutissant à plus d’une soixantaine d’interpellations jusqu’à dispersion complète vers 18h. Dans le même temps, plusieurs personnes ont été interpellées suite à la fouille de leurs sacs et pour avoir distribué des tracts à proximité.

À 19h30 ce soir, 19 personnes sont en GAV et près de 80 personnes sont toujours détenues dans le commissariat de la Rue des Évangiles et devraient bientôt être relâchées une à une (plus de 4h après leur interpellation). Près de 80 personnes sont rassemblées en soutien devant le commissariat et ont été gazées et refoulées brutalement plus loin.

Dans le même temps une réunion est organisée en réaction à 19h ce soir au CICP.

L’équipe juridique assurant le suivi de la manifestation – 2 novembre 2014

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[Que se passe-t-il en Ukraine ?] Hurrah !!! ou la Révolution par les Cosaques

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Lire la brochure sur le site des Éditions Antisociales

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[Besançon] C’est possible : on chôme, on sabote, on ne paie plus

Des intermittents disent avoir coupé des compteurs électriques à Besançon

La consommation des foyers concernés, situés dans des secteurs populaires de la ville, a de fait été stoppée. La Coordination des intermittents et précaires entendait ainsi mener une «action de désobéissance civile».

La Coordination des intermittents et précaires (CIP) de Franche-Comté a revendiqué mercredi la coupure d’une centaine de compteurs électriques ERDF à Besançon, stoppant le relevé de consommation des foyers concernés. Les intermittents affirment mener une «action de désobéissance civile» pour protester contre la réforme de la convention d’assurance chômage signée en mars, qui durcit les règles d’indemnisation.

«Nous avons coupé le compteur d’une centaine de foyers, dans les secteurs de Besançon les plus populaires : le courant passe, mais il n’est pas comptabilisé sur la facture du logement», a affirmé à l’AFP un membre de la coordination sous couvert d’anonymat.

ERDF s’est dit dans l’impossibilité de «vérifier techniquement cette affirmation». «Nous nous rendrons compte d’éventuelles coupures lors des prochains relevés des compteurs électriques», a-t-on expliqué. Selon la CIP, l’action menée par une quinzaine de personnes a débuté «mi-septembre», «à l’insu des habitants qui ont ainsi l’électricité gratuite».

«Notre action se poursuivra jusqu’à ce qu’on obtienne l’abrogation complète des accords du 22 mars, qui visent à précariser les intermittents, mais aussi toute une partie de la population», a prévenu le membre de la coordination. «Si les compteurs ont été dégradés, c’est extrêmement dangereux», a commenté ERDF qui invite les usagers concernés à contacter l’entreprise, s’ils constatent un dysfonctionnement de leur compteur.

La CIP assure avoir agi «sans dégrader les compteurs». «S’il y a fraude, nous porterons plainte et nous procéderons à une régularisation financière», a indiqué ERDF. L’électricité de deux agences Pôle emploi de Besançon a par ailleurs été coupée mercredi, selon la police, mais les intermittents n’ont pas revendiqué ces coupures.

À la veille d’une nouvelle réunion de concertation sur la «refonte» de leur régime et dans le cadre d’une journée d’action nationale, mercredi, «plus d’un millier» de personnes ont défilé à Paris, selon la CGT Spectacle.

Leur presse (Agence Faut Payer, 1er octobre 2014 – 21h01)

 

Réforme de l’assurance-chômage applicable : les intermittents ne lâchent rien !

Une trentaine d’intermittents du spectacle a manifesté ce mercredi 1er octobre dès 10h devant l’agence Pôle Emploi à Témis entourée d’une trentaine de policiers. C’est aujourd’hui que la réforme de l’assurance-chômage est appliquée à l’ensemble de la population après trois mois d' »essai » sur le statut des intermittents.

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Les intermittents (et journalistes) discutent avec la Direction départementale de Pôle Emploi.

« On s’est rassemblé au Pôle emploi pour demander des éclaircissements sur ce nouveau système de l’assurance-chômage à la direction départementale qui a répondu à toutes nos questions et qui a confirmé tout ce qu’on sait depuis des mois, tout ce que nous crions à tue-tête » nous raconte Yann Carou, intermittent, « elle nous a confirmé la complexité de cette réforme et sa crainte par rapport aux réactions de la population… même s’il y a aussi eu des non-dits » précise-t-il.

Il s’agit, d’une façon générale, de la baisse des indemnités, des droits rechargeables pour l’ensemble des chômeurs. Tant qu’un chômeur n’a pas écoulé ses droits rechargeables, il ne peut pas prétendre à d’autres droits.

Exemple : une personne qui a travaillé pendant cinq ans et gagnait 1.000 euros par mois perd son emploi. Elle peut percevoir des indemnités de chômage pendant 5 ans. Au bout de 3 mois au chômage, cette même personne retrouve un emploi et gagne 2.000 euros par mois pendant 10 ans. Si elle perd une nouvelle fois son emploi, le calcul de ses droits ne s’effectuera pas en fonction de ses dernières fiches de salaire, mais en fonction de ses droits qu’elle devait percevoir pendant 5 ans lorsqu’elle s’est retrouvé au chômage la première fois qu’elle n’a pas « consommé ».

« Nous n’avons pas vandalisé les deux pôles emplois cette nuit »

Yann Carou et Christophe Gaiffe nous expliquent « On a appris une chose incroyable en discutant avec la Direction, c’est que les deux autres pôles emplois étaient fermés à cause de vandalisme dans la nuit et nous accuse ». Les deux intermittents tiennent à déclarer que « cette fois-ci ce n’est pas nous. Ça confirme que les gens commencent à comprendre que ce n’est pas un problème propre aux intermittents, mais un problème général ! Les partenaires sociaux qui ont signé l’accord vont être mis à rude épreuve ».

Une réunion devrait être organisé au mois d’octobre concernant le cas des intermittents avec un spécialiste [sic – NdJL].

Les intermittents continueront leurs actions pour sauver leur statut ces prochains mois.

Leur presse (macommune.info, 1er octobre 2014 – 17h30)

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[Oregon] L’« antiterrorisme » travaille

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30 ans de prison pour une tentative d’attentat

Un Américano-Somalien a été condamné aujourd’hui à 30 ans de prison pour avoir voulu faire exploser une bombe lors d’une cérémonie de Noël dans l’Oregon (ouest des États-Unis) à laquelle assistaient des milliers de personnes, a-t-on appris de source judiciaire.  Mohamed Mohamud, 23 ans, a été jugé coupable l’an dernier d’avoir pris part à un projet d’attentat le 26 novembre 2010 lors d’une cérémonie autour d’un arbre de Noël.

Lors d’un procès de plus de trois semaines, ses avocats avaient affirmé qu’il avait été piégé par des agents du FBI, la police fédérale américaine, agissant sous couverture. Les procureurs de l’Oregon avaient fait valoir que le jeune homme avait activement participé à ce projet d’attentat. Il avait été reconnu coupable en janvier 2013 pour tentative d’utilisation d’arme de destruction massive.

Aujourd’hui, M. Mohamud s’est excusé devant le tribunal, peu avant l’annonce de sa sentence.  « Les choses que j’ai dites et faites étaient terribles. (…) Je veux m’excuser auprès de tout le monde », a-t-il dit, selon des propos rapportés par le quotidien The Oregonian, qui ajoute qu’il a également présenté ses excuses à la communauté musulmane.

