[Besançon] Bas les pattes sur Toufik-de-Planoise !

Affichage sauvage : les « petits » arrangements de la ville de Besançon avec la réalité

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/032.png

Murs blancs, peuple muet.

« Toufik-de-Planoise.net » est une adresse web politique bien connue des Bisontins et des antifascistes, pour ses dossiers de fond sur l’extrême-droite et le quotidien local, ainsi que de par son activisme lié. Mais c’est un site dont l’existence est aujourd’hui menacée, devant les sommes réclamées par la mairie socialiste de Besançon. La cause ? une propagande placardée illégalement dans les rues du centre, devenant un outil afin de liquider mes activités par la spoliation des maigres ressources qui les font vivre. Pourtant, comme l’article suivant le démontrera, il s’agit là d’une conséquence du manque criant de supports dédiés, d’une pratique utilisée par l’ensemble des vecteurs politiques et événementiels, et d’une somme totalement injustifiée. S’il est vrai que ces recouvrements s’avèrent souvent pléthoriques et qu’une partie est clairement abusive, la réalité à travers les lignes qui vont suivre vont très vite rattraper la ville de Besançon et exposer une légitime colère. Absence de libertés d’expression, loi sélective entre les copains et les opposants, dommages et intérêts délirants, des raccourcis curieux à tel point qu’on se demande si le maire PS n’essaie plutôt pas de régler des comptes.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0127.jpg

Exemple d’un collage sauvage : l’UMP près de Besançon.

Des supports en manque cruel

L’affichage sauvage, sans forcément tenter de lui trouver une légitimité, prend d’abord racine avec un vide urbanistique remarqué. Depuis des années, le problème de l’espace d’affichage associatif/politique est posé à Besançon. Si la loi minimale semble respectée (72m² pour toute la ville), l’activisme de tous bords particulièrement présent à Besançon a des besoins hélas bien au-delà de l’offre. Une situation notoire également bien connue des services municipaux. En 2011, malgré les bonnes intentions affichées dans le B.V.V., les supports supplémentaires réalisés ne pouvaient déjà apparaître que comme des rustines. Au final, seulement trois structures officielles sont disponibles dans le centre-ville et à Battant, très (très) loin d’être une situation confortable comme le journal le déclare. Il en va pourtant d’une nécessité incontournable pour nombre d’organisations le plus souvent modestes. Tout le monde n’a pas des montagnes d’argent pour s’acheter des spots publicitaires, des sites high-tech, ou des milliers de lettres, ni de relais médiatique de n’importe lesquels de ses communiqués.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/02.gif

Carte des points officiels d’affichage à Besançon.

Mais en plus du sous-nombre, deux autres problèmes viennent s’ajouter. D’abord, le fait qu’il est impossible de rivaliser avec les boites de nuit ayant les moyens financiers et matériels pour faire à peu près ce qu’elles veulent. Bien qu’en théorie non-autorisées à coller sur des espaces interdits aux annonces commerciales, il s’agit pourtant d’une pratique régulière et intensive jamais montrée du doigt. À tel point qu’il en devient parfois inutile de vouloir tester certains spots, devenus des coins habituels des A1 jaunes, vertes, ou violettes. Cependant, imaginons même un instant que le nombre de viroles devient suffisant et que les annonces pour un shooter gratuit le jeudi soir aient disparues, ce qui serait déjà magique, la question n’en resterait encore pas moins en suspend. Car une nouvelle fois, l’argent s’invite dans le débat. Si les espaces servent amplement de vitrine pour les grands partis pouvant s’offrir des A1/A2 couleur en grand nombre, les petites entités sont elles toujours lésées.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0228.jpg

Exemple d’un affichage commercial illégal, place Risler.

Des mini-panneaux d’affichage pour du A3 maximum, afin de palier aux manques du centre tout en laissant une chance aux « petits » de s’exprimer, semble être une piste intéressante. Le coût n’est pas exorbitant, et peu de place serait prise. Mais ce genre de propositions est de suite balayé. Une camarade, il y’a quelques temps, a désespérément essayé en appelant les services de la ville. « C’est une zone classée voyez, même des affichages de tailles réduites feraient tâche. » La rhétorique classique qui ne fonctionne pas lorsqu’il s’agit de brader la rue pour JCDecaux. Eux, les puissants, ont tout le domaine public qu’ils veulent, pour peu qu’une infime partie de leurs milliards achètent cette légitimité à coup de quelques arrêts de bus et cycles urbains. Et pour balancer des shampooings à la con au mieux, des crédits à la consommation ruineux au pire. Bref, ce n’est pas demain que les choses s’amélioreront. Si la ville de Besançon rechigne à vouloir trouver des solutions pour laisser la parole à tout le monde, comment s’étonner que certains la prennent quitte à adopter forcément des libertés avec la forme. Ce fut la première raison de mes « dérapages ».

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0323.jpg

Exemple d’affichage illégal, à Rivotte.

Une pratique généralisée

Deuxième point, et non des moindres, l’affichage sauvage est une méthode propagandiste généralisée à Besançon. La réalité du terrain et les archives photographiques témoignent de cette vérité. Alors oui, beaucoup de « Toufik-de-Planoise.net » c’est entièrement vrai. Mais également pas mal d’autres organisations, dont je ne ferais pas de liste exhaustive tant il y’en a, au moins autant qu’il en existe. En effet, bien avant mon engagement, quasiment tous semaient déjà leurs autocollants et annonces, à des degrés certes plutôt faibles mais eux aussi totalement illégaux. Face à l’inexistence de structures, et en essayant de trouver ma place au milieu de cette jungle, je me suis moi aussi mis à participer à ce petit jeu, et comme il fallait s’y attendre, en voulant faire mieux que les autres. Défi amplement réussi. Mais, à de telles proportions, qu’on ne verrait au final que moi. Même si quelques exemples frappant subsistent encore.

Comme les affiches de Madame Branget (UMP) à Planoise dont il y’a encore quelques restes notamment à Cassin, ou d’autres du parti bourgeois déplorablement inscrites sur des panneaux routiers (photo d’illustration ci-haut). À cette occasion même Michel Omouri, conseiller municipal UMP, parla sur le réseau social Facebook d’une erreur en déclarant : « tout le monde hélas colle n’importe où. » Une position honnête bien rare. Il y’a aussi la Manif’ pour Tous et ses dizaines d’autocollants là aussi apposés sur de la signalisation, apparus les mois derniers. On se souvient enfin de ceux du Front de Gauche pour les présidentielles de 2012. Pourtant la règle est bien indiquée sur le site de la ville de Besançon : « Sauf autorisation expresse écrite, la pose d’affiches et de documents de tout type, les tags ou graffitis sont interdits sur les bâtiments communaux ou sur le mobilier urbain. Tout affichage, tag ou graffiti non autorisé peut faire l’objet d’un enlèvement par les services municipaux, aux frais du contrevenant s’il est identifié. » Mais apparemment, seul mon site est rétractable. Les autres, qui sont aussi comme par hasard le plus souvent des bons copains et des républicains propres sur eux, ont tout simplement disparus.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0420.jpg

Exemples d’affiches et d’autocollants massifs illégaux : les intégristes de la Manif’ pour Tous (à gauche) et Jazz en Franche-Comté (à droite).

Mieux que ça, le festival Jazz en Franche-Comté. Sans vouloir lui taper dessus, c’est une illustration très symptomatique de la crédibilité de la Ville de Besançon sur ce genre de dossiers. Plusieurs centaines d’affiches (bien sexistes au passage) dans le centre ville et quelques secteurs alentours. Un rose qui attire l’œil apparu il y’a quelques semaines, avec des proportions et des abus au moins égaux à ce que je fais. Une pléiade se retrouve sur presque chaque poteau du centre, une majorité n’ayant été d’ailleurs pas polluée avant. Les moyens ne manquent néanmoins pas pour acheter des places chez Decaux, comme le montrent les nombreuses sucettes louées à cet effet… Mais comment, les services municipaux n’ont pas relevés cette infamie ? Et pour cause. Cet événement sponsorisé par la ville de Besançon ne pouvait naturellement soulever l’indignation et avec sanctions, ça serait se tirer une balle dans le pied et passer pour des sombres crétins.

Des médias conciliants

Comme si la mauvaise foi et les attaques judicaires ne suffisaient pas, il semble que la ville de Besançon ait essayé de s’acheter la vindicte populaire à travers ses bons copains de l’Est républicain. Un article assassin d’un certain Damien R., qui vient exactement au moment qu’il faut. « Toufik-de-Planoise gueule pour des sanctions sur ses affichettes ? c’est mérité, on l’a vu dans l’Est ! » telle aurait été la réaction classique du citoyen lambda face à cette annonce. Un véritable torchon paru le 29 mai dernier, parlant soi-disant de l’affichage sauvage dans la capitale comtoise au milieu d’un pêle-mêle sordidement compacté avec les graffitis et les actes de vandalisme. Ça devait arriver, à cette allure… Je m’attends donc bien sûr à retrouver mes petits imprimés qui inondent abondamment la ville, trop il faut encore l’avouer, mais en toute logique aux côtés des nombreux autres pour des soirées ou des partis politiques.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0521.jpg

L’article de l’Est républicain.

Or, stupeur. À peine le temps de survoler l’article, qu’une chose essentielle apparaît : seule une catégorie d’affiche est décriée, celles des alternatifs et promouvant mon site. Un ciblage unilatéral, tout comme la Mairie socialiste. Mais l’auteur n’a même pas le courage d’aller au bout de sa démarche puante, ne mentionnant aucun nom si ce n’est quelques allusions vaseuses qui font toutefois clairement comprendre qu’il s’agit bien de ma pomme, à travers un témoignage. Juste après la plainte de la ville de Besançon, tel le Messie, ce valeureux Damien R. va lui donner raison, en arrangeant quelque peu les choses en sa faveur. Les paplards de l’UMP, du PS, de la Manif’ pour Tous ? tout simplement disparus. Quoi, ce cher gratte-papier n’a pas non plus parlé de Jazz en Franche-Comté ? Surtout pas.

La ville de Besançon ne pouvait naturellement s’attirer les foudres de leurs grands amis journaleux. On n’touche pas à l’administration municipale, règle de base. Pire, l’Est républicain l’aurait aussi eu très mal, car son logo se retrouve en bas de ce visuel au côté de son grand frère de la ville. Quoi ! ce si noble média se retrouverait lui aussi impliqué dans l’affichage sauvage ? Ce n’est malheureusement ni la première, ni la dernière fois. Mais ça, grâce au formidable travail de désinformation et de mensonge, le grand public – à l’exception de celles et ceux ayant l’œil vif – n’en saura jamais rien. Le collage sauvage, ça n’existe que chez l’extrême-gauche et pour ce site, révoltez-vous braves gens ! Un détournement répugnant, qui se trouve dans la droite ligne éditoriale du quotidien main dans la main avec la Mairie.

La version se trouve d’ailleurs soutenue par une attestation « spontanée » du gérant du Madigan’s, censée représenter la fronde générale dirigée contre moi et mes affiches. Malgré les oublis susmentionnés, j’espère un propos émanant d’une personne neutre et fiable. S’il est vrai que ma propagande n’est pas d’un esthétisme optimal pour faciliter les achats – même si le lien de cause à effet est franchement douteux –, je pourrais d’abord penser par exemple aux freins de la crise économique ou du chantier du tram’. Non non je vous dis, il y’en a marre d’une chose : de lui. Bizarre sachant que l’établissement en question se trouve près de la place du Huit septembre et que je ne colle pour ainsi dire presque jamais dans ce coin, par manque de supports. Il n’y a d’ailleurs rien aux abords immédiats du pub permettant l’affichage même sauvage. Formidable chronique néanmoins, mais qui est ce héros chantant son je-n’en-peux-plus à qui veut l’entendre ?

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0618.jpg

Toufik-de-Planoise.net, nid des immondices en tout genre pour l’Est républicain.

Nul autre qu’un proche de l’UMP. D’après certaines sources, il s’agirait même d’un ex-flic  – pas sûr que mon billet sur son collègue Émile l’ait alors enchanté – qui de manière certaine, accueille la plupart des rencontres avec les cadres du parti. C’était par exemple le cas le 24 mai 2012, où Jean-François Copé a tenu son entrevue dans ce bar avec les Jeunes Pops’. Non, comment cela est-ce possible ? l’Est républicain n’aurait pas interrogé une personne qui au-delà de son désaccord de forme, aurait une désapprobation évidente de fond ? Il pourrait ainsi apparaître normal alors que ce cher Monsieur ne bronche pas d’un poil pour les autocollants homophobes de la Manif’ pour Tous pourtant bien présents à ses abords, mais s’enflamme comme jamais lorsqu’il s’agit de « gauchistes ».

Mais le point de discordance principal reste bel et bien cette attaque visant mon site en particulier. Le lecteur comprend très vite en suivant les lignes que je suis un simple fouteur de merde isolé saccageant le paysage et coutant cher à nettoyer, et qu’il ne faut surtout pas me prêter une once de sympathie, quel que soit au final le message délivré et la réalité de cette accusation. D’autant plus que tout est bien mis en place pour faire le lien direct et inhérent avec les autres actes de délinquance. Il y’a le vilain Toufik d’un côté, et les gentils partis/événements de l’autre. Un schéma qui se retrouve toujours avec les publicités JCDecaux entre les méchants casseurs et les industriels tout-mignons-tout-beaux, dont leur légitimité n’est et ne sera jamais contredite par l’Est pour des raisons économiques, comme cela est expliqué dans mon article à ce propos. Un article qui va aussi donc servir à légitimer la coercition qui va suivre.

Une procédure douteuse et des conséquences graves

Il y’a quelques jours déjà, j’avais appris de source certaine que Monsieur le Maire de Besançon, ce social-libéral-traitre à toute épreuve, envisageait sérieusement de déposer plainte pour vandalisme. Rumeur à présent confirmée avec ma convocation hier au commissariat central pour ce motif, suite à un collage dans la nuit du 25 au 26 mai dernier. Scéance d’ailleurs sous l’œil de la police municipale, qui, après discussion, ne trouvait rien à redire. Certainement un de ces lendemains qui déchantent en fin de compte. Excellent, qu’il est, cet encravaté, relayé par les services de la voirie déclarant dans l’article de notre bon journaleux en avoir ras-le-bol. Après avoir soi-disant chopé un petit ingrat, scène d’ailleurs rapportée par la même presse obscure, il veut donc s’en prendre à cette pollution avec autant de courage, quitte, on peut penser, à bousculer les pratiques de son propre camp. Bah en fait pas tant que ça, la bonne volonté a ses limites.

