[Boutella Abdallah, Algérie] « S’ils s’obstinent nous irons nous réfugier en Tunisie »

Nouvelle forme d’émeute à El Tarf
Des protestataires érigent un mur pour couper la route

Depuis deux jours, la protestation ne baisse pas à Boutella Abdallah (ex-El Frin), un village agricole des années 1970 devenu difforme et sans âme avec ses extensions anarchiques.

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Des habitants de cette localité, une agglomération secondaire de la commune de Aïn El Assel, qui se trouve au bord de la RN44 à 10 km au sud d’El Kala sur la route d’El Tarf, ont fermé la route pour la énième fois. Dans la nuit de mardi à mercredi, ils ont carrément érigé un mur de briques en travers de la chaussée qui traverse leur village. Ahurissant ! « S’ils (les autorités locales, ndlr) le détruisent, nous en construirons un autre et s’ils s’obstinent nous irons nous réfugier en Tunisie », avertit le président d’une association qui, incontestablement, est à bout de patience. Les autres manifestants ne cachent pas leur ressentiment à l’égard du président de l’APC de Aïn El Assel qui semble canaliser toute la colère de la population de ce village oublié.

La goutte qui a fait déborder le vase ce sont les logements sociaux qui d’ores et déjà sont en nombre insuffisant et dont les bénéficiaires ont été triés sur le volet et, toujours selon les protestataires, inconnus dans le village. À cette revendication principale, s’ajoutent les sempiternels problèmes de pénurie d’eau, de coupures de courant, d’éclairage public, les ordures ménagères, les eaux usées qui se déversent dans le lac Oubeïra, les chaussées complètement défoncées qui n’ont pas été revêtues depuis 40 ans, depuis la glorieuse époque des villages agricoles, etc. La dernière coupure de route date du 12 avril dernier. Ce jour-là, comme d’habitude, les autorités locales sont venues faire les promesses coutumières pour calmer les protestataires et rouvrir l’important l’axe routier, situé la RN44, à la circulation.

Mais depuis cette date, c’est le black-out. « Deux mois après, il n’y a toujours rien et on nous dit que c’est à cause des élections, laissez-nous le temps et on s’occupera de vous… Ça fait 3 mois maintenant et le Ramadhan a été très dur », nous a encore déclaré un des protagonistes de ce mouvement de colère. « Alors nous avons décidé de fermer définitivement cette route jusqu’à satisfaction de nos revendications », ajoute-t-il. Nous apprenons en dernière minute que les forces de sécurité sont intervenues sans heurts et qu’une dizaine de manifestants ont été interpellés.

Presse sans âme (Slim Sadki, ElWatan.com, 23 août 2012)

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