« En Afrique du Sud, chaque année, la police est responsable de la mort de milliers de personnes en détention et à la suite d’actions policières »

(…) vendredi [11 janvier] dans la région du Cap (…) La police anti-émeutes restait déployée en force et des routes étaient bloquées par des débris des affrontements de mercredi et jeudi où les forces de l’ordre ont répliqué par des tirs de balles de caoutchouc et de gaz lacrymogène à des jets de pierres de grévistes.

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A policeman patrols South Africa’s N1 Highway on January 11, 2013 near where police and striking farmworkers clashed.

Les ouvriers agricoles de la province du Cap occidental, principale zone de production viticole et de fruits et légumes d’Afrique du Sud, ont relancé mercredi leur grève débutée en novembre pour obtenir un doublement de leur salaire journalier de 70 à 150 rands (6 à 13 euros).

« Nous gardons l’espoir de trouver une solution à la grève. La grève continue mais des négociations démarrent aussi entre certains propriétaires agricoles et les syndicats », a dit Tony Ehrenreich, un responsable provincial de la principale confédération syndicale sud-africaine, la COSATU.

L’axe routier reliant la localité de De Doorns — où se sont produits les principaux affrontements, à 140 km à l’est du Cap — à Johannesburg, restait obstrué et on signalait des feux de pneus sporadiques mais pas de violences comparables à celles des derniers jours.

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Soixante-deux personnes au total ont été arrêtées cette semaine après les heurts dans la province du Cap occidental qui fournit près de 60% des exportations agricoles sud-africaines, et emploie près de 200.000 ouvriers permanents ou saisonniers.

La ministre du Travail Mildred Oliphant a appelé vendredi les syndicats à « bien réfléchir à ce à quoi ils exposent les travailleurs ».

Le gouvernement refuse jusqu’à présent d’intervenir, arguant du fait que la loi prévoit que le salaire minimum ne peut être relevé qu’une fois par an, et que la dernière augmentation date de mars 2012. (…)

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Presse esclavagiste (Agence Faut Payer, 11 janvier 2013)

 

« L’histoire de l’Afrique du Sud est marquée par la répression policière »

(…) Piers Pigou, directeur du projet Afrique du Sud à l’International Crisis Group à Johannesbourg, revient sur les questions du droit de grève en Afrique du Sud et la réponse apportée par la police aux grèves des ouvriers agricoles et des mineurs.

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Quelle est la législation relative au droit de grève en Afrique du Sud ? La grève des ouvriers agricoles était-elle illégale ?

La législation du travail et la Constitution sud-africaine reconnaissent le droit de grève. Toutefois, il y a des procédures à respecter pour user légalement de ce droit. Les ouvriers agricoles ne sont pas, dans leur vaste majorité, syndiqués. Ils seraient 10 % seulement à l’être. Il est donc difficile pour eux de respecter ces procédures, qui requièrent dans un premier temps que des  négociations aient lieu avec les patrons. Ce n’est qu’après l’échec reconnu de cette tentative de résolution des conflits qu’un vote peut avoir lieu dans le syndicat représentatif et être accepté par une majorité des représentants. Ainsi, en cas de destructions de biens, le syndicat est tenu pour responsable.

Ici, la confédération syndicale d’Afrique du Sud (Cosatu), joue un rôle représentatif mais elle a dit ne pas être en mesure de faire grand-chose, la plupart des ouvriers agricoles n’étant pas membres. Cette grève n’est pas illégale mais il y a eu des actions qui l’ont été comme des intimidations, des dommages sur les propriétés…

La question de la représentativité syndicale s’était également posée dans le cas de la grève des mineurs mais dans d’autres termes. Une partie des mineurs s’était désolidarisée des syndicats appartenant à la Cosatu pour rejoindre de nouvelles formations plus radicales dans leur langage. Ces formations ont accusé les syndicats de mineurs d’avoir fait trop de compromis avec les patrons.

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De Doorns, mardi 8 janvier. « Il faut tout de même dire que dans de nombreuses situations, la police fait face à des actions violentes et létales de la part des grévistes et manifestants. »

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La police anti-émeute ne réagit-elle pas de façon disproportionnée à ces grèves ?

L’histoire de l’Afrique du Sud est marquée par la violence avec laquelle les forces et les institutions policières répondent aux troubles sociaux, économiques et politiques. Il faut tout de même dire que dans de nombreuses situations, la police fait face à des actions violentes et létales de la part des grévistes et manifestants. Mais l’histoire est remplie de cas où la police a répondu de façon disproportionnée [sic – NdJL]. Ça a été clairement le cas l’année dernière lors de la grève des mineurs de Marikana qui s’est soldée par des morts.

La police n’est pas convenablement formée pour répondre à ce genre de manifestations sociales. Il y a trop d’exemples où la police a utilisé des moyens létaux alors que des moyens alternatifs étaient possibles.

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A twenty year old resident of De-Doorns showing wounds caused by rubber bullets, Western cape, South Africa, January 11, 2013.

