[Afrique du Sud] « Si nous laissons cette situation se développer, l’économie va en souffrir gravement »

Afrique du Sud : des mines rouvrent, mais les tensions sociales restent vives

Les opérations policières du week-end semblaient commencer à porter leurs fruits dans le bassin minier de Rustenburg (nord), où des compagnies ont annoncé la reprise de leurs opérations lundi, tandis que s’ouvrait à Johannesburg le congrès de la confédération syndicale Cosatu, alliée au pouvoir.

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Le groupe australien Aquarius Platinum a annoncé que les opérations avaient repris lundi matin dans la matinée dans sa principale mine de platine de Kroondal.

Le numéro quatre mondial du platine avait suspendu l’activité de cette mine vendredi après-midi « pour assurer la sécurité des employés et des biens, compte tenu de la montée des tensions », alors que des manifestations violentes s’étendaient dans le bassin minier de Rustenburg.

Le groupe a remercié dans son communiqué le gouvernement et la police « pour leur intervention et leur soutien pendant le week-end ».

Après Aquarius, l’activité devait reprendre mardi chez Amplats, filiale du groupe Anglo American et numéro un mondial du secteur, qui a suspendu mercredi ses activités dans cinq mines de Rustenburg.

La mine de chrome exploitée par le groupe suisse Xstrata, qui avait été fermée vendredi soir, a quant à elle repris son activité quasi normalement.

« Aujourd’hui (lundi), nous avons 90% des employés au travail. La mine produit normalement », a indiqué à l’AFP le porte parole Christopher Tsatsawane.

Quant aux 10% restants, il ne sait pas où ils sont, s’ils ont rejoint le mouvement de protestation qui s’est répandu dans la région ou s’ils ont peur : « Nous ne pouvons pas dire s’ils sont en grève, parce que nous n’avons pas pu communiquer avec eux. Comme vous le savez, il y a eu beaucoup d’intimidations partout autour de Rustenburg ! »

L’agence Sapa a rapporté qu’une autre mine de chrome des environs exploitée par le groupe sud-africain Samancor était en grève depuis vendredi.

« La compagnie a décidé vendredi que nos opérations aux Western Chrome Mines seraient suspendues, et que la situation sera constamment réévaluée. La sécurité de nos employés reste notre première priorité », a indiqué la direction à l’AFP.

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Les mines de la région sont fortement perturbées depuis que les foreurs de la mine voisine de Marikana, exploitée par le groupe britannique Lonmin, ont entamé une grève sauvage le 10 août, pour réclamer de fortes augmentations de salaires. Les tensions se sont exacerbées après la fusillade du 16 août, au cours de laquelle la police a abattu 34 manifestants porteurs d’armes traditionnelles.

Les forces de l’ordre, qui ont reçu vendredi la consigne de mettre un terme aux troubles agitant le bassin de Rustenburg, ont mené ce week-end une spectaculaire opération policière dans les logements des mineurs de Marikana et ont bloqué des manifestations.

Lundi matin, des policiers ont empêché une centaine de mineurs de se rassembler, tandis que des véhicules de l’armée avaient été déployés aux abords de la mine.

Les négociations salariales devaient reprendre dans la journée, après que les salariés eurent rejeté une offre de la direction vendredi.

Le groupe britannique a parallèlement confirmé qu’il fermerait pour deux ans l’un des puits de Marikana afin d’économiser 500 millions de dollars, mettant fin au contrat de 1.200 sous-traitants.

À une centaine de kilomètres de là, deux employés ont été violemment agressés alors qu’ils souhaitaient pointer à la mine d’or KDC West exploitée par Gold Fields à Carletonville, au sud-ouest de Johannesburg, selon la direction.

Cette situation toujours tendue sur le font social devait être l’un des sujets majeurs du congrès de la confédération syndicale Cosatu, qui s’est ouvert à la mi-journée à Johannesburg.

Allié de l’ANC au pouvoir, le Cosatu — et notamment le Syndicat national des mineurs (NUM), sa principale composante —, a été accusé ces dernières semaines d’être trop complaisant avec le patronat et de ne pas défendre les intérêts des travailleurs.

Son autorité est de plus en plus contestée par de petits syndicats qui incitent les employés à déclencher des grèves dures.

Leur presse (Agence Faut Payer, 17 septembre 2012)


Afrique du Sud : la police expulse Malema d’un meeting de mineurs

Le jeune tribun sud-africain Julius Malema, ex-chef de file des jeunes de l’ANC exclu de son parti, a été expulsé lundi par la police d’un meeting de mineurs en grève près de Marikana, a constaté un photographe de l’AFP.

Lorsque Julius Malema est arrivé, il a essayé d’entrer dans le stade où 2.000 grévistes s’étaient massés mais la police l’a refoulé, en indiquant que sa présence n’était pas autorisée, l’empêchant pour la première fois de prendre la parole en public.

