[Toulouse] Sur l’expulsion du 22 rue Demouilles

Nouvelle expulsion d’un squat, la veille sociale exerce toujours son droit de retrait

Les occupants des anciens locaux de l’URSSAF rue Demouilles ont été expulsés lundi matin. Une action qui fait suite à la décision du tribunal d’instance de Toulouse saisi par l’URSSAF. Dans le même temps, les travailleurs de la veille sociale toulousaine continuent d’exercer leur droit de retrait.

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Lundi matin, les forces de l’ordre ont expulsé les occupants du squat du 22 rue Desmouilles.

Un hélicoptère mobilisé

Quartier bouclé et CRS au coin des rues. La scène se répète au fil des semaines dans différents quartiers de Toulouse depuis la fin août. Après l’AFPA allée des Demoiselles et le PAIO à deux reprises la semaine passée, c’est au tour du 22 rue Demouilles de faire l’objet d’une expulsion par les forces de l’ordre. Ainsi lundi matin, plusieurs dizaines d’hommes ont procédé à l’expulsion d’une cinquantaine d’habitants de ce squat occupé depuis le 3 septembre. Selon des témoignages, un hélicoptère aurait même été mobilisé par la préfecture au petit matin pour « lancer l’assaut » depuis le toit du bâtiment. En vol stationnaire, l’hélicoptère aurait ainsi largué des hommes via des cordes de rappel pendant que d’autres investissaient l’entrée au sol.

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La trentaine d’habitants présents sur place a été escortée par la police. Les familles avaient déjà quitté les lieux.

Dans un communiqué, la préfecture justifie cette expulsion en invoquant la décision du tribunal d’instance de Toulouse donnant 48 heures aux occupants illégaux pour quitter les lieux. L’URSSAF, propriétaire du bâtiment avait laissé quelques jours supplémentaires aux occupants pour organiser leur départ. La préfecture indique également « qu’un dispositif particulier était proposé par l’État pour accueillir d’éventuelles familles occupant l’immeuble » consistant notamment en un « accueil personnalisé. »

Un dispositif qui n’aura servi à rien selon la préfecture puisqu’« aucune famille n’a été trouvée dans l’immeuble. » Normal pour les militants du droit au logement qui dénoncent une partie de poker menteur : « On ne va pas se servir d’enfants pour faire bouclier humain face à la police » justifient les militants pour expliquer l’absence des familles lundi matin. « Elles ont été relogées ailleurs, le but n’est justement pas de les exposer. »

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Les travailleurs sociaux se disent démunis

Un dispositif d’accueil opportun qui apparemment n’était pas en place la semaine dernière. Interrogée, la préfecture devrait nous détailler ce dispositif dans la journée. Les occupations successives du PAIO et du SAIO visaient justement à dénoncer le manque de propositions de relogement des familles habitant au 22 rue Demouilles. Une démarche qui a trouvé un écho chez les travailleurs sociaux qui exercent leur droit de retrait depuis jeudi. Interrogé sur le sujet, Stéphane Robaire, travailleur social au 115, livre un constat sévère : « On n’en peut plus. On fait 90 à 95% refus par jour. Lorsque les familles de la rue Demouilles sont venues, ils étaient au bon endroit. Sauf que nous n’avons rien à leur proposer ». Il manquerait selon lui « 150 à 200 places d’hébergement à Toulouse. » Des chiffres dont les services de la préfecture seraient avisés.

Mais « la confiance est rompue. On ne sait pas pourquoi mais la préfecture refuse d’admettre nos chiffres. Et quand nous leur faisons parvenir des demandes d’hébergement, ils ne nous répondent même pas. » La veille sociale est ainsi obligée d’effectuer 170 refus par jour pour une place disponible en moyenne. « Je ne suis pas militant. Mais il faut admettre qu’au sujet de l’hébergement de familles à la rue, c’est le CREA qui nous débrouille le plus de situations. » Des déclarations à contre pied de la préfecture qui dénonce « des envahissements qui ont gravement porté atteinte à l’activité sociale menée par ces structures au profit des plus démunis. » Les travailleurs sociaux rencontrent lundi après-midi les services de la préfecture et décideront de la suite du mouvement à l’issue de la rencontre.

En attendant, les familles concernées sont encore aujourd’hui hébergées via des structures autogérées mais « illégales » pour les autorités.

Leur presse (Xavier Lalu, Carré d’info, 8 octobre 2012)


La Préfecture s’occupe des « plus démunis » : elle les expulse

TOULOUSE. Un hélicoptère qui survole l’immeuble avec descente en rappel de policiers sur le toit. Quarante camions d’unités diverses des forces de l’ordre, selon des témoins. Des agents en civil, d’autres en uniforme, d’autres encore équipés « comme Robotcop », selon ces mêmes témoins…

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Ce déploiement à 7h30 ce lundi matin 8 octobre au 22 de la rue Demouilles à Toulouse pour évacuer le squat de l’immeuble de l’URSSAF occupé depuis le mois d’avril dernier par des SDF et des familles sans toit avec lesquelles LibéToulouse a pu précédemment s’entretenir.

Les sans-toit qui préfèrent squatter que de dormir dans la rue sont-ils devenus si dangereux ?

« Il s’agissait d’exécuter la décision du tribunal de grande instance de Toulouse rendue le 24 septembre 2012 qui avait donné aux occupants illégaux 48 heures pour quitter les lieux », se justifie tout de suite la préfecture auprès de la presse.