Leur presse (LeFigaro.fr avec l’Agence Faut Payer, 1er octobre 2014)

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Territoires : entre dépossession et exclusion

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[L’invasion des profanateurs de sépultures] Le respect du char d’assaut national se perd

Le Monument des chars d’assaut de Berry-au-Bac a été pillé

Le 16 avril 1917, à Berry-au-Bac, sur le Chemin des Dames, des chars d’assaut français de type Schneider CA1 furent engagés au combat en direction de Juvincourt. Il s’agissait alors d’une première pour l’armée française, qui suivait ainsi l’exemple britannique, grâce notamment au général Jean-Baptiste Estienne, le « père » de ce que l’on appelait à l’époque « l’artillerie d’assaut ».

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Mis en oeuvre par un équipage de 6 hommes (1 conducteur et 5 servants), les Schneider CA1 étaient armés par un canon court de 75 mm et de 2 mitrailleurs Hotchkiss (une sur chaque flanc). Chenillés, d’une masse de 13,6 tonnes au combat, ils avaient une autonomie de 48 km. Cependant, leur blindage n’étant, à l’origine, pas très performant, ces chars étaient vulnérables.

Aussi, leur premier engagement, jugé prématuré par le général Estienne, n’eut pas les effets espérés par le général Nivelle. Sur les 132 Schneider CA1 mobilisés, 35 furent détruits, 17 fixés par l’artillerie allemande et 18 subirent des pannes.

Pour rendre hommage aux équipages tombés au combat ce jour-là et aussi pour marquer la première apparition des chars français, un mémorial national a été érigé à Berry-au-Bac, dans l’Aisne, puis inauguré le 2 juillet 1922 en présence du général Estienne, mais aussi de celles des maréchaux Foch et Pétain.

Alors que l’on commémore, cette année, le centenaire du début de la Première Guerre Mondiale, des individus sans foi ni loi n’ont rien trouvé de mieux que d’aller piller ce Monument des chars d’assaut. Le désastre a été découvert par un automobiliste, qui a ensuite averti la mairie de Berry-au-Bac.

« Sur le coup, je me suis dit : ‘Ils n’ont pas fait ça’. Et puis quand je suis allée sur place, j’ai dû me rendre à l’évidence. J’étais atterrée, comme beaucoup de gens d’ailleurs. Cela me fait froid dans le dos. Comment peut-on s’en prendre à un tel monument ? Des gens sont morts pour nous et c’est leur mémoire qu’on salit », a dénoncé avec vigueur, dans les colonnes du quotidien L’Union/L’Ardennais, Marie-Christine Hallier, Mme le maire de la commune, qui a déposé une plainte auprès de la gendarmerie.

Visiblement, les voyous ont été rapides pour faire leur sale besogne puisque le site est très fréquenté. Ainsi, ils ont eu le temps de voler, entre autre, un bas-relief en bronze, un portrait, dans le même alliage, du général Estienne ainsi qu’une dalle en marbre commémorative à la mémoire de ce dernier, attaquée au burin.

Presse-Panzer (Laurent Lagneau pour le blog « Zone militaire » (opex360.com), – 23 juillet 2014)

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[L’invasion des profanateurs de sépultures] De la Der des der au dépassement de l’art

Vol de la sculpture de Kern: « un acte intolérable »

CRAONNE (02). La sculpture d’Haïm Kern, oeuvre monumentale de plus d’une tonne et demie et de 4 mètres de haut, érigée en hommage aux soldats tombés au Chemin des Dames a disparu.

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L’œuvre de Haïm Kern, installée sur le Plateau de Californie — à proximité du Chemin des Dames — a été volée. Sa disparition a été constatée, mardi, aux environs de 19 heures. L’alerte a été donnée par un touriste qui cherchait la statue mais qui ne la trouvait pas lors d’une visite à 17 heures. L’horaire du vol n’est pour l’instant pas déterminé avec certitude.

La gendarmerie a engagé immédiatement des moyens « afin de geler le lieu et d’effectuer les constatations de police technique et scientifique ». D’après les premiers éléments, « la sculpture a été désolidarisée de son socle et probablement emportée dans un véhicule de grande capacité », notent les autorités. Un ratissage de la zone a été effectué dès mardi soir afin de recueillir des traces et des indices. Un nouveau dispositif de recherches a été mis en place par la gendarmerie ce mercredi matin avec une quinzaine de militaires appuyée par l’hélicoptère de la section Aérienne de gendarmerie d’Amiens.

« Le vol et la dégradation de cette oeuvre en période de début de Centenaire est un acte intolérable qui porte atteinte à la mémoire de tous les hommes qui ont souffert en ces lieux (…) C’est également un acte choquant pour tous ceux qui avec respect et compassion portent au quotidien le souvenir des évènements tragiques » a déclaré la préfecture de l’Aisne dans un communiqué.

Kader Arif, Secrétaire d’État auprès du ministre de la Défense, chargé des Anciens Combattants et de la Mémoire, a par ailleurs exprimé « sa vive émotion » à l’annonce de ce vol. « Cet acte intolérable est une insulte à l’égard des victimes de la guerre mais aussi de la France, de ses valeurs, de son histoire et de sa mémoire » a-t-il ajouté dans un communiqué.

Cette scupture en bronze de quatre mètres de haut et intitulée « Ils n’ont pas choisi leur sépulture », avait été érigée en 1998, lors des célébrations du 80e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale. Elle avait été inaugurée par Lionel Jospin, alors Premier ministre.

Les sites de la Grande Guerre attirent l’intérêt : il y a quelques semaines, c’était le monument des chars d’assaut de Berry-au-Bac qui avait été pillé. Stèles de marbre et plaques de bronze avaient été volé… les deux affaires sont-elles liées ? Seule l’enquête de la gendarmerie pourra le déterminer.

En juin dernier, une cinquantaine d’objets ont été dérobés du site de la Main de Massiges.

Presse-boucherie, Marie-Pierre Duval, lunion.presse.fr, 13 août 2014

 

Le Chemin des Dames perd un symbole historique

CRAONNE (02). Mardi soir, la sculpture de Haïm Kern, rendant hommage aux combattants de la Grande Guerre a été dérobée. Un véritable symbole pour ce lieu de mémoire.

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Maire de Craonne, Thierry Melotte est venu constater les dégâts, hier, sur le plateau de Californie.

L’alerte a été donnée, mardi aux environs de 17 heures. Ne trouvant par la sculpture de Haïm Kern, sur le plateau de Californie, un touriste s’est rendu à la Caverne du Dragon pour avoir de plus amples informations concernant sa localisation. Très rapidement, il a fallu se rendre à l’évidence : l’œuvre, intitulée Ils n’ont pas choisi leur sépulture et haute de quatre mètres avait été dérobée. Les gendarmes se sont rapidement rendus sur place pour constater les faits. Aussitôt d’importants moyens ont été mis en œuvre afin de « geler les lieux et d’effectuer les constatations de police technique et scientifique ».

L’artiste très affecté par le vol

La taille impressionnante de la sculpture, quatre mètres sur deux pour un poids d’1,6 tonne tend à démontrer que les voleurs avaient bien préparé leur intervention. «  Les fixations ont été découpées proprement, l’opération a dû être très rapide », constatait le capitaine Perroud, commandant de la gendarmerie départementale de Laon. De plus, ils devaient circuler dans un véhicule adapté afin de pouvoir l’emporter rapidement. Sur place, il reste peu de marques de leur passage. Les forces de l’ordre ont effectué un ratissage de la zone afin de recueillir les éventuelles traces qu’ils auraient laissées. Mardi matin, un nouveau dispositif de recherche a été mis en place avec la participation de l’hélicoptère de la section aérienne de gendarmerie d’Amiens et le renfort de motards. Les premières contestations ne permettent pas de déterminer si on a affaire à des malfaiteurs à la recherche de métaux à revendre ou d’un trafic d’œuvres d’art.

