[Désarmer la police] Suite à la fermeture de la genmerderie de Sautron, poursuivre le mouvement

Ces gens-là n’ont vraiment pas le sens de l’humour
Communiqué suite à la fermeture de la gendarmerie de Sautron et la mise en examen de 5 camarades

Par notre action, qui fait suite à d’autres décisions populaires de fermetures de gendarmeries en France, comme à Millau ou à Eymoutiers, et à un appel national, nous avons voulu porter un message clair : ils ont trop blessé, mutilé, tué, et la récente mort d’un manifestant à Sivens est la goutte de sang sur laquelle nous ne passerons pas l’éponge. Nous avons souhaité rejoindre le mouvement pour désarmer la police qui depuis cet assassinat s’approfondit à un rythme régulier, de manifs en occupations, de blocages en assemblées.

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Genmerderie de Millau, le 21 novembre 2014

Ce mouvement fait face à une répression inédite par son ampleur et ses formes : interdiction des rassemblements, arrestations préventives, intimidation de militant.e.s, et toujours davantage de blessures et mutilations par les armes prétendues non létales.. C’est maintenant qu’il faut réagir si nous ne voulons pas que ces dispositifs répressifs restent la norme.

C’est pourquoi vendredi 21 novembre, à la veille d’une journée nationale contre les violences policières, nous nous sommes retrouvé.e.s à une cinquantaine de personnes devant la gendarmerie de Sautron. Immédiatement, l’un d’entre nous a tenté de rassurer les gendarmes au mégaphone en expliquant le caractère pacifique de notre action, et ce que nous allions faire : fermer symboliquement la gendarmerie. Aussitôt, un des fonctionnaire a fait usage de sa gazeuse, ce qui n’a pas entamé la détermination et la bonne humeur des participant.e.s. Nous avons entrepris de cadenasser le portail, tandis qu’une porte anti-squat était scellée sur l’entrée principale. Puis, des jets de peinture évoquant le sang versé par les forces de l’ordre étaient envoyés devant l’édifice et sur sa façade. Au bout d’une dizaine de minutes, voyant que les gendarmes se faisaient de plus en plus nombreux et s’équipaient de lanceurs de balle de défense, nous avons décidé d’écourter notre rassemblement, prévu initialement pour durer plus longtemps afin de distribuer des tracts et de discuter avec les passant.e.s.

À aucun moment nous n’avons cherché à pénétrer dans les locaux ou la cour de la gendarmerie, ni n’avons eu de gestes violents. Le convoi qui s’éloigne tranquillement est mis sous pression par une demi-douzaine de véhicules bleus marine lancés à vive allure. Se pensant dans une mauvaise série américaine, ils percutent la dernière voiture au risque d’un accident grave. Cinq personnes présentes dans la voiture sont plaquées au sol, menottées, photographiées de force.

Face au risque de voir notre rassemblement étouffé nous n’avions pas opté pour un appel public. Ces derniers mois de nombreux rassemblements ont en effet été interdits et de nombreuses arrestations préventives ont précédé les manifestations. La plupart d’entre nous ont préféré se grimer plutôt que de servir à nouveau de cible aux opérations de fichage de la police. Cependant, nous avions voulu notre action rassembleuse, ludique, empreinte d’auto-dérision. Mais, fallait-il le vérifier encore, ces gens-là n’ont vraiment pas le sens de l’humour.

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Ibidem

Quelques heures à peine après, la presse relayait les mensonges les plus osés de Cazeneuve, ministre de l’intérieur et de ses sbires, inventant de toute pièce une « attaque de gendarmerie », habillant de leur vocabulaire belliqueux notre joyeuse équipée. Jouant sur les amalgames ils en profitent pour ressortir l’épouvantail de l’« affreu.se.x zadiste », masquant tout ce que rend possible ce territoire sans police, que ce soit en terme de vie et d’organisation commune, d’activités agricoles, d’inspiration d’autres résistances.

Pour les cinq personnes interpellées, la criminalisation de notre action se traduit en conséquences judiciaires démesurées au regard des faits : après 48 heures de garde-à-vue, une juge d’instruction est nommé pour poursuivre l’enquête sur des qualifications telles que « dégradation aggravée en réunion », « refus de signalétique » et « violence en réunion sans ITT ». Le contrôle judiciaire est ici utilisé pour imposer une peine avant tout jugement. Il s’agit bien d’intimidation politique. Ainsi les assignations à domicile sont très lourdes, deux personnes sont contraintes à rester chez elles de 19h à 7h. Quant à l’interdiction du 44, elle représente une véritable privation de liberté et une stratégie d’isolement. Cette mesure est fréquemment utilisée dans la répression de luttes d’occupation de territoire. L’instruction se veut une épée de Damoclès au dessus des camarades en contrôle judiciaire et de toutes les personnes impliquées dans le mouvement contre les violences policières.

Ces attaques policières et judiciaires ne doivent pas nous affaiblir. Face à leur volonté de nous diviser, de provoquer la peur et le repli sur soi, nous appelons à nous rassembler autour des personnes mises en examen et de ne laisser aucune des personnes inculpées ces derniers mois seule face à la police et à la justice.

Face à leurs mensonges, nous appelons à poursuivre le mouvement, portant notre voix toujours plus forte et claire.

Des occupant.e.s de la Zone À Défendre – Des participant.e.s au cadenassage – Des inculpé.e.s potentiel.le.s et leurs ami.e.s – 25 novembre 2014

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[Compaoré dégagé au Burkina] La radicalité des masses populaires

Burkina Faso : interview de Lila Chouli

Afriques en lutte : Bonjour Lila, vous avez publié en 2011 « Burkina Faso 2011, Chronique d’un mouvement social » qui décrit bien les méthodes du régime Compaoré pour casser les mouvements sociaux au pays des hommes intègres. Pouvez-vous nous faire l’historique de ces précédents mouvements sociaux ?

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Depuis le début de la période post-coloniale, la présence du mouvement social est un invariant dans le paysage sociopolitique burkinabè. Il y a une réelle tradition de lutte dans ce pays, dont « l’acte fondateur » est la chute de la ie République le 3 janvier 1966 suite à un mouvement populaire. Pour ne parler que de la période récente – le régime de Blaise Compaoré – celui-ci a laissé un pays qui se caractérisait par des mobilisations prenant comme terrain la rue, dépassant largement les structures organisées et n’étant pas l’apanage des urbains et/ou des « intellectuels ». Tant dans le monde rural que dans les zones urbaines, des questions saillantes, telles que l’accès à la terre, les déguerpissements, l’agro-business, les conflits fonciers, la corruption, l’impunité, l’état des aménagements collectifs, etc. étaient très régulièrement l’objet de révoltes spontanées. S’agissant des mouvements sociaux qui ont véritablement fait vaciller le régime il y a celui de 1998, consécutif à l’assassinat de Norbert Zongo. Ce mouvement s’est étendu de manière soutenue sur plus de deux ans, sur tout le territoire, et a regroupé différentes composantes sociales. Depuis cette crise sociopolitique, on note un réel essor des mobilisations populaires. Le second, qui a lui aussi failli emporter le régime est celui de 2011. Ce mouvement populaire – dont le déclencheur avait été la mort du collégien Justin Zongo, à la suite de multiples arrestations par la police et la répression meurtrière de manifestations, revendiquant la lumière sur cette affaire – avait déjà placé le pays dans une situation quasi insurrectionnelle. À cette mobilisation s’étaient greffés une série de mutineries militaires et des conflits sociaux dans quasiment tous les secteurs de la vie économique (de la paysannerie à l’administration, en passant par les mines, etc.). Le pays était devenu ingouvernable. Tout au long de ce mouvement social, la question de l’alternance pour 2015 apparaissait en filigrane.

AEL : Qu’est ce qui a permis aux mouvements sociaux d’octobre 2014 contre le changement constitutionnel d’aboutir finalement à la chute de Compaoré ?

Ce qui a réellement permis d’aboutir à la chute de Compaoré est le ras-le-bol d’une population majoritairement jeune (60% des Burkinabè ont moins de 25 ans) et le degré de conscientisation de cette population par rapport aux raisons réelles du sort de la grande majorité. Il est significatif qu’il n’y a pas que parmi la classe intellectuelle et urbaine que les gens montraient du doigt le régime et se révoltaient contre lui, d’abord parce qu’ils expérimentaient sa nuisance de façon très concrète (accaparement des terres, dépossession, répression, etc.). Cette dynamique protestataire doit aussi au travail d’ancrage populaire qu’ont effectué certaines organisations syndicales et associatives (Collectif contre l’impunité, Organisation démocratique de la jeunesse, Mouvement burkinabé des droits de l’Homme, Coalition contre la vie chère, etc.) qui ont élargi et politisé depuis des années l’action revendicative dans le pays. Le jour où Blaise Compaoré a démissionné, ce sont les jeunes manifestants – qu’ils soient membres d’une organisation de la société civile ou d’un parti politique ou pas – qui ont pressé l’opposition politique de demander son départ.

La mobilisation pour l’alternance s’est organisée à partir de la création du Sénat en mai 2013, perçue par le plus grand nombre comme un moyen pour Blaise Compaoré de modifier la Constitution. Le 29 juin 2013, l’opposition politique – qui avait depuis longtemps enterré la mobilisation populaire comme mode de revendication politique – appelait à l’initiative de son chef à une marche contre l’installation de cette chambre et la modification de l’article 37. Cette marche a réuni une foule impressionnante, composée de différentes classes sociales, de tous âges, militants d’une organisation politique ou civile ou pas. Ce sera le départ d’une série de marches et meetings qui connaîtront toujours une participation très importante. Dans la même période, on a assisté à la création d’une floraison d’organisations contre la modification de l’article 37, dont le Balai citoyen, en juillet 2013. La démission, le 4 janvier, de membres du bureau politique du parti au pouvoir, dont trois caciques (Roch Christian Kaboré, Simon Compaoré et Salif Diallo, des piliers du régime Compaoré) et la création de leur nouveau parti, a aussi eu un effet retentissant. Après les mutineries militaires de 2011, notamment celle de la garde présidentielle, ayant exprimé une fragilité certaine du régime, le départ de ces caciques indiquait assez bien l’état du navire. Mais ce qui a permis la chute de Compaoré a bel et bien été la radicalité des masses populaires.

AEL : Au Burkina Faso, le Balai citoyen a pris aussi sa part dans la chute du régime de Compaoré. Qu’en pensez-vous ? Et que pensez-vous du fait qu’il ait soutenu le lieutenant-Colonel Zida ?

Indéniablement, il est parvenu à fédérer des gens ne se reconnaissant dans les organisations politiques établies, une part de la « masse critique » mobilisée contre Compaoré. Par ailleurs, il a aussi mobilisé sur des questions sociales (délestage, état des hôpitaux, etc). En cela, c’est un mouvement important. Cependant, le Balai citoyen a eu une tendance à considérer que lutter pour le départ de Blaise Compaoré était en soi suffisant et considérait que les organisations insistant sur le fait que cette exigence et la nécessité de construire un projet politique et social alternatif n’étaient pas des étapes séparées, mais indissociables, étaient de fait des alliées objectives de Compaoré. Ce travail de fond aurait sans doute évité un affaiblissement du débat sur l’après-Compaoré, qui s’est exprimé par ce soutien apporté à une tentative de détournement de la victoire populaire par le n°2 de l’ex-garde prétorienne d’un président balayé par le mouvement populaire. C’est l’expression d’un sens politique limité, voire confus : en un jour le Balai peut à la fois dire « on se méfie des politiciens donc nous restons prudents » et servir de caution au lieutenant-colonel Zida, proche de Gilbert Diendiéré, le chef d’État major particulier de Compaoré, pour qu’il prenne le pouvoir en estimant que l’armée a droit à « un minimum de confiance ».

AEL : Si la transition conduisait aux élections, pensez-vous qu’il y a une alternative politique crédible au Burkina Faso, notamment qu’en est-il des partis sankaristes ?

Le fait que lors de l’insurrection populaire, aucun homme politique n’ait été appelé par les manifestants est tout de même un bon indice de la crédibilité de l’opposition politique formelle… Dans une opposition comptant des dizaines de partis, il n’y en a aucun incarnant une alternative. Responsable du parti l’Union pour le progrès et le changement (UPC) et chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré, par exemple, avait maladroitement affirmé l’an passé : « Aujourd’hui, le monde nous appartient, nous les néolibéraux ; nous l’avons vaincu et conquis » (ce qu’il a ensuite dénié). À la journaliste Anne Frintz qui l’a interrogé le mois dernier à Ouagadougou, avant l’insurrection populaire, sur son programme, Z. Diabré a répondu : « l’UPC n’a pas de programme spécifique », « le projet, c’est celui des bailleurs de fonds ». Il lui a précisé : « Dans l’opposition, il y a une unanimité dans le discours. On s’attaque tous au même problème : la pauvreté. On travaille pour une meilleure éducation, l’accès aux soins et à la santé (…) une agriculture d’export et vivrière, et surtout à une meilleure gouvernance. On doit attaquer la corruption qui est un sport national ici. (…) La différence entre les équipes de l’opposition, c’est la capacité à mettre en œuvre le programme. La volonté et l’engagement »…

Concernant les partis sankaristes, se battant à juste titre pour que justice soit rendue sur l’assassinat de Thomas Sankara, ils ne peuvent pas être considérés comme porteurs d’un projet politique (économique, social, etc.) alternatif. Si l’on en juge par la masse de gens se réclamant de Sankara, l’on peut déduire de leur faible popularité qu’ils ne semblent pas être considérés comme ses héritiers véritables en termes d’alternative politique, refus de toute domination extérieure compris.

Lila Chouli est chercheuse et travaille depuis quelques années sur le mouvement social au Burkina Faso. Elle a publié Burkina Faso 2011. Chronique d’un mouvement social, Tahin Party, Lyon (en téléchargement gratuit sur le site de l’éditeur : http://tahin-party.org/chouli.html).
Lila Chouli a également publié Le boom minier au Burkina Faso, Août 2014. Propos recueillis par Moulzo. Publié dans le numéro 27 d’Afriques en lutte.

Leur presse (Ensemble, 12 novembre 2014)

 

Blaise Compaoré, chassé par son peuple, doit maintenant être jugé !

Extraordinaire peuple burkinabè. En deux jours, il a mis Blaise Compaoré en fuite. Une victoire qui a surpris la plupart des « observateurs » et « spécialistes » de ce pays, de même que la plupart des journalistes. Pourtant, tous les signes avant-coureurs étaient là.