Quelles mesures ont été prises à la suite de ces violences policières à Marikana ?

Une enquête criminelle a été ouverte, parallèlement à la commission d’enquête judiciaire Farlam. Je pense que personne ne sera surpris si rien ne sort de ces procédures judiciaires [sic – NdJL]. En Afrique du Sud, chaque année, la police est responsable de la mort de milliers de personnes en détention et à la suite d’actions policières. La police use communément de moyens létaux mais sa responsabilité n’est presque jamais mise en cause. L’Afrique du Sud a une histoire marquée par la répression policière, qui remonte à l’apartheid. Cela ne va pas changer après Marikana. On voit déjà les policiers arguer devant la commission d’enquête qu’ils ont agi ainsi car ils étaient menacés. Oui, il y avait une menace mais la question demeure de savoir si malgré cela, la réponse policière était appropriée.

Le problème de l’irresponsabilité de la police devant la justice est un important défi pour mettre sur pied une police professionnelle [sic – NdJL]. Un long chemin reste à parcourir.

Presse létale (propos recueillis par Hélène Sallon, LeMonde.fr, 11 janvier 2013)

 

Farmworker shot in face as strike turns riotous

A ringleader in the farmworkers’ strike in the Western Cape has been taken to hospital after he was shot in the face, allegedly by private security staff at a De Doorns farm.

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A young resident of De-Doorns showing his wound after being shot in face at close range by police with rubber bullets, Western cape, South Africa, January 11, 2013.

Police have been forced to fire rubber bullets at protesters pelting them with stones at De Doorns, while violence has also flared up at Grabouw and Clanwilliam.

Spokesperson of farm workers’ union, Bawusa, Nosey Pieterse, says the shooting occurred as the man was about to address protesters. « That man has been shot by the security police, a private security of one of these companies in the Hex Valley. He went to address workers there on the outside. They had a meeting outside and the security opened fire. He’s in hospital. » says Pieterse.

Police say they cannot confirm the incident.

Meanwhile police in the Hex River Valley, are continuing to fire rubber bullets at riotous farmworkers. Protesters are again blocking the N1 passing near the town. Hundreds of workers as well as children have taken to the highway blocking it with rocks and burning tyres.

Police have tried to disperse the crowd with rubber bullets, but defiant workers are retaliating with stones. Workers have also torn down road signs, as well as a mesh fence alongside the N1.

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The situation outside Clanwilliam remains tense as police are trying to stop a group of striking farmworkers from marching to the town centre. A large group of people from the nearby Khayelitsha informal settlement had embarked on a protest march to highlight their wage demand of 150 rand a day.

Senior police officers are trying to persuade the leaders of the demonstration that the action is illegal.

In Pineview, more than 200 protesters are burning tyres. Police say they are monitoring the situation. According to the police, no arrests have been made yet.  They say they managed to disperse other gatherings in various townships.  Some of the farm workers have threatened to deal with those workers who have turned up for work today.

More than 10 people in Grabouw are said to have been arrested yesterday.

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A man showing a wound made by a rubber bullet shot at him by the police, Western cape, South Africa, January 11, 2013.

Presse létale (SABC.co.za, 10 janvier 2013)

 

Workers threaten non-strikers

Unions are adamant they won’t back down from their demand for double daily wages for Western Cape farmworkers.

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Building and Allied Workers Union of South Africa (BAWUSA)’s James Cornelius said it was unfair so many workers were not participating in the industrial action.

“We’re disappointed in them because we feel we’re meant to support each other. As BAWUSA we support the workers [sic – NdJL], but some of the workers are not supporting their union.”

Agri SA claimed there was around an 80 percent turnout at most farms on Wednesday.

One worker admitted non-striking colleagues were intimidated in the Wolseley area.

“We have our plans. We don’t care about the police around us. We’ll make sure we’re peaceful, but we’re going to stop those farmworkers who are at work.”

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Another labourer said it is only fair farmers accede to their wage demands.

“We’ve been working on farms for years and can’t be paid R69 per day year in and year out.”

The chaotic farmworker strike, supported by disgruntled labourers in De Doorns, Grabouw, Citrusdal and Villiersdorp has entered its second day.

Labourers want an increase of R150.

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Meanwhile, Agri Wes-Cape said with it being harvest season in the grape and stone fruit industry the strike will have a definite impact on exports.

Agri Wes-Cape’s Portia Adams said the strike could not have happened at a worst time.

“It is toward the end of the stone fruit harvesting period and these products must be taken to harvesters. It’s important that the products are harvested and sent to market.”

She said the strikes happened smack in the middle of harvest season and they want it to end.

“We know that workers want to work [sic – NdJL] and we’re grateful for that. We are questioning the intentions of those people who are part of the strike. Is it really for a higher wage, or is it for something different?”

On Wednesday 50 people were arrested for public violence in connection with farmworker protests across the province. (…)

Presse esclavagiste (Regan Thaw & Chanel September, EWN via business.iafrica.com, 10 janvier 2013)

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