[Aix-en-Provence] « Mettre la panique sur le périphérique »

Les lycéens s’offrent une maxi récréation dans les rues d’Aix

Sur fond de colère pour « vacances tronquées », les jeunes partis de Vauvenargues ont manifesté. Des débordements.

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« Zola avec nous ! » Le personnel a fermé les grilles, le cortège est reparti à Vauvenargues.

« La jeunesse c’est se révolter contre tout ». Carlos Molina. Si l’on avait distribué ce sujet de philo aux quelque 300 petits Aixois qui ont passé la matinée d’hier à courir d’un lycée à l’autre aux quatre coins de la ville, auraient-ils évoqué dans leur dissertation les emplois du temps et les devoirs à la maison ? Les arbres et les poubelles brûlés ? Les rumeurs de vacances d’été tronquées pour descendre dans la rue, à l’appel des réseaux sociaux ? Et surtout, cette envie irrésistible de « sécher les cours pour voir enfin à quoi ça peut ressembler, une manif » (sic). Soit.

Une manif, hier, ça ressembla donc à ça. Ni porte-parole, ni banderole, ni slogan autre que « On n’est pas fatiguééééé », scandé sur le boulevard périphérique et l’avenue Malacrida, en se hissant sur la pointe des pieds pour filmer l’événement avec son portable et en sifflant profs et forces de l’ordre. Le tout encadré par des policiers chargés de sécuriser la marche et éviter les débordements. Récit de la matinée.

Blocus, mode d’emploi

Dès 7h45, des dizaines d’élèves du lycée Vauvenargues décident de « faire blocus » pour protester contre le (très incertain) projet de supprimer deux semaines de vacances d’été (dans le cadre de la concertation sur la refondation de l’école et des rythmes scolaires, le ministre de l’Éducation nationale Vincent Peillon avait évoqué la possibilité de raccourcir les congés d’été). Le proviseur de Vauvenargues a bien préparé ses arguments (et son haut-parleur posé en équilibre sur les rebords des fenêtres) pour convaincre ses ouailles de rentrer en cours.

Il ne sera pas entendu. Près de 200 jeunes ont opté pour la matinée buissonnière, et filé vers Cézanne. Quelques poubelles et un cyprès brûlés plus tard, ils se sont cogné le nez au portail du lycée Cézanne. « Tous à Gambetta ! », crient des meneurs, dont on ne saura toujours pas, en fin de matinée, s’ils sont scolarisés.

Même résultat à Gambetta, où l’équipe pédagogique s’est empressée de fermer les grilles. « Zola ! Zola ! Zola ! » Dans l’improvisation la plus totale, on change de plan. « Savoir où l’on veut aller, c’est très bien », écrivit Émile Zola, justement. Et au lycée qui porte son nom, un peu plus tard, réaction similaire de l’encadrement. Professeurs et direction vont batailler ferme pour empêcher le cortège d’entrer dans la cour. « Gambetta ! Gambetta ! Vauvenargues ! » Rebelote, marche arrière et on repart boulevard Carnot.

« On suit… on voulait juste voir comment ça fait, de manifester », lancent trois jeunes de Vauvenargues, amusés. Marchant non loin, deux élèves de première, à Zola, soupirent : « On a des problèmes d’emploi du temps, aussi. À midi, on a une demi-heure pour manger… » Elles ont à-peine le temps de finir leur récit, qu’un vacarme retentit : on force les grilles du lycée Vauvenargues, et parviennent à ouvrir pour, disent-ils, « libérer ceux de Vauv' ».

« Un prétexte pour mettre la panique »

L’un d’eux, sort, emporté par la vague d’élèves : « Je suis sorti mais je voulais même pas sortir. J’veux pas faire grève, moi… » Le personnel s’efforce de réguler le flux, faire entrer les élèves un à un. La CPE, conseillère principale d’éducation, se tient à la porte : « Depuis lundi, des élèves tentent de bloquer l’entrée. Au début, les revendications concernaient les emplois du temps à Cézanne, qui ont été revus. Puis ça s’est étendu à d’autres lycées… C’est presque un rituel, une initiation. Tous les ans, en octobre, il y a toujours un prétexte pour mettre la panique sur le périphérique ». Partout, on déplore des élèves « extérieurs, voire des jeunes déscolarisés, là pour mettre le bazar, alors que dans les lycées, on essaie de faire du travail de fond ».

