[Bordeaux, samedi 15 mars] Journée internationale contre les violences policières

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Journée Internationale contre les violences policières – Samedi 15 mars 2014

Bonjour,

Pendant 5 ans, sous le règne d’une droite dure décomplexée, la France a progressé dans l’instauration d’une société de contrôle total dans laquelle chacun-e d’entre nous se voit répertorié-e, fiché-e, filmé-e.

Nos libertés individuelles ont cédé face aux alarmantes sirènes de l’État rappelant le danger d’un ennemi intérieur que nous sommes tous et toutes sensé-e-s incarné-e-s ou alimentant nos peurs avec la menace d’un terrorisme aveugle qui peut désormais s’abattre n’importe où et sur n’importe qui.

Parallèlement, la répression de tout mouvement contestataire est elle aussi allée croissante avec une police de plus en plus armée, une « justice » de plus en plus sévère, voire arbitraire, avec à la clé, des dizaines de bless-é-s plus ou moins graves, des centaines d’arrestations et de condamnations.

Enfin, nous avons pendant tout ce temps ajouté des morts à la déjà longue liste des crimes policiers, victimes dont les noms nous interpellent et mettent en lumière le racisme à peine voilé qui règne au sein des commissariats français.

Heureusement que nous n’avions pas cru un seul instant au slogan de campagne de François Hollande.

Tant au niveau des outils de surveillance, de la répression des militant-e-s, des violences et crimes policiers, la continuité, c’est maintenant. Rien n’a changé, ou du moins tout est pire. Et c’est une gauche sans complexe qui conforte l’État autoritaire qui nous contraint aujourd’hui.

C’est pourquoi, pour la quatrième année, dans le cadre de la journée internationale contre les violences policières, le collectif Contre Les Abus Policiers (C.L.A.P33) se mobilise aux côtés du Collectif Opposé à la Brutalité Policière (C.O.B.P) du Québec et des familles de victimes de violences policières à Paris.

Cette journée aura lieu le samedi 15 mars 2014.

Voici le programme proposé par le C.L.A.P33 à Bordeaux.

15h – Hommage aux victimes des violences policières – Place Camille Julian
Avec le collectif de soutien à Notre Dame Des Landes – Déambulation

17h-19h – Formation Garde à vue – Tchaï Bar – 49 rue du Mirail
En présence d’une avocate – Témoignages

20h – Soirée contre le fichage A.D.N – Le Samovar – 18 rue Camille Sauvageau
En soutien à Jean-Charles, militant pacifiste harcelé par la justice pour refus de cracher.
Rencontres/Concert avec L’Orchestre Poétique d’Avant-guerre (O.P.A)

Nous profitons de ce mail pour lancer notre campagne anti-drone « Alerte Coopérative Anti-drone sécuritaire ». Il s’agit d’exprimer notre NON collectif, notre refus de l’utilisation des drones policiers, de créer pour résister au contrôle par des mouchards high-tech et à la militarisation de l’espace public. Nous vous en disons plus bientôt.

Tant qu’il n’y aura pas de justice, il n’y aura pas de paix. Tant qu’il y aura des violences policières, des atteintes à nos libertés, nous les dénoncerons et nous les combattrons !

Merci de faire suivre ce bulletin dans vos réseaux.

Solidairement,

Le collectif Contre Les Abus Policiers (C.L.A.P33) – Bordeaux, 4 mars 2014

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[Strasbourg, dimanche 23 mars] Journée antifasciste

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[Égypte, 3 mars 2014] Des grèves, des grèves, des grèves…

Égypte, 3 mars 2014 : des grèves, des grèves, des grèves…

Pour la seule journée du 2 mars, la presse relève que la grève des postes pour le salaire minimum à 1200 LE et le limogeage des dirigeants s’est étendue à tout le pays.

Par exemple, dans le seul gouvernorat de Beni Souef, 42 bureaux de poste étaient en grève sur un total de 106. C’est semble-t-il la déclaration d’un directeur accusant les grévistes de « voyous » qui a mis tout le monde en colère et qui a incité un grand nombre de postiers à entrer en grève. À Minya les postiers ont manifesté en ville. À Kafr el-Sheikh, les postiers ont repris le travail un jour, après 6 jours de grève, parce que de nombreux retraités qui ne pouvaient pas toucher leur pension, stationnaient jour et nuit devant le bureau de poste.

Toujours que la journée du  2 mars et pour le salaire minimum mais aussi très souvent pour virer les responsables, grève des travailleurs temporaires du ministère de la santé à Qena, grève illimitée des personnels infirmiers, techniciens, ouvriers, administratifs, sécurité à l’hôpital universitaire de Tanta, 5e jour de grève à l’usine chimique Kima d’Assouan, 2e semaine de grève à l’usine Shebin el Koum de Menoufya, grève à l’usine des huiles et savons d’Alexandrie, 8e jour de grève des ouvriers et employés de l’université de Kafr el-Sheikh, grève dans une usine de matériel de Nouvelle Vallée, poursuite de la grève des employés au semences à Kafr el-Sheikh, grève des services d’irrigation à Nag Hammadi comme à Sharqiya où c’est la 3e semaine de grève, grève à l’usine de verre pharmaceutique de Suez…

Pour les salaires, conditions de travail et raisons diverses, grève à l’usine de céramiques Cléopatria de Suez, grève dans une autre usine du Canal de Suez à Port Saïd, 6e jour de grève de certains enseignants à Port Saïd, sit-in devant le siège de la direction des ouvriers des chantiers de la marine nationale pour demander le paiement des arriérés de salaires et le limogeage des dirigeants corrompus (des généraux)…

Par ailleurs, la route était coupée par des habitants de Damanhour pour protester contre la diminution de la part de pain subventionnée passant de 15 à 10 pains par famille, blocage du commissariat de police du village de Khattara près Qena, pour exiger le limogeage du chef de la police à cause de ses brutalités, conférence de presse des médecins de Suez confirmant qu’ils seraient partie prenante dans la grève nationale illimitée des professions de santé commençant le 8 mars, conférence de presse des étudiants de l’université de génie du canal de Suez, déclarant qu’ils ne retourneraient pas en cours tant que la police aurait le droit de rentrer dans les universités…

Jacques Chastaing – Vive la révolution arabe, 4 mars 2014

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[Notre-Dame-des-Landes] Témoignage de manifestants du 22 février à Nantes

Nous, M. et M., casseurs extrémistes de l’ultra gauche autonome. 23 février 2014.
Bien entendu ce titre est à prendre (très précisément) au second degré.

Nous sommes un couple, la quarantaine, pas membres d’une quelconque organisation (ah si, l’un de nous est syndiqué). Nous relatons ici notre ressenti des évènements d’hier à Nantes, samedi 22 février, dans le cadre de la manifestation contre le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes. Les enfants n’ont pas voulu venir. Heureusement !

13 heures. Nous arrivons vers la préfecture, après avoir contourné tous les barrages routiers. Au milieu de milliers de manifestants, nous trouvons des copains ! Ils nous parlent des tracteurs qui sont à Commerce. Nous allons voir ça, en remontant le cours des 50 otages.

13h30. Les tracteurs sont en vue. Déboulent alors des dizaines de camions de gendarmerie et de gardes mobiles qui investissent la dernière section du cours, juste avant Commerce. Nous continuons pour faire le tour des centaines de tracteurs (insolite !), puis décidons de retourner au rassemblement qui est à la préfecture. Mais les forces de l’ordre sont en train de boucler, dans toute sa largeur, l’extrémité du cours de 50 otages, avec des murs boucliers impressionnants, de plusieurs mètres de haut. Nous passons par les rues intérieures.

14h15. Nous revenons au rassemblement. Le cortège s’est déjà mis en marche, par la rue de Strasbourg, des milliers de gens sont encore partout autour du pont Morand. Nous décidons de vite remonter le défilé pour regarder les différents chars et cortèges. Lorsque nous arrivons vers l’île Feydeau, la foule est déjà là, et s’étend partout. Parfois éparpillée, parfois compacte, sur Commerce, sur les grands boulevards et dans les ruelles pavées, jusqu’à l’entrée de la place de la petite Hollande. Les tracteurs, les gens sont partout.

15 heures. Nous sommes samedi après-midi, à Nantes, dans le cadre d’une manifestation populaire, où sont présentes des centaines de familles, des dizaines de milliers de manifestants. Et là c’est l’hallucination collective : les forces de l’ordre, derrière leur mur-bouclier des 50 otages, activent les canons à eau, lancent des dizaines de grenades lacrymogène et des bombes assourdissantes.

S’en est suivie une longue, très longue, trop longue, petite guérilla urbaine, à tous les abords de la manifestation (une impressionnante barricade est dressée au croisement de Kervégan et du Guesclin), avec des forces de l’ordre qui finissent, petit à petit, avec les même méthodes (pluies de lacrymogènes, canons à eau, et bombes assourdissantes, le tout facilité par la présence permanente d’un hélicoptère au dessus de nos têtes), par repousser l’ensemble de la foule jusque vers la place de la petite Hollande.

17h30. Les tracteurs sont tous partis ou presque (certains ont des heures de route à faire, et les convois étaient déclarés en préfecture). Les deux heures qui suivent, nous sommes beaucoup moins nombreux, mais certainement deux ou trois milliers quand même. Les forces de l’ordre (camion béliers, canons à eau, gardes mobiles et autres CRS) se déploient sur toute la largeur de la zone : des bâtiments du quai de la fosse, jusqu’aux bâtiments côté piscine Gloriette ! Ils avanceront jusqu’au milieu de la place environ. Là, ils lâchent une bonne part de leur stock d’engins explosifs et agressifs. Pour ceux qui se donnent la main, collés aux premiers rangs de CRS, ce sera la matraque. Les gens (oui, des gens, hein, pas des extrémistes-black-blocks-venant-de-l’étranger), extrêmement choqués par le déferlement de la violence policière (nous avons vu plusieurs manifestants sortis sur des brancards de fortune), n’en démordent pas. Nous saluons, sous les vivats et les dernières cartouches, le repli des forces de l’ordre. Le sol est jonché de bris de verre, de cartouches de lacrymos et autres bombes ; des containers de poubelles, une voiture TAN sont en feu ; l’hélicoptère tourne toujours. Des scènes qu’on n’oubliera pas.

Jean-Marc Ayrault a raison : les violences doivent être condamnées. Mais nous, nous déclarons que le déchaînement de violence a été sciemment préparé et planifié par la préfecture et les forces de l’ordre. Oui il y a eu de la casse, c’est indéniable. Nous avons de sérieux doutes sur l’identité des auteurs de ces dégradations. Ce n’étaient pas les « jeunes de banlieue », ça c’est certain. C’était des types, souvent costauds, et qui avaient l’air de très bien savoir s’y prendre pour casser une vitrine ou un abribus. Quoi qu’il en soit, ce qui est un fait, c’est que ni l’un ni l’autre n’avions déjà vu un tel déploiement policier à Nantes. Ce qui est un fait aussi, quelles qu’aient été les éventuelles « provocations », c’est que l’offensive policière a été enclenchée, dès 15 heures, et de manière très violente, au beau milieu de dizaines de milliers de manifestants, qui pour 99 % d’entre eux défilaient bien gentiment sous un petit rayon de soleil bienvenu.

Nous ne sommes pas des « Zadistes ». Nous ne sommes allés que deux fois sur la Zone À Défendre, lors des grands rassemblements. Nous sommes contre ce projet d’aéroport, c’est sûr. Cet aéroport, pour nous, n’est qu’un exemple (tout à fait éloquent du reste) de la domination de banques et des grands groupes sur notre société et sur nos vies. L’État, les politiciens, viennent une nouvelle fois de montrer quels intérêts ils servent. Cette fois ci, c’est pour Vinci.

Notre seul regret pour hier, c’est que nous n’ayons pas su nous regrouper tant que nous étions très nombreux, tous au même endroit, par exemple sur cette place de la petite Hollande. Nous ne sommes pas des activistes non plus. Mais si un prochain jour, comme en Ukraine, en Égypte et ailleurs, nous décidons de faire nôtre une place, que ce soit celle-ci ou une autre, alors nous en serons. M. dit qu’elle aura un bouclier. Samedi 1er, nous sommes libres…

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[Marseille, vendredi 7 mars] Concert de soutien à la caisse de solidarité

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Marseille Infos Autonomes

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[Lausanne] Perquisition musclée et portes forcées derrière l’espace autogéré

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Perquisition musclée et portes forcées derrière l’espace autogéré

Le mardi 11 février 2014, une intervention de la police judiciaire a ébranlé les pentes du bosquet situé sous le parc de la Solitude, sur l’avenue César-Roux à Lausanne, derrière l’espace autogéré. Des dizaines de flics en tenue d’intervention et plusieurs véhicules pour une perquisition qui visait les quelques personnes qui trouvent refuge dans un abri de fortune derrière le bâtiment depuis environ un mois. Un énième contrôle musclé de la police lausannoise s’inscrivant dans le contexte répressif et discriminant actuel sous couvert de chasse aux trafiquants et hors-la-lois, de préférence étrangers et sans-papiers. La suite des descentes spectaculaires orchestrées à travers la ville depuis que Junod trône sur le dicastère de la police et de la sécurité publique. Vraiment pas de quoi rassurer…

Nous sommes arrivé-e-s sur les lieux, quelques heures après le passage du groupe d’intervention, pour découvrir une scène de dévastation : le matériel stocké derrière le bâtiment, ainsi que les affaires personnelles se trouvant dans l’abri, avaient été renversées et dispersées sur une dizaine de mètre, sur toute la pente.

