Tunisie : de l’eau dans le gaz

La mine d’or a soif

Depuis quelques semaines, les régions de Mdhilla et El Guettar du gouvernorat de Gafsa sont privées d’eau potable. (..)

les habitants de ces régions ont multiplié les sit-in et les manifestations pour que l’eau potable soit rétablie, en vain.

On apprend aujourd’hui que les habitants de Mdhilla ont coupé les routes principales en protestation contre la pénurie d’eau. Les forces de l’ordre seraient intervenues en lançant du gaz lacrymogène sur les manifestants. Dans un reportage sur la chaîne nationale, le seul et l’unique, un responsable avait préconisé aux habitants, à la manière de Marie Antoinette, de se procurer de l’eau potable en l’achetant, en attendant une solution à leur problème ô combien vital. Les habitants de ces régions défavorisées et pauvres sont donc contraints d’acheter leur eau potable. Mais à raison de 20 DT la citerne, ce n’est pas à la portée de ces citoyens abandonnés à la soif par cette vague de chaleur !

Une large campagne intitulée « Rends-nous l’eau » a lieu en ce moment sur les réseaux sociaux, en solidarité avec les habitants de Mdhilla et de El Guetar, les internautes s’indignent et accusent le gouvernement provisoire de laxisme. Pour certains, c’est carrément une volonté d’assoiffer la population de ces régions. L’eau potable est-elle en passe de devenir une revendication légitime dans la Tunisie post-révolutionnaire ? Le gouvernement quant à lui se défend en accusant les habitants de ces régions de sabotage ; pompe volée, installation détruite. Zouhayr Bennaceur, correspondant du journal Al Akhbar nous apprend qu’actuellement, le débit d’eau est très faible et mal distribué. Il y a une semaine, la localité de Borj Akarna (3 km du centre-ville) est restée au moins 3 jours sans eau. Pour avoir de l’eau, il fallait se déplacer à Ain Smed, à 50 kilomètres !

Par cette grande chaleur, on ose à peine imaginer la détresse des familles assoiffées de cette région, berceau de la révolte et mine d’or de l’économie nationale. On se demande si une situation pareille ne pourrait pas dégénérer d’un moment à l’autre et se transformer en révolte de la soif.

Publié par des ennemis de la révolution (Webdo, 9 juillet 2012)


La Société nationale de l’Exploitation et de la distribution des eaux (SONEDE) a imputé la perturbation de la distribution des eaux dans les gouvernorats de Nabeul, Sousse, Monastir, Mahdia et Sfax à la coupure de l’électricité dans les différents sites de production de l’eau potable, particulièrement les stations de pompage et de traitement des eaux du Nord, à Belli.

(…) Des habitants de la ville de Sfax ont observé, mardi matin, un sit-in devant la direction régionale de la Société d’exploitation et de distribution de l’eau (SONEDE), l’accusant d’être responsable du manque observé dans l’alimentation de certaines zones du gouvernorat en eau potable, au cours des derniers jours marqués par la hausse importante des températures.

Publié par des ennemis de la révolution (Espace Manager, 10 juillet 2012)

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