Dans les rangs, des jeunes s’inquiètent de « ceux qui en profitent pour s’amuser et brûler les poubelles et casser et insulter les flics ». Dans la matinée, trois interpellations de mineurs auront lieu. Tous trois sont élèves à Vauvenargues.

Il est presque midi et la contestation s’essouffle. Quelques dizaines de jeunes, pas davantage, restent plantés aux pieds du lycée Vauvenargues. « Y a les caméras ! On passe à la télé ? Il est où, le micro, pour dire ce qu’on revendique. On revendique quoi, déjà ? » La jeunesse, écrivait Carlos Molina, c’est se révolter contre tout. Oui mais, avant ça, « on a cantine ». La révolution, elle, attendra.

Leur presse (Séverine Pardini, LaProvence.com, 5 octobre 2012)


Aix : 300 jeunes dans la rue, des incidents

Partis du lycée Vauvenargues, ils ont pris le périphérique, parfois en courant, en direction de Cézanne puis de Gambetta.

Le direct :

11h40 : le mouvement s’essoufle.  La majorité des lycéens a quitté la manifestation, pour rejoindre la cantine.

10h56 : les manifestants se retrouvent au lycée Cézanne. Ils essaient en vain de faire sortir les lycéens de cet établissement. Le cortège est désorganisé, sans but précis et les revendications restent floues.

10h55 : trois interpellations parmi les manifestants. Une cabine téléphonique a été vandalisée.

10h00 : retour du cortège à son point de départ : le lycée Vauvenargues. Certains tentent de forcer l’entrée de l’établissement en forçant les grilles.

08h58 : le cortège de manifestants parti du lycée Vauvenargues, se retrouve maintenant devant l’établissement Zola. Les jeunes secouent les grilles et appellent les élèves à venir les rejoindre.

À Aix, depuis ce matin un peu avant 8 heures, 300 jeunes (apparemment pas que des lycéens) manifestent. Partis de Vauvenargues, ils ont pris le périphérique, parfois en courant, en direction de Cézanne puis de Gambetta afin de rameuter un maximum de lycéens.

Au passage, ils ont brûlé des poubelles et un arbre, situé à proximité d’une habitation. Les pompiers sont sur place et un dispositif de police a été mis en place. Et ce, dans le but de réguler la circulation et d’éviter tout nouveau débordement.

Difficile d’en savoir beaucoup sur leurs revendications si ce n’est que, selon certains manifestants, il s’agit de protester contre une éventuelle diminution des vacances d’été.

Pour rappel, une manifestation a déjà eu lieu mardi, quatre personnes avaient été interpellées.

Leur presse (Séverine Pardini, LaProvence.com, 4 octobre 2012)


Aix : les lycéens bloquent la ville, quatre interpellations

Plusieurs centaines d’élèves ont manifesté hier pour contester — entre autres — l’organisation des cours à Cézanne.

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Jusqu’à plusieurs centaines de jeunes, pas majoritairement scolarisés à Cézanne, ont participé au défilé de contestation, hier matin, encadrés par la police. Le trafic a été très perturbé dans le centre.

« Remballez les horraires de merde » (sic), lit-on sur les affiches placardées sur le portail du lycée. Une chose est sûre, dans le nouvel emploi du temps de Cézanne, il faudra privilégier l’orthographe… Car c’est bien de ces emplois du temps chaotiques que la contestation serait partie, mi-septembre. Avec, depuis lundi matin, une exaspération qui a poussé les lycéens à sortir de leurs gonds. Et de l’établissement.

Hier matin, la direction de Cézanne a pris la mesure du problème, provoquant une assemblée générale (lire ci-dessous) afin de revoir sa copie. Laquelle devrait être rendue en fin de semaine. Reste que sur le pavé, le mouvement n’est pas retombé pour autant.

