[Sivens Pacem Para Bellum] Ne rien lâcher en garde à vue, c’est possible !

http://juralib.noblogs.org/files/2015/01/0311.jpg[Sivens] Témoignage de la garde à vue de Monsieur X

Ou comment ne pas donner d’identité en garde à vue et ressortir libre et non accusable.
Un témoignage qui circule par mail et que nous publions ici, non pas pour dicter ce que doit faire une personne en garde à vue mais pour laisser témoignage de ces moments jamais bien sympathique et où il faut bien monter une système de défense.

Vendredi 6 mars 2015.

Une expulsion dans le Tarn.
Je suis mis en garde à vue (GAV) sur les lieux de l’expulsion à 14h20.
L’Officier de Police Judiciaire (OPJ) me demande de décliner mon identité car je n’ai pas de papiers sur moi. Je refuse.
Il me lit mes droits, me propose de voir un médecin. J’accepte.
Me demande le nom de mon avocat, me lit le chef d’accusation : « Participation sans arme à un rassemblement après sommations de dispersion ».

Je refuse de signer la mise en GAV. Ils m’emmènent en voiture à la gendarmerie d’Albi. Durant le trajet les deux OPJ sont très sympathiques, nous discutons. Ils essayent de glaner des infos sur moi et sur le rassemblement au fil de la discussion. Ils insistent légèrement sur mon identité, m’expliquant que ça va rallonger la procédure etc. etc…

Nous arrivons à la gendarmerie. Les deux OPJ m’emmènent dans leur bureau. Ils continuent à insister de plus en plus lourdement sur mon identité. Je ne leur donne rien, je leur explique que c’est politique, que c’est pas contre eux ou pour les faire chier.

Ils font venir le médecin. Je ne souffre pour l’instant d’aucune blessure mais j’ai décidé de demander un examen médical avant la GAV pour pouvoir en faire un autre, comparatif, après la fin de la GAV au cas où je me fasse défoncer la gueule entre-temps.
Il m’examine très rapidement. Me pose quelques questions personnelles, au hasard de la conversation, c’est louche. Lui aussi va finir par insister sur mon identité. Je ne lui dis rien.

Ils me mettent en cellule.

Ils me sortent de cellule en fin d’aprem’. Ils me disent avoir appelé mon avocate qui ne sera pas là avant demain, raison de plus pour ne pas rallonger encore la GAV et lâcher mon identité maintenant. Je refuse. Ils m’auditionnent, je ne déclare rien et réponds par oui ou non aux questions auxquelles je souhaite répondre.
Mon état civil est une suite de X et Y.
Je refuse le chef d’inculpation et ne le signe pas. Ils m’annoncent que maintenant ils vont procéder à une vérification d’identité grâce à mes empreintes digitales car je refuse de leur donner un nom ou des papiers. Je leurs réponds très clairement que je ne veux pas qu’ils prennent mes empreintes.
Ils m’expliquent alors qu’on ne peut pas refuser la vérification d’identité.
« On a dû te dire qu’on peut refuser le fichage ADN et les empreintes et photos, c’est vrai, mais les empreintes pour la vérification d’identité c’est totalement différent ! On ne peut pas les refuser ça n’existe pas ça » me disent-ils.

Je persiste et leur fais savoir mon refus.
C’est alors que des deux OPJ qui jusqu’à présent jouaient le rôle du « flic gentil », un devient immédiatement (et ce jusqu’à la fin) le « flic méchant ». Agressif et violent donc.

L’interrogatoire change de style. Claques derrière la tête et bousculades deviennent de rigueur. On m’explique que l’on va prendre mes empreintes digitales de force puisque je n’accepte pas de mon plein gré et que si je m’oppose physiquement a la verif’ d’identité on va rajouter « Outrage et Rébellion » aux chefs d’inculpations.
Je vois arriver « flic méchant », je m’assieds donc sur mes deux mains. Il m’attrape par le tee-shirt et me traîne jusqu’à la salle où s’effectue la prise d’empreintes. Là il me fait une clef de bras et prend ma main de force et essayant de l’appuyer sur l’encre. Je serre le poing, je me débats. Il lâche l’affaire, me remet des menottes et me confie à « flic gentil » qui va me remettre en cellule.
Juste avant de m’enfermer « flic gentil » tente une dernière manipulation mentale pour obtenir mon identité. Je refuse.