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VOIR LA VIDÉO

Le maire de Craonne, Thierry Melotte, mercredi matin au plateau de Californie ne cachait pas sa stupéfaction. Déjà sur place la veille, il ne pouvait que constater les dégâts. « Cette œuvre représente tous les combattants qu’on n’a pas retrouvés sur le Chemin des Dames, ce vol nous affecte d’autant plus qu’il a lieu au moment de la commémoration du Centenaire de la Grande Guerre. » Avec lui, c’est tout un village qui se sent meurtri par l’événement.

Noël Genteur, conseiller général et ancien maire de Craonne ne cachait pas non plus son émotion. « Quand les gendarmes m’ont prévenu, je dois dire que je n’y croyais pas », confesse-t-il. Malgré son chagrin, c’est aussi à Haïm Kern qu’il pensait. Prévenu, l’artiste s’est dit très affecté par ce vol. « Déjà en 2006, lorsque des têtes avaient été découpées et retrouvées dans un champ, il avait très mal vécu la chose », se souvient le conseiller général. Pour Noël Genteur, plus qu’une œuvre c’est un symbole qui a été dérobé. «  J’espère qu’on va la retrouver entière, qu’elle n’a pas été découpée pour être fondue. Pour moi, cette œuvre est aussi belle qu’un poème, c’est une symphonie à la mémoire des hommes. »

La gendarmerie a lancé un appel à témoins à toute personne qui aurait vu la sculpture en place entre dimanche 10 août à 18 heures et mardi 12 août à 17 heures afin de déterminer avec précision le moment du vol. Toute personne pouvant apporter une information utile à l’enquête peut contacter la communauté de brigades de […]

Presse-boucherie, Marie-Pierre Duval, lunion.presse.fr, 14 août 2014

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La CNIL travaille

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SIREX : un nouveau fichier secret de contre-ingérence par l’État

Le Gouvernement a fait publier aujourd’hui au Journal Officiel un décret qui autorise la création d’un fichier de renseignements mis en oeuvre par l’armée, SIREX, sur lequel aucune information n’est publiée. On sait juste que la CNIL a émis une réserve sur son contenu, destiné à faciliter la contre-ingérence, c’est-à-dire la protection des installations et opérations militaires françaises.

En principe, l’article 30 de la loi CNIL du 6 janvier 1978 dispose que les déclarations, demandes d’autorisation ou demandes d’avis adressées à la CNIL pour la collecte de données personnelles doivent contenir toute une série d’informations telles que la finalité du traitement, les éventuels « rapprochements ou toutes autres formes de mise en relation avec d’autres traitements », le type de données collectées et la catégorie de personnes visées, ou encore la durée de conservation.

Mais il existe des exceptions.

En effet, le texte ajoute que « les demandes d’avis portant sur les traitements intéressant la sûreté de l’État, la défense ou la sécurité publique peuvent ne pas comporter tous les éléments d’information énumérés ci-dessus ». L’État a alors l’obligation d’en dresser la liste par un décret, lui-même soumis à l’avis de la CNIL. C’est tout l’objet d’un décret publié ce samedi matin au Journal Officiel, qui modifie la liste des fichiers autorisés à déroger à la règle générale de transparence.

Il remplace les « fichiers de la direction de la protection et de la sécurité de la défense » par un nouveau fichier, baptisé SIREX. Or on ne sait strictement rien de ce que recouvre ce nouveau fichier, si ce n’est qu’il s’agit selon le ministère de la défense d’un « système d’information de la recherche et de l’exploitation du renseignement de contre-ingérence ».

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Le Gouvernement actionne pour SIREX les dispositions de l’article 26 de la loi de 1978, qui prévoit que « certains traitements (…) peuvent être dispensés, par décret en Conseil d’État, de la publication de l’acte réglementaire qui les autorise ». Il est uniquement prévu que « pour ces traitements, est publié, en même temps que le décret autorisant la dispense de publication de l’acte, le sens de l’avis émis par la commission ». Ce qui fut fait.

En effet, figure également au Journal Officiel de ce samedi matin la délibération n° 2014-142 de la CNIL du 17 avril 2014, on ne peut plus sibyilline : « Avis favorable avec réserve ». Quelle réserve ? Le public ne le saura pas, l’avis lui-même n’étant pas publié, pour ne pas informer sur le contenu du décret.

« Renseigner pour protéger »

On sait toutefois que SIREX est mis en oeuvre par la direction de la protection et de la sécurité de la défense (DPSD), qui a pour mission de « renseigner pour protéger ». « La Défense doit protéger ses personnels, ses matériels, ses informations et installations sensibles, d’actes hostiles, qualifiés d’ingérence, qui peuvent émaner d’organisations ou d’individus qui chercheraient ainsi à porter atteinte aux capacités opérationnelles de la défense par d’autres voies que la confrontation militaire », explique le site internet du ministère de la défense.

Il peut s’agir aussi bien de renseignements collectés à l’extérieur des frontières que de renseignements intérieurs, visant également des citoyens français.

« Le terrorisme, l’espionnage, les actions de subversion comme celles de sabotage ou encore le crime organisé (TESSCo) recouvrent les actes d’ingérence », précise le ministère, qui indique que la DPSD « agit dans le cadre général d’une mission de contre-ingérence en alertant sur les vulnérabilités, renseignant sur les menaces potentielles, contribuant aux mesures de protection ».

Selon le site InfosDefense, la DPSD compte 1130 personnels civils et militaires. Sa mission « consiste principalement à la sécurité des personnels et des sites du ministère de la Défense », mais elle « travaille aussi quotidiennement avec les industriels exerçant dans le secteur de l’armement dans le cadre de sa mission de contre-ingérence ».

Leur presse (Guillaume Champeau, Numerama.com, 23 août 2014)

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[Flics, Porcs, Assassins] Vérité et Justice pour Abdelhak Goradia (2)

Mort d’un Algérien expulsé : la police est gravement mise en cause

Abdelhak Goradia, Algérien de 51 ans, est mort d’« asphyxie » lors de son transfert vers l’aéroport de Roissy dans un fourgon de police, le 21 août. Ses proches affirment avoir vu des hématomes sur son visage. « Même à un animal, on ne fait pas ça ! » dit son neveu, alors que les policiers sont suspectés de mauvais traitements et que les associations s’indignent. Une information judiciaire a été ouverte.

Pourquoi Abdelhak Goradia, 51 ans, est-il mort lors de son transfert vers l’aéroport de Roissy dans un fourgon de police, jeudi 21 août ? Ce ressortissant algérien, sous le coup d’un arrêté ministériel d’expulsion, devait embarquer sur un vol pour l’Algérie jeudi à 21h15, à Roissy.