Deux portes du bâtiment ont été forcées, un cadenas cassé et, selon les dires de l’inspecteur de la police judiciaire Jordan, l’espace autogéré n’étant pas concerné par cette affaire, il ne fait qu’encaisser « les dommages collatéraux » de cette opération menées contre de dangereux « arabes ». Mais comment croire que ces faits ne témoignent pas d’un soupçon de complicité entre les « voleurs » et l’espace autogéré. Pourquoi forcer un local de chaufferie et un autre local, tous deux sous clé ? Que recherchaient les justiciers dans une armoire métallique où se rangent des bonbonnes de gaz ? Auraient-ils agi de la sorte ailleurs, dans des lieux plus respectables ?

Il est clair que ces faits témoignent, une fois de plus, de la brutalité de la police et de sa manière d’agir. La configuration des lieux, ce confinement derrière le bâtiment à l’écart des regards et du passage, leur a offert une certaine discrétion et leur a permis de se lâcher avec mépris et violence, comme si souvent dans ce genre de situation. Dans le contexte actuel, la police estime que son territoire est partout, sans limites. Omniprésence dans la rue et descentes jusque dans les lieux d’accueil et de soins (distribus, accueil de jour et de nuit, hôpitaux, ambulances…).

Contrôles racistes et délits de faciès, excès de zèle et autoritarisme, dérives et dérapages, de quoi installer un climat d’insécurité totale pour les gens à la rue, qui se retrouvent dans l’illégalité, peu importe les raisons.

Espace Autogéré, 28 février 2014

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[Notre-Dame-des-Landes / Valls kyste my ass] « Les stratèges du maintien de l’ordre réfléchissent à hisser le niveau de la riposte »

Casseurs de Nantes : l’étau se resserre

Quelque trois cents « activistes professionnels » proches de l’ultragauche sont dans le collimateur de la police.

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La manifestation contre la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, samedi à Nantes, a viré à l’émeute.

L’étau se resserre sur les casseurs qui ont mis à sac une partie du centre-ville de Nantes samedi dernier, en marge de la manifestation hostile au projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Le jour des incidents, les forces de l’ordre avaient évoqué la présence d’environ 800 « militants radicaux ». Selon nos informations, les services chargés de décrypter en détail les scènes de guérilla urbaine ont recentré leur attention sur une nébuleuse d’environ 300 fauteurs de troubles, animés par un « noyau dur » d’« activistes professionnels » inspirés des redoutables « Black Blocs » ou gravitant dans la mouvance de l’ultragauche. Parfaitement rodés, ces techniciens du chaos jaillissent puis se replient dans les défilés grâce à la complaisance d’une partie des manifestants. Et ils entraînent dans leur sillage une cohorte de desperados massés en fin de cortège et rêvant du grand soir. « A priori, l’ampleur de la contestation a été sous-estimée », concède une source informée confiant que « la préfecture s’attendait à une mobilisation de 10.000 à 11.000 manifestants » quand, le jour J, s’en est présenté près du double. Un poste de police et le tribunal administratif barbouillés de rouge, des bâtiments publics maculés de tags, des caténaires des voies TGV caillassés et endommagés, des engins de chantiers enflammés et des vitrines de commerces brisées… CRS et gendarmes mobiles ont dû tirer quelque 1760 grenades lacrymogène avant de ramener la situation au calme.

Piqué au vif par ces « débordements inacceptables », Manuel Valls a repris dès mardi dernier à l’Assemblée nationale sa posture favorite, celle de l’intransigeance et de l’ordre républicain. Sans détour, il a pointé du doigt « les groupes violents de l’ultragauche et les anarcho-autonomes qui ne défendent aucune cause démocratique, qui sont là pour casser et s’en prendre aux forces de l’ordre ». Pris sous une pluie de projectiles divers, dont des plaques d’égout et des billes d’acier tirées par lance-pierres, 129 policiers et gendarmes avaient été blessés ou contusionnés. Huit d’entre eux avaient été évacués aux urgences. Martelant qu’« il ne pourrait y avoir de complaisance », quitte à déplaire à sa collègue du gouvernement Cécile Duflot, le ministre de l’Intérieur a prévenu qu’« un groupe d’enquête spécialisé, placé sous l’autorité judiciaire, exploite l’ensemble des images prises tout au long du parcours ».

La palme du désordre

Depuis lundi, dix policiers de la sûreté départementale de Loire-Atlantique se livrent à plein-temps à ce méticuleux travail d’identification. « Nous allons prendre tout le temps nécessaire et ceux qui seront reconnus répondront de leurs actes, quitte à ce que des mesures de dissolution soient prises si un groupuscule est identifié », confie-t-on au cabinet du ministre.

À Nantes, le dispositif, pourtant composé de 1300 membres des forces de l’ordre, dont 300 de la Sécurité publique, s’est soldé pour l’heure par un maigre bilan en terme d’interpellations : seuls 16 individus ont été appréhendés pour « violences à policiers », « attroupement armé », « recel de vol » et « dégradations ». « Très mouvants et extrêmement toniques lors de leurs opérations coups de poing, ces émeutiers professant l’idéologie autonome sont quasi insaisissables », grince un officier expert en maintien de l’ordre qui décerne la « palme du désordre » aux Black Blocs.

« Les Black Blocs constituent des groupes éphémères, dont l’objectif est de commettre des actions illégales, en formant une foule anonyme non identifiable. » — Pierre-Henry Brandet, porte-parole du ministère de l’Intérieur

Nés en Allemagne dans les années 1980 avant de monter en puissance lors d’émeutes en marge du sommet de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle en 1999, ces anarchistes portant volontiers le masque blanc du film V pour Vendetta, des gilets pare-balles et boucliers de fortune, ont depuis lors appris à métamorphoser avec méthode les rassemblements altermondialistes en champ de bataille.

« Les Black Blocs constituent des groupes éphémères, dont l’objectif est de commettre des actions illégales, en formant une foule anonyme non identifiable, confirme Pierre-Henry Brandet, porte-parole du ministère de l’Intérieur. C’est la raison pour laquelle ces individus portent des vêtements noirs ou très sombres, ce qui rend difficile le travail d’identification et d’interpellation. Ils s’habillent ainsi au dernier moment, et changent immédiatement de tenue une fois les exactions terminées. » Compliqués à infiltrer, ces nihilistes refusent par définition toute hiérarchie, n’appartiennent à aucune structure et répondent à des mots d’ordre spontanés diffusés sur les réseaux sociaux. Certains slogans, comme « une balle = un flic », sont ensuite retrouvés peints sur les façades, comme à Nantes. Tandis que la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) et le Renseignement territorial (RT) patrouillent sur le Web, les stratèges du maintien de l’ordre réfléchissent à hisser le niveau de la riposte. Tout en sachant que le moindre dérapage, susceptible d’être filmé sur le vif et diffusé sur la Toile, aura des effets calamiteux.

Publié par des « journalistes professionnels » (Christophe Cornevin, LeFigaro.fr, 27 février 2014)

 

(…) « Leurs camarades allemands leur ont inspiré tout un savoir-faire, grimace un haut fonctionnaire. Aguerris et parfaitement organisés, ils échangent sur Internet des modes d’emplois sur la conduite à tenir en cas de garde à vue ou de perquisition… », poursuit-il.

« Ces ultraradicaux de gauche sont de tous les combats altermondialistes violents, explique pour sa part Pierre-Henry Brandet, porte-parole du ministère de l’Intérieur. Ils ont une haine des forces de l’ordre. Hier, sur certaines façades à Nantes, on pouvait lire “une balle = un flic”. »

450 à 500 individus

Selon les services de renseignements, ces casseurs s’organisent autour d’un noyau dur de 450 à 500 individus très déterminés. « La plupart d’entre eux sont identifiés par nos services, confie un responsable du renseignement. Le gros de ces troupes, composé de nihilistes gravitant pour la plupart dans la mouvance autonome parisienne, est complété par des activistes issus de sections grenobloises ou toulousaines menant croisade contre les nanotechnologies, des militants situationnistes [LOL – NdJL] ou encore des radicaux venant de Rouen, un des berceaux des contestataires du mouvement Sud. »

Hostiles à « l’appareil répressif », au « fichage systématique », pourfendeurs des lois pénales et du système pénitentiaire, vomissant le capitalisme et la mondialisation, ces irréductibles se sont greffés au mouvement de contestation contre l’aéroport.

Sur le millier de fauteurs de troubles à Nantes, seuls 14 individus ont été placés en garde à vue pour violences à agents de la force publique, attroupement armé, recel de vol et actes de vandalisme. « Très mobiles, ils sont passés maîtres dans l’art de changer de physionomie et de vêtements en cours de manifestation », avoue un policier. Une façon de répondre à la polémique naissante sur l’arrivée à Nantes de centaines de radicaux censés être identifiés et surveillés. Par la voix du député Éric Ciotti, l’UMP a par ailleurs regretté dimanche le faible nombre d’interpellations et demandé « la dissolution des groupes d’extrême gauche violents ».

Publié par le savoir-faire français (Caroline Beyer, LeFigaro.fr, 23 février 2014)

 

(…) Manuel Valls a mis en cause le groupuscule d’extrême gauche « Black Bloc ». Faut-il le dissoudre et plus généralement renforcer la surveillance de l’ultragauche ?

C’est une bonne question, mais la réponse n’est malheureusement pas satisfaisante : on ne peut dissoudre ce qui n’existe pas, du moins officiellement. Ce que l’on appelle les Black Bloc ne sont pas des associations en bonne et due forme. Pas de listing d’adhérents, pas de déclaration en préfecture ! Ce sont des petites unités autonomes, sans hiérarchie ni réelle organisation. Ces groupuscules sont gérés de façon à faire échec aux poursuites classiques. On ne peut pas dissoudre un mouvement qui n’existe pas. Il faut adopter une démarche davantage calquée sur la lutte contre la criminalité.

Presse anti-émeute (Hugues Moutouh, conseiller spécial du ministre de l’Intérieur au moment de l’affaire Merah, puis préfet, désormais avocat ; propos recueillis par Alexandre Devecchio, LeFigaro.fr, 24 février 2014)

Publié dans Aménagement du territoire - Urbanisme, La police travaille, Répression de la "mouvance anarcho-autonome" en France (2007-...), Violences policières et idéologie sécuritaire | Marqué avec , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 2 commentaires

[Notre-Dame-des-Landes] Et si ce n’est maintenant c’est quand ?

Et si ce n’est maintenant c’est quand ?

« Les coups qui réussissent le mieux ce sont ceux que l’ennemi ne vous croit pas capables de faire. » — Primo LEVI

– I –

Déambuler et faire nombre, à l’ancienne, ce jour dans les rues de Nantes paraît évidemment moins excitant qu’en novembre 2012, la réoccupation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes et la construction de bâtiments au nez et la barbe de l’État. Pourtant on aurait tort de ne pas sentir combien une action directe collective et concrète sur le terrain doit se renforcer par une démonstration politique qui attire des alliés : il y a  un moment où il faut jeter tout son poids dans la balance.

Puisque cet État est en proie à un continuel atermoiement, nous serions bien avisés de suspecter qu’il puisse se payer, enfin, un coup d’autorité sur son seul et véritable ennemi : ces populations bigarrées qui s’organisent par elles-mêmes pour ne plus céder de terrain à la machine-vampire, à la mafia des cravatés publiques et des cravatés privés, à leur ignoble chantage à l’emploi (le préfet de Loire-Atlantique qui a supervisé la relance du projet d’aéroport a été ensuite embauché par VINCI).

Pourtant, rien ne laisse augurer que déserteurs, dissidents, réfractaires et autres dégoûtés du chaos capitaliste auront tous su nourrir cette pensée stratégique pour laquelle le rapport de forces minimal pour ne pas étouffer en France, c’est de battre l’État, VINCI et leurs mercenaires à Notre-Dame-des-Landes.

– II –

Des vagues successives de milliers de jeunes gens sont venus respirer sur la ZAD l’air d’un possible, celui de tourner le dos au « système », et de commencer sans attendre à détourner l’existant pour construire autre chose. Le mouvement de refus du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est déjà parvenu au-delà de la seule protestation contre un « projet inutile » (« inutile » à qui ? Cet aéroport-là seulement serait inutile ?). Le souffle de liberté de la ZAD qui a attiré tant de monde fait se condenser une dissidence diffuse présente sur tout le territoire qui  apparaît dès lors comme une puissance politique concrète. Voilà longtemps qu’une lutte locale n’avait pas incarné toute son époque ; voilà pourquoi elle a déclenché des ondes qui réveillent partout des affinités et des rencontres.

Cependant, on y rencontre aussi les défauts de l’époque : la faiblesse d’une pensée stratégique collective, soit par excès de réaction émotionnelle immédiate sans recul, soit du fait de ce goût pour les expériences individuelles sans lendemain, qui a la hantise de trop s’engager et veut rester maître de ses choix. Si on peut comprendre la nausée de la jeunesse à l’égard de la manipulation des ferveurs collectives, on peut se demander quel degré “d’informel”, de “liberté” personnelle par rapport à un engagement concerté peut quand même nourrir une stratégie collective ?

C’est que l’informel a son outil, ou plutôt le numérique et le téléphone mobile ont diffusé leur conditionnement : celui de pouvoir changer à tout moment, de n’être engagé par rien, de ne pas décider une bonne fois pour toutes, de ne pas se sentir tenu à une décision, et donc de ne pas  mûrement la réfléchir.