Son parti, ses amis de l’UMP, les événements de la ville de Besançon, ne font apparemment pas partie de sa liste, tout autant invisibles que dans l’article. Incroyable n’est-ce pas ? Au final, en excluant également les autres groupes plus marginaux, il ne reste… que mon site. Il n’allait bien sur, lui non plus, pas personnellement cracher sur les visuels où apparaissent le logo de la ville ou celui de la fameuse rose. Car, au-delà du fait de passer pour un imbécile – même si il n’est pas à un détail près –, ce sont cette fois-ci lui, ses proches, et son administration qui auraient payé la note. Les choses sont donc décidemment bien faites. Un élu excédé par les affiches tombe tout à fait d’accord et au même moment avec l’Est républicain pour parler d’un problème qui préoccupe les gens (non, toujours pas le chômage, l’éducation, ou la sécurité).

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0716.jpg

Exemple d’une affiche Toufik-de-Planoise.net.

L’air grave, le ton ferme, ces deux pouvoirs contentent tout le monde et se veulent intransigeants avec la racaille politique. Sauf quand il s’agit d’eux mêmes ou de leurs propres intérêts bien sur. Et les conséquences de ce scénario ne tardent pas de se vérifier. Malgré les démonstrations que d’autres s’adonnent à ces activités, rejoignant mes écrits plus haut, le fonctionnaire qui m’interroge n’a pas souvenir de précédents. Et la sanction tombe brutalement : les services de la ville me réclament la somme de 520€ pour un total de douze affichettes, toutes situées sur des panneaux de signalisation et des poubelles, expliquée par seize heures de travail nécessaire. Après l’effet d’annonce, la réflexion. Officiellement cela ferait donc quatre-vingt minutes par papier, certainement un record mondial. En fait, probablement que les nombreuses autres affichettes, sur les gouttières et poteaux notamment, ont été incluses dans la note.

Alors pourquoi n’apparaissent-elles pas ? car la ville sait aussi qu’elle a des choses à se reprocher et que des petits emmerdeurs comme moi n’auraient pas manqué de signaler la merde sur leur propre paillasson. Si elle avait avoué m’avoir bâché tout en laissant ses potes comme je l’argumente, nul doute que l’histoire ne serait pas passée y compris même aux yeux des instances juridictionnelles. Donc hop, on supprime ce passage pour éviter les embrouilles, mais on garde le même nombre d’heures et la somme initiale réclamée, qui inclurait peut-être et ça ne m’étonnerait pas des supports n’ayant rien à voir avec moi, parce que c’est l’bon droit. En espérant que ce couillon le soit assez pour payer, se rendre compte de rien, et se taire. Et le rapport avec la fin de cette belle histoire qu’est Toufik-de-Planoise.net arrive bien vite.

Une fermeture de site pour te la faire fermer ? non surtout pas, ce sont de grands démocrates à la Mairie socialiste de Besançon. Par contre, spolier les maigres ressources pour indirectement ne plus pouvoir supporter les 120€ annuels qu’il coûte, ça c’est tout à fait possible. Car 520€, c’est une somme exorbitante et à la lumière des éléments soulevés, injustifiée, qui représente à elle seule plus de la moitié des revenus mensuels de ma famille. Bah oui, il existe des gens qui font de la politique et de l’activisme sans être nantis, n’en déplaise à Monsieur Fousseret et ses sbires. Si un tel tarif ne représente sans doute pas grand-chose pour le Parti socialiste de Besançon et des miettes de miettes de miettes par rapport au pharaonique tramway, il n’est autre qu’un abattement rédhibitoire aux activités réalisées par rapport à mes modestes moyens. Voilà comment cette adresse web pourrait disparaitre, œuvre que même les néonazis les plus aguerris que je combats n’osaient rêver.

Conclusions

Il va sans dire que, par rapport à la situation décriée, il est hors de question de verser de mon plein-gré ne serait-ce qu’un seul centime à ces crapules. D’autant plus que des dommages et intérêts ainsi qu’une amende pourraient y être ajoutés. Un bras de fer s’engagera alors, et ces charognes peuvent bien écumer mon compte en banque qu’ils n’y trouveront que le reflet des moyens d’un simple prolo. Mais suffisamment pour foutre sur la paille ma branche politique. J’en finirai là ma réquisition sur le sujet afin de ne pas m’acharner sur ces coquilles vides. Force est une nouvelle fois de constater l’honnêteté et la compétence de l’autocrate municipal ainsi que de l’Est républicain, et par extension de tout un système politico-médiatique.

Pour conclure, je rappelle que je ne nie absolument pas la nuisance potentielle de mon activisme, car il faut accorder son ampleur et sa récurrence souvent bien-au-delà du raisonnable. Mais je déplore vivement comment celui-ci est instrumentalisé en dehors de toutes les autres réalités évoquées, entonné par des pseudos-professionnels qui n’ont d’impartial que le nom, voulant faire un exemple général en s’arrangeant gracieusement avec la réalité dont leurs propres pratiques. Et au passage, de salir et de trainer dans la boue ceux qui ont le tort de ne pas partager leur système. Au fait mon p’tit Fousseret, conseil « d’ami » : surveilles bien tes équipes de collage pour les municipales de 2014, des fois qu’ils ne fassent eux non plus pas (comme d’habitude) les cons là-dessus.

Toufik-de-Planoise, 21 juin 2013

Publié dans Critique des médias | Marqué avec , , , , , , , | Commentaires fermés sur [Besançon] Bas les pattes sur Toufik-de-Planoise !

[Lyon] Appel unitaire libertaire antifasciste pour la manif de samedi

Appel à la formation d’un cortège unitaire libertaire antifasciste samedi 22 juin
Face au fascisme : riposte sociale !

En mémoire de Clément Méric, assassiné par les fascistes le juin 5 dernier à Paris, mobilisons-nous partout en France ce week-end contre le fascisme et ses violences.

À Lyon, rejoignez le cortège unitaire libertaire dans la manifestation qui partira à 14H de la Place Bellecour samedi 22 juin.

Mais n’oublions pas aussi que…

Derrière le fascisme se cache le capital !

En effet, des décennies d’économie libérale débridée, de recherche de profits maximums, de libre concurrence et de financiarisation folle ont généré une crise économique, conduisant ses sbires, patrons, actionnaires, banquiers… à exploiter toujours plus les salarié-e-s et en particulier les précaires avec l’aide de la caste politicienne et des gouvernements de tout bord. Que le gouvernement soit de droite ou socialiste, l’État est au service du capital !

Dans ce contexte de crise sociale, ce que craint la bourgeoisie c’est une révolte populaire de grande ampleur. Pour la prévenir, elle va favoriser des mouvements nationalistes qui se développent sur fond de misère sociale et dévient la colère populaire sur des boucs émissaires, qui mettent en avant la guerre du « tous contre tous » et du « chacun pour soi » comme alternative à l’affrontement de classe.

Pour cela, ils endorment les foules et les détournent des luttes sociales en leur inventant des ennemis intérieurs à l’instar des immigré-e-s, des internationalistes « qui les soutiennent et se moquent des frontières », des syndicalistes « complices de la mondialisation du travail » et dans le contexte actuel les associations LGBT (Lesbiennes-Gays-Bis-Trans) qui menaceraient l’ordre moral de la société. Ces mouvements développent les thèses classiques du fascisme, opposant la classe ouvrière française aux minorités nationales et sexuelles, pour se donner une image anticapitaliste, alors qu’ils prennent systématiquement le parti des patrons lors des mouvements sociaux, au nom de la « défense des intérêts de la nation ». En cela ils font le jeu des patrons, trop content de cette logique de division, quand ils ne leur servent pas de gros bras pour briser les luttes.

Ces mouvements nationalistes s’appuient sur le vieux fond de nationalisme présent dans quasiment tous les courants politique, qu’ils tirent jusqu’à ses conclusions les plus brutales, en mettant en avant  un capitalisme protectionnisme opposé artificiellement au « capitalisme financier » qu’ils associent aux juifs dans leur vision raciste du monde, un État fort, la création d’un « ordre nouveau » sur le modèle de la « révolution nationale vichyste », fondé sur l’oppression des minorités.

La stratégie des fascistes consiste en une agitation permanente contre tout ce qui va dans le sens de l’égalité économique et sociale, articulée à une stratégie de contrôle des territoires. Et sur Lyon c’est dans les quartiers de St Jean, de  la Guillotière et de la Croix rousse que les nervis fascistes (GUD, Jeunesses nationalistes et Jeunesses identitaires) ciblent leurs attaques sur les minorités noires, juives, turques, roms et arabes, homosexuel-le-s, militants ou militantes de gauche ou libertaires, acteurs-trices des mouvements sociaux, mais aussi des bars et autres lieux de vie. Il s’agit de faire taire les militant-e-s du mouvement social et ouvrier en exerçant des pressions physiques sur leurs membres, et de susciter la peur en appelant à se constituer en milice pour faire régner l’ordre et réprimer toute contestation, insoumission et révolte populaire dans les quartiers.

Quelles alternatives au fascisme et au capitalisme ?

Face à cette situation, il nous semble fondamental de développer l’autodéfense antifasciste populaire, sur une base collective et organisée. Les organisations populaires et syndicales ont tout intérêt à prendre part à l’organisation de cette autodéfense, sans s’en remettre à l’État qui fait preuve d’une complaisance de fait envers les groupes fascistes, quelles que soient les proclamations d’intention qu’il puisse faire de manière opportuniste.

Mais à côté de cette nécessaire autodéfense, il est aussi important de continuer à œuvrer pour renforcer les luttes actuelles, les populariser, les soutenir et d’en initier d’autres, dans une perspective anticapitaliste, permettant le développement des capacités de gestion directe des travailleuses et travailleurs. L’éradication du fascisme passe par la lutte contre le capitalisme, le patriarcat et toutes les formes d’oppression.

Dans ce cadre, ce ne sont pas les condamnations morales dont la gauche se fait une spécialité qui feront reculer le fascisme, mais  les luttes populaires, notamment contre les politiques antisociales (de droite ou de gauche) qui favorisent son développement.

Les organisations anarchistes CGA, AL, Organisation Communiste Libertaire-Lyon, FA et le collectif La Gryffe luttent dès à présent pour :

• le retrait de l’ANI ;

• l’ augmentation généralisée des salaires ;

• la réduction de l’éventail hiérarchique des salaires ;

• la réquisition et l’autogestion des entreprises, notamment celles en lutte ;

• la réduction massive du temps de travail ;

• la reconquête par les salariés de la protection sociale ;

• la régularisation de tous et toutes les sans-papier.

De telles avancées sociales ne pourront pas s’obtenir par le biais de la politique électoraliste et institutionnelle, mais en développant les luttes et l’organisation dans nos entreprises et nos quartiers, pour construire une alternative au capitalisme et à l’État, fondée sur la réorganisation et la gestion directe de l’économie et de la société par les travailleuses et travailleurs, avec ou sans emploi.

Nous n’aurons que ce que nous saurons prendre !

« PAS DE FACHOS DANS NOS QUARTIER ET PAS DE QUARTIER POUR LES FACHOS »

REJOIGNEZ LE CORTÈGE LIBERTAIRE UNITAIRE ANTIFASCISTE
SAMEDI 22 JUIN À 14H PLACE BELLECOUR

Campagne libertaire contre le fascisme

Publié dans Antifascisme | Marqué avec , , , , , | Commentaires fermés sur [Lyon] Appel unitaire libertaire antifasciste pour la manif de samedi

[Chronique de Youv derrière les barreaux] « Autopsie de ma peine au mitard, que je vous livre à cœur ouvert »

http://juralib.noblogs.org/files/2012/09/0513.jpg[Chroniques de mitard publiées du 7 au 11 septembre 2012]
Autopsie d’un détenu au mitard

Le noir total, il est minuit, enroulé sous ses draps tel une momie égyptienne, je décompte les jours, les heures qui me rapprochent de la liberté.

Quelle liberté ?

Celle de fermer sa gueule, puisque dès ma sortie du mitard, je retournerai en prison en détention où j’ai mes habitudes de taulard, de rat d’égout, de numéro d’écrou, être en prison c’est juste une étape avant la mort, le début de la fin.

Rien de rien, non tu ne regrettes rien, ça tombe bien les juges t’ont mis le max, il n’y a que des innocents en prison, les coupables sont dehors, ceux qui se pensent à l’abri de tomber si bas, ces intouchables parfaits montrent du doigt les microbes, ceux que la société isole, enferme, fusille en cour d’assises, vie brisée sans rancune puisque tu as brisé la leur.

Moi, j’ai allégé leur porte-monnaie et ils m’ont bien rendu la monnaie de ma pièce, plus qu’il n’en faut, j’ai payé pour voir, j’ai vu, et je dis qu’il n’y a rien à voir ici, dans ces taudis où dorment des centaines de malades par établissement, on les appelle criminels, délinquants, tout le monde dans le même sac, tous pourris, oublie le cas par cas, on gaze tout le monde comme à Auschwitz, tu savais pas, maintenant tu sais, donc marche droit, ne dépasse pas la ligne.

Promenade à guichet fermé, zonzons surpeuplées du peuple d’en bas, plus bas que terre la France, tu l’aimes ou tu la quittes ? Juif hongrois, se croyant plus royaliste que le roi, t’as cru que la France était à ta grand-mère ou quoi ?

Cellules surpeuplées, l’Éducation nationale a failli à sa mission, j’ai obtenu mon brevet des collèges à 29 ans, c’est un maton déguisé en prof d’école qui m’a appris à poser une division, simple comme bonjour, mais en CM1 c’était du chinois un patois que je ne connaissais pas, la prof était-elle de mauvaise foi, face à ma coupe afro ?

Nous sommes le 27 août 2012, je suis assis sur une chaise soudée à une table en ferraille dans un mitard désaffecté en France, il me reste neuf jours dans ce trou à rats. Sur la table un sachet de sucre se bat en duel avec une compote de pommes, voilà ma seule richesse, mon plaisir du soir.

Autopsie de ma peine au mitard, que je vous livre à cœur ouvert.

[La Chronique de Youv derrière les barreaux est disponible en téléchargement gratuit sur le site des Éditions Antisociales. Elle est à suivre sur le compte Facebook dédié.]

Publié dans Beau comme une prison qui brûle | Marqué avec , | Commentaires fermés sur [Chronique de Youv derrière les barreaux] « Autopsie de ma peine au mitard, que je vous livre à cœur ouvert »

Néonazis à Metz et Lyon

[Metz] Un Sénégalais agressé par des néonazis

Trois hommes ont été mis en examen, mercredi, pour une bagarre au centre-ville de Metz, au cours de laquelle une victime a reçu un coup de couteau.

La brigade des violences urbaines de la Sûreté départementale a interpellé, cette semaine, trois hommes soupçonnés d’avoir participé à une rixe sanglante au centre-ville de Metz.

