[Caen] Vive la belle !

Évasion à Caen. Trois détenus mis en examen pour complicité

Trois détenus de la maison d’arrêt de Caen ont été mis en examen pour complicité d’évasion par effraction. Ils sont soupçonnés d’avoir aidé un autre détenu à se faire la belle, dimanche. L’homme est toujours en fuite.

Mis en examen et transférés dans d’autres prisons

Pas de nouvelles d’Ali Henni qui s’est évadé de la maison d’arrêt de Caen, dimanche après-midi. Une information judiciaire a été ouverte, hier à Caen, pour évasion avec effraction et complicité.

Trois détenus de la maison d’arrêt ont d’ores et déjà été mis en examen pour complicité d’évasion par effraction et écroués dans d’autres maisons d’arrêt.

Courte échelle

Âgés de 21, 24 et 34 ans, ils sont soupçonnés d’avoir aidé directement le Marseillais de 26 ans à se faire la belle. Ils lui auraient fait la courte échelle pour lui permettre de passer le premier mur d’enceinte de la prison caennaise. Des enregistrements des caméras de surveillance les mettent en cause.

La complicité d’évasion avec effraction est passible d’une peine maximale de cinq ans de prison. Dans le Code pénal français, le délit d’« évasion par effraction » est constitué lorsque le détenu, gardé dans un endroit clos, brise le dispositif de fermeture qui fait obstacle à sa fuite. Un délit rarissime. Lorsque l’on parle d’évasion, il s’agit généralement de non-retour de permission.

Presse carcérale (Ouest-France.fr, 6 septembre 2012)


Évasion de Caen. Comment le détenu marseillais a préparé son coup

L’homme de 26 ans, qui s’est évadé dimanche avec des échelles, restait introuvable hier. Retour sur les circonstances d’une action minutieusement organisée.

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Rocambolesque mais bien organisée. L’évasion d’un détenu marseillais de la maison d’arrêt de Caen s’inscrit dans le cadre d’un scénario soigneusement préparé. Mais sans les moyens d’une superproduction : deux échelles télescopiques en aluminium et une pince coupante ont suffi.

Il démolit les tuiles

Comme partout le dimanche, tout fonctionne un peu moins vite, avec un peu moins de monde. Vers 14h30, c’est l’heure de la « promenade » : « Ce n’est pas le surveillant prévu qui s’en est occupé », souligne le syndicat pénitentiaire Ufap. Dans un des couloirs de promenade, Ali Henni, 26 ans, grimpe brusquement sur les épaules d’un codétenu ainsi qu’en témoigne la vidéo de surveillance.

Il atteint le sommet du premier mur d’enceinte surmonté d’un grillage : à la jonction avec un bâtiment, un morceau du grillage a déjà — complicité ou négligence ? — été découpé. Le détenu s’engouffre dans la brèche et se retrouve sous le toit du bâtiment : à coups de pied, il démolit des tuiles et se ménage un passage vers l’extérieur.

Quatre minutes

Un saut de plusieurs mètres et Ali Henni atterrit dans le fossé entre les deux murs d’enceinte de la prison. Presque à ses pieds, il trouve une première échelle lancée peu de temps avant par des complices à l’extérieur. Le temps de déployer les trois éléments de l’échelle et le jeune homme est au sommet du deuxième mur d’enceinte : six mètres de haut.

Les complices, qui ont préalablement coupé les fils de capteurs de mouvement, apportent une seconde échelle. Après cette opération aussi minutée que coordonnée, tout le monde disparaît. « Ça n’a pas duré quatre minutes », assure un surveillant. Le plan de recherches Épervier est déclenché mais, faute du signalement d’un véhicule, il ne portera pas ses fruits.

Vol et tentative de meurtre

Condamné pour violences et recel, l’évadé se trouvait en détention provisoire depuis avril. Il avait été mis en examen pour vol avec arme et tentative de meurtre après l’attaque d’un antiquaire-négociant en bijoux, qui s’était retrouvé dans le coma, dans le centre-ville de Caen. Le procureur Catherine Denis a confié l’enquête à la PJ de Caen, service qui avait déjà interpellé le suspect en avril à Marseille.

