[Chronique de Youv derrière les barreaux] Partie 28 – « Plus de deux cents keufs plus le Raid, le préfet, le commissaire divisionnaire, sans compter les voitures de journalistes »

Partie 28

Début des années 2000, à Mantes-la-Jolie, les rues puaient la poudre à base de règlements de comptes les équipes s’affrontaient, se testaient, l’union du Val-Fourré n’existait pas encore, les grandes instances de la police avaient remarqué que cette cité était une poudrière que à la moindre allumette allumée ça finirait par exploser, c’est à cette époque que les grandes instances de la police nous ont envoyé un jeune lieutenant de police pour éradiquer et ramener le calme dans notre ghetto. Je me rappelle la première fois que je l’ai vu ce fameux lieutenant wallah des barres, un jeune provincial avec la même coupe que TINTIN, je me suis demandé comment il allait faire pour calmer ce qu’il ne connaissait pas et ce qu’il ne pouvait pas comprendre, au début il est arrivé en mode gentil du genre « si vous avez besoin de quelque chose vous pouvez compter sur moi… » je pense que dans son école de la police on a oublié de lui dire que c’était une insulte de proposer ses services à des jeunes qui sont en guerre contre le système et tout ce qu’il représentait, pendant ce temps-là je purgeais ma peine à Bois-d’Arcy, j’ai fêté l’année 2000 à coups de casserole sur les barreaux, 2001, je sors et dès ma sortie ils me jettent dans un centre de rétention parmi deux cents clandos, POUR EUX UN RENOI RESTE UN RENOI AVEC LES PAPIERS OU PAS, mais ça je vous l’avais déjà raconté dans une précédente partie, c’est avec une rage monstre que je retrouve la liberté.

Je retrouve Kamel mon allié de toujours, à peine majeurs on faisait partie de toutes les embrouilles, on tirait sur tous les mecs qui aboyaient trop fort, mais pendant mon incarcération les donnes avaient changé, les poucaves marchaient la tête haute et roulaient avec des sacrés bolides aux yeux et au nez de tout le monde, à croire que balancer ça paye mais avec moi ça allait pas se passer comme ça, j’ai décidé de les craquer et de tout leur saisir à toutes ces langues de pute, tout le monde par-derrière les critiquait mais par-devant leur suçait la queue, un par un j’ai décidé de leur déclarer la guerre aux poucaves, mais j’avais sous-estimé leur nombre et leur degré de collaboration avec les decs, ils étaient partout les decs leur laissaient tapis rouge dans le shit et dans divers trafics mais en contrepartie chaque semaine ils faisaient un rapport sur l’état des lieux de la cité, y en a même je suis sûr ils étaient prêts à balancer leur propre mère tellement ils avaient pas de figure.

Kamel et moi bientôt rejoints par quelques têtes brûlées montèrent des opérations anti-poucave, on tirait sur leur commerce, brûlait leur voiture, ça parlait de nous dans chaque conversation de Mantes-la-Jolie, notre nom était sorti, les keufs voulaient nous mettre la main dessus avant qu’il y ait un bain de sang, mais nous on était introuvables, on foutait la merde la nuit et disparaissait le jour pour se faire oublier on va une semaine chez JADE qui nous accueille les bras ouverts mais cette vie retranchée ne nous convenait pas. On avait besoin de notre bol d’adrénaline, du coup, des calibres à la ceinture que l’on rentre à Mantes-la-Jolie.

Arrivé à la cité, je décide d’aller me changer chez mes parents, mais ce qu’on savait pas c’est que les poucaves avaient passé un pacte avec la volaille, ils étaient postés dans les quatre coins de la cité et ils avaient comme consigne d’appeler le lieutenant dès qu’ils nous voyaient. La police était censée nous interpeller c’était sans compter sur la détermination de Kamel et de Oumar, jamais on se serait laissé prendre facilement. Je redescends de chez moi, je retrouve Kamel dans mon hall, à peine arrivé à sa hauteur, un petit du quartier crie : « A mayiiiiiiiiii » ce qui signalait qu’il y avait danger, je pensais que c’était l’équipe des balances qui était venue se venger, du coup je tire et arrose l’entrée du hall, tout en reculant et en me dirigeant vers la cave, laisse tomber je venais de tirer sur la police et j’ai touché le lieutenant à l’épaule et au tibia, la volaille s’est sauvée comme des poules dans un poulailler, nous on part en courant dans les labyrinthes de la cave, de notre cave tu pouvais ressortir de l’autre côté de la cité mais ils avaient bouché toutes les issues, plus de deux cents keufs plus le Raid, le préfet, le commissaire divisionnaire, sans compter les voitures de journalistes. On réussit à gagner les étages, on se sépare, moi je me réfugie chez une famille que je connaissais de renois, Kamel tente de rentrer chez une famille de rebeus ils l’ont expulsé à coups de balai MORT DE RIRE, donc il revient me rejoindre, on improvise une version qui tient la route.

Par la fenêtre c’était hallucinant combien la foule était nombreuse, on a jeté les calibres par le vide-ordures, le Raid a explosé toutes les portes jusqu’à nous déloger, on a tout nié en bloc jusqu’à la mort, depuis ce jour-là, ce fameux lieutenant a été muté à Trappes « 78 ».

Kamel et moi avons mangé dix-huit mois pour cette affaire, comme il y avait aucune preuve, le lieutenant n’a pas pu voir de façon formelle celui qui lui avait tiré dessus, Kamel a pris dix piges en plus pour les braquages du PMU que je vous ai déja racontés dans une précédente partie.

VOILÀ CE FAIT DIVERS QUI A FAIT TANT DE BRUIT DANS LE 78 ; J’EN TIRE AUCUNE FIERTÉ JE RACONTE JUSTE LA DÉRIVE DE DEUX JEUNES AFFAMÉS DE NOS CITÉS !!!!!

LA PHOTO EST LA VRAIE PHOTO DU JOUR DE NOTRE INTERPELLATION.

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