[Les avatars du salariat] À propos de l’esclavage moderne

Russie : impunité pour les esclavagistes du capitalisme

L’esclavage moderne, contrairement à l’idée répandue par des journalistes à bout de sensationnalisme n’est pas concentré que dans les fonctions domestiques pour quelques monarchies pétrolières. Cédant au fantasme raciste de la « traite esclavagiste » orientale cette interprétation de l’esclavage moderne brouille involontairement la perception d’un esclavage industriel capitaliste en plein développement. Certes l’ONU indique qu’il y aurait aujourd’hui 200 à 250 millions d’esclaves adultes dans le monde auxquels on pourrait ajouter 250 à 300 millions d’enfants de 5 à 14 ans au travail mais c’est dans l’ancien « bloc de l’Est » que l’on trouve le plus d’esclaves par habitant, selon l’OIT :

« en Europe centrale et orientale et dans la Communauté des états indépendants (CEI) que le nombre de victimes pour 1.000 habitants est le plus élevé, avec respectivement 4,2 et 4 pour 1.000 habitants. Il est plus faible dans les économies développées et dans l’Union européenne, avec 1,5 pour 1.000, révèle l’étude. »

Si le trafic à usage domestique est une triste réalité qui s’inscrit également dans le cadre capitaliste d’exploitation, l’esclavage industriel est bien peu souvent renseigné par les institutions internationale.

En Russie des ouvriers vietnamiens étaient enfermés, mal-traités et battus par un patron capitaliste dans une fabrique textile. La « libération » de ces ouvriers par les autorités pouvaient faire penser à la mise en œuvre d’une sanction judiciaire contre l’exploiteur. Mais la justice bourgeoise a entériné une situation de fait en refusant de condamner le patron pour ces crimes.

Les contradictions apparentes entre les besoins d’une main d’œuvre mobile pour le capitalisme global et la nécessité d’une extorsion maximale de la plus-value par le surtravail d’ouvriers réduits en esclavage par des entrepreneurs capitalistes s’expriment pour l’instant dans un consensus d’impunité tant que l’équilibre entre la mobilité et l’esclavage (travail forcé ou concentrationnaire) n’est pas rompu. La crise actuelle du capitalisme tendra à accentuer les formes de travail forcé.

Alerte rouge, 26 août 2012


Des ouvriers vietnamiens réduits à l’esclavage en Russie

La BBC news a réalisé une édifiante enquête près de Moscou où des ouvriers, originaires du Vietnam, étaient exploités de façon inhumaine.

Un salaire de misère, des brimades, des coups… Le quotidien des salariés de l’usine textile Vinastar, située dans le village de Savino au sud-est de Moscou était effroyable. Une journaliste de la BBC news a pu rencontrer les forçats qui y ont travaillé. Leur histoire, quoique poignante, est malheureusement semblable à des dizaines de cas en Asie du sud-est.

De leurs témoignages, une journaliste en a écrit un reportage, mis en ligne le 10 août sur le site de la BBC. Les ouvriers ont vécu à 75 dans quatre chambres, sans électricité. Leur alimentation quotidienne se résumait à un bol de riz et du pain. Ils devaient travailler 18h par jour, 7 jours sur 7 et avaient interdiction de quitter l’entreprise, dont le directeur était vietnamien. Elles étaient payées entre 100 et 220 dollars par mois. Mais le plus gros de leur salaire passait dans le remboursement, à hauteur de 1600 € par ouvrier, des intermédiaires qui leur ont trouvé cette place « en or ». Les journalistes de la BBC sont allés voir l’ambassade du Vietnam en Russie. Pour toute réponse, les diplomates ont affirmé que ces ouvriers n’avaient pas de droits « car ils vivaient à l’étranger et qu’ils avaient signé un contrat en bonne et due forme ».

Lassés de ces conditions de travail, les salariés ont fini par faire grève, ce qui leur a valu de prendre des coups de bâtons par le personnel de sécurité. Ceci dit, leur mobilisation n’est pas restée vaine car la police moscovite de l’immigration a effectué une descente dans l’usine. Cette intervention a également eu lieu trois jours après le passage des journalistes de la BBC dans les locaux Vinastar. Les propriétaires de l’usine devraient être inculpés d’embauche de travailleurs en situation irrégulière.

Leur presse (Asie Infos, 13 août 2012) via Solidarité ouvrière

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