BAC de Marseille : « 1000 euros par jour de revenus illégaux »
Trente policiers de la BAC nord de Marseille ont été suspendus pour des pratiques plus proches de celles de voyous que de gardiens de la paix. Pour les mettre en cause, les enquêteurs ont procédé à des écoutes édifiantes dans les voitures des policiers incriminés. RMC a pu en prendre connaissance.
Ça n’arrête pas à Marseille. Après les 12 mises en examen de fonctionnaires de la police de la BAC Nord pour « vols et extorsion en bande organisée » en fin de semaine dernière, 18 autres policiers ont été suspendus ce week-end. Au total donc, 30 policiers sont suspendus dans le service. Sept d’entre eux, soupçonnés d’avoir volé et extorqué de l’argent et de la drogue à des dealers, ont été écroués et cinq autres placés sous contrôle judiciaire, après leur mise en examen vendredi soir.
Dans la foulée, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, avait annoncé vendredi soir la dissolution de l’équipe de jour de la BAC Nord à laquelle ils appartiennent. Une équipe aux pratiques bien douteuses, comme le correspondant d’RMC à Marseille, Lionel Dian, a pu le constater en prenant connaissance d’écoutes opérées dans les voitures des policiers incriminés.
« Se comporter comme des voyous de façon quotidienne »
Ils ne savaient plus comment dépenser tout l’argent qu’ils avaient détourné. Yves Robert, délégué du syndicat d’officiers SNOP, n’en revient toujours pas, racontant « des dialogues assez surprenants entre les fonctionnaires ripoux ».
Chez l’un d’entre eux, 100’000 euros en liquide ont été découverts cachés dans le jardin, et Yves Robert reconnaît que « certains fonctionnaires de la BAC nord avaient en moyenne 1000 euros par jour de revenus illégaux ». Les conversations enregistrées dans leur voiture en disent long sur leur vision du métier. On y entend un policier se plaindre de ne plus savoir quoi faire de l’argent, son collègue lui conseille de creuser une piscine. « Ça, c’est déjà fait », lui répond-il alors. Son coéquipier lui suggère alors d’acheter une voiture pour sa fille.
Autre conversation, autres policiers, deux d’entre eux, après avoir volé des cartouches de cigarettes à un vendeur à la sauvette, se plaignent : dans leur ancien service, la récolte était bien meilleure, regrettent-ils. « Évidemment, se comporter comme des voyous et de façon quotidienne, ça pose des questions sur l’évolution de certains policiers en France », regrette Yves Robert.
« L’atmosphère de déliquescence qui régnait »
Pas question pour autant de mettre tout le monde dans le même panier. Pour Maître Frédéric Monneret, l’avocat d’un des policiers mis en examen, c’est un système qui doit être mis en cause, pas forcément ses hommes. Son client, sous contrôle judiciaire, n’a pas été écroué. Âgé de 29 ans, fils et petit-fils de policier, son rêve était d’entrer à la Bac Nord, il n’y était que depuis un an. « Lorsqu’il est arrivé, regrette l’avocat, il a été confronté à une situation qui préexistait, qui consistait notamment à ne pas rédiger de procès-verbaux relatant l’inventaire des objets saisis, il lui avait été expliqué que c’était une perte de temps. Il ne pouvait pas en arrivant jouer les Saint Juste, dénoncer certaines pratiques. Il avait peut-être peur, au regard de son âge, de se faire virer tout simplement, étant peut-être berné par cette atmosphère de déliquescence qui régnait dans ce service ». Au total, avant sa dissolution par le ministre, les trois-quarts de la brigade de jour de la BAC Nord de Marseille ont été sanctionnés.
Publié par des larbins de la maison Poulaga (RMC.fr, 9 octobre 2012)
Scandale à la BAC de Marseille : questions sur l’encadrement des policiers mis en cause
L’enquête a démarré il y a un an, mais la combine durait depuis près de dix ans. Douze policiers de la brigade anticriminalité (BAC) nord de Marseille, soupçonnés d’avoir volé et extorqué de l’argent et de la drogue à des dealers, ont été mis en examen dans la nuit du 5 au 6 octobre. Sept d’entre eux ont passé leur premier week-end en prison. Les fonctionnaires suspectés étaient à peine sortis du bureau du juge que le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, a annoncé leur suspension, de même que la dissolution de l’équipe de jour de la BAC nord à laquelle ils appartenaient.
Sans être poursuivis par la justice, dix-huit autres membres de la brigade ont fait l’objet de suspensions administratives, a-t-on appris dans la journée du lundi 8 octobre.