– III –

Jusque-là, la jeunesse actuelle ne paraissait pas la mieux armée en théorie stratégique pour subvertir l’ordre existant, mais au moins n’attendait-elle pas le soulèvement spontané du prolétariat industriel qui imprégnait des théories révolutionnaires : comme elle ne s’inscrit pas dans une dynamique critique établie à l’avance et englobante, c’est souvent une vue d’ensemble qui lui manque et alors il lui faut défricher au fur et à mesure, et essayer de s’organiser tout de suite pour gagner de l’autonomie et mettre à distance la dépendance savamment entretenue, en fortifiant des bases arrières le plus souvent hors des villes. Mais desserrer l’étau capitaliste ne résultera pas d’une addition de désertions et de débrouilles ingénieuses. À l’opposé, avec raison, est rejetée toute dénonciation du monde capitaliste qui n’est pas conjointe avec le mouvement de ne rien en attendre et de lui tourner le dos : d’un côté, l’indignation ne sait pas par quoi commencer et fantasme une réforme globale ; de l’autre, les tentatives singulières concrètes de s’extraire de l’incarcération industrielle n’attendent à juste titre plus rien d’une rêverie politique ; mais, malheureusement, elles désertaient aussi le point de vue universel en s’abstenant publiquement d’affirmer la perte de toute légitimité de l’organisation sociale existante et se confinaient dès lors au pur choix personnel, à la débrouillardise astucieuse, à l’incognito chanceux. « Tourner le dos » semblait s’opérer préférentiellement en catimini, même si s’établissent des affinités entre déserteurs, des entraides et des réseaux. Si pour la génération radicale précédente, la critique de la vie quotidienne était déjà bien cette pratique critique à entamer sans attendre, maintenant on gagnerait à prendre de vitesse l’écroulement du château de cartes capitaliste, mais pas dans le sauve-qui-peut individuel. Les sécessions individuelles qui n’attendent pas, tout en restant limitées, et les protestations collectives lénifiantes contre ce « tout », abstrait et inaccessible à remettre à l’endroit, sont bien entendu les deux faces de ce qui se cherche.

– IV –

Belle jeunesse, ignorer les vieux cons qui profèrent que le meilleur de l’humanité va disparaître avec leur génération. Ne croyez pas non plus d’autres anciens qui vous acclameraient volontiers, de loin, d’avoir osé ce qu’eux-mêmes n’ont su faire !

– V –

Qui peut encore adhérer au leurre de croire peser sur le cours des choses au travers de la démocratie institutionnelle ? La médiation politique se discrédite totalement : plus ça permute, plus c’est pareil…  Ainsi se laisseraient bercer par la prophétie auto-réalisatrice tous ceux pour qui « on n’y peut rien » : à mesure que des gens pensent qu’on ne peut rien faire, il ne se passera évidemment rien. Au point où en est la rapacité du système technico-marchand de faire de tout un gisement de profitabilité, ce qu’il en vient à exiger c’est la soumission totale ; alors comme disent les amis grecs : « ne vivons plus comme des esclaves ! »

Ça ne viendra pas tout seul ; il est dénué d’intérêt de se complaire dans la critique entre soi : la paralysie de l’action s’enracine dans l’invocation de la complexité qui dédaigne que l’on prenne « le problème » par un petit bout, comme si cela avait peu de poids alors qu’il faut bien commencer par quelque chose et que là est la vitalité qui ne se paralyse pas à vouloir tout anticiper ; là est sa confiance en elle-même à savoir se corriger constamment. N’est pas idéologique de persister à penser qu’on peut peser sur le cours des choses en s’organisant à la base.

– VI –

« Qui organise l’espace social à travers la maîtrise du sol, contrôle aussi le comportement et l’activité des humains et façonne ainsi leur espace mental. » (in Le Communard, journal de la montagne limousine, hiver 2012-2013).

La question reste de savoir si est à notre portée la seule autodéfense de notre sensibilité ou de convaincre de larges parties de la population de sortir du somnambulisme (C’est un manque d’action qui mène au ressentiment populiste). À la réflexion, c’est en honorant notre sensibilité par une autodéfense vigoureuse qu’elle en deviendra convaincante : d’une pierre deux coups !

Deux perspectives de lutte se complètent : une, centrifuge, que les comités locaux qui viennent ici par « solidarité », et pour peser sur les événements ici à NDDL, créent eux-mêmes leur ZAD (il y a partout des projets de zone commerciale sur des terres agricoles à bloquer).

L’autre plus centrale, que le mouvement d’opposition au projet d’aéroport de NDDL n’hésite pas à s’inscrire dans le mouvement d’occupation des places (Zocalo d’Oaxaca, place Tahrir au Caire, place Syntagma à Athènes, place Puerta del Sol à Madrid, place Maïdan à Kiev, mais aussi Bangkok, etc.), et sorte de son cantonnement dans la ZAD pour exiger l’abandon du projet d’aéroport.

– VII –

« C’est reculer que d’être stationnaire, on le devient de trop philosopher, debout, debout,  vieux révolutionnaire … ! »

On s’est assez saoûlé de tours d’horizon critiques désarmés ; on a bien assez écrit, lu, discuté sans pouvoir en faire des leviers pour provoquer l’émergence du possible. Et le possible est revenu avec le visage du bocage !

Nantes, le 22 février 2014
Antoine GARAMOND

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[Barcelone] Ouverture de l’athénée coopératif La Base

Ateneu Cooperatiu « La Base »

Face à la “Crise” actuelle et à son lot de destructions, nous avons décidé de construire une “base” dans le quartier. Cette idée, qui nous traversait depuis quelques temps déjà, devient incontournable dans la situation actuelle : une base comme lieu à partir duquel commencer à construire en commun  ouverte à tous ; une base comme lieu où l’on peut se rencontrer et conspirer, imaginer et expérimenter – face à l’intolérable nous nous organisons, nous construisons des réalités habitables, des espaces de sécession.

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VOIR LA VIDÉO DE PRÉSENTATION

Nous aimons définir “La Base, athénée coopératif”, à partir des trois objectifs que nous nous sommes fixés :

1) Se doter d’une infrastructure économique autogérée, pour commencer à résoudre ensemble la question de nos besoins matériels (économie, espaces de vie et d’activité, alimentation, soin, savoirs…).

2) Construire de la communauté, c’est-à-dire mettre en jeu des pratiques dans le but de retisser les vies du quartier entre elles sur une base d’entraide et de confiance ; s’approprier, en tant que classes populaires, notre histoire commune, ce qu’il se passe et ce qui nous arrive, afin d’inventer ensemble des solutions.

3) Ériger une position politique, liée à ces principes et à ces pratiques. Une position qui rende clair ce qui est hostile et ce qui est ami. Un lieu d’où prendre parti dans les conflits qui nous traversent.

Nous voulons que La Base soit un espace qui aille au-delà de la question des identités politiques, professionnelles ou culturelles. Un espace où, partant de certaines réalités partagées (lieu de rencontre, coopérative de consommation, club d’informatique, cantine populaire, bourse du travail, crêche…) et d’une certaine disposition à l’écoute et à l’entraide, nous pouvons re-construire de la communauté : là, dans la rue, au pas de sa porte, entre ceux et celles qui habitent le quartier  sans oublier, bien évidement, de nous relier avec ceux qui s’organisent dans d’autres quartiers, d’autres territoires, d’autres continents.

La destitution de l’ordre capitaliste avance par fragments, mais cette aspiration est planétaire et c’est avec elle, partout, que nous cherchons à nous lier.

Intersquat69 mailing list, 26 février 2014

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[Notre-Dame-des-Landes] Compte-rendu politique de la manif du 22 février à Nantes

Manifestation du 22 février 2014 à Nantes contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes
L’État avait choisi la stratégie de la tension

Par de multiples signes, dès les préparatifs de la manifestation du 22 février, l’État avait affiché la couleur ; a fortiori pendant le déroulement de la manifestation.

La gestion par l’État des manifestations sur la voie publique ne procède pas d’un à-peu-près : depuis longtemps, des techniques éprouvées ont été mises en place, des manuels publiés à usage interne des services concernés. Chaque orientation dans le choix des dispositifs ou dans les négociations avec les organisateurs des défilés indique l’attitude de l’État, conciliante et portée au compromis ou intraitable.

C’est bien une attitude intraitable qu’a prise la préfecture de Loire-Atlantique dans des négociations interminables avec les organisateurs. À ce propos ces organisateurs émanaient des différentes tendances présentes dans le mouvement qui ont su au fil des mois et des années discuter et contribuer collectivement aux échéances cruciales – cohésion dont témoignera le communiqué publié le 22 au soir après “les évènements” (cf. le site zad.nadir).

Premièrement,  la préfecture a exclu du parcours le cours des Cinquante otages qui est un classique de toutes les manifestations du mouvement social depuis des lustres, soi-disant pour protéger le centre ville des “casseurs” –  on a vu qu’il n’en a rien été !

Deuxièmement, la longueur d’un parcours est fonction de l’affluence estimée à l’avance ; même si les organisateurs eux-mêmes ont pu être surpris, à quelques dizaines de milliers près, du succès de la mobilisation (ils espéraient plus de 20’000, nous fûmes certainement plus de 40’000 – et 500 tracteurs agricoles venus aussi des départements limitrophes. Les services de renseignement intérieurs savaient par exemple le nombre de bus qui convergeraient sur Nantes ; il y en a eu plus de 60 – la DCRI avait téléphoné à des transporteurs). Il s’agit donc bien d’un choix délibéré de cantonner une grosse manifestation sur un petit parcours amenant le début du défilé à piétiner, très tôt, à la fin du parcours, devant les grilles qui barraient le cours des Cinquante otages.

Troisièmement, tout au long du parcours les dispositifs anti-émeutes ont été installés à chaque coin de rue, au contact de la manifestation ; là aussi c’est un classique qui, justement, n’a pas été observé : les barrages sont en général installés au coin de rue précédent, en retrait.

Quatrièmement, le départ du cortège ayant été donné à 13h00, sa fin ne s’est ébranlée que 2 heures plus tard. Mais dès 15h30, donc bien avant le moment de la dispersion qu’on associe en général à un certain délai après l’arrivée de la fin du cortège, les forces de l’État, en bas du cours des Cinquante otages, ont tiré des salves de grenades lacrymogènes sur une foule bigarrée où ne figuraient que quelques dizaines de lanceurs de canettes mais aucun Black Block. La foule déjà manifestait une résistance à ces injonctions armées à s’éloigner.

Cinquièmement, après la dispersion du cortège, le centre-ville a été couvert de gaz lacrymogènes avec au moins une situation où de “simples” manifestants et des passants se sont retrouvés cernés – les manuels théoriques de maintien de l’ordre indiquent pourtant que pour éviter panique ou rage il convient que le dispositif policier laisse une issue de sortie –, et ont pu se réfugier dans le magasin des “Galeries Lafayette” réouvert  par le personnel peu après le moment de la fermeture (témoignage fiable recueilli).

Rien d’étonnant donc que cette manifestation chauffée à blanc par l’attitude de l’État ait pu contenir, comme des poissons dans l’eau, des groupes incontrôlés.

Du fait que les organisations historiques de l’opposition au projet d’aéroport (ACIPA, ADECA) ont tissé des complicités croissantes avec la jeunesse frondeuse qui est venue occuper depuis 2009 la ZAD, l’État les met de manière croissante dans le même sac : l’État n’a pas dès lors garanti le droit à manifester, il a tout juste toléré, dans des limites étroites, la présence du mouvement d’opposition à l’aéroport à NANTES, ville du Premier ministre. L’État a bien considéré ce mouvement comme un ennemi. Les soi-disant précautions prises pour éviter le saccage dans le centre ville avaient surtout pour fonction d’indiquer aux manifestants qu’ils étaient en territoire hostile. Le vandalisme dans le centre-ville aura pu donner un avant-goût aux “braves gens” de la violence que serait le saccage du bocage (par les engins de chantiers et les bétonneuses) ; à cette différence près que le saccage du bocage (paysage ô combien poétique) serait, lui, irrémédiable.

Le 25 février 2014
Tristan VEBENS (qui a quitté le centre ville vers 17h)

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[Notre-Dame-des-Landes] Lettre ouverte du mouvement armé au Préfet de Loire-Atlantique, M. Christian de Lavernée

Lettre ouverte du mouvement armé au Préfet de Loire-Atlantique, M. Christian de Lavernée

Sur la zad, le lundi 24 février 2014

Cher Christian,

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Christian de Lavernée

Vous avez déclaré hier, « L’opposition institutionnelle à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes doit cesser d’être la vitrine légale d’un mouvement armé ». Il nous serait facile de vous reprocher, M. Le Préfet, de vouloir à votre tour briser des vitrines. Mais après la manifestation de samedi, autant l’avouer tout net et cesser enfin de nous cacher : nous sommes bel et bien un mouvement armé.

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ps: Quentin a perdu un œil.

Nous sommes un mouvement armé de bon sens remuant et d’idées explosives, de palettes et de vis, de pierres parfois — même s’il y a ici plus de boue et de prairies, de carottes et de poireaux, d’humour et de tracteurs, d’objets hétéroclites prêts à former spontanément des barricades et d’un peu d’essence au cas où, d’aiguilles à coudre et de pieds de biche, de courage et de tendresse, de vélos et caravanes, de fermes et cabanes, de masques à gaz ou pas, de pansements pour nos blessés, de cantines collectives et chansons endiablées, de livres, tracts et journaux, d’éoliennes et de radios pirates, de radeaux et rateaux, de binettes, marteaux, pelles et pioches, de liens indestructibles et d’amitiés féroces, de ruses et de boucliers, d’arcs et de flêches pour faire plaisir à Monsieur Auxiette, de salamandres et tritons géants, de bottes et impers, de bombes de peinture et de lances à purin, de baudriers et de cordes, de grappins et de gratins, et d’un nombre toujours plus important de personnes qui ne vous laisseront pas détruire la zad.

Vous ne nous ferez pas rendre ces armes.

Et vous, M. Le préfet, quand cesserez-vous d’être la vitrine légale d’un mouvement armé ?