C’était le 9 juin. Vers 5h30, un groupe de quatre individus quitte un bar de nuit. Place Jean-Paul-II, ils croisent leur future victime. Après les insultes, les coups. Dans la bagarre, elle reçoit un coup de couteau dans le dos. Cet homme d’une trentaine d’années gît au sol lorsqu’il est secouru. Ses jours ne sont pas en danger, mais « il l’a échappé belle », selon des sources médicales. Ses blessures lui valent dix jours d’ITT.

Les enquêteurs travaillent à partir d’un téléphone portable retrouvé sur les lieux. Son possesseur et deux complices sont identifiés. Arrêtés mardi, ils auraient reconnu la bagarre mais imputent le coup de couteau à la quatrième personne du groupe. Elle n’a pas encore été retrouvée. Déféré mercredi soir, le trio a été mis en examen pour violences aggravées. Le parquet de Metz vise notamment des violences à caractères raciales. Les assaillants font partie ou sont proches des Hammerskins, un groupe d’extrême droite à l’idéologie néonazie. La victime, elle, est d’origine sénégalaise. « Ce mobile est envisagé mais n’est pas encore prouvé », tempère Hadrien Baron, vice-procureur au parquet de Metz. « La victime ne parle pas d’insultes racistes », ajoute Me Olivier Rondu, avocat d’un des auteurs présumés. En fuite, le chaînon manquant pourrait s’être réfugié à l’étranger, au sein d’un autre groupe des Hammerskins. En attendant la fin des investigations, les trois mis en examen, originaires de Metz et Toul, ont été laissés libres, sous contrôle judiciaire.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Republicain-lorrain.fr, 21 juin 2013)

 

[Lyon] Agression raciste : prison ferme

Deux jeunes liés à une mouvance d’extrême droite ont été condamnés ce soir à Lyon à des peines de prison ferme pour l’agression violente de quatre personnes en mai, dont l’une était d’apparence asiatique. Le tribunal correctionnel a condamné le premier à 18 mois de détention dont six avec sursis, et le second à douze mois de prison dont six avec sursis.

Le 18 mai vers 3H00 du matin, quatre amis rentraient chez eux à vélo dans le IIIe arrondissement de Lyon lorsqu’une dizaine de jeunes leur ont barré la route. Ils se sont adressés à l’un d’eux : « Tu fréquentes une Asiatique, tu déshonores la France ».

Très vite, alors que le jeune homme tentait de les calmer, ils l’ont frappé à coups de pieds et de poings, jusqu’à ce qu’il perde connaissance, puis s’en sont pris à son compagnon.

Christophe, 24 ans, en détention provisoire depuis son arrestation le 18 mai, a reconnu son appartenance au mouvement d’extrême droite le Gud (Groupe union défense), tandis que son acolyte, qui comparaissait libre sous contrôle judiciaire, a dit en être « sympathisant ». La peine la plus lourde est revenue au premier. Un troisième prévenu, arrêté le même soir, a été mis hors de cause par la défense et les parties civiles, et a même été identifié comme appartenant à un groupe d’extrême gauche par la présidente du tribunal. Il a été relaxé.

Visiblement encore très choquées par l’agression, les deux victimes des coups ont fait état à la barre de nombreuses blessures, dont un traumatisme crânien et des dents cassées, tandis que la jeune femme « asiatique » (originaire de la Réunion, ndlr), suffocante, s’est dite « traumatisée ».

Publié par des larbins de la maison Poulaga (LeFigaro.fr avec l’Agence Faut Payer, 20 juin 2013)

Publié dans Antifascisme | Marqué avec , , , , , | Commentaires fermés sur Néonazis à Metz et Lyon

[Brésil] « Mais négocier avec qui ? Qui est le leader ? »

Manifestations au Brésil : « Mais négocier avec qui ? Qui est le leader ? »

Pour la presse brésilienne, la propagation de la révolte révèle la défiance de la population vis à vis des partis politiques et des institutions.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/183.jpg

Une photo inattendue, à la une de O Globo résume l’extrême complexité de la révolte sociale au Brésil : au beau milieu du chaos causé par les manifestants, juste devant l’assemblée législative de l’État de Rio de Janeiro, une jeune femme enlace affectueusement un policier afin de mieux le désarmer. « Surpris par cette puissante arme de protestation, dans le meilleur style « flower power », le représentant de forces de l’ordre reste parfaitement immobile et perplexe », rapporte le principal quotidien de Rio de Janeiro. Il ne sait visiblement pas quoi faire avec cette femme pendu à son cou. »

Comme ce policier, c’est toute la classe politique brésilienne, au niveau régional et fédéral, qui semble particulièrement désemparée face au mouvement populaire et spontané qui a pris sa naissance à Sao Paulo avant de s’étendre à travers tout le Brésil.

La lecture de la presse brésilienne révèle à quel point la situation est hétéroclite dans ce pays de 200 millions d’habitants 17 fois plus grand que la France. Le magazine Veja rend compte de la montée en puissance de la contestation : « Hier, des manifestations ont eu lieu dans plus de 100 villes. À Brasilia, la capitale, des casseurs ont tenté d’envahir le ministère des Affaires étrangères avant d’allumer des feux sur l’esplanade des ministères [où sont concentrés tous les institutions gouvernemental] et de « caillasser » la cathédrale [conçue par l’architecte Oscar Niemeyer, il s’agit du monument le plus visité de la ville]. Des affrontements violents ont eu lieu à Rio, Belém, Porto Alegre, Salvador de Bahia. Le climat était également tendu à São Paulo. Un manifestant est mort à Ribeirão Preto [une grande ville proche de São Paulo]. « 

Pour l’Estadão de São Paulo, premier quotidien du Brésil, d’autres événements marquent symboliquement la défiance du peuple face à ses élites et aux partis politiques : « La foule a brûlé des drapeaux du Parti des travailleurs [le PT fondé par l’ex-président Lula qui est également la formation de la présidente Dilma Rousseff]. À Fortaleza, dans le Nordeste, la tentative d’invasion du Palais de l’Abolition, siège du gouvernement de l’État du Ceara, est également significatif. Environ 200 manifestants ont jeté des bouteilles de verre en direction du cabinet du gouverneur dont ils ont détruit les vitres. »

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/204.jpg

Manifestrantes tentam convencer integrantes de partido politico a não exibirem bandeiras.

Le désarroi de la classe politique

Une anecdote, rapportée par Veja, dit tout du désarroi de la classe politique. Interrogé par une chaine de télévision, qui lui demande s’il est prêt à négocier avec les manifestants, le sénateur Eduardo Braga, une figure de la vie politique brésilienne, s’écrie : « Négocier avec qui ? Qui est le leader ? » Pour le Correio braziliense, principal journal de la capitale, « le monstre est lâché et la vieille politique est dos au mur. » « La voix de la rue exprime clairement son insatisfaction vis à vis de la mauvaise qualité des services publics due au détournement d’argent public. »

Dans ce contexte, la situation personnelle de la présidente Dilma Rousseff parait délicate. « Une ancienne militante étudiante peut difficilement faire réprimer les manifestants par les forces de l’ordre qu’elle a autrefois combattu », suggère la Gazeta mercantil. D’un autre côté, elle ne dispose pas du charisme, de la roublardise ni des talents de négociateur de son prédécesseur Lula. En annulant son voyage officiel au Japon pour convoquer une réunion de crise, la présidente prouve en tout cas qu’elle prend la situation très, très au sérieux.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/194.jpg

« La révolution ou la mort »

Leur presse (Axel Gyldén, LExpress.fr, 21 juin 2013)

Publié dans General | Marqué avec , , , , , , , , , , , , , , , | Commentaires fermés sur [Brésil] « Mais négocier avec qui ? Qui est le leader ? »

[Football] La démocratie complique l’organisation de la Coupe du monde, pour Valcke

La démocratie peut représenter un obstacle à l’organisation de grands événements sportifs internationaux comme la Coupe du monde de football, a estimé mercredi Jérôme Valcke, secrétaire général de la Fifa.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/175.jpg

« Moins de ballon, plus d’école. »

Le Français a imputé en partie les difficultés d’organisation rencontrées pour le Mondial 2014 au Brésil aux différents échelons administratifs du pays hôte. Jérôme Valcke a ajouté que selon lui, la Russie du Président Vladimir Poutine offrait des conditions a priori plus favorables en vue de la Coupe du monde 2018.

« Je vais dire quelque chose de fou, mais un moindre niveau de démocratie est parfois préférable pour organiser une Coupe du monde », a-t-il dit lors d’une conférence au siège de la Fifa à Zurich. « Quand on a un homme fort à la tête d’un État qui peut décider, comme pourra peut-être le faire Poutine en 2018, c’est plus facile pour nous les organisateurs qu’avec un pays comme l’Allemagne où il faut négocier à plusieurs niveaux. » Le dirigeant français a évoqué le cas du Brésil, où « le système politique est divisé en trois niveaux, fédéral, régional et municipal ».

Leur presse (20minutes.fr avec Reuters, 24 avril 2013)

Publié dans Nos corps nous appartiennent | Marqué avec , , , , , | Commentaires fermés sur [Football] La démocratie complique l’organisation de la Coupe du monde, pour Valcke

[Brésil] Un million de Brésiliens dans la rue, un manifestant tué

Les manifestations monstres dégénèrent au Brésil

Un million de personnes ont défilé jeudi soir, mais ces manifestations se sont terminées dans la violence, faisant un mort, un jeune tué par accident, et de nombreux blessés. Dilma Roussef convoque une réunion de crise.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0126.jpg

Le mouvement de contestation au Brésil connaît son premier mort. À 18 ans, un jeune homme a été renversé par une voiture qui tentait de contourner un groupe de manifestants qui bloquaient une rue de Ribeiro Preto, dans le sud-est du pays. Le mouvement de fronde sociale qui secoue le pays depuis dix jours a connu d’autres débordements de moindre gravité dans la soirée de jeudi.

• À Brasilia (centre du pays), où se sont rassemblées 30.000 personnes, des manifestants ont attaqué dans la soirée le ministère des Affaires étrangères d’où ils ont été refoulés de justesse par la police, après avoir brisé une porte vitrée et une cinquantaine de fenêtres. Les affrontements ont fait une trentaine de blessés.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0227.jpg

Les manifestants qui ont tenté de s’infiltrer dans les locaux du ministère des Affaires étrangères.

• Plus de 300.000 manifestants ont défilé à Rio de Janeiro (sud-est) où après un début de marche pacifique des heurts violents ont éclaté devant la mairie. Au moins 40 personnes ont été blessées dont un journaliste de TV Globo, touché au front par une balle en caoutchouc.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0811.jpg

Rio de Janeiro

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/1110.jpg

VOIR LA VIDÉO

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0322.jpg

• Belem (nord) a connu des affrontements entre policiers et manifestants refoulés par des gaz lacrymogènes, tout comme Campinas (État de Sao Paulo), où des manifestants ont lancé des pierres et cassé des vitres de la mairie. La garde municipale a réagi avec des gaz lacrymogènes et des sprays au poivre. Au moins sept personnes ont été blessées dont deux gardes et un journaliste.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0617.jpg

Belem

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/07.png

Recife

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0913.jpg

Sao Paulo

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/127.jpg

Lors des manifestation à Sao Paulo le 19 juin, un policier refuse de participer à la répression des manifestations et se fait renvoyer par son supérieur – VOIR LA VIDÉO

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/1011.jpg

Ibidem

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0419.jpghttp://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0520.jpg

Au total, au moins un million de manifestants sont descendus jeudi dans les rues des grandes villes du pays pour exiger des services publics de qualité et dénoncer la facture du Mondial de football 2014, en dépit de la promesse du pouvoir de baisser le prix des transports. Cette importante mobilisation a poussé la présidente Dilma Rousseff à annuler un voyage officiel prévu au Japon du 26 au 28 juin et à convoquer une réunion de crise avec ses ministres les plus proches, vendredi matin. La réunion aura lieu à 9h30 à Brasilia, soit 14h30 à Paris.

Publié par le savoir-faire français (LeFigaro.fr, 21 juin 2013)

 

Un million de manifestants dans les rues au Brésil

Pour la première fois depuis le début du mouvement de grogne, un jeune homme a été tué, renversé par une voiture dans l’État de São Paulo.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/138.jpg

Manifestation à Rio de Janeiro

Au moins un million de manifestants sont descendus jeudi dans les rues des grandes villes du Brésil au dixième jour de fronde sociale marqué par de violents affrontements avec la police, des dizaines de blessés et un premier mort. Cette importante mobilisation a poussé la présidente Dilma Rousseff à annuler un voyage officiel prévu au Japon du 26 au 28 juin et à convoquer une réunion de crise avec ses ministres les plus proches, vendredi matin. La réunion, qui n’a pu immédiatement être confirmée par l’AFP auprès de la présidence, aura lieu à 9h30 (14h30 à Paris) à Brasília, selon les sites de O’Globo, Folha de São Paulo et O Estado de São Paulo. Le mouvement de fronde sociale qui secoue le pays depuis une dizaine de jours avait promis via les réseaux sociaux de faire descendre un million de manifestants jeudi dans les rues d’une centaine de villes du pays pour exiger des services publics de qualité et dénoncer la facture du Mondial de football 2014, malgré une baisse des tarifs des transports en commun obtenue au cours des derniers jours.

À Ribeirao Preto, dans l’État de São Paulo (sud-est), un manifestant est mort, renversé jeudi soir par une voiture qui tentait de doubler un groupe de protestataires qui bloquaient une rue. « Un véhicule a renversé un groupe de trois personnes et l’une est décédée » dans la ville de Ribeirao Preto, à 330 kilomètres de São Paulo, a indiqué la police militaire sur son compte Twitter. D’après la presse locale, le véhicule a tenté de doubler un groupe de manifestants qui bloquaient une rue et a renversé trois personnes.

À Brasília (centre), où se sont rassemblées 30’000 personnes, des manifestants ont attaqué dans la soirée le ministère des Affaires étrangères d’où ils ont été refoulés de justesse par la police, après avoir brisé une porte vitrée et une cinquantaine de fenêtres. Les affrontements ont fait une trentaine de blessés. Plus de 300’000 manifestants ont défilé à Rio de Janeiro (sud-est) où après un début de marche pacifique des heurts violents ont éclaté devant la mairie. La police a tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc contre un groupe de manifestants radicaux. Au moins 40 personnes ont été blessées, dont un journaliste de la TV Globo, touché au front par une balle en caoutchouc. Selon un décompte effectué par l’AFP, à partir des estimations officielles fournies par la police ou des experts, ils étaient notamment 110’000 à São Paulo, 100’000 à Vitoria, 52’000 à Recife, 30’000 à Manaus, 30’000 à Cuiaba, 20’000 à Salvador de Bahia et 20’000 à Aracaje.