Loin de là. Jusqu’à plusieurs centaines de jeunes se sont fait entendre jusqu’en début d’après-midi. À telle enseigne d’ailleurs, que nombre d’élèves du lycée Cézanne ne cachaient pas leur déception, au fil d’une matinée plutôt confuse, passée à faire la navette entre les lycées Cézanne, Gambetta, Vauvenargues, Zola… et même Célony.

« On est là pour évoquer notre emploi du temps, tentent d’expliquer des filles élèves en seconde à Cézanne. Par exemple, j’ai histoire de 8h à 9h le matin, puis plus rien durant 4 heures. Un camarade a deux cours en même temps, à cause des options. Il doit choisir entre maths et son option d’anglais… C’est ça qu’on vient dénoncer avec le blocus, nous », disent-elles. D’autres signalent : « Ça dérape, là. Il y a des élèves d’autres lycées qui sont là car ils disent qu’ils sont solidaires. Mais en fait, ils donnent des revendications qui n’ont rien à voir, comme les vacances d’été. Y’a aussi des jeunes qui ne vont même pas au lycée ! » Un autre lycéen de Cézanne soupire : « Ils veulent juste foutre le bordel et tout le monde fait l’amalgame ».

Les policiers chargés d’encadrer et de sécuriser la manifestation improvisée (l’itinéraire se dessinant au fur et à mesure) passeront des heures à escorter le mouvement, éviter les débordements lorsque les jeunes décident, ici ou là, de s’asseoir sur la chaussée pour bloquer le trafic et… « faire plier le gouvernement ». On entendra aussi, dans le mouvement, parler de devoirs le soir, ou de classes trop ou pas assez chargées.

Dans les lycées, on s’organise pour maintenir le calme : « Il nous revient d’assurer la sécurité des biens et des personnes. Pour éviter bagarres et feux de poubelles, on a modifié le régime des entrées et des sorties, en bloquant l’entrée centrale », expliquait le proviseur de Gambetta, en milieu de matinée. « Pas grave, on saute les portails ! Allez ! », pour plusieurs jeunes, dont des lycéens de Vauvenargues, qui se seront présentés comme les organisateurs du mouvement. On ignorait hier soir s’ils devaient le reconduire ce matin. « Regardez sur Facebook ».

Quatre interpellations

Au cours de la matinée, les policiers ont interpellé quatre mineurs, pour l’incendie d’une poubelle et des jets de projectiles sur les forces de l’ordre. Hier soir, trois jeunes, deux âgés de 15 ans et un de 17 ans, élèves au lycée Vauvenargues, ont été présentés devant un magistrat du Parquet. Ils sont convoqués devant le juge des enfants.

Ils répondront de dégradation de biens publics avec le visage dissimulé et/ou de violences sur agents de la force publique (jets de projectiles) sans ITT, et l’un d’eux est convoqué pour avoir attisé un feu de poubelle. Le quatrième mineur était encore en garde à vue hier soir.

Leur presse (Séverine Pardini, LaProvence.com, 3 octobre 2012)


Aix : la colère contre les emplois du temps au lycée fait le mur

Des élèves de Cézanne ont manifesté. Deux jeunes interpellés par la police.

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Plus d’une centaine d’élèves du lycée Cézanne ont manifesté leur mécontentement devant le lycée Vauvenargues. Vers 13h, quelques débordements ont conduit à deux interpellations.

Comme dans toute manif, on cherche d’abord le porte parole. « Le porte quoi ? », demande un jeune. Soit. On se rabattra donc sur quelques autres disposés à expliquer que « c’est les emplois du temps à Cézanne ! » Mais encore ? « Vous voyez, on a des trous dans les emplois du temps et des cours en même temps, et c’est surchargé, aussi. À midi, il y a des élèves, ils peuvent pas manger. On n’a plus de vie, nous ! Et on a cours le mercredi et le samedi, et puis aussi les devoirs le soir. » Un inventaire égrené devant le lycée Vauvenargues, où plusieurs dizaines de jeunes sont venus clamer haut et fort leur mécontentement. Même si celui-ci peut parfois partir dans tous les sens : « Et aussi, des classes surchargées, pas assez de transports en commun et pas assez (ou trop, c’était selon, ndlr) de filles dans la classe ! » Bref, de quoi faire la révolution.