Cette « affaire lourde est loin d’être terminée », a indiqué Jacques Dallest, le procureur de la République de Marseille. Le magistrat a parlé d’une « véritable gangrène » qui rongeait cette unité de police et, selon plusieurs sources jointes par Le Monde, d’autres interpellations pourraient avoir lieu dans les jours à venir. En fait, une trentaine de policiers se seraient peu ou prou livrés à ces pratiques délictueuses dont les prémices remonteraient à 2003-2004. Toutefois, ce n’est qu’à partir de 2008 que les premières rumeurs ont bruissé dans les couloirs de « l’Évêché », le surnom de l’hôtel de police départemental.
Au fil des ans, le système qui, au départ, consistait à carotter de-ci de-là quelques voyous, s’est « clairement érigé en organisation », souligne un responsable policier. Le butin amassé — dont une partie a été découverte lors des fouilles effectuées en milieu de semaine dernière dans les vestiaires et les faux plafonds des locaux de la BAC nord — s’élèverait à plusieurs dizaines de milliers d’euros. « Ces fonctionnaires se faisaient un complément de revenus auprès de ceux qu’ils étaient chargés de faire tomber », déplore un policier de haut rang. Les intéressés évoquent l’existence d’une « caisse » pour financer des indicateurs.
ALERTÉS DÈS 2011
Il a fallu attendre octobre 2011 pour que l’inspection générale de la police nationale (IGPN, police des polices) démarre les investigations. En septembre 2011, des élus et des habitants des quartiers nord ont alerté le préfet chargé de la sécurité alors en poste à Marseille, Alain Gardère. Un jour de septembre, un habitant d’une cité avait repéré le manège bizarre de trois personnes circulant à bord d’une voiture banalisée. Après avoir relevé l’immatriculation de ce véhicule, il l’a transmise au haut fonctionnaire. Vérifications faites, la voiture était enregistrée dans le parc automobile de la police marseillaise et était affectée, ce jour-là, à une équipe de la BAC nord chargée de patrouiller dans le secteur désigné par le témoin.
Le parquet de Marseille est alors informé et l’IGPN saisie dans une totale discrétion. Des micros sont disposés dans les véhicules et les vestiaires des équipes de la BAC nord, les téléphones sont placés sur écoute.
L’affaire s’ébruite début 2012, lorsque des premières fuites transpirent dans des journaux. Sur les écoutes, les policiers « ripoux » se montrent prudents. Visiblement sur leurs gardes, ils ne sont pas très prolixes au téléphone. En revanche, les conversations interceptées à bord des véhicules sont « accablantes », souligne M. Dallest.
Au-delà du discrédit qu’elle jette, cette affaire suscite de vives interrogations sur l’encadrement de ces policiers et sur d’éventuelles bienveillances dont ils auraient pu bénéficier au sein d’une hiérarchie qui, pendant des années, est restée sourde et aveugle. Au stade actuel, l’information judiciaire en cours ne concerne que des gardiens de la paix et n’éclabousse pas les officiers ni les commissaires. « Je regrette que personne dans la hiérarchie n’ait pu arrêter tout cela, alors que ça durait depuis plusieurs années », s’est étonné le délégué régional du Syndicat national des officiers de police, Yves Robert.
Jusqu’en juillet, Pascal Lalle, aujourd’hui directeur central de la sécurité publique (DCSP) à Paris, était directeur départemental à Marseille où il était arrivé fin 2008. « J’ai été alerté début 2010 par des élus que des rumeurs couraient sur certains policiers de la BAC, a-t-il assuré au Monde. Mais il fallait être prudent. Toute la difficulté était d’agir sur des bases juridiques. On ne pouvait pas partir sur de simples rumeurs, au risque d’atteindre des policiers propres. »
Dès fin 2009, il avait attiré l’attention des gradés et fait appel à « leur vigilance ». Il avait ordonné des rotations de personnels afin de rompre avec les phénomènes de copinage, constatant qu’avant son arrivée à Marseille, les chefs d’équipage des BAC continuaient à tourner avec les groupes dont ils faisaient partie quand ils étaient simples brigadiers. « Il n’y avait plus de commandement », lâche celui qui, désormais, dirige la sécurité sur l’ensemble du pays.
Publié par des larbins de la maison Poulaga (Yves Bordenave, LeMonde.fr, 8 octobre 2012)
Marseille : de nouveaux policiers de la BAC suspendus
INFO LE FIGARO – Dans cette affaire de corruption, ce sont désormais 30 agents qui sont sanctionnés. Le projet de fusionner les trois brigades de la ville se pose.