« Le Brésil s’est arrêté ! »

À Vitoria (sud-est), un groupe de manifestants a détruit les cabines de péage d’un pont qui relie la ville à sa voisine. Devant le tribunal de justice, un bataillon d’élite de la police a dû intervenir avec des gaz lacrymogènes pour disperser un groupe radical. À Salvador de Bahia (nord-est), théâtre de la première manifestation dans l’après-midi, des affrontements violents ont également éclaté. Les manifestants ont incendié un bus et lancé des pierres sur des minibus de la Fifa, organisatrice de la Coupe des confédérations de football qui se dispute actuellement dans le pays et du Mondial dans un an. Au moins un manifestant a été blessé par une balle en caoutchouc. Un policier a également été blessé lors de ces incidents survenus à deux kilomètres du stade où se jouait le match Nigeria-Uruguay. « Ici à Salvador, on a le sang chaud, on a le sang indien et le sang noir. Ce n’est pas São Paulo. Ils vont tuer quelqu’un », confiait à l’AFP un manifestant, Paulo Roberto, après la riposte policière.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/149.jpg

La police antiémeute tire des balles en caoutchouc contre les manifestants jeudi 20 juin à Rio de Janeiro.

À Rio de Janeiro, une foule immense a défilé joyeusement dans le centre administratif et commercial, aux cris de : « Le Brésil s’est arrêté ! Le Brésil s’est arrêté ! » Les employés jetaient par les fenêtres de leurs immeubles des pluies de confettis sur les manifestants et faisaient clignoter les lumières de leur bureau en signe de solidarité. « Nous sortons de Facebook ! » proclamait une pancarte. « J’ai voté Dilma et je revoterai Dilma. Mais c’est un moment unique, on en a besoin pour accélérer les réformes du pays », a confié Ney, un ingénieur de 64 ans, à une journaliste de l’AFP. La police de Rio, extrêmement discrète au début de la manifestation, avait diffusé sur les réseaux sociaux des tracts à imprimer demandant aux manifestants de « l’aider à les protéger » : « SANS VIOLENCE, PAIX, éloignez ceux qui insistent pour semer le trouble dans une manifestation pacifique ».

« Opportunistes ! Partez à Cuba, partez au Venezuela ! »

Pour la première fois depuis le début du mouvement il y a une dizaine de jours, des organisations de la société civile et des partis de gauche avaient annoncé leur intention de se joindre aux cortèges avec leurs banderoles. Mais à São Paulo, des militants du Parti des travailleurs (PT, gauche au pouvoir) ont été reçus par des bordées d’invectives : « Opportunistes ! Partez à Cuba, partez au Venezuela ! » a rapporté un journaliste de l’AFP. Des manifestants ont également brûlé un drapeau du PT, selon des images télévisées.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/166.jpg

Des manifestants brûlent le drapeau du Parti des travailleurs, sur l’avenue Paulista, à Sao Paulo, le 20 juin.

Les principales villes du pays, dont Rio et São Paulo mercredi, ont cédé cette semaine l’une après l’autre à la revendication initiale de la rue. Elles ont accepté de revenir sur leur décision d’augmenter le tarif des transports publics, la revendication initiale de la fronde sociale. Malgré cette victoire, rien ne laisse présager un essoufflement rapide de ce mouvement diffus, sans étiquette politique ou syndicale, ni leaders clairement identifiés. Il cristallise désormais toutes les frustrations de la population de ce pays émergent de 194 millions d’habitants : services publics précaires comme la santé et l’éducation, corruption de la classe politique, sommes colossales — 11 milliards d’euros — investies pour l’organisation du Mondial 2014 de football. Et depuis sa victoire sur le prix du ticket de bus, il n’a plus de revendication concrète bien définie.

« Le tarif des autobus est le détonateur d’un grand mouvement qui n’a pas de leader, mais cela ne veut pas dire que nous n’ayons pas une direction à suivre. À partir de maintenant, les politiciens vont devoir nous prêter plus d’attention », a déclaré à l’AFP Carolina Silva, 35 ans, employée de la compagne pétrolière nationale Petrobras. Certains observateurs comparent le mouvement aux récentes manifestations en Turquie ou même aux révoltes du Printemps arabe.

Publié par le savoir-faire français (Agence Faut Payer via LePoint.fr, 21 juin 2013)

Publié dans General | Marqué avec , , , , , , , , , , , , , , , | Un commentaire

[Appel de GARçES] Féministes, solidaires et antifascistes, tant qu’il le faudra !

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/003.jpgNous, féministes, sommes antifascistes : nous luttons contre les discours et les actes de haine, qui stigmatisent, excluent, frappent, parfois jusqu’à la mort, toutes les personnes  considérées comme « dérangeantes ». Le 5 juin dernier, le fascisme a tué. Il a tué Clément, militant syndicaliste, antifasciste, antiraciste, anticapitaliste, antispéciste, féministe et engagé dans les luttes contre l’hétérosexisme et les LGBTphobies.

Non, le meurtre de Clément n’est pas un acte isolé ; pas plus qu’il n’est déconnecté des combats que nous menons au sein de Garçes. Au cours des derniers mois, le « débat » autour de la loi dite du « mariage pour tou.te.s » ainsi que la complaisance politique et médiatique vis-à-vis de ce “débat” ont fait le lit d’une parole homophobe décomplexée et le jeu des droites extrêmes. À la faveur de ce climat, les discours et les actes de violences LGBTphobes, mais aussi les agressions racistes et islamophobes, se sont multipliées en France.

Quelques exemples récents d’agressions fascistes LGBTphobes et islamophobes :

• Le 20 mai, à Argenteuil, deux hommes identifiés comme des skinheads d’extrême droite ont agressé une femme qui portait le foulard islamique.

• Le 13 juin, dans la même ville, une femme a été victime d’une agression similaire. Ses agresseurs l’ont roué de coups et lui ont découpé une mèche de cheveux et sa tenue.

• Le 4 juin, à Lille, un couple de lesbiennes a été violemment agressé suite à un rassemblement de « veilleurs » anti-mariage pour tou.te.s.

Le projet des fascistes ne se résume pas à « se bagarrer » contre des « gauchistes », tel que le véhiculent des médias qui renvoient dos à dos extrême droite et gauche radicale. Contre cette voix médiatique dominante, nous affirmons haut et fort que pour nous féministes, ces “extrêmes” n’ont pas le même sens. Les fascistes s’inscrivent dans une logique intrinsèquement raciste, islamophobe, antisémite, hétérosexiste, LGBTphobe. Leur violence exprime une volonté profonde de détruire celles et ceux qu’ils/elles désignent comme ennemi.e.s : celles et ceux pas assez blanc.he.s, pas assez hétéros, pas assez féminines ou masculines, ainsi que celles et ceux qui les combattent.

L’antifascisme ne combat pas des individus : il combat des idées. D’une part, les antifascistes proposent une analyse politique des discours et des violences fascistes ; d’autre part, ils et elles luttent pour que chacun-e puisse avoir une place dans la société et l’espace public.

Pour nous, la dissolution des groupes d’extrême droite est loin d’être suffisante et n’est pas une solution en soi. Nous savons que la disparition officielle d’un mouvement ne suffit pas à l’éradiquer ni à faire disparaître les autres, et les réduire à la clandestinité ne fait que les cacher et ne détruit pas leur haine. Par ailleurs, la dissolution ne remet pas en cause la légitimité du FN et des autres formations d’extrême-droite avec lesquels les fascistes sont idéologiquement et personnellement liés.

Pour nous, c’est aux racines de l’extrême droite qu’il s’agit de s’attaquer. L’urgence est à la résistance contre tous les discours et les actes stigmatisants, discriminants et violents qui se sont banalisés et ont désormais libre cours sur l’ensemble de l’échiquier politique. Cela passe notamment par :

• la lutte contre la chasse aux sans-papièr.e.s (rappelons-nous du 6 juin dernier où, alors que nous étions regroupés à Saint-Lazare et à Saint-Michel en la mémoire de Clément, le gouvernement a arrêté des dizaines de sans-papièr.e.s à Barbès).

• l’amnistie sociale pour les militant.e.s antifascistes,

• la pleine égalité des droits pour les personnes LGBT (droit à la PMA pour les couples de lesbiennes, droit au changement d’état civil pour les trans libre et sans parcours pathologisant),

• le refus des politiques libérales qui ne font qu’aggraver la crise, constituant un terreau fertile pour l’extrême droite et entretenant les rouages d’un système excluant et précarisant.

Aux discours et actes de haine, nous répondons par notre combat solidaire.

Ils tabassent les lesbiennes, les gays, les bi.e.s, les trans, nous réagissons !
Ils agressent des femmes voilées, nous ripostons !
Ils tuent un camarade, nous nous organisons !

Face au réveil des fascistes et à la montée des droites extrêmes, l’heure est plus que jamais à la convergence de nos luttes et à l’organisation collective.

Dans la rue le 23 juin 2013,
RDV GARçES à 14H30 au métro Chaussée d’Antin
pour marcher dans le cortège féministe

No pasarán   !

Entre les lignes entre les mots, 21 juin 2013

Publié dans Antifascisme, Luttes féministes, Luttes LGBT | Marqué avec , , , , , | Un commentaire

[In memoriam Clément Méric] Nihiliste, moi ? Jamais

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/chat.jpgNihiliste, moi ? Jamais

La mort de Clément Méric nous a touchés. Comme la majorité de la société française, certainement. Chez nous comme dans la plupart des organisations qualifiées d’« extrême-gauche » dans les médias et la classe politique traditionnelle, la mort n’éblouit pas les yeux des militants. Nous ne voulons pas de martyrs ni de fanatiques, mais des individus conscients des besoins de la lutte collective, lucides sur le monde qui les entoure et réfléchis dans leur engagement. Nous n’avons pas de dogme intangible venu d’on ne sait quelle autorité morale ou politique. Car nous avons appris à connaître, par notre longue réflexion politique, sans cesse réactualisée, les écueils d’un engagement et d’un credo qui ne pourraient être remis en question. En cela, nous ne nous reconnaissons pas, pas plus que nous ne reconnaissons de nombreuses organisations dont nous sommes proches, dans l’étiquette « extrémiste » si facilement collée sur nous.

La mort de Clément nous a sans doute touchés plus particulièrement. Car Clément était des nôtres. Non seulement dans une sorte de grande famille idéologique de gauche n’ayant pas renoncé à la lutte des classes, mais aussi, plus simplement, parce que Clément, pendant quelque temps, a été membre de la CNT et que beaucoup d’entre nous le côtoyaient dans les manifestations, les réunions politiques et syndicales. Ses choix et ses orientations lui appartiennent et s’il n’était plus parmi nous depuis son arrivée à Paris, il restait notre camarade. Certains d’entre nous ont donc, naturellement, été à son chevet dans les premières heures de son admission à la Pitié-Salpêtrière. Beaucoup d’entre nous, aux côtés de ses camarades de l’AFA, aux côtés d’autres camarades, militants, syndicalistes, sans-grades et amoureux du progrès social, se sont joints aux hommages et aux manifestations suscités par son assassinat.

Mais la mort de Clément, malheureusement, ne nous a pas surpris, un peu comme le malheur que l’on sent venir sans savoir où et quand il frappera, ni sur qui il s’abattra. Depuis des mois et des années, le fascisme reprend des couleurs.

Depuis les années 2000, les théories de l’extrême droite se sont banalisées. Le 21 avril 2002 n’aura été qu’un symptôme d’un mal plus profond.

Par paresse, sans doute, parce que ces problématiques ne sont pas plaisantes à soulever, parce que ceux qui étaient choqués ont eu l’impression d’être seuls, sans doute, ou bien minoritaires, et que la majorité a préféré regarder ailleurs, les reportages et les unes chocs, les sondages douteux et les propos « borderline » se sont multipliés. Voici donc revenu le temps des invasions barbares, des hordes d’immigrés, qu’ils soient voleurs, terroristes ou parasites, par religion, par essence ou par naissance… Et voici en retour la célébration de la patrie, de la nation et de l’identité, quand nos dirigeants se battent pour savoir si « nos héros », de Napoléon à Jeanne d’Arc, étaient de gauche ou de droite… Puisque la République coloniale de Jules Ferry est devenue la référence, gageons que l’année qui vient sera l’occasion de glorifier le 100e anniversaire de cette belle guerre de 1914-1918, où le patriotisme montrait son vrai visage.

Dans une offensive politico-médiatique généralisée contre les quartiers populaires, les apprentis sorciers qui nous gouvernent ont entamé une croisade contre la violence illégitime (celle des petits délinquants, celle des mouvements sociaux, celle des ouvriers qui refusent d’être envoyés à la casse), fermant les yeux sur celle des puissants et celle qui les arrange. Mais la vraie violence, elle, a monté au fur et à mesure que les gouvernements de super-flics se sont succédé. Les violences contre les personnes, de plus en plus gratuites, se sont multipliées, réactions sans doute illégitimes, mais trop prévisibles du soubresaut de l’individu tenant absolument à ne pas être le dernier en bas de l’échelle. Le libéralisme économique, faisant sauter peu à peu les systèmes de la solidarité des travailleurs, a mis les individus en concurrence, créant pour les plus perdus un besoin vital : ne pas être le plus faible, trouver un autre à mettre en dessous de soi, la femme, l’homosexuel, le chômeur ou l’étranger.

Les blousons bombers marqués de drapeaux français ou d’insignes nazis ont refait leur apparition en plein jour dans les grandes villes de France. Au point que des militants fascistes ont eu suffisamment confiance pour porter leurs couleurs ce jour-là dans le quartier Saint-Lazare et se promener armés en centre-ville.

C’est contre cet ordre des choses que Clément, à son échelle, se battait. Les grands partis, les éditorialistes des médias dominants, les représentants de la classe dirigeante ont aujourd’hui beau jeu de verser des larmes de crocodile. Ils ont laissé monter cette violence, faisant mine de ne pas la comprendre. Et aujourd’hui, les militants antifascistes se voient traînés par les mêmes dominants au niveau des fascistes qu’ils combattent. « Violence illégitime. »

Notre engagement, au sein de la CNT, comme au sein de nombreuses autres de ces organisations que vous qualifiez d’extrême gauche, nous expose, nous le savons, à cette stigmatisation. Nous sommes, au mieux, les emmerdeurs qui se compliquent la vie. Nous le voyons auprès de nos amis qui ne partagent pas nos opinions (oui oui, c’est très possible. C’est ça, le recul et la réflexion sur l’engagement évoqués plus haut…). Nous sommes des empêcheurs de capitaliser en rond. Parce que nous refusons de la jouer perso, en laissant la société aller dans le mur du moment que nous avons logement, télé et voiture, parce que nous sommes pour une société d’entraide, que nous refusons toutes les inégalités, que nous critiquons sans relâche cette société de consommation et de concurrence à outrance, que nous blasphémons en osant remettre en cause les divinités sacrées du « Marché » et du « Capitalisme » (avec leurs capitales impérieuses), nous sommes traités de marginaux. Pourtant, à l’image de la société française, notre confédération, comme beaucoup d’organisations que nous côtoyons dans les luttes, est composée d’hommes et de femmes, de travailleurs, étudiants, salariés, chômeurs ou retraités.