Je m’endors.

Vers 20h « flic gentil » me réveille, me demande si j’ai faim. Je lui dit que oui. C’est alors qu’il m’explique que si je ne lui donne pas mon nom et mon prénom je ne mangerai pas…

Soit, je ne mange pas.

Une amie dans la cellule d’à coté me fait savoir qu’ils lui montrent des photos de moi et lui demandant de m’identifier. Elle ne lâche rien.

Le lendemain matin il ne reste plus que « flic gentil », il me réveille et re-tente un petit coup de manipulation mentale genre « tous tes copains ont lâché, il reste que toi, tu es tout seul… »
« Lâche l’affaire ça sert à rien on est en train de la trouver etc. »
Je ne dis rien.

Je vois mon avocate vers les 11 heures du matin. Je lui explique mon système de défense : je ne décline pas mon identité je ne signe rien, je ne déclare rien.
Elle m’explique ce que j’encours : dans le pire des cas 48 heures de GAV au lieu des 24 heures initiales, 48 heures durant lesquelles j’aurais carrément le temps de craquer. Normalement si à la fin de la GAV ils n’ont toujours pas mon nom, ils me laisseront partir avec une convocation pour tel jour à telle heure au nom de Monsieur X pour tel chef d’inculpation.
Après la courte entrevue, je décide de continuer comme ça.

Une nouvelle audition, en présence de l’avocate cette fois. Je refuse une nouvelle fois de décliner mon identité. Je ne réponds que par oui ou non aux questions auxquelles je souhaite répondre, ignorant les autres. Et je déclare la raison de ma présence sur ce lieu à ce moment. Puis j’explique que je ne dirai plus rien.
Il me montre une nouvelle fois les documents m’accusant.
Je refuse de les signer. Je ne signe pas ma déclaration non plus.
Mon avocate s’en va.

Il me remet en cellule.

Il me sort de cellule, prend des photos de moi de force en me plaquant au mur.

Je demandais depuis le début de la journée un verre d’eau et des mouchoirs. Il me monte dans son bureau, l’eau et les mouchoirs sont sur la table. Je prends le verre d’eau en faisant bien attention de ne pas y mettre les doigts dessus. Je me mouche.
À ce moment, « flic gentil » prend mon mouchoir (sans gants) et m’explique que « ça, c’est pour le labo… ! », que ce mouchoir va être analysé pour y prélever mon ADN et permettre ainsi de m’identifier.

Je lui explique calmement que c’est une saisie com-plé-te-ment illégale, que le procureur va se foutre de sa gueule et que les experts à Miami c’est à la télé. De plus il a pas mis de gants en touchant le mouchoir.

Il persiste et essaye de me convaincre que ça y est je suis foutu.

Un quart d’heure après il me dit que c’est la fin de la GAV, je refuse de signer la sortie de GAV et la saisie du mouchoir.

Je sors sans convocation. Sans accusation. Sans rien.

Ne rien lâcher en garde à vue, c’est possible !
Violences physique, violences psychologique, manipulation mentale, sympathie débridée : ils peuvent tout essayer pour te faire craquer.
Si tu ne lâches rien en 24 heures, il leur faut un bon motif pour te garder 24 heures de plus. Le refus de vérification d’identité peut en être un, si le chef d’inculpation (ce de quoi on t’accuse) est suffisamment grave. Si tu lâches rien en 48 heures, ils ne peuvent rien faire à part te mettre en préventive si le délit est assez grave.

Ne fais pas confiance au docteur.e, il travaille avec les flic.que.s.
Ne fais pas confiance à l’avocat.e, il peut te menacer de multiples manières.
Ne fais (bien sûr) pas confiance aux flic.que.s. Qu’illes soit super chouettes et te payent des clopes toute la journée ou bien qu’illes te mettent des claques dans la gueule.

Monsieur X

Sivens Pacem Para Bellum

Information Anti Autoritaire Toulouse et Alentours (IAATA), 12 mars 2015

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