Leur presse (Agence Faut Payer, 17 septembre 2012)


Grève dans les mines sud-africaines : Zuma se défend de copier l’apartheid

Le président sud-africain Jacob Zuma s’est défendu dimanche de copier les méthodes de l’apartheid après l’envoi en force de la police pour empêcher des manifestations de mineurs en grève, un mois après la fusillade qui avait fait 34 morts à Marikana (nord).

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Des mineurs de Rustenburg font face à la police anti-émeute, le 16 septembre 2012 en Afrique du Sud

« L’État intervient à Marikana uniquement pour mettre un terme à la violence et à l’intimidation », a souligné le président Zuma, affirmant agir « comme dans n’importe quel pays démocratique du monde ».

« Les travailleurs ont le droit de négocier avec leurs employeurs sur les salaires et les conditions de travail et l’État ne prend pas parti dans le conflit », a ajouté M. Zuma, accusé de tourner le dos aux intérêts des mineurs.

C’est dans ce contexte social tendu que le président sud-africain ouvrira lundi matin le congrès du Cosatu, la grande confédération syndicale du pays, dont la fédération minière, le NUM, n’est jamais apparue aussi contestée par sa base.

Dimanche matin, les forces de l’ordre, qui ont reçu du gouvernement la consigne de mettre un terme aux troubles dans le bassin minier de Rustenburg, avaient bloqué une nouvelle manifestation de mineurs du secteur du platine dans cette zone vitale pour l’économie nationale.

Barrant la route avec des véhicules blindés, la police a sommé les manifestants de quitter les lieux. Ces derniers ont obtempéré par peur de nouveaux affrontements.

Les mineurs, venus sans armes ni bâtons, voulaient marcher « pacifiquement » vers le poste de police pour protester contre les violences de la veille.

Samedi, la police avait opéré une spectaculaire descente nocturne dans les logements de Marikana, y confisquant armes blanches et bâtons. Les forces de l’ordre avaient ensuite dispersé un rassemblement de mineurs, usant de gaz lacrymogènes et tirant des balles en caoutchouc qui ont fait plusieurs blessés.

Dimanche, tandis que la manifestation se dispersait, un mineur, Lunsstone Bonase, 32 ans, affirmait aux journalistes : « Le gouvernement est contre le peuple et permet qu’on tue des gens (…) Est-ce qu’on va travailler comme sous l’apartheid ? Ils nous forcent à retourner au travail, comme ils le faisaient sous l’apartheid ».

« Répression digne de l’apartheid »

Les références au régime raciste et répressif de l’apartheid, disparu en 1994, se sont multipliées depuis que la police a tué 34 mineurs en grève le 16 août à Marikana, sur le site exploité par le britannique Lonmin. Les grévistes réclamaient un triplement de leurs salaires, à 12.500 rands mensuels (1.160 euros).

Samedi, l’évêque anglican Jo Seoka, médiateur dans les pourparlers entre les mineurs et leur direction, a mis en garde le pouvoir : « Le gouvernement doit être fou pour croire que ce qui ressemble pour moi à la répression du temps de l’apartheid, puisse réussir ».

« Le gouvernement ne peut pas tolérer une situation dans laquelle les gens manifestent dans les rues avec des armes dangereuses », a rétorqué M. Zuma.

Il a assuré que « le gouvernement comprenait pleinement la détresse des pauvres et de la classe ouvrière du pays ». Il a sommé les compagnies minières d’agir « immédiatement » pour se mettre en règle et notamment améliorer les logements. Une demande assortie toutefois d’aucune menace de retirer leurs licences aux compagnies.

L’agitation sociale dans les mines, qui touche essentiellement la ceinture de platine autour de Rustenburg — d’où les multinationales du secteur extraient plus d’un cinquième de la production mondiale — a débuté après le massacre du 16 août à Marikana.

Depuis, les mineurs d’autres sites ont réclamé les mêmes augmentations de salaire et, face aux risques de violence, les majors du platine ont fermé un à un leurs puits dans la région. L’activité devait reprendre lundi chez le géant australien Aquarius, et mardi chez Amplats, filiale du groupe Anglo American selon un communiqué.

Chez Lonmin, les négociations doivent reprendre lundi dans un lieu éloigné du site où depuis le 10 août, 3.000 foreurs refusent de redescendre sous terre.

Leur presse (Liberation.fr, 16 septembre 2012)


Afrique du Sud : intervention policière massive à Marikana, heurts avec les grévistes

La police sud-africaine a effectué, samedi 15 septembre, une intervention massive autour de la mine en grève de Marikana en Afrique du Sud, provoquant des heurts qui ont fait plusieurs blessés, dont plusieurs femmes, un mois après une fusillade policière qui avait fait 34 morts.

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La police sud-africaine arrête un mineur de Marikana, le 15 septembre.

