[Révolution égyptienne] « La révolution contre les Frères a commencé, elle va se poursuivre, elle sera plus violente que jamais, et il le faut ; je revendique cette violence, car contre le fascisme religieux, contre le terrorisme d’État, on ne peut se contenter, tout en restant chez soi, d’appeler tous les partis à la retenue »

Nous sommes tous des Blacks Blocks !

Depuis plusieurs semaines l’Égypte est embrasée par des manifestations, qui contestent la mainmise des Frères sur tous les rouages de l’État, d’une constitution baclée, d »un référendum imposé par la fraude, d’une absence de l’État, au fil du temps, et compte tenu de l’absence de toute réponse à l’attente des populations et aux revendications légitimes de la révolution de janvier, la violence se substitue au mythe de la révolution non violente.

Ceux qui dénoncent la violence actuelle, ont la mémoire courte ; ils ont probablement oublié que la majorité des martyrs de la révolution du 25 ont été tués au vendredi sanglant de la colère, quand les révolutionnaires ont mis le feu aux postes de police et ont incendié le siège du parti national au pouvoir.

Ils ont oublié qu’entre le 25 et le 28 janvier, les affrontements à Suez ont fait des dizaines de morts, tant parmi les forces de l’ordre que ceux des manifestants.

Ils ont aussi oublié la chronologie des faits par la suite, sous le régime militaire, depuis l’attaque de l’armée contre les familles des martyrs, en passant par les événements de Maspero et le lynchage des femmes à la place Tahrir.

Ils ont oublié, les 900 morts de janvier à mars 2011.

Cette révolution n’a jamais été pacifiste, c’est un mythe.

Il y a certes une recrudescence de violences, contre les forces de l’ordre conduite par un ministre affilié aux Frères, qui reproduit à la lettre les méthodes de l’ancien régime

Les Égyptiens résistent et répondent à ces méthodes par la violence, ce qui est tout-à-fait légitime ; la révolution contre les Frères a commencé, elle va se poursuivre, elle sera plus violente que jamais, et il le faut ; je revendique cette violence, car contre le fascisme religieux, contre le terrorisme d’État, on ne peut se contenter, tout en restant chez soi, d’appeler tous les partis à la retenue.

No Pasaran

Mailing – Galila El Kadi, 1er février 2013

 

[L’ère des émeutes] Déclaration du black bloc égyptien

Le mouvement anarchiste égyptien émerge accompagné par une vague de bombes incendiaires et de combats de rue.

Les anarchistes ont été présents en Égypte, avant, pendant et après la révolution, mais jusqu’à ce jour, ils n’avaient pas encore organisé de regroupements de masse sous la bannière de l’anarchisme.

Les ultras des clubs de football égyptiens ont été associés pendant des années aux idées et actions anarchistes,  et ont initié un côté militant qui a contribué largement à la chute du gouvernement Moubarak en février 2011.

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Une marche d’un black bloc ce soir au Caire, se préparant à l’affrontement avec les forces de l’ordre près de la place Tahrir, pour fêter le deuxième anniversaire de la révolution égyptienne.

La nuit dernière, les anarchistes ont laissé tomber les slogans sur les murs, les petites discussions, et les forums égyptiens sur internet, pour apparaître au Caire et se déclarant comme une nouvelle force  dans cette révolution sociale actuelle, déclenchée il y a deux ans par plusieurs attentats à la bombe visant les bureaux des frères musulmans. Plus tard, le gouvernement a fait fermer les pages facebook des groupes « Black Blocairo » et du «  Black Bloc Égyptien », mais ils furent relancés peu de temps après.

« Attendez-vous à de nouvelles attaques, en réponse à la fermeture de notre page officielle… » ont-ils déclaré dans un communiqué publié sur internet ce matin.

Aujourd’hui, le black bloc a fait sa première apparition de masse sur la placeTahrir et, peu de temps après ont fait exploser une bombe au conseil de la Shura (le parlement égyptien), démolissant une partie d’un mur de protection anti-émeute menant à la place Tahrir. Tandis que, d’autres se sont affrontés avec les forces de l’ordre.

Ces déclarations et ces actions sont en préparation pour célébrer demain le deuxième anniversaire de la révolution égyptienne. Certains qualifient déjà ces actions de « passage à un niveau supérieur » de la protestation actuelle en Égypte.

L’anarchisme et le concept du black bloc a émergé ces derniers mois à travers l’Égypte, issus de la coalition de plusieurs groupes anarchistes qui se sont unis pendant la période révolutionnaire. Une méfiance massive de la jeunesse envers tous les partis politiques, une critique acerbe du rôle de la religion dans la gouvernance du pays et, l’inspiration de la résistance anarchiste dans le monde (surtout symbolisé par la révolte en Grèce fin 2008), ont créé l’émergence de ce mouvement.

Ci-dessous, voici la déclaration du black blocairo en ce qui concerne la fermeture de leur site web, leurs attaques à la bombe contre les bureaux du gouvernement et, leurs appels à la révolte :

«  Hier, après que nous ayons terminé nos actions, nous avons rencontré quelques uns des mouvements révolutionnaires en place et, nous avons décidé de nous unir lors de nos prochaines actions, d’où nos deux premières attaques, comme nous vous l’avons dit hier :

1) – Mettre le feu aux locaux de gestion internet d’Ikhwan (Frères musulmans)

2) – Mettre le feu aux bureaux d’Ikhwan sur Al-Manial street au Caire.

