Ce que nous redoutions, il y a quelques jours, est bel bien arrivé. Le procureur-adjoint du Tribunal de Grande Instance de Pontoise a requis un non-lieu dans l’affaire Ali Ziri.
Il appartient maintenant au juge d’instruction de suivre son réquisitoire ou de décider autre chose. Dans le réquisitoire définitif du procureur, seuls les faits à charge contre MM. Ali Ziri et Arezki Kerfali sont mentionnés. Il est question des circonstances de l’interpellation au volant de leur voiture par la police nationale, puis de leur arrivée au commissariat et de leur transport à l’hôpital d’Argenteuil. Mais jamais des conditions du trajet entre le lieu de l’interpellation et le commissariat d’Argenteuil.
Or, pour les avocats et notamment pour Maître Maugendre, c’est au cours de ce trajet que le drame est arrivé, du fait qu’une policière, parmi les trois policiers interpellateurs, avait utilisé ce que l’on appelle la « méthode de pliage ». C’est cette technique consistant à plaquer le torse du prévenu sur ses genoux en exerçant une pression « qui est à l’origine de l’asphyxie ayant conduit au décès d’Ali Ziri ». Une technique pourtant interdite depuis la mort en 2003 d’un jeune éthiopien expulsé par la police aux frontières.
À cela s’ajoutent les conclusions de l’autopsie de l’institut médico-légal de Paris, rendues le 24 juillet 2009, relevant l’existence de 27 hématomes sur le corps de M. Ziri. Cette même autopsie a conclu qu’« Ali Ziri est mort suite à un arrêt cardio-circulatoire d’origine hypoxique, généré par suffocation et appui postérieur dorsal ».
Le 15 avril 2011, les conclusions de nouveaux examens complémentaires affirment que « le manque de discernement des policiers a conduit à des comportements qui n’étaient pas sans conséquence sur l’état de santé de M. Ziri ».
Il y a aussi l’avis de l’ex-CNDS (Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité), qui jugeait « la précipitation et la violence avec lesquelles M. Ali Ziri a été extrait du véhicule étaient disproportionnées et constituent un traitement inhumain et dégradant ».
On apprend aussi que le 9 juin 2009 au commissariat d’Argenteuil, un jeune homme en garde à vue dit avoir été témoin d’une scène choquante. « L’un des policiers est venu vers cet homme (Arezki Kerfali – ndlr) et il a posé son pied sur la tête du Monsieur et lui a dit une phrase du genre « Tu vas essuyer », il fait bouger la tête en appuyant avec son pied comme on pourrait le faire avec une serpillière. C’est comme s’il voulait lui faire essuyer son vomi avec sa tête », explique-t-il, entendu par l’IGPN le 11 décembre 2009. Aucun des policiers n’a pourtant été questionné sur cette grave allégation.
Pire encore, tous les actes demandés par les avocats de la famille Ali Ziri, comme l’audition des témoins et des policiers par un juge d’instruction et la reconstitution des faits, ont été refusés par le Procureur de la République de Pontoise.
Par contre Arezki Kerfali, pourtant victime et témoin vivant, reste lui poursuivi pour outrage. Dès lors peut-on encore parler de justice ?
C’est pourquoi le collectif appelle à un rassemblement le samedi 14 janvier 2012 à 14h, cinéma Jean-Gabin, parc de la mairie d’Argenteuil, 12-14 Bd. Léon-Feix, en présence de Stéphane Hessel et Jacques Gaillot pour exiger vérité et justice ! Après ce rassemblement, le collectif va procéder à la pose d’une plaque commémorative sur le lieu de l’interpellation, angle des rues Jeanne d’Arc et Antonin-Georges-Belin, non loin de la mairie.
Plus d’infos au 01 39 80 45 40 – Email – Blog
Collectif Vérité et Justice pour Ali Ziri, 11 janvier 2012.