Sincèrement,

Les Black Ploucs
Zone à défendre

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[Face aux armes de la police] Blessures et police politique

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Blessures et police politique

Deux mois ont passé depuis que la responsabilité de l’État a été reconnue pour une blessure  au flashball et que le préfet de Paris a été condamné à verser une indemnité à Clément  Alexandre qui avait eu la joue arrachée le 21 juin 2009.

Sans surprise, la liste des blessés et des éborgnés ne cesse de s’allonger. À Grenoble, Quentin, un pompier, perd l’usage de son œil lors d’une manifestation devant la préfecture le 27 décembre 2013. Le 1er février 2014 pendant les récentes émeutes à la Réunion (Le Port), c’est Steve, 16 ans, qui perd son œil à la suite d’une intervention de la BAC. Enfin, ce samedi 22 février à Nantes, lors d’une manifestation contre l’aéroport de Notre-Dames-des-Landes, la violence policière déployée rappelle celles des journées du 22 et 23 novembre 2012. Des armes inédites sont employées – des armes de guerre. On compte de nombreux blessés. Quentin, un charpentier de 29 ans, perd un œil à son tour.

Nous l’avons déjà dit, s’il n’y a pas de réparation possible, il y un certain usage stratégique du droit qui devrait relever en l’espèce du harcèlement. Dans les deux premiers cas (Grenoble et Le Port), une  enquête a été confiée aux services de police (IGPN). Nous pensons que dans ce genre d’affaire il faut prendre soi-même les choses en main et ne pas se fier une seconde à ce que diront les  flics, les préfets et les procureurs.

C’est le préfet qu’il faut attaquer devant le tribunal administratif (TA) puisque c’est lui qui arme la police et que le policier est toujours couvert pas sa hiérarchie. Ce sont ses propres expertises, médicales et balistiques, qu’il faut produire après avoir fait nommer un expert au TA. C’est avec ses propres moyens et sans se raconter d’histoire qu’il faut attaquer sur ce terrain avec un avocat auquel on peut faire confiance. Il n’y a pas d’erreur ou de faute policière derrières ces blessures, il n’y a pas de mauvais usage de ces  armes, flashball ou grenades en tout genre, mais un usage politique qui repose sur la terreur et la mutilation.  C’est à ce niveau qu’il faut porter l’offensive juridique et médiatique – aussi.

S’il y a toujours quelque chose d’absurde dans le fait d’adresser une revendication au pouvoir, surtout quand c’est celui qui nous mutile, il y a des coups à jouer et donner pour entraver l’usage de ces armes. Nous avons un avocat, nous connaissons une procédure qui a partiellement fait ses preuves, nous ne nous faisons pas d’illusion sur la justice et nous savons qu’accepter le caractère individualisant de la blessure, c’est perdre, pour soi et pour les autres. Que tous les préfets se retrouvent avec une procédure sur le dos, que tous les blessés élaborent une stratégie commune pour penser et contrer les violences policières, et que tous ceux qui luttent s’organisent pour les contrer pratiquement.

Face aux armes de la police, 24 février 2014
Contact : mail@free.fr ou mail@riseup.net ou 07 81 10 81 85

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[Notre-Dame-des-Landes] 22 février – Contre-feu face à la dévastation médiatique

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[Notre-Dame-des-Landes] Bilan des arrestations et procès suite à la manif du 22 février à Nantes

Bilan des arrestations suite à la manif’ du 22 février à Nantes

D’après la Préf’, il y aurait eu 14 arrestations, dont deux sans suites judiciaires. Des 12 personnes ayant des suites pénales, 5 sont passées en comparution immédiate ce lundi après-midi, et les 7 autres sont convoquées au tribunal dans quelques mois. Les 5 personnes passées en comparution immédiate ont toutes été condamnées, la plupart à de la prison, mais personne n’a été incarcéré sous mandat de dépôt (c’est-à-dire, dès la sortie du tribunal). Ils auront donc un rendez-vous avec le ou la juge d’application des peines, avec qui ils pourront négocier des aménagements de peine (bracelet électronique, semi-liberté, et tout ce genre de mesures pourries qui permettent d’enfermer encore plus de gens sans saturer les taules). 4 d’entre eux étaient jugés pour « violence sur agent dépositaire de l’autorité publique » (en gros, pour avoir balancé des projectiles sur les flics), puis « participation à un attroupement armé » (en gros, participation à une manif’ ou un rassemblement où ils considèrent que les projectiles sont des armes par destination).

DÉLIBÉRÉ DES COMPARUTIONS IMMÉDIATES

La personne arrêtée à 15h15 a été condamnée à 5 mois d’emprisonnement ferme + 1 mois de sursis avec mise à l’épreuve. Le deuxième, qui s’était fait contrôler dans la rue, a était condamné pour « port d’arme catégorie d » (en gros, un couteau-cutter !) à 100 h de TIG (« travaux d’intérêt général »). Les 3 autres, interpelés ensemble par des BAC-eux vers 20h, ont été condamnés respectivement à 5 mois avec sursis ; 5 mois ferme ; puis 12 mois ferme + 500 euros comme provision pour le BAC-eu qui dit avoir été blessé (un autre procès aura lieu le 13 juin à 14h pour déterminer le reste de la somme à verser aux flics).

Ils ont pris bien cher, vu qu’ils se sont fait arrêter proche à des lieux d’émeutes. Par contre, c’est réjouissant d’apprendre que personne n’était inculpé pour des dégradations ; sinon, vu le sensationnalisme médiathique, on imagine qu’ils ou elles auraient pris encore plus cher. D’ailleurs la proc’ n’a pas arrêté de répéter comment c’était dommage que les « vrais coupables » des dégradations « intolérables » n’aient été interpelés ce jour là. Les enquêtes quant aux dégradations sont visiblement en cours, alors gare au risque de perquisitions dans les jours ou semaines qui viennent (à Nantes comme ailleurs).

L’AMBIANCE AU TRIBUNAL…

Une bonne cinquantaine de personnes sont venues au tribunal soutenir ces personnes inculpées. La presse était aussi en nombre et à l’affut de n’importe quel détail croustillant, ils ont d’ailleurs été les premiers à s’installer dans la salle avec leurs gros appareils, jusqu’à ce qu’ils se fassent dégager en dehors de la salle avant le début de l’audition. Quant à l’accueil policier, bizarrement, les portes du tribunal n’étaient pas blindées de CRS comme il arrive souvent pour des procès médiatiques ou tout simplement anti-aéroport (peut être les CRS ont eu leur journée de repos…). Par contre, les policiers à l’intérieur du tribunal étaient bien nombreux et pas moins chiants que d’habitude et ont empêché des gens d’accéder à la salle, bien remplie certes, mais où il restait des places disponibles. Le meilleur gag a été la scène en dehors de la salle où l’avocate qui défendait les flics « blessés » brandissait (très dramatiquement) un pavé face aux caméras de la presse. Alors une personne, ayant perdu son œil suite à un tir de flash-ball il y a quelques années à Nantes, a demandé aux journalistes s’ils allaient également parler des personnes blessées, en montrant aux caméras une balle en caoutchouc récupérée dans la rue samedi après un tir de flash-ball. C’est alors que les flics se sont rués sur lui pour l’écarter du groupe en l’accusant de porter une arme…

BLESSÉ-E-S ET MUTILÉ-E-S PAR LA POLICE

Rappelons l’ampleur des blessures infligées par les flics samedi ; des milliers de personnes gazées ou ayant subi des traumatismes suite à des tirs de grenades assourdissantes, des centaines de personnes blessées, et certaines mutilées. Il est difficie de tirer un bilan global des blessures tant elles sont nombreuses et pas toutes prises en charge par une même équipe de secours. Comme petit échantillon du carnage, vous pouvez lire vers la fin d’un article un témoignage d’une des multiples équipes médic présentes à la manif. Puis le témoignage d’une personne ayant perdu son œil. Ou encore un article appelant à organiser une riposte juridique collective face à cette violence policière.

Si jamais tu es l’une des personnes qui est passée en garde-à-vue puis t’es convoquée pour être jugée, n’hésite pas à contacter la « legal team » qui pourra te soutenir dans la préparation de ta défense (contacts d’avocats de confiance, soutien financier, conseils ou accompagnement avec les démarches juridiques…). Le numéro de la LEGAL TEAM : 06 75 30 95 45.

Lundi : au tribunal des condamnations immédiates. Récit de l’équipe Natchav qui était présente

Lundi à 14h au Tribunal de Nantes s’est tenu le procès de cinq « manifestants » de la manifestation du samedi précédent. Après avoir passé 48h en garde-à-vue (ils ont été arrêtés samedi en début de soirée), ils passent devant le tribunal correctionnel. Nous sommes quelques dizaines a être venu cet après-midi pour les soutenir. Les journalistes se sont déplacés en masse (une quinzaine) et occupent plusieurs rangés à l’intérieur de la salle d’audience. On se voit refuser l’entrée par quelques policiers car la présidente « veut de la sérénité » pour les débats. Finalement après une heure d’attente et des départs de journalistes, nous pourrons accéder à la salle et assister au procès des trois qui passent (il ne sera question que de ces derniers ici).

À la lecture des chefs d’inculpation, on sent que nous avons à faire à des lampistes : « Violence volontaire contre personne dépositaire de l’autorité public sans Interruption Temporaire de Travail » pour deux d’entre eux et avec une ITT de moins d’un jour pour un autre. En effet, aux « scènes de guerre » de Ouest-France, « au saccage » de Presse-Océan, on s’attend à voir des barbares ou au moins des spécialistes de la démolition et des chefs d’inculpation un peu plus lourd. Pas une seule accusation de dégradation (ce qui veut dire pas un tag ni un pavé de descellé), pas une accusation d’outrage (ce qui veut dire pas d’insultes proférées). En fait, il n’y a rien ! Vraiment rien ! Et pourtant, alors que la préfecture annonce 1000 casseurs, elle a peu de choses à donner à manger aux journalistes et à la machine judiciaire. Pourtant, au vu de la « gravité » des faits qui leur sont reprochés, la justice a hâte de les mettre en charpie puisqu’elle veut les juger immédiatement. Sans doute au nom de la « sérénité des débats ».

Vers 16h, avec l’arrivée de la dernière avocate de la défense, le procès peut commencer. On voit entrer trois jeunes hommes dans le box des accusés. On peut apercevoir au travers de la porte leur dé-menottage. Ils ont les traits un peu tirés après leur 48h de garde-à-vue au commissariat de police. La présidente commence en leur annonçant d’emblée : « Vous allez être jugés aujourd’hui. Vous pouvez le refuser, et ce report est de droit. Mais si vous choisissez cette solution, le tribunal statuera ensuite sur votre mise en détention ». Les trois jeunes acceptent. La juge : « ça m’arrange » . La machine peut démarrer.

Tout commence par la mise en accusation et la présentation des accusés. Les trois dans le box sont des copains. De jeunes ouvriers intérimaires  : l’un est ouvrier en usine, un second boulanger, un troisième carrossier. Trois jeunes ruraux comme des milliers d’autres. Les trois ont des casiers. Pas des condamnations énormes, des condamnations pour conduite en état d’ivresse, sans permis, de délit de fuite, de violence… Des condamnations de jeunes ruraux de milieux populaires : un permis qui coûte cher, une voiture d’un copain, un cubis de la cave d’à-côté et c’est parti pour une soirée dans le pays de Retz. Un contrôle de gendarmes et un permis qui saute. On continue à conduire car en campagne c’est vital. Eh oui, à l’inverse, à la ville, les rupins ça prend le taxi.

La présidente commence : « alors vous êtes vus vers 19h du côté du CHU de Nantes, reconnus par les policiers, comme quoi vous jetiez des objets en leur direction. Ces policiers vous repèrent, vous suivent, puis vous arrêtent quelques centaines de mètres plus loin. Déjà pourquoi étiez-vous là ? ». Les trois jeunes répondent de manière sincère à la présidente. « On savait qu’il y aurait de la techno. On avait entendu à la radio la manifestation, et que ce serait impressionnant. On se faisait une sortie ». La question de l’aéroport ? Ils n’en ont qu’une vague idée. Le jeune carrossier est accusé d’avoir blessé avec une pierre, Jean-Michel Luccini, agent de la BAC. Il a pris un caillou sur le casque et se porte partie civile.

La présidente : « alors quand vous avez été arrêté, vous aviez une pierre dans votre sac ?

— Oui, je l’avais ramassé comme ça dans l’après-midi.

— Donc vous reconnaissez avoir eu une pierre. Vous avez reconnu avoir lancé des cailloux ?

— Oui, mais pas à ce moment. J’ai jeté une pierre l’après-midi. Mais elle est tombée devant les CRS.

— Donc vous lanciez VERS les policiers ?

— Oui mais ça arrivait pas jusqu’à eux.

— Donc vous ne lanciez pas assez fort !

— C’est n’importe quoi !

— Ah oui vous avez raison, c’est vraiment n’importe quoi ! »

C’est cela un principe accusatoire. N’importe quelle réponse, doit servir à accuser. Que la pierre touche ou non les policiers, la juge s’en cogne. Mais ça lui permet de fabriquer un coupable. Si elle tombe devant ? Il est coupable. Dessus ? Il est coupable. Celle ramassée, et remisée dans le sac, qui n’a connu aucun envol, et donc ne pas prouver une culpabilité ? Coupable. Au lieu d’une balance, la justice devrait prendre comme symbole un hamster dans une roue, parce que quoi qu’il se passe, la roue tourne dans le même sens. Le juge ne pèse pas le pour et le contre, le juge fabrique de la sentence. C’est son rôle. Ses 6 000 euros par mois, la récompense de cet usinage.

Petit à petit, les accusés comprennent comment se passe leur mise en accusation, puis leur condamnation. Qu’il ne sont pas les acteurs, mais les faire-valoir d’un processus qui se déroulent sans eux. Que ce qu’il dise, sera forcément à charge. Dans la salle on se dit que la juge devrait donner dès l’ouverture des débats la condamnation, ça lui éviterait de se prêter à ces pitreries.

