Chili : un policier tué dans un accrochage dans une communauté mapuche
Un policier a été tué par balles lundi au Chili lors d’un accrochage armé dans une communauté d’indiens mapuches du sud du pays, première victime policière des tensions avec cette minorité indigène depuis sa radicalisation il y a une dizaine d’années.
Le sergent Hugo Albornoz a succombé en soirée à des blessures au cou, reçues le matin dans le secteur d’Ercilla, à 700 km de la capitale Santiago, où un détachement de police, accompagnant un procureur, venait de réaliser l’intervention, ont indiqué des sources officielles.
Un autre policier a été blessé par des plombs au visage.
Le sergent décédé, qui appartenait à une troupe de choc chargée des opérations spéciales, le GOPE, a été touché dans ce que le chef de la police chilienne Gustavo Gonzalez, a qualifié d’embuscade de la part de lâches criminels profitant du terrain.
L’opération, avait indiqué le parquet, visait à récupérer des indices sur une tentative d’homicide sur un policier en octobre 2011, et une occupation violente de résidence. Trois personnes ont été arrêtées lors de la descente de police, un fusil et des munitions saisis.
Un porte-parole de cette communauté mapuche Wente Winkul Mapu, Daniel Melinao, a dénoncé sur Radio Cooperativa la violence du raid de policiers fortement armés, agressant nos frères, nos enfants, tirant des grenades lacrymogènes. Selon des témoins, environ 50 policiers participaient au raid.
En quittant la communauté mapuche, le convoi policier a été la cible de tirs venus de bois sur les côtés de la route, et a riposté. Deux policiers ont été touchés dans l’accrochage, sans que la provenance des balles soient clairement établie.
La région d’Araucanie, dans le sud Chili, est le fief des Mapuches, première minorité indienne du pays (700.000 personnes, quelque 6% de la population) qui réclame la restitution de terres ancestrales prises par l’État à la fin du 19e siècle, et aujourd’hui propriétés de grands groupes forestiers.
L’Araucanie connait des phases de tension récurrente, comme encore en décembre et janvier derniers, depuis la radicalisation il y a dix ans environ du mouvement mapuche, avec des occupations de terre, des sabotages d’engins forestiers.
Depuis 2002, trois militants mapuches ont été tués lors de heurts avec les forces de l’ordre, mais la police ne déplorait à ce jour aucune victime.
Un groupuscule radical mapuche, la Coordination Arauco Malleco (CAM), qui compte plusieurs dirigeants en prison, a été mis en cause en janvier par les autorités pour une vague d’incendie de forêt, certains d’origine criminels. Sept pompiers avaient péri dans un des feux.
Le gouvernement a porté plainte pour les feux de forêt en vertu de la loi antiterroriste, un outil pénal répressif datant de la dictature et régulièrement invoqué contre les Mapuches ces dernières années.
Leur presse (Agence Faut Payer, 3 avril 2012)