Une source policière a d’abord affirmé à l’AFP vendredi que l’homme, père d’un enfant français de six ans, était mort « d’une crise cardiaque ». « En arrivant à Roissy, les policiers se sont aperçus qu’il était en train de faire un malaise dans le fourgon et, malgré les secours prodigués, il est décédé », avait déclaré le policier. Mais dès le lendemain, un porte-parole du parquet de Bobigny, confirmant une information du Monde, indiquait que « selon les premiers résultats de l’autopsie, la mort avait été provoquée par une asphyxie due à une régurgitation gastrique ». Une information judiciaire pour homicide involontaire contre X… a été ouverte vendredi.

Contacté lundi, le parquet de Bobigny ne veut désormais plus communiquer et renvoie vers le cabinet du ministre de l’intérieur. Dans son communiqué envoyé vendredi, le ministre Bernard Cazeneuve indique simplement souhaiter « que l’enquête judiciaire permette de faire toute la lumière sur les circonstances de ce décès dramatique ».

Plusieurs proches de la victime, qui se sont rendus samedi à l’Institut médicolégal de Paris (XIIe arrondissement), affirment avoir constaté des hématomes sur son visage. Houari Goradia, l’un de ses neveux, décrit ainsi « un gros bleu au niveau du nez, un bleu sous l’œil gauche, des bosses et un creux au niveau du crâne ». « Nous étions derrière une vitre et il avait un linceul jusqu’aux oreilles qu’ils ont refusé de retirer », dit Houari Goradia, 37 ans, qui est apporteur d’affaires à Paris. Selon lui, la sœur et le frère de la victime, qui habitent en région parisienne, entendent se constituer partie civile.

Détenu depuis 2011 pour plusieurs escroqueries à la carte bancaire, Abdelhak Goradia faisait l’objet d’un arrêté ministériel d’expulsion, notifié le 12 août, au motif d’une « nécessité impérieuse pour la sécurité publique », selon son avocat. Le même jour, ce quinquagénaire avait été placé au centre de rétention de Vincennes, à sa sortie de la maison d’arrêt de Châteaudun. Il aurait déjà fait l’objet de deux tentatives d’expulsion, dont l’une le 16 août, auxquelles il s’était opposé. Selon son neveu, le commandant de bord avait refusé de l’embarquer le 12 août, car il était entravé aux mains et aux jambes.

Ce 21 août, Abdelhak Goradia n’était pas inscrit au tableau des départs, d’après des retenus du CRA de Vincennes joints par téléphone. « Ils lui ont dit qu’il avait une visite pour qu’il les suive », raconte Mouelhi Adnen, un Tunisien qui partageait la chambre de l’Algérien au sein du bâtiment 1 du CRA. « Il ne voulait pas partir car depuis la mort de ses parents, il n’avait plus personne en Algérie, toute sa famille vivait en France », dit Ivan Drajic, un retenu serbe au CRA de Vincennes. Arrivé sur le territoire en 1996, Abdelhak Goradia était le père d’un enfant né en France en 2008. Il était séparé de la mère.

Vers 19 heures, le jeudi soir, il a appelé son avocat et sa famille pour les prévenir qu’une escorte allait l’embarquer. Me Sohil Boudjellal a alors pu parler au chef d’escorte « qui m’a dit qu’il ne faisait qu’exécuter un ordre ». Puis le portable de l’Algérien n’a plus répondu. L’avocat et la famille n’ont plus eu de nouvelles jusqu’à ce qu’ils apprennent sa mort le lendemain matin, après avoir passé en vain plusieurs coups de fil en Algérie et au CRA de Vincennes.

« En sortant de la visite au premier étage (au-dessus de l’accueil du CRA, ndlr), un Chinois a entendu des cris, comme une bagarre, mais il n’a pas vu ce qui se passait », explique Ivan Drajic. Ce sont cinq fonctionnaires de la compagnie de transferts, d’escortes et de protection de la police (Cotep) qui auraient embarqué l’homme. « Comme il était assez virulent, les policiers de la Cotep se sont mis à quatre ou cinq pour l’entraver, explique Cédric Caste, du syndicat Unité Police SGP-FO pour la police aux frontières (PAF) de Roissy. Ils ont écarté une lame de rasoir. Ils ont protégé sa tête avec un casque de boxe et l’ont allongé dans le fourgon, entravé aux mains et aux pieds. »

D’après le syndicaliste policier, ce n’est qu’à l’arrivée à l’unité d’éloignement de l’aéroport de Roissy, à 19h45, que les policiers « se sont rendu compte qu’il était bleu ». « Les policiers de la PAF de Roissy ont essayé de le réanimer et ont appelé les secours qui l’ont entubé par le nez car il avait les voies obstruées. » D’après le ministère de l’intérieur, l’inspection générale de la police nationale était sur place « une heure après la constatation du décès ».

Dans un communiqué, l’Association service social familial migrants (ASSFAM) a souligné que la victime « n’avait jamais fait état de problèmes de santé depuis son arrivée au centre de rétention ». Me Boudjellal, l’avocat de la victime, n’a pas encore eu accès au rapport d’autopsie. « La version de départ est totalement contredite, remarque-t-il. Il n’est pas mort naturellement mais s’est étouffé devant les policiers ou sous l’effet de leurs contraintes. Ce qui suppose des convulsions et une mort atroce. » « Comment peut-on ne pas porter secours à quelqu’un qui s’asphyxie ? » s’interroge l’avocat. « Tout ce qu’on sait est qu’il n’est pas mort de mort naturelle, dit Houari Goradia. On sait comment ça se passe. On attache les pieds et les mains, on met une muselière sur la bouche, on emploie la manière forte… Même à un animal, on ne fait pas ça ! »

Deux décès remontant au début des années 2000

Abdelhak Goradia avait été condamné à plusieurs reprises pour des escroqueries à la carte bancaire. « Avec les récidives, il avait cumulé neuf ans de prison (du fait de la loi sur les peines planchers — ndlr), explique son avocat. Il a fait six ans, il avait travaillé et remboursé les parties civiles. » « Nous savions que la prétendue suppression de la « double peine » sous Sarkozy était une mauvaise plaisanterie et qu’elle reste en vigueur sous la présidence de Hollande », remarque le Réseau éducation sans frontières (RESF).

Un premier recours en référé-liberté avait été rejeté le 20 août par le tribunal administratif de Paris, qui avait estimé que son expulsion ne constituait pas une atteinte « manifestement grave » aux libertés fondamentales. Mais le juge administratif devait se prononcer le 28 août sur un autre recours, cette fois en référé-suspension. Il s’agissait de déterminer s’il était légal ou non d’expulser le père d’un enfant français. D’après son neveu, il était confiant : « On allait le voir tous les jours au CRA : il était en bonne santé, pas en colère, il pensait qu’il allait sortir. » Son avocat affirme avoir envoyé en vain trois fax le jeudi soir, au ministère de l’intérieur, à la direction du centre de rétention ainsi qu’à la préfecture de police chargée de l’escorte pour leur rappeler cette audience. Mais ce type de recours n’est pas suspensif en France.

Selon Cédric Caste, le dossier d’Abdelhak Goradia était « plus que sensible » et suivi de près par la direction centrale de la police aux frontières, le ministère de l’intérieur et la préfecture de police de Paris. « C’est la première fois en vingt ans que je vois un arrêté ministériel au motif d’une nécessité impérieuse de sécurité pour ce type de profil, remarque Me Boudjellal. D’habitude c’est utilisé pour des braqueurs ou des terroristes, pas des petits délinquants non violents. »

En France, les deux derniers cas de décès lors de reconduites remontent à plus d’une dizaine d’années. Ricardo Barrientos, un Argentin de 52 ans, était décédé en décembre 2002 à bord de l’avion qui le ramenait en Argentine, après avoir été maintenu plié en deux par les policiers sur son siège. Mariame Getu Hagos, un Éthiopien de 24 ans, était lui mort en janvier 2003 suite à l’utilisation de la même technique policière. Il avait passé vingt minutes maintenu de force le torse plié, la tête touchant les cuisses, et menotté dans un siège d’avion à la ceinture serrée.

