[Chine] Vers une déflagration sociale majeure

La Chine de nouveau secouée par des grèves

Les sous-traitants locaux sont contraints à des licenciements à cause du ralentissement mondial.

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Comme en 2008-2009, une vague de grèves touche les provinces exportatrices chinoises, affectées par le ralentissement mondial. La dernière fronde en date a pour cadre la capitale économique du pays, Shanghaï, et des affrontements s’y seraient produits vendredi. Des centaines d’ouvriers d’une usine d’électronique singapourienne implantée à Pudong y sont en grève depuis trois jours. La compagnie Hi-P International est un sous-traitant d’Apple, de Hewlett-Packard, et du fabricant de BlackBerry RIM. Les grévistes, qui bloquent l’entrée de l’usine, dénoncent des « licenciements massifs », soit plus d’un millier de personnes, avec des indemnités insuffisantes. Le tout sur fond de déménagement du site industriel. Selon une organisation de défense des travailleurs basée à Hong­kong, China Labour Watch, des heurts avec la police auraient fait plusieurs blessés.

Ces soubresauts surviennent après une série de grèves qui a touché la province méridionale du Guangdong ces dernières semaines. À la mi-novembre, plus de 7000 employés d’un fabricant de chaussures, sous-traitant d’Adidas, Nike et New Balance, ont fait grève à Dongguan, près de Canton. Ils protestaient contre des réductions de salaire et des licenciements. À la même époque, 400 ouvrières d’une usine de lingerie ont aussi cessé le travail à Shenzhen. Elles exigeaient le paiement d’heures supplémentaires et le retrait d’un nouveau système de rémunération à la pièce faisant baisser leurs revenus.

Les consignes du Parti communiste

La baisse des commandes, qui risque de s’accentuer dans les mois qui viennent, se conjugue dangereusement avec une hausse des coûts de production en Chine. En octobre, les exportations chinoises vers l’Europe ont reculé à 28,74 milliards de dollars, contre 31,61 milliards en sep­tembre, tandis que celles vers les États-Unis baissaient également, à 28,6 milliards de dollars, contre 30,11 milliards en septembre. Et jeudi, Pékin a annoncé le premier recul de sa production manufacturière en plus de deux ans et demi. Signe d’une contraction de l’activité, l’indice PMI des directeurs d’achat est tombé à 49 pour novembre. Pour la banque HSBC, cet indice PMI serait même tombé à 47,7, contre 51 le mois précédent.

Ces inquiétudes ont conduit la Chine à rouvrir les vannes du crédit il y a deux jours, effectuant au passage un changement de cap spectaculaire, puisque le soutien à la croissance malmenée l’emporte désormais sur la lutte contre l’inflation. Et le Parti communiste a donné pour consigne aux autorités locales de désamorcer au plus vite tout mouvement de contestation sociale. Alors que le pays est entré en période de transition politique, avec un changement de leadership en 2012, les actuels dirigeants ne peuvent se permettre de fortes turbulences internes. La menace est-elle si sérieuse ? En 2009, la mise sur le pavé de quelque 20 millions de travailleurs migrants avait fait craindre une déflagration sociale majeure, qui n’avait pas eu lieu. Mais un plan de relance de plus de 400 milliards d’euros avait alors permis de recaser ces chômeurs dans la construction de routes, d’infrastructures ou le bâtiment. Aujourd’hui, ce n’est pas d’actualité.

Leur presse (Cyrille Lachèvre, LeFigaro.fr), 2 décembre 2011.


À Shanghai, affrontements entre grévistes et police

Plus de 1.000 ouvriers d’une usine de Shanghai ont suivi une grève de deux jours pour protester contre des licenciements et des affrontements avec la police qui ont fait plusieurs blessés, a annoncé vendredi une organisation de défense des travailleurs.

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Le mouvement de protestation, entamé mercredi, se poursuivait vendredi mais avec seulement une cinquantaine d’employés, a précisé dans un communiqué le China Labour Watch, dont le siège est aux États-Unis.

L’usine implantée dans la grande métropole de l’est de la Chine est la propriété de la compagnie électronique de Singapour Hi-P International, sous-traitant notamment d’Apple et de Hewlett Packard.

Ce nouveau mouvement de protestation sociale en Chine a démarré après l’annonce du licenciement de quelque 1.000 ouvriers par l’entreprise qui a projeté de transférer la production dans une autre ville.

Des grévistes ont indiqué qu’ils n’avaient reçu aucune notification préalable de leur licenciement et que les indemnités ne convenaient pas, selon China Labour Watch.

Un représentant de Hi-P International a simplement déclaré à l’AFP que l’impact de cette grève était « très réduit ».

La police de Shanghai n’a pu être jointe dans l’immédiat mais avait, jeudi soir, estimé dans un communiqué le nombre de grévistes à 100 seulement.

Les mouvements de protestation se multiplient dans les usines en Chine entre des salariés se disant maltraités et devenus plus exigeants et des patrons confrontés à la baisse de la demande et à la hausse des coûts.

Les exportations de la Chine, qui demeurent le principal moteur de la croissance, commencent à sérieusement se tasser sous l’effet de la crise des dettes souveraines en Europe et de la crise persistante aux États-Unis, ses deux principaux marchés.

Le mois dernier, plus de 7.000 travailleurs ont fait grève après des licenciements et des baisses de salaire dans la province méridionale du Guangdong chez un sous-traitant des chaussures de sport New Balance, Adidas et Nike. Des centaines d’autres ont fait grève à Shenzhen pour exiger le paiement d’heures supplémentaires.

Leur presse (Agence Faut Payer), 2 décembre 2011.

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