Afrique du Sud : une nouvelle grève dans une mine d’or
Une nouvelle grève sauvage a éclaté jeudi soir (20 septembre) dans une mine d’or du groupe AngloGold Ashanti employant environ 5.000 personnes près d’Orkney, à 170 km au sud-est de Johannesburg, a annoncé la direction vendredi.
« Les travailleurs de l’une de nos mines à Kopanang, en Afrique du Sud, se sont mis en grève. Ça a commencé hier soir (jeudi) et ça continue aujourd’hui (vendredi) », a indiqué à l’AFP le porte-parole du groupe sud-africain Alan Fine.
« C’est une grève sauvage », a-t-il souligné, ajoutant que la direction n’avait reçu aucune revendication.
« Nous nous attendons à avoir des informations, sans doute durant la journée, des représentants des travailleurs qui sont en grève », a-t-il précisé.
« La grève chez AngloGold a débuté la nuit dernière au puits K, après une assemblée générale des travailleurs, et ils disent qu’ils sont formellement en grève. Ils demandent 12.500 » rands (1.700 euros) par mois, a indiqué à l’AFP Lesiba Seshoka, porte-parole du Syndicat national des mineurs (NUM, majoritaire).
« Ce sont des membres du NUM », a-t-il précisé.
« La grève n’était pas attendue. Nous ne l’attendions pas, mais je crois que d’une manière ou d’une autre nous devons nous attendre à des mouvements similaires, en particulier après le précédent qui a été créé à Marikana quand Lonmin a accédé aux revendications » des salariés.
Un accord a été trouvé mardi à la mine de platine de Marikana (nord), exploitée par le groupe britannique Lonmin, après six semaines d’une grève sanglante.
Les mineurs n’y ont pas obtenu les 12.500 rands qu’ils réclamaient, mais ils ont arraché des augmentations de salaire allant de 11 à 22%, et la profession craint que les salariés d’autres mines cessent également le travail pour réclamer eux aussi une paie plus importante.
AngloGold Ashanti est le troisième producteur mondial d’or. La mine de Kopanang représente 7% des opérations du groupe, avec 307.000 onces d’or extraites en 2011, selon le site de la compagnie.
Alors que de nombreuses mines sud-africaines sont touchées par des mouvements sociaux depuis début août, la grève de Kopanang est la première déclenchée depuis l’accord de Marikana. Une autre mine d’or, celle de KDC West, exploitée par le groupe Gold Fields à Carletonville (70 km au sud-ouest de Johannesburg), est paralysée par un mouvement social depuis près de deux semaines.
Mais, contrairement au platine, les mines d’or ont un accord de branche, qui lie patronat et syndicats jusqu’en juin 2013.
Leur presse (Agence Faut Payer/tempsreel.nouvelobs.com, 21 septembre 2012)
Afrique du Sud : échauffourées à Rustenburg, alors que le travail reprend
La crise minière que traverse l’Afrique du Sud s’est poursuivie jeudi avec des échauffourées près des sites quasiment à l’arrêt d’Amplats, numéro un mondial du platine, à Rustenburg (nord), alors que le travail a repris à Marikana après six semaines d’une grève sanglante.
La police est intervenue dans la matinée au bidonville de Sondela, voisin d’une mine d’Anglo American Platinum (Amplats) touchée par une grève depuis une dizaine de jours, avant que les habitants ne bloquent les routes avec des pierres et des pneus enflammées.
Les policiers « nous ont tiré dessus avec des balles en caoutchouc, et après ils ont lancé des gaz lacrymogènes, c’est pourquoi nous avons mis des pierres » sur la route d’accès, a expliqué Mable Makgetla, 30 ans, dont le mari travaille pour un sous-traitant.
Une école a été fermée après l’opération. « Les enseignants et les enfants étaient en classe quand ils (les policiers) ont tiré », a témoigné Daniel Khasiphe, 38 ans, un gréviste.
La police, qui avait arrêté 22 personnes au même endroit mercredi, a indiqué qu’elle avait utilisé gaz lacrymogène, canons à eau et grenades assourdissantes, mais a démenti avoir tiré des balles en caoutchouc.
« Tout rassemblement de 15 personnes ou plus est un rassemblement illégal », a justifié son porte-parole Dennis Adriao, justifiant l’intervention.