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TÉLÉCHARGER LE MANUEL

À la suite de ces deux décès, un manuel, publié par Mediapart en 2009 (lire l’article et l’intégralité du manuel ici), avait été mis à disposition des 180 agents de l’unité nationale d’éloignement, de soutien et d’intervention (Unesi), rattachée à la direction centrale de la police aux frontières. Tout en exposant le cadre législatif des « éloignements », ce manuel vise surtout à délivrer des « conseils techniques utiles aux fonctionnaires » afin d’« escorter efficacement les reconduits aux frontières internationales ». Y sont répertoriés les moyens de coercition à leur disposition : les menottes textiles ou métalliques, les bandes velcro et la « ceinture d’immobilisation ».

« Toute forme de bâillonnement est strictement prohibée », précise le manuel, pour tenter de mettre fin à une pratique employée il y a quelques années. À l’aide de schémas et de photographies « en situation », les gestes visant à maintenir la personne expulsée sont explicités. Comme la « régulation phonique » qui consiste en un étranglement et dont l’objectif est de « déstabiliser physiquement » la personne, de « diminuer sa résistance » et de « diminuer ses capacités à crier ». Les risques sont listés : « détresse ventilatoire et/ou circulatoire », « défaillance de l’organisme » et « risque vital ».

Pour protester, une vingtaine des retenus du bâtiment 1 du CRA de Vincennes se sont mis en grève de la faim depuis vendredi. Ouvert en 1995, ce centre est l’un des plus importants de France avec 168 places réparties en trois ensembles. Dans un communiqué, ils réclament la possibilité pour des journalistes de « venir voir les conditions de vie dans le centre » (un accès promis par Manuel Valls en janvier 2014) ainsi qu’une punition pour « les acteurs des violences envers M. Goradia, car ils l’ont tabassé à mort ». « Une partie de la police est très agressive verbalement et fait des provocations, affirment-ils. Ils vont jusqu’à dire des insultes dans le micro. Ils hurlent et font des gestes obscènes. »

Leur presse (Louise Fessard, Mediapart, 26 août 2014)

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[Vive la Sibérie libre !] « Tout le monde comprend que la Sibérie nourrit le pays en livrant son pétrole et son gaz, sans que la Sibérie en soit la principale bénéficiaire »

Siberian artist: “We give away our resources and get piles of dumb laws in return”  

A “march for federalization of Siberia” is planned for August 17th in the unofficial Siberian capital of Novosibirsk, under the slogan “Enough feeding Moscow.” “Our goal is to create a Siberian Republic as part of Russia,” explain the protest organizers in their official group on VK.com, Russia’s Facebook equivalent (the group was blocked on August 1st by request of the Prosecutor General). They believe federalization will allow Siberians to introduce rebates and wage premiums for those living in areas “with harsh climate conditions” and ensure fair distribution of revenues between local and federal budgets. The march organizers will also demand greater autonomy for local authorities from the federal government, citing the Russian constitution.

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A group of Novosibirsk activists and artists have been promoting the idea of Siberian autonomy for quite a long time. Before the 2010 Russian census, a Novosibirsk musician, Sayan Andriyanov, and artists Konstantin Eremenko and Artem Loskutov held a press conference urging locals to state their ethnicity as “Siberian” to census officials. The census showed that 4,116 people followed their call, while the previous 2002 census counted only 10 “Siberians” across Russia.

Slon.ru interviewed Artem Loskutov, organizer and promoter of increasingly popular “Monstrations” – mock rallies with absurd slogans and signs – and long-time advocate of Siberian autonomy.

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Artem Loskutov

Did you come up with the idea of the march?

I’m not an ideologist. Everything is very decentralized, as befits those advocating decentralization. I will take part in this protest as on ordinary person who cares about the future of Siberia and Russia as a whole. I’ve been interested in this issue, shooting movies and trying to stir up the people. Now a new wave is coming, caused by the recent events we all know about [the Russian-backed « federalization » movement in Eastern Ukraine].

Did you purposely name the protest a “march for federalization” to create an association with the DPR and LPR [the pro-Russian separatist quasi-republics in Eastern Ukraine]?

Sure, isn’t it obvious? If we are offered such rhetoric as legitimate, we are going to use it. But one of the organizers did explicitly state in an interview that we don’t endorse Russia’s political support for the people’s republics.

Is there a real influence of the events in Eastern Ukraine on autonomy ideas in Russian regions?

There is a great influence, it’s the leading topic of the last few months.

Is Artem Loskutov planning to appoint himself People’s Mayor of Novosibirsk [akin to the multiple « people’s mayors » in Eastern Ukrainian towns under rebel control]?

I’m not ready to comment on that.

Has your march been sanctioned? How many people do you expect to attend?

I’m not working on the sanctioning process, other people will do it soon. I hope the protest will be sanctioned, but I don’t know how many people will come.

I can’t help but ask: isn’t a call for separatism illegal under the new law?

It’s not about separatism, it’s in full compliance with the law. We are talking about creating a new region within Russia.

Is it only Siberia that deserves federalization or do other regions need more autonomy as well?

Everyone deserves it. Our constitution provides for independence of regions, the law just has to be put to work. We must have as much autonomy as possible. It’s stupid to live in Siberia according to laws pushed from St. Petersburg by Milonov [a St. Petersburg regional ultraconservative MP notorious for introducing the discriminatory law banning « gay propaganda », now active nationwide]. Siberia gives away her resources and gets piles of dumb laws in return.

How long have you been fighting for Siberian independence?

The movement has existed since the mid-19th century. There is a street in Novosibirsk named after Potanin, the founder of the movement. This has quite a history, and talk that Siberia has colony status – and that it isn’t right – has been around for over 100 years.

Has this idea seen an upsurge in popularity thanks to the artists’ efforts?

I’ve seen several waves. In 2011, on the eve of the nationwide election protests, a group of activists shot a movie “Oil-for-Nothing” about the awful state of intercity roads in Russia. All the good roads lead to Moscow and flights also go through Moscow, so you have to change planes in Moscow if you want to get from one city to another. And people have been seeing a certain imbalance.

Is this idea popular only among artists and politicians, or do people talk about it as well?  

It’s the politicians who never mention it openly, but the idea is very popular among common people – just talk with any Siberian. Everyone understands Siberia is feeding the country by supplying oil and gas – the main resources sold abroad – yet Siberia isn’t the main beneficiary. It’s obvious, and no one can argue with that.

Propos recueillis par Vera Kichanova pour Slon.ru [Editor’s note: This article has since been censored in Russia, pulled down from Slon.ru by the Russian state prosecutor’s office who had threatened the news site with a 24 hour warning to comply or face being shut down entirely.] Traduit en anglais par Kirill Mikhailov et publié par Andrew Kinder – Euromaidan Press, 1er août 2014

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[Lyon] Quand la police débarque en été à Colbert, ça gaze et ça dégénère

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Quand la police débarque en été à Colbert, ça gaze et ça dégénère

Il y a deux semaines deux camarades passaient en jugement pour outrage, rébellion et violence. L’origine de cette accusation ? Une descente de police, un soir de juillet place Colbert, à la Croix-Rousse, bien sûr pour arrondir les fins de mois des policiers, mais aussi pour harceler des personnes reconnues comme militantes.