Depuis de nombreuses années le pays s’attendait à ce que Blaise Compaoré modifie la Constitution pour pouvoir se représenter. Cette perspective était au centre des débats politiques depuis près de 3 ans. Toutes les manœuvres possibles ont été tentées : médiations diverses, Conseil consultatif sur les réformes politiques, tentative de dialogue vite avortée, le consensus n’a jamais pu être obtenu sur cette modification de l’article 37.

Finalement Blaise Compaoré a tenté de passer en force. Le 21 octobre, le Conseil des ministres annonce que le projet de modification constitutionnelle sera soumis à l’Assemblée nationale le 30 octobre. Il obtient le ralliement à son projet de l’ADF RDA, héritier du parti inter-africain fondé par l’Ivoirien Houphouët Boigny en 1946.

Sur le papier, une majorité des ¾ se dessine, qui permettrait de modifier la Constitution sans convoquer le référendum.

Front uni

Mais cette fois la situation politique est tout autre. L’opposition politique est unie sur la revendication du refus de tout nouveau changement constitutionnel. Elle a montré en outre une très grande capacité de mobilisation, rassemblant plusieurs fois des dizaines de milliers de personnes (cf. Billets n°227, septembre 2014). D’autre part le parti au pouvoir, le CDP, s’est considérablement affaibli, par le départ de plusieurs anciens ténors du parti pour créer un nouveau parti, le le Mouvement du Peuple pour le Progrès.

De nouvelles associations de la société civile se sont constituées, en particulier le Balai citoyen, « pour balayer le pays ». Ses membres se sont surnommés les Cibals, et ont désigné comme « Cibal suprème » Thomas Sankara lui-même ! Créé par Smockey et Sams’K Le Jah, deux musiciens très populaires parmi la jeunesse pour leur musique mais beaucoup aussi pour leur engagement, le Balai citoyen, par sa communication, ses formes d’action et de structuration en clubs locaux, l’indépendance par rapport aux partis politiques, a rencontré le besoin d’organisation et de formation d’une bonne partie de la jeunesse engagée.

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Un des militants du Balai citoyen, face à la foule de manifestants place de la Révolution, le 30/10/14 à Ouagadougou.

Les choses sont alors allées très vite. L’opposition réunie derrière le CFOP (Chef de file de l’opposition) a annoncé une campagne de désobéissance civile à partir du 28 octobre, date à laquelle elle a appelé à une grande manifestation populaire. Elle a exigé que la population puisse assister aux délibérations de la séance du 30 octobre.

Insurrection populaire

La mobilisation s’organise. Le 30 octobre éclate une véritable insurrection populaire, dans laquelle le Balai citoyen joue un rôle important puisque ce sont ses militants qui sillonnent la ville pour appeler à empêcher le vote. Mieux, ce sont eux qui sont partis négocier avec les militaires alors que le chef d’état-major nommé par Blaise Compaoré, le général Traoré, s’était déclaré chef de l’État.

Le peuple est resté mobilisé sur la place de la Révolution, les militaires, les dirigeants des partis et de la société civile venant rendre compte du déroulement des événements. Au moment de boucler ce numéro, il est encore difficile de déterminer qui détient la réalité du pouvoir ; l’armée, contestée, poursuit ses discussions avec l’opposition.

La diplomatie française dans ses communiqués officiels, tout en réaffirmant l’excellence des relations passées avec le Burkina, se réfère à la charte de l’Union Africaine. Le département américain apparaît légèrement plus ferme dans ses déclarations publiques. En réalité, le 7 octobre, dans une lettre rendue publique plus tard, François Hollande écrit : «  le Burkina Faso pourrait être un exemple pour la région si, dans les mois qui viennent, il avançait lui aussi dans cette direction en évitant les risques d’un changement non consensuel de Constitution. Vous pourriez alors compter sur la France pour vous soutenir, si vous souhaitez mettre votre expérience et vos talents à la disposition de la communauté internationale ». Mais les manifestants ont prouvé qu’aucune modification de la Constitution n’aurait été consensuelle, même si Blaise avait finalement organisé un prétendu référendum.

Pour ce qui est des alternatives politiques au Burkina, l’opposition « libérale », au sens économique du terme, est désormais majoritaire, même si la gauche a progressé. Tout simplement parce que la plupart des nouveaux partis qui se sont créés dans la dernière période, l’ont été par des anciens collaborateurs de Blaise Compaoré. Et le chef de l’opposition actuel n’est autre que Zéphirin Diabré, ancien directeur Afrique d’Areva !

Réflexes françafricains

La Françafrique n’a pas manqué de se manifester durant cette période difficile. Le matin du 30 octobre, François Loncle, président du groupe parlementaire d’amitié France-Burkina Faso est venu déclarer à RFI que Blaise Compaoré pouvait très bien gérer la transition, démontrant ainsi le déphasage complet du Parlement français par rapport à la réalité de ce pays. Quant à la proposition de François Hollande de contribuer à le recaser dans les instances internationales, elle fait fi de son passé de déstabilisateur de la région, lui qui est impliqué dans toutes les guerres d’Afrique de l’Ouest, Libéria, Sierra Léone et Côte d’Ivoire, sans compter son soutien à peine voilé à certains groupes séparatistes du nord du Mali, ce qui lui a valu d’être récusé par Bamako comme médiateur.

Le France a là encore montré sa complicité avec les dictateurs africains au prix du déni de justice. Selon Le Figaro (31/10), « Paris a joué un rôle dans l’exfiltration du chef d’État déchu ». La France n’a pourtant pas à soustraire Compaoré à la justice de son pays. Le seul avenir qu’il mérite, c’est d’être jugé pour ses assassinats et crimes économiques au Burkina, mais aussi, au même titre que Charles Taylor, devant une juridiction internationale pour répondre des centaines de milliers de victimes des guerres régionales.

Rédigé le 2 novembre 2014 par Bruno Jaffré, Billets d’Afrique 240 – novembre 2014 / Survie

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[Ferguson, Missouri] Pas de justice, pas de paix (2)

Ferguson : la police ciblée, une douzaine d’immeubles incendiés

À Ferguson, suite à la décision de la justice américaine de ne pas poursuivre le policier blanc mis en cause pour la mort de Michael Brown, la police a été la cible de nombreux tirs tandis qu’une douzaine d’immeubles ont été incendiés.

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Le chef de la police du comté de Saint Louis, John Belmar, a indiqué aujourd’hui lors d’une conférence de presse que vingt-neuf manifestants ont été arrêtés. Aucun mort n’a été signalé.

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Publié par le savoir-faire français (LeFigaro.fr avec l’Agence Faut Payer, 25 novembre 2014 à 09:23)

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[Ferguson, Missouri] Pas de justice, pas de paix

Ferguson s’embrase à nouveau après la remise en liberté du policier incriminé

La ville de Ferguson, dans le Missouri, attendait cette décision depuis trois mois et la mort de Michael Brown, un jeune Noir tué par la police. Elle est tombée, lundi 24 novembre.

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Darren Wilson, l’officier accusé, ne sera pas poursuivi. Il n’aura pas à répondre de ses actes devant la justice, a annoncé le grand jury chargé de trancher sur la question. Les douze jurés, dont l’identité ne sera pas révélée, « ont déterminé qu’il n’y a pas de raison suffisante d’intenter des poursuites contre l’officier Wilson », a expliqué le procureur Robert McCulloch.

La famille du jeune homme s’est immédiatement dite « profondément déçue que le meurtrier de [leur] enfant n’ait pas à être confronté aux conséquences de ses actes » selon un communiqué révélé par leur avocat.

COMMERCES PILLÉS ET INCENDIÉS

Cette décision a été accueilli par la colère de centaines de manifestants, rassemblés à proximité du siège de la police de Ferguson.

Tandis que Barack Obama appelait au calme à la télévision, la police tiraient des gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Une partie des personnes présentes se sont attaquées à des commerces, qui ont été pillés et incendiés, comme le montrent des photos prises par des personnes sur place.

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La police, qui affirme avoir été la cible de tirs, a vu au moins deux de ses voitures incendiées.

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Ce scénario était celui redouté par la ville, qui avait déjà connu des nuits d’émeutes. Le maire de la ville a interdit les vols au-dessus de la ville pendant six heures. Prévoyant ces débordements, le gouverneur du Missouri avait décrété l’état d’urgence, mobilisé la garde nationale et renforcé les effectifs de police, a prévenu que les forces de l’ordre auraient recours à tous les moyens disponibles « si les gens sont violents ou menacent la propriété privée ».

Après l’annonce de la remise en liberté du policiers, de nombreuses manifestations ont été organisées dans plusieurs grandes villes du pays, de New York à Los Angeles.

UNE ENQUÊTE FÉDÉRALE SE POURSUIVRA

Depuis le 9 août, date de la mort par balles de Michael Brown, deux versions s’opposent sur le scénario de la dispute. Le policier Darren Wilson affirme avoir agi en légitime défense après avoir été frappé par le jeune homme qui aurait tenté de prendre son arme.

L’homme qui accompagnait Michael Brown affirme, lui, que ce dernier a été tué de sang-froid par le policier, alors qu’il avait les mains en l’air.

Pour tenter d’éclaircir les circonstances de l’altercation et le déroulement des événements, le grand jury a entendu une soixantaine de témoins, 70 heures durant, examiné des centaines de photos et d’éléments à charge et écouté trois médecins légistes. Il en a conclu qu’aucun élément ne permettait d’inculper le policier, évoquant des témoignages qui ne correspondaient pas aux preuves physiques, et notamment à l’autopsie pratiquée sur la dépouille de Michael Brown.

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Parallèlement, une enquête fédérale sur l’affaire se poursuit, « elle est indépendante par rapport à l’enquête locale depuis le début et le restera », a cependant déclaré le ministre de la justice américaine, Eric Holder.

Publié par le savoir-faire français (leur Monde, 25 novembre 2014)

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[Nantes] Mettre fin aux violences policières et judiciaires

Communiqué de presse du collectif d’organisation de la manif du 22 novembre

Malgré l’interdiction de fait de manifester, la mobilisation s’amplifie !

La manifestation contre les violences policières et la répression judiciaire a réuni plus de 4000 personnes. Plus de 300 lettres d’auto-dénonciation pour participation à la manifestation du 22 février à Nantes ont été envoyées au procureur. Malgré le dispositif policier délirant et le climat de peur instauré par les autorités, c’est la plus importante à ce jour.

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Cependant, on ne peut que s’inquiéter quant à la possibilité même de manifester : blocage du centre-ville, fouilles et arrestations préventives, mise en joue au visage avec des LBD de manifestants désarmés, discours anxiogènes de certains médias en amont visant à dissuader de manifester…

Pourtant, la diversité des personnes présentes démontre que le mouvement s’élargit et que le discours de la peur ne prend pas. Ils ne parviendront pas à nous enfermer dans la figure caricaturale du black-block casseur ultra-violent, dont ils abusent pour justifier la répression de toute forme de contestation.

Le mouvement, dans sa diversité, reste solidaire et déterminé pour mettre fin aux violences policières et judiciaires, seule réponse de l’État à des luttes légitimes.

Nous donnons rendez vous le 7 décembre à 14h devant la préfecture pour un marathon jusqu’à la prison en soutien à Enguerrand, emprisonné depuis plus de 7 mois suite à la manifestation du 22 février et victime d’un acharnement judiciaire scandaleux.

Le collectif d’organisation de la manif, composé des membres de comités locaux contre le projet d’aéroport, de collectifs anti-répression, de membres d’associations et d’individu-es – Indymedia Nantes, 23 novembre 2014

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[Genmerderie nationale] Instruction & contrôle judiciaire pour les 5 de Sautron

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Instruction hors proportion pour les 5 de la gendarmerie de Sautron

Vendredi passé, dans le cadre d’un appel national d’action contre les violences policières (entre autre la mort de Rémi Fraisse), une action ludique soit organisé pour fermer la gendarmerie de Sautron avec des plaques anti-squat. Des gens déguisés en clown, cochon et autre mettent de la peinture rouge devant l’entrée, font un graph et lâchent un fumigène avant de partir.

À la suite 5 personnes se font arrêter en voiture et seront accusées de dégradation en réunion, masqué, outrage (une personne), violence aggravée sur agent dépositaire … sans ITT (le fait de lâcher un fumigène).

Pour Cazeneuve bonne occasion d’ouvrir une instruction pour cet horrible acte contre les forces de l’ordre.

Quatre personnes sont désormais sorties avec des contrôles judiciaires très contraignants et complètement hors proportion. Assignation à domicile pour une personne, interdiction de se rencontrer ou communiquer, interdiction du Loire-Atlantique (même pour voir des avocats)…

Ceci constitue un énième dérapage de l’appareil judiciaire contre les mouvements sociaux à Nantes ce dernier temps. Des dossiers bidons, des contraintes insupportables pour les inculpé-e-s dans une tentative authentique de pourrir la vie aux manifestant-e-s.

Indymedia Nantes, 24 novembre 2014

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[Loin de cesser les violences policières se sont accrues depuis la mort de Rémi Fraisse] Appel de l’AG de Rennes 2

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APPEL DE RENNES

Nous constatons :

• que loin de cesser les violences policières se sont accrues depuis la mort de Rémi Fraisse.

• que ces violences se concentrent particulièrement sur les habitant-e-s des quartiers populaires dont les autorités craignent la mise en mouvement, notamment les lycéens.

• que les déchaînements de violences habituellement cantonnés dans les banlieues, aux DOM-TOM, dans les cellules des commissariats, les centres de rétention et sur les ZAD s’affichent désormais dans les rues des grandes villes, sous les yeux de la population.

• que la police est le premier problème auquel sont confrontées les personnes qui luttent ou vivent hors des règles strictes d’un monde régi par la logique du profit et sous le contrôle de l’État.

• que ce mouvement est incontrôlable, qu’il doit le rester, qu’en tant que tel il effraie les dirigeant-e-s.

• qu’aucune revendication en tant que telle ne peut ni ne doit en sortir.

• que les tentatives d’empêcher les rassemblements par les interdictions préfectorales, ont été mises en échec par la détermination des manifestant-e-s.

• que les tentatives de catégoriser les participant-e-s en violent-e-s/pacifistes, citoyen-ne-s/zadistes, n’ont d’autres buts que celui de nous diviser, tout comme on divise à longueur d’année la population entre roms et riverain-ne-s, musulman-e-s et laïcs/ques, étrangers/ères et nationaux, homos et hétéros, chômeurs/euses et salarié-e-s.

