Nuit de violences urbaines à Bourtzwiller
La nuit de lundi à mardi a été pour le moins agitée à Bourtzwiller après une intervention policière en début de soirée. Les dégâts matériels sont importants, les locaux d’accueil du collège ont été incendié et les CRS ont dû intervenir.
Une patrouille de la brigade anticriminalité (BAC) a voulu procéder lundi soir vers 19 h au contrôle de deux mineurs qui poussaient un scooter. Les deux jeunes ont refusé de s’y soumettre. Plusieurs témoins auraient qualifié l’interpellation qui a suivi de « musclée ».
La situation s’est rapidement envenimée, rue de Bordeaux. Un attroupement s’est formé et les agents de la BAC ont essuyé des jets de pierres. Pour se dégager, l’un d’eux aurait fait usage de son Flash-Ball et touché un jeune qui poussait le scooter et participait au caillassage de la patrouille.
Dans le quartier, la rumeur selon laquelle le garçon de 17 ans était sérieusement atteint a mis le feu aux poudres. Il s’est avéré, lors de sa prise en charge par les pompiers, que l’intéressé n’était pas blessé. Il a été placé en garde à vue ainsi que deux autres personnes, âgées de 16 et 20 ans.
Des affrontements se sont alors produits entre jeunes du quartier et forces de police renforcées par une compagnie de CRS et un hélicoptère de la gendarmerie.
Vers 23 h, des casseurs s’en sont pris au collège du secteur à coups de cocktails Molotov, de barres de fer et de jets de pierres. Les locaux d’accueil de l’établissement ont été incendiés. Les centres informatique et téléphonique attenants ont également été détruits par les flammes malgré l’intervention rapide des pompiers. Le calme est revenu dans le quartier vers 2 h du matin.
Les dégâts matériels sont importants. Une rame de tramway et la station Saint-Nazaire ont été caillassées et endommagées par des cocktails Molotov, des bennes à ordures brûlées et une voiture incendiée.
Hier matin, aux abords du collège, les habitants étaient choqués. « Je ne comprends pas cette violence, nous souhaitons simplement vivre dans la tranquillité. Quand je vois ça, j’ai juste envie de partir d’ici », a dit l’un d’entre eux.
« Tout le travail de l’équipe pédagogique est réduit à néant »
La principale du collège, Isabelle Nimtz, était bouleversée : « J’ai été appelée vers minuit… On ne comprend pas. L’année scolaire s’était très bien passée, il n’y a pas eu de plainte depuis plus de six mois. Les tensions dans le quartier ne se ressentaient pas dans l’enceinte du collège. » Tout le travail de l’équipe pédagogique est réduit à néant, regrette Mme Nimtz. « Ça ternit l’image du collège. Maintenant les parents vont préférer envoyer leurs enfants à Illzach, Kingersheim ou Pfastatt. »
Les dégâts se chiffrent à au moins 150’000 euros d’après les premières estimations du conseil général du Haut-Rhin.
Le maire de Mulhouse, Jean Rottner, qui a interrompu ses congés, a voulu faire passer un message fort : « Bourtzwiller n’est pas un ghetto, ni un quartier d’exclusion. »
Les forces de l’ordre ainsi qu’une compagnie de soixante CRS sont restées sur place, hier soir, afin de surveiller l’évolution de la situation. La Ville a précisé, en accord et avec le soutien du ministère de l’Intérieur, que ce dispositif resterait en place aussi longtemps que la situation l’exigerait.
Leur presse (Thomas Rahoual, DNA.fr, 1er août 2012) via Le Chat Noir Émeutier