[Copwatch] Comment réagira le ministère de l’intérieur, toujours aux petits oignons avec les syndicats de flics, lorsque ceux-ci monteront au front pour s’insurger contre l’instauration du matricule ?

Petite leçon de « matricule » pour Manuel Valls

On a entendu dire que le numéro de matricule allait revenir sur l’uniforme des fonctionnaires de police. Manuel Valls veut qu’on puisse identifier les flics lors de leurs interventions. Bien entendu, il y aura juste un numéro et rien de plus. On a appris le 31 janvier que le matricule comporterait 6 chiffres sur une bande de scratch et par la suite sur une plaque. On peut allègrement s’imaginer (au vu des informations qui traînent sur les réseaux sociaux et sur les forums) que des traffics de numéros de matricule seront très vite mis en place par les flics eux-mêmes. Certains vicieux pensent déjà à mettre de faux numéros, ou ne pas mettre le scratch histoire de bien enfoncer un peu plus les personnes envers lesquelles ils auront commis des violences et retourner la situation à leur avantage.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/02/08.jpgEn realité, tout cela n’est qu’un coup de communication du Ministère de l’Intérieur. Un de plus. On s’imagine à peu près les réunions entre Valls, ses conseillers et les « experts » en securité (Bauer, toujours lui !) : « Bon allez, on va coller un numéro de matricule sur le torse de nos gars [sexisme oblige], ça calmera la plèbe [mépris de classe oblige] et ça pacifiera [aaah, la bonne vieille pacification sociale !] les rapports entre la police et la population ». L’auto-satisfaction est la plus grande vertu des politiciens.

On souhaite donc montrer au Ministère de l’Intérieur à quoi doit ressembler une véritable identification des fonctionnaires de police, à partir de l’exemple donné par les copwatcheurs du district Ouest de Denver (États-Unis) et dont voici le site internet.

Aux États-Unis, dans certains États la loi est très stricte au sujet de l’identification des flics : si un fonctionnaire refuse de s’identifier ou cache son « badge number » et qu’il est pris en photo, il peut être attaqué en justice par la personne qui le lui a demandé. De plus, chaque flic (quel que soit son grade) dispose d’une carte professionnelle qu’il doit présenter à la personne qui le lui a demandé. Reste à prouver qu’il le font vraiment, mais en tout cas les possibilités de recours juridiques dans le cas inverse permettent régulièrement d’obtenir gain de cause. Ce qui n’empêche pas la police de « baver », bien évidemment.

Les syndicats de police et le Ministère de l’Intérieur de Guéant nous ont attaqué sur les éléments de précision de certaines bases de données que nous avons constituées. Le Ministère de l’Intérieur aurait pourtant dû jeter un œil aux bases de données américaines qui, on peut le dire, sont bien plus fournies que les nôtres. Car non, les copwatch américains ne sont pas les amis des flics : ils sont tous indépendants, ont leur propre réseau d’informations, de diffusions et d’avocats, défendent la population face à la police et n’hésitent pas mettre les flics en taule et à attaquer l’État. Le copwatching à l’anglo-saxonne ne fait pas de cadeaux, car derrière sa façade légaliste se cache une stratégie de lutte implacable contre les violences policières. Si la loi le permet, pourquoi ne pas en profiter ?

Voici pour exemple le cas du sergent Robert Motyka, que montre la capture d’écran ci-dessous. Le terme « identification » que nous employons souvent prend ici tout son sens. Il n’est pas seulement question d’un numéro, mais d’une fiche signalétique complète du personnage (contenant des informations non privées). Sans faire l’éloge du système américain, qui est loin d’être chouette, on pourrait néanmoins y voir une certaine transparence…

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Sergent Robert Motyka, police de Denver, 1er district.

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Exemple de carte d’identification du Lieutenant Steve Wilson.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/02/07.jpgOn rappelle à François Hollande sa belle promesse de campagne visant à lutter contre les contrôles au faciès (voir à ce propos la campagne du collectif Stop le Contrôle au Faciès) et diffusée à grand renfort d’affiches et d’autocollants. On se souvient très bien de la propagande populiste et coûteuse faite par les socialistes à l’époque…

Comment réagira le Ministère de l’intérieur, toujours aux petits oignons avec les syndicats de flics, lorsque ceux-ci monteront au front pour s’insurger contre l’instauration du matricule ? On les entend déjà s’écrier au sujet « des conditions catastrophiques dans lesquelles ils travaillent et du flicage dont ils sont victimes ». C’est l’arroseur arrosé !

Avec des numéros, ils seront plus faciles à compter ! Ça promet…

P.-S. : On peut même géolocaliser grâce à des scans les positions des flics de Denver. Voici le lien.

Copwatch Nord – Île de France, 3 février 2013

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