Le communiqué préfectoral conclut sur une dernière justification : « Les trois envahissements successifs la semaine dernière à Toulouse des locaux du Pôle d’Accueil d’Information et d’Orientation (PAIO) et du Service d’Accueil d’Information et d’Orientation (SAIO) ont par ailleurs gravement porté atteinte à l’activité sociale menée par ces structures au profit des plus démunis. »

Raccourci saisissant :

L’hébergement d’urgence aurait ainsi été empêché par une bande d’affreux qui occupent les lieux où les gentilles autorités prennent soin « des plus démunis ». Raccourci saisissant. À moins que, parce qu’elle avait la tête ailleurs, ladite préfecture n’ait pas vu que les acteurs de la Veille Sociale se sont mis en panne depuis bientôt une semaine parce que les autorités en question ne font rien pour améliorer une situation très dégradée de l’hébergement d’urgence, rendant leur travail « impossible ».

Aucune arrestation ce matin, les 26 occupants du logement étant juste priés de déguerpir après un contrôle d’identité. Dans ce qui devient une guerre du logement à Toulouse, les autorités ne veulent pas s’encombrer de prisonniers. Ne serait-ce qu’une garde-à-vue au seul motif que l’on est forcé de dormir dans la rue, cela ferait un peu tâche, en effet.

Une assemblée générale du Collectif pour la Réquisition, l’Entraide et l’Autogestion (CREA) est prévue ce soir 19h30 au nouveau Sloli, 9 rue du Faubourg Bonnefoy.

Leur presse (LibéToulouse.fr, 8 octobre 2012)


Expulsion d’une centaine de squatteurs à Toulouse

C’est avec des moyens considérables que la police a expulsé une centaine de personnes qui s’étaient installées dans un bâtiment inoccupé depuis 6 ans.

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Le dispositif policier était imposant.

Lundi matin très tôt, plusieurs dizaines de policiers se sont laissés glisser par des filins d’un hélicoptère pour atterrir sur la toit d’un bâtiment situé au 22 rue Demouille, dans le quartier du Pont des Demoiselles à Toulouse.

Dans le même temps, des forces importantes encadraient et bloquaient le quartier  tandis que le bâtiment était investi par la rue.

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Avec ou sans familles à l’intérieur ?

Le tribunal de grande instance de Toulouse avait ordonné l’expulsion le 24 septembre, donnant 48 heures aux occupants pour quitter les lieux, rappelle la préfecture dans un communiqué.

Selon un porte-parole du Collectif pour la réquisition, l’entraide et l’autogestion (Crea), prénommé Thomas, « plusieurs dizaines de familles étaient hébergées dans ce lieu de vie qui comptait entre 80 et 100 habitants ».

La préfecture assure que lors de l’intervention de police « aucune famille n’a été trouvée dans l’immeuble », mais selon le responsable du CREA, « les familles sont parties parce que la police arrivait vers 07h00 du matin avec une trentaine de cars et un hélicoptère, qui a ensuite descendu plusieurs hommes sur le toit ».

Selon le porte-parole, 25 membres du CREA environ sont restés dans l’immeuble du 22 rue Demouilles jusqu’à l’opération de police, qui s’est déroulée sans violence.

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Cet immeuble est inoccupé depuis 6 ans.

Relogés dans des squats « amis »

De même source, on indique que le CREA a momentanément réparti les sans-abri « dans cinq autres squats de copains », en attendant une nouvelle occupation, car le collectif « va continuer sa campagne de réquisition tant qu’il y aura des gens à la rue ».

« Dans nos cinq squats nous logeons déjà 200 familles, nous faisons mieux que l’État », a déclaré Thomas, en saluant l’action des salariés de la veille sociale de Toulouse.

Ceux-ci usent de leur « droit de retrait » depuis quatre jours, estimant qu’ils se mettent en danger en étant contraints de refuser 90% des demandes d’hébergement d’urgence.

La préfecture a reproché au CREA une « série d’envahissements » et « d’occupations illégales ».

Des expulsions en série

Une première évacuation par la police d’un immeuble occupé a eu lieu le 28 août.

La semaine passée, le CREA a occupé à plusieurs reprises les locaux du Pôle d’accueil d’information et d’orientation (PAIO) de la veille sociale. Son évacuation par la police mardi et mercredi a été « la goutte d’eau » qui a poussé les travailleurs de la veille sociale a user du droit de retrait.

Leur presse (Michel Pech, midi-pyrenees.france3.fr, 8 octobre 2012)

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Une réponse à [Toulouse] Sur l’expulsion du 22 rue Demouilles

  1. LadyG dit :

    Le 22 Mai 2012: LOGEMENT – «Aucun sans domicile fixe ne sera remis à la rue de façon brutale comme cela a été fait ces dernières années», a affirmé la nouvelle ministre…

    Cécile Duflot, ministre du Logement, a annoncé sur Canal + ce mardi matin que le dispositif hivernal pour l’hébergement d’urgence, qui devait prendre fin ce mardi, est prolongé jusqu’au 31 mai.

    «La première décision que j’ai prise en liaison avec Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales, c’est de suspendre la fin de la trêve hivernale, de repousser au 31 mai toute décision, et de faire en sorte, d’ici le 31 mai, qu’on puisse garder des places pour qu’on ne mette plus personne à la rue», a déclaré Cécile Duflot. «Aucun sans domicile fixe ne sera remis à la rue de façon brutale comme cela a été fait ces dernières années», a-t-elle assuré.

    Mon cul! mon cul! mon cul !

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