Lundi matin peu avant 8h, des élèves mécontents n’ont pas intégré les cours, au lycée Cézanne, pour aller battre le pavé et tenter de rallier à leur cause les lycéens d’autres établissements. « Ce matin, sur les 2000 élèves de Cézanne, quelque 120 étaient devant le portail. Les autres sont allés en cours », précisait le proviseur Becherand.

Reste qu’au fil de la matinée, la contestation s’est changée en grosse colère, avec même des oeufs et des pierres lancés sur les forces de l’ordre chargées d’encadrer les jeunes. Dont quelques-uns n’étaient visiblement pas des effectifs du lycée concerné. « Tous les élèves ne sont pas de Cézanne, glissait-on au lycée. D’autres se sont greffés… les réseaux sociaux internet n’y sont peut-être pas pour rien ».

Peu avant 14h, des conteneurs à poubelles ont été placés sur les voies du boulevard extérieur pour couper le trafic. Sans oublier des œufs jetés sur les policiers et des poubelles incendiées. Deux jeunes de 16 ans, l’un élève à Cézanne et l’autre à Vauvenargues, ont d’ailleurs été interpellés et placés en garde à vue, l’un pour avoir incendié une poubelle, le second pour avoir jeté des oeufs. Ils sont tous deux inconnus des services de police.

Nouvel emploi du temps

Reste, car il existe bel et bien, le problème des emplois du temps au lycée Cézanne. Le proviseur Becherand indiquait hier après-midi : « On a reçu deux délégations pour connaître les doléances. Les emplois du temps de la rentrée n’étaient pas bons, nous l’avons reconnu. Et nous avons fait une nouvelle mouture. Il y a une vraie amélioration mais pour le constater, il faut laisser sa chance à cet emploi du temps qui devait être appliqué ce matin ! » Des enseignants s’étaient plaint aussi des horaires fixés par l’encadrement du lycée. Une réunion de crise a eu lieu hier après-midi, sous la direction du proviseur : « J’ai réuni ma commission permanente élargie pour apporter de la raison et de la sagesse ». Reste à voir ce matin si la sagesse aura été entendue.

Leur presse (Séverine Pardini, LaProvence.com, 2 octobre 2012)


Nouvelle manifestation de lycéens

Des jeunes ont réitéré ce matin leur mouvement de contestation. Ils se trouvent actuellement devant le lycée Vauvenargues. Des jets de projectiles ont eu lieu en direction de la police. De grosses difficultés de circulation vont en découler dans Aix. Le mouvement a pris sa source au lycée Cézanne où les lycéens protestent contre leur emploi du temps et se plaignent notamment « de trous dans la journée » et « de cours qui se chevauchent ».

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Manifestation : des interpellations parmi les jeunes

Les cortèges des jeunes, qui ne compterait que très peu d’élèves de Cézanne, alors que c’est dans cet établissement que se posent les problèmes d’emploi du temps à l’origine de la manifestation, repartent vers les lycées Gambetta et Vauvenargues. Des interpellations ont eu lieu. Parmi les jeunes se trouvent en fait surtout des élèves de Vauvenargues et de Gambetta ainsi que des jeunes non scolarisés.

Leur presse (Séverine Pardini, LaProvence.com, 2 octobre 2012)


Manifestation de lycéens

Des élèves du lycée Cézanne font actuellement une manifestation sur le périphérique d’Aix-en-Provence. Ils sont arrivés devant le lycée Vauvenargues, qu’ils souhaitent rallier à leur cause. Les lycéens protestent contre leur emploi du temps et se plaignent notamment « de trous dans la journée » et « de cours qui se chavauchent ».

La police est sur place et tente de fluidifier le trafic.

Les lycéens tentent de bloquer la circulation

Plusieurs centaines de jeunes sont revenues devant le lycée Vauvenargues, à Aix. Ils ont dépacé des conteneurs à poubelles pour bloquer la circulation. Les effectifs de la police nationale tentent de rétablir le trafic.

Leur presse (Séverine Pardini, LaProvence.com, 1er octobre 2012)

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