Maintenant, nous pouvons vous dire ce qui a motivé ce texte.

Un professeur de classe préparatoire s’est exprimé récemment dans les colonnes de deux grands quotidiens nationaux, classés à gauche. Comme nous tous, il pleurait la mort de Clément, un de ses anciens élèves. Selon lui, notre jeune camarade n’était pas « nihiliste », ce que « ses liens passés avec la CNT pourraient suggérer ».

Laissez-nous vous dire, Monsieur, que nous déplorons que la mort de notre camarade soit prétexte à raconter n’importe quoi. Les grands partis ne sont pas seuls à faire de la récupération.

Si un jour, Monsieur, votre curiosité vous poussait à venir à la rencontre des militants de la CNT, vous seriez surpris, je pense, de l’incroyable foi en l’humanité qui nous anime et nous aide à ne pas baisser les bras. Vous seriez surpris de voir à quel point nous croyons possible des lendemains meilleurs, dans le respect de chacun et l’intérêt de tous. Et à quel point ceux que vous qualifiez de « nihilistes » ont à cœur la lutte pour la dignité de l’être humain. Nous nous permettons donc de vous poser ces dernières questions : les « nihilistes » dont vous parlez ne seraient-ils pas ceux qui proclament à travers télévisions, livres et journaux, qu’il n’y a rien d’autre à faire qu’accepter l’inéluctable loi du marché, avec ses désastres humains, sociaux et économiques ; les « nihilistes » ne sont-ils pas ceux qui prônent de laisser parader des fascistes et leurs croix gammées dans les rues sans protester ? les nihilistes ne sont-ils pas ceux qui estiment que seul un État fort et sécuritaire pourra contrôler « la nature mauvaise de l’homme » ?

Et si vous persistez à nous croire extrémistes, Monsieur, je crois qu’Albert Camus pourrait résumer notre credo absolu : « Nous sommes condamnés à vivre ensemble ou à mourir ensemble. »

Le Syndicat Interprofessionnel de la Presse et des Médias-CNT, 17 juin 2013

Publié dans Activités de la CNT, Antifascisme | Marqué avec , | Commentaires fermés sur [In memoriam Clément Méric] Nihiliste, moi ? Jamais

Les Féministes pour l’égalité dénoncent les agressions contre les femmes voilées ET le silence des autres féministes

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/003.jpgCommuniqué

Le jeudi 13 juin dernier, une femme musulmane voilée a été agressée à Argenteuil avec une telle violence qu’elle vient de perdre son bébé.

Ces agressions se multiplient ; les victimes en sont des femmes musulmanes portant le foulard ; le silence qui les entoure est effrayant, accablant. Les violences contre les femmes se développent, aujourd’hui comme hier, sur le terreau d’un silence qui banalise et tue.

Le Collectif des Féministes pour l’Égalité dénonce les attaques qui visent spécifiquement les femmes musulmanes – parce qu’elles sont femmes et parce qu’elles sont musulmanes ; et demande un traitement médiatique et juridique de ces agressions adéquat, fondé sur la loi et le souci de la paix civile. Un traitement adéquat commencerait par dénoncer les rodomontades islamophobes qui émaillent le discours public : car comment ne pas établir de lien entre ces déclarations hostiles et la recrudescence d’agressions « motivées » par la religion – visible – des victimes ?

En tant que féministes nous nous étonnons du silence des autres féministes. Auraient-elles eu une telle absence de réactions si des femmes non voilées avaient été agressées par des « barbus » ? Sans doute pas. Ce deux poids deux mesures est insupportable, et il donne à voir l’impact profond du racisme qui vise les musulmans et surtout les musulmanes.

C’est pourquoi nous souhaitons rencontrer dans les meilleurs délais les représentants du gouvernement ayant en charge les questions relatives aux femmes et relatives à la sécurité.

Nous nous joignons à l’appel au rassemblement prévu le samedi 22 juin à 15 heures devant la sous-préfecture d’Argenteuil, 2 rue Alfred Labrière (face à la gare d’Argenteuil).

Paris le 20 juin 2013

Le blog de Christine Delphy

Publié dans Luttes féministes | Marqué avec , | Commentaires fermés sur Les Féministes pour l’égalité dénoncent les agressions contre les femmes voilées ET le silence des autres féministes

[In memoriam Clément Méric] « Faire passer l’Action antifasciste européenne en véritable acteur politique, tout en ménageant la part d’ombre qui est nécessaire à la poursuite de sa lutte »

Mise au point de Baptiste, militant « antifa »

Le 12 juin, Rue89 publiait un article intitulé « Un militant “antifa” : “On est un peu comme une armée de réserve” ». Nous y dressions le portrait de Baptiste (prénom d’emprunt), 21 ans et « antifa ». Les échanges entre Baptiste et l’auteur de l’article et, par la suite, le portrait publié, ont entretenu la confusion sur son appartenance au mouvement antifasciste Action antifasciste Paris-Banlieue (AAPB).

Baptiste n’est pas militant, il appartient à la mouvance. Cette confusion a été corrigée dans l’article. Fidèle à notre pratique du droit de réponse, nous laissons Baptiste s’expliquer. Rue89

Je suis « Baptiste », et j’ai plusieurs points à éclaircir.

Tout d’abord, contrairement à ce qui a été affirmé dans l’article avant rectification, je ne suis pas et n’ai jamais prétendu être membre de l’Action antifasciste Paris Banlieue (AAPB), ni à ce journaliste ni à quiconque. Le journaliste a tiré ses propres conclusions que je me suis efforcé de corriger le plus rapidement possible, tandis que l’AAPB démentait de même.

Cette regrettable erreur est à mon sens révélatrice de la difficulté que peuvent avoir les médias à expliquer correctement toute la complexité de la lutte antifasciste. C’est paradoxalement pour exprimer cette complexité que j’ai accepté cette interview qui a manqué son objectif.

À aucun moment je n’ai souhaité critiquer l’AAPB ni ses modes d’action. L’anonymat, la discrétion et la réserve médiatique qu’applique l’AAPB sont, à mon sens, absolument nécessaires à la lutte antifasciste. En effet, ces paramètres sont essentiels pour protéger les militants des représailles de l’extrême droite mais également de la répression policière, dans la mesure où nombre d’actions antifascistes se trouvent à la limite de la légalité (violences, graffitis, dégradation de locaux ou de biens publics…).

Ainsi, dans ce genre d’actions, la forme du groupuscule anonyme s’impose, il serait contre-productif que l’action individuelle d’un groupe antifasciste engage juridiquement tout un collectif.

Cependant, je suis persuadé que l’action par groupuscule n’interdit pas parallèlement à l’Action antifasciste de se constituer en mouvement social, à l’instar du modèle allemand. En effet, à Berlin, l’Action antifasciste combine deux niveaux d’actions :

• elle rassemble des petits groupes d’amis qui font leurs actions de leur côté ;

• et, parallèlement, organise des manifestations en son nom ou envoie des délégations dans d’autres manifestations, participe à des festivals, tient des permanences et des assemblées de quartier, imprime de la documentation pour toute personne personne intéressée par l’antifascisme et organise même des stages de formation.

L’importance des rassemblements qui se sont tenus dans toute la France en hommage à Clément Méric prouve bien qu’il est absurde de réduire l’antifascisme à quelques groupuscules violents, tel qu’il a souvent été décrit. Le succès du concert organisé par l’AAPB le samedi 8 juin montre également qu’il est possible de rassembler publiquement ses sympathisants. Ces événements attestent ainsi qu’il existe un réservoir mobilisable suffisant pour transformer l’Action antifasciste en un véritable mouvement social, dans un contexte de montée de l’extrême droite où l’antifascisme devient plus que jamais un devoir citoyen.

La structuration n’est pas une faiblesse ! Une Action antifasciste « citoyenne » présente plusieurs avantages :

• recrutement massif de sympathisants ;

• interconnexions entre les groupes d’actions trop souvent isolés et convergence des stratégies ;

• large visibilité ;

• réflexion théorique sur l’antifascisme ;

• constitution de l’AA en acteur politique de poids.

Dans une Europe marquée par la crise économique et la montée de l’extrême droite, il semble désormais nécessaire de transformer l’essai et de faire passer l’Action antifasciste européenne en véritable acteur politique, tout en ménageant la part d’ombre qui est nécessaire à la poursuite de sa lutte.

No pasarán !

Rue89, 18 juin 2013

Publié dans Antifascisme | Marqué avec , , , , | Commentaires fermés sur [In memoriam Clément Méric] « Faire passer l’Action antifasciste européenne en véritable acteur politique, tout en ménageant la part d’ombre qui est nécessaire à la poursuite de sa lutte »

[Brésil] La baisse des tarifs des transports ne met pas fin aux mobilisations

Les manifestations se poursuivent au Brésil, malgré la décision de plusieurs municipalités d’abandonner la hausse des tarifs des transports, qui avait déclenché la grogne. Hier soir, des affrontements ont opposé manifestants et forces de l’ordre à Niteroi, de l’autre côté de la baie de Rio. Des protestataires ont tenté de bloquer le pont qui relie les deux rives, avant d‘être violemment délogés par la police.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0320.jpg

Rio de Janeiro, 17 juin 2013 : Les manifestants brésiliens attaquent l’Assemblée législative et mettent en fuite les forces de l’ordre – VOIR LA VIDÉO

Face à la pression populaire, le maire de Rio, Edouardo Paes, a accepté, à son tour, de baisser les prix des tickets de bus, mais déplore les conséquences d’une telle décision. « C’est un manque à gagner de 90 millions de dollars, que nous aurions pu investir dans des secteurs importants de la ville. Il va donc falloir faire des choix et définir les priorités », dit-il.

D’autres rassemblements plus calmes ont eu lieu à Belo Horizonte ou Brasília. Les manifestants dénoncent les investissements massifs réalisés pour le Mondial de football, alors que le secteur public souffre d’un manque criant de moyens.

« Les gens se sont réveillés. La hausse des tarifs des tickets de bus a été l’étincelle. Aujourd’hui, on se bat pour de meilleurs services de santé, une meilleure éducation, pour plus de sécurité. Nous sommes fatigués, c’est le temps de la lutte. On en a assez de l’injustice », clame un Brésilien.

« Je veux une bonne éducation, de bons hôpitaux, et non pas un stade de foot », demande une jeune femme.

Les pancartes de protestation ont même envahi les stades de football, qui accueillent actuellement la Coupe des Confédérations. Des violentes échauffourées ont eu lieu à Fortaleza, en marge du match entre la Seleçao et le Mexique.

Leur presse (Euronews, 20 juin 2013) via Solidarité ouvrière

 

Brésil : L’armée mobilisée pour réprimer les manifestations

L’armée a été envoyée en renfort mercredi dans plusieurs villes qui accueillent des rencontres de la Coupe de football des Confédérations, dans le cadre des mesures prévues pour assurer le déroulement de cette manifestation sportive considérée comme une répétition avant le Mondial 2014.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0321.jpg

Les renforts sont notamment présents à Fortaleza dans le nord-est du pays, où le Brésil a rencontré le Mexique mercredi, l’emportant 2 à 0, et où des manifestations ont déjà eu lieu. Avant le début de la rencontre, des milliers de manifestants ont défilé et ont franchi les barrages de police avant d’être repoussés par la force, rapportent les autorités locales.

Un journaliste de Reuters a constaté par ailleurs que la police avait pointé des pistolets armés de balles en caoutchouc sur les journalistes présents pour les obliger à reculer.

Des manifestants postés devant le stade arboraient une bannière sur laquelle était écrit : « Descendez dans la rue » ou « Santé, éducation, non à la corruption ».

L’armée sera aussi déployée à Rio de Janeiro, Salvador, Belo Horizonte et dans la capitale fédérale, Brasilia.

Leur presse (Reuters, 20 juin 2013) via Solidarité ouvrière

Publié dans General | Marqué avec , , , , , , | Commentaires fermés sur [Brésil] La baisse des tarifs des transports ne met pas fin aux mobilisations

[Chronique de Youv derrière les barreaux] « Pas un mandat déposé, envoyé en une décennie en trois mille jours et nuits pourtant la poste est ouverte du lundi au samedi de 9 heures à 19 heures LOL »

http://juralib.noblogs.org/files/2012/09/0513.jpg[Chroniques de mitard publiées du 7 au 11 septembre 2012]
Poésie du condamné

Il était une fois, non il était une foi David contre Goliath euh non c’était plutôt un keuf m’a mis un coup de savate. On ne lit pas tous la Bible, donc j’ai pas tendu l’autre joue j’ai rendu les coups suivi de outrage, cage, tabassages (en règle) on aurait dit que je les avais (les règles) tellement j’ai pissé le sang. On n’a que ce qu’on mérite que ce qu’on hérite la poisse, la hess, l’angoisse, la classe. Mon choix est fait ce serait la classe même dans la hess !

Depuis que ma sentence est tombée, depuis que j’ai écopé, mangé, avalé une peine à deux chiffres tout le monde m’a fui comme si j’avais la peste j’étais devenu qu’un reste, un lointain souvenir, le choléra j’étais en colère contre cette bande de rats, de scélerats pirates de cannabis pour qui amitié ne rime qu’avec monnaie, flouze, raliss, mais pas avec POLICE, JUSTICE, et MANDAT DE DÉPÔT.

Pas un mandat déposé, envoyé en une décennie en trois mille jours et nuits pourtant la poste est ouverte du lundi au samedi de 9 heures à 19 heures LOL. Anesthésie locale, euh non anesthésie amicale loin des yeux loin du cœur de quel cœur tu me parles ? de la monnaie ? Ah OK OK.

Poésie d’un condamné expulsé, jeté, rejeté enfermé affaire classée au suivant.

[La Chronique de Youv derrière les barreaux est disponible en téléchargement gratuit sur le site des Éditions Antisociales. Elle est à suivre sur le compte Facebook dédié.]