Puis vient le témoignage des policiers. Ils se portent partie civile. C’est le défilé des pleureuses. Le premier Jean-Michel Luccini se dit blessé au visage. Certes il se déplace normalement, rigole avec ses collègues avant le procès, ne porte pas de stigmate, mais à la barre, avant toute chose il précise qu’il a du mal à s’exprimer car il a mal à la mâchoire, puis continue son récit en oubliant la première phrase. Pas besoin d’en faire trop, il sait que sa parole est d’or et que quoiqu’il en soit les dommages et intérêts sont payés comptant. Alors si en plus, il peut rejouer le malade imaginaire, la sécurité sociale paiera les entrées. Il nous raconte qu’il est devant le CHU, prend un caillou sur le casque et crie dans son talkie, « haaaa je suis touché » . Il dit avoir repéré la personne qui lui a lancé le caillou. Et reconnaît formellement notre jeune carrossier.

Vient au tour de son collègue Bertoux, agent de la BAC de son état. Oui il confirme que les trois dans le box sont bien ceux repérés à lancer les cailloux, malgré les 20 mètres, malgré la nuit. Il nous dit que chacun s’est fixé sur un des accusés sur un détail de vêtement et que c’est comme ça qu’ils travaillent. « C’est pour les procédures, après » précise-t-il. Lui s’est fixé sur notre jeune boulanger : « il avait un jean et un sweat clair ». Ça a duré vingt minutes : « ils caillassaient, ils caillassaient », mais on ne les quittait pas des yeux. Puis vient le moment de bravoure, où il nous raconte sa « guerre ». Héros ignoré en quête d’un public, notre soldat inconnu a un nom : Bertoux. « En 26 ans de carrière, je n’ai jamais pris ça. Mais je constate que à 16h quand j’ai pris un pavé, ils étaient là, puis quand on a mangé, ils étaient là, puis quand la voiture a brûlé aussi. Je constate simplement, sans vouloir les accuser, qu’à chaque fois que ça pétait, ils étaient là. Je me suis évanoui deux fois. Messieurs, ma petite fille de 8 ans a vous remercie ». La procureure conclut alors ce récit à l’intention des accusés : « À votre avis, que pense l’opinion publique de ce que vous avez fait ? Qu’est ce que vous diriez si vous aviez un message à faire passer ? ».

Pourtant au fil de ces récits, on voit se dessiner, en filigrane, une autre vérité. Trois copains qui viennent en ville, attirés par les sirènes. On veut voir. On boit des coups. Il est 19h, et les policiers n’ont arrêtés personne. Il faut passer à l’action, sinon le commissaire n’aura pas sa prime. On en tope trois au hasard. Puis en garde-à-vue, on prêche le faux pour obtenir le vrai : « On vous a vu jeter des pierres à 19h ! Allez, avoue ! Tu sortiras plus vite. Dans une heure ! ». « Mais non c’est pas vrai, on était dans les parages mais on a rien jeté ». Ca y est, on sait qu’ils étaient sur place, qu’ils sont pas si blancs que ça, à nous de les grimer en coupables. Le défi : rendre vraisemblable le récit. La presse sera contente, le préfet ravit. Après, pour la procédure, on « habille » tout ça. Pour les procès- verbaux ? Facile ! Il suffit de décrire les trois jeunes en cellule. Comment sont-ils habillé ? un jean, un sweat… On mettra alors dans le PV qu’on a vu un personne habillé comme lui, jeter des pierres. Il nous faut un blessé ? On appelle le collègue qui a un peu mal à la mâchoire. En plus, c’est de jeunes ouvriers, ils ont un casier, il n’y aura personne pour les défendre. Et même si la ficelle est grosse, la juge n’accusera pas les fonctionnaires de police de mensonges et conclura par l’imparable «  comment se fait-il que trois policiers vous reconnaisse ? »

Puis vient le tour de l’avocate des parties civiles. Elle commence par une mise en garde, « oui devant moi, je n’ai pas le Black Block, c’est sûr. On a à faire à des pieds nickelés ». Là dessus tout le monde semble en convenir. Mais on ne peut reconnaître que ces jeunes devraient être dehors. Ainsi va-t-elle parler de choses qui ne sont pas dans l’acte d’accusation, pour grossir les faits et créer des condamnés. Sur les policiers : « il en manque 129 sur le banc des parties civiles, parce qu’il y a eu cent trente blessés ». Ou a-t-elle fouillé dans son chapeau pour sortir ce lapin ? Nul ne le sait. À part si elle confond bleus et blessures. Mais la prestidigitation ne fait que commencer. Abracadabra hop, de mon chapeau, je sors un pavé. Elle commence à le mettre sous le nez des juges, en annonçant certes que ce n’est pas celui qu’a pris sur le casque M. Luccini, mais c’est un de la même sorte, lancé à plus de 20 mètres. Les manifestants se transforment alors en lanceur de poids est-allemand. « Oui, c’est cela que les policiers ont pris sur la tête. Parce que nous avions à faire à de vraies scènes de guerres. Et les casques des policiers ne sont pas des casques de moto. Ce sont des casques de maintien de l’ordre ! Et malgré cela, M. Luccini a été blessé  ! ». Alors « oui nous avons des lampistes dans le box des accusés, mais il faut les condamner, simplement pour la pédagogie de la sanction. »

Puis vient au tour de la procureure. Alors oui, on a à faire à des boucs-émissaires, mais il faut les condamner. Car même si ils n’ont pas fait les faits pour lesquels ils sont là, ils ont participé aux débordements. Et lancer des objets vers des policiers, c’est déjà de la violence. Et puis c’est intolérable de s’en prendre à des policiers qui ne font que leur métier. En plus l’ordre public a été troublé. Alors elle réclame 8 mois ferme pour notre ouvrier, 6 mois avec sursis pour notre boulanger, et 6 mois ferme plus la révocation du sursis mise à l’épreuve (provenant d’une ancienne condamnation pour conduite en état d’ivresse) du carrossier, soit un an ferme.

Ce sera au tour des avocats de la défense de conclure les débats. Ce sont des avocates commises d’office. Elles n’ont donc eu que peu de temps pour préparer leur défense. Et puis de toute façon, il ne s’agit pas ici de chercher la relaxe, leurs clients sont condamnés d’avance. Et pourtant, il n’y a rien dans le dossier. Concrètement, ils sont accusés d’avoir lancé des pierres vers 19h, et même s’ils reconnaissent avoir jeter des choses l’après-midi, ils sont poursuivis pour les faits du soir. Ce qui les accuse ce sont les témoignages des policiers. Même s’il est difficile dans un tribunal d’accuser de mensonge des policiers, on peut remettre leur témoignage en doute. C’est le soir, il fait nuit et les policiers reconnaissent les accusés à plus de 20 mètres. Jean-Michel Luccini qui reconnaît formellement, non pas les vêtements de notre carrossier, mais son visage, dit lui-même qu’il ne voit pas qui tire quoi, mais se prend quelque chose sur le casque, puis se retire derrière ses collègues. Ce n’est qu’après qu’il fixe « son » agresseur. Il peut y avoir méprise. Sur le témoignage de Bertoux, il reconnaît lui-même qu’il se fixe sur les vêtements : un jeans et un sweat clair. Il ne reconnaît pas le visage de l’accusé. Il n’y a pas de preuves. Où est la pierre que se prend Luccini ? Nulle part alors que lui-même dit l’avoir ramassé. A-t-il détruit des preuves ? Est-ce celle brandit par la partie civile ? Non. On ne connaît donc rien de ce projectile. Bref, les faits ne sont pas matériellement avérés. Les témoignages sont soumis également au doute. Comment fixer quelqu’un pendant vingt minutes, tout en prenant des volées de pavés ? Comment être sûr que ce soit ces personnes, quand on les arrête plus tard ? Ou sont les photos ? Et les caméras ?

Le dossier est vide. Mais la justice doit réaffirmer l’ordre social troublé par la manifestation. Cet ordre social, c’est cet ordre politique ou les petits sont menottés et les rupins herminés. C’est cet ordre ou chacun doit être à sa classe. Qu’il y ait des preuves, une certitude, ce n’est pas le problème. Ce qu’il faut c’est des coupables, des condamnés, des peines de prison à brandir, une société ordonnée sans cesse réaffirmée. La vérité, on laisse ça aux philosophes.

Résultat : 5 mois ferme, 5 mois avec sursis, et 6 mois ferme et révocation de 6 mois de sursis mise à l’épreuve, soit 1 an ferme. Aucun mandat de dépôt.

Zone À Défendre, 25 février 2014

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Résumé rapide de la situation vénézuélienne pour les curieuses et pour les peu informés

Le 4 février 2014, des étudiants de l’Université nationale expérimentale de l’État de Tachira, située en province, protestèrent contre l’abus sexuel qu’une étudiante avait subit dû à la situation d’insécurité de la ville. La manifestation fut réprimée et plusieurs étudiants furent détenus. Le lendemain, d’autres universités du pays effectuèrent leurs propres manifestations exigeant la libération de ces détenus. Ils/elles furent à leur tour réprimés et certains étudiants incarcérés. La vague d’indignation avait comme toile de fond la crise économique, la pénurie et la crise de services publiques, outre le début de l’application d’un ensemble de mesures économiques de la part du président Nicolas Maduro. Deux politiciens d’opposition, Leopoldo Lopez et Maria Corina Machado, essayèrent de capitaliser cette vague de mécontentement, en appelant à des nouvelles manifestations sous le mot d’ordre « La Salida » (La sortie, ce qui fait allusion au départ du gouvernement, ndlt), destiné à faire coup de pression pour la démission du président Maduro. Aussi, cet appel reflète la division à l’intérieur des partis d’opposition et la volonté de remplacer le leadership de Henrique Capriles, qui refuse publiquement d’encourager les manifestations. La coalition Mesa de unidad democrática (MUD, « table pour l’unité démocratique », ndlt), n’en encourage pas davantage.

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Le gouvernement, en réprimant les manifestations, a provoqué que celles-ci se répandent dans tout le pays. Le 12 février 2014, des gens dans 18 villes se mobilisèrent pour la mise en liberté des détenus et pour exprimer leur gronde contre le gouvernement. Dans certaines villes de l’intérieur, particulièrement frappées par la pénurie de denrées courantes ainsi que de l’eau et l’électricité, les manifestations devinrent massives. À Caracas, trois personnes furent tuées dans le cadre des ces manifestations. Le gouvernement accusa de ces morts aux manifestants eux-mêmes. Pourtant, le journal de plus grande circulation au pays, le Ultimas Noticias (les Dernières dépêches, ndlt), qui bénéficie du plus grand budget publicitaire gouvernementale, révéla à travers des photos que les assassins étaient membres de la police. En réponse, Nicolas Maduro affirma sur les chaînes de radio et télévision que les organismes de police avaient été « infiltrés par la droite ».

La répression contre les manifestants ne s’est pas seulement circonscrite à l’action d’organismes de police et des forces armées. Elle inclue la participation des groupes paramilitaires pour dissoudre violemment les manifestations. Un membre de Provea, ONG des droits humains, a été séquestré, frappé et menacé de mort par un de ces groupes à l’ouest de Caracas. Le président Maduro encourage publiquement les agissements de ces groupes, auxquels il nomme « collectifs ».

Actuellement, le gouvernement vénézuélien contrôle toutes les stations de télévision, et a menacé de sanctionner les stations radio et les journaux dans le cas où ils diffuseraient des informations concernant les manifestations. Ce pour quoi les espaces privilégiés pour la diffusion d’information sont les réseaux sociaux, notamment Twiter. L’utilisation de dispositifs technologiques à usage personnel a permis d’enregistrer et photographier largement les agressions des forces répressives. Des organismes de droits humains rapportent que, dans tout le pays, les détenus (plusieurs d’entre eux/elles maintenant en liberté) ont surpassé le nombre de 400, et qu’ils/elles ont subi de la torture –plaintes pour abus sexuel inclus–, des traitements cruels, inhumains et dégradants. Au moment que nous écrivons ceci, cinq personnes ont été assassinées dans le cadre des manifestations [Aujourd’hui, samedi 22 février, le chiffre de morts est monté à huit personnes.].

Dans ses discours, Nicolas Maduro incite les manifestants opposants à prendre des positions plus radicales et plus violentes. De manière systématique et sans aucune enquête criminalistique, il affirme que chaque personne tuée l’a été par les manifestants eux-mêmes, les stigmatisant ensuite et en permanence par tous les adjectifs possibles. Cependant, cette belligérance semble ne pas être partagée par tout le mouvement Chaviste, car beaucoup de ses organismes de base sont plutôt à l’expectative de ce qui va se passer, sans exprimer activement leur soutien. Maduro a réussi à mobiliser uniquement les fonctionnaires publiques dans les exceptionnelles manifestations de rue qu’il a réalisée. Malgré la situation provoquée par la grave crise économique, Maduro continue à prendre de mesures d’ajustement économique, la plus récente étant l’augmentation de l’Unidad tributaria (UT, unité d’imposition, ndrl).

L’appareil d’État réitère de manière insidieuse qu’il fait face à un « coup d’État », une réédition des événements du 2002 au Venezuela. Cette version a réussi à neutraliser la gauche internationale, laquelle n’a même pas exprimé sa préoccupation pour les abus commis dans les manifestations ni pour les morts.