Nous affirmons :

• que la mort de Rémi Fraisse tout comme celle de tant d’autres auparavant n’est pas une bavure, mais le fruit d’une politique réfléchie, d’une stratégie de terreur.

• notre solidarité avec toutes les personnes victimes de la répression policière et judiciaire.

• notre désir de prolonger les rencontres et les complicités qui depuis trois semaines se tissent dans nos cortèges, nos AG, nos actions, nos soirées.

• la nécessité d’occuper la rue, mais aussi un lieu collectif où nous organiser.

• la nécessité de laisser à chaque personne le temps de prendre sa place dans le mouvement pour aller au-delà des habituelles catégorisations des luttes (estudiantines, salariales, etc.).

• que nul ne saurait nous représenter ni négocier en notre nom.

Nous relayons:

• le rendez-vous de Nathalie Apéro jeudi 20 novembre à 21h place St Michel, pour un apéro gé(n)ant contre la police.

l’appel à manifester à Nantes samedi 22 novembre 2014 contre la répression policière, et plus particulièrement en soutien aux personnes blessées et poursuivies au pénal suite à la manifestation du 22 février (rendez-vous 11h parking Alma pour covoiturage).

l’appel du plateau de Millevaches à bloquer les commissariats et les gendarmeries partout en France.

l’appel à bloquer Nobel Sport, usine de fabrication de flash-balls, de grenades et de lacrymogènes à Pont de Buis (29), le mercredi 03 décembre 2014.

Nous exigeons :

• l’arrêt immédiat de toutes les poursuites judiciaires à l’encontre des personnes ayant participé aux manifestations des dernières semaines, mais aussi aux manifestations de soutien aux ZAD de Notre Dame des Landes et de celle du Testet.

• l’amnistie pour toutes les personnes condamnées.

• la libération des camarades emprisonnés, notamment Enguerrand, en grève de la faim et maintenu arbitrairement en détention par le procureur de Nantes.

Pour la suite Rendez-vous

mardi 25 novembre à 12h30 pour une Assemblée Générale devant le hall B à Rennes 2.

jeudi 27 novembre à partir de 18h place St Michel pour une manifestation d’occupation débouchant sur l’ouverture d’un lieu de lutte pour le mouvement.

Indymedia Nantes, 20 novembre 2014

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[Justice pour Ali Ziri] Audience du 19 novembre 2014

Mort d’Ali Ziri : l’avocat général demande un supplément d’enquête

Ali Ziri, 69 ans, est décédé, asphyxié, le 11 juin 2009, deux jours après son interpellation par la police à Argenteuil. Le parquet général de Rennes a demandé jeudi 19 novembre à relancer l’information judiciaire qui s’était conclue par un non-lieu.

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Connaîtra-t-on enfin un jour la vérité sur la mort d’Ali Ziri, un chibani de 69 ans, décédé par suffocation, le 11 juin 2009, deux jours après son interpellation par la police à Argenteuil ? L’affaire s’était d’abord conclue par un non-lieu prononcé le 15 octobre 2012 par un juge d’instruction qui, pas plus que ses prédécesseurs, n’avait pris la peine d’entendre lui-même les policiers interpellateurs. Mais début 2014, la Cour de cassation avait estimé que les juges auraient dû « rechercher si les contraintes exercées » sur le retraité algérien « n’avaient pas été excessives au regard du comportement de l’intéressé » et « si l’assistance fournie (par les policiers, ndlr) avait été appropriée ». Elle avait dépaysé l’affaire devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes. Laquelle doit désormais décider de l’annulation ou non de ce non-lieu.

Lors de l’audience, jeudi 19 novembre 2014, l’avocat général, qui représente le parquet devant la cour d’appel de Rennes, a demandé l’infirmation de ce non-lieu et un supplément d’enquête. Il s’est cependant opposé, à ce stade de l’enquête, à la mise en examen des trois policiers interpellateurs. Selon Me Stéphane Maugendre, l’avocat de la famille d’Ali Ziri, le parquet général a estimé que l’instruction avait été sérieuse mais avait eu deux défauts. « Le premier, de ne pas avoir vérifié si la technique du pliage avait été utilisée et si une autre méthode pouvait être utilisée, détaille Me Maugendre. Le second était qu’elle n’avait pas été attentive à la transparence vis-à-vis des parties civiles et pas assez contradictoire, notamment au regard des demandes d’actes formulées par les parties civiles. » Celles-ci étaient pourtant basiques : la famille a demandé une reconstitution, ainsi que l’accès aux bandes de vidéosurveillance montrant l’arrivée d’Ali Ziri au commissariat. Selon feu la commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) qui a pu les visionner, ces bandes montrent qu’Ali Ziri a été « littéralement expulsé du véhicule » puis « saisi par les quatre membres, la tête pendante, sans réaction apparente, et emmené dans cette position jusqu’à l’intérieur du commissariat ». Mais aucun des trois juges d’instruction qui se sont succédé sur cette affaire n’a jamais jugé utile de visionner ces vidéos.

Arrêté avec un ami lors d’un contrôle routier, Ali Ziri avait été transporté à l’hôpital une heure et demie après son arrivée au commissariat. Les deux hommes de 69 ans et 61 ans, étaient fortement alcoolisés. Ali Ziri était revenu passer quelques jours en France pour effectuer des achats avant le mariage de son fils et les deux amis avaient descendu plusieurs verres dans l’après-midi.

Dans son avis de mai 2010, la CNDS avait dénoncé comme « inhumain et dégradant » le fait de les avoir laissés, lui et son ami interpellé en même temps, « allongés sur le sol du commissariat, mains menottées dans le dos, dans leur vomi, à la vue de tous les fonctionnaires de police présents qui ont constaté leur situation de détresse, pendant environ une heure ».

Les rapports médicaux avaient donné lieu à une bataille d’experts. Alors qu’un premier cardiologue avait pointé une bien commode « cardiomyopathie méconnue », deux expertises ont ensuite mis en cause la technique du pliage. Un procédé que les policiers d’Argenteuil, trois jeunes gardiens de la paix, ont reconnu avoir utilisé pour maintenir le vieil homme durant le trajet vers le commissariat.

Dans son rapport de juillet 2009, l’ancienne directrice de l’institut médico-légal de Paris indiquait ainsi qu’Ali Ziri, fortement alcoolisé ce soir-là, est décédé « d’un arrêt cardio-circulatoire d’origine hypoxique par suffocation multifactorielle (appui postérieur dorsal, de la face et notion de vomissements) ». L’autopsie avait en effet montré une vingtaine d’hématomes sur le corps d’Ali Ziri, pouvant « correspondre à des lésions de maintien », ainsi que des signes d’asphyxie mécanique des poumons.

Malgré cela, les juges d’instruction n’ont jamais auditionné les policiers concernés, ni les témoins présents ce soir-là au commissariat. Ils n’ont pas non plus visionné la bande des caméras de la cour du commissariat. Aucune reconstitution n’a été réalisée.

La chambre de l’instruction doit rendre sa décision le 12 décembre 2014.

Louise Fessard, Mediapart, 21 novembre 2014

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[Ain] Rassemblement du 22 novembre à Montluel

Rassemblement du 22 novembre à Montluel

Suite à l’annulation de dernière minute de la journée « comprendre le fascisme pour mieux le combattre » organisé à la MFR de Montluel par le collectif antifasciste de l’Ain, une soixantaine de personnes se sont réunies devant la mairie pour dénoncer l’annulation abusive du contrat de location. L’un des arguments évoqué par écrit par la MFR pour se justifier est que « l’idéologie défendue ne correspond pas a nos valeurs ».

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Cette première action s’est déroulée dans le calme et a permis de communiquer avec les habitants sur la montée du fascisme dans cette zone très marquée par l’extrême droite. La presse était présente.

Des suites seront données à cette affaire, nous ne nous arrêterons pas là.

La lutte antifasciste continue !

Mailing – 23 novembre 2014

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Verdict pour les 3 inculpés suite à la manif du 29 octobre à l’Hôtel de Ville (mort de Rémi Fraisse)

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Verdict pour les 3 inculpés suite à la manif du 29 octobre à l’Hôtel de Ville (mort de Rémi Fraisse)

Ambiance tendue cet après midi du 21 novembre à la chambre 23-2 du TGI de Paris. Trois accusés, arrêtés lors de la manifestation pour Rémi et les autres victimes de la police du 29 octobre place de l’Hôtel de ville de Paris. Déjà, en plus de la fouille habituelle à l’entrée du Palais de « justice », une fouille « spéciale » à l’entrée de la salle d’audience, une vingtaine de soutiens rentrent, les autres restent dehors, alors qu’au moins une quinzaine de place restent libres. Réservées à qui ? Une jeune fille manifeste son mécontentement, elle est proprement expulsée, avec menaces du président d’évacuer la salle. Tout un cinéma pour des accusations ridicules : crachats sur les boucliers, « dégradations » pour avoir tagué sur le sol « police assassin », jet de bouteille, de pot de peinture, personne n’est blessée du côté policier…

L’ambiance est agressive, le Président interdit et empêche toute discussion sur le pourquoi de cette manifestation, genre « on reste aux faits », on ne rentre pas dans les « considérations », à savoir interdiction d’évoquer les violences policières, l’assassinat de Rémi… Protestations dans la salle, menace d’évacuation bis. Visiblement la justice ne veut pas parler de grenades offensives, ni de la volonté des jeunes d’exiger la vérité… Bouche cousue, oreille bouchée, nez pincé, hypocritement la « justice » reste aux faits non prouvés.

Voilà l’ambiance devant cette chambre qui a aussi vu des « Rroms » sortir en pleurs et en cris, après un verdict.

À ajouter à cela, l’attitude volontairement provocatrice des gendarmes en faction devant la chambre, face à nous, soutiens des inculpés, et leur ton très sévère, condescendant, allant jusqu’à dire entre eux, parlant de trois d’entre nous ayant protesté contre ces refus d’assister à l’audience, qu’ils allaient nous coller un « trouble à l’ordre public » !

Dans ces conditions, le verdict est le suivant :

• 4 mois avec sursis et 200 euros d’amende ferme (pour peinture sur le sol, utilisation d’un haut-parleur et refus de signalétique)

• 1000 euros d’amende avec sursis (jet de projectiles : canettes essentiellement, et crachats)

• 700 euros d’amende avec sursis (jets de projectile : canettes essentiellement)

D’autres procès auront lieu début décembre et en janvier, se tenir informé sur http://paris-luttes.info/ notamment !

Liste de discussion du réseau Résistons Ensemble, 22 novembre 2014

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[Ain] Rassemblement ce samedi devant la mairie de Montluel à partir de 16 heures

APPEL À MOBILISATION

La journée « comprendre le fascisme pour mieux le combattre » prévue le 22 novembre à Montluel est annulée. La MFR la Saulsaie ayant décidé unilatéralement de ne plus louer la salle au collectif antifasciste 01 deux jours avant l’événement malgré notre contrat.

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Nous ne sommes pas en mesure de trouver de solution de repli convenable dans ce laps de temps sachant d’ailleurs que la location préalable de la MFR suivant les modalités prévues faisait suite aux refus de prêt de salle de multiples mairies de ce canton et des cantons voisins. Si cette partie du département est à ce point perméable à la normalisation du FN et des idées d’extrême-droite, il faut rappeler également d’autres faits , comme la profanation de la mosquée de Meximieux 5 fois depuis 2012 ou l’attaque du meeting du Front de Gauche à Montluel par des groupuscules d’extrême-droite le 11/04/2012, cela s’ajoutant aux multiples agressions de militants ou de minorités visibles, et la multiplication des croix-gammées (Dombes). Citons encore la tenue d’un événement organisé par Europe Identité en juin 2014 qui a pu trouver une salle dans l’urgence après que leur rassemblement à Pizay ait été dévoilé.

Nous interprétons cette annulation comme un signe particulièrement significatif et explicite de l’évolution à l’œuvre dans la société, à savoir la banalisation des idées fascisantes et la criminalisation de ceux qui veulent lutter pour une société plus juste, égalitaire et solidaire. Le weekend  prochain, le FN tiendra son Congrès à Lyon en grande pompe au Palais des Congrès et sera relayé par les médias alors que l’organisation, par notre collectif antifasciste départemental, d’un événement festif et culturel d’éducation populaire ait été jugé inacceptable par la MFR, mais aussi très probablement par les pouvoirs publics locaux décisionnaires (préfecture, police).

Face aux idées racistes et sécuritaires, face à l’extrême-droite, à la complaisance passive des pouvoirs publics avec l’ascension idéologique du FN et de ses alliés et à la suite de cette annulation qui s’apparente à un déni de démocratie et un procès d’intention de l’engagement militant et de l’antifascisme, nous appelons à un

Rassemblement devant la Mairie de Montluel le samedi 22 novembre à partir de 16 H

La lutte antifasciste continue !

Des antifascistes de l’Ain – 21 novembre 2014 (soirée)

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[Genmerderie de Sautron] Mise en quarantaine des féroces de l’ordre suite à la mort de Rémi Fraisse

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VOIR LA VIDÉO

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[Genève] « ACAB / Pour Rémi »

Genève
Le consulat de France maculé de peinture rouge sang

Des slogans peints sur la façade du bâtiment, à deux pas de la Mairie de Genève, renvoient à l’affaire du barrage controversé de Sivens.

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Le consulat de France à Genève a été victime de déprédations dans la nuit. Un tag «Pour Rémi» fait référence à l’affaire qui déchire la France autour du barrage de Sivens dans le Tarn, entre Albi et Toulouse. Il y a un mois, un opposant à cette retenue d’eau destinée à l’agriculture, Rémi Fraisse, a été tué par une grenade offensive. L’accident qui avait suscité un vif émoi en France a débouché sur l’interdiction de cet engin par les gendarmes.

Il était 2h30 ce jeudi matin quand la police genevoise a été alertée. Arrivés sur place, rue Imbert-Galloix, derrière le parc des Bastions, les gendarmes n’ont pu que constater les dégâts. Une enquête est ouverte. Les caméras de surveillance du bâtiment livreront peut-être quelques indices sur l’origine du ou des manifestants. L’acronyme ACAB a aussi été découvert peint en rouge sang. À l’arrivée des reporters de la Tribune, il avait déjà été effacé par la Voirie cantonale. ACAB signifie ordinairement «All cops are bastards» (tous les flics sont des salauds).