Publié dans Beau comme une prison qui brûle | Marqué avec , | Commentaires fermés sur [Chronique de Youv derrière les barreaux] « Pas un mandat déposé, envoyé en une décennie en trois mille jours et nuits pourtant la poste est ouverte du lundi au samedi de 9 heures à 19 heures LOL »

La fièvre monte en Égypte

Depuis dimanche 16 juin et la nomination par Morsi de 7 nouveaux gouverneurs des Frères Musulmans et un du groupe terroriste Jamma Al Islamiya (responsable de l’attentat terroriste qui avait tué 58 touristes en 1997 à Louxor) dans la région de Louxor, les affrontements ne cessent pas devant ou dans les sièges des gouvernorats de plusieurs villes.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0226.jpg

Ainsi à Menoufya, les routes d’accès au gouvernorat sont coupées depuis trois jours par des manifestants tous comme les câbles téléphoniques du siège du gouvernorat. Le bâtiment du gouvernorat de Fayoum a été saccagé. À Gharbeya, des combats ont lieu pendant que le siège des Frères Musulmans a été incendié, tout comme le siège du FJP (parti des Frères Musulmans ) à Tanta et que le bâtiment du gouvernorat a été partiellement détruit et des armes de la police dérobées. À Damiette, le gouverneur n’a pas pu rentrer dans le siège du gouvernorat, bloqué par les manifestants. À Kafr el Sheikh le gouverneur a eu sa voiture brûlée pour la deuxième fois (déjà en février 2013) et sa maison attaquée au cocktail molotov. À Mahalla, les affrontements ont eu lieu dans les rues de la ville tandis que les sièges des gouvernorat d’Ismaïlia, Daqahliya et Beni Souef, étaient bloqués par des sit-in tout comme celui de Louxor où les salariés du tourisme portant des pancartes « Nous ne voulons pas des terroristes », ont appelé à maintenir le sit-in jusqu’au départ du gouverneur. Enfin le bureau du député Sayed Askar, ancien responsable des affaires religieuses au Parlement, a été saccagé.

En même temps la tension sociale grandit avec une inflation annuelle officielle de 8,2% (en mai) c’est-à-dire une augmentation des prix courants de parfois 40%. Le bureau des statistiques constatait ainsi une baisse des achats de 70%, les gens n’achetant plus que les produits de première nécessité. Les coupures d’électricité et la pénurie de carburants ont provoqué ces derniers jours une recrudescence des tensions à proximité des stations service avec des bagarres voire des tirs d’armes à feu et de nombreux barrages routiers comme sur la route Le Caire-Alexandrie ou de voies de chemins de fer par une population exaspérée provoquant des blessés parmi les manifestants ou la police. Dans ce contexte de difficultés économiques grandissantes on voit de plus en plus de gens réduits à piller les sites archéologiques comme à Beni Souef pour vendre des objets aux touristes, beaucoup d’enfants qui travaillent dès l’âge de 5 ans (on estime 1,6 millions d’enfants de 5 à 17 ans travaillent surtout dans l’agriculture ou comme domestiques) et des grèves qui éclatent pour les salaires (record mondial de manifestations depuis le début de l’année 2013) comme dernièrement les employés de l’université d’Alexandrie qui ont occasionné sa fermeture.

La campagne de signatures dite « Rebelle » de l’ensemble de l’opposition vient d’annoncer qu’elle avait récolté plus de 15 millions de signatures déclarant l’illégitimité du président Morsi et appelle à une manifestation massive le 30 juin pour le départ immédiat du président par l’occupation illimitée de la rue et des places ou pour des élections présidentielles anticipées comme le réclament les libéraux, socialistes nassériens et démocrates. En attendant le pouvoir multiplie les arrestations et condamnations d’opposants pendant que des groupes salafistes appellent à manifester de manière permanente du 21 au 30 juin et à former des comités populaires pour protéger le palais présidentiel qui sera la cible de la manifestation au Caire.

La révolution continue.

Jacques Chastaing le 20 juin 2013

Publié dans L'insurrection égyptienne et ses suites | Marqué avec , , , , , , , , , , , , , , , , , | Commentaires fermés sur La fièvre monte en Égypte

Tartagueule à la récré, bulletin syndical de la CNT Éduc 69, n°101, juin 2013

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0125.jpg

TÉLÉCHARGER LE BULLETIN

CNT FTE

Publié dans Activités de la CNT, Éducation | Commentaires fermés sur Tartagueule à la récré, bulletin syndical de la CNT Éduc 69, n°101, juin 2013

[Au Brésil] Validité de la violence révolutionnaire

Ce texte écrit par R. Mineiro est tiré du journal A Nova Democracia, et il est exprime bien le sentiment de beaucoup de Brésiliens !

La validité de la violence révolutionnaire

Nous assistons dans les rues au plus grand héritage de la Coupe des Confédérations.

Thanks Fifa.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0124.jpg

Sans vandaliser la Bastille… galère !
On va faire une pétition online !

Les ministres et les médias, étonnés, disent ne pas comprendre le sens de cette révolte. Isolé dans leurs paradis artificiels ils ont peur d’affronter le pays. Il y a au moins dix ans, que j’espère que ce genre de choses se produisent. Le jour venu, “Chaque nuit – il y a des aurores, et des rayons de lumières – dans les ténèbres.” « Le Brésil s’est réveillé », cette phrase peut être lu sur les pancartes de nombreuses manifestations. Se réveiller pour rêver.

Cette soirée historique, les chanceux étaient ceux qui ne pouvaient pas dormir. L’insomnie de ce qui attaquent est beaucoup plus agréable que celles des défenseurs de la vielle forteresse.

Les classes dominantes et réactionnaires, au milieu du cauchemar de la rue, exposent leur stratégie pour liquider le mouvement. La semaine dernière nous avons vu les attaques vénéneuses de ses porte-paroles. Arnaldo Jabor nous a dit que cette jeunesse ne valait rien, Luiz Datena nous a traité de vandales et d’émeutiers. ll est devenu clair que la répression n’a fait qu’augmenté la rébellion, et le discours a changé. Hier, Jabor a parlé d’une génération qui a des idées ; Datena dit au CQC [émission humoristique], que en dépit d’être dans le journalisme policier, sa spécialité sont les droits humains.

Quel changement en seulement une semaine ! Maintenant, les “experts en sécurité” sont promus experts en manifestations. Nous sommes habitués à voir des émissions sur comment se comporter lors d’une entrevue d’embauche. Mais c’est une nouveauté d’entendre des journalistes de leurs médias nous donner des leçons sur ce que nous devrions faire, ou ne pas faire, dans nos manifestations.

Les mêmes qui nous salissent veulent, aujourd’hui, nous donner des leçons. Et la leçon est ennuyeusement répétée, avec acharnement, dans tous les médias : « les manifestations doivent être pacifique », « C’est beau de voir des gens habillés en blanc », “la plupart des jeunes veulent la paix, seul un petit groupe de manifestants radicaux ont jeté des pierres contre la police”.

Le discours de paix, messieurs, est arrivé trop tard. Pourquoi vous, les journalistes des rédactions, n’avait vous pas encouragé la police anti-émeute à porter du blanc lors de l’élimination des Favellas pour les travaux de la Coupe du monde à Rio de Janeiro ? Et pourquoi pas la Forces de sécurité nationale du gouvernement de Rousseff n’est pas venue amener des fleurs aux travailleurs révoltés de Jirau ? Et pourquoi Ne devraient pas la police fédérale ont agi d’une reprise ordonnée à l’origine de l’assassiner des Indiens Terena du Mato Grosso do Sul ?

« D’un fleuve qui emporte tout on dit qu’il est violent, mais personne ne parle de la violence des berges qui le compriment. »

Le discours de paix de Datena est dantesque. Ne vous méprenez pas, parce que ces messieurs et dames seront les mêmes à demander des punitions exemplaires pour les manifestants radicaux. La classe ouvrière connaît la furie sanguinaire de la réaction bourgeoise. Pendant la Commune de Paris, les révolutionnaires ont payé cher pour ne pas avoir opprimé la classe dirigeante vaincue. Vingt mille personnes ont été tuées quand la bourgeoisie a repris la capitale française.

La contre-propagande pour défendre les manifestations pacifiques vise à rendre stérile notre révolte. Ils arrivent à dire : « les manifestation ordonnée sont une gifle au visage des politiciens, car ils n’ont aucune excuse pour réprimer ». Les gens n’ont pas besoin de manif pour être réprimé, juste être pauvre, noir et des Favelas, pour être menacé tous les jours par la violence de la police du vieil État.

Dire que les manifestations pacifiques sont plus « efficaces » sont des conneries. Allez dans les rues n’est tout simplement pas suffisant. Prenons l’exemple des manifestations de “Diretas Já” en 1984. Des millions de personnes sont descendus dans les rues, à la fin du régime militaire, pour réclamer des élections directes pour le président. Toutes les réunions directe transpiré de manière ordonnée et pacifique. Une claque dans le visage de la dictature, auraient dit les experts des manifestations actuelles. Le résultat ? Une déroute pour le peuple. Malgré les foules dans les rues, l’amendement a été rejeté par le Congrès National et Tancredo Neves fut élu président par un vote indirect d’un collège électoral.

“La violence est la sage femme de l’histoire.”

Parce que la violence du peuple est résistance. Parce que la « rébellion est justifiée ». Et qu’est-ce que les manifestations se propagent à travers le pays n’était pas le lâche attentat de fasciste Alckmin PM. C’était la réaction violente de la jeunesse, les vitres ont été brisées, des banques saccagées, des bus brûlés. Nous avons peint le visage dans la destitution de Collor et forcé sa démission, son adjoint a repris et rien n’a changé. Maintenant, les adolescents se couvrent le visage, envahissent l’Assemblée Législative de Rio et occupe le toit du Congrés.

L’histoire est réécrite dans les graffitis sur les monuments du passé. Hurle jeunes des tribus dansent autour d’une voiture en feu. Nous sommes guarani-Kaiowas, Terena, tapebas, Munduruku [Peuples autochtones du Brésil]. Nous sommes le peuple brésilien, “La coupe du monde on s’en fou !”

C’est juste le début, le début d’une longue saga pour notre liberté. Quel bonheur de vivre ce moment. Il est temps que je finisse parce que le monde est dans la rue et nécessite ma présence.

“Mon nom est émeute, et il est écrit dans la pierre.”

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0225.jpg

Auba vermelha, 20 juin 2013

Publié dans General | Marqué avec , , , , , , , , | Commentaires fermés sur [Au Brésil] Validité de la violence révolutionnaire

[Égypte] Les ouvriers restent des sans-droit réprimés

Les manifestations ouvrières ne cessent de prendre de l’ampleur. Au lieu de répondre à leurs revendications, dont la plupart sont légitimes, le gouvernement tombe dans la répression.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0319.jpg

« Le début de l’année 2013 a été marqué par une vague de manifestations ouvrières de masse », affirme le Centre Égyptien pour les Droits Économiques et Sociaux (CEDES). Dans son rapport, intitulé La Colère ouvrière, le centre dénombre 2423 protestations, grèves et sit-in ouvriers pendant le premier trimestre 2013. En 2012, le nombre total de grèves et sit-in s’élevait à 3817. Il est fort à parier que fin 2013 le record de 2012 sera battu.

Ces protestations ont eu lieu dans presque toutes les régions du pays et ont pris toutes les formes dont notamment 22 % de sit-in, 18 % de marches et manifestations, 15 % de blocage de routes, 4 % de rassemblements divers et 1,3 % de cas de fermeture d’institutions.

70 % proviennent de contestations au sein du secteur public contre 10 % dans le secteur privé. Le reste ayant des motivations diverses : politique, économique ou sociale. Ces grèves ont, selon les spécialistes, aggravé considérablement la crise économique actuelle.

C’est en 2006 que le nombre de grèves a commencé à augmenter fortement. Cette série débute avec la grève historique de Mahallah lorsque 27’000 travailleurs du secteur du textile lancent un mouvement considéré par beaucoup comme un prélude à la révolution.

À l’époque, la direction des entreprises textiles avait promis de répartir les bénéfices entre les travailleurs si le comité syndical en place était réélu. Cette promesse n’ayant pas été tenue, les ouvriers se sont mis en grève. Dès lors, les travailleurs de tous les secteurs de l’industrie et des services (ciment, hôpitaux, transports, enseignement, impôts…) sont entrés en action, protestant contre les politiques néolibérales adoptées par Moubarak. Ces politiques avaient abouti à des conséquences négatives, notamment une hausse des prix et une propagation de la corruption.

La grève de Mahallah constituait la plus importante mobilisation ouvrière depuis 60 ans. Pour la première fois, les ouvriers organisaient des sit-in devant les ministères.

En 2011, selon l’association de défense des droits de l’homme, Les Fils de la Terre, plus de 1400 protestations ont eu lieu impliquant au moins 60’000 travailleurs. Depuis, le mouvement ne cesse de croître.

Depuis la révolution, les demandes s’élargissent

Une évolution importante des exigences des ouvriers a lieu avec la révolution du 25 janvier. Il n’est plus simplement question de revendications financières (augmentation des salaires, versements des primes impayées…) mais de revendications élargies avec des exigences d’ordre politique et social.

Les ouvriers demandent notamment un droit à l’emploi ou une indemnité chômage et un salaire minimum de 1200 L.E. indexé sur la hausse des prix. Ils souhaitent aussi l’instauration d’un salaire maximum pour les dirigeants, un accès gratuit aux soins, le droit à une pension de retraite, l’amélioration des conditions de travail — notamment à travers la sécurité des travailleurs, la liberté syndicale, l’abolition de la loi restrictive 35/1976 des syndicats ouvriers, la réintégration des ouvriers licenciés et la nationalisation des sociétés privatisées.

La classe ouvrière attendait avec espoir un changement radical mais même les plus légitimes de leurs demandes n’ont pas été prises en compte. Elle réclame aujourd’hui la chute du régime. « Morsi a été élu sur la base de ses promesses de démocratie et de justice sociale. Mais il ne veut pas mettre en place la moindre amélioration. Aucune des revendications des ouvriers n’a été exaucée », dénonce Khaled Ali, ancien candidat à la présidentielle et avocat spécialisé dans la défense des ouvriers.

Résultat : la vague de protestations ne cesse de s’amplifier depuis l’investiture de Mohamad Morsi en juin 2012. Seulement 34 jours après la prise de fonction de Morsi, le CEDES a recensé 271 sit-in et grèves. 2 000 manifestations ont eu lieu dans les mois qui ont suivi son élection, contre 1 400 lors de la même période en 2011.

« Cette augmentation significative démontre que, plus de deux ans après la révolution, la classe ouvrière lutte toujours pour l’obtention de ses droits fondamentaux », souligne Dalia Moussa, coordinatrice du dossier des ouvriers au CEDES.

Selon les observateurs, ces grèves prouvent que la classe ouvrière est une force de poids dans la société et qu’une simple coordination de ses actions et demandes représenterait une réelle menace pour le régime en place. « Conscient de ce poids, le nouveau régime cherche à briser la classe ouvrière et à l’affaiblir sans aucune réelle volonté de résoudre ses problèmes », commente Khaled Ali.

Dans ce contexte, de nombreuses violations des droits des travailleurs sont commises : la publication d’une loi criminalisant les grèves, la dispersion violente des grèves par des voyous ou la police antiémeutes, le recours à l’armée pour briser les grèves, comme celle des travailleurs du transport ferroviaire en avril dernier, et l’arrestation des grévistes. Sans compter le licenciement arbitraire de 650 travailleurs en 6 mois contre 35 cas recensés lors des 5 dernières années de l’ancien régime. La situation n’a jamais été aussi dramatique.