« Faites gaffe, avaient alerté voici quinze jours les enquêteurs, le Marseillais va s’arracher. » Selon l’UFAP, la directrice de la maison d’arrêt de Caen avait demandé le transfert du détenu en s’inquiétant des conditions de sécurité insuffisantes. Une enquête administrative va doubler l’enquête judiciaire. S’il apparaît possible de sortir de la maison d’arrêt de Caen, on peut aussi y introduire des téléphones portables. Avec un de ces appareils, un détenu a averti, dimanche soir, la rédaction d’Ouest-France à Rennes de l’évasion…

Presse carcérale (Jean-Pierre Beuve & Nathalie Hamon, Ouest-France.fr, 4 septembre 2012)


Caen. Un détenu s’évade de la prison avec des échelles

Aidé de complices extérieurs, un Marseillais âgé de 26 ans a réussi à s’évader de la maison d’arrêt. L’alerte a été donnée à 14h30 hier après-midi. Un plan de recherche Épervier a aussitôt été déclenché. En vain.

L’évasion

Pas d’hélicoptère. Pas de commando. Il a suffi de deux échelles et de complices extérieurs pour qu’un Marseillais âgé de 26 ans se fasse la malle, a confirmé le parquet du tribunal de Caen. Un scénario digne d’un film de gangsters des années cinquante.

En détention provisoire depuis le 27 avril pour vol avec arme, accompagné ou suivi d’une tentative de meurtre, ce jeune homme s’est évadé hier. L’alerte a été donnée quelques minutes après, à 14h30. Pour ce faire, ses complices ont installé une première échelle à l’extérieur des murs de la prison, plantée à deux pas du stade d’Ornano.

Une deuxième a été glissée à l’intérieur. Un plan de recherche Épervier a aussitôt été déclenché. La Police judiciaire de Caen, qui a traité le dossier pour lequel le Marseillais est mis en examen, est saisie de l’enquête. Tout le monde semble abasourdi. Un représentant syndical se souvient de ce moyen d’évasion qu’avait utilisé un détenu à Caen dans les années 80. Mais celui-ci avait échoué, vite rattrapé par des surveillants.

Le hold-up

Le détenu évadé, du coup recherché, est mis en cause dans un hold-up. Le 17 avril, Christophe Ménard, 49 ans, gérant du magasin La Belle Époque, dans le centre-ville de Caen (Calvados), avait été violemment agressé, dans la réserve de son magasin. Deux malfaiteurs encagoulés s’étaient enfuis, emportant un sac.

Le gérant, déjà victime d’un hold-up raté en septembre, avait poursuivi ses agresseurs. Et ceinturé un des braqueurs. Le complice de ce dernier, armé d’un pistolet-mitrailleur, a tiré une première fois vers le sol puis dans les jambes du commerçant. Celui-ci avait reçu quatre balles, dont une avait atteint à l’artère fémorale.

Un éboueur et trois jeunes riverains avaient posé un garrot de fortune sur la jambe du blessé. Les malfaiteurs avaient pris la fuite à pied avec leur butin. Christophe Ménard, lui, s’en est sorti.

L’interpellation

Chargée de l’enquête, la PJ a pu recueillir le soir même du hold-up de nombreux témoignages et divers indices matériels. Un premier suspect — le Marseillais qui s’est évadé hier — a été arrêté le 25 avril. Il était recherché depuis les faits. « Des éléments permettaient de le mettre en cause », avait à l’époque indiqué la procureure de Caen, Catherine Denis.

Le jeune homme mis en cause avait été interpellé vers 3h15 dans la nuit du 24 au 25 avril, dans la cité des Escourtines, au sud-ouest de la cité des Bouches-du-Rhône. Il faisait alors l’objet d’un contrôle d’identité de la police. Sa garde à vue a été prolongée à Marseille jusqu’au 26 avril, avant d’être amené à Caen. Il contestait les faits.

Une information judiciaire a été ouverte pour vol avec arme, accompagné ou suivi d’une tentative de meurtre, le 27 avril. Il était déjà mis en examen pour l’incendie d’un véhicule d’une surveillante de la prison des Beaumettes, à Marseille. Le présumé complice du hold-up de la Belle époque aurait quant à lui été arrêté ces dernières semaines. Mais lui n’est pas incarcéré à Caen.

Presse carcérale (Nathalie Hamon, Ouest-France.fr, 3 septembre 2012)

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