Et nous déclarons notre révolution à partir d’aujourd’hui depuis la place Tahrir, jusqu’à ce que l’Égypte et sa population obtiennent leurs droits ! La vie, la liberté, et la justice sociale !

Black Blocairo, les Hooligans

Attendez-vous à de nouvelles attaques, en réponse à la fermeture de notre page officielle… »

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LIENS SUR DES GROUPES ANARCHISTES ÉGYPTIENS : Revolution Black Bloc (page des anarchistes égyptiens) • Black Blocairo (la nouvelle page du Black Blocairo) • Black Bloc Egypt

AUTRES LIENS DE GROUPES ANARCHISTES ARABES : Anarchists of ArabsMoroccan Black BlocAnarchists in LebanonTunisian Anarchist MovementTunisian Anarchist OrganizationTunisian AnarchistSyrian Anarcha Feminist MovementSyrian AnarchistsTahrir ICN (page européenne de solidarité, en anglais)

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Traduit de l’anglais (Even If Your Voice Shakes, 24 janvier 2013) par un correspondant du Jura Libertaire

 

En Égypte, l’opposition se radicalise

Malgré les appels au calme, des affrontements ont fait une victime près du palais présidentiel.

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Ils sont redescendus dans la rue. Malgré la pluie, la fatigue et les efforts des parties rivales pour tenter d’amorcer une sortie de crise. « Nos dirigeants sont des menteurs ! Nous n’en voulons pas ! S’il faut que le sang coule pour s’en débarrasser, alors il coulera », crie cette Égyptienne d’une quarantaine d’années, dans un des cortèges qui mène vers la place Tahrir, ralliée en ce vendredi après-midi par quelques milliers de protestataires. Elle s’appelle Rima et cette employée du tourisme dit n’avoir plus rien à perdre, « puisque de toute façon, les étrangers ne viennent plus chez nous, et que mon agence va finir par mettre la clé sous la porte ».

Dans la foule, au-dessus des têtes, des banderoles demandent « justice » pour les quelque cinquante victimes des accrochages meurtriers de ces derniers jours. Mais c’est surtout la fin du gouvernement du « guide » des Frères musulmans que réclament les manifestants. Ils accusent à l’unisson la Confrérie, dont est issu le président Morsi, d’avoir « confisqué la révolution ». Un cri de colère entendu au Caire, mais aussi en province, à Alexandrie ou encore à Port-Saïd, endeuillés par de violents affrontements, où des milliers de personnes se sont rassemblées à l’issue de la prière hebdomadaire.

La veille, l’opposition — qui avait maintenu son appel à manifester — et le parti Justice et Liberté des Frères musulmans s’étaient mis d’accord pour prévenir les violences. À l’issue d’une réunion de la dernière chance organisée sous l’égide d’al-Azhar, la plus haute autorité de l’islam sunnite, les participants avaient dénoncé « toute incitation à la violence » et souligné « la responsabilité de l’État et de son appareil sécuritaire ». Initialement respecté par les manifestants, le pacte a rapidement été brisé à la nuit tombée.

Aux environs de 18 heures, les premiers cocktails Molotov pleuvent sur le Palais présidentiel, dans le quartier de Héliopolis, où les protestataires ont convergé. Sur la chaîne ONTV, qui retransmet en direct les événements, des manifestants hurlent : « Le peuple veut la chute du régime ! » — des slogans entendus il y a deux ans, dans les rassemblements anti-Moubarak. À la tombée de la nuit, un mort était à déplorer.

Hommes encagoulés

Sur place, des témoins évoquent des scènes de panique et d’incompréhension. Parmi les protestataires, beaucoup d’activistes appartenant au Mouvement de la jeunesse du 6 avril et de supporteurs du Front de salut national, la principale coalition de l’opposition laïque. Mais aussi de plus en plus d’hommes encagoulés de noir, les fameux « Black Blocs » se revendiquant d’un mouvement anarchiste inspiré d’Europe. Faut-il y voir le début de l’opération « Gaber » — du nom de ce jeune activiste mort sous les balles des forces de l’ordre en novembre dernier — tant promise par ces révolutionnaires d’un nouveau genre ? « Ce qui est clair, c’est qu’on assiste à une radicalisation des manifestants face à un gouvernement qui reste myope à nos demandes, et à une opposition qui peine à nous représenter », lance Hiba, 24 ans. Aujourd’hui, cette jeune révolutionnaire ne se reconnaît plus dans cette opposition disparate qui vole en éclats. Ce vendredi, l’ancienne abonnée aux manifestations a préféré rester chez elle pour la première fois, « par peur du chaos », concède-t-elle.

Car dans ce climat volatile, un autre phénomène, encore plus perfide, se généralise à l’ombre des manifestations : les agressions sexuelles de jeunes femmes. Les organisations de défense des droits de l’homme ont recensé une vingtaine de victimes pour la seule journée du 25 janvier. Fidèles à leur théorie du « retour à l’ordre », les Frères musulmans accusent l’opposition de cautionner ces attaques en continuant à manifester. À l’inverse, certains opposants y voient la main des partisans de la Confrérie dans l’objectif d’entretenir un état de pourrissement du pays qu’ils viendraient ensuite « sauver ». Des accusations révélatrices d’une profonde crise de confiance entre le pouvoir et la dissidence, que la médiation d’al-Azhar est loin d’avoir résolue.

Presse contre-révolutionnaire (Delphine Minoui, LeFigaro.fr, 1er février 2013)

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