La première grève de l’Égypte

En mars 1882, les ouvriers du déchargement du charbon à Port-Saïd ont lancé la première grève de l’histoire de l’Égypte. Ils avaient deux revendications : le droit d’être payés directement par les entreprises où ils travaillent, au lieu des bureaux d’entrepreneurs qui les exploitent, et l’augmentation de salaires payés par les entreprises étrangères. C’était une grève massive qui a eu des effets importants dans la société. Résultat : le gouvernement a formé une commission de conciliation pour examiner le système en place. De plus, les entreprises étrangères ont assoupli le système d’exploitation des travailleurs et ont décidé de les payer directement, mais elles ont refusé d’augmenter leurs salaires. Ainsi, la première grève d’Égypte a permis aux travailleurs d’obtenir de nouveaux droits.

Presse esclavagiste (Al-Ahram, 19 juin 2013) via Solidarité ouvrière

Publié dans L'insurrection égyptienne et ses suites | Marqué avec , , , | Commentaires fermés sur [Égypte] Les ouvriers restent des sans-droit réprimés

[Istanbul] Le mouvement est faible, la répression est forte (18 juin)

Le camarade d’Istanbul nous a fait parvenir un second texte

On sait depuis longtemps que rien n’est plus étranger à une lutte que sa propre fin. Mais à voir tout un tas de zozos qui tentent de poursuivre la protestation en se transformant en statue silencieuse (qui parfois tient un smartphone à la main), on constate à quel point la chose est littéralement pétrifiante.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0123.jpg

Il semble bien que les affrontements et les manifs nocturnes du week-end aient constitué le baroud d’honneur du mouvement. L’expension/extension qui seules auraient pu lui permettre de se poursuivre n’ont pas eu lieu.

Ces derniers jours, le pouvoir a montré les crocs. Après avoir délibérément déployé un très haut niveau de violence dans l’expulsion de samedi (usage de gaz dans les canons à eau, chasses à l’homme, attaque de l’hôtel qui servait d’hôpital…), il a annoncé le déploiement d’unité de flics et de gendarmes rapatriés du Kurdistan à Istanbul. Dimanche, les rues de tous les quartiers entourant la place Taksim étaient saturées de keufs qui dispersaient tous les groupes qui se formaient pour tenter de faire front. Beaucoup de civils, beaucoup d’arrestations (600 selon plusieurs sources), beaucoup de blessés encore. Des groupes pro-AKP ont commencé à se former, intimidant les manifestants, un molotov a été envoyé sur les manifestants (d’un bateau à un autre). Le gouverneur d’Istanbul a menacé de déployer l’armée, Erdogan a dit aux manifestants : vous avez tel et tel quartier avec vous, mais nous avons tel, tel et tel autre. L’ambiance est à la menace du retour aux années sombres, à la suspension des usages démocratiques. Le pouvoir joue sur la peur de la guerre civile, alors même que la situation est très loin d’être insurrectionnelle. On peut supposer que ça fait peur à beaucoup, étant donnée la composition sociale de la contestation – des gens que l’état de droit protège de fait.

Lundi, grève et manif appelées par plusieurs syndicats de gauche, essentiellement dans la fonction publique. La grève est peu suivie, les syndicats décident de dissoudre les cortèges, guère massifs, dès lors qu’ils sont bloqués par les flics. Les syndicats ont clairement peu mobilisé, ce mouvement ne colle guère avec leur agenda politique. Ils ne sont pas enclins au rapport de force avec le gouvernement, et n’y sont pas forcés par leur base. Les forces politiques d’opposition cafouillent, elles étalent leur faiblesse, elles n’ont jamais su comment tirer profit du mouvement. Elles ne cherchent aucune victoire dans l’immédiat – tant mieux, sans doute, mais elles savent quand même affaiblir la dynamique d’affrontement dès lors que le mouvement n’a jamais cherché à les en exclure.

Mardi matin, rafle au sein des organisation d’extrême gauche, qualifiés de terroristes par le pouvoir, qui dit vouloir condamner des gens à la prison à vie. Le chef des ultras de Çarsi est également arrêté. Ce n’est sans doute pas fini.

La répression sait choisir ses cibles. On évoquait dans le précédent texte (« Compte-rendu et analyse parcellaire de la situation à Istanbul ») la double composition du mouvement : d’un côté les militants de la mouvance d’extrême-gauche (maos, trortskos, Kurdes) plus ou moins autonomisés, auxquels se sont adjoints des ultras « anarchistes » rodés à l’affrontement de rue ; de l’autre la classe moyenne européenne de la ville. Ces deux composantes se sont impliqués avec des modalités assez clairement distinctes ; et désormais la répression creuse le fossé entre elles. La première composante a été frappée durement et va continuer à l’être. Certes, tout le monde a mangé du gaz et les arrestations ont été massives, dépassant le noyau dur des activistes et des « violents », mais pour la plupart, les garde à vue ont été de courte durée et sans suite. Le traitement est clairement différent, surtout depuis une semaine, et le mouvement s’en défend guère.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0224.jpg

Il y a encore beaucoup de traces du mouvement : dans les quartiers des classes moyennes occidentales, on continue à crier des slogans, à siffler et à taper dans des casseroles à heure fixe, et désormais on adopte ce truc débile de la pétrification. Mais c’est là une contestation morte, dénuée de rapport de force réel, et qui porte plus que jamais la marque d’une identité sociale et culturelle spécifique liée à la bourgeoisie kémaliste. De fait, l’ensemble de cette frange de la population a soutenu le mouvement parce qu’elle est naturellement opposée à l’AKP. Elle y a aussi participé, elle a été présente, mais il y avait aussi là quelque chose de l’ordre d’une affirmation de son existence en tant qu’élite sociale de ce qu’elle perçoit comme étant « son » pays menacé par un gouvernement qu’elle rejette. La distinction entre l’activité de lutte et la démonstration du soutien à son égard a souvent été flou – noyé dans un effet de masse censé porter le rapport de force.

Cette activité de lutte a elle-même été limitée. Assemblée, occupations, grèves, blocages ont été inexistants. Certes, le parc a été durant toute la durée de la lutte un « espace libéré », et l’expulsion de la police du périmètre en a fait un lieu d’échange, de réappropriation du temps et de l’espace, d’élaboration de certaines pratiques d’expression, et de défense commune – et cette occupation a provoqué un blocage de fait, même si ce n’était pas son but assumé. Une puissance collective a bien été là ; elle a suscité de l’euphorie même chez les militants les plus aguerris – et d’un point de vue extérieur on a eu l’impression d’assister un sacré truc. La réaction à l’expulsion samedi soir (manifs nocturnes spontanées dans toute la ville avec blocage de certains axes) a même laissé entrevoir la possibilité d’une explosion de l’espace d’affrontement. Mais l’incapacité du mouvement à se doter d’autres perspectives – qui auraient supposé le développement d’un affrontement en son sein même – a provoqué son affaissement progressif, que le pouvoir a voulu mettre en scène comme un écrasement violent – pour des raisons qui lui sont propres.

Les barricades sont maintenant déblayées et le parc est désormais gardé par des cohortes de flics. Des civils hantent la zone ; ils s’affichent ; ils contrôlent. Alors qu’il y a quelques jours encore la moitié des gens que l’on croisait dans le secteur se baladaient ouvertement avec des casques de chantiers, des lunettes de plongée et des masques à gaz, il n’est maintenant pas bon que ce type de matériel soit découvert au cours d’une fouille inopinée.

Les concerts de sifflets à heures fixes dans les quartiers « laïcs » cachent mal le processus de normalisation ; les gens statufiés rendent éclatante la fin du mouvement. Peut-être le mouvement affaibli politiquement le pouvoir en place ; peut-être aura-t-il un coût électoral pour lui. Alors la bourgeoisie kémaliste évoquera avec nostalgie ce « réveil » qui aura marqué son retour sur la scène politique.

Peut-être aussi que beaucoup auront appris de ce mouvement, que des lignes de force au sein de la société turque auront bougé, qu’un esprit contestataire se sera ancré au sein de la jeunesse. Tout cela, il est trop tôt pour le dire – mais la fin d’un mouvement ne contient que rarement la force du suivant. À l’heure actuelle, ceux qui subissent la répression  – et doivent désormais s’organiser face à elle en tant que fraction distincte au sein du mouvement – ne ressentent que trop bien ce que signifie la victoire de l’État.

DNDF

Publié dans General | Marqué avec , , , , | Commentaires fermés sur [Istanbul] Le mouvement est faible, la répression est forte (18 juin)

[Chronique de Youv derrière les barreaux] « Des murs de ciment jusqu’au cou mais je garde un bras levé pour respirer expirer faire acte de présence. Tenir retenir une plume, une enclume lourde de mes péchés tellement nombreux que je ne peux les dénombrer. Une vie entière à délinquer à piller, saccager, sans répit, sans permis nique la loi Robin des blocs conteste leurs lois qui ont sacrifié nos renpa dans un ghetto où la masse à la ramasse se bouscule. Être emmuré vivant sans le savoir c’est encore pire. Handicap non négligeable citéen, citéenne partis des ghettos desaffectés ZUP zappés oubliés zone dézonées et par-dessus le marché du vendredi discriminés, examinés tutoyés, négligés, asile à ciel ouvert où la précarité est reine lieu où on ne vit pas on survit on surjoue on surestime l’oppres­seur et on sous-estime nos capacités à s’autoproduire, s’autograndir s’entraider sans rien attendre en retour »

http://juralib.noblogs.org/files/2012/09/0513.jpg[Chroniques de mitard publiées du 7 au 11 septembre 2012]
Emmuré vivant

Des murs de ciment jusqu’au cou mais je garde un bras levé pour respirer expirer faire acte de présence. Tenir retenir une plume, une enclume lourde de mes péchés tellement nombreux que je ne peux les dénombrer. Une vie entière à délinquer à piller, saccager, sans répit, sans permis nique la loi Robin des blocs conteste leurs lois qui ont sacrifié nos renpa dans un ghetto où la masse à la ramasse se bouscule. Être emmuré vivant sans le savoir c’est encore pire. Handicap non négligeable citéen, citéenne partis des ghettos desaffectés ZUP zappés oubliés zone dézonées et par-dessus le marché du vendredi discriminés, examinés tutoyés, négligés, asile à ciel ouvert où la précarité est reine lieu où on ne vit pas on survit on surjoue on surestime l’oppres­seur et on sous-estime nos capacités à s’autoproduire, s’autograndir s’entraider sans rien attendre en retour.

Ta tour ? T’inquiète ça fait quarante ans qu’elle tient debout toute seule même si à ses pieds une trentaine de lascars tiennent les murs persuadés qu’ils amortiront sa chute. Leur chute ; leur shit vendu au détail sans détail à prendre ou à laisser c’est mieux de laisser ou tu vas finir par te faire prendre à ton propre jeu, ton propre joint évasion sommaire, éphémère qui rendra ta santé précaire.

Manque de souffle face au commissaire inspiration venue de loin je suis qu’un enfant dans un corps de grand je joue avec les mots comme ils jouent avec nos vies. Et j’en paye le prix dix ans de captivité à méditer à penser ma douleur ma rancœur sans rancune même si j’en ai perdu des plumes et des ex-amis et des futurs ex-amis pas de regrets ni de remords la vie le vent balaye les feuilles mortes balaye devant ta porte avant de me juger, me blâmer je suis emmuré vivant OUI et ALORS ??

J’AURAIS PU ÊTRE EMMURÉ MORT.

[La Chronique de Youv derrière les barreaux est disponible en téléchargement gratuit sur le site des Éditions Antisociales. Elle est à suivre sur le compte Facebook dédié.]

Publié dans Beau comme une prison qui brûle | Marqué avec , | Commentaires fermés sur [Chronique de Youv derrière les barreaux] « Des murs de ciment jusqu’au cou mais je garde un bras levé pour respirer expirer faire acte de présence. Tenir retenir une plume, une enclume lourde de mes péchés tellement nombreux que je ne peux les dénombrer. Une vie entière à délinquer à piller, saccager, sans répit, sans permis nique la loi Robin des blocs conteste leurs lois qui ont sacrifié nos renpa dans un ghetto où la masse à la ramasse se bouscule. Être emmuré vivant sans le savoir c’est encore pire. Handicap non négligeable citéen, citéenne partis des ghettos desaffectés ZUP zappés oubliés zone dézonées et par-dessus le marché du vendredi discriminés, examinés tutoyés, négligés, asile à ciel ouvert où la précarité est reine lieu où on ne vit pas on survit on surjoue on surestime l’oppres­seur et on sous-estime nos capacités à s’autoproduire, s’autograndir s’entraider sans rien attendre en retour »

[Égypte] Encore un record mondial de manifestations

En mai le nombre de manifestations recensées en Égypte a été de 1300 selon le Centre International de Développement soit une pour chaque demi-heure. En avril leur nombre avait été de 1462 et en mars de 1354.

Une petite diminution au mois de mai mais dont le niveau reste cependant toujours très haut puisque le nombre de manifestations en avril atteignait un record historique pour l’Égypte et le monde pour ce mois.

Ce serait impossible de citer toutes ces manifestations mais on constate un glissement en mai plus important vers les manifestations à caractère politique ainsi qu’une hausse importante des manifestations contre les coupures d’électricité qui ont commencé comme chaque été. On peut citer toutefois comme significatifs, l’occupation illimitée de la place devant le ministère de la culture jusqu’à la chute du ministre, les affrontements hebdomadaires de manifestants avec la police dans le centre-ville du Caire, les attaques de sièges du parti des Frères Musulmans ou de maisons de membres ou députés de ce parti, les manifestations des médecins, pilotes d’Egypte Air, de salariés du pétrole, les manifestations devant des palais de justice contre des jugements rendus et enfin les coupures des voies de chemins de fer à tout propos, à tel point que la compagnie des chemins de fer vient de faire une conférence de presse suppliant les manifestants de s’en prendre à d’autres qu’à eux. On compte enfin en mai 14 blocages de ministères ou immeubles gouvernementaux, 23 entrées en force dans des bâtiments administratifs et 56 blocages de bâtiments administratifs.

Depuis le début de l’année il y aura donc eu 5544 manifestations soit le record mondial de manifestations pour la période dans le monde. Bref, la révolution est loin d’être enterrée.

D’autant plus que les Égyptiens se préparent à la grande journée de manifestation du 30 juin pour exiger le départ de Morsi après avoir récolté plus de 15 millions de signatures de personnes retirant leur confiance à Morsi et déclarant sa résidence illégitime et illégale puisque le chiffre de 15 millions est supérieur au nombre de voix qu’il a obtenues pour être élu.