Les protestations ont actuellement lieu en nombreux endroits du pays et ne comptent pas avec une direction centralisée, elles sont convoquées à travers les réseaux sociaux. Chez les manifestants il y a des opinions diverses par rapport aux partis politiques d’opposition, raison pour laquelle il y est possible d’en trouver autant d’expressions d’adhésion comme de refus. Dans le cas de Caracas, les manifestations sont surtout constituées de la classe moyenne et les universitaires. À l’intérieur du pays, en revanche, ce sont les secteurs populaires qui s’incorporent à la protestation. À Caracas, les demandes sont majoritairement politiques : liberté pour les détenus et départ du président, tandis qu’à l’intérieur du pays on en rajoute les demandes sociales, telles que la critique à l’inflation, à la pénurie et à la défaillance des services publics de base. Bien que quelques manifestations se sont montrées violentes, et que certains manifestants ont utilisé des armes à feu contre des policiers et paramilitaires, la plus grande partie des manifestations, surtout celles hors Caracas, continuent à être pacifiques.

La gauche révolutionnaire indépendante vénézuélienne (des anarchistes et des groupes du trotskisme et du marxisme-léninisme-guévarisme) n’a aucune incidence sur cette situation, nous restons des simples spectateurs. Certains d’entre nous sommes actifs dans la dénonciation de la répression d’État et dans le soutien aux victimes de violation des droits humains. La population du Venezuela, un pays historiquement pétrolier, n’a pas une culture politique bien ancienne, raison pour laquelle les manifestants opposants ont le même problème de « contenus » que ceux/celles qui conforment les bases de soutien au régime. Cependant, dans la mesure que la gauche internationale continue à leur tourner le dos et soutienne de manière acritique la version gouvernementale de « coup d’État », elle laisse à des milliers des manifestants à la merci des discours les plus conservateurs des partis politiques d’opposition et les prive de tout référant anticapitaliste, révolutionnaire et du changement sociale. Dans ce sens, l’incarcération de Leopoldo Lopez, leader conservateur d’opposition, contribue à le placer au centre d’une dynamique de mouvementisme, laquelle a dépassé les partis politiques d’opposition au gouvernement de Nicolas Maduro.

Que va-t-il se passer dans le court terme ? Personne ne le sait avec certitude, surtout les manifestants eux-mêmes. Les événements sont en plein déploiement.

Caracas, 21 février 2014
Rafael Uzcátegui – journal El Libertario [Rafael Uzcátegui est un militant anarchiste vénézuélien et activiste à Provea, ONG de droits humains. Il est notamment auteur du livre Venezuela : Révolution ou Spectacle, Une critique anarchiste au gouvernement bolivarien, Éd. Les Amis de Spartacus, Paris, 2011.]

 

Information alternative sur le Venezuela conseillé (en espagnol) :

http://periodicoellibertario.blogspot.com
http://www.derechos.org.ve
http://laclase.info

Arguments qui contredisent la théorie du « coup d’État » (en espagnol) :

https://rafaeluzcategui.wordpress.com/2014/02/17/las-diferencias-de-abril/

Information alternative sur le Venezuela conseillé (en français) :

http://www.nodo50.org/ellibertario/otherlanguages.html

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Une émeute dégénère à Nantes

En milieu d’après-midi, ce samedi, en marge des violents heurts qui devaient se dérouler dans le centre ville de Nantes, un certain nombre de groupuscules non-violents ont tenté de déborder l’émeute.

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Trois manifestants issus de la « gauche »prêts à en découdre.

La journée avait pourtant commencé dans une ambiance bon enfant : au moins deux engins de chantier incendiés; une agence Vinci saccagée; des policiers harcelés. Les émeutiers s’en prennant également à la mairie, un poste de police et plusieurs magasins du centre-ville.

Or dans la journée, plusieurs centaines de personnes ont convergé vers la ville dans la claire intention de manifester pacifiquement. « Ces agissements sont inacceptables » s’est empressé de dénoncer un porte parole des insurgés et membre du collectif People VS Nantes, « la présence de la gauche organisée en cortège au sein de nos émeutes est inadmissible. Il ne fait aucun doute qu’ils sont venus de toute la France et de l’étranger uniquement dans le but de scander des slogans, brandir des banderoles et ne pas s’en prendre au mobilier urbain. Nous ne les laisserons pas gâcher notre fête. »

Les tentatives de ces groupuscules citoyens d’éteindre les incendies et de s’interposer incessamment furent virulentes et répétées. Néanmoins, cette émeute demeure, selon les organisateurs, une victoire et  marque une nouvelle étape vers l’insurrection.

« Nous tenons à saluer la determination hors pair à laquelle se sont tenus tous les participants à cette belle journée » conclut le porte-parole.

En milieu de journée, grâce au sang froid et à l’assurance des émeutiers, les choses rentrèrent rapidement  dans l’ordre et les forces de police purent continuer à être violemment pris à partie, essuyer des jets de projectiles et faire vainement usage de gaz lacrymogènes.

Presse purée

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[Montpellier] Communiqué carnavalesque

Montpellier
À nouveau carnaval en cavale…

Chaque année on craint que ce soit fini, toujours plus de pseudo zone artistique temporaire, toujours plus de flics, toujours moins d’espace où les gens peuvent se rencontrer, discuter, chanter, boire sans injonction à consommer.

Montpellier la ville où le soleil cesse de briller lorsque on ne gagne pas 3000 euros par mois. (Même de jeunes gens bien rangées en font les frais)

Mais il reste quelque feu de joie, à l’ombre de l’étoile noire (http://juralib.noblogs.org/files/2014/02/162.jpeg)

Parce que Carnaval c’est le signe de vie, d’une ville pas encore soumise à l’eau de javel du tourisme, des opérations « grand cœur », des arrêts anti mendicités, des « pas de bruits, pas de rire après 22h » sauf dans les boîtes ou les bars à cadre sup’.

Alors TOUT DOIT CIRCULER sans papiers, sans argent, sans propriétaires, sans organisateurs, sans consom-mateurs.

Parce que Carnaval c’est d’abord une fête sauvage qui ne se cache pas, mais c’est aussi une révolte qui ne dit pas son nom (elle préfère garder son masque).

Carnaval c’est toi, moi nous qui créons des chars, des rythmes de battucadas, des masques, et un partage.

À carnaval tout se renversent, les branché-es deviennent ringard, les riches pauvres, seules les flics restent des ordures.

Parce qu’ainsi nous tournons dans la nuit et le feu nous consument.

Monsieur Carnaval (qu’il brûle !) sera toujours le symbole des grincheux, des « j’appelelapolice », des patrons, des réacs, et autres seigneurs de guerre… c’est pour cela qu’à la fin tout le monde danse autour de ce qui représente les cendres de ce que l’on maudit le reste de l’année.

Parce qu’encore les gueux-ses compte bien (et en musique !) retourner une fois dans l’année, la balance des classes sociales, des normes et morales, en attendant que le grand carnaval permanent les renverse pour toujours…

Comme une ombre au tableau, le carnaval de Montpellier reste… celui des gueux.

À Montpellier le 4 mars à partir de 19h30 au Peyrou….

 

Souvenir des années précédentes :

les anciens communiqués sur Jura Libertaire

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Midi Libre du 13 février 2013

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MontpellierBlog, 22 février 2012

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VOIR LA VIDÉO

et une bonne brochure historique de ce carnaval sauvage et subversif…

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ACCÉDER À LA BROCHURE

Des bisous à ceux et celles qui luttent et veulent encore garder le sourire…

Reçu le 21 février 2014

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[Besançon] Lancement d’une souscription pour l’Autodidacte

De la thune, ou l’on crève !

Lieu de culture, de vie militante et d’action libertaire à Besançon, la librairie associative L’Autodidacte, projet porté par le Groupe Proudhon de la Fédération Anarchiste, a vu le jour en 2000.

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Depuis ses débuts, elle a pour ambition de permettre aux anarchistes et à celles et ceux qui se retrouvent dans leurs idées de se rencontrer. Ainsi, elle a ouvert ses portes aux réunions de la CNT, des Amis de l’Autodidacte, du Scalp puis à celles de Resto Trottoir et de l’Interlibertaire. Avec la tenue de plus de 200 conférences, l’organisation de rendez-vous annuels comme la Rentrée libertaire ou le repas du Premier Mai, elle est devenue un lieu incontournable du quartier et rythme sa vie.

Soutenu par les sympathisants, les militants et la Fédération Anarchiste, le Groupe Proudhon a pu acheter son local après huit années de location. Mais aujourd’hui, la vente de livres ne suffit plus pour rembourser les emprunts et payer les divers frais mensuels.

Nous ne voulons pas laisser ce lieu hors des sentiers battus mourir et nous vous sollicitons à nouveau pour nous aider à passer ce cap, relancer nos activités, acheter de nouveaux livres, payer nos dettes…

Vous pouvez nous écrire (ou venir nous voir) à la librairie L’Autodidacte

5 rue Marulaz, 25000 BESANÇON

Nous acceptons les chèques (à l’ordre de la Librairie) ou tout autre don : livres, liquide, lingots, bons russes, actions… 😉

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[Notre-Dame-des-Landes / Nantes] Communiqué des organisateurs de la manifestation anti-aéroport du 22 février

Communiqué des organisateurs de la manifestation anti-aéroport du 22 février

La manifestation d’aujourd’hui a connu une mobilisation inégalée.

520 tracteurs, venus de tous les départements limitrophes ont été comptés, deux fois plus que le 24 mars 2012 à Nantes. Cela marque une implication massive du monde paysan. Les tracteurs vigilants sont prêts à intervenir sur la zad.

Il y avait 63 bus venus de toutes les régions de France, deux fois plus encore que lors de la chaîne humaine. C’est le signe d’une mobilisation nationale et de la connection entre Notre Dame des Landes et d’autres luttes contre les grands projets inutiles et imposés.

Il y avait entre 50 et 60’000 personnes, plus encore que lors de la manifestation de réoccupation du 17 novembre 2012. Il s’agit de la plus grosse mobilisation du mouvement.

Le défilé a été festif, créatif et déterminé, avec des batukadas, salamandres, tritons géants, masques d’animaux marquant le refus de la destruction des espèces protégées et des mesures dites de compensation. Des prises de paroles et animations ont eu lieu jusqu’à 18h square Daviais.

La préfecture avait choisit de mettre Nantes en état de siège et de nous empêcher d’être visible dans le centre ville. C’est la première fois qu’on interdit à une manifestation d’emprunter le Cours des 50 Otages. Une partie du cortège est passée par l’île Beaulieu. Une autre a essayé de passer par le trajet initialement prévu et a fait face à une répression policière violente avec tir de flashball, gaz lacrymogènes et grenades assourdissantes. Cela n’a pas empêché les manifestants de rester en masse dans les rues de Nantes jusqu’à la fin.

Il existe différentes manières de s’exprimer dans ce mouvement. Le gouvernement est sourd à la contestation anti-aéroport, il n’est pas étonnant qu’une certaine colère s’exprime. Que pourrait-il se passer en cas de nouvelle intervention sur la zad ?

Cette journée est un succès et les différentes composantes de la lutte restent unies sur le terrain. L’opposition ne fait que croître depuis 30 ans. Le gouvernement n’a pas d’autre choix que d’abandonner le projet d’aéroport !

Zone à défendre, 22 février 2014

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[Nantes / Notre-Dame-des-Landes] Valls Kyste My Ass

Valls cible « l’ultra-gauche » et les « Black Bloc » après les heurts de Nantes

Des affrontements entre policiers et manifestants opposés à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ont fait six blessés parmi les forces de l’ordre.

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Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a mis en cause samedi à Athis-Mons (Essonne) l’ultra-gauche et les « Black Bloc » après les affrontements entre policiers et manifestants à Nantes contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, qui ont fait six blessés parmi les forces de l’ordre.

Manuel Valls a exprimé sa crainte que « des groupes isolés continuent cette guérilla urbaine ». « Cette violence venant de cette ultra-gauche, de ces Black Bloc, qui sont originaires de notre pays mais aussi de pays étrangers est inadmissible et elle continuera à trouver une réponse particulièrement déterminée de la part de l’État », a affirmé le ministre.

Selon lui, « un millier d’individus de l’ultra gauche, ainsi que des Black Bloc, très violents, se sont livrés à des exactions et à des violences intolérables : cocktails Molotov, boulons, pavés jetés sur les forces de l’ordre, détruisant des vitrines de magasins, saccageant un certain nombre de commerces, du mobilier urbain ainsi que l’entrée d’un commissariat de police ».

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Après avoir déploré que « cette manifestation se soit transformée en véritable guérilla urbaine échappant totalement à ses organisateurs », il a rendu hommage « au préfet de la Loire Atlantique, aux forces de l’ordre, policiers et gendarmes, qui avec beaucoup de sang froid et de professionnalisme ont contenu cette manifestation, et cela avait été prévu ainsi, en dehors du centre-ville de Nantes ». « Personne ne peut accepter de telles exactions », a-t-il dit.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Agence Faut Payer, 22 février 2014)

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[Lyon] Meurtres et agressions jusqu’à quand ? Reprenons la rue !

Défilé à Lyon contre l’extrême-droite

Entre 700 et un millier de personnes, selon la police ou les organisateurs, ont défilé cet après-midi à Lyon contre l’extrême droite, une semaine après l’agression au couteau de deux adolescents par cinq jeunes, sympathisants pour certains du mouvement identitaire. « Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour nos fachos », « le fascisme c’est la gangrène, on l’élimine ou on en crève », scandaient les manifestants venus notamment à l’appel du collectif 69 de vigilance contre l’extrême droite.

Dans le cortège, encadré par un important déploiement de gendarmes mobiles et de CRS, les drapeaux de la CGT, du Front de Gauche, du PCF, de Solidaires et de la FSU voisinaient avec les militants anarchistes, visage parfois masqué d’un foulard. En tête de la marche, plusieurs d’entre eux portaient une large banderole bariolée proclamant « Meurtres et agressions jusqu’à quand, Reprenons la rue », tandis que fusaient des slogans comme « Violence fasciste, Collomb (Gérard Collomb, le maire de Lyon, ndlr) complice » , ou « Fascistes assassins, État complice ».

