[Chronique de Youv derrière les barreaux] Partie 29 – « C’est dans ce contexte qu’ils me tranfèrent à Fresnes, j’arrive comme d’hab avec mon téléphone scotché entre les cuisses »

Partie 29

J-10 avant de passer aux assises de Beauvais, je faisais les cent pas en promenade, j’étais dans ma bulle en mode pensif capuche sur la tête, je préparais ma défense. Notre défense n’était pas compliquée, on niait tout en bloc, mon pote que je vais surnommer « Minipouce » nie tout aussi, on passait tous les deux aux assises à Beauvais, ils avaient qu’une photo où il y avait un renoi avec une perruque rasta, fausse barbe et grosses lunettes, et ça a suffi pour que la juge d’instruction me mette en examen. La BRB s’était porté garante car eux étaient sûrs à 100 % qu’il s’agissait de moi, donc je savais que ça allait être chaud et que la bataille serait rude à la barre du tribunal mais j’étais confiant « ON N’AVAIT AUCUNE CHANCE BAH SAISISSONS-LA » LOL. Hiver 2007 voilà que s’ouvre à Beauvais notre jugement d’assises, laisse tomber ils avaient mis le paquet pour nous escorter jusqu’au palais de justice, des policiers étaient postés à chaque carrefour, c’était une dinguerie, pendant trois jours les débats étaient tendus, le procureur suait la haine, il nous a diabolisés, stigmatisés, c’était son taf mais il le faisait avec un certain zèle, les neuf jurés étaient composés de campagnards de la Picardie profonde, où il n’existait aucun renoi ou rebeu à l’horizon, j’avais l’impression qu’on était une attraction sans savoir ce que l’on avait fait avant que le greffier lise notre chef d’inculpation « la raison pour laquelle on est devant la cour », il nous regardait de travers, regard froid, je savais à cet instant que notre condamnation serait inévitable mais fallait pas lâcher, fallait tout tenter. On se défendait comme des lions à la barre du tribunal, mais la conviction des jurés était déjà faite, ils s’étaient rangés du côté du procureur.

Troisème jour d’audience, il n’a fallu que deux heures aux jurés pour rendre leur verdict, j’ai été condamné à douze ans et le Minipouce à neuf ans, on a encaissé puis nous sommes rentrés en cellule, j’annonce la mauvaise nouvelle à Delphine, qui me dit « C’EST LE MEKTOUB, LE COMBAT CONTINUE », j’appelle ma famille ma mère me montre rien mais j’étais persuadé qu’elle était affectée par toutes ces années gâchées, mais pour pas rajouter une peine à ma peine, elle décide de ne rien me montrer, elle savait que c’était pas le nombre des années qui allait faire craquer et détruire son fiston, elle me connaissait par cœur.

Maintenant je devais me battre pour obtenir ma confusion des peines, mais ça c’est une autre aventure que je vous raconterai dans une autre de mes parties. J’avais trop fait des dégâts, trop de mal autour de moi, ceux qui m’aimaient, mes proches ne méritaient pas ça, heureusement que la vie n’était pas finie, si Dieu m’accordait une longue vie, je leur ferai oublier toutes ces années toutes ces épreuves, mes proches m’ont prouvé mille fois qu’ils m’aimaient, et ceux qui me détestaient « BALANCES, TRAÎTRES, LÂCHES », ont dû ouvrir des caisses de bouteilles de champagne, à chaque épreuve qu’il m’arrivait, mais le sort n’était pas jeté, dure sera la chute pour leur mère quand je retrouverai l’air pur, AI-JE VRAIMENT CHANGÉ ? comme on dit « L’ENFER EST PAVÉ DE BONNES INTENTIONS ».

C’est dans ce contexte qu’ils me tranfèrent à Fresnes, j’arrive comme d’hab avec mon téléphone scotché entre les cuisses, et demande à rester seul en cellule, je voulais pas risquer de finir en doublette avec un jeune condamné à six mois de prison et qui pleurait sur son sort, je n’étais pas assistante sociale, je retrouve à FRESNES, des poteaux du 94, 93 j’attendais mon transfert vers un C.D. ou une centrale. Lors d’un parloir à Fresnes avec Delphine, elle me fait part de son envie d’être mère, j’ai tout fait pour lui enlever cette idée de la tête, tant que j’étais à l’ombre, je la connaissais trop bien, elle allait me relancer à chaque parloir, j’étais égoïste de lui refuser ce qu’elle désirait mais je me voyais pas concevoir un enfant au parloir, mais après tout ce qu’elle avait fait pour moi, je me devais d’accorder tous ses désirs mais j’étais prisonnier de mes principes et mon non était catégorique et définitif, je sais que j’étais dur mais plus tard elle me remercierait de ne pas être tombé dans son désir qui l’aurait condamnée à élever seule un enfant sans son père, je savais qu’avec la patience on accédait tôt ou tard à ce que l’on désirait.

JE N’AVAIS RIEN CONTRE LES COUPLES QUI ONT FAIT OU QUI FERONT DES ENFANTS AU PARLOIR, CAR L’AMOUR PORTÉ À CET ENFANT EST LE MÊME QU’UN ENFANT CONÇU DANS UN LIT À BALDAQUIN !!!!!

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