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Publié par des larbins de la maison Poulaga (TDG.ch, 21 novembre 2014)

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[Lille] « Si l’on parle aujourd’hui d’un mort en manif, il ne faut pas oublier que la police, la justice et l’État mutilent et tuent de manière quasi quotidienne et plus discrète dans les rues, dans les prisons, aux frontières (…) Ce sont toujours les mêmes qui sont visés : habitant-es des quartiers populaires, précaires, pauvres, personnes en lutte »

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Manifestation contre les violences policières

Samedi 22 novembre 2014 à 17h sur la Grand’Place de Lille

La police assassine
Ni oubli ni pardon !

Des actions, des manifs, et des blocus de lycées ont lieu partout en France et ailleurs suite à la mort de Rémi Fraisse et plus généralement contre la répression. Cette mort est survenue après de violentes interventions policières répétées contre des opposants à des projets capitalistes mais elle est à ajouter à une plus longue liste. Chaque année, la police tue entre 10 et 15 personnes surtout dans les quartiers populaires.

Pour défendre l’ordre social, l’État et sa police utilisent de manière systématique du matériel militaire : grenades offensives, tasers, flashballs, lacrymogènes, etc. qui provoquent de plus en plus souvent des blessures graves et des mutilations, parfois la mort.

Dans… les quartiers, dans les luttes, en prison et aux frontières la police tue !

Si l’on parle aujourd’hui d’un mort en manif, il ne faut pas oublier que la police, la justice et l’État mutilent et tuent de manière quasi quotidienne et plus discrète dans les rues, dans les prisons, aux frontières — comme à Calais. Ce sont toujours les mêmes qui sont visés : habitant-es des quartiers populaires, précaires, pauvres, personnes en lutte.

Médias et politiques omettent de parler de ces violences policières pour se focaliser sur quelques dégâts matériels lors des révoltes et manifestations. Ils tentent ainsi de diviser et de faire oublier les raisons de la colère alors que la multiplicité des modes d’action fait la force des luttes.

Il faut replacer le meurtre de Rémi dans une histoire longue où la police apparaît très clairement pour ce qu’elle est : un appareil d’État chargé de maintenir l’ordre économique, politique et social (capitaliste, raciste et patriarcal) par l’usage de la violence.

Elle est chargée de dominer, bannir et soumettre les couches sociales qui auraient le plus intérêt à se débarrasser de ce système parce qu’elles en bénéficient le moins.

De Zyed et Bouna (2005 – Seine Saint-Denis) à Lahoucine Ait Omghar (2013 – Pas-de-Calais) et à Rémi Fraisse (2014)
Nous ne vous oublierons pas !

Indymedia Lille, 17 novembre 2014

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[Fermeture de la gendarmerie de Sautron] « Va te faire cuire un keuf »

Fermeture surprise de la gendarmerie de Sautron

Se revendiquant d’un mouvement qui dénonce et s’organise contre les violences commises par la police et la gendarmerie, notamment après les yeux crevés à répétition et la mort de Rémi Fraisse, une cinquantaine de personnes ont mené une action symbolique de fermeture de la gendarmerie de Sautron vers neuf heures ce matin.

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« Ceci est une action symbolique et bon enfant, pas de panique ! » scandait leur porte-voix au mégaphone, pendant que d’autres cadenassaient le portail d’entrée et scellaient les portes de la gendarmerie au moyen d’une porte anti-squat, en chantant. Leur communiqué est le suivant :

Avis à la population

Présence d’un danger nommé « gendarme » dans votre ville

Suite aux récents débordements provoqués par les bandes organisées et armées nommées police et gendarmerie nationale ; Suite aux tentatives vaines mais répétées de réprimer le mouvement de révolte actuelle, et ceci malgré les centaines de manifestations et mobilisations, et blocages de lycées à travers toute la France et au-delà ; Suite aux nombreux blessés et morts causés par cette association de malfaiteurs au service de l’État. Il a été décidé : la mise en quarantaine de la gendarmerie de Sautron pour une durée indéterminée. Toute personne ou groupe encore indemne de propagande étatique, n’ayant pas encore trop visionné NCIS, Julie Lescaut ou Enquête d’Action, est appelé à appliquer des mesures similaires avec ingéniosité, et fermeté.

Il faut croire que la maréchaussée n’a pas compris le caractère symbolique de notre action. Pourtant, dans une atmosphère bon enfant, après les sommations d’usage de notre porte-voix, nous avons simplement cadenassé le portail, et scellé l’entrée de la gendarmerie au moyen d’une porte anti-squat, et recoloré ce triste bâtiment.

Manifestement stressés par leurs existences misérables, les hommes armés ont immédiatement gazé et menacé les personnes présentes, et fous de rage n’ont pas hésité à volontairement percuter une voiture. Malgré l’action déterminée des manifestants, 5 personnes ont été kidnappées, et sont toujours retenues en otage. Aujourd’hui, dans l’absence de revendications des kidnappeurs en uniforme, nous leur transmettons cet avertissement :

Vous filez un mauvais coton les enfants ! Si ça continue, nous allons devoir sévir. Poil à frire.

Allez, à demain !

Cette action suit un appel national à fermer les gendarmeries et les commissariats, et à perturber les infrastructures du maintien de l’ordre. Elle s’inscrit dans la mobilisation de milliers de manifestants ces dernières semaines, et notamment lors de la journée nationale contre la police demain 22 novembre à 14h à Nantes, et partout en France.

Master LOCK & TORDJMAN associé.e.s – Indymedia Nantes, 21 novembre 2014

 

Dégradations sur une gendarmerie près de ND-des-Landes, cinq interpellations

Une quarantaine de personnes, venues du site du projet contesté d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, ont maculé de peinture vendredi matin la gendarmerie de Sautron (Loire-Atlantique), près de Nantes, et cinq d’entre elles ont été interpellées, a-t-on appris de source proche de l’enquête.

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Venues à bord d’une dizaine de véhicules de la «zone d’aménagement différé» (Zad) prévue pour le projet et occupée par des opposants à l’aéroport, elles ont jeté de la peinture et tagué la façade de la gendarmerie, avant de «quitter le secteur», a indiqué cette même source.

La façade de la gendarmerie, où a été inscrit à un angle «Va te faire cuire un keuf», a été barbouillée de peinture orange et une grosse flaque de peinture rouge était présente devant l’entrée du bâtiment, dont le pas de la porte était obstrué par une plaque en fer, a constaté un photographe de l’AFP.

Les services de l’identité criminelle de la gendarmerie étaient en train d’effectuer des prélèvements, sous les yeux de badauds.

Un dispositif de sécurité a été mis en place et plus d’une trentaine de gendarmes ont été déployés.

«À ce stade, cinq interpellations ont eu lieu ce matin», a déclaré la source proche de l’enquête.

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La maire divers droite de cette commune de la banlieue nantaise, Marie-Cécile Gessant, s’est dite «indignée» par cet acte «inadmissible, intolérable».

Selon elle, un groupe de personnes est d’abord passé par la mairie avant de «foncer sur la gendarmerie», recouvrant «toute la façade de peinture» et lançant des fumigènes.

«C’est la première fois que la gendarmerie est visée. (…) Heureusement, il n’y a pas eu d’atteinte humaine, mais on ne doit pas vivre avec la peur au ventre sous prétexte que quelques hurluberlus viennent casser», a affirmé Mme Gessant, demandant à l’État de prendre «ses responsabilités sur ce problème de Zad» car «on ne peut pas continuer à tolérer des gens qui ne respectent pas la loi».

La gendarmerie est «un bâtiment communal et bien entendu nous allons déposer plainte», a-t-elle ajouté.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Agence Faut Payer, 21 novembre 2014)

 

Zadistes à Sautron. Une action surprise ce matin à la gendarmerie

Des zadistes ont débarqué ce vendredi matin devant la gendarmerie de Sautron avec bombes de peinture et fumigènes. Ils réclament la libération de leurs amis en garde à vue.

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Dans la nuit de jeudi à vendredi, les gendarmes ont interpellé des zadistes (nom donné aux occupants de la zone du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes), suspectés de voler du carburant. Ils ont été placés en garde à vue à la gendarmerie.

Ce vendredi matin, aux environs de 9 h, un groupe d’une quarantaine de personnes venues avec une dizaine de véhicules ayant tous la même plaque d’immatriculation, en provenance de la Zad (zone à défendre), est arrivé devant la gendarmerie de Sautron, avec des fumigènes et des bombes de peinture. Ils réclament la libération de leurs amis.
Ce matin, la gendarmerie de Sautron a été vandalisée.

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Cinq personnes ont été interpellées par les gendarmes, peu après cette action surprise. Une trentaine de militaires se sont postés aux alentours de Sautron pour procéder au contrôle des véhicules. Le dispositif est toujours en cours [9h53].

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Agence Faut Payer, 21 novembre 2014)

 

Sautron : la gendarmerie cible d’une action « coup de poing » des zadistes

Ce vendredi matin vers 9 heures, une cinquantaine de zadistes cagoulés, gantés et munis de bombes de peinture ont mené une action coup de poing sur la gendarmerie de Sautron, près de Nantes. Ils réclamaient la libération de leurs camarades gardés à vue à la gendarmerie.

Il était 9 heures environ lorsque les zadistes sont arrivés à bord d’une dizaine de véhicules devant la gendarmerie de Sautron.
Les zadistes ont copieusement arrosé la façade du bâtiment de peinture orange et taggué « Va te faire cuire un keuf ».
Ils ont aussi cadenassé une grille de la gendarmerie et osbtrué la porte d’accès aux lieux avec une plaque de métal.
Les gendarmes ont aussitôt riposté avec leurs moyens sur place. Une trentaine d’hommes ont ainsi été déployés.

Cinq personnes ont été interpellées suite à cette action des zadistes. Une action menée en représailles à des arrestations opérées cette nuit par les gendarmes.

(…)

Cette action intervient à la veille de la manifestation contre les violences policières prévue à Nantes. Les organisateurs, dont des comités anti Notre-Dame-des-Landes et des collectifs anti-répression, appellent à « reprendre la rue en masse » pour « ne pas la laisser à la police », tout en demandant de « considérer comme un enjeu de s’abstenir de répondre aux provocations des flics ou s’en prendre aux biens matériels ».

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Fabienne Béranger, france3-regions.francetvinfo.fr, 21 novembre 2014)

 

(…) «Aux environs de 09H00, une cinquantaine de zadistes très déterminés, cagoulés, gantés, protégés par des vêtements amples sont intervenus en convoi d’une dizaine de véhicules contre la brigade territoriale visiblement avec l’envie d’en découdre», a expliqué sur place le commandant de gendarmerie des Pays de la Loire, le colonel Didier Marconnet.

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Un des véhicules de gendarmerie «a été percuté pour éviter les interpellations et un autre véhicule a été attaqué à coups de marteau», a-t-il poursuivi, décrivant «une violence relativement extrême».

Dans un communiqué, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a condamné «très fermement les exactions commises ce matin par une quarantaine d’individus encagoulés» qui «après avoir forcé le cadenas de la grille d’accès et pénétré dans l’enceinte des locaux de la brigade, (…) ont couvert les murs d’insultes à l’égard des forces de l’ordre et jeté un fumigène avant de s’enfuir». (…)

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Publié par des larbins de la maison Poulaga (Agence Faut Payer, 21 novembre 2014)

Publié dans Aménagement du territoire - Urbanisme, La police travaille, Répression de la "mouvance anarcho-autonome" en France (2007-...), Violences policières et idéologie sécuritaire | Marqué avec , , , , , , , , | Commentaires fermés sur [Fermeture de la gendarmerie de Sautron] « Va te faire cuire un keuf »

[Mère de Dieu, chasse Poutine] Nouvelles du camarade Aleksandr Kolchenko depuis la prison de Lefortovo

http://juralib.noblogs.org/files/2014/11/slobodu-aleksandru-kolchenko.jpgAleksandr Kolchenko: I am not a terrorist. I am a citizen of Ukraine.

Maksym Butkevych

The story of this interview is different from how interviews are usually recorded. The person answering the questions is in the place not very accessible for journalists – Lefortovo Moscow Pretrial Detention Facility that is still known as RF FSB SIZO (RF FSB SIZO – pre-trial detention facility of the Federal Security Service of the Russian Federation – transl.).

Lefortovo is the prison that has both special detention conditions and special security measures.

Aleksandr Kolchenko from Crimea, one of the Lefortovo prisoners, celebrates his birthday at the end of November. The Crimean anti-fascist and social activist could never probably imagine spending this day in such a place.

However, the occupation of Crimea changed his life: on May 16, Sasha, known among friends as “Tundra”, was arrested in Simferopol by the Federal Security Service of the Russian Federation, accused of participation in sabotage and terrorist group of the Right Sector and soon convoyed to Moscow.

Despite the absurdity of the accusations, numerous violations during the investigation process and constant attempts to impose Russian citizenship on the Ukrainian anti-fascist, Aleksandr Kolchenko, likewise the Ukrainian film director Oleg Sentsov (both were active participants of the protests against Crimea annexation by Russia) did not cooperate with the investigation and is still in detention.

Once again the detention term for Tundra got prolonged on October 20th.

In the period between the prolongation of his detention term and his birthday we managed to pass Sasha questions on what was going on with him at the moment – and to receive answers from one of the Ukrainian “Crimean hostages” in Moscow prison to find out what he was thinking, doing and planning.

On November 11th, the General Prosecutor’s Office of the Russian Federation stated in its letter that the four Lefortovo prisoners – Sentsov, Cherniy, Afanasyev and Kolchenko – were Ukrainian citizens. However, so far such “recognition” has had no impact on their situation.

Lefortovo daily life

– Let’s start from your present daily life. What are your detention conditions? Who do you share your imprisonment with? How do you experience prison daily regime, do you get enough food and time for walking? How is your health?

– Detention conditions in the cell are satisfactory. In my normal life before the detention I also used to get up at 6 am, so take-off at 6 am in SIZO does not distress me.

The cell, to my understanding, is ordinary: four walls, a small window with bars, a sink for washing, a toilet bowl, and furniture fixed to the floor. Now they are making repair works in cells so prisoners are being gradually moved to renovated cells.

My cellmates are different, from different regions and towns of Russia: Caucasus and Bashkiria, Moscow and Rostov, and so on; they are of different nationalities and religious beliefs. Despite the fact that I have known Russian guys with similar beliefs forlong time, this is my first time in Russia. It is a pity that my first visit started with SIZO.