L’affaire de la BAC nord de Marseille n’est pas terminée. Dix-huit nouveaux membres de cette brigade anticriminalité des quartiers Nord de la Cité phocéenne ont été, selon nos informations, suspendus le week-end dernier pour manquement aux règles déontologiques. Avec les douze fonctionnaires mis en examen vendredi (dont sept écroués et cinq placés en contrôle judiciaire) et donc d’ores et déjà suspendus sur les 28 entendus par les enquêteurs de la police des polices la semaine dernière, cela portera à 30 le nombre des agents de la BAC nord sanctionnés pour cette affaire de rackets et vols de drogue et d’argent des dealers des cités par des policiers! Les dix-huit gardiens de la paix sont suspendus dans l’attente de passer en commission de discipline mais ils ne sont pas inquiétés par la justice pénale. La moitié des effectifs de l’équipe de jour de la BAC nord est toutefois bel et bien mise en cause.
Combler le manque d’effectifs
Dans ces conditions, le service totalement désorganisé a été dissous par Manuel Valls. Le rappel des vacanciers ou des agents en récupération ne pouvait pas suffire à combler le manque d’effectifs. Le nouveau directeur départemental de la sécurité publique, Pierre-Marie Bourniquel, est en train de préparer une réorganisation de l’ensemble des trois BAC de Marseille, Sud, Centre et Nord. Cela pourrait passer par une fusion des trois services car il craint que les remplacements des fonctionnaires révoqués ne soient pas évidents à obtenir. Marseille fonctionnerait ainsi comme Paris ou Lyon, où il n’y a qu’une seule BAC.
Fusion des BAC
Chaque brigade ayant 60 à 70 fonctionnaires, la fusion des trois permettrait de tabler sur quelque 200 personnes et de mixer les effectifs. L’ensemble devrait être commandé par un seul patron, qui disposerait de trois adjoints dans chaque antenne de proximité, au Sud, centre et nord.
« Nous n’y sommes pas favorables, nous défendons le maintien de trois BAC à Marseille car la ville a un territoire qui s’étend sur 30 kilomètres », commente Yves Robert, secrétaire zonal sud du syndicat des cadres de la sécurité intérieure. Ce dernier fait d’ailleurs remarquer que Pascal Lalle, ancien DDSP à Marseille et désormais directeur central de la sécurité publique, n’y était pas favorable non plus. Mais devant l’ampleur de la saignée dans le service, il ne semble pas y avoir d’autres solutions.
Publié par des larbins de la maison Poulaga (Aliette de Broqua, LeFigaro.fr, 8 octobre 2012)
Malaise dans la police
De Michel Neyret à la brigade anti-criminalité de Marseille, la police fait face ces derniers mois à une succession d’affaires de « ripoux » présumés auxquelles s’ajoute, cette semaine, l’ouverture d’une enquête visant trois policiers de la BAC d’Arras soupçonnés de violences en réunion. S’agit-il, comme le suggèrent plusieurs responsables, d’une embarrassante « loi des séries » qui ne concernerait qu’une « minorité de cas », ou, comme d’autres le dénoncent déjà, de « réelles et inquiétantes dérives » de l’institution policière elle-même?
L’arrestation de fonctionnaires de la brigade anti-criminalité (BAC) nord de Marseille, mardi, pour vol et extorsion, dont sept ont été écroués et cinq placés sous contrôle judiciaire, a suscité une « onde de choc » parmi les policiers, affirment des sources internes.
Cette affaire qui se solde par la dissolution de l’équipe de jour de la BAC Nord, fait suite à plusieurs autres dérapages ayant conduit depuis un an à l’ouverture d’enquêtes ou à des condamnations de policiers. La plus emblématique est l’affaire visant Michel Neyret, l’ex-numéro 2 de la police judiciaire de Lyon, mis en examen depuis un an dans une affaire de corruption.
Souvent sous couvert de l’anonymat, certaines sources policières jugent que cette série met en avant de « réelles et inquiétantes dérives », dont il « convient de tirer les leçons ».
Elles relèvent à cet égard les liens, pour certaines affaires, avec les stupéfiants, phénomène jugé « très inquiétant » pour des « fonctionnaires armés ».
« Tout le monde sait que, dans les affaires disciplinaires, on voit depuis quelques années des affaires de shit, usage ou parfois trafic », relate un haut fonctionnaire en poste dans l’une des inspections de la police qui traquent les « ripoux ».
Lors d’un contrôle médical de jeunes recrues policières, ajoute ce haut fonctionnaire, un « nombre important » d’entre elles ont été ainsi contrôlées « positives » à l’usage de drogue « lors d’analyses d’urine ».
Éric Meillan, l’ancien « patron » de la « police des polices » à Paris, avait lui aussi observé ce phénomène qui « touche des policiers comme l’ensemble de la société ». Il avait d’ailleurs demandé, en vain, un « dépistage systématique » de drogue chez les policiers. Mais il relativise : « Ce sont souvent des usages, rarement du trafic » et c’est « minoritaire ».