Jacques Chastaing via Solidarité ouvrière, 18 juin 2013

Publié dans L'insurrection égyptienne et ses suites | Marqué avec | Commentaires fermés sur [Égypte] Encore un record mondial de manifestations

Recensement des grèves en France du 1er au 18 juin 2013

J’ai recensé les grèves sur les trois premières semaines de juin en France continentale en dehors de celles liées aux 10 journées nationales syndicales catégorielles dans cette période à savoir celles du 3 juin : ambulanciers privés ; 3 juin : RATP ; 4 juin : Pôle Emploi ; 5 juin : groupe Saur ; 11,12,13 juin : contrôleurs aériens ; 13 juin : SNCF ; 13 juin : la Poste + EDF ; 15 juin : travailleurs de la santé et du social ; 18 juin : gardiens de prison ; 19 juin : crédit immobilier et les journées de mobilisation autour de la conférence sociale des 20 et 21 juin.

Pour cela j’ai eu recours en cliquant « grève juin 2013 » aux rubriques concernées des journaux en ligne, TEAN, LO, Humanité, Solidarité Ouvrière et des journaux régionaux en ligne, Ouest France, l’Alsace, DNA, Midi Libre, la Dépêche du midi, Voix du Nord, Dauphiné Libéré, le Parisien, l’Est Républicain, La Provence, Le Bien Public, Paris Normandie, Le Télégramme et Nord Éclair.

Comme pour consulter pas mal de ces journaux il faut être abonné, mes informations sont partielles il peut y avoir des erreurs, des imprécisions et quelques redoublements avec des conflits dans le cadre des mouvements nationaux. Cela donne toutefois une idée de ce qui se passe, d’autant plus, que je n’ai pas consulté les autres rubriques susceptibles de rendre compte de grèves comme « conflits sociaux », « mouvements », « débrayage », « luttes », etc… et qu’au vu de ce que je peux mesurer localement, environ un conflit seulement sur trois ou quatre est relaté par la presse. On doit donc pouvoir multiplier les chiffres par deux ou trois.

J’arrive donc à un recensement de 100 grèves pour 18 jours du 1er au 18 juin ce qui fait environ 5,5 conflits par jour. Rapporté à un mois cela ferait donc 165 grèves hors grèves nationales. Si on compare au recensement que j’avais fait début 2009 où il y avait pas mal de conflits, j’avais recensé une cinquantaine de grèves par mois avec la même méthode de recensement.

Donc pour ce mois de juin, si on ajoute les journées d’action nationales, il y a un niveau de conflictualité assez élevé. Ce qui ne fait pas de la France un îlot de paix sociale si l’on compare à la Grèce, l’Espagne, Portugal, Italie ou encore Turquie, Brésil, Égypte, etc… même si, bien sûr, les niveaux et les contenus ne sont pas comparables. Mais cela permet toutefois de se dire — et de préparer — qu’on va connaître probablement d’ici peu des choses semblables.

La majorité des grèves recensées sont dans la fonction publique, ce qui doit être significatif. Mais il est probable que si j’avais recensé les conflits en mars-avril par exemple, il y en aurait eu probablement plus dans le privé avec les NAO et il y en aura sûrement plus après le 1er juillet avec la mise en application de l’ANI. Je n’ai pas fait figurer les raisons des grèves, mais dans le privé il s’agit le plus souvent de luttes contre les licenciements ou pour les salaires et dans le public de luttes sur les conditions de travail, horaires, salaires et emploi.

Voilà la liste qui n’est pas par date, mais « brute ».

Sofedit Saint Romain de Colbec
Sony Ribeauvillé
Behr France Rouffach
Fonderie Sambre et Meuse Feignies
Agents municipaux de Clermont Ferrand
CHS de la Sarthe
Virgin
France Télécom Rennes
Facteurs Orléans
Hôpital psychiatrique Caen
Socla Visey le Grand
Papeteries du Candat
Hôpitaux de Saint Maurice
Goodyear Amiens
Jean Caby Saint André
Ter Alsace Franche Comté
CHS Bon Sauveur Caen
La Ronde des Fraicheurs Estillac
Travaillerus transfrontaliers Strasbourg
Bonilait Chasseneuil du Poitou
Imprimerie Ruel Poitiers
Agents conseil général Caracassonne
Brcio Dépot Essey les Nancy
Cassidan Test et Services Colommiers et Elancourt
Transmavin Chuzelles
Atsef nombreuses villes
Majencia Guise
Libéole Creil
Agents Mont Saint Michel
Télésambre
Sharp Soultz
Postiers de l’Oise
Centre de Loisirs Rennes
Centre de tri Saveney
Agents d’encadrements écoles de Saint Nazaire
Hôpital Océane Vannes
Centre de tri Kergadarec
Employés communaux Langueux
Rotativistes Ouest France
Journalistes groupe Moniteur
Malhle Pistons Colmar
Foyer de l’Enfance Strasbourg
Centre médical Roggenberg Altkirch
Centre Médical La Tour de Gassies
RTM Marseille
Policiers de Valras
Ouvriers du livre, Midi Libre et Indépendant
Collège des Hautiers Val d’Oise
Centre hospitalier Rouffach
MSA Drôme Ardèche Loire
Air France Industrie Blagnac
CHU Toulouse
Spanghero
Keolis Agen
Agents municipaux mairie l’Union
Aéroconseil Blagnac
Ambulances Cambon Saint Affrique
Stiora Senso Corbehem
CH Maubeuge
CHRU Lille
Enseignants chercheurs Paris
Transville Valenciennes
Agents municipaux Roubaix
Hôpital Gap
Collège Belledonne Isère
Ferme de la Belle Chambre Gésivaudan
Piac Saint Quentin Fallavières
Léanothe Valence
SNCM
Air France Corse
Musée de Bastia
Bus et tram Nice
Hôpital Chateauroux
Cantines de Rennes
Blanchisserie Initial Brie-Comte Robert
Employés de ménage hôpital privé de l’Est Aulnay sous Bois
Poste Breteuil
Centrale EDF Porcheville
Conservatoires de musique
Collège Albart Camus
Clinique de Vannes
ASP
Oise Habitat Creil
Transports à mobilité réduite Creil
Pôle Emploi Sarcelles
Collège Jean Moulin Chevilly Larue
Bus RATP
Collège Maisons Alfort
Lycée Courbet Belfort
Terrasses de Méhan
Collège les Collines Lyon
PAH Rhône
ICTS Provence
Hôpital Montperrin Provence
Kéolis Dijon
Agents espaces publics naturels Rouen
Kéolis Brest
Hôptial Abbeville
Facteurs Cuse la Motte
Callexpert Saiant Christol les Alès
Fraisnor Feuchy

Jacques Chastaing

Publié dans Radicalisation des luttes ouvrières | Commentaires fermés sur Recensement des grèves en France du 1er au 18 juin 2013

[Fascistes, conspis, on vous fera taire !] Michel Collon n’est pas le bienvenu à Lille !

Fascistes, conspis, on vous fera taire !
Michel Collon n’est pas le bienvenu à Lille !

Jeudi 20 juin, Michel Collon est invité à donner une conférence à la bourse du travail de Fives. La conférence est intitulée « Libye, Mali, Syrie… Non aux guerres impérialistes ! Contre la guerre : s’informer, s’unir, se mobiliser » et elle se déroule à l’initiative du Mouvement des Jeunes Communistes du Nord et du Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires.

Lorsque Michel Collon est venu à Lille pour une conférence en 2010, des antifascistes ont fait circuler un texte demandant pourquoi on pouvait trouver sur son site internet autant de liens vers des articles venant de l’extrême-droite. Il n’a jamais répondu, même si quelques liens parmi les plus suspects ont été supprimés sans commentaire.

Lorsque Michel Collon est venu à la bourse du travail de Paris, des antifascistes ont obtenu que la CGT annule l’invitation, pour les mêmes raisons. Il a trouvé des défenseurs, par exemple l’ancien dirigeant du FN Alain Soral. Il est vrai que les deux hommes sont en désaccord, mais Collon s’adresse à Soral comme à un camarade dans l’erreur, alors qu’il ne daigne pas discuter avec les antifascistes.

Que trouve-t-on sur le site de Michel Collon ? Une vaste sélection de textes qu’il opère avec sa petite équipe. Au milieu d’auteurs respectables, on peut trouver, par exemple, Geneviève Béduneau, candidate du Front national à Paris ; Gilles Munier, ancien militant d’extrême droite, mis en examen dans l’affaire Pétrole contre nourriture ; Jean Bricmont, un proche de Collon qui consacre une grande part de son activité à défendre les négationnistes ; la blogeuse Chantal Dupille (Eva R-sistons), membre de l’UPR, une organisation issue des réseaux Pasqua, et soutien du négationniste Roger Garaudy ; le journaliste conspirationniste et antisémite Alan Hart ; le négationniste, ancien militant du FN, Paul-Éric Blanrue ; le conspirationniste canadien Michel Chossudovsky ; Luk Vervaet, dirigeant de la branche belge de l’Union Internationale des Parlementaires pour la Palestine, fondée à Téhéran avec le soutien du régime islamique ; James Petras, antisémite partisan du régime islamique d’Iran ; Eric Margolis, un conspirationniste américain qui soutien qu’Hitler n’est pas responsable de la seconde guerre mondiale ; Le dirigeant du Hamas Khaled Mechaal, qui a soutenu les déclarations négationnistes du président iranien Ahminejad ; Eva Gollonger qui défend le dictateur biélorusse Lukashenko ; Thierry Meyssan, ferme partisan de toutes les dictatures ; le site d’extrême-droite suisse Mécanopolis ; le tout illustré régulièrement par le dessinateur antisémite Carlos Latuff, primé lors d’un festival négationniste à Téhéran.

Michel Collon n’est ni naïf, ni manipulé. Il sait très bien qui sont ces gens et s’il diffuse leurs textes, c’est bien parce que cela correspond à ses objectifs politiques. Il s’est illustré depuis des années par sa défense du régime serbe de Milosevisc, allant jusqu’à essayer de minimiser le massacre de Sbrebrenica, un génocide de musulmans bosniaques. Depuis, il a accordé son soutien aux régimes meurtriers de Khadafi en Lybie – qui l’avait invité en 2011 – et de Bachar el-Assad en Syrie. C’est une ligne politique qui ne recule devant aucun allié contre les USA, même les régimes les plus ouvertement dictatoriaux, anticommunistes, où les militants ouvriers, les féministes et les militantes des droits des femmes risquent à chaque instant la prison et la torture, des régimes qui massacrent leur population quand elle s’oppose à eux.

Nous demandons :

• Aux organisateurs (Mouvement des Jeunes Communistes du Nord et Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires) et aux soutiens de cette conférence (CGT et AFPS notamment) de prendre position. Prétendre ignorer les liens entretenus par Michel Collon n’est aujourd’hui plus admissible.

• Aux organisations qui se réclament de l’antifascisme de prendre clairement position, de signer et de relayer cet appel.

Nous appelons les organisations partageant notre souci de clarté au sein du mouvement antifasciste à nous rejoindre :

Bourse du travail à Fives (avenue de l’Usine – métro Marbrerie / bus 7 – 13), jeudi 20 juin à 19 heures.

Coordination Antifasciste (Lille)

Publié dans Antifascisme | Marqué avec , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Commentaires fermés sur [Fascistes, conspis, on vous fera taire !] Michel Collon n’est pas le bienvenu à Lille !

[Alès] Face à l’exploitation, aux galères admistratives… Solidarités et résistances !

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0122.jpg

TÉLÉCHARGER L’AFFICHE

Exploités Énervés – collectif de travailleurs, précaires et chômeurs sur Alès et environs

Publié dans Luttes des chômeurs et précaires | Marqué avec , | Commentaires fermés sur [Alès] Face à l’exploitation, aux galères admistratives… Solidarités et résistances !

Terreur répressive à Istanbul (4)

Turquie : des dizaines d’arrestations en lien avec les manifestations

La police turque a procédé tôt mardi à des dizaines d’arrestations dans des milieux d’extrême-gauche en lien avec les manifestations antigouvernementales qui secouent le pays depuis depuis la fin mai, ont affirmé des sources concordantes.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0911.jpg

Un homme arrêté le 18 juin 2013 place Taksin à Istanbul emmené dans une voiture de police.

À Istanbul, la police a arrêté à leurs domiciles quelque 90 membres du Parti socialiste des opprimés (ESP), une petite formation active dans les manifestations, a indiqué à l’AFP le barreau d’Istanbul.

Elle a également investi les locaux d’un quotidien, Atilim, et d’une agence de presse, Etkin, proches de ce parti, ont rapporté les chaînes d’information NTV et CNN-Türk.

Le député Sirri Sürreya Önder a confirmé sur Twitter l’arrestation à son domicile du vice-président de l’ESP, Alp Altinörs, à laquelle il a assisté.

NTV mentionne également l’interpellation de 30 personnes à Ankara, de 13 autres à Eskisehir (nord-ouest) et des opérations de la police dans 18 autres provinces.

Le ministre turc de l’Intérieur, Muammer Güler, a pour sa part donné un bilan de 62 arrestations à Istanbul et 23 à Ankara, selon CNN-Türk.

« L’opération, préparée depuis un an par des procureurs antiterroristes, vise l’organisation terroriste MLKP (Parti communiste marxiste-léniniste), qui a également participé aux manifestations du parc Gezi », d’où est parti le mouvement national de contestation, a affirmé M. Güler, cité par la chaîne sur son site internet.

La police turque a déjà arrêté près de 600 personnes dimanche à Istanbul et Ankara dans les manifestations antigouvernementales, selon les barreaux de ces deux villes.

La police peut procéder à quatre jours de garde à vue, selon la loi turque, avant de présenter le suspect à un procureur qui décidera de son éventuelle inculpation, de son placement en détention préventive ou de sa remise en liberté.

Le ministère turc de la Justice a par ailleurs commencé à travailler sur un projet de réglementation de la criminalité sur internet pour restreindre le rôle des médias sociaux dans la propagation des appels à manifester contre le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, a rapporté mardi le quotidien Hürriyet Daily News, citant une source ministérielle.

« Nous évaluons les applications à l’étranger concernant cette question », a indiqué cette source, citée par le quotidien.

Le ministre de l’Intérieur a souligné mardi qu’il « n’est pas question de restrictions » d’accès aux médias sociaux, mais a fait état de travaux en cours « contre le cybercrime ». « Une identification des gens qui échauffent le peuple et qui commettent des crimes est en cours », a-t-il dit.

Quelque 25 personnes avaient été arrêtées début juin à Izmir (ouest) pour avoir twitté des « informations fausses ou diffamatoires » relatives aux manifestations, avant d’être relâchées.

Leur presse (Agence Faut Payer via Liberation.fr, 18 juin 2013)

Publié dans General | Marqué avec , , , , , , , , , , , , | Commentaires fermés sur Terreur répressive à Istanbul (4)