[Chronique de Youv derrière les barreaux] Partie 57 – « L’infirmière, une jeune stagiaire de 20 piges à qui on a bourré le crâne conditionnée à nous parler, quand elle parlait j’avais l’impression qu’elle récitait un texte LOL, comme si on perdait notre humanité une fois que l’on était en taule, l’impression que me donnaient ceux qui travaillaient en taule pourtant personne ne les obligeait à y venir »

Partie 57

Déjà la 57e partie ça défile trop vite.

Réveil avec un mal de crâne, en plus il pleut laisse tomber, la cellule est en vrac, la télé à fond, un vrai animal LOL quand je vois le temps j’avais trop envie de rester sous ma couette et quand t’as envie d’être tranquille c’est là qu’il y a des parasites qui viennent te soûler, un mec frappe à ma porte dans un premier temps je calcule pas, il insiste je me lève vénère c’était un schlague qui s’était trompé de cellule, c’est mort ce toxico m’avait levé du lit, impossible de me recoucher, je sors mon bloc-notes pour gribouiller quelques lignes, l’inspiration avait du mal à venir, j’enfile un jean et un t-shirt puis fonce à l’infirmerie. Je croise des schlagues et des pointeurs, même pas je les regarde, pas de salam alikoum pour ces chiens, une fois arrivé à l’infirmerie, le maton me dit qu’il fallait repasser à 10 heures, j’avais trop les nerfs, mais à 10 heures pile j’suis opé devant l’infirmerie, l’infirmière, une jeune stagiaire de 20 piges à qui on a bourré le crâne conditionnée à nous parler, quand elle parlait j’avais l’impression qu’elle récitait un texte LOL, comme si on perdait notre humanité une fois que l’on était en taule, l’impression que me donnaient ceux qui travaillaient en taule pourtant personne ne les obligeait à y venir.

C’est l’impression qu’ils me donnaient c’était abuser comme si j’allais braquer leur Doliprane et leur Ephéralgan, l’infirmière me donne ma plaquette de Doliprane puis je me barre, je passe voir un pote qui était dans un autre bâtiment, sa porte était entrou­verte il dormait, il me bredouillait des mots sous sa couette, je comprenais rien, je lui dis que je repasserai plus tard, en partant j’ai mis sa chaîne hifi à 50 volume à fond MDR, je croise en rentrant en cellule deux trois mythos, imitations voyous qui racontaient leur vie alors qu’ils étaient tombés pour violence conjugale, tout le monde le savait mais bon on les laisse faire les chauds. Les clowns ça a jamais fait de mal, en plus c’est divertissant, il leur manquait plus qu’un chapiteau et un nez rouge LOL, une fois rentré je sors mon Blackberry, je reçois un appel de la collègue à Chucky, quelqu’un pour qui j’avais beaucoup d’affection, pendant que j’étais au téléphone le maton tente d’ouvrir la porte, impossible j’avais tout bloqué, j’ai crié : « Surveillant je suis aux toilettes » MDR. Il est parti mais c’était moins une, l’amour du risque risquait de tout me prendre, de tout perdre à jouer avec le feu.

Je voudrais remercier infiniment la personne qui me pose mes parties, que je soûle tous les soirs quand j’affine mes textes jusqu’à la dernière seconde, pour une simple photo qui correspond à la partie c’est le parcours du combattant, je mettais trente ans à me décider, désolé LOL pour tous mes caprices de star, toi-même tu sais tu comptes beaucoup pour moi, tu es mon bras droit.

J’ai appris que dans la nuit les matons avaient frappé un grand coup, ils avaient levé deux mecs à 23 heures, ils ont trouvé bigo, shit, ça parlait que de ça dans les cours de promenade, moi je faisais le mec pas concerné car la balance scrutait mes faits et gestes, rien ne leur échappait, dès qu’on me parlait de la sauterie moi je parlais du match de foot de ce soir LOL, j’avais confiance en personne, je vais à la salle de muscu pour une séance de pecs, d’une heure et même là-bas ça parlait que de la descente des matons, chaque mec avait sa version des faits, de un ça passait à quatre téléphones selon celui qui te racontait l’histoire MDR, mais fallait vraiment que je fasse attention les matons étaient de plus en plus chauds, moi le jour où ils me sautent, c’est transfert direct plus mitard c’était cher payé mais c’était le prix à payer pour vous mettre au parfum, MAINTENANT ON FORME UNE ÉQUIPE ON EST ENSEMBLE FAUT QUE LE NOYAU RESTE DUR MÊME QUAND IL PLEUT DES COUPS DURS.

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