En déplacement ce samedi à Lille, Jean-Marc Ayrault a lui même mis en garde contre « l’amalgame. L’immense majorité de ceux qui servent l’État le font avec le sens du devoir et le sens des valeurs de la République », a déclaré le Premier ministre, en exigeant par ailleurs « l’exemplarité la plus totale » de la part de ceux qui exercent l’autorité de l’État. « Ça vaut pour tous les responsables politiques, ça vaut aussi pour tous les agents de l’État », a-t-il conclu.
Publié par des larbins de la maison Poulaga (Le Petit Bleu de Lot-et-Garonne / LaDepeche.fr, 7 octobre 2012)
Sept policiers de la BAC de Marseille écroués, leur service dissous
Ils sont suspectés d’avoir volé et extorqué de la drogue et de l’argent à des dealers.
Sept policiers de la brigade anti-criminalité (BAC) du nord de Marseille, soupçonnés d’avoir volé et extorqué de l’argent et de la drogue à des dealers, ont été écroués et cinq autres placés sous contrôle judiciaire, après leur mise en examen vendredi soir, selon le parquet.
Dans la foulée, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a annoncé qu’il suspendait de leurs fonctions ces 12 fonctionnaires et prononcé la dissolution de l’équipe de jour de la BAC Nord à laquelle ils appartiennent.
« Les faits pour lesquels ils sont poursuivis sont d’une exceptionnelle gravité » et « s’ils sont avérés », ils « portent atteinte à l’honneur et à la probité dont doivent être porteurs celles et ceux qui assurent la sécurité de nos concitoyens », a expliqué l’Intérieur dans un communiqué.
« En dépit d’une ampleur que nul ne conteste, cette affaire ne doit pas conduire à jeter le discrédit sur l’ensemble des 7000 policiers des Bouches-du-Rhône », a souhaité le ministère. M. Valls sera à Marseille le 12 octobre pour le congrès du syndicat de policiers Alliance.
Le procureur de la République, Jacques Dallest, avait évoqué précédemment devant la presse une véritable « gangrène » au sein du service de police concerné et « une affaire lourde, loin d’être terminée ». « Il est envisageable que d’autres personnes soient impliquées pénalement », a-t-il dit.
Me Béatrice Manoukian, avocate de l’un des policiers écroué, qu’elle a dit « effondré », a regretté un « dossier qui fait beaucoup parler, trop parler ». Me Pascal Roubaud, dont le client a été placé sous contrôle judiciaire, s’est lui félicité que « le juge ait su ramener les choses à leur exacte proportion ».
L’instruction est menée depuis le 22 février par les juges Patricia Krummenacker et Caroline Charpentier pour des faits de vols et d’extorsion commis en bande organisée, passibles de 20 ans de réclusion, et d’infractions à la législation sur les stupéfiants.
Treize policiers avaient été placés en garde à vue depuis mardi et 15 ont été entendus librement par 30 enquêteurs de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Soit au total 28 membres de l’équipe de jour de la BAC Nord, qui compte 70 personnes en tout, ayant aussi une équipe de nuit.
Les mis en cause sont âgés de 25 à 50 ans environ et le plus gradé est brigadier-chef. « De très gros moyens » ont été employés pour les surveiller, avec la pose de micros et de caméras dans les locaux de la BAC et les véhicules de fonction.
Selon le procureur, les conversations enregistrées sont « accablantes » et révèlent « tout un catalogue d’agissements inacceptables ». Vol, racket, trafic de drogue, « tout y passe et de façon répétée dans le temps », a-t-il souligné.
En outre, 450 grammes de cannabis et d’herbe et plusieurs sommes d’argent, dont la plus importante est de 800 euros, ont été découverts cette semaine lors de fouilles dans les vestiaires et les faux plafonds de la BAC Nord.
Cette affaire « exceptionnelle », selon la Direction générale de la police nationale, secoue la police marseillaise, qui avait déjà fait l’objet d’une opération « mains propres » à l’été 2010 sur fond d’arrestations dans le milieu du banditisme et de soupçons de fuites.
Pour Alphonse Giovannini, du syndicat Unité SGP Police, « les policiers sont blessés dans leur chair. Il y a des collègues qui ont trahi la profession, mais c’est une infime partie ».
« Ce que je regrette, c’est que personne dans la hiérarchie n’ait pu arrêter tout cela alors qu’on a une pluralité d’acteurs et que ça durait depuis plusieurs années », a relevé de son côté Yves Robert, du Syndicat national des officiers de police.
À l’automne 2011, un ancien chef de la BAC nord avait été mis en examen pour violation du secret professionnel et interdit d’exercer dans le département. Une source proche de l’enquête avait indiqué jeudi qu’un lien était fait entre cette affaire et l’actuelle, mais une source judiciaire a assuré vendredi que les procédures étaient distinctes.
Publié par des larbins de la maison Poulaga (Agence Faut Payer, 6 octobre 2012)