[Justice pour Ali Ziri] Ne dites pas « M. le procureur », dites « Crève salope ! »

Le procureur de la République de Pontoise a requis un non-lieu dans l’affaire d’Ali Ziri, un retraité algérien décédé le 11 juin 2009 à Argenteuil suite à son interpellation par la police. Ce réquisitoire définitif date du 14 décembre 2011.

Plusieurs éléments de l’information judiciaire, ouverte en 2009 pour « homicide involontaire et violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l’autorité publique », mettent pourtant en cause les policiers. (…)

Leur presse (Mediapart, 6 janvier 2012)


Cher(e)s ami(e)s et camarades

Vous étiez et vous êtes encore de nombreux militants de partis politiques, de syndicats, d’associations ou tout simplement de citoyens lambda à faire partie du collectif Ali Ziri ou à suivre de près ses combats, depuis deux ans et demi.

Au nom de ce chibani de 69 ans, arrivé en France à l’âge de 19 ans, rompu aux tâches les plus ingrates pendant quarante ans, derrière une machine dans une multinationale des transports, habitant dans un foyer Sonacotra, dans une chambre exigüe, au confort sommaire, avec comme uniques meubles : un lit, une table et une petite télévision, vous avez voulu, par de nombreuses marches pacifiques et de nombreux rassemblements citoyens, exprimer votre courroux quant au sort réservé à ce retraité algérien mort deux jours après son interpellation par la police nationale le 9 juin 2009.

Vous avez voulu manifester votre solidarité avec sa famille laissée au pays, avec ses enfants qu’il n’avait pas vu grandir. En tant qu’hommes et femmes épris de justice, vous avez tout simplement voulu faire éclater la vérité au grand jour et demander justice.

Eh bien, cette « justice » vient de décider d’un non-lieu, qui signifierait — si le juge d’instruction était amené à suivre les réquisitions du procureur de la République — tout simplement l’abandon des poursuites contre les policiers impliqués dans la mort d’Ali Ziri.

Ce que nous redoutions, il y a quelques jours, est bel bien arrivé. Dans un document de 10 pages (un ramassis de mensonges et de contre-vérités, fait à la va-vite, sans grand souci de l’objectivité, pour plaire à son maître) signé par M. Emmanuel  Gérard, procureur-adjoint du Tribunal de Grande Instance de Pontoise et adressé au juge d’instruction Mme Roche-Driencourt, avec copie pour la partie civile, il est donc question « d’un réquisitoire définitif de non-lieu ».

J’ai été navré de constater, en lisant ce document, que seuls les faits à charge contre MM. Ali Ziri et Arezki Kerfali sont mentionnés. Il est question surtout des circonstances de l’interpellation au volant de leur voiture par la police nationale d’Argenteuil, puis de leur arrivée au commissariat et de leur transport à l’hôpital d’Argenteuil. Mais jamais des conditions du trajet entre le lieu de l’interpellation et le commissariat d’Argenteuil.

Or, pour les avocats et notamment pour Maître Maugendre, c’est au cours de ce trajet que le drame est arrivé, du fait qu’une policière, parmi les trois policiers interpellateurs, avait utilisé ce que l’on appelle la « méthode de pliage ». C’est cette technique policière du pliage, consistant à plaquer le torse du prévenu sur ses genoux en exerçant une pression « qui est à l’origine de l’asphyxie ayant conduit au décès d’Ali Ziri ». Une technique pourtant interdite depuis la mort en 2003 d’un jeune éthiopien expulsé par la police aux frontières. À cela s’ajoutent les conclusions de l’autopsie de l’institut médico-légal de Paris, rendues le 24 juillet 2009, relevant l’existence de 27 hématomes sur le corps de M. Ziri.

Malgré le témoignage d’un jeune homme en garde à vue, à charge contre les policiers et publié par le site Mediapart le 25 novembre dernier, tous les actes demandés par les avocats de la famille, comme l’audition des témoins et des policiers par un juge d’instruction et la reconstitution des faits, ont été refusés par ce même procureur.

Dès lors peut-on encore parler de justice ?

C’est pourquoi, le rassemblement du 14 janvier prochain, en présence de l’humaniste et ancien résistant Stéphane Hessel et de l’évêque Jacques Gaillot, doit être un moment fort pour nous indigner tous ensemble et exprimer notre courroux et notre désappointement face à une justice à deux vitesses. Si Ali Ziri s’était nommé Pierre, Paul ou Jacques, sa fin tragique dans un commissariat aurait peut-être fait l’ouverture du 20 heures de TF1 — comme le vieillard tabassé avant le second tour d’une élection présidentielle.

Cher(e)s ami(e)s et camarades,

Soyons encore plus nombreux que les autres fois afin d’exiger la vérité et la justice. « Quand on enferme la vérité sous terre, elle s’y amasse, elle y prend une force telle d’explosion, que, le jour où elle éclate, elle fait tout sauter avec elle. On verra bien si l’on ne vient pas de préparer, pour plus tard, le plus retentissant des désastres. »

Arezki SEMACHE
Pour le collectif Ali Ziri

Liste de discussion du réseau Résistons Ensemble, 6 janvier 2012.

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Une réponse à [Justice pour Ali Ziri] Ne dites pas « M. le procureur », dites « Crève salope ! »

  1. GWERN dit :

    « le vieillard tabassé avant le second tour d’une élection présidentielle » affaire qui s’avéra totalement fausse et juste destinée à faire « peur » afin de favoriser un certain « vote » !

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