The food is good here (definitely, not as good as at home). The menu changes every four days: breakfast – oatmeal, milk soup, two meals for lunch, and dinner; they always give meat or fish.

They even give me additional food: condensed milk and butter every day, an egg every second day. The reason is simple: the medical service of SIZO believes I am underweight.

They offer walks every day, but now I do not go outside as I am afraid to get cold.

And I do not have any health issues or complaints, everything is fine.

– How do you spend your days in prison? We know what you read a lot there – what exactly? And what would you like to read in the nearest future?

– I read most of my free time. Right now I am reading journalistic writings of Lev Tolstoi, in particular, his articles on religious views, land issue, death penalty. Tolstoi was a thinker with anti-state beliefs similar to anarchist, and this is why he is interesting to me.

Before this I read the poetry of Ivan Franko in Ukrainian; “State and Revolution” by Lenin; “Speeches of a Rebel” by Petr Kropotkin; “Future Society” by Jean Grave. I also read Russian newspapers and journals on subscription, such as “Novaya Gazeta”, “New Times”, “Russian Reporter”, “Popular Mechanics”.

– What do you miss in prison most of all ?

– Of course, most of all I miss freedom and communication with my friends and relatives. I miss even my work and my colleagues. I am not used to be in the mode of doing nothing – I always worked and I liked my work inprinting industry.

I am grateful to everyone who writes to me here in SIZO. This is the big joy and moral support. And I miss Crimea a lot.

– What parcel would you like to receive here? Anything, regardless of its cost?

– Music. I want to listen to the music – in particular, Jamaican sounds of Reggie and ska. I love music and at certain point it was one of the reasons of my interest in anarchists and anti-fascists.

– What news are the most important to you now? Do you know how much people, particularly in Ukraine, are aware of your situation?

– I am interested in any news from the world outside. I know only partially how people are aware of my fate: from press and letters that I get.

– Were you surprised to know about court’s decision as of October 20th to prolong your term in prison?

– No, this decision did not come as a surprise to me. Being here, talking to my cell-mates I realized it was a usual practice.

– Several questions about the investigation. How do you think: are they interested at all in digging up the truth in your case? Have you been pressured?

– No, I did not experience any pressure by the investigation. I have no idea which ‘truth’ the investigation is interested in. In my personal opinion, based on the analyses of how Ukrainian events were covered by Russian media, I think they need the Right Sector in Crimea to justify annexation of Crimea by Russia. Exactly for this reason in this criminal case they assign Oleg Sentsov, other guys and myself to the Right Sector. However, personally I have nothing to do with the Right Sector.

– The investigation insists on your Russian citizenship, while in Ukraine (and not only) you are considered as citizen of Ukraine. How will you answer the question of your citizenship?

– I consider myself a citizen of Ukraine. The only identification document I have is the passport of an Ukrainian citizen. I have never got a Russian passport.

[From the editorial: on November 11, the General Prosecutor’s Office of the Russian Federation admitted Kolchenko and other political prisoners as citizens of Ukraine.]

Who is Aleksandr Kolchenko?

– Let us move on to more critical issues. Based on what has happened to you, who do you consider yourself at the moment? A criminal defendant? A prisoner of war? A hostage? A representative of the occupied land who is deprived of his freedom by the occupation authorities? Or somebody else?

– I find it difficult to answer this question. But there is one thing I can say for sure – I am not a terrorist.

– You have mentioned many times you are a person with anti-fascist and radical left views. At the same time you are accused of being part of the Right Sector organization. What can you say regarding the position of those who support actions of the Russian authorities in Ukraine (including personally towards you) and call themselves ‘leftists’ or ‘anti-fascists’?

I am negative regarding those ‘leftists’ who call themselves ‘anti-fascists’ and support LNR or DNR. Having taken this side they have refused to take class position in favor of imperialist one (for instance, such politicians and groups as [Sergey] Udaltsov in Moscow and ‘Borot’ba’ [organization] in Ukraine). And I do not belong to the Right Sector.

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VOIR LA VIDÉO POUR LA LIBÉRATION D’ALEKSANDR (TUNDRA) KOL’CHENKO (en russe)

– What would you do now if you were free and in Ukraine, in particular, in the occupied territory?

– I would simply get a job to support my family and myself. Certainly, I would be still involved in public work that I was involved in before my detention – defending interests of professional communities and helping with solving ecological problems.

– And if you want to say something directly to those who will read this interview – in Ukraine, in Russia, in other countries – this is the right time…

– I would like to thank everyone for moral and financial support: my Moscow friends, friends from Ukraine and friends from Crimea, many other people from Russia, United States, Israel, Sweden, Germany.

Even though personally I do not know them, they support me.

[In Ukraine, Aleksandr Tundra Kolchenko and Oleg Sentsov are being supported, among others, by Kyiv solidarity group “Solidarity committee”, who provided this interview.

If you want to help Aleksandr and Oleg, you can get in touch with the group by email.]

Translated by Maidan translation affinity group from the source: “Українська правда” web-site. “Александр Кольченко: Я не террорист. Я – гражданин Украины” (in Russian).

No Borders Ukraine, 20 novembre 2014

Publié dans Les luttes de classes en Russie | Marqué avec , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Commentaires fermés sur [Mère de Dieu, chasse Poutine] Nouvelles du camarade Aleksandr Kolchenko depuis la prison de Lefortovo

Peña dégage !

CONCERT POUR LA JUSTICE POUR LES 43 ÉTUDIANTS MEXICAINS DISPARUS D’AYOTZINAPA (GUERRERO)

Le 26 septembre 2014 un groupe d’étudiants de l’École Normale d’Ayotzinapa de l’État de Guerrero (près de Acapulco) au Mexique ont été encerclés par la police lorsqu’ils rentraient d’une collecte de fonds à Iguala, la ville la plus proche de leur école. Les policiers ont tiré sur les bus, assassinant trois étudiants, dont l’un a été retrouvé sans visage et sans yeux. Trois autres personnes prises à tort pour des étudiants ont aussi été tuées. 43 étudiants ont été emmenés par la police. C’est la dernière fois qu’ils ont été vus. Des fosses communes ont, depuis, été trouvées dans les alentours de Iguala.

La frontière entre les groupes criminels et l’État est de plus en plus perméable et floue. Combien d’opposants politiques ont été éliminés sous le couvert de la guerre contre les drogues ? Combien d’êtres humains reposent aujourd’hui au Mexique dans une fosse commune, torturés, mutilés, disparus ? Ce n’est pas la première fois que des groupes de sécurité de l’État, en coordination ou pas avec des groupes paramilitaires, exécutent extrajudiciairement des civils désarmés. Les assassinats et les disparitions sont malheureusement un fait quotidien au Mexique. On estime à 85’000 le nombre de personnes tuées au Mexique depuis 2006, et à plus de 20’000 le nombre de disparus.

Cette fois-ci la cruauté des événements, les victimes ciblées, l’implication avérée des forces de l’État, et l’incertitude quant au sort des étudiants ont provoqué des mobilisations nationales et internationales d’une ampleur inédite. Les réponses du gouvernement ne sont pas satisfaisantes. Le président a tardé à réagir et des nombreux doutes planent sur la version officielle des faits.

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Le Mexique a besoin de votre solidarité ! La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à cette répression ! Justice pour tous les disparus !

Signez la lettre de solidarité

Mailing – 21 novembre 2014

 

Disparus d’Iguala : la colère des Mexicains ne faiblit pas

Des heurts se sont produits hier soir entre manifestants et policiers anti-émeute devant le Palais national, au centre de Mexico, où au moins trente mille personnes s’étaient réunies pour dénoncer le gouvernement après la disparition et le probable massacre de 43 étudiants.

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La colère ne faiblit pas au Mexique. Postés devant le siège du gouvernement, les policiers ont dispersé à l’aide de gaz lacrymogène et de jets d’eau, des manifestants qui leur jetaient des pierres et des pétards, puis des cocktails Molotov, ont constaté des journalistes de l’AFP. Protégés par des boucliers, les policiers ont avancé vers la foule pour la disperser et l’obliger à évacuer la place centrale.

Vêtues de noir, des dizaines de milliers de personnes avaient défilé pacifiquement auparavant pour réclamer justice pour les 43 étudiants disparus fin septembre dans le sud du Mexique et la démission du président Enrique Peña Nieto. «On les a emmenés vivants, vivants nous les voulons», ont scandé les manifestants.

Selon trois détenus, les jeunes ont été enlevés, puis tués, leurs cadavres brûlés avant que leurs restes concassés soient jetés dans une rivière. Mais jusqu’à présent les autorités n’ont aucune trace identifiable des étudiants.

«Le Mexique s’est réveillé»

Trois cortèges étaient partis de trois points du centre de la ville où ont été accueillis des caravanes de parents des disparus qui avaient parcouru le Mexique pour réclamer le retour de leurs enfants.

Au passage des parents des jeunes disparus et de leurs compagnons de l’école normale d’Ayotzinapa, dans l’État de Guerrero, la foule scandait : «Vous n’êtes pas seuls». Mais la manifestation était surtout combative : «Dehors Peña !» fut l’un des mots d’ordre les plus repris. «Il n’y a plus de peur, le Mexique s’est réveillé», criait encore la foule.

Selon les autorités, quelque 30.000 personnes ont participé à cette marche.

En ce jour anniversaire du déclenchement de la révolution mexicaine de 1910, les autorités avaient renoncé aux traditionnels défilés militaires pour laisser les rues à la protestation et à la douleur.

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Déjà dans la matinée, des violences avaient marqué le début de cette journée de protestation près de l’aéroport international de Mexico, sans qu’ait été signalé de blessés sérieux.

Une trentaine de manifestants ont été arrêtés après ces deux manifestations qui ont fait deux blessés du côté des policiers, ont annoncé les autorités.

Le gouvernement a célébré l’anniversaire par une traditionnelle mais discrète cérémonie de remise de médaille au camp militaire du Champ de Mars, à l’ouest de la capitale.

En pleine tourmente politique en raison de l’affaire des disparus et le scandale de la luxueuse maison de son épouse, le président Peña Nieto a averti lors de cette cérémonie qu’il entendait agir avec fermeté contre la violence.

«Certes le Mexique est meurtri. Mais le seul chemin pour soulager cette douleur est celui de la paix et de la justice», a dit le président. Le ministre de la Défense, le général Salvador Cienfuegos a de son côté averti : la violence mène à «l’ingouvernabilité», «l’instabilité» et ne peut que générer des «rancœurs irréconciliables».

«Partie émergée de l’iceberg»

Des manifestations de solidarité regroupant des milliers de personnes et montrant que la mobilisation ne faiblit pas se sont déroulées dans plusieurs autres villes du Mexique, notamment dans l’État de Guerrero, à Puebla et Morelos (centre), à Chihuahua (nord), et Oaxaca (sud). Des rassemblements se sont aussi tenus dans plusieurs villes des États-Unis et en Amérique latine, notamment en Bolivie et au Salvador.

L’affaire des disparus a déclenché la plus grave crise depuis des décennies au Mexique, selon les spécialistes. Elle a jeté une lumière crue sur un cas de collusion ouverte entre une autorité municipale, sa police et un groupe criminel.

«Il y a beaucoup d’indignation. Ce que nous vivons ce n’est que la partie émergée de l’iceberg, qui nous démontre qu’en-dessous les choses sont pourries», selon l’analyste Erubiel Tirado, de l’Université ibéroaméricaine de Mexico.

Publié par le savoir-faire français (Agence Faut Payer, 21 novembre 2014)

 

Mexique : Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ?

Mexico DF – 15/11/2014

Depuis 2011, le Mexique a connu chaque année des convulsions sociales majeures en faveur  de la transformation de son système politique corrompu. Aujourd’hui, dans la quatrième année de protestations, les graines de la conscientisation, de la solidarité et de l’organisation plantées par chacun des mouvements précédents commencent à germer.

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On voit renaître simultanément les luttes de 2011 qui remettaient en question la «guerre» contre le trafic de drogue, le soulèvement étudiant de 2012 contre Enrique Peña Nieto et les mobilisations de 2013 contre les « réformes structurelles » du Pacte pour le Mexique. Cette puissante synthèse dialectique de divers acteurs, causes et stratégies est ce qui explique l’incroyable force du mouvement mondial actuel qui exige justice pour les jeunes étudiants d’Ayotzinapa.

Personne ne sait jusqu’où ira ce processus d’effervescence sociale. Mais ce qui est désormais tout à fait clair, c’est que la société mexicaine n’est en aucune manière apathique ou inconsciente. La classe politique et les principaux conglomérats médiatiques ont échoué souverainement  dans leur mission de façonner le peuple mexicain à l’image de la culture individualiste et consumériste du Nord. Le Mexique reste toujours aussi latino-américain et son peuple va se battre jusqu’au bout pour une démocratie véritable, où les autorités rendent des comptes aux humbles et non à  l’oligarchie nationale, aux intérêts financiers internationaux et aux donneurs d’ordres de Washington.

Il n’y a en ce moment aucune urgence à «organiser» bureaucratiquement ou programmatiquement la multitude d’expressions de solidarité qui ont surgi spontanément d’Oaxaca à Paris et de Chicago à Santiago. Bien que l’établissement de solides liens de coordination soit sans doute une mission importante à moyen terme, essayer maintenant de centraliser ou de structurer formellement ces expressions ne ferait que produire des  goulets d’étranglement dans les processus  et des débats stériles. Ce qui est vraiment urgent, c’est que tout le monde intensifie quantitativement et qualitativement ses interventions sociales, afin de réduire à néant  le plus vite possible le scénario de « normalité » démocratique qu’on essaie de nous vendre depuis 2000.

Chaque contribution individuelle, collective, grande ou petite, est stratégique et extrêmement importante : les drapeaux  blancs dans le stade de football néerlandais, les expressions de rejet des partis politiques à Chilpancingo et Morelia, les caravanes de solidarité vers Iguala et Ayotzinapa, les manifs, sit-in et hommages dans les lieux publics, l’édition de vidéos, d’articles et de reportages sur les implications du massacre, les discours et des manifestations de solidarité dans les concerts et lors de remises de prix, les caravanes de sensibilisation des parents d’Ayotzinapa vers les autres États, la création d’images, de slogans et de chansons qui expriment la rage populaire, les conversations avec les voisins, collègues de travail et camarades d’école. Il faudrait tirer tout le jus possible de l’actuel moment « révolutionnaire », afin de propager, développer et articuler la conscience sociale.

