Résistons ensemble n° 101, octobre 2011

Tuberculose et électrocution

Une mort spéciale sévit à Clichy-sous-Bois. Celle réservée aux pauvres, aux pas blancs, celle de la vieille faucheuse du siècle de Zola. Ce mois-ci c’est tout un quartier qui passe à la vaccination. 350 cas de tuberculose à Clichy pour 100’000 habitants contre 8,2 pour l’ensemble de la France. Cela ne fait que 43 fois plus, direz-vous ! Une bricole !

Et puis, ils ne l’ont pas volé. Pourquoi habiter des immeubles pourris imbibés d’eau ? Pourquoi ne pas aller chez les bons médecins ? Pourquoi être si pauvres,si bronzés, si perdus ?

Il y a 6 ans, en novembre 2005 à Clichy, c’est Zyed et Bouna qui grillent, dans un transformateur pourchassés par des policiers qui prennent leur pied en laissant faire. Suite à leur assassinat, un vent de révolte traverse les quartiers populaires sans susciter d’écho ailleurs.

Aujourd’hui, les 6 morts des révolutions égyptienne et tunisienne brûlés dans un squat à Pantin, le procès de l’incendie du taudis du boulevard Auriol (17 morts, dont 14 enfants. Le procureur demande 80’000 euros d’amende : 5000 euros la vie d’un Africain ?), les Roms et Comoriens stigmatisés comme « délinquants » par Guéant… le sang glacé des cadavres, l’odeur de chair brûlée, le râle des poumons asphyxiés, le goût amer de l’humiliation, ne déclenchent pas, non plus, la solidarité et encore moins la révolte de la majorité de la population. Alors, à droite comme à gôche, misère et matraque voilà le programme pour ces « salauds de pauvres ». La répression de l’État, s’appuie sur cette tendance à l’accoutumance, à l’indifférence nourrie par la peur de « l’étranger », du « pauvre », du « pas comme il faut ».

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Que sont-ils beaux les révolutionnaires… de loin

« Dans le silence assourdissant des autorités françaises et tunisiennes Riadh est mort de la faim et du froid. Il n’avait que 22 ans » (La Presse de Tunisie, 21.9.2011). Puis, le même mois de septembre, c’est 6 jeunes Tunisiens et Égyptiens qui brûlent dans un squat à Pantin. Accident ? acte criminel ? une plainte a été déposée. Les puissants n’ont pas intérêt à ce qu’elle aboutisse. Ni le gouvernement, ni la ville de Paris, ni la ville de Pantin qui livre le « nouveau centre-ville » aux promoteurs. Vingt survivants seront logés au stade voisin pour deux mois. Et après, ils continueront à être pourchassés par la police, de squat en squat. Des jeunes des révolutions arabes qui croyaient mériter un accueil à la mesure de ce qu’ils avaient accompli continueront à errer dans nos rues. Les élections présidentielles approchent. La gôche couvre la droite et se tait. Pas de mauvais exemple à la tunisienne ou à l’égyptienne chez nous — c’est leur credo.

Copwatch Nord-Paris-I-D-F est né

« Surveillons ceux qui nous répriment, servons nous de caméras vidéos, d’appareils de photos numérique pour nous protéger des violences policières » — voici le but que se donne ce site.

Il n’a que quelques jours mais il déclenche déjà un déluge d’attaques haineuses, plaintes du ministre de l’intérieur et des syndicats de police. Vous vous rendez compte ils ont osé publier la photo des flics qui terrorisent les pauvres des pauvres (biffins de Belleville, sans-papiers de Calais…), des flics qui se planquent derrière des cache-nez pour pouvoir cogner librement alors qu’ils arrêtent des filles voilées ou des manifestants masqués, des gendarmes qui picolent en service…

Certes ce site ne mettra pas fin aux violences policières, mais il épingle leurs auteurs dans leurs agissements quotidiens. Il s’en prend aux flics en tant qu’individus, mais ce sont eux qui sont chargés de l’exécution du sale programme de l’État. De plus, la logique face aux agressions policières doit être celle de l’auto-défense comme l’avaient bien compris ces maîtres en matière de copwatching, les Black Panthers des années 60.

Suivant l’exemple bien vivant des « copwatchers » des USA, de GB, il faut espérer qu’en France aussi, un semblable mouvement collectif pourra voir jour. Le site : https://copwatchnord-idf.org/. (Pour l’histoire, voir aussi le 4 pages de Résistons ensemble de septembre 2007 « Œil sur la police ».)

Résistons Ensemble.

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