[Révolution tunisienne] « Médias ou mercenaires de mafia ? »

Des centaines de tunisiens manifestent contre les médias : « La honte »

Des centaines de personnes se sont rassemblées, dimanche, devant le siège de la Télévision Tunisienne. Leur objectif, déjà annoncé depuis des mois : « Les médias doivent évoluer comme le peuple, sinon, le pays n’avancera jamais ».

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Ils étaient là, devant le siège de la TVN depuis des mois jusqu’à faire désormais parti du décor. Les tentes habitées par des dizaines de contestataires qui ont été rejoints, dimanche, par des centaines d’autres. De toutes les catégories d’âges, ces Tunisiens ont scandé les chansons de la révolution, avant de s’approcher de la grande porte du bâtiment et lancer des slogans sans ambigüité : « Médias, ce que vous faites est honteux. On déteste les informations à cause de vous. » Ou encore : « Journalistes, faites votre travail et respectez le métier » et un éloquent : « Soyez honnêtes au lieu de travailler pour le compte des restes du régime ».

La foule n’est visiblement pas venue que pour ça. En effet, elle se rappelle de l’ex-Chef du Gouvernement, Beji Caid Essebssi et lui adresse un message : « Beji, la porte de la rédemption est encore ouverte. Rattrappes-toi avant de mourir. » Un des manifestants a ironiquement rappelé : « J’espère que ce slogan ne sera pas présenté comme un appel au meurtre ».

« 80% des dérapages qui ont lieu en Tunisie sont causés par les médias », affirme une étudiante à la faculté des Sciences d’El Manar, présente sur place. Elle continue : « C’est impensable d’espérer avancer sur d’autres dossiers, tels que la justice, le chômage, la corruption, si le secteur de l’information n’est pas purifié. Je ne sais pas ce qui peut-être fait pour avoir une télévision nationale digne du nom, mais ce que nous regardons est un triste spectacle. » Un jeune homme rappelle sur une pancarte : « L’argent alloué à la TVN peut servir à l’emploi de milliers de personnes ».

Nous croisons ensuite Sami Mkacher, un architecte exerçant à l’étranger et revenu pour ouvrir un bureau en Tunisie : « Médias ou mercenaires de mafia ? Journalistes ou saltimbanques ? L’histoire ne leur pardonnera jamais ce comportement indigne de la Tunisie nouvelle. Ce qui est encore plus triste, c’est que ces journalistes ont une occasion en or de se rattraper mais qu’ils ne semblent pas vouloir saisir » a-t-il amèrement souligné, pour conclure : « Je suis certain qu’il ne parleront pas de ce rassemblement pendant le journal de 20h ».

Cette manifestation qui a duré un peu plus de deux heures a aussi vu l’arrivée sur place de citoyens qui n’ont certes pas exprimé leur soutien aux médias, mais avoué leur crainte : « Que des gens soient mécontents du rendement des télévisions, radios et journaux est compréhensible. Mais il ne faudrait pas que ça devienne une machine de propagande pour servir la soupe au gouvernement. »

Publié par des ennemis de la révolution (Selim Slimi, GlobalNet, 15 avril 2012)

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