Ce 20 novembre prochain, le 104e anniversaire de la Révolution mexicaine sera certainement un jour clé pour que tous nous exprimions  notre rejet  absolu du narcogouvernement qui tient la nation sous son joug. La soi-disant «transition démocratique» s’est avérée être une énorme arnaque. Aujourd’hui au Mexique ce n’est pas le peuple qui commande, mais l’argent et les réseaux informels du pouvoir le plus sadique et corrompu. Si le 20 Novembre les citoyens du Mexique, tous et chacun-e, plus les millions de Mexicains vivant à l’étranger, font quelque chose pour exprimer notre indignation, même par des gestes simples et purement symboliques, cela ébranlera les fondements du système. Il y a là une formidable occasion de faire entendre notre voix de manière coordonnée en tant que membres d’une grande patrie qui ne mérite pas d’être assassinée, pillée et saignée chaque jour.

En général, il est difficile d’imaginer que le mouvement apical de 2014 finisse en eau de boudin comme les précédents, comme le Mouvement pour la Paix (2011), # YoSoy132 (2012) et les manifestations contre la réforme de l’éducation et de l’énergie (2013). Les élèves et les parents d’Ayotzinapa sont parfaitement conscients que leurs camarades et enfants  tombés n’obtiendront pas justice  d’une conférence de presse de Murillo Karam [le procureur général de la république, NdT] ou d’une étude menée par l’Université d’Innsbruck. Ce sont des gens qui ont une grande formation culturelle et éducative et une conscience sociale, et savent que la seule façon de vraiment « empêcher un autre Ayotzinapa » est de résoudre à sa racine le problème de l’impunité et de la corruption structurelles.

Nos dirigeants, en revanche, font tous les jours étalage de leur grande ignorance, de leur indifférence et de leur inculture. Le voyage en Chine, la « Maison Blanche » et l’avion d’Enrique Peña Nieto, le maquilleur d’Angélica Rivera, les provocateurs [qui ont mis le feu au portail du] Palais National, les déclarations putschistes du général Cienfuegos, les remarques incendiaires des jeunes PRIistes [membres du parti au pouvoir] Ana Alidey Durán et Luis Adrián Ramírez, tout cela révèle une pauvreté morale et éthique qui a érodé le système politique jusqu’à la moelle.

Jen Psaki, la porte-parole du Département d’État US, a appelé la société mexicaine à « rester calme » face à la tragédie d’Ayotzinapa. Mais il faudrait rappeler à cette fonctionnaire que le « calme » a été rompu il y a belle lurette par son pays, lorsqu’il a imposé une «guerre» militarisée absurde et criminelle contre le peuple mexicain, qui a généré plus de 100’000 morts et 22’000 disparus depuis 2007. Au contraire, ce qui est nécessaire, c’est de travailler sans relâche pour continuer de perturber le calme et la tranquillité des puissants, avec comme objectif de pouvoir un jour atteindre un moment de paix pour les humbles et les travailleurs, et un véritable repos pour les familles et les amis des victimes du sadisme institutionnalisé.

John M. Ackerman – Traduit par Fausto Giudice (Soberanía Popular) – Blog Mediapart de XipeTotec
John M. Ackerman est Professeur à l’Université nationale autonome de Mexico (UNAM).

 

Marée humaine à Mexico pour demander justice

Jeudi soir, des dizaines de milliers de manifestants ont marché dans les rues de Mexico où ils ont réclamé que justice soit faite pour les 43 étudiants disparus à Iguala à la fin du mois de septembre dernier. Trois défilés étaient partis de trois points différents du centre de la ville, où avaient été accueillies trois caravanes de parents des disparus qui venaient de parcourir le Mexique pour expliquer leur lutte. Ces marches se sont déroulées de manière pacifique. Cependant, à l’issue de cette grande manifestation, des éléments masqués ont affronté à la police.

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« Quarante, quarante et un, quarante-deux, quarante-trois. Justice ! » Cette énumération du nombre d’étudiants disparus à Iguala, des dizaines de milliers de manifestants l’ont faite inlassablement tout au long de trois marches simultanées qui ont convergé vers la place centrale de la capitale. Ils ont une fois encore demandé le retour en vie de ces étudiants pour lesquels ils exigent que justice soit rendue.

Mais plus qu’un acte de solidarité avec ces disparus et leurs familles, cette manifestations de masse a été l’occasion de faire passer un message toujours plus insistant : le rejet de la politique du président Peña Nieto, dont les protestataires ont demandé la démission, au cri de « Fuera Peña » (dehors Peña).

En ce sens, cette grande marche a acquis une signification particulière, une nouvelle dimension, selon Estefanie Uribe, étudiante d’une université de Mexico : « Je crois que cette marche parvient à un sommet. La conjoncture se révèle à nous. On voit réellement les problèmes auxquels fait face le Mexique, les problèmes qui viennent du passé et ceux qui nous sont révélés, comme l’impunité qu’il y a actuellement. »

À l’issue de la manifestation, les parents des victimes ont appelé à la création d’un vaste mouvement national, dans le but de changer ce pays une fois pour toutes. À la fin de la manifestation, qui s’est déroulée dans le calme, des heurts se sont produits entre des groupes de manifestants et la police anti-émeute face au Palais national, au centre de Mexico.

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Publié par le savoir-faire français (RFI, 21 novembre 2014) via Solidarité ouvrière

 

Étudiants disparus au Mexique : la colère s’intensifie

Des mobilisations, certaines pacifiques, d’autres émaillées d’incidents, ont eu lieu hier, mercredi [12 novembre], dans divers États du Mexique. Les manifestants exigent toujours le retour en vie de 43 étudiants disparus. Mais c’est à Chilpancingo, capitale du Guerrero, que les manifestations s’intensifient le plus et qu’elles sont de plus en plus violentes. Plusieurs centaines de professeurs ont attaqué des bâtiments publics, dont le parlement régional qu’ils ont incendié.

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À Chilpancingo, les locaux du ministère de l’Éducation ont été saccagés et incendiés, le 12 novembre 2014.

Si la colère gronde dans tout le Mexique, à Chilpancingo, siège du pouvoir de l’État de Guerrero, les manifestations sont toujours plus violentes. Quelque centaines de professeurs, des dissidents du syndicat national connus pour leurs actions radicales, ont commencé par saccager, puis ont mis le feu aux locaux du ministère de l’Éducation.

Ils se sont ensuite dirigés vers le parlement de Guerrero qu’ils ont incendié, l’hémicycle et la bibliothèque n’échappant pas aux flammes. Et ils n’ont pas manqué de mettre à sac les bureaux des députés régionaux. À l’issue de plusieurs heures de violences, dont se sont à nouveau démarquées les familles des 43 étudiants disparus, pas de victimes à déplorer cette fois.

Désormais, il ne se passe pas un jour au Guerrero sans que l’on assiste à des mobilisations qui gagnent en intensité. Mardi, ces mêmes protestataires avaient déjà incendié à Chilpancingo le siège local du PRI, le parti au pouvoir du président Enrique Peña Nieto. Et lundi, des manifestants avaient bloqué l’accès à l’aéroport international d’Acapulco, la célèbre station balnéaire qui, en raison de cette crise, enregistre une baisse dramatique du nombre de touristes.

Publié par le savoir-faire français (Avec notre correspondant à Mexico, Patrick John Buffe, RFI.fr, 13 novembre 2014)

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[Nantes] Reprendre la rue en masse

TOUTES ET TOUS À LA MANIFESTATION DU 22 NOVEMBRE

Face au déchaînement de la répression étatique et des violences policières qui cherchent à museler la résistance et le droit de manifester dans un espace public, nous appelons à reprendre la rue le 22 novembre.

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Cette initiative, lancée depuis l’automne, par des comités locaux anti-aéroport, suite aux incessants procès de participantEs à la manifestation nantaise du 22 février, résonne singulièrement avec l’actualité de ces derniers jours et le drame du Testet.

Nous voulons, par cette initiative, dénoncer deux choses. D’abord l’usage d’armes mutilantes et mortelles par la police dans le cadre des manifestations, dans des villes mises en état de siège par des arsenaux comme canons à eau, rues bloquées par des grilles, vidéo-surveillance des cortèges, etc… Ensuite l’acharnement des tribunaux via une justice d’abattage qui condamne les opposantEs, en appuyant les convictions des juges sur les fichiers de la DGSI, police chargée de surveiller les mouvements politiques d’opposition.

Le déroulement de cette manifestation consistera à déposer des lettres d’auto-dénonciation qui seront remises au procureur pour exprimer notre solidarité avec les personnes condamnées et refuser ainsi la stigmatisation des opposantEs aux décisions de l’État.

SOYONS CRÉATIFS ET CRÉATIVES POUR MONTRER NOTRE DÉTERMINATION !

Le collectif d’organisation de la manif du 22.11 considère qu’il y a un enjeu très fort à reprendre la rue en masse, à ne pas la laisser à la police. Et cela passe par le fait de vaincre la peur collective qui s’est installée ces derniers jours, suite à l’accumulation de blessures, mutilations, incarcérations et tabassage médiatique.

Nous ne condamnons pas les expressions de colère, surtout suite au meurtre de Rémi, mais nous considérons que les affrontements avec la police et la casse participent à faire monter la tension de telle façon que tout un tas de gens ne se sentent pas à l’aise pour retourner manifester, ou bien n’en voient plus l’intérêt stratégique.

Nous proposons donc à toutEs les participantEs à la manif d’apporter des idées nouvelles pour instaurer un climat de confiance, et donc de considérer comme un enjeu de s’abstenir de répondre aux provocations des flics ou s’en prendre aux biens matériels.

Il ne s’agit pas là de porter une critique idéologique sur ces actes mais bien d’une volonté stratégique de reprendre la rue en masse à cette occasion.

Le collectif d’organisation de la manifestation, composé des membres de comités locaux contre le projet d’aéroport, de collectifs anti répression, de membres de différentes associations et d’individuEs

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[S’unir face à la police] Rencontre entre familles et collectifs en lutte (Montreuil, 15 novembre 2014)

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VOIR LA VIDÉO

Le 15 novembre 2014, dans le cadre d’un concert de soutien aux prisonniers des révoltes de Villiers-le-Bel, des familles et des collectifs de victimes de la police se réunissent pour échanger et construire la lutte. Amal Bentounsi du collectif Urgence Notre Police Assassine, le collectif Angles Morts, M. Kamara (frère des prisonniers de Villiers), Joachim Gatti du collectif 8 juillet, Raymond Gurême et plusieurs familles de martyrs racontent et échangent à propos de leurs luttes et de la police en général. Unissons-nous face à la hoggra de la police et de la justice.
Pas de justice, pas de paix !

ÉCOUTER LES TÉMOIGNAGES AUDIO

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[Un texte sur la situation du moment] L’ordre c’est la mort

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Reçu ce 20 novembre 2014

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[Paris] Vendredi 21 novembre : Appel à soutien pour le procès des camarades arrêtés à l’Hôtel de ville

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21/11 : appel à soutien pour le procès des camarades arrêtés à l’Hôtel de ville

Lors de la manifestation en réaction à la mort de Rémi Fraisse, du 29 octobre dernier, devant l’Hôtel de ville, près de 150 personnes avaient été interpellées et 29 d’entre elles placées en garde à vue, dont 3 camarades inculpés.

Vendredi 21 novembre, à 13h30, ils passeront en procès au Tribunal de Grande Instance, au 4 rue du Palais, sur l’Île de la Cité, chambre 23.2.

Face à la répression d’État et de la justice, soyons nombreux à venir les soutenir à leur procès !

Mailing – 20 novembre 2014

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Samedi 22 novembre Muselons les chiens de garde

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[Lyon] La « capitale des fachos »

Le retour des nervis fascistes

La dédiabolisation du FN, devenu fréquentable pour beaucoup, et la reprise de ses idées par la droite classique ont libéré la parole d’extrême droite. Et de la parole aux actes violents, il n’y a qu’un pas que ses sympathisants les plus dangereux ont franchi. Salut nazi, menaces antisémites, agression au couteau ou au nerf de bœuf, voire à coup de feu : ils utilisent ouvertement toute la panoplie des années 1930. à Lyon comme ailleurs, ils ont pignon sur rue et ne se dissimulent plus. Leurs cibles n’ont pas changé : communistes, militants des droits de l’homme, gauchistes, francs-maçons et homosexuels sont les premiers visés.

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Les victimes sont là, mais elles ne parleront pas à la presse. Traumatisées. Le couple a quitté la région et s’est séparé depuis cette histoire. Le jeune homme avait eu le crâne fracassé par une batte de baseball et 100 jours d’ITT. Des militants néonazis avaient tendu un guet-apens entre le lieu d’un concert considéré comme « gauchiste », à Villeurbanne, et le métro. Pas plus militant que ça, le couple est le premier à être rentré du concert en passant par là. Il a été attaqué pour cette seule raison. L’homme souffre encore de troubles de la mémoire. Au procès qui s’est tenu les 24 et 25 septembre, le procureur a requis des peines allant d’un à cinq ans de prison ferme.

Le cas est loin d’être isolé. Depuis quelques années, les groupes d’ultra-droite se font de plus en plus violents, tandis que le FN police son discours. « En dédiabolisant le FN, Mme Le Pen a ouvert un espace béant à sa droite, explique Alain Hayot, conseiller régional communiste de PACA et auteur d’un livre sur le Front national [« Face au Front, la contre-offensive » éditions Arcane 17]. Des groupes violents s’y sont engouffrés, ce qui sert Mme Le Pen, qui peut, du coup, apparaître comme modérée. » Le FN, institutionnalisé, a aussi libéré une parole. Et des actes.

À Lille, un étudiant du syndicat SUD étudiant (extrême gauche) a reçu, comme dans les films, des menaces de mort avec des lettres de journaux collées sur du papier, dans sa boîte aux lettres. « Tu vas bientôt crever, sale antifa de merde, tu es le nouveau Clément Méric ! » « Les fachos sont très minoritaires dans les facs de Lille, explique Anna [Le prénom a été changé], de SUD étudiant. Mais la nouveauté, c’est qu’ils se montrent, ils sont décomplexés, ils n’hésitent plus à nous menacer à visage découvert. Le climat est nauséabond.