Nous sommes adossés à une barrière de la place Colbert devant un bar. Il est environ 00h15. Une voiture sérigraphiée de la police nationale passe à deux reprises devant nous au pas en nous fixant. Au troisième passage, il s’arrêtent, effectuent une marche arrière et stoppent à notre hauteur. Les deux policiers en uniforme descendent de leur véhicule.

Le premier demande ses papiers à la jeune femme. Elle déclare ne pas les avoir. Il lui dit alors : « Et bien on vous embarque ». Celle-ci a un petit mouvement de recul. Le policier fonce sur elle, la saisit manu militari. Le jeune homme intervient par la parole : « ce n’est pas parce qu’elle n’a pas ses papiers qu’il faut obligatoirement l’embarquer, tout va bien, restons en là ». Le policier tire alors la jeune femme vers son véhicule.

Les badauds attablés au bar commencent alors à protester, sans violence, verbalement, et calmement. Immédiatement, le deuxième policier fait usage de sa gazeuse sur les deux personnes à bout portant, gazant au passage tous les clients du bar attablés, dont plusieurs enfants de moins de 10 ans.

À ce moment, la jeune femme gazée à la bouche ne peut plus respirer. Elle le crie à plusieurs reprises : « J’arrive plus à respirer, j’arrive plus à respirer ». Le jeune homme se met alors à demander aux policiers d’arrêter leur action et d’appeler les pompiers. La jeune femme titube de l’autre côté de la route et s’écroule quelques instants plus tard dans les graviers de la place Colbert. Les deux policiers ne la lâchent pas pour autant. Les badauds protestent toujours plus, demandant aux policiers d’arrêter leur action et d’appeler les pompiers.

Elle ne bouge plus, elle s’est évanouie. Aucun coup n’a été porté aux policiers. Tout cela s’est passé en environ 2 minutes.

Les renforts de police (un équipage de la BAC) arrivent. Deux d’entre eux saisissent le jeune homme alors qu’un autre tient le bras de la jeune femme, toujours inconsciente. Tenu par un policier de la BAC, le jeune homme reçoit un coup de poing au visage du premier policier. Les badauds continuent de protester tout, indignés par la scène à laquelle ils assistent.

Alors qu’il est en train d’inciter les policiers à appeler les pompiers, il est violemment amené contre un véhicule de police et est menotté. La jeune femme est à nouveau gazée au sol, ainsi que les témoins. Elle se fait alors menotter, puis traîner au sol, entraînant des brûlures dans le dos. Les policiers la traînent par terre jusqu’à un de leurs véhicules, en lui ordonnant de se lever, de marcher, tout en l’insultant et en la frappant aux côtes.

Pendant ce temps, le jeune homme une fois menotté est mis au sol par un policier de la BAC qui le maintient au sol en apposant de tout son poids son genou sur sa gorge. Cet étouffement a duré environ deux minutes. Le jeune homme hurlait, qu’il ne pouvait plus respirer.

La jeune femme toujours dans l’incapacité de bouger, arrivant à respirer à grand peine, est amenée dans une voiture de la police. Elle s’écroule une nouvelle fois au sol. Les policiers ironisent alors à son sujet : « tu veux respirer et ben respire ! Lève toi ! »

Avant que les pompiers arrivent, le jeune homme, menotté, dans la voiture de la BAC, est à nouveau frappé, par ce même policier de la BAC, qui cette fois l’étouffe quelques secondes avec son coude contre la vitre.

Les pompiers arrivent et prennent en charge la jeune femme, qui sera sanglée dans le camion, toujours menottée jusqu’à l’hôpital St Luc St Joseph. À ce moment-là, une quarantaine de policiers ont envahi la place et ont frappé, gazé et dispersé la vingtaine de témoins outrés et indignés d’une telle violence. Au moins 5 douilles de lanceur de gaz anti-émeute ont été retrouvées sur place.

Le jeune homme est emmené au commissariat central Marius Berliet et retrouve la jeune femme deux heures plus tard. Nous restons en garde à vue 42 heures.

Nous passons en comparution immédiate dans l’après midi du 25 juillet. La juge et ses assesseurs ont refusé la demande de report pour complément d’information formulée par nos avocats. Cette requête était pourtant pleinement justifiée au regard du dossier bâclé, sans enquête menée, et des éléments matériels (vidéos, douilles de lacrymogène anti-émeute) que nos avocats souhaitaient produire et trouver dans le cadre du complément d’enquête.

De notre côté, les avocats ont malgré tout fourni 7 témoignages signés de témoins de la bavure qui n’ont pas été pris en compte. En face, il n’y avait que 2 dépositions des premiers policiers qui se sont constitués partie civile avec deux autres de leurs collègues. Le seul témoignage produit dans le cadre de l’enquête est un témoignage recueilli au téléphone par un officier de police judiciaire (OPJ), donc sans valeur juridique et ne reconnaissant aucun de nous formellement.

Sur cette base, nous avons été condamnés respectivement à 6 mois de sursis pour outrage, violences et rébellion et 8 mois dont deux fermes avec mise à l’épreuve pour outrage et rébellion. Nous avons de surcroît été condamnés à payer de lourdes amendes en compensation aux policiers plaignants.

Ces condamnations démesurées pour des faits que nous n’avons pas commis nous laissent un goût amer et la conviction que nous avons été jugés parce que nous sommes des militants agissant sur le terrain des luttes sociales, des sans papiers, de l’antifascisme, que nous sommes connus, fichés et suivis. Cette justice nous a donc jugé pour nos noms et et en aucun cas sur les faits reprochés cette nuit là.

Cette justice a donc délibérément mis de côté témoignages officiels, nos dépositions et donné seul crédit à la parole d’agents assermentés, sans témoignage, enquête, ou même confrontation qu’ils ont refusé de faire avec nous.

Nous ne sommes pas les seuls à subir ces violences, qu’on soit militant ou d’une couleur de peau jugée « à risques ». Solidarité envers toutes les victimes des violences policières et de toute autre forme de dérive répressive

Pas de justice, pas de paix.

Rebellyon, 4 août 2014

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Cruas : « le changement c’est maintenant »

Cruas : « le changement c’est maintenant » [Blague d’un futur président lors de sa campagne électorale]

Le changement des quatre générateurs  de vapeur de la centrale de Cruas-Meysse a commencé. Le pouvoir nucléariste se prépare donc à prolonger la durée de vie de la centrale. Démarrée en 1984, elle devrait être active jusqu’en 2045. Et les nucléocrates nous expliquent que multiplier par deux la durée de vie des centrales est « sans danger ».

La mafia nucléariste continue la politique du fait accompli qu’elle pratique depuis le tout début de l’ère nucléaire. Elle a toujours outrepassé le refus du nucléaire par les populations, tandis que la solidarité de toute la classe politique avec le développement de cette forme d’énergie, incarnant les intérêts stratégiques de l’État, ne s’est jamais démentie.

Pourtant l’époque où le nucléaire pouvait être présenté comme un progrès sans danger a proprement disparu. Partout s’amassent les démentis aux affirmations rassurantes. Tchernobyl puis Fukushima en sont les plus terribles exemples. Mais « Il n’y a pas de risque zéro » et ce risque est le prix à payer pour bénéficier des bienfaits insipides du capitalisme. Et pour les pouvoirs, il n’est pas question de laisser quiconque s’en prendre à ses intérêts, d’arrêter quoi que ce soit.

