[Chronique de Youv derrière les barreaux] Partie 67 – « On a trop de principes pour être libre »

Partie 67

Roméo et Juliette des HLM

Ils se sont rencontrés au bac à sable, du sable plein la figure, innocents issus de la froideur de ces tours HLM, lui fils d’immigrés tirailleurs sénégalais, elle Algérienne made in Alger, tout les opposait à part la religion musulmane, ils faisaient le même trajet pour se rendre à l’école primaire, c’est là qu’une complicité est née à cet âge-là on ne se préoccupe pas de nos pseudo-différends, le flirt avait pris le dessus sur une simple complicité, pour vivre heureux vivons cachés. C’est ce qu’ils appliquent sur les bancs du collège, ils étaient inséparables, lui trop fier pour avouer à ses potes la relation, elle étudiante modèle, lui était le roi des cancres, c’était le premier de la classe en partant du bas LOL, il fait pas long feu sur les bancs de l’Éducation nationale, elle obtient le brevet des collèges haut la main, ils se donnaient tout le temps rendez-vous le soir 18e étage de leur tour HLM, elle trouvait toujours un prétexte pour sortir et retrouver son amoureux quelques étages plus haut à l’abri des regards. Il lui promettait la Lune, Juliette boit toutes les paroles de son Roméo, à peine 15 ans, ça fait déjà dix ans qu’ils se fréquentent, qu’ils s’aimaient d’un amour sans rature.

Lui commençait à goûter à l’argent facile, l’argent de l’économie souterraine, elle fait des stages et se consacre à ses études de droit, jeune bachelière c’était la fierté de sa famille, pendant qu’elle brillait dans ses études lui perçait dans le haram, avait son propre terrain de vente de shit, à peine majeur il brassait des liasses, que même son père n’avait jamais vues, bolide, sapes, c’était toutes les nuits le prince de sa ville, elle bac + 3 bientôt exauçait ses rêves.

Malgré qu’ils avaient grandi, ils aimaient se retrouver le soir au 18e étage de la tour HLM, lui l’aimait donc voulait officialiser leur union, elle issue d’une famille avec des règles strictes ils se mariaient qu’entre eux encore moins avec un renoi « sacrilège ». Elle prend son courage à deux mains et ose présenter son amoureux à ses parents, ça a fait l’effet d’un tremblement de terre jusqu’au bled, lui était impuissant face à cette situation, leur seul tort était de s’aimer au-delà de leurs différences et les traditions l’emportaient sur l’amour, elle finit par céder et épouser un blédard tout droit sorti du catalogue de la famille, elle ne l’avait vu qu’en photo, brisée par le chagrin elle abandonne totalement ses études et finit sa vie avec son propre cousin. Lui, lui en voulait de ne pas avoir fui les traditions millénaires, il finit par sombrer dans la délinquance dure, elle n’était plus là pour le raisonner, il mourra quelques années plus tard d’une balle en pleine tête tirée par le GIGN à la sortie d’une banque.

MON TEXTE EST VOLONTAIREMENT TRISTE ET POIGNANT

ON A TROP DE PRINCIPES POUR ÊTRE LIBRE

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