Amplats avait rouvert ses cinq sites de Rustenburg mardi après les avoir fermés pendant près d’une semaine, officiellement pour des raisons de sécurité alors que des manifestations menaçaient ses installations et ses employés.
Après avoir longtemps nié que ces derniers aient rejoint le mouvement social qui s’est étendu dans les mines de la région, la direction a reconnu jeudi que moins de 20% de ses employés avaient pointé dans quatre mines, sans donner de précisions sur la cinquième.
« Personne n’est prêt à retourner (à la mine), absolument personne. Les gens en ont tout simplement assez et ils ne veulent pas être traités comme des esclaves au travail. Les gens en ont assez, les travailleurs en ont vraiment assez et ils savent ce qu’ils veulent », c’est-à-dire de fortes augmentations, a indiqué Gaddhafi Mdoda, l’un des meneurs des grévistes.
Les forces de l’ordre ont été déployées en masse depuis samedi, après que le gouvernement eut annoncé qu’il était décidé à faire régner l’ordre sur un bassin minier où les grèves ont été souvent violentes.
Le président Jacob Zuma a fait savoir qu’il avait autorisé l’armée à rester sur place pour aider la police jusqu’au 31 janvier 2013.
« Ce n’est pas un état d’urgence », a justifié son porte-parole Mac Maharaj. « Un ordre similaire avait été donné pendant les fêtes, et ça a aidé à réduire la criminalité ! »
De nombreux observateurs estiment que l’intervention des forces de l’ordre, parfois musclée, a largement accéléré la signature d’un accord à la mine voisine de Marikana, d’où est parti le mouvement le 10 août.
Les violences y ont fait 46 morts : la police y a abattu 34 personnes le 16 août, alors que de violents affrontements intersyndicaux avaient fait 10 morts dans les jours précédents.
Un permanent syndical a été battu à mort la semaine dernière, et une conseillère municipale de l’ANC (le parti au pouvoir) est décédée mercredi après avoir été touchée par une balle en caoutchouc tirée par la police samedi.
La plupart des employés de Marikana ont repris le travail dans le calme jeudi après un accord salarial. Le groupe Lonmin, qui exploite la mine de platine, a indiqué en fin de matinée que 77% des employés avaient pointé.
Mais la production ne devrait reprendre que dans quelques jours, le temps de faire passer des examens médicaux aux mineurs et de vérifier les installations.
Certains visages étaient fermés. Beaucoup se sont dit satisfaits de leurs augmentations de salaire de 11% à 22%, arrachées mardi au terme de cette grève sauvage commencée le 10 août.
D’autres étaient moins contents, mais sont retournés au travail en désespoir de cause après avoir été privés de paye pendant plus d’un mois.
« Je retourne au travail parce que j’ai vraiment faim », a reconnu Phumlile Macefane, 24 ans.
Leur presse (Agence Faut Payer, 20 septembre 2012)
Afrique du Sud : le travail reprend
Les travailleurs se sont rendus par milliersce matin à la mine de platine de Marikana, au nord de l’Afrique du Sud, mettant fin à six semaines d’une grève très dure qui a fait 46 morts.
Certains visages étaient fermés, évitant délibérément les journalistes. Beaucoup se sont dit satisfaits de leurs augmentations de salaire de 11 à 22%, arrachées au terme de cette grève sauvage commencée le 10 août.
« Nous sommes heureux d’aller travailler. Nous avons obtenu ce que nous voulions », a indiqué Yandisa Mehlo, 37 ans, même si les mineurs n’auront finalement pas le salaire de base de 12.500 rands (1170 euros) mensuels qu’ils réclamaient avec véhémence.
« La grève est finie », s’est exclamé David Mgengwane, un autre mineur âgé de 24 ans, vêtu d’un tee-shirt frappé du mot « révolution ». « Je suis heureux, trop ! Je suis un chef de famille, ma famille va être heureuse », a ajouté le jeune homme, qui a son père et ses deux sœurs à charge.
Mais la production de la mine exploitée par le groupe britannique Lonmin ne devrait reprendre que dans quelques jours, le temps de faire passer des examens médicaux aux 28.000 employés du numéro trois mondial du platine et de vérifier les installations.