Après Tchernobyl, les nucléaristes français ont commencé à tester la « possibilité » de vivre en zone contaminée, c’est-à-dire de mourir en douceur dans des zones devenues inhumaines. Avec Fukushima ces études se sont amplifiées. La survie en zone contaminée est le seul avenir que nous propose cette société. Ainsi, à Cruas, les nucléocrates font changer les générateurs de vapeurs et les alternateurs par des « nomades du nucléaire » [Film de Christian Ugolini « Silence radio »]. Ils servent de viande à rems avec les chômeurs. Selon l’article 20 de la loi sur l’insertion professionnelle, ceux-ci peuvent être employés, par des entreprises pour une période d’« essai » de deux mois. Le chômage existe depuis le début du capitalisme, soit deux siècles.

Les chômeurs doivent -ils pour autant aliéner encore et toujours leur existence en acceptant le chantage permanent à l’emploi et ses cortèges de misères associés ? Ils trouvent aujourd’hui naturel de se sentir étranger à leur vie, tant ils sont habitués à en être dépossédés. Dépossédés de tout pouvoir d’intervention sur leur destin, on les invite à des débats de sociétés.

Nous avons quitté la table de négociation : pour nous, le débat public, la chaîne humaine, la chaîne de l’humanité torturée, la décroissance, la sobriété énergétique…

EDF, Areva, les entreprises qui interviennent dans le processus nucléaire et tous les publicitaires de ce monde nucléarisé, nous ont déclaré la guerre. Si nous ne sommes pas capables de nous imaginer une autre existence et de nous battre pour la réaliser, alors il ne nous reste plus qu’à nous préparer à mourir dans l’existence actuelle, tracée et domestiquée.

Solidaire de la lutte en cours contre le projet d’une centrale en Italie à Rondissone et de la lutte en Turquie contre la construction d’une centrale à Akkuyu.

À nous de voir si nous voulons vivre libres et solidaires ou mourir comme des cobayes avec un compteur Geiger en main3 [« Je suis devenu le cobaye de ce désastre » notait à juste titre l’un de ces villageois japonais p.43 de Fukushima Paradise paru dans la collection Mutines séditions et la Canaille. Des affiches ont été trouvées à Valence Romans].

Attaquons le nucléaire et son monde
partout où c’est possible.

Des individus associés – mailing le 23 août 2014

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[Révolution syrienne] Sur la résistance de Deir ez-Zor à l’occupation de « l’État islamique »

The Deir Al Zour Intifada against Daesh

Syrians have repeatedly shown that they refuse to accept the tyrannies of either Bashar Al Assad or any extremist group that tries to impose its vision upon them. In the last couple of months, strengthened by American and Iraqi army weapons captured in Iraq, the Islamic State (formally ISIS and known locally as Daesh) has made dramatic gains in north and eastern Syria. Where it has gone it has imposed its hate-filled, reactionary interpretation of Islamic Law and severe restrictions on local people, committed sectarian massacres and other atrocities such as crucifixions and beheadings, and assassinated and imprisoned revolutionaries. But in the eastern province of Deir Al Zour, close to the Iraqi border, local popular resistance is now doing what the Syrian regime and American-funded Iraqi army failed to do; it is forcing Daesh out.

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A convoy of Deir Al Zour residents to support the Shueitat resistance. Via: Yalla Souriya

Deir Al Zour fell to Daesh at the beginning of July when ISIS rivals Jabhat Al Nusra and Ahrar Al Sham pulled out of the area. For months they had been under siege by both the Islamic State and the Syrian regime leading to massive shortages in ammunition, food and water. A few weeks ago representatives of the Free Syrian Army (FSA) and the Syrian National Coalition petitioned the international community to send weapons, money and food to FSA battalions based around Deir Al Zour. They cautioned that if Deir Al Zour fell, the Islamic State would control important gas and oil reserves in the region as well as transport routes between Al Raqqa in northern Syria and Mosul in Iraq. Failing to gain international assistance, rebel formations retreated and Deir Al Zour province fell into the Islamic State’s hands. Local and tribal forces were also made to surrender, or at least agree not to fight Daesh.

But the people of Deir Al Zour have continued to organize demonstrations against the Islamic State. In this video from 22 July people from the Euphrates valley town of Albukamal (Abu Kamal) are holding a demonstration in the market place, chanting “Daesh leave!” Small, secretive groups known as Kufn Al Abiyyad (the White Shroud) have been formed to carry out assassinations of Daesh militants and attacks on Daesh positions. Previously, the fight against Daesh had been carried out by large, well known FSA and Islamist battalions.

On the 30 June, resistance against Daesh spread. Daesh arrested three people from the Shueitat tribe, breaking a deal between the two sides which had been made when Daesh fighters took over local villages. The reason for the arrests is unclear, but some reports suggest it was because the young men had fired celebratory gun shots at a wedding. Following the arrests local people took up what little weapons they had and issued a call for an uprising against Daesh in all the villages and towns. Following fierce clashes with Daesh this popular resistance movement, supported by some of the largest tribes in the area and residents from other villages who came to their aid, managed to liberate the villages of Abu Hamam, Kishkiyeh, and Granij.  Despite their superior arms Daesh were outnumbered. At least nine Daesh fascists were killed and others arrested. Daesh premises were burnt down in a number of Deir Al Zour villages. In this video members of the Shueitat tribe celebrate the liberation of the villages.

Support for the resistance of the Shueitat quickly spread to other parts of the province with locals in Mayadin, Suwaydan and elsewhere also rising up against Daesh extremists. In Albukamal the locals have continued to hold protests against Daesh as shown in this video from 3 August. On 4 August Deir Al Zour rebels, who had previously left the province after the Daesh takeover and went to Qalamoun to avoid handing over their weapons to the group, announced the formation of a new battalion. Around a dozen groups have united to form the Usud Al Sharqia (Eastern Lions) with the objective of fighting the Islamic State.

In neighbouring Iraq, the tribes from Anbar province have also voiced support for the Shueitat resistance and called on Daesh to leave. There are reports of local rebellion against Daesh in some Iraqi towns and villages. Kurdish forces, including women’s battalions, continue their brave battle against the extremists on both sides of the border. There are increasing calls for Kurdish forces to unite following the execution of some 88 Yezadi Kurds by Daesh in the town of Sinjar.

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The Syrian revolution may be under attack from all quarters, but people have once again shown that the desire for freedom is not easily crushed. The Deir Al Zour intifada shows that dynamic, self-organized, popular resistance remains a powerful challenge to all forms of authoritarian control.

Leila Shrooms, 4 août 2014

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[Flics, Porcs, Assassins] Vérité et Justice pour Abdelhak Goradia

Au camp de rétention de Vincennes, la mort et la révolte.

Jeudi 21 août 2014, Abdelhak Goradia est décédé alors qu’il était conduit par les flics à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle pour être expulsé vers l’Algérie. Il avait réussi à refuser une première fois son expulsion le 16 août dernier. Selon la version policière, c’est dans le fourgon en arrivant à l’aéroport qu’il aurait eu « une crise cardiaque ». Les flics ont même parlé d’une mort naturelle. Or, l’autopsie a révélé qu’il était décédé par asphyxie. Ce n’est pas la première fois qu’une personne décède lors de son expulsion. Plusieurs sans papiers sont en effet morts assassinés par la PAF comme Ricardo Barrientos en décembre 2002 ou Mariame Getu Hagos en janvier 2003.