À Clermont-Ferrand, fait étonnamment passé complètement inaperçu, un skinhead a tiré au fusil de chasse dans un concert de soutien aux sans-papiers. Deux personnes ont été touchées (dont une à la tête), sans être pour autant gravement blessées. Arrêté le lendemain, le tireur, Kevin Pioche, a été jugé dans la précipitation, et condamné en comparution immédiate, 3 jours après, à 2 ans ferme. « Pas cher payé pour ce dossier bâclé », note l’avocat des victimes, Jean-Louis Borie. À Poitiers, Alexandre Raguet, 23 ans, un militant du NPA, a vu sa photo placardée sur les murs de la ville, avec cet avertissement : « La police ne s’en occupe pas ? On va s’en occuper. » « C’est pourtant très nouveau à Poitiers, explique Alexandre. Ici, c’est un bastion de la gauche contestataire, l’extrême droite est traditionnellement faible. Mais les néofascistes se lâchent maintenant. »

Mais la « capitale des fachos », c’est incontestablement devenu Lyon, l’ancienne capitale de la résistance. L’extrême droite s’est implantée dans le quartier Saint-Jean, le centre historique. Un quartier de noctambules, avec ses pubs en enfilade. Mais la clientèle se fait plus rare depuis la multiplication d’agressions commises par des militants d’extrême droite. La plus grave s’est produite le 14 février dernier. Vers 3 heures du matin, un groupe d’une dizaine de néonazis, arrêtés depuis, s’est rué sur deux mineurs au look jugé gauchiste et l’un des hommes les a poignardés. Les victimes s’en tireront avec des blessures superficielles, mais on a échappé de peu au drame.

En 2010, déjà, David, un enseignant militant de la CNT (syndicat anarchiste), connu pour son soutien aux sans-papiers, s’était fait agresser. « Ils nous sont tombés dessus à une dizaine, en hurlant : “Cassez-vous, Lyon est fasciste, Sieg Heil !” se souvient David. J’ai été frappé avec un nerf de bœuf et j’ai eu le crâne ouvert. » « Lyon a une histoire particulière avec l’extrême droite, reconnaît Georges Kepenekian, premier adjoint au maire. C’est la ville de Jean Moulin, mais aussi celle de Paul Touvier. Et l’université de Lyon-III a abrité des ténors d’extrême droite comme Faurisson et Gollnisch. Mais là, ce qui se passe avec ces agressions, c’est nouveau et inquiétant. »

L’ancrage de l’extrême droite dans le quartier Saint-Jean s’est matérialisé en 2011, lorsqu’a été ouvert le local associatif la Traboule. Bar, bibliothèque, salle de conférences. Avec parfois des invités prestigieux, comme Robert Ménard ou Bruno Gollnisch. Au mur, une photo dédicacée de Mme Le Pen. C’est Génération identitaire qui détient le local. Un groupe dont le discours anti-immigration ne fait pas dans la dentelle. « Nous sommes le peuple autochtone et nous n’avons pas l’intention de nous laisser remplacer », affirme Damien Rieu, le porte-parole. Les identitaires se sont fait connaître par leurs patrouilles « anti-racaille » dans les métros de Lille et de Lyon. Ça ne se passe pas toujours bien : ce jour-là, à Lyon, une quinzaine d’antifascistes manifestent au cri de « milices fascistes hors du métro » ! « Ces mecs-là tabassent, ils sont passés plusieurs fois au tribunal ! » hurle une jeune antifa. Effectivement, plusieurs responsables identitaires ont été condamnés pour des violences.

Les tabous ont sauté

C’est le cas de Damien Montant, le secrétaire d’une association satellite des identitaires, « Les Petits Lyonnais ». En avril 2011, 4 antifascistes passent tout près de la Traboule. 10 personnes sortant du local leur tombent dessus. L’un des antifascistes a la mâchoire fracassée à coups de bâton. Parmi les agresseurs, Damien Montant, qui, récidiviste, sera condamné à 6 mois ferme. « Je me suis défendu, affirme Damien Montant. Les antifas nous cherchaient. Que faisaient-ils juste à côté de la Traboule ? » Comme si un gauchiste passant dans le quartier était une provocation insupportable. Maxime Gaucher, un autre responsable (par ailleurs ancien candidat du Front national du Puy-de-Dôme), a frappé une journaliste et le chef de la BAC de Lyon lors d’une manif pour tous en avril 2013. Il a lui aussi été condamné à de la prison ferme. « Ce n’était pas une journaliste, c’est une militante d’extrême gauche que nous connaissons », avance Damien Rieu, le porte-parole des identitaires, comme une sorte d’excuse.

Philippe Carry, horloger de son état, tient le commerce le plus proche du local des identitaires. Il est devenu leur bête noire depuis qu’il a fait signer une pétition pour la fermeture de la Traboule, signée par près de 200 personnes. Depuis, il reçoit des menaces voilées : « Un salut nazi quand j’étais à la boulangerie, par exemple. » Un salut nazi en pleine journée, dans un commerce ayant pignon sur rue, un signe que les tabous ont sauté. Le 26 janvier 2014, lors d’une manifestation d’extrême droite dite « jour de colère », des militants pétainistes ont crié : « Juif, casse-toi, la France n’est pas à toi. » Du jamais-vu depuis l’Occupation.

Lors des manifs pour tous du printemps 2013, déjà, des militants d’extrême droite hurlaient : « Francs-maçons en prison ! » ou encore « Policiers francs-maçons ! », et harcelaient les forces de l’ordre. L’un des perturbateurs connus, Logan Djihan, figure montante de l’extrême droite parisienne, a récemment pris la pause avec la députée frontiste Marion Maréchal-Le Pen. Lorsque les forces de l’ordre ont fini par charger, l’UMP, qui participait massivement aux manifs, a dénoncé la répression policière. Sans jamais condamner clairement les slogans antimaçonniques rappelant le régime de Vichy.

Leur presse (Tierry Vincent, L’Humanité Dimanche via humanite.fr, 14 novembre 2014)

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[Compaoré dégagé au Burkina] Le paysage institutionnel

Bruits de bottes à Ouagadougou

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Questions à… Romain Tiquet, doctorant en histoire de l’Afrique à la Humbolt Universität de Berlin. Ses premiers travaux, effectués à la Sorbonne, portaient sur l’histoire de la police au Burkina Faso. Avec le GEMPA (groupe d’études sur les mondes policiers en Afrique), il a notamment publié le portrait biographique d’Hubert Kho, qui fut le premier Africain à être devenu officier de police à la fin de l’âge colonial (Maintenir l’ordre colonial, Afrique et Madagascar, Rennes, PUR, 2012).

Le général Honoré Traoré et le colonel Zida se sont disputés le pouvoir au lendemain de la chute de Blaise Compaoré : quel est le paysage des forces armées au Burkina ?

La confusion qui a régné au lendemain de la chute du régime de «  Blaise  » est à l’image des dissensions qui existent au sein de l’armée burkinabè depuis la fin des années 2000. L’armée jouissait sous l’ère Compaoré d’un relatif prestige et respect, tant au sein de la population qu’au niveau international. Cependant, un tournant notable s’effectua avec les mutineries de 2011. À la suite de diverses affaires de mœurs, plusieurs casernes de soldats se soulevèrent contre leur hiérarchie jugée corrompue. La base de l’armée montrait par la même son hostilité au pouvoir en place alors même que le président Compaoré tentait de contrôler par tous les moyens cette institution dont il était lui même issu. Cette mutinerie s’inscrivait plus largement dans un contexte de révoltes sociales révélant une ligne de fracture profonde entre populations et élites politiques dans le pays. Ces évènements ont en quelque sorte démystifié la toute puissance de la «  grande muette  » et ont par la même échaudé le pouvoir en place, dans un pays où la stabilité politique était étroitement liée à la stabilité de l’armée. Concernant la situation actuelle, Il faut être attentif à ce que va faire Isaac Zida dans les prochains jours. Bien qu’adoubé par l’armée et soutenu par une partie de la population, il reste pour beaucoup le numéro deux de l’ancien Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) et le protégé du très discret Gilbert Diendéré. Cette armée dans l’armée, véritable cordon de sécurité de Compaoré, est composée des plus fidèles du président et jouit de moyens logistiques et de surveillance très important.

Que fait la police ? Principale force de l’ordre et première représentante des « corps habillés », elle semble absente (ou silencieuse) dans cette crise.

La police n’a pas été véritablement absente puisqu’elle est intervenue dans les opérations de maintien de l’ordre pendant les évènements des 30 et 31 octobre 2014. Ce sont les compagnies de CRS qui repoussèrent, à coups de gaz lacrymogènes, les manifestants réunis devant l’assemblée nationale le jeudi 30 octobre, date à laquelle les députés devaient voter la révision constitutionnelle contestée. L’absence de répression violente de la part des forces de police, au même titre que l’armée, vaut à mon sens valeur de soutien au soulèvement populaire qui renversa Blaise Compaoré le 31 octobre 2014. On aurait pu en effet assister au même scénario de répression qu’en Côte d’Ivoire durant la crise post­électorale de 2011. Il faut par ailleurs garder en tête que les forces civiles de police ont toujours été marginalisées dans un pays où culture politique et culture militaire sont intiment liées. Ainsi, il n’était pas rare de voir des commandants de l’armée ou de la Gendarmerie prendre la tête de la direction de la police nationale au Burkina. Mal payées et mal équipées, les forces de police souffrent d’un discrédit du coté des populations, qui les jugent corrompues et peu fiables, et du coté du pouvoir politique qui les considèrent comme moins efficaces et moins disciplinées que l’armée ou la gendarmerie.

Quelle place occupe l’armée dans le processus politique au Burkina depuis son indépendance ?

La place de l’armée est centrale au Burkina. Il faut garder en tête que seul le régime du premier président Maurice Yaméogo (1960-1966) était un régime civil. De 1966 à 1987, la vie politique burkinabè fut ponctuée de coups d’État militaires. De 1966 à 1980, Sangoulé Lamizana prit les rênes du pouvoir, alternant régime militaire et civil. S’en suivent alors trois putschs en à peine trois ans. En 1980, le colonel Saye Zerbo renverse Lamizana. Zerbo est lui même détrôné par Jean-Baptiste Ouédraogo en 1982. À peine un an plus tard, le 4 août 1983, c’est au tour de Thomas Sankara de s’installer au pouvoir d’un régime militaire socialisant, dont le numéro deux n’était autre que Blaise Compaoré. Ces coups d’État militaire révèlent un véritable conflit de génération au sein de l’armée de l’époque. On a la vieille garde incarnée par Lamizana, formée par les guerres coloniales d’Indochine et d’Algérie. Une seconde génération intermédiaire, représentée par Zerbo, émerge quant à elle après l’indépendance. Enfin une jeune garde, dont font partie Sankara et Compaoré, composée d’officiers subalternes et influencée par les théories marxistes. Blaise Compaoré renverse Sankara en 1987 et s’entoure de militaires malgré une transition vers un régime civil. Bien que plus silencieuse, l’armée reste un pilier central de l’appareil politique.

Publié par des ennemis de la révolution burkinabè (Propos recueillis par Jean-Pierre Bat, Africa4, 14 novembre 2014)

 

Thomas Sankara, l’âme de fond de la révolution au Burkina Faso

GRAND ANGLE | Le «Che Guevara africain», assassiné en 1987 et remplacé par Blaise Compaoré [sic -NdJL], est devenu l’une des figures emblématiques du «Balai citoyen». Un mouvement de la jeunesse qui a joué un rôle clé dans le départ du chef de l’État.

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Le capitaine Thomas Sankara, président du Burkina Faso (ancien Haute Volta), pose avec Francois Mitterrand à Vittel, le 3 octobre 1983.

C’est une tombe enfin «libérée». Celle d’un mort, dont le seul nom suffit, encore aujourd’hui, à galvaniser les foules africaines et bien plus encore celles de son pays natal, le Burkina Faso. Le soulèvement populaire qui a embrasé pendant la dernière semaine d’octobre ce petit État d’Afrique de l’Ouest, balayant le régime en place, a aussi permis de libérer l’accès au cimetière de Dagnoe, gardé depuis plusieurs décennies par des militaires armés. Lesquels en interdisaient l’entrée sans laissez-passer officiel, à l’exception d’un seul jour dans l’année. Début novembre, ils ont discrètement disparu.

Un leader contre «l’Occident repu»

Ce vaste cimetière aux tombes éparses, isolé à la périphérie de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, abrite celle de Thomas Sankara, le «Che Guevara africain». Un leader singulier, charismatique et visionnaire rendu célèbre par ses projets en faveur de l’autosuffisance nationale et ses discours audacieux. Comme celui à la tribune des Nations unies, en octobre 1984, lorsqu’il n’avait pas hésité, avec une politesse malicieuse, à affirmer aux grands de ce monde que son tout petit pays souhaitait «risquer de nouvelles voies pour être plus heureux» et ne plus être «l’arrière-monde de l’Occident repu». Le rêve était peut-être utopique ou idéaliste, il fut en tout cas vite brisé. Jeune capitaine de l’armée burkinabée, Sankara a pris le pouvoir à 34 ans, en 1984. Moins de quatre ans plus tard, le 15 octobre 1987, il sera renversé et assassiné. Son tombeur n’est autre que son plus proche collaborateur, son frère d’armes, son ami : Blaise Compaoré. Celui-ci devient alors l’homme fort du pays, à sa tête durant vingt-sept ans, avant que les manifestants de Ouagadougou ne le contraignent, le 31 octobre, à une fuite peu glorieuse.

Durant toutes ces années, le président fratricide aura tenté en vain de se débarrasser d’un fantôme qui ressurgit aujourd’hui avec d’autant plus de force que l’insurrection populaire d’octobre s’est réclamée de son nom. «Sankara», souffle Souleymane Ouedraogo devant les portes désormais grandes ouvertes du cimetière. «Pendant toutes ces années, on a maintenu vivante la flamme de son souvenir. Nos parents nous parlaient sans cesse de lui à la maison. Encore petit, j’avais dessiné un portrait de Sankara que mon père, alors installé en Côte-d’Ivoire [pays frontalier, ndlr], avait mis dans sa boutique. Ma première fierté d’enfant ! s’exclame ce jeune quadragénaire avec enthousiasme. Mais jusqu’à début novembre, personne ne pouvait venir se recueillir sur sa tombe. Sauf le 15 octobre, jour qui commémorait son assassinat.» Son regard balaye le cimetière silencieux, où se détache au loin la sépulture de Thomas Sankara, peinte aux couleurs vives du drapeau burkinabé. Elle est entourée d’une douzaine de tombes blanches, celles de ses collaborateurs, tous fauchés par les balles des mutins qui ont surgi ce fameux «jeudi noir» d’octobre 1987, lors d’une banale réunion de travail.