La mine, étrangement silencieuse pendant la grève, avait repris une activité trépidante, des véhicules remplis à ras-bord amenant les travailleurs. À l’entrée, ils bavardaient en faisant la queue pour prendre le quart de 7 heures (6 heures en France) au puits Rowland, où ils devaient subir un check-up et recevoir des directives.
La plupart des mineurs étaient habillés en civil, attendant de recevoir leur équipement complet après leur admission, une pratique courante après une absence prolongée de la mine. Mais ici et là, des combinaisons blanches, casques et bottes en caoutchouc trahissaient les quelques non-grévistes qui avaient refusé de suivre le mouvement, et bravé les intimidations des meneurs les plus durs.
D’autres étaient moins satisfaits, mais sont retournés au travail en désespoir de cause après avoir été privés de paie pendant plus d’un mois.
« Je retourne au travail parce que j’ai vraiment faim », a reconnu Phumlile Macefane, 24 ans. « Je suis malheureux parce que je ne peux pas avoir 12.500 » rands, a-t-il expliqué. « Mes frères sont morts, ils ont été tués par la police. »
Leur presse (Agence Faut Payer, 20 septembre 2012)
Afrique du Sud : L’armée envoyée pour réprimer les mineurs en grève
Le président sud-africain Jacob Zuma a ordonné à l’armée de prêter main forte aux policiers chargés de répondre aux mouvements de mineurs grévistes, a déclaré jeudi son cabinet.
Le cabinet du président a déclaré l’armée aiderait la police « dans la prévention et la lutte contre la criminalité ainsi que le maintien de l’ordre dans la zone de Marikana (…) et d’autres zones du pays où cela est nécessaire », jusqu’au 31 janvier.
Le mouvement de grève se poursuivait jeudi chez les mineurs d’Anglo American Platinum près de Rustenburg. La police a menacé d’intervenir, et jeudi matin deux camions équipés de canons à eau et plusieurs véhicules blindés ont pris position près d’un rassemblement de grévistes dans un bidonville où les habitants ont érigé des barricades, et brûlé des pneus et des bûches.
Par ailleurs, le Congrès des syndicats sud-africains (COSATU) et un leader du mouvement ont annoncé jeudi que la police sud-africaine avait tué deux personnes lors d’opérations de répression de la grève des mineurs.
Paulina Masutlhe, une conseillère municipale appartenant au Congrès national africain, le parti sud-africain au pouvoir, a succombé mercredi à ses blessures, après avoir été touchée par balles samedi alors qu’elle faisait des courses dans le bidonville de Min, a déclaré le COSATU. Elle a été touchée à l’abdomen et à la jambe par des tirs provenant d’une voiture de police blindée en marche.
Le porte-parole de la police Dennis Adriao a déclaré qu’il enquêtait sur cette information. Il a ajouté que la police avait rapporté avoir touché plusieurs personnes avec des balles en caoutchouc samedi, lors d’une opération destinée à désarmer les grévistes.
Le COSATU a appelé à « l’identification et la suspension immédiates des policiers impliqués dans le meurtre » de Paulina Masutlhe.
Également mercredi, un mineur a été écrasé et traîné sur plusieurs mètres par un véhicule de police blindé près de Rustenburg, alors qu’une manifestation avait lieu à la mine d’Amplats, appartenant à Anglo American Platinum, a déclaré le leader de la grève, Evans Ramogka, à l’agence Associated Press. Il a précisé que l’homme était mort dans la nuit à l’hôpital.
Le porte-parole de la police Dennis Adriao a déclaré ne pas être informé de cet événement mais a ajouté que les véhicules de police blindés pesaient plusieurs tonnes.
Les grévistes de la mine de platine de Marikana en Afrique du Sud, touchée par des violences au cours desquelles 45 personnes avaient été tuées, ont accepté un accord avec la société Lonmin mardi et reprenaient le travail jeudi.
Le mouvement de grève s’est étendu à plusieurs mines d’or, de platine et de chrome, dans ce pays qui produit 75 pour cent du platine mondial, est le 4e producteur mondial de chrome et l’un des dix premiers producteurs d’or au monde.
Leur presse (Métro, 20 septembre 2012) via Solidarité ouvrière