Les retenus du bâtiment 1 de Vincennes se sont mis en grève de la faim dès qu’ils ont appris la mort de leur camarade. Ils ont rédigé un communiqué que voici :

« Nous, retenus du bâtiment 1 du CRA de Vincennes, demandons :

• que des journalistes puissent venir voir les conditions de vie dans le centre

 que les acteurs des violences envers M. Goradia soient punis, car ils l’ont tabassé à mort.

 que la durée de rétention soit réduite à 20 jours car il y a trop de violences. Ce n’est pas la peine, 45 jours, ça ne sert à rien

 que la nourriture soit améliorée. On mange très mal alors qu’on n’a pas demandé à être ici.

Une partie de la police est très agressive verbalement et fait des provocations. Ils vont jusqu’à dire des insultes dans le micro. Ils hurlent et font des gestes obscènes.

On ne négociera pas. On continuera la grève de la faim tant que nos revendications ne seront pas satisfaites. »

Vendredi 22 août 2014, centre de rétention de Vincennes, au téléphone
Témoignage 1

« Vers 18h, les flics ont dit à Abdelhak qu’il devait aller voir l’infirmière. En fait, c’était faux. Il est sorti de sa chambre, ils l’ont emmené à l’accueil et lui ont mis les menottes. À l’accueil, on entendait des bruits étranges, des bruits bizarres. Les gens qui étaient aux visites [au-dessus de l’accueil] ont tout entendu. Les flics lui ont mis une cagoule, un masque sur la tête. Les flics savaient qu’il allait refuser. Lors de la première expulsion ils lui avaient dit « Vous allez devant le juge ». En fait, ils l’ont emmené à l’aéroport.‌ Il n’était pas d’accord, il a protesté et ils l’ont ramené au centre.

Hier, toute la nuit, on l’a attendu parce qu’on savait qu’il allait refuser. Son cousin a téléphoné, il était inquiet. Et puis ce matin, il nous a rappellés et il nous a dit qu’il était mort. Du coup, on fait la grève de la faim. »

Témoignage 2

« On est stressé parce qu’Abdelhak est mort. Son nom n’était pas affiché sur le tableau des expulsions. Il l’on appelé quand on était en train de faire la prière vers 18h. Dès qu’on a fini, il est descendu soi-disant parce qu’il avait une visite. Dans un local de l’accueil, les flics l’ont frappé.‌ Ils lui ont mis un casque, des menottes aux poignets et lui ont entravé les jambes. Les flics savaient qu’il allait refuser, alors ils ont fait la force avec lui. Ils avaient tenter de l’expulser une première fois le quatrième jour après son arrivée. Il ne savait pas comment ça se passait. Il est parti tout seul, dans une petite voitrure voir le juge et pas dans une camionnette comme habituellement. Déjà les flics l’avaient menotté aux jambes et aux poignets, il a refusé l’expulsion. Dès la première fois, ils ont fait la force, ils avaient la rage contre lui. Ils font n’impporte quoi avec nous ! Même ses affaires sont encore ici, son portefeuille, sa veste…

J’arrive pas à dormir, je stresse. Il dormait sur un matelas par terre, à coté de moi, je voyais sa tête. Et maintenant son matelas est vide, ça me stresse. On était décidé à tout brûler. J’ai vu la dame de l’ASSFAM et j’ai pleuré. On a décidé de faire la grève de la faim. »

Dimanche 24 août 2014, centre de rétention de Vincennes, au téléphone

« On est toujours en grève de la faim. Le commandant n’est pas revenu nous voir depuis vendredi. La nuit a été calme. Mais les policiers continuent de nous provoquer. Ils veulent qu’on mange et ils nous cherchent, ils veulent qu’on craque. D’habitude il y a 2 policiers dans les parties communes, là ils sont 5 ou 6… »

« On continue la grève de la faim. Il n’y a pas de changements. Les policiers essaient de nous convaincre de manger.

Dès la première tentative d’expulsion, les policiers avaient scotché Abdelhak. Ils lui avaient scotché les jambes et menotté les mains dans le dos. C’est pas normal ! Ils l’ont amené comme ça dans l’avion et c’est le commandant de bord qui a refusé de le prendre, parce qu’il était complètement ligoté.

On ne demande rien pour nous. On ne veut pas que ça se reproduise. C’est pas normal. On est des êtres humains. Il y a des policiers qui nous traitent comme des chiens. « 

Liste de discussion du réseau Résistons Ensemble, 24 août 2014

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Appel pour un weekend de résistance anti-fasciste à Calais, les 5-7 septembre

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Weekend de résistance anti-fasciste à Calais, 5-7 septembre

Le dimanche 7 septembre, le groupe local de fascistes « Sauvons Calais » fera à nouveau une manifestation « contre l’immigration » à Calais. La manifestation va attirer des néo-nazis de toute la France. Certains fascistes notoires ont déjà confirmé leur présence : Thomas Joly (general secretary of the Parti de la France), Yvan Benedetti (conseiller municipal de Venissieux et ancien membre de l’organisation interdite L’Œuvre française) et Richard Roudier (du Réseau Identités). Il est probable que des bandes néo-nazis arriveront avant la manifestation et resteront après pour attaquer des personnes vulnérables dans les rues.

Ces derniers temps nous avons connu une montée importante d’attaques contre activistes, bénévoles des associations et migrant.e.s. Des camarades ont été attaqué.e.s durant la nuit par des bandes armées de couteaux, de matraques téléscopiques et de gaz lacrymogène. Une bénévole connue par tou.te.s a échappé de justesse à une tentative d’enlèvement ; un groupe de fascistes ont essayé de la traîner dans une voiture. Surtout à Calais nous ne pouvons pas faire confiance à la police pour une protection. Durant l’hiver passé la police est restée passive quand Sauvons Calais et d’autres fascistes ont attaqué un squat pendant une semaine, avec des projectiles, des cocktails molotov et des hâches pour essayer de rentrer dand la maison.

Il n’y a pas de place pour des fascistes à Calais. Nous allons résister contre ce rassemblement néo-nazi. Nous allons résister contre la vague actuelle d’attaques fascistes dans les rues. Mais vu le nombre inconnu de néo-nazis (des centaines ?) qui vont arriver, nous ne pourrons pas le faire tout seul.e.s. Nous appelons les anti-fascistes de toute la France, de toute l’Europe, de nous rejoindre pour un rassemblement de solidarité pendant le weekend du 5-7 septembre.

Nous avons besoin de votre soutien pour arrêter la manifestation de Sauvons Calais. Nous avons besoin de votre soutien pour défendre les maisons et les lieux de rencontre sous attaque. Nous invitons aussi des musiciens, réalisateurs de films et autres pour se joindre à nous et pour créer un festival international de résistance ! De 1940 à 2014 des Français et des immigrant.e.s de toute la planète se sont réuni.e.s à plusieures reprises pour vaincre le nazisme. Nous voulons célébrer cette tradition avec des actions, mais aussi avec des évenements comme des concerts, des projections de films, des discussions et plus. Toutes les propositions et expressions de solidarité dans les jours à venir sont bienvenues.

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[Val de Suse] 1-7 septembre, semaine de lutte No TAV – Appel à la mobilisation – Camping

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VOIR L’APPEL

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