Au Burkina Faso, personne ne s’attendait à ce coup d’État, et personne n’a oublié la stupeur qui a saisi le pays à ce moment-là. Puis le silence s’est imposé, pour longtemps. Jeune rappeur engagé sous le nom de scène de Basic Soul, Souleymane Ouedraogo a composé en 2003 une chanson intitulée Capitaine. Immédiatement interdite de diffusion car elle évoquait Thomas Sankara. D’autres artistes, comme Smockey ou Sams’K Le Jah, s’y sont également risqués, avant de subir eux aussi la censure du régime.

Le pays des hommes rebelles

On les retrouve tous, un matin de novembre, dans une banlieue misérable, à l’autre extrémité de la capitale. Le long d’une route défoncée, parsemée d’ordures au milieu desquelles broutent des chèvres, s’égrène une série de petites boutiques aux façades d’un beige triste. Avec quelques camarades, Souleymane, Smockey et Sam sont venus présenter leurs condoléances à la famille d’une des victimes des journées d’insurrection fin octobre. Abdul Moubarak Belem était un jeune plombier de 18 ans, il n’a jamais connu Sankara. Une balle en pleine tête a mis un terme à sa courte existence lors des manifestations qui ont forcé Compaoré à quitter le pouvoir. Sa famille a retrouvé son corps à la morgue. «On ne peut imaginer à quel point la mort d’un être créé un vide. Nos mots ne suffiront pas», s’excuse presque Sam devant le père d’Abdul, digne vieil homme en gandoura (tunique sans manches), qui écoute en silence, le regard sombre. Avant de prendre la parole à son tour : «Mon fils est un vrai citoyen. Il a donné sa vie pour le Burkina Faso», souligne-t-il avec une fierté tremblante. «La patrie ou la mort» : le fameux slogan de Sankara, refrain de l’hymne national, n’a visiblement rien perdu de son actualité.

Blaise Compaoré aurait dû s’en douter, car c’est une longue histoire : la Haute-Volta, rebaptisée en 1984 «Pays des hommes intègres» (Burkina Faso) par Thomas Sankara, est aussi le pays des hommes rebelles, jamais totalement soumis malgré un tempérament plutôt pacifique. «La génération de nos parents s’était déjà révoltée le 3 janvier 1966, renversant le régime corrompu du premier président, Maurice Yaméogo, rappelle Zinaba Rasmane, 28 ans, étudiant en maîtrise de philosophie. C’était la première insurrection populaire de l’Afrique postcoloniale.» Le jeune homme fut lui-même aux premières loges de la dernière révolution, considérée par certains comme l’aube annonciatrice d’un nouveau printemps africain. «Ma génération n’a connu que Blaise au pouvoir. Mais depuis des années, la colère couve et personne n’a jamais oublié les victimes de son régime», précise encore Zinaba. Il énumère : «Chaque 19 mai depuis 1990, les étudiants refusent d’aller en cours en mémoire de Boukari Dabo, étudiant en médecine assassiné par les sbires de Compaoré. Chaque 6 décembre depuis l’an 2000, ce sont les écoliers qui font grève pour marquer le souvenir du jeune Flavien Nebré, tué par balles lors d’une manifestation. Et chaque 13 décembre, tout le monde se recueille, en mémoire de Norbert Zongo.»

Héros ostracisé

Zinaba est assis devant un «plat de riz-sauce» à la cantine du syndicat des journalistes — un centre de presse, baptisé «Norbert-Zongo» en hommage à ce journaliste assassiné le 13 décembre 1998, presque autant adulé que Thomas Sankara. Son meurtre — vaguement maquillé en accident de voiture — alors qu’il enquêtait sur l’assassinat du chauffeur de François Compaoré, le redoutable frère du Président, avait embrasé le pays, menaçant une première fois de faire tomber le régime. Contraint de lâcher du lest, le tombeur de Sankara accepte alors de modifier la Constitution pour limiter son maintien au pouvoir à deux mandats de cinq ans. C’est cette disposition qu’il a tenté de changer il y a trois semaines pour se représenter en 2015, entraînant sa chute brutale sous la pression de la rue.

C’est aussi en 1998 que Compaoré lève partiellement le tabou qui pesait sur Sankara, subitement élevé officiellement au rang des «héros de la révolution». Mais du bout des lèvres et en tant que héros «parmi d’autres». Des gestes cosmétiques qui n’ont pas réussi à banaliser la figure du leader assassiné : «Pour les jeunes d’aujourd’hui, même ceux qui ne l’ont pas connu, Sankara reste l’homme politique qui les captive le plus. Depuis sa mort, il n’y avait plus d’horizon pour la jeunesse de ce pays», explique Zinaba.

2012, le «déclic» de l’insurrection

Comme Smockey, Sams’K Le Jah ou encore Souleymane, alias Basic Soul, le jeune étudiant en philosophie est l’un des militants les plus actifs du «Balai citoyen». Ce mouvement de désobéissance civile a été créé il y a un peu plus d’un an avec l’objectif de «balayer» le régime Compaoré, en commençant par l’empêcher de se représenter. Il se revendique ouvertement de l’héritage de Thomas Sankara. Pendant les récentes manifestations, ses membres se sont retrouvés en première ligne. Mais si la mobilisation a réussi à chasser aussi rapidement l’homme fort du pays, réputé indétrônable, c’est également parce que le terrain avait été préparé à l’avance.

«Le déclic, ce fut le scrutin de 2012, se souvient Guy-Hervé Kam, un avocat d’affaires. Les élections municipales et législatives ont surtout renforcé l’aile la plus dure du parti de Compaoré, le Congrès pour la démocratie et le progrès. On a alors compris que rien n’arrêterait le régime dans sa course à la survie. Il fallait donc sortir de nos bureaux, susciter un vrai mouvement populaire et, surtout, convaincre les jeunes des quartiers déshérités, souvent désabusés, que la question du pouvoir était plus importante que le foot.» Ce quadragénaire à l’allure moderne, très casual chic, est le porte-parole du Balai citoyen. Et également un peu son mentor. Il ne faut pas se fier aux apparences : lui aussi a un passé de rebelle. «J’ai longtemps été un activiste un peu isolé», raconte-t-il en souriant derrière son bureau, installé dans une villa discrète au cœur de Ouagadougou. Nommé à 28 ans secrétaire général du syndicat de la magistrature, il se lance alors dans une virulente campagne contre la corruption qui le contraindra à la mise au placard puis à la démission.

Tirant les leçons de ses déboires passés, Guy-Hervé Kam a insufflé, avec d’autres, l’originalité du mouvement citoyen : «On a organisé des caravanes avec concerts et meetings dans les quartiers populaires. On parlait aux jeunes en moré, la langue la plus usitée ici, et non plus en français. Ils ont tout de suite adhéré : enfin on parlait leur langage, on les rassemblait autour d’artistes qu’ils connaissaient.» Le Balai citoyen a aussi mis en place des «barrages pédagogiques» : «À la mi-octobre, on a plusieurs fois bloqué toutes les artères principales de la ville en même temps pendant deux heures pour diffuser des slogans de mobilisation avec des mégaphones», se souvient Guy-Hervé Kam. L’avocat rappelle aussi la création des Cibal, ces clubs de «citoyens balayeurs» qui «se sont tellement multipliés dans les quartiers, les collèges, les universités, qu’on ne peut plus les compter !»

Il ne cache pas sa fierté à l’évocation de cette organisation prérévolutionnaire : «Quand le moment est venu d’empêcher les députés de voter la réforme constitutionnelle pour permettre à Blaise de se représenter, tout le monde était prêt pour l’épreuve de force.» Il y eut certes des moments de flottement. «Quand j’ai vu le dispositif militaire déployé dans la ville ce 30 octobre, le jour prévu pour le vote, je me suis dit : « Waouh, c’est gâté ! » reconnaît-il. Mais les jeunes étaient déterminés, ils m’ont dit : « On y va, on passe en force. » Et c’est comme ça qu’on a pris d’assaut l’Assemblée et empêché le vote. Le lendemain, Blaise quittait le pays.» Tout est allé si vite que personne n’a anticipé la suite. Les lendemains de révolution sont souvent difficiles à gérer, même dans un pays qui se réclame d’un héros sacrifié.

«Nous resterons une sentinelle»

Bien qu’inspiré par Thomas Sankara, le Balai citoyen se refuse à imposer des options idéologiques : «Dans ce pays, nous n’avons pas besoin de théorie, affirme Guy-Hervé Kam. Nous avons des problèmes concrets : permettre aux enfants d’aller à l’école, offrir eau potable et nourriture à tout le monde. Tout ce qui ira dans ce sens sera positif.» Son mouvement refuse de participer au nouveau pouvoir : «Nous resterons une sentinelle, la mauvaise conscience des gouvernants», assure-t-il. «Le peuple a décidé que l’exercice du pouvoir ne se ferait pas sans lui : ça, c’est du Sankara ! Mais il est mort il y a près de trente ans et son discours doit être adapté aux défis du monde actuel. Or, dans ce pays, nous n’avons pas d’avant-garde politique dans laquelle la population se reconnaîtrait spontanément», avoue Bénéwendé Sankara, le leader du principal parti d’opposition dit «sankariste» (sans lien de parenté direct avec Thomas Sankara). Ce mouvement n’a été créé qu’en 2000, dans la foulée de la vague de contestation qui avait suivi le meurtre de Norbert Zongo.

Au bout d’une route de latérite rouge, le siège de ce parti est un véritable petit musée en l’honneur du héros disparu : dès l’entrée, on tombe sur un grand buste coloré de Sankara, et de multiples portraits ornés de slogans révolutionnaires un peu désuets décorent les salles vétustes. Plutôt populaire, elle est néanmoins restée marginale en raison de ses incessantes divisions.

Dès lors, au lendemain du départ de Blaise Compaoré, la scène politique locale semble dominée par des partis d’opposition «libéraux» ou de droite qui ont suivi, plus qu’ils n’ont anticipé, la colère de la rue. Aux premiers jours de novembre, on pouvait voir leurs leaders errer dans les halls d’un hôtel de luxe, lors des premières tractations pour la transition : silhouettes en costume-cravate, imposantes et assurées, qui semblaient encore marquées par la posture d’anciens ministres de Compaoré que ces hommes ont souvent été avant de rompre soudain avec le pouvoir.

Que restera-t-il de cette révolution d’octobre inspirée par Sankara ? À Ouagadougou, les vautours ont disparu. Les «vrais», ceux qui pendant des années ont déployé leurs lourdes ailes au-dessus du marché central, ne sont plus visibles depuis longtemps. Selon une rumeur persistante, ils auraient été mangés par une population affamée. Les autres — ceux qui accaparaient les richesses du pays — sont depuis peu partis en exil. Mais certains anciens dignitaires du régime restent dans l’ombre. Comme le général Gilbert Diendéré, ancien chef d’état-major particulier de Compaoré, accusé d’avoir envoyé ses hommes assassiner Sankara ce fameux jour d’octobre 1987 qui hante le pays. Toute l’armée était aux ordres de Compaoré. Fallait-il pour autant exclure ce haut gradé de la nouvelle ère ? Certains ont pu reprocher au Balai citoyen d’avoir cautionné la prise du pouvoir par les militaires au lendemain de l’insurrection. «Face au vide du pouvoir, on risquait le chaos ! C’est pour cette raison que nous sommes allés trouver les militaires, pour leur dire de prendre leurs responsabilités en se démarquant de Compaoré et en assurant le retour de la sécurité», se défend Me Kam, qui trouve cependant «gênant» le maintien du général Diendéré à l’état-major.

«Un goût d’inachevé»

Mais au pays des hommes rebelles, il y a d’autres adversaires tapis dans l’ombre. À commencer par cette survivance archaïque : le Parti communiste révolutionnaire voltaïque, ouvertement stalinien, a été créé dans la clandestinité sous la colonisation. Officiellement, personne ne connaît ses membres ni même ses dirigeants. Pourtant, les très puissants syndicats burkinabés lui obéissent aveuglément. C’est pour cette raison qu’ils ont loupé le coche de la révolution, restant singulièrement absents lors de ces journées historiques au cours desquelles le destin du pays a basculé. «Ils ont conclu un pacte avec Blaise. Ils menaient leurs luttes mais sans réellement remettre en cause le régime, au nom d’une « vraie alternative » toujours en attente. Désormais, ils tentent de saper la réputation du Balai citoyen», assure Zinaba.

Alors que le jeune activiste quitte la cantine du centre de presse Norbert-Zongo, un homme l’interpelle joyeusement : «Mon frère ! Ça y est, on a presque fini !» «Non, on n’a pas encore commencé», lui répond d’une voix lasse Zinaba. Il soupire : «La révolution a encore un goût d’inachevé. Il nous faut construire, tout en nous occupant de nos ennemis.» À la fin du mois, il se rendra sur la tombe de Thomas Sankara : «Je lui dirai que non seulement nous avons vengé sa mort, mais que nous avons aussi fait revivre son esprit, son rêve de liberté.» Avant de s’éloigner, pour aller se replonger dans ses recherches sur «l’humanisme dans l’œuvre de Karl Marx», son sujet de maîtrise.

Publié par des ennemis de la révolution burkinabé (Maria Malagardis Envoyée spéciale à Ouagadougou, Liberation.fr, 14 novembre 2014)

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[La police assassine en toute impunité] La manifestation des flics d’Alliance perturbée

http://juralib.noblogs.org/files/2014/11/0110.jpgLa manifestation des flics d’Alliance perturbée

L’émission « l’Actu des luttes » [sur FPP] était présente au coup de pression du syndicat le plus à droite de la maison Poulaga, jeudi [13 novembre], dans les rues de Paris, alors que les défilés et les actions se multiplient contre les violences policières.

La sœur d’Amine Bentounsi, un jeune tué par la police, était également là. Cette membre du collectif Urgence notre police assassine et d’autres personnes ne souhaitaient pas laisser les flics manifester tranquillement. Pour mettre les policiers face la réalité de leur violence, du sang a été renversé sur le sol et des pancartes brandies. Reportage et entretien.

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Paris Luttes Info, 18 novembre 2014

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