Au lendemain d’un appel du pouvoir à rétablir l’ordre dans ce bassin minier, d’où sort plus d’un cinquième de la production mondiale de platine, les foyers d’hébergement et baraquements de mineurs du groupe britannique Lonmin ont été perquisitionnés dans la nuit. Au moins 500 policiers sont entrés en action à 2 heures du matin, dans la première intervention policière depuis la fusillade du 16 août, qui avait réveillé les fantômes de la répression de l’époque de l’apartheid.

Environ 150 militaires ont été également positionnés en renfort dans la région.

La chaîne d’information eNCA a indiqué que les policiers avaient opéré sans ménagement, « mettant tout sens dessus-dessous », y compris dans les pièces où étaient hébergées des familles. La police a rempli plusieurs camions de bâtons traditionnels et machettes saisis.

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« NÉCESSAIRE D’INTERVENIR »

« Il est nécessaire d’intervenir car nous sommes arrivés à un point où il faut faire des choix importants », a déclaré à l’AFP le porte-parole de la présidence Mac Maharaj. « Si nous laissons cette situation se développer, l’économie va en souffrir gravement ». Les employés de Lonmin sont en grève depuis le 10 août pour leurs salaires, et le mouvement a été suivi par des mineurs d’autres sociétés du secteur.

Après la descente de police, des mineurs se sont regroupés dans la matinée non loin du lieu de la fusillade du 16 août. C’est là que la police a fait usage de gaz lacrymogène pour les disperser. Ils se sont alors enfuis vers la zone de bidonvilles voisine, érigeant des barricades à l’aide de pneus incendiés et de rochers, et lançant des pierres sur les policiers qui les poursuivaient. La police a répliqué par des tirs de balles en caoutchouc qui ont fait plusieurs blessés, dont au moins deux femmes, selon l’agence Sapa, six selon un autre témoignage.

« Les gens ont peur. La police a tiré sur des gens innocents qui ne faisaient que se rassembler pour entendre le compte-rendu [des négociations de la veille], nous ne savons plus quoi faire », « ni où nous réunir », a déploré Molisi Phele, un représentant des grévistes.

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Les mineurs s’étaient rassemblés sur leur lieu habituel près de l’entrée du site du groupe britannique Lonmin, le 14 septembre, à Marikana.

« LA RÉPRESSION DU TEMPS DE L’APARTHEID »

« Le gouvernement doit être fou pour croire que ce qui ressemble pour moi à la répression du temps de l’apartheid, puisse réussir », a dénoncé l’évêque anglican, Jo Seoka, médiateur dans le conflit. « Nous ne devons pas oublier que de telles méthodes dans le passé ont conduit à plus de résistance et que le gouvernement ne peut pas se permettre d’être perçu comme l’ennemi du peuple qui l’a porté au pouvoir », a-t-il estimé, redoutant une « révolte totale » dans la région.

Le gouvernement sud-africain avait annoncé vendredi des mesures de maintien de l’ordre dans la région. Le secteur minier est la principale source d’exportations du pays. Dans la semaine, les multinationales Anglo American, Aquarius, Xstrata, avaient annoncé la suspension provisoire de leur activité dans la zone.

Le mouvement social a débuté chez Lonmin, à l’initiative de 3000 foreurs en rupture avec le principal syndicat des mines (le NUM), accusé comme l’ANC au pouvoir de négliger les intérêts des millions de Sud-Africains pauvres. Les négociations doivent reprendre lundi mais l’évêque Seoka redoute désormais un blocage.

Le groupe britannique avait reformulé une offre salariale vendredi soir, proposant notamment 1875 rands (175 euros) d’augmentation aux foreurs. Cela reste loin des revendications des grévistes, qui réclament 12’500 rands mensuels (1160 euros) pour reprendre le travail. Ils refusent aujourd’hui de céder, au nom des grévistes tués en août. Le conflit s’est étendu ces derniers jours aux salariés d’Amplats et à une mine d’or du groupe Gold Fields près de Johannesburg, en grève depuis une semaine.

Leur presse (LeMonde.fr avec l’Agence Faut Payer, 15 septembre 2012)


Afrique du Sud : la police disperse des mineurs de Marikana au gaz lacrymogène

La police a tiré samedi des gaz lacrymogènes pour disperser un rassemblement de mineurs près de la mine de platine en grève de Marikana, a constaté un photographe de l’AFP sur place.

Les mineurs s’étaient rassemblés sur leur lieu habituel près de l’entrée du site du groupe britannique Lonmin, des hélicoptères survolant la zone, quand une douzaine de blindés de police ont fait irruption et des gaz lacrymogènes ont été tirés pour disperser la foule.

Selon la chaîne ENCA, la police a également utilisé des balles en caoutchouc et des tirs de grenaille.

Leur presse (Agence Faut Payer, 15 septembre 2012)

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