Derrière eux, des militants de la CGT portant le drapeau rouge scandaient « contre le fascisme et la misère, c’est la lutte sociale qui est nécessaire ». Le long du cortège, plusieurs manifestants brandissaient des fumigènes, rouges, vert ou encore violets, tandis que des pétards explosaient par endroits.

Malgré un face à face un peu tendu entre les manifestants et les forces de l’ordre dans une rue huppée du centre-ville, à mi-parcours, aucun incident n’a perturbé la manifestation. Les organisateurs s’étaient aussi dotés d’un dissuasif service d’ordre, armé de manches de pioche. Parti vers 15H30 de la place Gabriel-Péri, sur la rive gauche du Rhône, le cortège a sillonné les rues traversant le centre-ville sous l’oeil des badauds avant d’arriver, deux heures plus tard sans incident, jusqu’à la place de l’hôtel de Ville où il devait se disperser.

Dans la soirée du 14 février, deux adolescents de 16 et 17 ans, militants d’extrême gauche selon des organisations antifascistes, avaient été agressés au couteau lors d’une rixe dans le quartier Saint-Jean, où est implanté un local du mouvement identitaire.

Cinq suspects étaient en cours de présentation samedi après-midi à un juge d’instruction. Le parquet a ouvert une information judiciaire pour « violences avec arme par plusieurs personnes » ayant entraîné une incapacité totale de travail de plus de 8 jours.

« Depuis plusieurs années, les attaques physiques imputables à l’extrême droite ne cessent de se multiplier », écrit dans un communiqué la Coordination libertaire antifasciste, évoquant l’affaire Méric, une attaque à l’arme à feu à Clermont-Ferrand le 17 janvier et des agressions « islamophobes, antisémites et homophobes ». Le collectif de vigilance 69 contre l’extrême droite s’inquiète de son côté de voir « des membres de groupuscules fascistes » s’approprier le quartier de Saint-Jean, sur la rive droite de la Saône, déplorant leur « violence » et leur « sentiment d’impunité ».

Publié par des larbins de la maison Poulaga (LeFigaro.fr avec l’Agence Faut Payer, 22 février 2014)

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[Révolution ukrainienne] Ianoukovitch dégagé

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21 février 2014, Kafranbel, Syrie

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[Révolution ukrainienne] « I supervise people who are organized much better than the radicals. »

Maidan Jewish Commander: “There are no Anti-Semites here. Four other Jews who have some military experience are serving here with me.”

A young man of traditionally Jewish appearance in a cap instead of a Kippah could very well pass for a Yeshiva teacher from a religious school. Yet, he is one of the most important people leading the Maidan Self-defense or Security Corps and is active on the barricades on the Hrushevskiy street in Kyiv.

The story about the man appeared on the Vaad, the Association of Jewish Organizations and Communities of Ukraine web site, Censor.net reports. Per his request we will not disclose his real name, but the rest of his answers are real.

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How did you get here? What does Maidan mean to you, particularly, as a Jewish man?

As many other people in my country I came to Maidan not “for” something but rather “against” many things. It’s always easier to consolidate a society against something. Even before Maidan, I didn’t really like our government but the death of people was the last drop. It was the moment when I realized that I must come to Hrushevskiy street. When I only arrived, I was frustrated by total disorganization, no leader, no clear strategy, and others issues. I had not perceived it as entirely “my war,” but then all of sudden I became one of those controlling the course of the protests. I had organized the self-defense corps, raised barricades, and became a commander of a squad at the requests of many people.

So have you protested on Maidan before you came to Hrushevskiy Street?

I had gone to Maidan a few times to hear meaningless speeches by politicians, empty statements made by the opposition leaders, and I realized that people may get out of control. The protesters lost their patience when the opposition trio came to Maidan after seven-hour long negotiations with the President aiming to test the waters for some compromise. The people sent the opposition to hell and moved toward Hrushevskiy street looking to seize the building of the Verkhovna Rada without having any military background. Since I served in the Israeli army, I was trained in and even participated in anti-terrorist operations. I knew that there will be a lot of blood. I counted people on the barricades and suggested to stay in defense and strengthen the redoubts. At this point, the barricades are strong as they should be.

During storming of the Ukrainian House, I gained total confidence that I must be here as I managed to stay above the rest. One fifteen hundred people tried to seize the building with two hundred interior troops combatants, mostly cadets. There military would have gotten hurt should the protesters reached them. We started a negotiation process which resulted into the Ukrainian House being evacuated without a single gunshot or victims.

Beside you, are there more Jews in the Maidan security corps?

Only in my squad, there are four Israeli people with military experience who came to the Maidan to help avoid the unnecessary loss of human lives. Our group should be named “Blue Helmets” after the the UN peacekeepers. There is much unease on the Maidan caused by lots of people wanting revenge for the bloodshed, and even more people got very tired of the ineffectiveness of the opposition. These hot shots are full of illusions and have no idea what consequences real battles may have. Also, they don’t realize that people stand on both sides of the barricades so our actions must not compromise the humane nature of the Maidan.

Did you come across, not even the anti-semitic but rather a kind of condescending attitude when people see that you are a Jew but yet you participate in the protests. What I mean is that there is a dichotomy: “us” Ukrainians and “them” Jews, the two are separate even if the Jews are seen as fellow travelers or even friends. Ukrainians must also be asking, is this a Jewish war?

I have not felt any such attitudes. From the very first days, I communicated with the Right Sector and UNA-UNSO activists, with all of those with whom I would have found nothing in common in peaceful times. At the same, I position myself exclusively as a religious Jew. Under my supervision are dozens of activists who come from Georgia, Azerbaijan, Armenia, and Russia who never speak Ukrainian but yet there is no place for intolerance toward each other here. They all have showed respect to my religious tradition and know very well what I do and don’t eat, which does not lead to any hostility.

To what extent do your Jewish friends and you personally perceive Maidan as the Ukrainian national revolution? It seems certain that it is when we constantly hear the phrase “Glory to Ukraine! Glory to Heroes!” or when the national hymn is repeated every half hour.

The flag and the anthem are symbols of the state and don’t belong to any party and respect them is a must. In the US, people automatically rise when they hear their anthem although in their words they may not reveal a nationalistic mood.

I am not trying to idealize our protest movement and not quite sure whether a new civic nation is being born on Maidan but I highly appreciate some of these processes. For over twenty years with all the official characteristics of a state, Ukraine was a synthetic entity and its people had little reason to be proud of it. Old stereotypes of Ukrainians who cannot be bothered continued to be cultivated. It’s a miracle nine years after the disappointing failure of the Orange Revolution people rose again. At the march of millions, I was walking with dozens of my Jewish friends next to the members of the nationalist Svoboda party, whose slogans I did not necessarily like. Very few doubted that Maidan may give birth to a united and strong spirit of freedom. At the barricades, a lost feeling of responsibility has revived. In the past, I evidenced a situation where people simply passed by a man lying on the ground. All of a sudden, people who work all day long come to Maidan to spend the night leaving only few hours for sleep. It’s a birth of a civic consciousness.

How heterogeneous is Maidan? How does Praviy Sector manage to exist side by side with liberals and so on? Can we describe Maidan as entity that has been developing mostly independent of the influence of the opposition or the government?

The parliamentary fractions present only 40% of protesters and they do not dominate Maidan. Increasing number of people don’t associate with a political party. Rather, they come here because they feel that’s their civic duty. At the same time, Maidan is a rather well organized body, all factions implement the decisions of the Maidan Headquarters. There was one incident between Svoboda and Spilna Sprava (we call them “The SS Troops”), but that was exception to the rule.

What do you mean by the SS Troops? Is this only the acronym?

No more than that. Not a single faction carries Nazi symbols.

Many of my Jewish friends are convinced that when the revolution wins, everything will normalize. The extremists will get pushed back by the democrats. Are these ideas oversimplified? In reality, being a well organized and disciplined minority, the radicals dominate the soft liberals.

Well-organized extremists are a myth. I supervise people who are organized much better than the radicals. We react much faster and more efficiently. Under my direct supervision, I have thirty people but I can mobilize up to three hundred. Neither OUN [Organization of Ukrainian Nationalists, eds.], nor Pravyi Sector can achieve such impressive results.

Can you briefly describe some main social features of the Maidan security corps?

It is extremely diverse. The members range from the Azejbardzhani sellers working at Pryvoz [a market in Odesa, eds.] to some average managers. An average man is 20 to 30 years old. The number of people who came from western Ukraine and east-central provinces are close to 50/50. Majority does not have clear political sympathies.

The residents of western Ukraine are born and raised feeling respect to a national liberation movement. At the same time, they don’t see radicalism as a behavioral model. A leader of Svodoba, Tyahnybok along with his political party, are not very popular in their main region.

I don’t see a clear pull to the right. The right populists slogans are replaced by declarations of consolidation and a sense of responsibility. The goal is to avoid excesses, to self-govern, and to avoid being portrayed as vandals.

We may approve such acts but who was throwing Molotov cocktails?

Almost all of us as people could not react differently to the rubber bullets and stun grenades flying our way. I am pretty sure that if the government did use force of any kind but it didn’t hurt people, we wouldn’t have this reaction from protesters. The Molotov cocktails was a very light response.

Do Maidan activists realize that a full victory is not possible without the residents of East and South of Ukraine?

Despite the difficulty of the situation, people don’t want to divide Ukraine. For over two months the peaceful protests brought no real change. Only when the Molotov cocktails started flying and the tires burned on the Hrushevskhiy street, the government reacted. Therefore, we will continue a conflict to force the President to compromise. In the other words, we are putting pressure on the government to gain some leverage in the negotiations.

I am not talking about the government that has little support. I refer to regular people standing on both sides of the barricades.

In the east of Ukraine, authorities are using mechanism of intimidation, instilling fear of Banderites and play the nationalist card, including the Jewish one. On the website of Berkut riot police, the anti-semitic moods may have been dropped but a negative image of Maidan as fascists is still perpetuated.

(Our conversation was briefly interrupted by a phone call from an owner of the fashion shop who thanked my interviewer for removing the barricades to return his business to work)

I want to see Maidan retain a humane face, a face our opponents can accept therefore we should not burn our bridges. By all means, we all need to consolidate and realize that it’s not about any political games. It’s about the bright future of the whole Ukraine.

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Do the skeptical if not hostile attitudes of a big part of the Jewish community toward Maidan offend you? At the same time, Ukrainophobia has nothing to do with it but rather 80% of Jews live in the regions where Maidan is not too popular. Do you see a necessity to initiate a dialogue not so much with the government or within the society but within your own community?

It’s so very sad. Someone has mocked me by asking if they should greet me like Hitler. The civic positions are fully misinterpreted. In my mind, the fact that the Jews are on Maidan is approved by God and will build a dialogue between the Jewish population and the future government. This process will help Jews to live and work in our country tomorrow. And, such future perspectives must break the perception that Maidan is not for Jews. With God’s help, when I can remove my mask, none will state that Jews did not get involved.

Every single day, our Lord sends some miracles to Maidan. One time at night, we detained an athletic looking man who said that he was looking for a pharmacy. We thought he was a provocateur, one of titushky. I approached him to ask what was going on. He said that he had stones in his kidneys they hurt badly. He needed an immediate injection. I personally took him to the Ukrainskyi Dim, where he was given a shot, which made him feel better.

However, some real provocations take place like arson of the Dnipro hotel. I manage to tame the fire using the bags with snow. It took fifty minutes for the firefighters to arrive by which time it was almost extringuished.

What have you discovered in yourself, in people around you, and in your country after two months on Maidan?

I was a bit scared that I have to lead hundreds of people during crisis as I didn’t get to accomplish this in my everyday life.

As for the atmosphere, on my first day at the barricades, I remember how all of a sudden a complete stranger offered me something. I saw medicine for sore throat in his hand.

http://juralib.noblogs.org/files/2014/02/067.jpgSome other day, near the Ukrainian House I noticed a group of suspicious people. I came up to them to find out who they were and why they came. One of them apologized and explained that they were praying for people, for peace…

And, I like that. Was it worth to live in this country to end up in Maidan. Yes, it was worth it. I am shocked to see there is no vandalism. On Hrushevskiy street, there are around 1200 people who could have ruined everything within ten kilometers. If a soccer game ends with a wrong score any European city will feel it. There is simply no vandalism here, which proves that our nation is mentally healthy, that not everything is as bad as it seemed half a year ago. Such responsibility is valuable: the tragic events in Bosnia are living proof. The fact that people haven’t lost their face as humans means that we are growing up and there is a future ahead of us.

The interview was taken by Mykhailo Gold at the request of Hadashot – Source
Translated by Oly@Boychuk, Edited by Mariana Budjeryn, Euromaidan PR – Site of the Official English-language Public Relations Secretariat for the Headquarters of the National Resistance in Kyiv, Ukraine – 21 février 2014

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[Nantes / Notre Dame des Landes] Suivi en direct de la manif du 22 février

Nantes / Notre Dame des Landes : Suivi en direct de la manif du 22 février

Le point sur la manif du 22 février à Nantes par quelques Parisiens sur place. Article mis à jour régulièrement. Dernière mise à jour : samedi 22 février 17h10 – Paris-Luttes.info

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16h50 : Les organisateurs parlent de 40’000 à 60’000 participants-es à la manif aujourd’hui. Par ailleurs les affrontements se poursuivent et les flics font usage de grenades assourdissantes. Un certain nombre de manifestant-es (environ 2000) sont pris dans une nasse par les flics qui ne veulent pas les laisser sortir.

16h40 : D’après le site du Télégramme : « Selon nos observations, il y avait au moins 6 ou 7 blessés côté manifestants vers 15 h 30 ».
D’après la préfecture quatre flics sont blessés. Au moins une interpellation. Les flics ont pris pas mal de projectiles (fusées de détresses, pétards artisanaux, fumigènes, billes d’aciers).

16h20 : Les flics tentent de repousser les manifestant-es du Cours Estienne d’Orves et du Cours Roosevelt en direction du square Daviais. La situation est confuse. Plusieurs bâtiments publics ont été pris pour cible (Mairie de Nantes, un commissariat, Office du Tourisme).

16h10 : Un nouvel engin de chantier a été incendié au niveau de la manif. Pendant ce temps là, une des barricade s’est aussi enflammée.

16h00 : Il n’y a plus vraiment de cortège. Les gaz ont disloqué la manif. Encore beaucoup de monde dans les rues de Nantes. Une barricade est en train de se monter rue Bonsecour. Plus loin des poubelles sont en feu. De petits groupes affrontent la police. L’hélicoptère est toujours au dessus du centre de Nantes.
La manif commence à faire les titres des médias nationaux qui rappellent qu’un commissariat et une agence de Vinci ont été attaqués.

15h45 : Affrontement au croisement du Cours des 50 otages et Cours Franklin Roosevelt.

15h40 : Cours Olivier de Clisson, la manif est temporairement stoppée. Une partie du cortège a visiblement décidé d’attaquer un barrage policier qui empêchait la progression sur une des rues latérales. Le gros de la manif ne progresse plus et reste en soutien. Les keufs arrosent largement tout le monde de lacrymos depuis une grosse demi-heure. Certaines personnes lancent des bouteilles en direction des cordons policiers.

15h20 : Les tirs de lacymos continuent, la batucada aussi.

15h05 : Ça continue à gazer. Les canons à eau sont de sortie. Les flics ont tiré massivement et indistinctement loin dans le cortège. Certains manifestants refluent vers Île de Nantes.
Apparemment un face à face tendu Place de l’Écluse. Les manifestant jettent de gros pétards artisanaux contre les barrages policiers. Ceux ci répondent avec les lacrymogènes.
On rappelle que vous pouvez aussi suivre ce direct pour avoir d’autres infos et photos.

14h55 : Premier lancer de gaz lacrymogène massif de la part des flics sur la place du Commerce.
Une stratégie s’est mise en place petit à petit : les tracteurs s’interposent entre les keufs et les manifestants qui s’en donnent à cœur joie !

14h50 : On parle finalement de près de 500 tracteurs présent sur Nantes.
Par ailleurs un engin de chantier appartenant à Vinci brûle en ce moment dans le centre de Nantes.

Des manifestant-es ont re-peint les murs d’un commissariat de la Police Nationale.
La tête de manif est déjà arrivée quand la fin du cortège vient à peine de partir.

14h30 : Plusieurs vitrines à terre notamment celle de Vinci au 44 rue de Strasbourg.

La situation est plus tendu. Un hélico vient d’arriver au dessus de la manif.

14h10 : Les banques sur le parcours se font recouvrir de peinture. Des cordons de flics aussi. Quelques banderoles de partis politiques mais leurs cortège reste très minoritaire par rapport aux cortèges « No Ayraultport » et assimilés. Pour l’anecdote, banderoles des Basques et des NO TAV.

14h05 : Comme prévu, le parcours imposé par la préfecture est complètement insuffisant. Une petite centaine de tracteurs et de nombreux manifestants Quai de Turenne. L’ambiance est festive à ce niveau là…

13h55 : La manif se poursuit. Des banques sont taguées « Vinci Dégage ! ». Beaucoup de fumigènes sont allumés. Batucada. Bonne ambiance.

13h35 : Les quatre bus en provenance de paris viennent d’arriver sans encombre au départ de la manifestation contre l’aéroport de NDDL.

13h30 : Le cortège s’élance. Sur une banderole il est écris « Aéroport = capitalisme : arrêt immédiat ».
De nombreux manifestants sont encore bloqués dans les bouchons.

13h20 : Environ 10’000 personnes déjà présentes devant la préfecture de Loire Atlantique à Nantes. De nombreux manifestants arrivent encore.

13h15 : Plusieurs centaines de tracteurs convergent sur Nantes (les sources parlent de 110 à 300 tracteurs !!!). Des bouchons sont signalés sur le périphérique de Nantes.
Vous pouvez aussi suivre le direct assuré par les camarades de la ZAD.

12h15 : Déjà entre deux et trois milles personnes sur place. La manifestation n’est appelée qu’à 13h00.

12h00 : 20 tracteurs sont arrivés rue de Strasbourg par la rue Bellamy.

11h30 : Les 800 mètres dédiés aux manifestant-es sont déjà bien remplis, deux heures avant le début de la manifestation. Plusieurs centaines de personnes déjà présentes parlent avec les voisins et les habitants du quartier. Il y a un nombre de flics hallucinant. Tout le centre de Nantes est grillagé.

11h00 : Déjà de nombreuses personnes présentes sur place. Le dispositif policier est impressionnant. Hélicoptère, canon à eau… Pour l’instant l’ambiance est détendue sur place.

8h00 : Le parcours déposé par les manifestants a été refusé. Le parcours retenu serait celui ci. Rue de Strasbourg -> Cours Estienne -> Boulevard Phillipot-> Square Daviais. En tout seulement 800m alors qu’on attend plusieurs milliers de manifestants-es. On se demande si la Préfecture ne tente pas de frustrer les gens qui vont arriver sur place.

6h30 : Les bus au départ de Paris à destination de Nantes sont partis sans encombre.

Paris-Luttes.info, 22 février 2014

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[Genève] Manifestation du 14 février contre l’UDC et son monde

Manifestation contre le racisme !

Le vote de dimanche dernier représente une étape supplémentaire dans le triomphe de l’extrême droite en Suisse. Tout le monde sait que l’initiative profondément xénophobe de l’UDC ne fera qu’empirer la situation des étrangers en Suisse, mais plus globalement, elle signale surtout la présence d’un racisme profondément ancré dans le pays.

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Contrairement à l’argument mensonger de l’UDC, l’étranger n’est pas le responsable mais la victime de la sous-enchère salariale au même titre que les travailleur-ses suisses. Estampillée « UDC » ou « libérale », c’est la classe politique qui organise la précarité et divise pour mieux régner. Comment les croire lorsqu’ils dénoncent le racisme tout en appelant à la construction de nouveaux centres de rétention pour les sans-papiers ?

Refusons les fausses oppositions ! Ces gens-là font partie du même camp !

Face à la montée de l’extrême droite, en Suisse comme dans le reste de l’Europe, la nécessité de s’organiser et de résister massivement dans la rue se fait plus évidente que jamais. À Bâle, Berne et à Zurich, des manifestations spontanées ont par exemple eu lieu le soir même de la votation. Alors que l’accord se fait dans un grand nombre d’esprits sur le caractère désastreux du système capitaliste, préparons une riposte antifasciste, unissons-nous toutes et tous contre l’extrême droite !

Vendredi 14 février : Rassemblement à 22h00 précises à la place des Volontaires (devant l’Usine).

Coordination contre l’UDC et son mondeLe Réveil

 

Genève. Ils défilent pour afficher leur haine de l’UDC

Quelque 450 manifestants ont sillonné les rues vendredi soir pour protester contre l’acceptation par le peuple de l’initiative « Contre l’immigration de masse ».

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Place des Volontaires, devant l’Usine. Les meneurs préparent la sono. Quelque 450 jeunes gens se sont réunis devant l’Usine. Le cortège s’ébranle. Derrière la banderole, des jeunes gens masqués, très minoritaires. En queue de cortège, une fanfare. L’ambiance est bon enfant. Les manifestants empruntent le pont de la Coulouvrenière. Arrivée dans les rues des Pâquis. Employés et clients des kebabs sortent sur la chaussée pour observer le spectacle. Les badauds sont amusés, pour la plupart. Ils prennent des photos.

Voilà six jours que le peuple Suisse a accepté l’initiative « contre l’immigration de masse » de l’UDC, et ils battent le pavé. Depuis mardi, des affiches fleurissaient sur les murs de la ville. « Les urnes vomissent du racisme, contre l’UDC, ses alliés et leur cortège de lois qui puent, prenons la rue ! », disaient-elles. Vendredi soir, à 22 heures, ils sont 450 à s’être réunis devant l’Usine, temple de la culture alternative genevoise.

Antifas, punks et étudiants ordinaires

Ils ont une vingtaine d’années, dans leur écrasante majorité. Une poignée d’« antifas » sont là, le visage masqué. Quelques punks les accompagnent. Il y a les jeunesses de SolidaritéS. Une petite fanfare bon enfant. Et beaucoup de jeunes dont le seul signe distinctif est leur évidente aversion du complet-cravate. De petits discours anticapitalistes sont prononcés. « L’étranger n’est pas le responsable mais la victime de la sous-enchère salariale. » La sono crache du ska espagnol.

Slogans récurrents

Le cortège s’ébranle. Il est 22h30. Aucune autorisation n’a été déposée pour manifester, mais la police, fort discrète, tolère le défilé. Quelques torches sont allumées, les jeunes gens masqués ouvrent la marche, les slogans les plus repris sont convenus : « Justice nulle part, police partout », « Flics, Etat, assassins », « À mort les fascistes ». Durant l’été 2012, les mêmes étaient scandés après qu’un chanteur punk ait été poignardé par un skin.

L’indignation d’une jeune femme

Il est aussi question du scrutin contesté. « C’est ça, la riposte à Genève, Suisses, étrangers, on est là dans la rue ! » La troupe se dirige vers la gare. Une jeune femme est encore abasourdie par le résultat du vote. Elle est catastrophée par le taux d’abstention (44,2%), pourtant fort bas selon les standards helvétiques. Elle s’indigne que Genève se fasse imposer un texte dont le canton n’a pas voulu. Elle parle d’une copine, dont la mère est immigrée, qui a voté oui. Elle est révoltée.

« Ce sont des clochards »

Le cortège passe devant le McDonald de la rue de Lausanne. Les vitrines sont sprayées de signes anarchistes. Les manifestants pénètrent dans les Pâquis. Des touristes asiatiques attablés dans un restaurant les observent médusés. Clients et employés des kebabs de la place sortent sur le trottoir, prennent des photographies. Ils ne montrent ni enthousiasme, ni hostilité. Tout au plus entend-on une remarque d’une jeune femme d’origine africaine. « Ce sont des clochards », glisse-t-elle à son copain. Des torches sont à nouveau allumées. Le spectacle intrigue les passants.

« Vous pourrez bientôt voter »

Retour à l’Usine. En chemin, un jeune punk aborde un couple d’origine étrangère. « Si on se bat, vous pourrez bientôt voter », promet-il. Il est minuit. Les rues alentours sont calmes. Des couples endimanchés se baladent roses à la main en cette nuit de Saint-Valentin. Des quadragénaires dansent au son d’Indochine dans un café adjacent. Des jeunes femmes en talons boivent une coupe de champagne dans un bar lounge. Plusieurs Genève vivent leur vies les unes à côté des autres, en bonne intelligence. Sur la place Neuve est parqué un fourgon de police, au cas où. Il ne servira à rien.

Leur presse (Jérôme Faas, 20min.ch, 15 février 2014)

 

Immigration de masse. 450 jeunes manifestent contre le résultat des votations du 9 février

Quelques fumigènes, quelques slogans sprayés ici et là, mais pas de débordements.

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Rassemblement vendredi à 22 heures devant l »Usine à la place des Volontaires pour manifester contre le succès de l’initiative de l’UDC s’opposant à « l’immigration de masse », contre la progression des idées xénophobes et la montée de l’extrême-droite. À l’appel du collectif d’étudiants et d’étudiantes antiracistes et de solidaritéS groupe jeunes, quelque 450 étudiants et collégiens sont partis vers 22h15 de la place des Volontaires en direction de la gare, puis des Pâquis. Masques et cagoules pour certains, torches à la main et fumigènes, ils ont parcouru la ville en musique derrière la banderole : « Les seuls étrangers dans nos quartiers sont les flics et les fachos » et en criant des slogans comme : « Pas de fachos dans nos quartiers et pas de quartier pour les fachos ! »

Les quelques discours avant le départ de la manifestation s’en sont pris « à la montée de l’extrême droite en Suisse et en Europe », au « patronat qui organise la précarité et divise pour mieux régner » et à « la classe dominante responsable de la montée des idées racistes en Suisse. »

De manière plus générale, bon nombre de jeunes se disent choqués et révoltés par le résultat de la votation de dimanche dernier. Comme Alice, 18 ans, étudiante dans une école de Théâtre qui trouve tout cela « nauséabond » et qui aurait aimé qu’il y ait encore bien plus de monde à la manifestation pour exprimer désaccord et révolte.

Rendez-vous est pris avec tous ceux que la question intéresse au Café Gavroche le jeudi 20 février (une table ronde pour « organiser la résistance ») et le mercredi 26 février pour une conférence-débat dont le thème sera : « Comment combattre le racisme et la montée de l’extrême droite ? ».

Le cortège a ainsi parcouru la rue du Stand et traversé le pont de la Coulouvrenière jusqu’à la gare pour descendre ensuite par la rue de Monthoux, rue de Berne et retour vers l’Usine aux alentours de minuit. Quelques fumigènes, quelques slogans sprayés ici et là et parfois une certaine nervosité à l’égard des caméras et des appareils de photo, mais pas de débordements. La manifestation a été accueillie plutôt avec intérêt, amusement et sympathie par les passants de tous ces quartiers, les clients des restaurants et les noctambules de la Saint-Valentin.

Leur presse (Catherine Focas, TDG.ch, 15 février 2014)

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